XXII. Rêves et révélations.
Le souvenir de l'anniversaire de Ginny s'éternisait dans la tête d'Harry. Cette soirée avait été parfaite pour le jeune sorcier même si elle lui laissait une petite pointe d'amertume. En effet, il avait vu, pendant ces quelques heures, ce qu'il n'aurait jamais en tant qu'orphelin : une famille. Ces moments où il était considéré comme un membre à part entière de la famille Weasley lui montraient à quel point il resterait malgré tout un étranger. La propre tribu était morte et cette idée le ramenait violemment à la réalité dés qu'il s'aventurait à l'oublier. Après être revenu à Poudlard, Harry avait passé la plupart de son temps libre à la bibliothèque. Sans résultat. La réserve comptait des centaines de livres et il n'en avait pas ouvert la moitié. Pourtant, si la veille il désespérait de ne rien trouver, ce matin, Harry se réveilla avec une nouvelle idée. _Il va falloir que je cible beaucoup plus ma recherche, dit-il en se grattant la tête, les yeux encore à moitié fermés. Il se leva après un long bâillement et s'habilla. Il était cinq heures, mais Harry n'essaya même plus de se rendormir. Il s'était depuis longtemps habitué à ces nuits courtes. Il descendit dans la Salle Commune et fit quelques étirements pour se chauffer les muscles. La saison de Quidditch reprendrait dans quelques semaines et tous les jours, il entretenait sa forme physique. Après ses exercices, il sortit sa baguette magique et commença un autre type d'entraînement. Cela faisait quelques jours qu'il travaillait très dur sur une protection efficace en s'imaginant être au milieu d'une attaque de Mangemorts. Il était à présent capable de créer une protection individuelle qui pouvait résister à une vingtaine de sortilèges de puissance variable. Content de lui, il essayait d'étendre cette protection à un groupe en tentant de créer un dôme dont la taille s'adapterait au nombre de personnes à défendre. Après deux heures d'essais infructueux, il s'effondra sur le sol, essoufflé et ruisselant de sueur. Créer des sortilèges était une activité inaccessible pour la plupart des sorciers et exténuante pour les autres. Tant de critères devaient être mis en lien simultanément qu'Harry avait l'impression que sa tête allait exploser. Il sentait le sang affluer violemment dans son crâne. Le jeune sorcier s'installa dans le fauteuil qui faisait face à la cheminée. Il ferma les yeux et tenta de ralentir les battement de son c?ur. Il était dans une position confortable et, rapidement, il se sentit mieux. Ses maux de tête le quittèrent, sa respiration se fit plus calme et bientôt, il s'endormit. A l'instant où Harry rouvrit les yeux, il sut qu'il était en train de rêver. En effet, il n'était plus dans la Salle Commune, mais dans une vaste pièce. Il devait faire nuit dehors car on distinguait difficilement les meubles. Seule une petite chandelle brillait à quelques pas de là. Quelqu'un griffonnait rapidement un parchemin. Le silence était pesant, presque inquiétant. Harry s'avança et s'aperçut que ses pas ne faisaient aucun bruit sur le sol. Petit à petit, la silhouette se fit plus précise et lorsqu'elle releva la tête après avoir entendu un bruit sourd, Harry sentit son estomac se nouer. _Cho ! s'écria-t-il. Sourde à cet appel, la jeune Serdaigle abaissa la tête après avoir regardé sa montre. Elle était aussi jolie que dans son souvenir et la voir ainsi, bien vivante, lui brisait le c?ur. _Je vais être en retard pour le banquet, dit-elle en accélérant son rythme.
_Le banquet ? s'étonna Harry. Soudain il comprit. C'était pourtant évident. Ce sol froid et triste, cette odeur de vieux livres, . Il était à la bibliothèque de Poudlard, le soir d'Halloween. _Cho ! hurla-t-il se souvenant du corps inerte qu'il avait serré contre lui ce soir là. Sauve toi ! Va-t'en ! Je t'en supplie, écoute moi ! Entends moi ! Il hurlait, frappait du poing sur la table, essayait de bousculer la jeune fille, mais il n'était qu'un nuage, un spectateur impuissant. _Cho, pleura-t-il. Je ne veux pas te perdre. La jeune fille releva la tête, inquiète. Un moment, Harry crut qu'il avait réussi à attirer son attention mais, en tendant l'oreille, ce furent des bruits de pas qui se firent entendre. Harry paniqua. Il recommença à hurler. Inutilement. Cho s'était levée et cherchait du regard la source des sons qui lui parvenaient. Harry ne pouvait rien faire. Les pas s'arrêtèrent et on entendit le bruit d'un flacon que l'on débouche. Après quelques secondes, Drago Malfoy apparut, tout sourire, bientôt rejoint par ses deux acolytes. _Malefoy ! s'exclamèrent Cho et Harry en même temps. Le sourire du Serpentard était sinistre et le jeune sorcier sentit la jeune fille frémir à ses côtés. _Espèce de sale rat ! hurla Harry. C'est toi ! C'est toi qui l'a tuée. _Tiens, tiens, ricana Malefoy qui n'avait pas entendu les insultes. Voici la copine de Potter. _Que fais-tu là Malefoy ? demanda sèchement la Serdaigle qui avait repris de son assurance. Tu ne viens tout de même pas t'instruire ? ajouta-t-elle en montrant une page déchirée que tenait Goyle. Harry écarquilla les yeux. Il eut le temps de lire le mot "Poudlard" avant que le gorille ne range rapidement la feuille en question. _Je suis venu pour une petite course, répondit Malefoy nullement décontenancé. Je ne pensais pas pouvoir faire d'une pierre, deux coups. _Que veux-tu dire ? demanda Cho. Cette fois-ci, son inquiétude s'afficha clairement sur son visage. _Ne reste pas avec ce minable de Potter. Tu pourrais le regretter. _Quoi ! hurla-t-elle avec colère. Je ne te permets pas de le traiter de minable. Il vaut largement mieux qu'un ver de terre comme toi. Instantanément, Malefoy entra dans une effroyable colère. Il sortit sa baguette et s'avança ver la Serdaigle, menaçant. _Que vas-tu faire ? demanda-t-elle effrayée. _Tu ne m'insulteras plus jamais, répondit Malefoy dans un ton plein de haine. Ses yeux étaient froids et un sourire se dessina sur son visage. Cho réagit dans la seconde. Elle fit voler la chandelle sur Crabbe avant de s'échapper en courant. _NON ! hurla Harry en se mettant devant Malefoy. _Avada Kedrava. Le sortilège mortel traversa le Gryffondor et atteignit Cho au milieu du dos. Elle s'effondra dans un dernier souffle, sans un cri. En larmes, Harry toucha son ventre, là où le sortilège l'avait transpercée Il n'avait rien senti. Il se retourna doucement et vit les trois Serpentards sortirent tranquillement de la bibliothèque. A côté, il y avait le corps sans vie de Cho. Une haine aveugle s'empara du jeune sorcier et il s'élança à la poursuite de Malefoy. Mais au moment, où il passait le seuil de la porte, tout devint trouble autour de lui. Il crut d'abord que sa vue s'était brouillée, mais il s'aperçut rapidement que c'était le décor de son rêve qui disparaissait. Il allait se réveiller. Tout s'accéléra et ce fut le noir complet. Péniblement, Harry ouvrit les yeux. Il avait perdu l'équilibre lorsque tout avait disparu et le choc l'avait étourdi. Il se leva et parcourut la pièce du regard. Il n'était pas dans la Salle Commune de Gryffondor. Quelques portraits ornaient les murs mais Harry ne parvenait pas à distinguer les personnes représentées. En effet, la pièce était plongée dans une semi-pénombre. Il n'y avait quasiment aucun meuble dans la pièce. Seule une table de chevet trônait à côté d'un grand fauteuil. Ce décor n'était pas inconnu à Harry. Cette disposition de l'espace, cette atmosphère lourde, . Il ne connaissait qu'un être capable de rendre inquiétants les moindres recoins d'une pièce : Voldemort. Harry s'approcha. Il n'y avait personne dans la pièce. Ses pas, comme dans la bibliothèque, ne produisaient aucun son. Ce silence avait quelque chose de surnaturel. Il était pesant, oppressant. Des voix ou un cri n'y aurait rien changé. Harry se sentait mal à l'aise face à cette absence totale de bruit. A présent, il était assez près de la table pour y voir un vieux livre posé.Aucune trace de poussière sur l'épaisse couverture abîmée, comme s'il était lu régulièrement. _Les Fondateurs de Poudlard, lut-il après avoir penché la tête. Intrigué, il tendit la main vers l'ouvrage lorsque, tout à coup, la porte s'ouvrit et laissa entrer deux personnes. Le c?ur d'Harry fit un tel bond dans sa poitrine qu'il ne sentit pas la douleur lancinante de sa cicatrice.
