Titre : Le Secret de ma mère
Auteur
: Alohomora
Avertissements
: PG (toujours, quoique pour le moment ça ne se vérifie pas trop…)
Spoilers
: Les quatre premiers tomes
Résumé général
: Cinquième année à Poudlard, école de magie et de sorcellerie. Alors qu'en arrière fond la situation politique s'envenime, Draco Malfoy ne pense qu'à éclaircir le secret que sa mère cache. Il est prêt à tout pour le découvrir, même à s'intéresser à Harry Potter, la personne qu'il déteste le plus au monde.
Résumé du chapitre précédent
: euh…en gros, il ne s'est pas encore passé grand chose, ça tourne autours du « je déteste Potter ! je déteste Potter et pourquoi est-il toujours vivant ? »
Disclaimer
: pas à moi, pas à moi, j'en suis bien triste, mais quand même pas à moi… (sauf le temps passé à écrire, c'était bien le mien…). Tout à madame JKR, tout tout tout ! et pas un sous pour moi non plus… (en gros, je n'ai rien…)


Chapitre 2 : Léto

Je ne sais pas vraiment pour quelle obscure raison, ni dans quel recoin de sa cervelle déglinguée, il est aller chercher cette idée, mais cette année, Dumbledore a décidé que les parents, durant une journée, viendraient visiter Poudlard. Et ça ne s'arrête pas là. Il a poussé le vice jusqu'à inviter des Moldus ! Des Moldus dans Poudlard, j'en connais certains qui s'en retourneraient dans leurs tombes. (Suivez mon regard !)

C'est probablement dû à Son retour. Tout le monde se met à craindre pour sa vie, personne n'est réellement à l'abri de Sa folie meurtrière. Tous des trouillards ! Comme si leurs misérables vies avaient une quelconque importance !

La peur revient…

Je sais qu'il cherche à le cacher, mais je vois bien l'état de tension de mon père avant et après chaque entrevue. Mon père, le grand Lucius Malfoy, rampant à Ses pieds, embrassant l'ourlet de Sa robe, acceptant les remontrances sans rechigner. Etrange tableau. Voilà ce que s'est empressé de me rapporter Potter. Il avait dans le regard mépris et amusement, comme s'il tenait en main une faiblesse de la vie des Malfoy. Comme si, enfin, il avait trouvé le moyen de me rendre toute la peine que je leur ai causée à lui et à ses amis. Comme si ça pouvait m'affecter ! Comme si ça pouvait être douloureux que mon père s'humilie devant Lui, oubliant toute la fierté de son nom ! Comme tu es loin de la vérité Potter. Si tu veux me blesser, c'est à moi qu'il faut t'en prendre et à personne d'autre. La souffrance des autres n'est pas la mienne et pour cela me laisse indifférent.

C'est étrange comme les regards que l'on pose sur moi, que l'on pose sur Goyle et Crabbe, sur les fils de Mangemorts, sont différents de ce qu'ils étaient il y a encore une année. Haine, crainte, mépris, aversion ou au contraire flatteries sournoises, amabilités mielleuses et sourires forcés. Silencieusement, j'en ris.

Et de l'autre côté, on se masse autour de Potter. C'est comme s'il était devenu un puissant talisman vivant. On se l'arrache, on le caresse, on le prie. Et lui semble tellement perdu. Pauvre petite chose ! Ses yeux reflètent un perpétuel trouble, une douleur qui ne veut pas disparaître. Comment tous ceux qui se proclament ses amis ne peuvent-ils pas remarquer cette souffrance qui me crève les yeux ? Comment font-ils pour ne pas entendre les cris silencieux qui me vrillent les tympans ? Seuls ses deux dégénérés de copains semblent en être conscients (peut-être également cette vieille chouette de McGonagall, le demi-géant et bien sûr ce vieux fou de Dumbledore). Autant avant, je me demandais s'ils ne se le disputaient pas tous les deux, autant maintenant, je me demande si on ne leur a pas jeté un sort de Patafix, car ils ne le lâchent plus (à son plus grand ennui d'ailleurs). A côté, Crabbe et Goyle font office de débutants dans la technique de « colle-aux-basques » et je suis pourtant certain que ce sont leurs familles qui en ont inventé le principe.

