XXIII. Noël.
Une nouvelle fois, Harry se retourna dans son lit. Il était 4H00 du matin et, bien qu'il se soit endormi sans problème la veille au soir, le jeune sorcier ne parvenait pas à retrouver le sommeil. Trop de questions tournaient dans sa tête et bon nombre d'entres-elles n'avaient pas de réponse. Allait-il mourir dans un futur proche ? Deviendrait-il un vulgaire trophée ? Cette idée de la mort ne le quittait plus. Bien sûr, depuis qu'il était à Poudlard, il l'avait vue de très près, mais cette fois-ci, c'était autre chose : ses rêves s'étaient toujours réalisés. Tournant encore dans ses couvertures, Harry chassa ses idées noires. Qu'en était-il de la baguette de Gryffondor ? Etait-elle à Poudlard ? Elle n'était pas sur la tombe de Godric, comme le voulait la coutume des sorciers : lors de l'enterrement de Cho, ce détail ne lui avait pas échappé. N'y tenant plus, Harry se leva et marcha dans sa chambre. Il fit les cent pas et commença à parler tout seul. _Je ne vais pas mourir, dit-il. Il faut que je trouve cette baguette. Si Dumbledore ne l'a pas trouvée, elle ne doit pas être dans le château. La fenêtre du dortoir était ouverte sur un clair de lune qui illuminait complètement la forêt interdite. Elle semblait inoffensive et inviolable. Harry se souvint de sa première vraie ballade et soudainement, la discussion qu'il avait eue avec le centaure Firenze lui revint en mémoire. _Toi, tu ressembles davantage à Godric Gryffondor, lui avait-il dit. _Comment le sais-tu ? _Je vois que c'est ta première ballade dans la forêt. D'un coup la solution parut évidente à Harry. _Ca y est ! s'exclama-t-il. Cette forêt a quelque chose à voir avec Gryffondor. Sans plus attendre, il sortit du dortoir et transplana dans le hall d'entrée du château. Là, il ouvrit la gigantesque porte en bois et aussitôt, le froid l'assaillit. Sans réfléchir, il commença sa course et au troisième pas, c'est une patte de lion qui s'écrasa dans la neige fraîche. Sentant une nouvelle chaleur parcourir son corps, le jeune animagus doubla sa vitesse et apprécia sa nouvelle liberté. Ses soucis et ses questions disparurent, il se sentit déchargé d'un lourd fardeau. Sa course ne s'arrêta qu'après avoir pénétré dans la forêt. Un nouveau monde se découvrit devant ses yeux. Il avait l'impression d'être dans un cocon. Il relança sa course et, pendant plusieurs kilomètres, s'amusa à sauter des obstacles de plus en plus hauts, de plus en plus difficiles à franchir. Harry était fasciné par sa force et sa vitesse. Il était si bien qu'il voulut hurler pour évacuer toute son excitation, mais lorsqu'il ouvrit la gueule, ce fut un rugissement magistral qui en sortit. Surpris, il se tut et tendit l'oreille. L'écho lui renvoyait son cri avec de moins en moins de force et il fut satisfait de constater que, pendant un petit moment, la forêt avait fait silence, respectueuse. Bientôt, il se rappela son objectif et, retrouvant tout son sérieux, il commença son exploration. Il devait trouver quelque chose ayant un rapport avec son ancêtre, Godric Gryffondor. Le jeune sorcier s'aperçut rapidement que c'était plus facile à dire qu'à faire. La Forêt Interdite était immense et la recherche resta infructueuse. Harry avait marché pendant plusieurs heures et il n'avait rien trouvé. Fatigué, il voulut rentrer mais il ne reconnut pas le chemin qu'il avait emprunté. Les arbres semblaient avoir bougé dans le seul but de le perdre. Loin d'être décontenancé par la situation, il en profita pour essayer de transplaner sous sa forme animagus. Il ferma les yeux, visualisa la lisière de la forêt près de la cabane d'Hagrid et imagina le déplacement de ses organes. L'impression d'une chute dans le vide se produisit et il rouvrit les yeux dans le parc de Poudlard. Harry leva la tête et constata que le jour s'était levé depuis longtemps. Rapidement, il se métamorphosa à nouveau, craignant de s'être fait remarqué par les professeurs du collège. C'est à ce moment qu'Hagrid sortit de sa cabane. Juste à temps, pensa Harry. _Harry ! s'exclama le demi-géant. Tu vas bien ? Tu étais sorti ? _Bonjour Hagrid, répondit le jeune sorcier en souriant le plus innocemment possible. Je me balladais un peu. _Tu n'es pas allé dans la forêt au moins ? _Juste sur le bord, rien de bien méchant. Hagrid fit une grimace réprobatrice. _Méfie-toi Harry, lui dit-il. La Forêt Interdite est très dangereuse en ce moment. Pas plus tard que ce matin, j'ai entendu le cri d'une bête que je n'avais jamais entendue. Le jeune sorcier sourit à la remarque et décida de changer de conversation.
_Allons manger Hagrid. J'ai raté le petit-déjeuner et j'ai une faim de lion euh. de loup ! Le professeur de Soin Aux Créatures Magiques ne releva pas la maladresse et tous deux se dirigèrent vers le château. En entrant dans la Grande Salle, Harry remarqua que l'aménagement des décorations de Noël n'était pas encore terminé. En l'absence des élèves, les professeurs semblaient prendre leur temps. _Nous aurons terminé cet après-midi, intervint Hagrid après avoir vu le coup d'?il réprobateur d'Harry. Tout sera prêt pour ce soir. C'est vrai, pensa le jeune sorcier. Nous sommes le 24 décembre. Déjà ! Il sortit de sa rêverie lorsque Sirius vint lui ébouriffer les cheveux, un grand sourire sur les lèvres. _Bonjour cher parrain. Puis-je connaître les raisons de votre jovialité apparente ? _C'est votre lever bien matinal, mon cher filleul, qui chatouille mes zygomatiques, répondit Sirius jouant le jeu. Son regard complice fit comprendre à Harry que sa "petite ballade" n'était pas passée inaperçue pour tout le monde. _Tu me connais, fit-il innocemment, je suis matinal. _Mouais. C'est ce soir que tu vas chez les Weasley ? demanda-t-il après un temps de silence. _Normalement, oui. _Ce ne sera pas nécessaire, fit Dumbledore qui venait d'arriver. J'ai reçu ce matin une lettre d'Arthur me demandant s'il pouvait venir ce soir avec sa famille et, naturellement, j'ai accepté. D'ailleurs, ajouta le directeur avec un petit sourire, tu l'aurais su ce matin si tu avais été présent. Harry rougit et, à ce moment là, Hedwige fit son entrée dans la Grande Salle et vint se poser sur l'épaule du jeune sorcier. _Bonjour ma belle, dit-il après avoir détaché la lettre qu'elle portait. Je suis désolé, mais je n'ai rien à te donner. Comme pour dire que ça n'avait pas d'importance, la chouette émit un petit hululement et lui mordit affectueusement l'oreille avant de prendre son envol. Harry parcourut rapidement la lettre dans laquelle Ron confirmait qu'ils venaient à Poudlard pour le réveillon. C'était donc une excellente nouvelle puisqu'Harry pourrait passer Noël à Poudlard, avec son parrain et ses amis.