_Tu féliciteras ton fils de ma part Lucius, fit une voix aussi froide que l'hiver. Sa diversion a fait beaucoup de bruit et tout ce qui peut faire du mal à Potter est forcément une très bonne chose. En entendant ces mots, Harry sentit sa haine revenir. Ainsi il avait eu raison : la mort de Cho n'avait été qu'une excuse. _Je n'y manquerai pas maître, répondit Malefoy qui semblait déborder de fierté paternelle. _Alors, voyons cela, fit Voldemort en dépliant un morceau de parchemin. Il le lit attentivement et Harry observa la moindre réaction de son visage. Malheureusement, le mage noir sourit. Il tenta alors de déchiffrer le papier, mais il ne vit que le mot "Poudlard" qu'il avait déjà lu dans la bibliothèque. _De bonnes nouvelles maître ? _Nous ferons ce que nous avons préparé au printemps, Lucius. Bientôt, nous fêterons ma victoire. Voldemort éclata alors d'un rire inquiétant. Il était si fort qu'Harry avait l'impression que le plafond allait se déchirer. Et il se déchira. Le plafond, mais aussi les murs et le sol se séparèrent en plusieurs parties. Harry perdit une nouvelle fois l'équilibre et tomba dans l'ouverture. Il ferma les yeux et se réveilla dans un sursaut. Trempé de sueur, il chercha des repères dans la pièce où il se trouvait. Bientôt, après s'être calmé, il reconnut le fauteuil confortable dans lequel il s'était endormi et le doux crépitement du feu le rassura. Un détail le dérangeait. Harry se leva et observa ce qui aurait dû être la Salle Commune de Gryffondor. Petit à petit, le détail devint une évidence. Les couleurs. Les couleurs de Gryffondor avaient disparu pour laisser place à celles de. _Serpentard ! s'exclama Harry. Mais qu'est-ce que ça signifie ? Il courut vers la sortie de la Salle Commune et parcourut frénétiquement les couloirs de Poudlard. Partout les couleurs de Serpentard ornaient les murs. Tous les élèves les portaient avec fierté. Seuls ses vêtements contrastaient avec cet ensemble mais personne ne le voyait. Harry courut. Il courut à toute vitesse vers le bureau du directeur. Il savait que ce n'était qu'un nouveau rêve, mais il voulait savoir ce qui s'était passé. Il ne s'arrêta de courir que lorsqu'il reconnut la gargouille de pierre. Reprenant son souffle, il se demanda comment il allait faire pour entrer lorsque la statue pivota. Un homme sortit du passage. Il était grand et fier. Son regard froid, souligné par ses yeux gris, était accentué par son teint particulièrement pâle et ses cheveux blonds. _Bonjour Monsieur Malefoy, fit un élève qui passait par là. Harry tomba par terre. Drago Malefoy était devenu le directeur de Poudlard. _Mais que se passe-t-il? se demanda Harry tandis que l'adulte disparaissait et quittait le couloir. Où suis-je ? Il se leva et continua sa route vers la Grande Salle. Il passa devant la salle des trophées et un attroupement d'élèves attira son attention. Sa curiosité l'emporta et le jeune sorcier entra. Peu à peu, les élèves se retirèrent et Harry put voir une grande vitrine dans laquelle était entreposée un squelette complètement difforme. Certains os étaient cassés, d'autres étaient tordus. Reconnaissant un squelette humain, Harry sentit le dégoût l'envahir. Lorsque le dernier élève partit, Harry put lire l'écriteau au bas de la vitrine. Voici les restes du corps d'Harry Potter, le fou qui s'éleva contre notre maître et qui ne s'en releva jamais. Horrifié, Harry eut peine à détourner son regard. Il fit un pas en arrière et le décor se troubla une fois encore. Tout tournait autour du jeune sorcier, augmentant ainsi son malaise. Pris d'un vertige, il sombra dans une nouvelle inconscience. Il était réveillé. Il savait qu'il était réveillé. Des sens comme le toucher ou l'odorat étaient revenus et il apprécia le contact du fauteuil et l'odeur du bois qui brûle. Au bout d'un certain temps, Harry releva les paupières et la lumière du soleil l'éblouit. Paresseusement, il regarda sa montre et vit que son sommeil avait duré plusieurs heures. Ses rêves lui revinrent en mémoire. Quelles horreurs il avait vues ! D'abord la mort de Cho, puis une époque où il n'existait plus. Mais quels sens pouvait-il donner à ces rêves ? L'implication de Malefoy dans le meurtre de Cho avait été confirmée, mais qu'en était-il de sa propre mort ? Etait-il destiné à tomber face à Voldemort ? Ce dernier avait semblé content de ce que Malefoy lui avait apporté. Il s'agissait d'une page arrachée d'un livre qui avait un rapport avec Poudlard. Et ce grimoire sur les Fondateurs ? Quel rapport y avait-il entre tous ces éléments ? Manifestement, seuls les deux premiers rêves avaient montré le passé. Mais le troisième. _Je ne me ferai pas tuer ! s'exclama Harry. Et il est hors de question que Poudlard devienne ce que j'ai vu ! Il s'était levé et marchait dans la pièce. Il était furieux à l'idée que son squelette soit exposé comme un vulgaire trophée de chasse. Il s'arrêta et souffla lentement, calmement. Ce futur n'existera pas ! pensa-t-il. Et c'est avec un pas déterminé qu'il sortit de la Salle Commune et se dirigea vers le bureau de Dumbledore. Lorsqu'il arriva, la gargouille était ouverte et le professeur Rogue sortait de la pièce. _Bonjour professeur, fit Harry. _Bonjour Monsieur Potter, répondit-il sur un ton inquiet qui n'échappa au jeune sorcier. Si vous désirez voir le directeur, il est dans son bureau avec votre parrain. L'adulte transpirait et son bras gauche était crispé comme sous l'effet d'une grande douleur. _Merci professeur. Harry hésita. _Vous allez bien ? finit-il par demander. Le Maître des Potions fut surpris par la question du jeune homme et bientôt ce fut à son tout d'hésiter. Finalement, il se résigna et releva sa manche gauche. Harry eut un haut le c?ur en observant l'avant bras de son professeur. Sur la peau, hyper-tendue sous la tension des muscles, était tatouée la marque des ténèbres. Le serpent semblait briller et on avait l'impression que la marque pulsait, suivant un rythme cardiaque autonome. Comme pour répondre au tatouage magique, le cicatrice d'Harry se manifesta à son tour. Le jeune sorcier ferma les yeux et refoula la douleur. Cet exercice qu'il répétait le plus souvent possible lui permettait de garder les idées claires, et ce, même en présence de Voldemort. Bientôt, il ne sentit plus qu'un faible picotement au front. _Cela confirme ce que je viens de voir, fit Harry après avoir porté un regard compatissant à l'adulte. _Je vous demande pardon ? _Accompagnez-moi professeur. Vous devriez entendre ce que j'ai à dire au directeur. Et sans attendre