Eclaircie



Chapitre III : Perturbations



Auteur : Lojie

Avertissement : Y a rien qui m'appartient.

Note de l'Auteur : C'est avec de vieux tubes de Offspring à fond dans mes tympans que j'ai écrit cette troisième partie ;oP Mais vous inquiétez pas, ça se ressent pas (je l'espère) dans la lecture de ce chapitre qui suit le ton des précédents, c'est-à-dire pas-de-violence-c'est-les-vacances (même si c'est loin d'être les vacances en ce moment !) Une fois de plus, je remercie tous les gens qui m'ont envoyé des reviews pour le second chapitre !



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Bosco se glissa hors du lit le plus discrètement possible. Il trouva son jean au sol et se dépêcha de l'enfiler. Il jeta un bref coup d'œil au réveil posé sur la table de nuit : cinq heures et demi du matin. Puis il observa Susan qui dormait toujours. Elle était allongée sur le côté, un bras glissé sous son oreiller et l'autre posé à l'endroit où il était il y a peu.

Il sortit de la chambre et aperçut la bougie sur la table basse. Elle s'était entièrement consumée et n'était à présent plus qu'un tas de cire blanche informe sur une petite soucoupe. Bosco s'approcha de la fenêtre du salon et s'aperçut qu'un large soleil baignait de chaleureux rayons lumineux tous les immeubles aux alentours. Par curiosité, il décrocha le combiné du téléphone et s'aperçut qu'il y avait de la tonalité. Le courant était revenu. Il y avait un bottin à côté qu'il feuilleta. Il trouva le numéro des renseignements de l'aéroport et composa rapidement :

" _Aéroport international de Chicago, que puis-je faire pour vous ? " Demanda une femme neutre au bout de trois tonalités.

" _Bonjour, je devais embarquer hier sur un vol pour New-York, mais il a été annulé à cause du temps, " expliqua-t-il à voix basse pour ne pas réveiller Susan. " J'aimerais savoir quand est le prochain vol, je dois absolument retourner là-bas aujourd'hui pour mon travail. "

" _Quel est votre nom, monsieur ? " Demanda-t-elle. " Et quel était votre vol ? "

" _Boscorelli Maurice. C'était le vol de onze heures cinquante-cinq. "

Il patienta quelques instants, la femme cherchait apparemment son nom sur un ordinateur à en croire le bruit de touches de clavier.

" _Oui, je vous ai trouvé sur la liste, " répondit-elle. " Nous tenons tout d'abord à nous excuser pour ce fâcheux contretemps monsieur Boscorelli. Le prochain vol est dans une heure, mais si vous avez des bagages c'est trop tard car ils doivent être enregistrés deux heures avant l'embarquement- "

" _Je n'ai pas de bagages, " la coupa-t-il un peu sèchement.

" _Bon, et bien je vous réserve une place alors ? "

" _Oui ce serait parfait... Et pour le billet d'embarquement ? Il n'est plus valide. " Bosco se garda bien de préciser qu'il ne l'avait plus.

" _En arrivant à l'aéroport, vous vous présenterez avec votre carte d'identité au bureau des dédommagements. Il se trouve dans l'aile ouest porte trois. Là-bas, ils vous remettront un nouveau billet après avoir vérifié votre identité. Une fois encore, nous vous prions de nous excuser pour- "

Mais elle n'eut pas le temps de finir qu'il avait déjà raccroché. Finalement tout s'arrangeait. Bosco jeta un bref coup d'œil vers la chambre et aperçut par l'entrebâillement de la porte que Susan dormait toujours. Il composa un nouveau numéro qu'il connaissait par cœur.

" _Allô ? " Répondit une voix ensommeillée à l'autre bout du fil.

" _Faith ? C'est Bosco ! "

" _Qu'est-ce qui se passe ? " Demanda-t-elle en bâillant.

" _Est-ce que tu pourrais venir me chercher à l'aéroport vers à peu près huit heures moins le quart ? "

" _Huit heures moins le quart ? Et à l'aéroport ? Je croyais que tu étais rentré depuis hier... Oh, j'avais oublié la tempête d'hier, ton avion n'a pas décollé, c'est ça ? "

" _Oui, " acquiesça Bosco. " De plus, ma copine ne me ramènera pas chez moi et en fait j'ai pas d'argent non plus pour prendre un taxi. "

" _Bosco... " Soupira Faith d'un ton vaincu. " Je ne préfère même pas savoir ce que tu as encore fait, même si de toute façon tu me le raconteras tôt ou tard. Je t'attendrais à l'aéroport. "

" _Merci ! Tu me sauves la vie ! "

" _Pour changer... " Marmonna-t-elle avant de lui raccrocher au nez.