Le déjeuner fut léger en prévision de la soirée et l'estomac d'Harry criait encore famine lorsqu'il sortit de table. Ignorant ces plaintes, il sortit du château et se dirigea, aussi discrètement que possible, vers la Forêt Interdite. Une fois arrivé à la lisière, il vérifia de n'être observé de personne, puis s'engagea sur le sentier tortueux. Au bout de quelques minutes, il se métamorphosa et s'élança le plus rapidement possible au c?ur de la forêt. Au fur et à mesure de sa course, il apprit à reconnaître chaque arbre et chaque buisson. Il s'appliqua à prendre, à chaque nouveau croisement, un chemin différent de celui qu'il avait emprunté le matin même. Néanmoins, il ne trouvait toujours rien. Les heures passaient, mais Harry ne voyait aucun indice, aucune marque qui aurait pu l'aider. Peu à peu, l'obscurité grandissait et Harry se résigna à rentrer. Ne voulant pas commettre la même maladresse que le matin, il décida de se métamorphoser avant de transplaner chez Honey Dukes à Pré-au-Lard, où il emprunterait le passage secret pour rentrer au château. Le magasin était fermé, ce qui arrangea le jeune sorcier. Il alla dans la cave et emprunta un des passages les plus utiles de Poudlard. Après quelques minutes de marche rapide, Harry arriva au bout du chemin. _Omnivisio, murmura-t-il après avoir sorti sa baguette. Instantanément, il vit à travers le mur et constata qu'il n'y avait personne aux alentours. Rassuré, il fit pivoter la statue de la sorcière borgne et entra dans le couloir désert. _Finite Incantatem, fit-il tandis que la statue refermait le passage. Sa vision redevint normale et sans plus attendre, il se dirigea vers la salle de bain des préfets où il se lava, faisant disparaître la fatigue de sa journée. Après ce moment de détente bien mérité, Harry regagna la tour des Gryffondors. Pendant qu'il se changeait, il fit le point sur sa journée. Il n'avait rien trouvé dans la forêt malgré le temps qu'il avait passé à l'explorer. _Pourquoi Firenze n'a t-il pas été plus explicite ? se demanda-t-il. Au moins je saurais si je perds mon temps ou pas. Le jeune sorcier savait pourtant qu'il se rapprochait du but. Pendant son exploration, il avait ressenti comme un appel. Quelque chose au plus profond de lui était étrangement attiré par la Forêt Interdite. De toute évidence, la réponse s'y trouvait. _Salut Harry ! cria Ron en ouvrant la porte du dortoir, faisant ainsi sursauter son ami. Comment vas-tu ? _Bonjour Ron, répondit l'intéressé. Vous êtes tous là ? Quelle heure est-il ? Harry n'avait pas vu le temps passer. _Il est près de 20H00 et oui, nous sommes tous arrivés. A ces mots, Ginny, Fred, Georges, Percy, Bill et Charly entrèrent tous ensemble. Les cheveux d'Harry entraient violemment en contraste avec la chevelure rousse de la famille Weasley. _Bonjour Harry ! firent-ils tous d'une même voix. _B. Bonjour tout le monde, répondit-il un peu surpris par cette entrée fracassante. Ca fait plaisir de tous vous voir, ajouta-t-il après avoir repris ses esprits. _Nous aussi, on est content d'être ici, fit Ginny avec un regard qui en disait plus long que ses mots. Harry rougit imperceptiblement. Heureusement, Fred et Georges intervinrent. _C'est fantastique de pouvoir passer Noël à Poudlard avec toute la famille, dit le premier. _Oui, confirma le second. Et il va falloir qu'on se souvienne tous de cette soirée. Le sourire des jumeaux promettait des crises de rires et les hurlements de Mrs Weasley. _Whoa ! s'exclamèrent Bill et Charly en voyant le balai d'Harry. Un Eclair de Feu de deuxième série ! _J'ignorais que tu en avais un, fit Charly. A Poudlard, on connaissait Charly Weasley pour avoir été le champion de l'équipe de Gryffondor. Il avait été un joueur trés talentueux. _On me l'a offert pour mes 15 ans, répondit Harry un peu gêné. _Est-il vraiment lié à son propriétaire comme on le dit ? Le jeune sorcier sourrit et appela intérieurement son balai de Quidditch. Instantanément, L'éclair de Feu II se loga dans sa main; Le déplacement avait été si rapide qu'un oeil non-averti ne l'aurait pas vu. Harry le tendit à Charly qui était estomaqué. _Il. Il est si léger, dit-il avec une voix fébrile. Mais il a l'air d'une solidité incroyable, ajouta-t-il en l'observant sous toutes les coutures avant de le rendre à son propriétaire. Il est magnifique. _Reviens l'essayer quand il fera beau. En ce moment, il fait trop froid pour voler. Charly lui sourit avant de s'apercevoir que les autres avaient déjà quitté la pièce. _On ferait mieux de descendre, dit-il tandis qu'Harry rangeait son balai. J'ai peur que Fred et Georges ne fassent des bêtises sans qu'on soit là pour en rire. A ce moment, on entendit un immense hurlement de rage qu'on aurait pu attribuer à Percy. _Trop tard, fit Harry. Il rejoignirent la Salle Commune et virent l'ancien préfet en chef avec des oreilles immenses, en train de courir derrière Fred et Georges. Quant à eux, Ginny, Ron et Bill étaient par terre, en train de se tenir les côtes, les yeux pleins de larmes. On pouvait facilement les comprendre, mais lorsque les oreilles de Percy l'empêchèrent de monter les escaliers en haut desquels les jumeaux s'étaient réfugiés, ce fut le coup de grâce. Harry et Charly cédèrent également au fou rire, bientôt rejoints par Percy lui-même.
D'un coup, ses oreilles redevinrent normales. Ce fait curieux étonna tout le monde, Percy le premier. _C'est un effet de nos nouveaux produits, expliqua Fred. _Lorsque la personne arrive à rire sincèrement de sa propre situation, les effets se dissipent automatiquement, continua Georges. _Par contre, il ne faut le dire à personne, ajouta le premier. C'est un secret. Tout le monde apprécia le génie des jumeaux et leur bon esprit. Derrière leurs plaisanteries, Harry commençait à voir un message. Mais peut-être se faisait-il des idées. Qui sait ? se demanda-t-il. Peu de temps après, ils prirent le chemin de la Grande Salle. Curieusement, tout était silencieux dans le château. D'habitude, même avec personne dans les couloirs, il y avait toujours un fond sonore. On entendait souvent des portes grincer, des portraits chuchoter ou même les caquètements de Peeves en train de faire une bêtise. Mais là, rien n'était audible. Ce silence était inhabituel et tous l'avaient remarqué. Les enfants Weasley et Harry arrivèrent dans la Grande Salle mais très vite, l'obscurité les empêcha d'avancer davantage. Le jeune sorcier s'était décidé à sortir sa baguette lorsqu'une assourdissante détonation se produisit. _Joyeux Noël ! s'exclamèrent plusieurs voix ensemble. Instantanément, les lumières revinrent et la Grande Salle offrit un spectacle éblouissant. Tous étaient époustouflés tant la décoration était magnifique. Il y avait une quinzaine de sapins mesurant cinq à six mètres chacun. Ils étaient illuminés par des milliers de bougies minuscules, si bien qu'on avait l'impression de les voir bouger. Les guirlandes et les boules, pourtant nombreuses, avaient chacune une couleur différente et une petite mélodie s'en échappait. Les armures, qui avaient été nettoyées à fond pour l'occasion, chantaient des cantiques de leur voix caverneuse. Le ciel magique faisait tomber de la neige qui semblait se dissoudre juste avant de toucher les têtes. D'autres détonations retentirent, faisant sursauter une nouvelle fois les nouveaux arrivants, et un nombre inimaginable de confettis et cotillons furent libérés. La plupart des adultes étaient habillés de circonstance. Dumbledore portait une robe dont la couleur variait à chacun de ses pas. Lorsqu'elle virait au rouge, le directeur ressemblait à un père noël. A la surprise générale, même Rogue n'était pas habillé en noir. Il portait une robe bleu nuit, ce qui, comparé à d'habitude, lui donnait un air festif qu'aucune des personnes présentes ne pourrait oublier. Il semblait heureux et cela faisait bizarre de le voir ainsi. Sirius, lui, semblait plus excité qu'un gamin et les autres professeurs paraissaient fiers de leur décoration. A ce moment précis, tous les soucis d'Harry avaient disparu. Il se sentait aussi léger qu'une plume qui se laisse porter par l'euphorie générale. C'était très agréable. Chacun se souhaita un joyeux noël avant de s'installer à l'unique table de la salle. L'étreinte de Mrs Weasley avait été encore plus chaleureuse que d'habitude, ce qui fit du bien à Harry. Il se sentait aimé et ça le rendait heureux. Sur les tables, hormis les habituels couverts d'or, il n'y avait que des menus. Harry connaissait le procédé et il ne fut pas étonné d'entendre Dumbledore commander de la dinde aux marrons avec des pommes d'or, pour voir ensuite son assiette se remplir instantanément. Il