une réponse ou un consentement, Harry entra dans le passage et frappa à la porte. _Entrez, fit la voix calme du directeur. Le jeune sorcier, suivi de Rogue, s'exécuta. Sirius se leva et serra son filleul dans les bras. Harry ne connaissait pas de meilleur moment. Cette chaleur était sa dernière famille et l'unique lien qui le rattachait à ses parents. Bien qu'ils soient tous les deux dans le même château, Harry voyait assez peu son parrain. En fait, il voyait peu de monde ces derniers temps, ses journées étant surchargées. _Bonjour bout d'homme, lui fit Sirius après avoir relâché son étreinte. Harry lui rendit son sourire et le salua à son tour. _Bonjour Harry, intervint Dumbledore. Tu désirais me voir ? _Bonjour professeur. Effectivement, je voulais vous parler de rêves que j'ai fait ce matin. _Je vois. Je t'en prie, assieds-toi. Vous aussi Sirius, ajouta-t-il en faisant apparaître une nouvelle chaise d'un coup de baguette. Harry prit place et c'est ce moment que choisit Fumseck pour se poser sur ses genoux. Pendant quelques minutes, le jeune sorcier ne dit rien. Il caressait le ph?nix en ordonnant ses idées. _J'ai fait deux rêves, finit-il par dire. Le premier se passait à la bibliothèque de Poudlard. C'était le soir du banquet d'Halloween. A ces mots, tous furent surpris, mais aucun n'intervint. Harry les remercia intérieurement. _J'ai clairement vu Drago Malefoy assassiner Cho Chang. Lui et ses gorilles avaient bu la potion d'invisibilité. Ils ont rencontré Cho qui semblait travailler et l'ont tuée. Un nouveau silence s'installa. Dumbledore semblait particulièrement touché par la nouvelle ainsi que Rogue, même si Harry en ignorait la raison. Sirius, quant à lui, regardait tristement son filleul. _Harry. intervint Dumbledore avec difficulté. Tu sais bien que nous ne pouvons rien faire sans preuve. _Je sais professeur, mais ce n'est pas pour ça que je suis venu vous voir. Goyle tenait une page déchirée dans sa main. Manifestement, elle devait venir d'un vieux livre car elle était brunie sur la tranche. Je n'ai malheureusement pu y lire que le mot "Poudlard". Je pense que c'est un élément important puisque je l'ai retrouvé dans mon deuxième rêve. Les trois adultes l'écoutaient attentivement. Ils avaient appris à se fier à ses rêves. _Dans ce second rêve, continua Harry, j'étais dans le château de Voldemort. Au début, il n'y avait personne. Le mobilier se limitait à un fauteuil et une petite table, sur laquelle j'ai vu un très vieux grimoire. Je m'en souviens parce que le titre m'a intrigué. C'était "Les Fondateurs de Poudlard". _Comment ! s'exclama Dumbledore. Tu es sûr de ce que tu avances ? _Absolument professeur, répondit Harry étonné. Qu'y a-t-il ? _Poursuis ton récit, Harry, je te dirai ce que je sais après. _Bien. Au moment, où j'allais ouvrir ce fameux livre, Voldemort et Lucius Malefoy sont entrés. Voldemort semblait très content d'avoir obtenu cette page déchirée. Il a dit qu'il ferait ce qu'il avait décidé au printemps. Après je me suis réveillé. Harry savait qu'il ne fallait pas leur cacher ce qu'il avait vu dans son troisième rêve, mais il ne pouvait pas exprimer la vision de son squelette accroché dans une vitrine de Poudlard. _Je pense que c'est à mon tour de vous révéler certaines choses, dit Dumbledore après quelques minutes de silence. Tout d'abord, je désire que ce qui va être dit ne soit répété à personne, même à Mrs Granger et à Mr Weasley, ajouta-t-il à l'adresse d'Harry. Les trois personnes acquiescèrent. _Bien. Ce livre dont tu viens de parler raconte en détail la vie des Fondateurs de Poudlard. Il révèle de tels secrets que beaucoup de monde pense qu'il s'agit d'une légende. A l'époque où je n'étais qu'un professeur à Poudlard, une seule personne y croyait aussi fermement que moi : Tom Elvis Jedusor, plus connu sous le nom de Voldemort. Ce que j'ignorais, c'est qu'il avait volé ce grimoire. _Mais que raconte-t-il ? demanda Harry. _Ce livre révèle que les Fondateurs avaient eux-même fabriqué leur baguette à partir d'éléments aujourd'hui disparus. Il révèle également qu'avant leur mort, les Fondateurs avaient caché leurs baguettes, les destinant à leurs héritiers qui sauraient les retrouver. Il est dit que seul le sang d'un héritier permet d'accéder à la baguette de son ancêtre. _Mais quel intérêt de posséder de telles baguettes ? demanda Sirius. _La puissance, répondit Dumbledore. Pour un héritier, trouver la baguette de son ancêtre permet d'accéder à un pouvoir nettement supérieur à tout ce qui s'est vu jusqu'à présent. J'ai moi-même cherché la baguette de Godric Gryffondor pendant des années, mais je n'ai rien trouvé. _Et Voldemort cherche à obtenir celle de Salazard Serpentard, dit Rogue. _Avec cette baguette, nous ne pourrions rien faire contre lui, répliqua Dumbledore. L'atmosphère se fit soudain plus pesante. Les adultes semblaient bien plus vieux à cet instant que quelques minutes auparavant. La vision de son squelette exposé revint à Harry. Il était évident que Voldemort avait trouvé cette baguette dans son rêve. Le monde lui appartenait. _Et si nous trouvons celle de Godric Gryffondor ? s'exclama Harry. Dumbledore le regarda affectueusement. _Je te l'ai dit. Je l'ai cherchée pendant des années sans la trouver. Et nous n'avons plus des années devant nous. Voldemort doit savoir où trouver la baguette qu'il cherche. Elle est sans aucun doute dans la chambre des secrets. _Je refuse de m'avouer vaincu ! s'exclama Harry. Son rêve l'obsédait. _Je récupèrerai la baguette de Godric Gryffondor coûte que coûte ! Les adultes ne trouvèrent rien à répondre à cette détermination. Au bout de quelques minutes de silence, le visage de Sirius s'éclaira. _Mais pourquoi nous inquiétons nous ? Poudlard est bien le dernier endroit où peut venir Voldemort, non ? _Pour l'instant c'est vrai, répondit Dumbledore. Mais les nouvelles que nous a apportées Harry sont à prendre en compte. Tu dis que la page qu'il a obtenue avait un rapport avec Poudlard, c'est ça ? demanda-t-il au jeune sorcier. _C'est le mot que j'ai vu. _Et ta recherche à la bibliothèque n'a rien donné ? _Je n'y suis pas retourné depuis ce matin. _Allons-y. Tous se levèrent et sortirent du bureau. Une fois dans les couloirs de Poudlard, ils transplanèrent directement dans la réserve de la bibliothèque et bientôt, les quatre sorciers se mirent à chercher désespérément dans les livres ce qui pouvait avoir un rapport avec Poudlard. Pendant des heures, ils cherchèrent sans rien trouver. Mais à la fin de la journée, Rogue intervint : _Les