Il raccrocha lui aussi et retourna dans la chambre pour ramasser toutes ses affaires. Les souvenirs de la veille lui revenaient par flashs. Bosco se surprit à observer longuement Susan. Il se ressaisit aussitôt, il n'avait pas le temps. Il s'en voulait de fuir ainsi comme un voleur mais il préférait éviter la séance d'adieux : les sentiments et lui n'avaient jamais fait bon ménage.

Au moment de sortir de la chambre, il fit demi-tour et l'observa une dernière fois. Il pourrait peut-être laisser un mot… son numéro de téléphone… Foutaises ! Entre eux, cela ne durera jamais qu'une nuit et puis elle habitait à Chicago, elle avait sa vie ici, quant à la sienne c'était à New-York qu'elle se déroulait, à courir après les dealers de drogues et à ramasser clochards et junkies. Mais il avait beau se raisonner, un fort sentiment de culpabilité avait enveloppé tout son être.

Finalement, il s'arracha à la contemplation de Susan et sortit de l'appartement. Bosco descendit dans la rue et commença à faire de l'auto-stop pour aller à l'aéroport.



²²²



Susan cligna des yeux plusieurs fois avant de les ouvrir complètement. Une odeur masculine flottait encore dans l'air. Un instant perdu, elle se souvint soudainement de Bosco. Susan se redressa vivement sur son lit et observa autour d'elle : personne. Elle se leva péniblement et ramassa ses affaires qui traînaient au sol. Elle s'enveloppa dans une robe de nuit et alla au salon.

Toujours personne. Bosco s'était évanoui et les seules choses qui restaient de lui étaient des souvenirs. Susan remarqua la bougie fondue sur la table, ceci était bien la preuve que tout ce qui s'était passé cette nuit n'était pas le fruit de son imagination. Elle soupira et partit se recoucher dans sa chambre.



²²²



Trois jours plus tard

" _Va te faire foutre Sully ! " S'énerva Bosco dans le vestiaire. " Et toi aussi Davis ! "

Le policier se dépêcha de sortir de la pièce sous les regards ahuris de ses collègues. Faith lui jeta un regard mitigé entre l'inquiétude et l'incompréhension. Depuis qu'il était rentré de Chicago, quelque chose n'allait pas avec lui.

" _Juste pour une simple remarque, il est plutôt susceptible ces derniers temps, " nota Ty avec un sourire en coin. " Problème de cœur ? Il vient de se faire larguer ? "

Faith savait que le jeune policier s'adressait à elle mais elle se gardait bien de lui répondre, de toute façon elle ne savait rien. Elle continuait de se préparer en silence.

" _En tous cas, j'espère que ça va vite s'arranger, " rétorqua Sully bougon. " Ce n'est pas que je m'inquiète pour lui, mais déjà en temps normal c'est une peau de vache, alors quand en plus il nous fait sa petite crise, rien ne va plus… "

" _Tu veux toujours pas nous dire ce qu'il a ? " Insista lourdement Ty.

" _Je ne sais pas ! " Admit finalement Faith exaspérée. " Je n'en sais rien du tout et je m'inquiète ! Ce n'est pas dans ses habitudes de ne pas me parler, tout ce que je sais, c'est qu'il est comme ça depuis qu'il est rentré de Chicago. "

Sur ce, elle referma violemment son casier et sortit rapidement du vestiaire. Davis et Sully s'échangèrent un regard surpris. Les deux policiers finirent de se préparer et retrouvèrent leurs collègues dans la salle de réunion pour le petit topo quotidien du chef. Bosco s'était affalé au fond de la pièce, loin de tout, alors que Faith se trouvait à sa place habituelle dans les rangs du milieu. Ty et Sully vinrent la rejoindre.

" _Il va vraiment pas bien ? " Demanda Ty à voix basse à l'adresse de Faith.

Celle-ci feignit de ne pas l'avoir entendu et observait droit devant elle. Sully posa sa main sur l'avant-bras de Ty et lui jeta un regard noir : il ne fallait mieux pas que le jeune homme insiste trop. Pourtant il aurait bien aimé en savoir plus. Il n'était pas le seul à avoir remarquer que Bosco avait changé d'habitude. La veille chez lui, Ty avait discuté avec Carlos et l'ambulancier avait lui aussi noté que Bosco rechignait plus à courir derrière les fuyards, il hurlait moins après les interceptés, son regard était souvent absent comme s'il s'en voulait à propos de quelque chose.