parcourut le menu des yeux et constata que les elfes de maison offraient de nombreux plats. _Lasagnes aux truffes... s'il vous plait, finit-il par choisir. Aussitôt, son assiette se remplit et Harry se jeta dessus aussi gloutonnement que possible. Ses efforts de la journée l'avaient affamé et il comptait bien profiter de ce banquet. _Alors Harry ? lui demanda Arthur Weasley. Que fais-tu de tes vacances ? Sirius pouffa, recrachant la moitié de ce qu'il avait dans la bouche, et Harry le regarda sévèrement. Heureusement, son interlocuteur n'avait rien remarqué. _Je... Je travaille, lui répondit-il. Ce n'était pas complètement faux. Cependant, il ne pouvait pas dire à un membre du ministère qu'il se métamorphosait en lion avant d'explorer la Forêt Interdite dans le but de trouver la baguette de son ancêtre. _Tu vois Ron ! s'exclama sa mère. Harry travaille, lui ! Toi, tu ne fais rien de tes journées. Si seulement tu pouvais prendre exemple sur lui. Cette foix, Sirius eut beaucoup de mal à étouffer son rire et Harry lui donna un coup de pied sous la table. Peu d'autres personnes avaient relevé le manège. En fait, seuls Sirius, Dumbledore, Rogue, McGonagall et Ron connaissaient un peu la situation. Tous les autres étaient persuadés qu'Harry était un élève de cinquième année normal. S'ils savaient, pensa le jeune sorcier. Bientôt, la conversation prit un nouvel angle tandis que le repas se terminait. Les assiettes redevinrent aussi étincelantes qu'avant et les desserts apparurent. Harry avait mangé tout son content, aussi profita-t-il de ce moment pour sortir de table en s'excusant auprès des autres. _Veuillez m'excuser, dit-il en se levant, je reviens tout de suite. _Il n'y a pas de pr. fit Sirius avant de se transformer en un gros canari jaune. Les jumeaux éclatèrent de rire dans le même instant, rapidement suivi par les autres convives. Bientôt, ce fut Arthur Weasley qui se transforma en une fouine bondissante. Les rires redoublèrent de volume et Harry en profita pour s'éclipser discrètement. Dés qu'il fut sorti de la Grande Salle, il transplana dans sa chambre, prit les cadeaux destinés aux Weasley et vérifia qu'il y en avait bien un par personne. Une fois rassuré, il les mit dans un grand sac et il transplana dans le hall d'entrée. Rapidement, il s'habilla de sa lourde cape et sortit le plus silencieusement possible. Il faisait terriblement froid et Harry eut le plus grand mal à courir jusqu'à la lisière de la forêt. Lors qu'enfin il y parvint, il visualisa le salon du Terrier et y transplana. La douce chaleur ambiante le raviva. Sans perdre plus de temps, il plaça les cadeaux au pied du sapin, à côté de ceux déjà là. Bientôt, il fut de retour à Poudlard, rejoignant la Grande Salle. Dumbledore lui sourit malicieusement lorsqu'il s'assit, mais aucune remarque ne lui fut adressée. C'est avec un sentiment du devoir accompli qu'il prit une des confiseries présentes sur la table et la mit dans sa bouche. Après l'avoir avalé, il sentit une légère démangeaison aux oreilles. D'un coup, Sirius éclata de rire en le voyant. Ses oreilles étaient dix fois plus grandes que d'habitude et , en tournant rapidement la tête en direction de son parrain, Harry toucha Arthur et Bill qui étaient assis à ses côtés. Alors que le premier était déjà par terre, le second se retrouva la tête la première dans sa part de gâteau. Le fou rire de Sirius se propagea mais il finit par se retrouver également sur le sol lors qu'Harry, en voulant s'excuser, fit tomber deux carafes et trois assiettes. C'est ponctuée de telles transformations que la soirée se poursuivit jusqu'à tard dans la nuit. Mais toute chose ayant une fin, les Weasley finirent par partir alors que bon nombre des professeurs étaient déjà couchés. _Au revoir mon petit, dit Molly Weasley en desserrant son étreinte. _A bientôt, répondit-il. Merci d'être venus. Il échangea un dernier regard lourd de signification avec Ginny avant de les voir partir. Il monta finalement se coucher, des images plein la tête, non sans avoir préalablement remercié chaleureusement Dumbledore et souhaité une bonne nuit à Sirius. La nuit fut rapide et sans rêves. Le soleil s'était déjà levé lorsque Harry ouvrit les yeux pour la première fois. Doucement, il s'étira de tout son long, chauffant ses muscles et faisant disparaître les derniers restes de fatigue. Il tendit ensuite la main vers ses lunettes et les ajusta sur son nez. _Manifestement, dit-il pour lui même, le Père Noël est passé. En effet, plusieurs paquets s'entassaient au pied de son lit. Curieusement, il ne ressentit pas le même bonheur que les années précédentes. Le souvenir de son premier Noël à Poudlard lui revint et il se rappela que c'était Ron qui l'avait tiré de son lit quatre ans plus tôt. Depuis, chacun de ses Noëls s'était déroulé avec ses amis. Il sourit et se leva pour ouvrir ses cadeaux en regrettant de ne pas pouvoir la tête des Weasley lorsqu'ils se lèveraient à leur tour. Il compta cinq paquets et s'étonna d'en avoir autant. Considérant que le meilleur moyen de savoir qui lui avait envoyé quelque chose était de les ouvrir, il s'exécuta sans plus attendre. Ron lui avait envoyé un abonnement au Quidditch Magazine, dont le premier numéro parlait de son Eclair de Feu II. Harry le feuilleta et découvrit plusieurs photos de match avec un descriptif de toutes les techniques. Sur la première page, son ami avait griffonné quelques mots. _La coupe aux lions, put lire Harry. Il sourit. Ron voulait vraiment faire ses preuves. D'Hermione, il reçut un livre intitulé "1001 sorts utiles". _Elle ne changera jamais, dit-il en feuilletant l'ouvrage. Il put y voir la description des sorts alohomora, expelliarmus et incendio, parmi tant d'autres. Sirius lui avait également offert un livre, mais là, le titre rendit Harry nettement plus curieux. _Attaquez, vous vous défendrez mieux, lut-il. Apparemment, Sirius ne perd pas de vue l'aspect pratique d'un cadeau. Harry ouvrit le livre et ses yeux brillèrent d'impatience. Il n'y avait que des sorts offensifs. Cela passait de la flèche de feu à la transformation de la baguette en épée. _Exactement ce qu'il me fallait, dit-il en tournant avidement les pages. Il ouvrit un quatrième paquet et y découvrit une paire de chaussettes de couleurs différentes. Seul Dobby pouvait lui faire un tel cadeau. De son côté, il devait déjà avoir découvert son nouveau cache-théière offert par Harry. Dans le dernier paquet, il y avait tout un assortiment de cadeaux de la part des Weasley. Molly avait tricoté une tunique de Quidditch sur laquelle on pouvait voir Harry à la poursuite du vif d'or. Ginny avait fait une écharpe aux couleurs de Gryffondor et le jeune sorcier la mit immédiatement. Les jumeaux avaient ajouté un grand nombre de leurs produits tandis que les autres membres de la famille lui offraient une écaille de dragon montée en pendentif. Un mot de Charly accompagnait le bijou. Harry, Ce genre de bijou est très rare. Porte le, les écailles de dragon ont un grands nombre de propriétés magiques. Harry était aux anges. Ses cadeaux lui avaient fait très plaisir et il se promit d'écrire à chacun de ses amis pour les remercier chaleureusement. C'est donc avec un grand sourire qu'il entra dans la Grande Salle où certains professeurs déjeunaient déjà. Au bout d'un petit moment, chacun souhaita aux autres un joyeux Noël et une bonne année. Harry n'en revenait toujours pas de voir une telle différence de comportement durant l'année scolaire et pendant les vacances. Ce fut Hedwige qui le tira de ses pensées en lui mordillant l'oreille. Elle portait une lettre toute dorée qui brillait fortement. _Oh ! s'exclama le professeur Flitwick. Une souriante ! A ces mots, tout le monde se tut et les regards se tournèrent vers Harry et sa chouette. _Une quoi ? demanda-t-il après avoir donné un morceau de bacon à Hedwige. _Une souriante, lui dit Sirius. C'est l'inverse de la beuglante. _Comme tu dois le savoir, continua Dumbledore, une beuglante est rouge et fume des quatre coins. C'est une lettre qui sert à exprimer toute la colère de son expéditeur. Harry se souvint de sa deuxième année à Poudlard et de la beuglante que Ron avait reçue pour avoir "emprunté" la voiture de son père. _Une souriante, poursuivit le directeur, c'est tout l'inverse. Elle est toute dorée et exprime toute la joie de quelqu'un. Cependant, elle demande un effort magique nettement plus important que pour la beuglante. D'abord parce que la joie doit être vraiment sincère, ajouta Dumbledore devant le regard interrogatif d'Harry, et ensuite parce que la colère est toujours plus facile à exprimer que la joie. _L'avantage d'une