secrets de Poudlard, lut-il sur la couverture abîmée. Il manque une page. _Donnez le moi Severus, fit Dumbledore sur un ton inquiet. Il lut les pages qui précédaient celle qui manquait. Rien ne se passa pendant de longues minutes. Rogue, Sirius et Harry attendaient patiemment le résultat comme on pouvait attendre le verdict d'un jury. C'est dans un bruit sourd que Dumbledore referma le grimoire. _Retournons dans mon bureau, dit-il doucement. Une fois arrivés et installés, le directeur commença. _La page qui manque est celle qui indiquait comment déjouer la protection de Poudlard. Le verdict était tombé. _Mais quelle est cette protection ? demanda Sirius. Et quelle en est la source ? _Avant de mourir, Godric Gryffondor fit plusieurs cadeaux à Poudlard. Vous savez tous que c'est son ancien chapeau qui est aujourd'hui le choipeau magique. Il a également laissé son épée et sa baguette. Ces deux derniers présents sont inconnus de la plupart des sorciers. Mais le quatrième est connu de moi-seul. _Fumseck ! s'exclama Harry. L'oiseau qui s'était à nouveau posé sur ses genoux, émit un petit son. _Je te félicite pour ta perspicacité Harry. Comment as-tu deviné ? _Je ne sais pas vraiment. J'ai toujours été à l'aise avec lui, et puis c'est comme si c'est lui qui me l'avait soufflé. Dumbledore sourit. _Il fait parti de l'héritage de Godric Gryffondor. _Mais alors. Naguini est. _Le serpent immortel de Salazard Serpentard. Il appartient à son héritier, soit Voldemort. Harry regarda le directeur. Il savait ce qu'il allait dire. _Aujourd'hui, Fumseck t'appartient Harry. Le jeune sorcier ne dit rien. Il ne pouvait rien dire. Il fit juste un sourire à Dumbledore qui le lui rendit. De leur côté, Rogue et Sirius ne soufflaient mot. Ils ne comprenaient pas les mots silencieux qu'échangeaient Harry et Dumbledore et ne cherchaient d'ailleurs pas à les comprendre. En effet, les deux hommes entretenaient depuis toujours une relation mystérieuse. Tout le monde savait que Dumbledore était plus qu'un directeur pour Harry et qu'Harry était plus qu'un élève aux yeux de Dumbledore. _Excusez-moi, fit Sirius qui n'y tenait plus, mais quel rapport y a-t-il entre Fumseck et la protection de Poudlard ? _Ce ph?nix est la source de protection de Poudlard, répondit simplement le directeur. Ces oiseaux ont de nombreux pouvoirs et leur immortalité permet d'assurer une protection sans faille. Il y eut une petit silence puis Dumbledore reprit. _Enfin. Presque sans faille. Il existe une potion qui permet de passer outre cette protection pendant un petit moment. _Combien de temps ? demanda Harry. _Une demi-heure. _Vous voulez dire que pendant une demi-heure, Voldemort pourra entrer à Poudlard quand bon lui semblera ? demanda Sirius. Le directeur acquiesça. _Attendez, intervint Rogue. J'ai cru comprendre que Voldemort attendrait le printemps pour attaquer. Pourquoi attendre pratiquement deux mois lorsqu'il peut venir tout de suite ? _Peut-être parce qu'il ne peut pas encore venir, proposa Harry. Professeur ? demanda-t-il à Dumbledore. Connaissez vous les éléments qu'il faut pour fabriquer cette potion ? _Seul ce livre expliquait comment procéder, répondit le vieil homme en posant la main sur le vieux grimoire. Je pensais que la réserve était un lieu assez protégé mais Voldemort s'est très bien organisé. _Alors il me reste moins de deux mois pour trouver la baguette de Gryffondor, fit Harry en se levant. _Harry tu. _Non Sirius ! coupa Harry. Si je ne fais rien, il y aura des dizaines de morts lorsque Voldemort viendra et je me suis juré de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour empêcher la mort d'innocents. _Harry a raison, approuva Dumbledore. Nous devons nous préparer à l'inévitable. A cet instant, Harry vit la puissance du directeur s'affirmer en même temps que sa volonté. Quelle présence il avait dans ces moments-là. _Messieurs, reprit-il en se tournant vers Rogue et Sirius, je vous charge de trouver la liste des ingrédients pour fabriquer cette potion. Si nous la trouvons, ce sera peut-être le seul moyen pour arrêter Voldemort. Les adultes se levèrent et sortirent du bureau sans rien dire. _Harrytu sais que je t'ai demandé de rester à Poudlard après Noël pour t'enseigner certains sortilèges ? _Oui professeur. _Bien. Je vais te raconter une autre histoire. A l'époque des Fondateurs, il y avait beaucoup moins de sortilèges. Gryffondor et Serpentard en ont créé un très grand nombre. D'ailleurs, ils étaient également rivaux sur ce plan, même si Godric était nettement moins arrogant que Salazard. Un jour, ce dernier a créé ce que nous appelons aujourd'hui les sortilèges impardonnables. Il était si fier de lui qu'il les utilisa très souvent et les montra au plus grand nombre de personnes possible. Face à ce pouvoir de destruction, Godric créa d'autres sortilèges d'attaque mais il ne les montra qu'à son héritier. Et depuis, ils s'apprennent d'héritier en héritier. Harry écoutait avidement son mentor. _Ce sont ces sortilèges que je désire t'apprendre. Il y en a trois. L'un d'eux est une protection ultime contre l'Avada Kedrava. Les deux autres sont des sortilèges offensifs, ou plutôt des sortilèges de destruction. Si le premier permet de détruire la baguette de son ennemi, le second permet de détruire son ennemi lui-même. _Comme. _Oui Harry, comme l'Avada Kedrava. Personne ne t'oblige à les utiliser, reprit Dumbledore face à la perplexité du jeune sorcier, mais il faut que tu les connaisses. _Je vois. Quand commençons-nous ? _Eh bien, comme demain c'est Noël, tu as encore un jour de vacances. Harry ne dit rien. Il allait apprendre des sortilèges si puissants qu'ils lui faisaient peur. _A présent, je te propose d'aller dîner, intervint le directeur. Si ton estomac crie autant famine que le mien, tu dois mourir de faim. Harry sourit au vieil homme. Il se leva et sortit vers la Grande Salle de Poudlard où il dîna en compagnie de ses professeurs. Les discussions étaient aussi innocentes que d'habitude mais à présent, Harry savait pourquoi. Le moment où ils se retrouvaient tous autour d'une table était l'un de leurs rares moments de détente. Ils connaissaient tous le mal qui les menaçait, mais y penser ne ferait pas avancer les choses, au contraire.
Le jeune sorcier tenta donc d'oublier ses idées noires et passa un très bon moment avec ses aînés. C'est la fatigue qui l'arracha aux spéculations sur les matchs de Quidditch et aux arguties sur le niveau scolaire des élèves. Et c'est sans aucun mal qu'il s'endormit lorsqu'il parvint enfin à son lit.