Qu'a-t-il vu l'année dernière ? Que s'est il passé ?

Les fiacres sans chevaux s'arrêtent, nous sommes tous bien alignés pour recevoir nos parents. C'est ma mère, bien évidemment, qui vient. Je l'aperçois immédiatement, je dirais même que je ne vois qu'elle : belle et froide comme une caryatide. Elle n'a pas besoin de me chercher des yeux, c'est moi qui vais à sa rencontre. Sa voix est aussi glaciale que la bise qu'elle dépose sur mon front. J'en tremble. A côté, l'attitude de la mère des Weasley tranche et paraît presque indécente : elle se jette sur sa marmaille rousse et l'embrasse sans pudeur. Et eux, se laissent faire, plus ou moins, la repoussant tout en étant heureux de ce traitement. Personne n'est oublié. Puis elle se tourne vers Potter qui la dévisage comme s'il attendait quelque chose mais n'osait pas le demander, parce que ces choses là, ça ne se demande pas. Il n'attend pas longtemps. Avec énormément de tendresse, elle le prend dans ses bras et il se laisse faire. Je le vois qui lutte farouchement pour ne pas se laisser aller à cette tendresse et il lui en coûte de ne pas avoir le droit de céder. Autour de lui, la marmaille fait soudain silence et regarde la scène avec beaucoup de tristesse. Souffrir pour les autres, voilà le concept le moins naturel que je connais.

Les parents de Granger sont là aussi, un peu désorientés et silencieux devant la verve de leur fille. Vu comme ça, de loin, ils ont presque l'air normal… pour des Moldus.

Crabbe et Goyle juniors se plantent devant ma mère et se tortillent en tout sens, bégaient et n'osent pas lever les yeux vers elle. Ces deux crétins ont toujours eu la même attitude devant ma mère, comme Crabbe et Goyle seniors d'ailleurs. Ma mère semble à peine les voir. Ce n'est pas qu'elle les méprise, c'est qu'ils n'existent pas. On a l'impression que pour elle, rien n'existe et qu'elle doit se forcer pour se souvenir qu'elle est parmi des vivants. Ma mère a l'air d'une morte, d'une vivante en sursis en attente de la mort.

L'évidence ne m'est pourtant apparue que tardivement : ma mère a un secret.

Quelque chose au fond d'elle qui lui gèle le cœur, lui glace le visage sur lequel aucun sentiment n'affleure pour venir en troubler l'immobilisme et l'uniformité.

Face à mon père, elle est muette, elle ne le regarde pas, ne le voit pas ; elle ne l'écoute pas, ne l'entend pas. Il n'existe pas et il semble s'en accommoder. Toutefois, par moment, je sens la colère bouillir en lui, je sens qu'il est prêt à faire quelque chose. Alors ma mère se dresse devant lui et lui lance un regard que je ne comprends pas, que je n'ai pas envie de comprendre et toute tentative de mon père avorte. Il la laisse dans sa solitude gelée et moi dans mon incompréhension muette.

Et puis parents et enfants s'en vont de leur côté et parlent et parlent… Ils racontent ce qu'ils font, les endroits où ils vont et montrent du doigt l'attraction de Poudlard : Harry Potter, le garçon qui a survécu !

Ma mère me suit, sans faire le moindre bruit, éteinte comme d'habitude. Je l'entraîne à travers les couloirs de Poudlard, m'arrête par moment pour contextualiser une anecdote dont je me souviens. Le but final de ce parcours est les quartiers de Serpentard. Je lui montre la salle commune, elle y jette un simple coup d'œil. Elle a un bref moment d'hésitation avant de gravir les marches qui montent aux dortoirs des garçons. Elle entre dans la chambre et hoche la tête. C'est vrai qu'il n'y a aucun intérêt dans une chambre de dortoir.