souriante, poursuivit Sirius, est que chacun autour de toi profite de la joie qu'elle procure. Ouvre la vite. Harry regarda ses professeurs et constata que chacun était dans le même état d'impatience que Sirius. Il ouvrit donc sa lettre qui s'envola aussitôt au dessus de la table. _Merci Harry, fit la voix de Molly Weasley. Merci pour tous tes cadeaux. Tu es un amour. Merci Harry, continua la voix de Ron, tu es un ami formidable. Merci Harry, firent les jumeaux, on te doit beaucoup. Merci Harry, poursuivit la voix de Ginny, tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse. Harry reçut ainsi des remerciements de la part de tous les Weasley et il rougit fortement face à ses professeurs. Cependant, il semblait que personne ne s'en soit rendu compte. En effet, chacun avait un sourire gravé sur le visage et avait l'air apaisé. Cette euphorie générale se termina un peu après la lettre et tous regardèrent le jeune sorcier. _C'est rare de recevoir des souriantes, fit Dumbledore. Tu as beaucoup de chance et. nous aussi, ajouta-t-il en voyant la tête des professeurs. Harry, quant à lui, se sentait aussi léger qu'une plume. Ce sentiment de joie était une bénédiction et il aurait voulu que le monde entier puisse profiter de sa souriante. Il se sentait lavé de tous ses soucis. Personne ne parla, savourant chacune des minutes de ce moment intense. Peu à peu, les professeurs quittèrent la Grande Salle et bientôt, Harry se trouva seul avec Dumbledore. _Alors Harry ? lui dit-il. Tu es prêt pour tes leçons ? _Je les attends depuis que vous m'avez parlé de ces sortilèges. _Bien. Nous allons aller dans mon bureau. Nous y serons plus tranquilles. Les deux sorciers quittèrent donc la Grande Salle et se dirigèrent la pièce directoriale. A leur entrée, Fumseck émit un cri de reconnaissance et se posa sur l'épaule d'Harry. _Comment vas-tu Fumseck ? lui demanda le sorcier en le caressant. L'oiseau avait un regard très expressif et semblait vraiment heureux de voir le jeune sorcier. Harry s'en étonna et regarda Dumbledore. _Il sait qu'il t'appartient, lui dit-il dans un sourire. Il t'est très proche à présent, encore plus qu'avant. Harry embrassa doucement le phoenix qui répondit par une note joyeuse. Dumbledore l'invita à s'asseoir devant son bureau puis s'assit lui-même. _Comme je te l'ai déjà dit, commença-t-il, les sortilèges que tu vas apprendre ont été créés par Godric Gryffondor dans le but de pouvoir se défendre contre Salazard Serpentard et ses sortilèges impardonnables. Le premier est une défense contre l'Avada Kedrava. Le ton de Dumbledore était très professoral et Harry aurait bien voulu avoir son directeur comme professeur. _La formule est Avada Contra, continua Dumbledore. Il ne permet pas de renvoyer le sort mais crée une protection plus ou moins longue et plus ou moins large. _Excusez moi, professeur, intervint Harry, mais je ne comprends pas. La puissance de la protection dépend de quoi ? _De la vitalité du sorcier, répondit-il. Plus le sorcier est résistant, plus la protection est importante. En d'autres termes, si le sort est utilisé un trop grand nombre de fois, il devient mortel pour le lanceur. Harry déglutit bruyamment. _Mais ne t'inquiète pas, fit Dumbledore. Je ne pense pas que tu auras beaucoup de problème de ce côté là. Si on en croit ton expérience, poursuivit-il devant le regard incrédule du jeune Gryffondor, tu as toujours lutté jusqu'au bout lorsque tu étais en danger. C'est cette envie furieuse de vivre qui influence la vitalité d'un sorcier. De ce côté, tu es très puissant. Harry rougit. Les compliments de Dumbledore, aussi vrais soient-ils, lui faisaient toujours autant plaisir. _La difficulté de ce sort est qu'il faut le laisser accéder à cette vitalité. J'entends par là, la force incroyable que l'on a lorsqu'on est proche de la mort. Harry savait de quoi Dumbledore parlait. C'était cette force qui lui avait permis de terrasser le basilic en deuxième année, cette force qui lui avait permis de rentrer vivant à Poudlard après la troisième tâche. _Le deuxième sort est offensif, reprit Dumbledore sur le même ton clair. Il permet de détruire la baguette de l'adversaire, autrement dit, de gagner un duel sans avoir à tuer. La formule est Destructo Totalus. Harry était content d'apprendre un tel sort. Il ne parvenait pas à se voir tuer quelqu'un, même lors d'un combat. Il n'était pas un tueur. _Détruire une baguette est quelque chose de très difficile Harry. Le seul moyen est d'être plus fort que l'animal magique qui en a donné l'élément constitutif. Terrasser une licorne n'est pas bien dur, mais un dragon, c'est pratiquement impossible. _Et un phoenix ? Fumseck émit un petit son. Harry faisait bien sûr allusion à sa propre baguette et par conséquent, à celle de Voldemort puisqu'elles étaient jumelles. _Le seul moyen de tuer un phoenix, répondit Dumbledore, est de le mettre en cage. Le priver de sa liberté le fera dépérir pour toujours. Mais rien d'autre ne peut le tuer car il est immortel. Par conséquent, ta baguette et celle de Voldemort sont indestructibles. Harry comprenait très bien ce que cela signifiait. Il devrait tuer Voldemort s'il voulait gagner. _Le troisième sort est également offensif. Il s'agit d'un sortilège de mort à l'instar de l'Avada Kedrava. Harry semblait dégoûté. Comment justifier l'utilisation d'un tel sort alors que celui de Serpentard était formellement interdit par la loi ? _Néanmoins, reprit Dumbledore, l'utilisation est extrêmement difficile. En effet, si l'Avada Kedrava peut être utilisé par n'importe qui, le Purgatum ne peut être lancé que par un sorcier foncièrement bon et sur un sorcier fondamentalement mauvais. Godric avait créé ce sortilège dans un but de paix. Il n'était pas mauvais et refusait que n'importe qui puisse utiliser le pouvoir de destruction de ce sort. Cette fois, continua-t-il, c'est dans la volonté de vaincre du lanceur que le sort trouve toute sa force. Là encore, il n'y aura pas de problème avec toi. Le tout est de savoir la canaliser et la transformer en un sort. _J'ai du travail en perspective, fit Harry, l'air grave. _Cela aurait été plus facile si tu avais la baguette de Gryffondor en ta possession, mais si j'ai réussi à m'en passer, tu devrais également y parvenir. Le plus facile est incontestablement le Destructo Totalus, soit la destruction de la baguette. Il ne requiert qu'une volonté très axée sur le sort, chose que tu as déjà apprise avec le Patronus ou en créant des sorts. C'est donc par celui-ci que nous commencerons. Dumbledore se leva et sortit une boite de l'armoire qui était proche de son bureau. A l'intérieur, il y avait un grand nombre de baguettes usagées. _Nous nous servirons de cela pour ton entraînement Harry. _Eh bien, allons-y, dit ce dernier avec un enthousiasme qu'il ne parvenait pas à dissimuler. Cependant, son sourire disparut rapidement lorsque l'entraînement commença. Plus qu'une simple volonté, il fallait fournir un effort incroyable pour pouvoir lancer le sort. Dumbledore lui avait fait une démonstration plus que convaincante. Après une profonde concentration, il avait prononcé la formule et un mince filet rouge était sorti de sa baguette. Lorsqu'il toucha sa cible, elle commença à se fendre puis explosa dans une détonation impressionnante. Mais Harry n'était pas encore parvenu à un tel résultat. Cela faisait plus d'une semaine qu'il s'entraînait seul et il n'y parvenait toujours pas. La veille de la rentrée, il se leva une fois de plus aux aurores et continua son entraînement intensif. Plusieurs heures passèrent et rien ne se produisit. Harry avait l'impression de répéter une formule inlassablement. Après avoir déjeuné, il retourna dans son dortoir et commença à sa concentrer. Il se repassait la démonstration dans la tête. Il revoyait son expression déterminée, ses gestes précis, secs et puissants. Il ouvrit alors les yeux et fixa la baguette qui était sur le rebord de la table, si bien qu'au bout de quelques minutes, la table et tout ce qui était autour disparut. Seule la baguette restait devant Harry. Quelqu'un tenait cette baguette. C'est un Mangemort qui la pointait sur lui, s'apprêtant à lui lancer un Doloris. Il reconnut Lucius Malefoy et son sourire sinistre. _Destructo Totalus ! cria-t-il d'un coup. Un filet rouge sortit alors de sa baguette et alla frapper la seconde qui explosa instantanément. Le visage hébété d'Harry se transforma peu à peu, pour finalement laisser échapper un cri de joie. Tout l'après-midi, il continua à s'entraîner avec toujours plus de succès. Le soir, il se coucha de bonne heure, exténué. _Demain, c'est la rentrée, fit-il avant de s'endormir.