Le souvenir de l'anniversaire de Ginny s'éternisait dans la tête d'Harry. Cette soirée avait été parfaite pour le jeune sorcier même si elle lui laissait une petite pointe d'amertume. En effet, il avait vu, pendant ces quelques heures, ce qu'il n'aurait jamais en tant qu'orphelin : une famille. Ces moments où il était considéré comme un membre à part entière de la famille Weasley lui montraient à quel point il resterait malgré tout un étranger. La propre tribu était morte et cette idée le ramenait violemment à la réalité dés qu'il s'aventurait à l'oublier. Après être revenu à Poudlard, Harry avait passé la plupart de son temps libre à la bibliothèque. Sans résultat. La réserve comptait des centaines de livres et il n'en avait pas ouvert la moitié. Pourtant, si la veille il désespérait de ne rien trouver, ce matin, Harry se réveilla avec une nouvelle idée. _Il va falloir que je cible beaucoup plus ma recherche, dit-il en se grattant la tête, les yeux encore à moitié fermés. Il se leva après un long bâillement et s'habilla. Il était cinq heures, mais Harry n'essaya même plus de se rendormir. Il s'était depuis longtemps habitué à ces nuits courtes. Il descendit dans la Salle Commune et fit quelques étirements pour se chauffer les muscles. La saison de Quidditch reprendrait dans quelques semaines et tous les jours, il entretenait sa forme physique. Après ses exercices, il sortit sa baguette magique et commença un autre type d'entraînement. Cela faisait quelques jours qu'il travaillait très dur sur une protection efficace en s'imaginant être au milieu d'une attaque de Mangemorts. Il était à présent capable de créer une protection individuelle qui pouvait résister à une vingtaine de sortilèges de puissance variable. Content de lui, il essayait d'étendre cette protection à un groupe en tentant de créer un dôme dont la taille s'adapterait au nombre de personnes à défendre. Après deux heures d'essais infructueux, il s'effondra sur le sol, essoufflé et ruisselant de sueur. Créer des sortilèges était une activité inaccessible pour la plupart des sorciers et exténuante pour les autres. Tant de critères devaient être mis en lien simultanément qu'Harry avait l'impression que sa tête allait exploser. Il sentait le sang affluer violemment dans son crâne. Le jeune sorcier s'installa dans le fauteuil qui faisait face à la cheminée. Il ferma les yeux et tenta de ralentir les battement de son c?ur. Il était dans une position confortable et, rapidement, il se sentit mieux. Ses maux de tête le quittèrent, sa respiration se fit plus calme et bientôt, il s'endormit. A l'instant où Harry rouvrit les yeux, il sut qu'il était en train de rêver. En effet, il n'était plus dans la Salle Commune, mais dans une vaste pièce. Il devait faire nuit dehors car on distinguait difficilement les meubles. Seule une petite chandelle brillait à quelques pas de là. Quelqu'un griffonnait rapidement un parchemin. Le silence était pesant, presque inquiétant. Harry s'avança et s'aperçut que ses pas ne faisaient aucun bruit sur le sol. Petit à petit, la silhouette se fit plus précise et lorsqu'elle releva la tête après avoir entendu un bruit sourd, Harry sentit son estomac se nouer. _Cho ! s'écria-t-il. Sourde à cet appel, la jeune Serdaigle abaissa la tête après avoir regardé sa montre. Elle était aussi jolie que dans son souvenir et la voir ainsi, bien vivante, lui brisait le c?ur. _Je vais être en retard pour le banquet, dit-elle en accélérant son rythme.
_Le banquet ? s'étonna Harry. Soudain il comprit. C'était pourtant évident. Ce sol froid et triste, cette odeur de vieux livres, . Il était à la bibliothèque de Poudlard, le soir d'Halloween. _Cho ! hurla-t-il se souvenant du corps inerte qu'il avait serré contre lui ce soir là. Sauve toi ! Va-t'en ! Je t'en supplie, écoute moi ! Entends moi ! Il hurlait, frappait du poing sur la table, essayait de bousculer la jeune fille, mais il n'était qu'un nuage, un spectateur impuissant. _Cho, pleura-t-il. Je ne veux pas te perdre. La jeune fille releva la tête, inquiète. Un moment, Harry crut qu'il avait réussi à attirer son attention mais, en tendant l'oreille, ce furent des bruits de pas qui se firent entendre. Harry paniqua. Il recommença à hurler. Inutilement. Cho s'était levée et cherchait du regard la source des sons qui lui parvenaient. Harry ne pouvait rien faire. Les pas s'arrêtèrent et on entendit le bruit d'un flacon que l'on débouche. Après quelques secondes, Drago Malfoy apparut, tout sourire, bientôt rejoint par ses deux acolytes. _Malefoy ! s'exclamèrent Cho et Harry en même temps. Le sourire du Serpentard était sinistre et le jeune sorcier sentit la jeune fille frémir à ses côtés. _Espèce de sale rat ! hurla Harry. C'est toi ! C'est toi qui l'a tuée. _Tiens, tiens, ricana Malefoy qui n'avait pas entendu les insultes. Voici la copine de Potter. _Que fais-tu là Malefoy ? demanda sèchement la Serdaigle qui avait repris de son assurance. Tu ne viens tout de même pas t'instruire ? ajouta-t-elle en montrant une page déchirée que tenait Goyle. Harry écarquilla les yeux. Il eut le temps de lire le mot "Poudlard" avant que le gorille ne range rapidement la feuille en question. _Je suis venu pour une petite course, répondit Malefoy nullement décontenancé. Je ne pensais pas pouvoir faire d'une pierre, deux coups. _Que veux-tu dire ? demanda Cho. Cette fois-ci, son inquiétude s'afficha clairement sur son visage. _Ne reste pas avec ce minable de Potter. Tu pourrais le regretter. _Quoi ! hurla-t-elle avec colère. Je ne te permets pas de le traiter de minable. Il vaut largement mieux qu'un ver de terre comme toi. Instantanément, Malefoy entra dans une effroyable colère. Il sortit sa baguette et s'avança ver la Serdaigle, menaçant. _Que vas-tu faire ? demanda-t-elle effrayée. _Tu ne m'insulteras plus jamais, répondit Malefoy dans un ton plein de haine. Ses yeux étaient froids et un sourire se dessina sur son visage. Cho réagit dans la seconde. Elle fit voler la chandelle sur Crabbe avant de s'échapper en courant. _NON ! hurla Harry en se mettant devant Malefoy. _Avada Kedrava. Le sortilège mortel traversa le Gryffondor et atteignit Cho au milieu du dos. Elle s'effondra dans un dernier souffle, sans un cri. En larmes, Harry toucha son ventre, là où le sortilège l'avait transpercée Il n'avait rien senti. Il se retourna doucement et vit les trois Serpentards sortirent tranquillement de la bibliothèque. A côté, il y avait le corps sans vie de Cho. Une haine aveugle s'empara du jeune sorcier et il s'élança à la poursuite de Malefoy. Mais au moment, où il passait le seuil de la porte, tout devint trouble autour de lui. Il crut d'abord que sa vue s'était brouillée, mais il s'aperçut rapidement que c'était le décor de son rêve qui disparaissait. Il allait se réveiller. Tout s'accéléra et ce fut le noir complet. Péniblement, Harry ouvrit les yeux. Il avait perdu l'équilibre lorsque tout avait disparu et le choc l'avait étourdi. Il se leva et parcourut la pièce du regard. Il n'était pas dans la Salle Commune de Gryffondor. Quelques portraits ornaient les murs mais Harry ne parvenait pas à distinguer les personnes représentées. En effet, la pièce était plongée dans une semi-pénombre. Il n'y avait quasiment aucun meuble dans la pièce. Seule une table de chevet trônait à côté d'un grand fauteuil. Ce décor n'était pas inconnu à Harry. Cette disposition de l'espace, cette atmosphère lourde, . Il ne connaissait qu'un être capable de rendre inquiétants les moindres recoins d'une pièce : Voldemort. Harry s'approcha. Il n'y avait personne dans la pièce. Ses pas, comme dans la bibliothèque, ne produisaient aucun son. Ce silence avait quelque chose de surnaturel. Il était pesant, oppressant. Des voix ou un cri n'y aurait rien changé. Harry se sentait mal à l'aise face à cette absence totale de bruit. A présent, il était assez près de la table pour y voir un vieux livre posé.Aucune trace de poussière sur l'épaisse couverture abîmée, comme s'il était lu régulièrement. _Les Fondateurs de Poudlard, lut-il après avoir penché la tête. Intrigué, il tendit la main vers l'ouvrage lorsque, tout à coup, la porte s'ouvrit et laissa entrer deux personnes. Le c?ur d'Harry fit un tel bond dans sa poitrine qu'il ne sentit pas la douleur lancinante de sa cicatrice.