Ty était sûr que c'était à cause d'une femme. La preuve était que Bosco ne s'intéressait plus non plus aux charmantes inconnues qui croisaient son chemin. Il n'était jamais le dernier à sauter sur une occasion et pourtant cela faisait longtemps que personne n'avait entendu parler de ses conquêtes féminines, alors qu'il était bavard sur le sujet. Plongé dans ses pensés, Ty loupa complètement le topo du chef et Sully dut une fois de plus le remuer pour qu'il se rende compte que la séance était terminée.

Il fallait qu'il en ait le cœur net. Le jeune policier se leva rapidement, laissa Sully derrière lui et vint à la rencontre de Bosco. Celui-ci s'apprêtait déjà à sortir alors que Faith se levait à peine.

" _Hé mec ! T'as quelque chose de prévu ce soir ? " Lui demanda-t-il en tentant de paraître enjoué.

" _Si tu me fais des avances Ty, tu t'es trompé de personne, " marmonna Bosco sans même lui adresser un regard.

" _Fais pas l'idiot ! " Rétorqua-t-il. " Avec Carlos, on va dans un bar où y a des nanas supers à brancher ! "

Ty voyait bien que Bosco hésitait. Une sorte de combat intérieur se déroulait derrière son regard. Et Davis aurait donné n'importe quoi à ce moment précis pour savoir ce qu'il pensait.

" _Ca va être le top ! Tu vas voir ! " Renchérit Ty.

A ce moment, Faith et Sully les rejoignirent prêts à partir en patrouille. Bosco sembla peser une dernière fois le pour et le contre :

" _D'accord, " dit-il finalement avant de tourner les talons.

" _Alors on se donne rendez-vous à dix heures chez moi ! " Lui lança Davis.

Faith et Bosco sortirent du commissariat et prirent leur voiture. Il se mit au volant et claqua sa portière. Elle soupira, encore une superbe journée en perspective ! Il mit le contact et la voiture crachota un peu à cause du froid. Ils partirent dans leur secteur et commencèrent leur ronde. Le silence pesait et finalement, Faith se décida à parler :

" _Tu sors avec Ty ce soir ? " Demanda-t-elle.

" _Oui, " répondit-il le regard rivé sur la route.

" _Et vous allez où si c'est pas trop indiscret ? "

" _Dans un bar. "

" _Vous allez faire quoi ? "

" _Je sais pas. "

" _Est-ce que ce matin, j'aurais l'honneur d'avoir une réponse de plus de trois mots ou c'est trop te demander ? "

Bosco ne répondit pas et continua à rouler. Faith tenta de calmer la sourde colère qui montait en elle. Qu'est-ce qu'il pouvait être agaçant certaines fois. Le silence glacial continuait de régner dans la voiture.



²²²



" _Susan ? " Répéta Abby en passant une main devant les yeux de son amie.

Cette dernière sursauta et sembla perdue le temps d'une seconde. Puis la réalité reprit peu à peu possession de tous ses sens. L'air lourd du Doc Magoo était suffocant, l'odeur de son café et de la cigarette de l'infirmière se mélangeaient, à l'extérieur une pluie grise et brumeuse effleurait les vitres et face à elle, Abby l'observait visiblement soucieuse. Les deux femmes avaient décidé de prendre leur pause en même temps.

" _Susan, j'essaie de te faire revenir sur terre depuis cinq minutes, tout va bien ? "

" _Oui, oui, " répondit-elle rapidement en portant son gobelet à ses lèvres.

Puis à la grande surprise d'Abby, Susan reposa son café, prit la cigarette de l'infirmière qu'elle avait entre son index et son majeur, puis tira une longue bouffée nerveuse dessus avant de la lui rendre. Abby l'observait à présent avec des yeux ronds.

" _Désolé, " s'excusa Susan mal à l'aise. " J'en avais besoin. "

" _Besoin ? " Répéta Abby toujours stupéfaite. " Et depuis quand tu fumes ? "

" _En fait, j'avais commencé à Phœnix, et arrêté un peu avant de revenir ici, " expliqua la docteur toujours aussi nerveuse.

" _Est-ce que tu pourrais m'expliquer ce qui ne va pas ? " Insista Abby.