Une nouvelle fois, Harry se retourna dans son lit. Il était 4H00 du matin et, bien qu'il se soit endormi sans problème la veille au soir, le jeune sorcier ne parvenait pas à retrouver le sommeil. Trop de questions tournaient dans sa tête et bon nombre d'entres-elles n'avaient pas de réponse. Allait-il mourir dans un futur proche ? Deviendrait-il un vulgaire trophée ? Cette idée de la mort ne le quittait plus. Bien sûr, depuis qu'il était à Poudlard, il l'avait vue de très près, mais cette fois-ci, c'était autre chose : ses rêves s'étaient toujours réalisés. Tournant encore dans ses couvertures, Harry chassa ses idées noires. Qu'en était-il de la baguette de Gryffondor ? Etait-elle à Poudlard ? Elle n'était pas sur la tombe de Godric, comme le voulait la coutume des sorciers : lors de l'enterrement de Cho, ce détail ne lui avait pas échappé. N'y tenant plus, Harry se leva et marcha dans sa chambre. Il fit les cent pas et commença à parler tout seul. _Je ne vais pas mourir, dit-il. Il faut que je trouve cette baguette. Si Dumbledore ne l'a pas trouvée, elle ne doit pas être dans le château. La fenêtre du dortoir était ouverte sur un clair de lune qui illuminait complètement la forêt interdite. Elle semblait inoffensive et inviolable. Harry se souvint de sa première vraie ballade et soudainement, la discussion qu'il avait eue avec le centaure Firenze lui revint en mémoire. _Toi, tu ressembles davantage à Godric Gryffondor, lui avait-il dit. _Comment le sais-tu ? _Je vois que c'est ta première ballade dans la forêt. D'un coup la solution parut évidente à Harry. _Ca y est ! s'exclama-t-il. Cette forêt a quelque chose à voir avec Gryffondor. Sans plus attendre, il sortit du dortoir et transplana dans le hall d'entrée du château. Là, il ouvrit la gigantesque porte en bois et aussitôt, le froid l'assaillit. Sans réfléchir, il commença sa course et au troisième pas, c'est une patte de lion qui s'écrasa dans la neige fraîche. Sentant une nouvelle chaleur parcourir son corps, le jeune animagus doubla sa vitesse et apprécia sa nouvelle liberté. Ses soucis et ses questions disparurent, il se sentit déchargé d'un lourd fardeau. Sa course ne s'arrêta qu'après avoir pénétré dans la forêt. Un nouveau monde se découvrit devant ses yeux. Il avait l'impression d'être dans un cocon. Il relança sa course et, pendant plusieurs kilomètres, s'amusa à sauter des obstacles de plus en plus hauts, de plus en plus difficiles à franchir. Harry était fasciné par sa force et sa vitesse. Il était si bien qu'il voulut hurler pour évacuer toute son excitation, mais lorsqu'il ouvrit la gueule, ce fut un rugissement magistral qui en sortit. Surpris, il se tut et tendit l'oreille. L'écho lui renvoyait son cri avec de moins en moins de force et il fut satisfait de constater que, pendant un petit moment, la forêt avait fait silence, respectueuse. Bientôt, il se rappela son objectif et, retrouvant tout son sérieux, il commença son exploration. Il devait trouver quelque chose ayant un rapport avec son ancêtre, Godric Gryffondor. Le jeune sorcier s'aperçut rapidement que c'était plus facile à dire qu'à faire. La Forêt Interdite était immense et la recherche resta infructueuse. Harry avait marché pendant plusieurs heures et il n'avait rien trouvé. Fatigué, il voulut rentrer mais il ne reconnut pas le chemin qu'il avait emprunté. Les arbres semblaient avoir bougé dans le seul but de le perdre. Loin d'être décontenancé par la situation, il en profita pour essayer de transplaner sous sa forme animagus. Il ferma les yeux, visualisa la lisière de la forêt près de la cabane d'Hagrid et imagina le déplacement de ses organes. L'impression d'une chute dans le vide se produisit et il rouvrit les yeux dans le parc de Poudlard. Harry leva la tête et constata que le jour s'était levé depuis longtemps. Rapidement, il se métamorphosa à nouveau, craignant de s'être fait remarqué par les professeurs du collège. C'est à ce moment qu'Hagrid sortit de sa cabane. Juste à temps, pensa Harry. _Harry ! s'exclama le demi-géant. Tu vas bien ? Tu étais sorti ? _Bonjour Hagrid, répondit le jeune sorcier en souriant le plus innocemment possible. Je me balladais un peu. _Tu n'es pas allé dans la forêt au moins ? _Juste sur le bord, rien de bien méchant. Hagrid fit une grimace réprobatrice. _Méfie-toi Harry, lui dit-il. La Forêt Interdite est très dangereuse en ce moment. Pas plus tard que ce matin, j'ai entendu le cri d'une bête que je n'avais jamais entendue. Le jeune sorcier sourit à la remarque et décida de changer de conversation.
_Allons manger Hagrid. J'ai raté le petit-déjeuner et j'ai une faim de lion euh. de loup ! Le professeur de Soin Aux Créatures Magiques ne releva pas la maladresse et tous deux se dirigèrent vers le château. En entrant dans la Grande Salle, Harry remarqua que l'aménagement des décorations de Noël n'était pas encore terminé. En l'absence des élèves, les professeurs semblaient prendre leur temps. _Nous aurons terminé cet après-midi, intervint Hagrid après avoir vu le coup d'?il réprobateur d'Harry. Tout sera prêt pour ce soir. C'est vrai, pensa le jeune sorcier. Nous sommes le 24 décembre. Déjà ! Il sortit de sa rêverie lorsque Sirius vint lui ébouriffer les cheveux, un grand sourire sur les lèvres. _Bonjour cher parrain. Puis-je connaître les raisons de votre jovialité apparente ? _C'est votre lever bien matinal, mon cher filleul, qui chatouille mes zygomatiques, répondit Sirius jouant le jeu. Son regard complice fit comprendre à Harry que sa "petite ballade" n'était pas passée inaperçue pour tout le monde. _Tu me connais, fit-il innocemment, je suis matinal. _Mouais. C'est ce soir que tu vas chez les Weasley ? demanda-t-il après un temps de silence. _Normalement, oui. _Ce ne sera pas nécessaire, fit Dumbledore qui venait d'arriver. J'ai reçu ce matin une lettre d'Arthur me demandant s'il pouvait venir ce soir avec sa famille et, naturellement, j'ai accepté. D'ailleurs, ajouta le directeur avec un petit sourire, tu l'aurais su ce matin si tu avais été présent. Harry rougit et, à ce moment là, Hedwige fit son entrée dans la Grande Salle et vint se poser sur l'épaule du jeune sorcier. _Bonjour ma belle, dit-il après avoir détaché la lettre qu'elle portait. Je suis désolé, mais je n'ai rien à te donner. Comme pour dire que ça n'avait pas d'importance, la chouette émit un petit hululement et lui mordit affectueusement l'oreille avant de prendre son envol. Harry parcourut rapidement la lettre dans laquelle Ron confirmait qu'ils venaient à Poudlard pour le réveillon. C'était donc une excellente nouvelle puisqu'Harry pourrait passer Noël à Poudlard, avec son parrain et ses amis.