_Tu féliciteras ton fils de ma part Lucius, fit une voix aussi froide que l'hiver. Sa diversion a fait beaucoup de bruit et tout ce qui peut faire du mal à Potter est forcément une très bonne chose. En entendant ces mots, Harry sentit sa haine revenir. Ainsi il avait eu raison : la mort de Cho n'avait été qu'une excuse. _Je n'y manquerai pas maître, répondit Malefoy qui semblait déborder de fierté paternelle. _Alors, voyons cela, fit Voldemort en dépliant un morceau de parchemin. Il le lit attentivement et Harry observa la moindre réaction de son visage. Malheureusement, le mage noir sourit. Il tenta alors de déchiffrer le papier, mais il ne vit que le mot "Poudlard" qu'il avait déjà lu dans la bibliothèque. _De bonnes nouvelles maître ? _Nous ferons ce que nous avons préparé au printemps, Lucius. Bientôt, nous fêterons ma victoire. Voldemort éclata alors d'un rire inquiétant. Il était si fort qu'Harry avait l'impression que le plafond allait se déchirer. Et il se déchira. Le plafond, mais aussi les murs et le sol se séparèrent en plusieurs parties. Harry perdit une nouvelle fois l'équilibre et tomba dans l'ouverture. Il ferma les yeux et se réveilla dans un sursaut. Trempé de sueur, il chercha des repères dans la pièce où il se trouvait. Bientôt, après s'être calmé, il reconnut le fauteuil confortable dans lequel il s'était endormi et le doux crépitement du feu le rassura. Un détail le dérangeait. Harry se leva et observa ce qui aurait dû être la Salle Commune de Gryffondor. Petit à petit, le détail devint une évidence. Les couleurs. Les couleurs de Gryffondor avaient disparu pour laisser place à celles de. _Serpentard ! s'exclama Harry. Mais qu'est-ce que ça signifie ? Il courut vers la sortie de la Salle Commune et parcourut frénétiquement les couloirs de Poudlard. Partout les couleurs de Serpentard ornaient les murs. Tous les élèves les portaient avec fierté. Seuls ses vêtements contrastaient avec cet ensemble mais personne ne le voyait. Harry courut. Il courut à toute vitesse vers le bureau du directeur. Il savait que ce n'était qu'un nouveau rêve, mais il voulait savoir ce qui s'était passé. Il ne s'arrêta de courir que lorsqu'il reconnut la gargouille de pierre. Reprenant son souffle, il se demanda comment il allait faire pour entrer lorsque la statue pivota. Un homme sortit du passage. Il était grand et fier. Son regard froid, souligné par ses yeux gris, était accentué par son teint particulièrement pâle et ses cheveux blonds. _Bonjour Monsieur Malefoy, fit un élève qui passait par là. Harry tomba par terre. Drago Malefoy était devenu le directeur de Poudlard. _Mais que se passe-t-il? se demanda Harry tandis que l'adulte disparaissait et quittait le couloir. Où suis-je ? Il se leva et continua sa route vers la Grande Salle. Il passa devant la salle des trophées et un attroupement d'élèves attira son attention. Sa curiosité l'emporta et le jeune sorcier entra. Peu à peu, les élèves se retirèrent et Harry put voir une grande vitrine dans laquelle était entreposée un squelette complètement difforme. Certains os étaient cassés, d'autres étaient tordus. Reconnaissant un squelette humain, Harry sentit le dégoût l'envahir. Lorsque le dernier élève partit, Harry put lire l'écriteau au bas de la vitrine. Voici les restes du corps d'Harry Potter, le fou qui s'éleva contre notre maître et qui ne s'en releva jamais. Horrifié, Harry eut peine à détourner son regard. Il fit un pas en arrière et le décor se troubla une fois encore. Tout tournait autour du jeune sorcier, augmentant ainsi son malaise. Pris d'un vertige, il sombra dans une nouvelle inconscience. Il était réveillé. Il savait qu'il était réveillé. Des sens comme le toucher ou l'odorat étaient revenus et il apprécia le contact du fauteuil et l'odeur du bois qui brûle. Au bout d'un certain temps, Harry releva les paupières et la lumière du soleil l'éblouit. Paresseusement, il regarda sa montre et vit que son sommeil avait duré plusieurs heures. Ses rêves lui revinrent en mémoire. Quelles horreurs il avait vues ! D'abord la mort de Cho, puis une époque où il n'existait plus. Mais quels sens pouvait-il donner à ces rêves ? L'implication de Malefoy dans le meurtre de Cho avait été confirmée, mais qu'en était-il de sa propre mort ? Etait-il destiné à tomber face à Voldemort ? Ce dernier avait semblé content de ce que Malefoy lui avait apporté. Il s'agissait d'une page arrachée d'un livre qui avait un rapport avec Poudlard. Et ce grimoire sur les Fondateurs ? Quel rapport y avait-il entre tous ces éléments ? Manifestement, seuls les deux premiers rêves avaient montré le passé. Mais le troisième. _Je ne me ferai pas tuer ! s'exclama Harry. Et il est hors de question que Poudlard devienne ce que j'ai vu ! Il s'était levé et marchait dans la pièce. Il était furieux à l'idée que son squelette soit exposé comme un vulgaire trophée de chasse. Il s'arrêta et souffla lentement, calmement. Ce futur n'existera pas ! pensa-t-il. Et c'est avec un pas déterminé qu'il sortit de la Salle Commune et se dirigea vers le bureau de Dumbledore. Lorsqu'il arriva, la gargouille était ouverte et le professeur Rogue sortait de la pièce. _Bonjour professeur, fit Harry. _Bonjour Monsieur Potter, répondit-il sur un ton inquiet qui n'échappa au jeune sorcier. Si vous désirez voir le directeur, il est dans son bureau avec votre parrain. L'adulte transpirait et son bras gauche était crispé comme sous l'effet d'une grande douleur. _Merci professeur. Harry hésita. _Vous allez bien ? finit-il par demander. Le Maître des Potions fut surpris par la question du jeune homme et bientôt ce fut à son tout d'hésiter. Finalement, il se résigna et releva sa manche gauche. Harry eut un haut le c?ur en observant l'avant bras de son professeur. Sur la peau, hyper-tendue sous la tension des muscles, était tatouée la marque des ténèbres. Le serpent semblait briller et on avait l'impression que la marque pulsait, suivant un rythme cardiaque autonome. Comme pour répondre au tatouage magique, le cicatrice d'Harry se manifesta à son tour. Le jeune sorcier ferma les yeux et refoula la douleur. Cet exercice qu'il répétait le plus souvent possible lui permettait de garder les idées claires, et ce, même en présence de Voldemort. Bientôt, il ne sentit plus qu'un faible picotement au front. _Cela confirme ce que je viens de voir, fit Harry après avoir porté un regard compatissant à l'adulte. _Je vous demande pardon ? _Accompagnez-moi professeur. Vous devriez entendre ce que j'ai à dire au directeur. Et sans