Nous redescendons et, en bas, nous croisons Parkinson et ses parents. Tout comme Crabbe et Goyle, ils commencent à se tortiller devant elle et à faire des manières. Et elle, impassible, attend qu'ils aient fini leur numéro.

Nous avançons dans le parc en prenant soin d'éviter de rencontrer d'autres groupes.

Un peu par hasard, nous arrivons sur le terrain de Quidditch. Quelqu'un s'y entraîne et s'y entraîne même très bien. C'est Potter.

Ma mère le regarde.

Elle le voit !

« Est-ce là le fameux Harry Potter ? »

Sa voix reste tout de même vide de sentiment et je m'en sens soulagé.

« Il est bon », ajoute-t-elle.

A contre cœur, j'acquiesce.

« Meilleur que toi ? »

Pourquoi me pose-t-elle cette question ? De toutes les questions, elle choisit celle-là ! Et pourquoi faut-il que je lui réponde ?

Un grognement pour un oui.

Mais elle n'objecte rien. Elle reste indifférente. Et la colère s'empare de moi : colère d'avoir dû avouer ma faiblesse ; colère qu'elle ne réagisse pas, ne s'énerve pas que son fils se fasse battre par Potter. Ce rat de Potter ! Mais aussi stupeur : mon père serait en colère, lui. Mais de quoi je m'étonne ? Je ne sais pas s'il existe quelque chose ici-bas qui pourrait provoquer chez elle une réaction. Elle semble anesthésiée de la vie.

Nous continuons de nous promener et nous arrivons au bord du lac. Elle y reste un instant, tout près du bord et me demande, les yeux perdus au loin :

« Est-ce que ces affreuses sirènes sont encore là, au fond du lac. »

Comment veut-elle que je le sache ? Je ne m'amuse pas à explorer les profondeurs du lac. Je n'ai pas participé à la deuxième tâche du tournoi l'année dernière… Mais au fait ! Ces horribles créatures étaient peut-être des sirènes. Dans ce cas, je me demande bien pourquoi on nous vante leur beauté.

Elle n'esquisse aucune espèce de réaction. Le contraire aurait été plus étonnant.

Nous longeons le mur de Poudlard qui fait face au lac. Elle laisse sa main courir le long de la paroi et je remarque qu'elle murmure quelque chose : elle compte. Elle s'immobilise et recommence à compter, mais en partant du sol cette fois-ci. Elle s'arrête à la quatrième pierre et y pose la main à plat ; et d'une voix avec un étrange accent où appréhension et tristesse se mêlent, elle dit :

« Operire. »

Et les pierres se meuvent, se serrent, se poussent et tout cela sans le moindre bruit et une ouverture apparaît suffisamment haute et large pour qu'un adulte y passe sans le moindre problème. Je n'ai pas vraiment le temps de m'étonner, je suis ma mère qui s'engouffre sans hésitation dans l'ouverture sombre.

Je découvre un lieu où l'on dirait que le temps s'est arrêté. La poussière s'est accumulée, la matière s'est dégradée. L'endroit semble avoir été quitté précipitamment par son occupant qui, ou comptait revenir mais a oublié, ou n'a pas pu. Tout est plein de cette présence-fantôme, les meubles l'attendent encore et ce dessin laissé sur le lit escompte sûrement un jour être achevé.

Et soudain, je pense à regarder ma mère. Elle est debout à côté de moi mais son beau visage est déformé par une grimace de douleur. Ses yeux bougent en tout sens à une vitesse folle, comme si elle suivait une poursuite qui se déroulerait exclusivement devant ses yeux, comme si les images d'un passé se superposaient à l'espace présent. Et soudain, elle étouffe un cri et s'effondre sur le sol. Paniqué, je me précipite vers elle, mais déjà elle se relève. Du bout des doigts, elle m'effleure le visage, pour me rassurer. Et à ce contact je sursaute : ses mains sont chaudes.

Pendant un instant incroyable, la vie est revenue habiter ma mère.

Ma mère est toujours vivante !

Ce secret qui gèle ma mère l'a aujourd'hui réchauffée.


Fin du deuxième chapitre