Le déjeuner fut léger en prévision de la soirée et l'estomac d'Harry criait encore famine lorsqu'il sortit de table. Ignorant ces plaintes, il sortit du château et se dirigea, aussi discrètement que possible, vers la Forêt Interdite. Une fois arrivé à la lisière, il vérifia de n'être observé de personne, puis s'engagea sur le sentier tortueux. Au bout de quelques minutes, il se métamorphosa et s'élança le plus rapidement possible au c?ur de la forêt. Au fur et à mesure de sa course, il apprit à reconnaître chaque arbre et chaque buisson. Il s'appliqua à prendre, à chaque nouveau croisement, un chemin différent de celui qu'il avait emprunté le matin même. Néanmoins, il ne trouvait toujours rien. Les heures passaient, mais Harry ne voyait aucun indice, aucune marque qui aurait pu l'aider. Peu à peu, l'obscurité grandissait et Harry se résigna à rentrer. Ne voulant pas commettre la même maladresse que le matin, il décida de se métamorphoser avant de transplaner chez Honey Dukes à Pré-au-Lard, où il emprunterait le passage secret pour rentrer au château. Le magasin était fermé, ce qui arrangea le jeune sorcier. Il alla dans la cave et emprunta un des passages les plus utiles de Poudlard. Après quelques minutes de marche rapide, Harry arriva au bout du chemin. _Omnivisio, murmura-t-il après avoir sorti sa baguette. Instantanément, il vit à travers le mur et constata qu'il n'y avait personne aux alentours. Rassuré, il fit pivoter la statue de la sorcière borgne et entra dans le couloir désert. _Finite Incantatem, fit-il tandis que la statue refermait le passage. Sa vision redevint normale et sans plus attendre, il se dirigea vers la salle de bain des préfets où il se lava, faisant disparaître la fatigue de sa journée. Après ce moment de détente bien mérité, Harry regagna la tour des Gryffondors. Pendant qu'il se changeait, il fit le point sur sa journée. Il n'avait rien trouvé dans la forêt malgré le temps qu'il avait passé à l'explorer. _Pourquoi Firenze n'a t-il pas été plus explicite ? se demanda-t-il. Au moins je saurais si je perds mon temps ou pas. Le jeune sorcier savait pourtant qu'il se rapprochait du but. Pendant son exploration, il avait ressenti comme un appel. Quelque chose au plus profond de lui était étrangement attiré par la Forêt Interdite. De toute évidence, la réponse s'y trouvait. _Salut Harry ! cria Ron en ouvrant la porte du dortoir, faisant ainsi sursauter son ami. Comment vas-tu ? _Bonjour Ron, répondit l'intéressé. Vous êtes tous là ? Quelle heure est-il ? Harry n'avait pas vu le temps passer. _Il est près de 20H00 et oui, nous sommes tous arrivés. A ces mots, Ginny, Fred, Georges, Percy, Bill et Charly entrèrent tous ensemble. Les cheveux d'Harry entraient violemment en contraste avec la chevelure rousse de la famille Weasley. _Bonjour Harry ! firent-ils tous d'une même voix. _B. Bonjour tout le monde, répondit-il un peu surpris par cette entrée fracassante. Ca fait plaisir de tous vous voir, ajouta-t-il après avoir repris ses esprits. _Nous aussi, on est content d'être ici, fit Ginny avec un regard qui en disait plus long que ses mots. Harry rougit imperceptiblement. Heureusement, Fred et Georges intervinrent. _C'est fantastique de pouvoir passer Noël à Poudlard avec toute la famille, dit le premier. _Oui, confirma le second. Et il va falloir qu'on se souvienne tous de cette soirée. Le sourire des jumeaux promettait des crises de rires et les hurlements de Mrs Weasley. _Whoa ! s'exclamèrent Bill et Charly en voyant le balai d'Harry. Un Eclair de Feu de deuxième série ! _J'ignorais que tu en avais un, fit Charly. A Poudlard, on connaissait Charly Weasley pour avoir été le champion de l'équipe de Gryffondor. Il avait été un joueur trés talentueux. _On me l'a offert pour mes 15 ans, répondit Harry un peu gêné. _Est-il vraiment lié à son propriétaire comme on le dit ? Le jeune sorcier sourrit et appela intérieurement son balai de Quidditch. Instantanément, L'éclair de Feu II se loga dans sa main; Le déplacement avait été si rapide qu'un oeil non-averti ne l'aurait pas vu. Harry le tendit à Charly qui était estomaqué. _Il. Il est si léger, dit-il avec une voix fébrile. Mais il a l'air d'une solidité incroyable, ajouta-t-il en l'observant sous toutes les coutures avant de le rendre à son propriétaire. Il est magnifique. _Reviens l'essayer quand il fera beau. En ce moment, il fait trop froid pour voler. Charly lui sourit avant de s'apercevoir que les autres avaient déjà quitté la pièce. _On ferait mieux de descendre, dit-il tandis qu'Harry rangeait son balai. J'ai peur que Fred et Georges ne fassent des bêtises sans qu'on soit là pour en rire. A ce moment, on entendit un immense hurlement de rage qu'on aurait pu attribuer à Percy. _Trop tard, fit Harry. Il rejoignirent la Salle Commune et virent l'ancien préfet en chef avec des oreilles immenses, en train de courir derrière Fred et Georges. Quant à eux, Ginny, Ron et Bill étaient par terre, en train de se tenir les côtes, les yeux pleins de larmes. On pouvait facilement les comprendre, mais lorsque les oreilles de Percy l'empêchèrent de monter les escaliers en haut desquels les jumeaux s'étaient réfugiés, ce fut le coup de grâce. Harry et Charly cédèrent également au fou rire, bientôt rejoints par Percy lui-même.
D'un coup, ses oreilles redevinrent normales. Ce fait curieux étonna tout le monde, Percy le premier. _C'est un effet de nos nouveaux produits, expliqua Fred. _Lorsque la personne arrive à rire sincèrement de sa propre situation, les effets se dissipent automatiquement, continua Georges. _Par contre, il ne faut le dire à personne, ajouta le premier. C'est un secret. Tout le monde apprécia le génie des jumeaux et leur bon esprit. Derrière leurs plaisanteries, Harry commençait à voir un message. Mais peut-être se faisait-il des idées. Qui sait ? se demanda-t-il. Peu de temps après, ils prirent le chemin de la Grande Salle. Curieusement, tout était silencieux dans le château. D'habitude, même avec personne dans les couloirs, il y avait toujours un fond sonore. On entendait souvent des portes grincer, des portraits chuchoter ou même les caquètements de Peeves en train de faire une bêtise. Mais là, rien n'était audible. Ce silence était inhabituel et tous l'avaient remarqué. Les enfants Weasley et Harry arrivèrent dans la Grande Salle mais très vite, l'obscurité les empêcha d'avancer davantage. Le jeune sorcier s'était décidé à sortir sa baguette lorsqu'une assourdissante détonation se produisit. _Joyeux Noël ! s'exclamèrent plusieurs voix ensemble. Instantanément, les lumières revinrent et la Grande Salle offrit un spectacle éblouissant. Tous étaient époustouflés tant la décoration était magnifique. Il y avait une quinzaine de sapins mesurant cinq à six mètres chacun. Ils étaient illuminés par des milliers de bougies minuscules, si bien qu'on avait l'impression de les voir bouger. Les guirlandes et les boules, pourtant nombreuses, avaient chacune une couleur différente et une petite mélodie s'en échappait. Les armures, qui avaient été nettoyées à fond pour l'occasion, chantaient des cantiques de leur voix caverneuse. Le ciel magique faisait tomber de la neige qui semblait se dissoudre juste avant de toucher les têtes. D'autres détonations retentirent, faisant sursauter une nouvelle fois les nouveaux arrivants, et un nombre inimaginable de confettis et cotillons furent libérés. La plupart des adultes étaient habillés de circonstance. Dumbledore portait une robe dont la couleur variait à chacun de ses pas. Lorsqu'elle virait au rouge, le directeur ressemblait à un père noël. A la surprise générale, même Rogue n'était pas habillé en noir. Il portait une robe bleu nuit, ce qui, comparé à d'habitude, lui donnait un air festif qu'aucune des personnes présentes ne pourrait oublier. Il semblait heureux et cela faisait bizarre de le voir ainsi. Sirius, lui, semblait plus excité qu'un gamin et les autres professeurs paraissaient fiers de leur décoration. A ce moment précis, tous les soucis d'Harry avaient disparu. Il se sentait aussi léger qu'une plume qui se laisse porter par l'euphorie générale. C'était très agréable. Chacun se souhaita un joyeux noël avant de s'installer à l'unique table de la salle. L'étreinte de Mrs Weasley avait été encore plus chaleureuse que d'habitude, ce qui fit du bien à Harry. Il se sentait aimé et ça le rendait heureux. Sur les tables, hormis les habituels couverts d'or, il n'y avait que des menus. Harry connaissait le procédé et il ne fut pas étonné d'entendre Dumbledore commander de la dinde aux marrons avec des pommes d'or, pour voir ensuite son assiette se remplir instantanément. Il