attendre une réponse ou un consentement, Harry entra dans le passage et frappa à la porte. _Entrez, fit la voix calme du directeur. Le jeune sorcier, suivi de Rogue, s'exécuta. Sirius se leva et serra son filleul dans les bras. Harry ne connaissait pas de meilleur moment. Cette chaleur était sa dernière famille et l'unique lien qui le rattachait à ses parents. Bien qu'ils soient tous les deux dans le même château, Harry voyait assez peu son parrain. En fait, il voyait peu de monde ces derniers temps, ses journées étant surchargées. _Bonjour bout d'homme, lui fit Sirius après avoir relâché son étreinte. Harry lui rendit son sourire et le salua à son tour. _Bonjour Harry, intervint Dumbledore. Tu désirais me voir ? _Bonjour professeur. Effectivement, je voulais vous parler de rêves que j'ai fait ce matin. _Je vois. Je t'en prie, assieds-toi. Vous aussi Sirius, ajouta-t-il en faisant apparaître une nouvelle chaise d'un coup de baguette. Harry prit place et c'est ce moment que choisit Fumseck pour se poser sur ses genoux. Pendant quelques minutes, le jeune sorcier ne dit rien. Il caressait le ph?nix en ordonnant ses idées. _J'ai fait deux rêves, finit-il par dire. Le premier se passait à la bibliothèque de Poudlard. C'était le soir du banquet d'Halloween. A ces mots, tous furent surpris, mais aucun n'intervint. Harry les remercia intérieurement. _J'ai clairement vu Drago Malefoy assassiner Cho Chang. Lui et ses gorilles avaient bu la potion d'invisibilité. Ils ont rencontré Cho qui semblait travailler et l'ont tuée. Un nouveau silence s'installa. Dumbledore semblait particulièrement touché par la nouvelle ainsi que Rogue, même si Harry en ignorait la raison. Sirius, quant à lui, regardait tristement son filleul. _Harry. intervint Dumbledore avec difficulté. Tu sais bien que nous ne pouvons rien faire sans preuve. _Je sais professeur, mais ce n'est pas pour ça que je suis venu vous voir. Goyle tenait une page déchirée dans sa main. Manifestement, elle devait venir d'un vieux livre car elle était brunie sur la tranche. Je n'ai malheureusement pu y lire que le mot "Poudlard". Je pense que c'est un élément important puisque je l'ai retrouvé dans mon deuxième rêve. Les trois adultes l'écoutaient attentivement. Ils avaient appris à se fier à ses rêves. _Dans ce second rêve, continua Harry, j'étais dans le château de Voldemort. Au début, il n'y avait personne. Le mobilier se limitait à un fauteuil et une petite table, sur laquelle j'ai vu un très vieux grimoire. Je m'en souviens parce que le titre m'a intrigué. C'était "Les Fondateurs de Poudlard". _Comment ! s'exclama Dumbledore. Tu es sûr de ce que tu avances ? _Absolument professeur, répondit Harry étonné. Qu'y a-t-il ? _Poursuis ton récit, Harry, je te dirai ce que je sais après. _Bien. Au moment, où j'allais ouvrir ce fameux livre, Voldemort et Lucius Malefoy sont entrés. Voldemort semblait très content d'avoir obtenu cette page déchirée. Il a dit qu'il ferait ce qu'il avait décidé au printemps. Après je me suis réveillé. Harry savait qu'il ne fallait pas leur cacher ce qu'il avait vu dans son troisième rêve, mais il ne pouvait pas exprimer la vision de son squelette accroché dans une vitrine de Poudlard. _Je pense que c'est à mon tour de vous révéler certaines choses, dit Dumbledore après quelques minutes de silence. Tout d'abord, je désire que ce qui va être dit ne soit répété à personne, même à Mrs Granger et à Mr Weasley, ajouta-t-il à l'adresse d'Harry. Les trois personnes acquiescèrent. _Bien. Ce livre dont tu viens de parler raconte en détail la vie des Fondateurs de Poudlard. Il révèle de tels secrets que beaucoup de monde pense qu'il s'agit d'une légende. A l'époque où je n'étais qu'un professeur à Poudlard, une seule personne y croyait aussi fermement que moi : Tom Elvis Jedusor, plus connu sous le nom de Voldemort. Ce que j'ignorais, c'est qu'il avait volé ce grimoire. _Mais que raconte-t-il ? demanda Harry. _Ce livre révèle que les Fondateurs avaient eux-même fabriqué leur baguette à partir d'éléments aujourd'hui disparus. Il révèle également qu'avant leur mort, les Fondateurs avaient caché leurs baguettes, les destinant à leurs héritiers qui sauraient les retrouver. Il est dit que seul le sang d'un héritier permet d'accéder à la baguette de son ancêtre. _Mais quel intérêt de posséder de telles baguettes ? demanda Sirius. _La puissance, répondit Dumbledore. Pour un héritier, trouver la baguette de son ancêtre permet d'accéder à un pouvoir nettement supérieur à tout ce qui s'est vu jusqu'à présent. J'ai moi-même cherché la baguette de Godric Gryffondor pendant des années, mais je n'ai rien trouvé. _Et Voldemort cherche à obtenir celle de Salazard Serpentard, dit Rogue. _Avec cette baguette, nous ne pourrions rien faire contre lui, répliqua Dumbledore. L'atmosphère se fit soudain plus pesante. Les adultes semblaient bien plus vieux à cet instant que quelques minutes auparavant. La vision de son squelette exposé revint à Harry. Il était évident que Voldemort avait trouvé cette baguette dans son rêve. Le monde lui appartenait. _Et si nous trouvons celle de Godric Gryffondor ? s'exclama Harry. Dumbledore le regarda affectueusement. _Je te l'ai dit. Je l'ai cherchée pendant des années sans la trouver. Et nous n'avons plus des années devant nous. Voldemort doit savoir où trouver la baguette qu'il cherche. Elle est sans aucun doute dans la chambre des secrets. _Je refuse de m'avouer vaincu ! s'exclama Harry. Son rêve l'obsédait. _Je récupèrerai la baguette de Godric Gryffondor coûte que coûte ! Les adultes ne trouvèrent rien à répondre à cette détermination. Au bout de quelques minutes de silence, le visage de Sirius s'éclaira. _Mais pourquoi nous inquiétons nous ? Poudlard est bien le dernier endroit où peut venir Voldemort, non ? _Pour l'instant c'est vrai, répondit Dumbledore. Mais les nouvelles que nous a apportées Harry sont à prendre en compte. Tu dis que la page qu'il a obtenue avait un rapport avec Poudlard, c'est ça ? demanda-t-il au jeune sorcier. _C'est le mot que j'ai vu. _Et ta recherche à la bibliothèque n'a rien donné ? _Je n'y suis pas retourné depuis ce matin. _Allons-y. Tous se levèrent et sortirent du bureau. Une fois dans les couloirs de Poudlard, ils transplanèrent directement dans la réserve de la bibliothèque et bientôt, les quatre sorciers se mirent à chercher désespérément dans les livres ce qui pouvait avoir un rapport avec Poudlard. Pendant des heures, ils cherchèrent sans rien trouver. Mais à la fin de la journée, Rogue intervint : _Les secrets de Poudlard, lut-il sur la couverture abîmée. Il manque une page. _Donnez le moi Severus, fit Dumbledore sur un ton inquiet. Il lut les pages qui précédaient celle qui manquait. Rien ne se passa pendant de longues minutes. Rogue, Sirius et Harry attendaient patiemment le résultat comme on pouvait attendre le verdict d'un jury. C'est dans un bruit sourd que Dumbledore referma le grimoire. _Retournons dans mon bureau, dit-il doucement. Une fois arrivés et installés, le directeur commença. _La page qui manque est celle qui indiquait comment déjouer la protection de Poudlard. Le verdict était tombé. _Mais quelle est cette protection ? demanda Sirius. Et quelle en est la source ? _Avant de mourir, Godric Gryffondor fit plusieurs cadeaux à Poudlard. Vous savez tous que c'est son ancien chapeau qui est aujourd'hui le choipeau magique. Il a également laissé son épée et sa baguette. Ces deux derniers présents sont inconnus de la plupart des sorciers. Mais le quatrième est connu de moi-seul. _Fumseck ! s'exclama Harry. L'oiseau qui s'était à nouveau posé sur ses genoux, émit un petit son. _Je te félicite pour ta perspicacité Harry. Comment as-tu deviné ? _Je ne sais pas vraiment. J'ai toujours été à l'aise avec lui, et puis c'est comme si c'est lui qui me l'avait soufflé. Dumbledore sourit. _Il fait parti de l'héritage de Godric Gryffondor. _Mais alors. Naguini est. _Le serpent immortel de Salazard Serpentard. Il appartient à son héritier, soit Voldemort. Harry regarda le directeur. Il savait ce qu'il allait dire. _Aujourd'hui, Fumseck t'appartient Harry. Le jeune sorcier ne dit rien. Il ne pouvait rien dire. Il fit juste un sourire à Dumbledore qui le lui rendit. De leur côté, Rogue et Sirius ne soufflaient mot. Ils ne comprenaient pas les mots silencieux qu'échangeaient Harry et Dumbledore et ne cherchaient d'ailleurs pas à les comprendre. En effet, les deux hommes entretenaient depuis toujours une relation mystérieuse. Tout le monde savait que Dumbledore était plus qu'un directeur pour Harry et qu'Harry était plus qu'un élève aux yeux de Dumbledore. _Excusez-moi, fit Sirius qui n'y tenait plus, mais quel rapport y a-t-il entre Fumseck et la protection de Poudlard ? _Ce ph?nix est la source de protection de Poudlard, répondit simplement le directeur. Ces oiseaux ont de nombreux pouvoirs et leur immortalité permet d'assurer une protection sans faille. Il y eut une petit silence puis Dumbledore reprit. _Enfin. Presque sans faille. Il existe une potion qui permet de passer outre cette protection pendant un petit moment. _Combien de temps ? demanda Harry. _Une demi-heure. _Vous voulez dire que pendant une demi-heure, Voldemort pourra entrer à Poudlard quand bon lui semblera ? demanda Sirius. Le directeur acquiesça. _Attendez, intervint Rogue. J'ai cru comprendre que Voldemort attendrait le printemps pour attaquer. Pourquoi attendre pratiquement deux mois lorsqu'il peut venir tout de suite ? _Peut-être parce qu'il ne peut pas encore venir, proposa Harry. Professeur ? demanda-t-il à Dumbledore. Connaissez vous les éléments qu'il faut pour fabriquer cette potion ? _Seul ce livre expliquait comment procéder, répondit le vieil homme en posant la main sur le vieux grimoire. Je pensais que la réserve était un lieu assez protégé mais Voldemort s'est très bien organisé. _Alors il me reste moins de deux mois pour trouver la baguette de Gryffondor, fit Harry en se levant. _Harry tu. _Non Sirius ! coupa Harry. Si je ne fais rien, il y aura des dizaines de morts lorsque Voldemort viendra et je me suis juré de faire tout ce qui était en mon pouvoir pour empêcher la mort d'innocents. _Harry a raison, approuva Dumbledore. Nous devons nous préparer à l'inévitable. A cet instant, Harry vit la puissance du directeur s'affirmer en même temps que sa volonté. Quelle présence il avait dans ces moments-là. _Messieurs, reprit-il en se tournant vers Rogue et Sirius, je vous charge de trouver la liste des ingrédients pour fabriquer cette potion. Si nous la trouvons, ce sera peut-être le seul moyen pour arrêter Voldemort. Les adultes se levèrent et sortirent du bureau sans rien dire. _Harrytu sais que je t'ai demandé de rester à Poudlard après Noël pour t'enseigner certains sortilèges ? _Oui professeur. _Bien. Je vais te raconter une autre histoire. A l'époque des Fondateurs, il y avait beaucoup moins de sortilèges. Gryffondor et Serpentard en ont créé un très grand nombre. D'ailleurs, ils étaient également rivaux sur ce plan, même si Godric était nettement moins arrogant que Salazard. Un jour, ce dernier a créé ce que nous appelons aujourd'hui les sortilèges impardonnables. Il était si fier de lui qu'il les utilisa très souvent et les montra au plus grand nombre de personnes possible. Face à ce pouvoir de destruction, Godric créa d'autres sortilèges d'attaque mais il ne les montra qu'à son héritier. Et depuis, ils s'apprennent d'héritier en héritier. Harry écoutait avidement son mentor. _Ce sont ces sortilèges que je désire t'apprendre. Il y en a trois. L'un d'eux est une protection ultime contre l'Avada Kedrava. Les deux autres sont des sortilèges offensifs, ou plutôt des sortilèges de destruction. Si le premier permet de détruire la baguette de son ennemi, le second permet de détruire son ennemi lui-même. _Comme. _Oui Harry, comme l'Avada Kedrava. Personne ne t'oblige à les utiliser, reprit Dumbledore face à la perplexité du jeune sorcier, mais il faut que tu les connaisses. _Je vois. Quand commençons-nous ? _Eh bien, comme demain c'est Noël, tu as encore un jour de vacances. Harry ne dit rien. Il allait apprendre des sortilèges si puissants qu'ils lui faisaient peur. _A présent, je te propose d'aller dîner, intervint le directeur. Si ton estomac crie autant famine que le mien, tu dois mourir de faim. Harry sourit au vieil homme. Il se leva et sortit vers la Grande Salle de Poudlard où il dîna en compagnie de ses professeurs. Les discussions étaient aussi innocentes que d'habitude mais à présent, Harry savait pourquoi. Le moment où ils se retrouvaient tous autour d'une table était l'un de leurs rares moments de détente. Ils connaissaient tous le mal qui les menaçait, mais y penser ne ferait pas avancer les choses, au contraire.
Le jeune sorcier tenta donc d'oublier ses idées noires et passa un très bon moment avec ses aînés. C'est la fatigue qui l'arracha aux spéculations sur les matchs de Quidditch et aux arguties sur le niveau scolaire des élèves. Et c'est sans aucun mal qu'il s'endormit lorsqu'il parvint enfin à son lit.