" _Rien, rien d'important. "

" _Tu te fiches de moi ! " S'indigna l'infirmière. " Tu as vu comment tu te comportes ces derniers temps, même avec les patients tu es devenue… bizarre… "

" _Je me demande comment je dois prendre ce que tu viens de me dire, " rétorqua sèchement Susan.

" _Et moi je me demande comment je dois me comporter avec toi ! " Renchérit Abby. " J'ai l'impression de ne plus te connaître ! C'est à cause de ce policier, n'est-ce pas ? "

" _Quel policier ? "

" _Je ne suis pas idiote à ce point, Susan ! J'ai bien vu que c'est depuis le jour où tu es partie de l'hôpital avec cet homme que tu te comportes aussi étrangement. "

" _Maurice n'a rien à voir là-dedans, " reprit la docteur sur un ton peu convaincant.

" _Oui, et moi je suis la reine d'Angleterre ! Pourquoi tu ne veux rien me dire ? "

" _Parce que c'est stupide, " soupira Susan en s'adossant en arrière contre la banquette.

" _Qu'est-ce qui est stupide ? "

" _De me morfondre à cause d'une histoire d'une nuit, je le connaissais à peine… C'était juste le policier qui avait retrouvé ma nièce… Il n'avait pas d'argent car il n'avait plus ses affaires. Je devais simplement l'amener à l'aéroport, mais avec le temps qu'il faisait, aucun avion ne décollait. Alors je lui ai proposé de passer la nuit chez moi, je savais très bien ce que cela signifiait et que tout allait se passer comme ça… mais quand il est parti le lendemain avant que je ne me réveille, ça m'a fait mal. Bizarrement, j'ai ressenti un grand vide. "

" _Qu'aurais-tu espéré qu'il fasse ? " Demanda Abby d'un ton doux.

" _Je ne sais pas, " répondit franchement Susan. " Peut-être qu'il reste… "



²²²



Carlos se leva du canapé sur lequel il était avachi quand la sonnerie de la porte d'entrée sonna. Avant d'ouvrir, il savait d'avance que c'était Bosco. Dans la salle de bains, Ty était toujours en train de prendre sa douche depuis plus d'une demi-heure. Ce gars est pire qu'une fille certaines fois, soupira Carlos pensivement. Il ouvrit la porte et Bosco entra en le saluant brièvement de la tête.

Comme à son habitude, Carlos ne respecta aucune des règles de politesse en vigueur et partit se rasseoir sur le canapé sans même proposer à boire. Mais Bosco s'en fichait, au contraire il partit se mettre lui aussi sur le canapé. L'ambulancier prit la télécommande, alluma la télé et tomba sur de la publicité. Il ne changea même pas de chaîne, le regard vide fixé sur l'écran. Bosco faisait de même.

Ty sortit à ce moment de la douche, l'eau de Cologne encore fraîche s'émanant de son corps encore échaudé par l'eau, un sourire éclatant sur le visage, la dernière petite chemise à la mode légèrement entrouverte sur le devant, la mâchoire impeccablement rasée et les ongles coupés, il était enfin prêt. Bosco et Carlos lui jetèrent un regard blasé.

" _On y va ? On doit aussi prendre Alex au passage. " Dit-il en allant choisir un manteau dans la penderie.

" _Je croyais que c'était une soirée entre mecs ? " S'étonna Bosco visiblement de mauvaise humeur.

" _Laisse tomber, " rétorqua Carlos en se levant du canapé. " Depuis qu'ils sortent ensemble, Ty ne peut plus rien faire sans elle ! "

" _Mauvaises langues ! " S'indigna le policier en revenant dans le salon, son manteau sur les épaules. " Vous dîtes ça parce que vous êtes jaloux, " rétorqua-t-il en souriant.

" _Jaloux ? D'Alex ? " Répéta moqueusement Carlos.

" _Hé ! Fais gaffe ! " Le coupa Ty en le pointant du doigt. " Tu parles de ma nana, là ! "

" _Oui, bah qu'on se dépêche d'aller la chercher, ta nana, " rétorqua Bosco avec sarcasme. " J'en ai marre de moisir dans votre apart ! "



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Les premières lignes du générique apparurent et Abby éteignit la télé. Assise sur le canapé, elle jeta un coup d'œil à sa droite et vit que Susan s'était endormie devant le film. Après sa garde, l'infirmière avait décidé de passer chez elle pour lui remonter un peu le moral. Elles avaient loué une cassette et commandé une pizza, puis avaient discuté de tout et de rien devant le film jusqu'à que Susan ne s'endorme.