parcourut le menu des yeux et constata que les elfes de maison offraient de nombreux plats. _Lasagnes aux truffes... s'il vous plait, finit-il par choisir. Aussitôt, son assiette se remplit et Harry se jeta dessus aussi gloutonnement que possible. Ses efforts de la journée l'avaient affamé et il comptait bien profiter de ce banquet. _Alors Harry ? lui demanda Arthur Weasley. Que fais-tu de tes vacances ? Sirius pouffa, recrachant la moitié de ce qu'il avait dans la bouche, et Harry le regarda sévèrement. Heureusement, son interlocuteur n'avait rien remarqué. _Je... Je travaille, lui répondit-il. Ce n'était pas complètement faux. Cependant, il ne pouvait pas dire à un membre du ministère qu'il se métamorphosait en lion avant d'explorer la Forêt Interdite dans le but de trouver la baguette de son ancêtre. _Tu vois Ron ! s'exclama sa mère. Harry travaille, lui ! Toi, tu ne fais rien de tes journées. Si seulement tu pouvais prendre exemple sur lui. Cette foix, Sirius eut beaucoup de mal à étouffer son rire et Harry lui donna un coup de pied sous la table. Peu d'autres personnes avaient relevé le manège. En fait, seuls Sirius, Dumbledore, Rogue, McGonagall et Ron connaissaient un peu la situation. Tous les autres étaient persuadés qu'Harry était un élève de cinquième année normal. S'ils savaient, pensa le jeune sorcier. Bientôt, la conversation prit un nouvel angle tandis que le repas se terminait. Les assiettes redevinrent aussi étincelantes qu'avant et les desserts apparurent. Harry avait mangé tout son content, aussi profita-t-il de ce moment pour sortir de table en s'excusant auprès des autres. _Veuillez m'excuser, dit-il en se levant, je reviens tout de suite. _Il n'y a pas de pr. fit Sirius avant de se transformer en un gros canari jaune. Les jumeaux éclatèrent de rire dans le même instant, rapidement suivi par les autres convives. Bientôt, ce fut Arthur Weasley qui se transforma en une fouine bondissante. Les rires redoublèrent de volume et Harry en profita pour s'éclipser discrètement. Dés qu'il fut sorti de la Grande Salle, il transplana dans sa chambre, prit les cadeaux destinés aux Weasley et vérifia qu'il y en avait bien un par personne. Une fois rassuré, il les mit dans un grand sac et il transplana dans le hall d'entrée. Rapidement, il s'habilla de sa lourde cape et sortit le plus silencieusement possible. Il faisait terriblement froid et Harry eut le plus grand mal à courir jusqu'à la lisière de la forêt. Lors qu'enfin il y parvint, il visualisa le salon du Terrier et y transplana. La douce chaleur ambiante le raviva. Sans perdre plus de temps, il plaça les cadeaux au pied du sapin, à côté de ceux déjà là. Bientôt, il fut de retour à Poudlard, rejoignant la Grande Salle. Dumbledore lui sourit malicieusement lorsqu'il s'assit, mais aucune remarque ne lui fut adressée. C'est avec un sentiment du devoir accompli qu'il prit une des confiseries présentes sur la table et la mit dans sa bouche. Après l'avoir avalé, il sentit une légère démangeaison aux oreilles. D'un coup, Sirius éclata de rire en le voyant. Ses oreilles étaient dix fois plus grandes que d'habitude et , en tournant rapidement la tête en direction de son parrain, Harry toucha Arthur et Bill qui étaient assis à ses côtés. Alors que le premier était déjà par terre, le second se retrouva la tête la première dans sa part de gâteau. Le fou rire de Sirius se propagea mais il finit par se retrouver également sur le sol lors qu'Harry, en voulant s'excuser, fit tomber deux carafes et trois assiettes. C'est ponctuée de telles transformations que la soirée se poursuivit jusqu'à tard dans la nuit. Mais toute chose ayant une fin, les Weasley finirent par partir alors que bon nombre des professeurs étaient déjà couchés. _Au revoir mon petit, dit Molly Weasley en desserrant son étreinte. _A bientôt, répondit-il. Merci d'être venus. Il échangea un dernier regard lourd de signification avec Ginny avant de les voir partir. Il monta finalement se coucher, des images plein la tête, non sans avoir préalablement remercié chaleureusement Dumbledore et souhaité une bonne nuit à Sirius. La nuit fut rapide et sans rêves. Le soleil s'était déjà levé lorsque Harry ouvrit les yeux pour la première fois. Doucement, il s'étira de tout son long, chauffant ses muscles et faisant disparaître les derniers restes de fatigue. Il tendit ensuite la main vers ses lunettes et les ajusta sur son nez. _Manifestement, dit-il pour lui même, le Père Noël est passé. En effet, plusieurs paquets s'entassaient au pied de son lit. Curieusement, il ne ressentit pas le même bonheur que les années précédentes. Le souvenir de son premier Noël à Poudlard lui revint et il se rappela que c'était Ron qui l'avait tiré de son lit quatre ans plus tôt. Depuis, chacun de ses Noëls s'était déroulé avec ses amis. Il sourit et se leva pour ouvrir ses cadeaux en regrettant de ne pas pouvoir la tête des Weasley lorsqu'ils se lèveraient à leur tour. Il compta cinq paquets et s'étonna d'en avoir autant. Considérant que le meilleur moyen de savoir qui lui avait envoyé quelque chose était de les ouvrir, il s'exécuta sans plus attendre. Ron lui avait envoyé un abonnement au Quidditch Magazine, dont le premier numéro parlait de son Eclair de Feu II. Harry le feuilleta et découvrit plusieurs photos de match avec un descriptif de toutes les techniques. Sur la première page, son ami avait griffonné quelques mots. _La coupe aux lions, put lire Harry. Il sourit. Ron voulait vraiment faire ses preuves. D'Hermione, il reçut un livre intitulé "1001 sorts utiles". _Elle ne changera jamais, dit-il en feuilletant l'ouvrage. Il put y voir la description des sorts alohomora, expelliarmus et incendio, parmi tant d'autres. Sirius lui avait également offert un livre, mais là, le titre rendit Harry nettement plus curieux. _Attaquez, vous vous défendrez mieux, lut-il. Apparemment, Sirius ne perd pas de vue l'aspect pratique d'un cadeau. Harry ouvrit le livre et ses yeux brillèrent d'impatience. Il n'y avait que des sorts offensifs. Cela passait de la flèche de feu à la transformation de la baguette en épée. _Exactement ce qu'il me fallait, dit-il en tournant avidement les pages. Il ouvrit un quatrième paquet et y découvrit une paire de chaussettes de couleurs différentes. Seul Dobby pouvait lui faire un tel cadeau. De son côté, il devait déjà avoir découvert son nouveau cache-théière offert par Harry. Dans le dernier paquet, il y avait tout un assortiment de cadeaux de la part des Weasley. Molly avait tricoté une tunique de Quidditch sur laquelle on pouvait voir Harry à la poursuite du vif d'or. Ginny avait fait une écharpe aux couleurs de Gryffondor et le jeune sorcier la mit immédiatement. Les jumeaux avaient ajouté un grand nombre de leurs produits tandis que les autres membres de la famille lui offraient une écaille de dragon montée en pendentif. Un mot de Charly accompagnait le bijou. Harry, Ce genre de bijou est très rare. Porte le, les écailles de dragon ont un grands nombre de propriétés magiques. Harry était aux anges. Ses cadeaux lui avaient fait très plaisir et il se promit d'écrire à chacun de ses amis pour les remercier chaleureusement. C'est donc avec un grand sourire qu'il entra dans la Grande Salle où certains professeurs déjeunaient déjà. Au bout d'un petit moment, chacun souhaita aux autres un joyeux Noël et une bonne année. Harry n'en revenait toujours pas de voir une telle différence de comportement durant l'année scolaire et pendant les vacances. Ce fut Hedwige qui le tira de ses pensées en lui mordillant l'oreille. Elle portait une lettre toute dorée qui brillait fortement. _Oh ! s'exclama le professeur Flitwick. Une souriante ! A ces mots, tout le monde se tut et les regards se tournèrent vers Harry et sa chouette. _Une quoi ? demanda-t-il après avoir donné un morceau de bacon à Hedwige. _Une souriante, lui dit Sirius. C'est l'inverse de la beuglante. _Comme tu dois le savoir, continua Dumbledore, une beuglante est rouge et fume des quatre coins. C'est une lettre qui sert à exprimer toute la colère de son expéditeur. Harry se souvint de sa deuxième année à Poudlard et de la beuglante que Ron avait reçue pour avoir "emprunté" la voiture de son père. _Une souriante, poursuivit le directeur, c'est tout l'inverse. Elle est toute dorée et exprime toute la joie de quelqu'un. Cependant, elle demande un effort magique nettement plus important que pour la beuglante. D'abord parce que la joie doit être vraiment sincère, ajouta Dumbledore devant le regard interrogatif d'Harry, et ensuite parce que la colère est toujours plus facile à exprimer que la joie. _L'avantage d'une souriante, poursuivit Sirius, est que chacun autour de toi profite de la joie qu'elle procure. Ouvre la vite. Harry regarda ses professeurs et constata que chacun était dans le même état d'impatience que Sirius. Il ouvrit donc sa lettre qui s'envola aussitôt au dessus de la table. _Merci Harry, fit la voix de Molly Weasley. Merci pour tous tes cadeaux. Tu es un amour. Merci Harry, continua la voix de Ron, tu es un ami formidable. Merci Harry, firent les jumeaux, on te doit beaucoup. Merci Harry, poursuivit la voix de Ginny, tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureuse. Harry reçut ainsi des remerciements de la part de tous les Weasley et il rougit fortement face à ses professeurs. Cependant, il semblait que personne ne s'en soit rendu compte. En effet, chacun avait un sourire gravé sur le visage et avait l'air apaisé. Cette euphorie générale se termina un peu après la lettre et tous regardèrent le jeune sorcier. _C'est rare de recevoir des souriantes, fit Dumbledore. Tu as beaucoup de chance et. nous aussi, ajouta-t-il en voyant la tête des professeurs. Harry, quant à lui, se sentait aussi léger qu'une plume. Ce sentiment de joie était une bénédiction et il aurait voulu que le monde entier puisse profiter de sa souriante. Il se sentait lavé de tous ses soucis. Personne ne parla, savourant chacune des minutes de ce moment intense. Peu à peu, les professeurs quittèrent la Grande Salle et bientôt, Harry se trouva seul avec Dumbledore. _Alors Harry ? lui dit-il. Tu es prêt pour tes leçons ? _Je les attends depuis que vous m'avez parlé de ces sortilèges. _Bien. Nous allons aller dans mon bureau. Nous y serons plus tranquilles. Les deux sorciers quittèrent donc la Grande Salle et se dirigèrent la pièce directoriale. A leur entrée, Fumseck émit un cri de reconnaissance et se posa sur l'épaule d'Harry. _Comment vas-tu Fumseck ? lui demanda le sorcier en le caressant. L'oiseau avait un regard très expressif et semblait vraiment heureux de voir le jeune sorcier. Harry s'en étonna et regarda Dumbledore. _Il sait qu'il t'appartient, lui dit-il dans un sourire. Il t'est très proche à présent, encore plus qu'avant. Harry embrassa doucement le phoenix qui répondit par une note joyeuse. Dumbledore l'invita à s'asseoir devant son bureau puis s'assit lui-même. _Comme je te l'ai déjà dit, commença-t-il, les sortilèges que tu vas apprendre ont été créés par Godric Gryffondor dans le but de pouvoir se défendre contre Salazard Serpentard et ses sortilèges impardonnables. Le premier est une défense contre l'Avada Kedrava. Le ton de Dumbledore était très professoral et Harry aurait bien voulu avoir son directeur comme professeur. _La formule est Avada Contra, continua Dumbledore. Il ne permet pas de renvoyer le sort mais crée une protection plus ou moins longue et plus ou moins large. _Excusez moi, professeur, intervint Harry, mais je ne comprends pas. La puissance de la protection dépend de quoi ? _De la vitalité du sorcier, répondit-il. Plus le sorcier est résistant, plus la protection est importante. En d'autres termes, si le sort est utilisé un trop grand nombre de fois, il devient mortel pour le lanceur. Harry déglutit bruyamment. _Mais ne t'inquiète pas, fit Dumbledore. Je ne pense pas que tu auras beaucoup de problème de ce côté là. Si on en croit ton expérience, poursuivit-il devant le regard incrédule du jeune Gryffondor, tu as toujours lutté jusqu'au bout lorsque tu étais en danger. C'est cette envie furieuse de vivre qui influence la vitalité d'un sorcier. De ce côté, tu es très puissant. Harry rougit. Les compliments de Dumbledore, aussi vrais soient-ils, lui faisaient toujours autant plaisir. _La difficulté de ce sort est qu'il faut le laisser accéder à cette vitalité. J'entends par là, la force incroyable que l'on a lorsqu'on est proche de la mort. Harry savait de quoi Dumbledore parlait. C'était cette force qui lui avait permis de terrasser le basilic en deuxième année, cette force qui lui avait permis de rentrer vivant à Poudlard après la troisième tâche. _Le deuxième sort est offensif, reprit Dumbledore sur le même ton clair. Il permet de détruire la baguette de l'adversaire, autrement dit, de gagner un duel sans avoir à tuer. La formule est Destructo Totalus. Harry était content d'apprendre un tel sort. Il ne parvenait pas à se voir tuer quelqu'un, même lors d'un combat. Il n'était pas un tueur. _Détruire une baguette est quelque chose de très difficile Harry. Le seul moyen est d'être plus fort que l'animal magique qui en a donné l'élément constitutif. Terrasser une licorne n'est pas bien dur, mais un dragon, c'est pratiquement impossible. _Et un phoenix ? Fumseck émit un petit son. Harry faisait bien sûr allusion à sa propre baguette et par conséquent, à celle de Voldemort puisqu'elles étaient jumelles. _Le seul moyen de tuer un phoenix, répondit Dumbledore, est de le mettre en cage. Le priver de sa liberté le fera dépérir pour toujours. Mais rien d'autre ne peut le tuer car il est immortel. Par conséquent, ta baguette et celle de Voldemort sont indestructibles. Harry comprenait très bien ce que cela signifiait. Il devrait tuer Voldemort s'il voulait gagner. _Le troisième sort est également offensif. Il s'agit d'un sortilège de mort à l'instar de l'Avada Kedrava. Harry semblait dégoûté. Comment justifier l'utilisation d'un tel sort alors que celui de Serpentard était formellement interdit par la loi ? _Néanmoins, reprit Dumbledore, l'utilisation est extrêmement difficile. En effet, si l'Avada Kedrava peut être utilisé par n'importe qui, le Purgatum ne peut être lancé que par un sorcier foncièrement bon et sur un sorcier fondamentalement mauvais. Godric avait créé ce sortilège dans un but de paix. Il n'était pas mauvais et refusait que n'importe qui puisse utiliser le pouvoir de destruction de ce sort. Cette fois, continua-t-il, c'est dans la volonté de vaincre du lanceur que le sort trouve toute sa force. Là encore, il n'y aura pas de problème avec toi. Le tout est de savoir la canaliser et la transformer en un sort. _J'ai du travail en perspective, fit Harry, l'air grave. _Cela aurait été plus facile si tu avais la baguette de Gryffondor en ta possession, mais si j'ai réussi à m'en passer, tu devrais également y parvenir. Le plus facile est incontestablement le Destructo Totalus, soit la destruction de la baguette. Il ne requiert qu'une volonté très axée sur le sort, chose que tu as déjà apprise avec le Patronus ou en créant des sorts. C'est donc par celui-ci que nous commencerons. Dumbledore se leva et sortit une boite de l'armoire qui était proche de son bureau. A l'intérieur, il y avait un grand nombre de baguettes usagées. _Nous nous servirons de cela pour ton entraînement Harry. _Eh bien, allons-y, dit ce dernier avec un enthousiasme qu'il ne parvenait pas à dissimuler. Cependant, son sourire disparut rapidement lorsque l'entraînement commença. Plus qu'une simple volonté, il fallait fournir un effort incroyable pour pouvoir lancer le sort. Dumbledore lui avait fait une démonstration plus que convaincante. Après une profonde concentration, il avait prononcé la formule et un mince filet rouge était sorti de sa baguette. Lorsqu'il toucha sa cible, elle commença à se fendre puis explosa dans une détonation impressionnante. Mais Harry n'était pas encore parvenu à un tel résultat. Cela faisait plus d'une semaine qu'il s'entraînait seul et il n'y parvenait toujours pas. La veille de la rentrée, il se leva une fois de plus aux aurores et continua son entraînement intensif. Plusieurs heures passèrent et rien ne se produisit. Harry avait l'impression de répéter une formule inlassablement. Après avoir déjeuné, il retourna dans son dortoir et commença à sa concentrer. Il se repassait la démonstration dans la tête. Il revoyait son expression déterminée, ses gestes précis, secs et puissants. Il ouvrit alors les yeux et fixa la baguette qui était sur le rebord de la table, si bien qu'au bout de quelques minutes, la table et tout ce qui était autour disparut. Seule la baguette restait devant Harry. Quelqu'un tenait cette baguette. C'est un Mangemort qui la pointait sur lui, s'apprêtant à lui lancer un Doloris. Il reconnut Lucius Malefoy et son sourire sinistre. _Destructo Totalus ! cria-t-il d'un coup. Un filet rouge sortit alors de sa baguette et alla frapper la seconde qui explosa instantanément. Le visage hébété d'Harry se transforma peu à peu, pour finalement laisser échapper un cri de joie. Tout l'après-midi, il continua à s'entraîner avec toujours plus de succès. Le soir, il se coucha de bonne heure, exténué. _Demain, c'est la rentrée, fit-il avant de s'endormir.