Abby ne savait pas vraiment quoi penser de cette situation, hormis le fait que ce Maurice aurait pu au moins laisser un petit mot. Elle avait presque envie de prendre l'avion et d'aller s'expliquer avec lui à New-York. Elle consulta l'horloge du magnétoscope. Il était aux environs de minuit et elle se dit qu'il était peut-être temps qu'elle rentre chez elle. Mais elle n'allait pas laisser Susan comme ça.

L'infirmière se leva et ouvrit plusieurs placards avant de trouver celui qui contenait des couvertures. Elle en prit une et la mit sur la docteur. Abby n'avait pas assez de force pour porter Susan jusqu'à sa chambre, et elle n'avait pas non plus envie de la réveiller.

Soudain, elle se figea en entendant le téléphone sonner. Susan dormait si profondément qu'elle ne l'entendait pas. Abby hésita longuement. Finalement, au bout de la cinquième sonnerie elle posa sa main sur le combiné et décrocha :

" _Allô ? " Seul le silence lui répondit. " Allô ? " Répéta-t-elle un peu plus fort.

Un soupir, puis la tonalité.



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Dans le petit bar, c'était l'heure des slows. Alex et Ty dansaient enlacés au milieu des autres, plusieurs personnes discutaient et flirtaient aux tables alentours. Bosco s'était éclipsé près des toilettes où se trouvait un téléphone. Peut-être était-ce l'alcool, ou bien le bruit de la musique qui l'avait abruti, mais il avait enfin trouvé le courage de téléphoner à Susan. Malheureusement, il était tombé sur une voix étrangère et n'avait pas osé parler.

" _Hé Bosco ! Qu'est-ce que tu fous ? " Demanda Carlos en arrivant près de lui. " On a un super ticket avec les deux filles de la table près du comptoir ! " Insista le jeune ambulancier.

" _Je… je téléphonais à ma mère, " rétorqua le policier en balbutiant.

" _A minuit dans un bar ? "

Carlos le regarda soupçonneux. Trouvant la situation gênante, Bosco partit finalement rejoindre la petite fête en se gardant de répondre. L'ambulancier allait faire de même quand le téléphone se mit à sonner. Il hésita un instant. La personne qui se trouvait à l'autre bout de fil devait sûrement être celle à qui Bosco avait téléphoné. Il suffisait juste d'avoir un téléphone qui mémorisait les sources des appels. Peut-être devait-il rattraper Bosco pour lui dire que ça sonnait, ou répondre à sa place.

Pour Carlos qui s'embarrassait rarement de sa conscience, le choix fut vite fait et il décrocha :

" _Allô ? " Dit-il avec un sourire machiavélique aux lèvres.

" _C'est vous qui avait téléphoné à l'instant ? " Demanda une voix féminine un peu sèche à l'autre bout du fil.

" _Vous êtes sûrement pas sa mère vous ! " S'exclama Carlos hilare. " C'est quoi votre prénom ? "

" _Sa mère ? " Répéta la femme interloquée. " Et puis c'est plutôt à vous de me dire votre nom ! C'est vous qui aviez téléphoné en premier ! "

" _Mon nom c'est Carlos Nieto, " répondit l'ambulancier en prenant son ton séducteur. " Mais en fait, c'est pas vraiment moi qui ai téléphoné. C'est Bosco. "

" _Bosco… Je m'en doutais, l'indicatif indiquait l'état de New-York. "

" _Vous ne m'avez toujours pas dit votre nom, " insista Carlos fantasmant déjà à quoi pouvait bien ressembler la femme au bout du fil.

" _Je m'appelle Abby, je suis une amie de Susan. Est-ce que vous pourriez me rendre un service ? "

" _Tout ce que vous voudrez, " rétorqua Carlos.

" _Dîtes à Bosco que la moindre des choses aurait été qu'il ne s'enfuit pas comme un voleur comme il l'a fait, qu'il a déjà fait beaucoup de mal et que s'il veut revoir Susan pour refaire la même chose, qu'il s'abstienne sinon il aura à s'expliquer personnellement avec moi. "

" _Euh… d'accord… " Répondit l'ambulancier surpris par le ton déterminé d'Abby.

Elle raccrocha.



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Le Petit Mot de la Fin : Et vi déjà la fin ! Mais ne vous inquiétez pas, la suite dans une semaine !