Titre : Le Secret de ma mère
Auteur : Alohomora
Avertissement : PG
Spoilers : Les quatre premiers tomes
Résumé général : Cinquième année à Poudlard, école de magie et de sorcellerie. Alors qu'en arrière fond la situation politique s'envenime, Draco Malfoy ne pense qu'à éclaircir le secret que sa mère cache. Il est prêt à tout pour le découvrir, même à s'intéresser à Harry Potter, la personne qu'il déteste le plus au monde.
Résumé du chapitre précédent : L'école de Poudlard accueille les parents des élèves. Narcissa Malfoy fait donc son retour à Poudlard guidée par Draco à travers les couloirs du château. Mais alors qu'ils se promènent tous deux le long de la berge du lac, Narcissa révèle l'existence d'une pièce cachée à son fils qui semble contenir bien des secrets.
Minute bla-bla, hum… je veux dire, place au disclaimer : ton très sérieux Je tiens à informer tout lecteur qui laisserait traîner un œil sur ce texte que je ne possède aucun des personnages mis en scène. Mais je vous rassure, je ne les ai pas volés, je ne retire aucun bénéfice (sauf si vous me dites avoir aimé, c'est là mon seul salaire). Tout l'univers (et donc les personnages qui l'habitent) est l'œuvre de JKR (pour les initiés). Donc il n'y a aucune raison de me poursuivre (de toute façon, j'ai pas de sous à donner).
Minute « je-vous-remercie » : je tenais à faire une petite dédicace aux reviewers qui ont pris la peine de me laisser un petit mot (très gentil d'ailleurs). Et je salue ceux qui se sont arrêtés quelques minutes pour lire ma fic, même s'ils ne se sont pas signalés…
Chapitre 3 : Mnémosyne
Je suis décidé à comprendre ce qui s'est passé. Je veux connaître le secret de ma mère. Et pour cela, je ne vois qu'un chose : chercher dans son passé. Aussi loin que remontent mes souvenirs, ma mère a toujours été ainsi : impénétrable. Pourtant il a bien existé une période où ses mains ont été chaudes, où ses lèvres étaient rouges et ses yeux joyeux. Je dois découvrir ce qui s'est passé dans cette pièce qui contient encore des reliquats de son passé. Je veux me départir de l'idée que je suis né d'une morte. Je veux découvrir une mère vivante et me venger de ce qui l'a tuée.
A la fin du cours de métamorphose, je vais voir le professeur McGonagall. Elle est la directrice adjointe sans cela, je serais allé voir le professeur Rogue. J'attends que la salle se vide avant de m'adresser à elle. Le nez plongé dans un parchemin, elle ne m'a pas vu approcher. Elle ne relève la tête que lorsque je me racle la gorge. Elle semble très surprise de me trouver devant elle.
« Oui, Mr Malfoy ? »
J'hésite quelques secondes, son regard devient plus inquisiteur, alors je me lance. Je lui demande s'il y a des archives sur les anciens élèves. Elle fronce les sourcils et me dévisage avec méfiance, se demandant sûrement quel mauvais coup je peux bien encore préparer.
« Bien sûr qu'il y en a, Mr Malfoy. »
Je lui demande alors, si j'ai le droit de les consulter.
Nouveau froncement de sourcils et cette fois la réponse est bien plus lente à venir.
« Que voulez vous savoir Malfoy ? »
Je veux juste savoir si j'y ai accès ! Elle est un peu bouchée la vieille chouette.
« Ça dépend ! Que cherchez vous ? »
Que croit-elle que je cherche ? Des détails gênants sur la vie estudiantine des profs ? Comme si je n'avais que ça à faire ! Ça ne la regarde pas ce que je cherche, c'est personnel et il est hors de question que je le lui dise, tant pis pour les archives, je trouverai bien un autre moyen.
Et la voilà qui fronce à nouveau les sourcils.
« Un autre élève m'a fait la même demande, pas plus tard que ce matin. »
Ça me fait une belle jambe de savoir ça. Bon et alors, il y a d'autres élèves qui veulent découvrir les secrets du passé, en quoi ça me concerne ?
« Vous irez tous les deux vendredi soir, sur votre temps libre à 20h30. »
Elle griffonne quelques mots sur un parchemin et le me tend. Il s'agit du titre d'un tableau, l'endroit où il est situé et du mot de passe à lui délivrer.
« Gardez ça pour vous, Mr Malfoy. Si cela venait à s'ébruiter, je saurais immédiatement d'où cela vient ! »
Pourquoi est-elle persuadée que s'il y a une fuite, j'en serai automatiquement responsable ? Et l'autre élève, alors ?
-o-
Le vendredi soir, j'arrive un peu en avance. J'avais prévu large au cas où je ne trouverais pas la salle, mais j'ai rencontré un préfet qui m'a renseigné, ce qui fait que j'arrive avec un quart d'heure d'avance devant le tableau d'un centaure à la crinière blanche. Au mot de passe, le tableau bascule et dévoile un immense couloir sombre.
Au fur et à mesure que j'avance dans le couloir, des torches s'allument et éclairent ma marche. Les ombres des armures projetées sur les murs délabrés se tordent douloureusement. Les visages des vieilles toiles m'observent avec mépris du haut de leurs cadres poussiéreux et décrépis. Je jette à nouveau un coup d'œil sur le papier que McGonagall m'a donné, je dois trouver une porte, une simple porte, sur laquelle une pancarte indique « archives ». Quelle originalité !
Je ne suis pas du genre à sursauter au moindre bruit inattendu, à s'effrayer d'une ombre. Je suis né dans un manoir qui craque et grince de partout, j'ai joué toute mon enfance entre des fantômes démembrés et des grimoires de magie noire. Alors non, je ne suis vraiment pas du genre impressionnable.
Pourtant… en ce moment même, je ne peux empêcher les frissons qui remontent le long de ma colonne vertébrale. Mes yeux se posent partout, guettant la prochaine armure qui grincera, le prochain mur d'où sortira un fantôme. Ici, je ne suis pas chez moi. C'est peut-être pour ça. Poudlard n'est pas mon domaine, je n'ai jamais pu l'acquérir et encore moins me l'approprier. Tout m'y paraît hostile sorti des quartiers de Serpentard. Peut-être parce que tout Poudlard est hostile aux Serpentard.
Soudain, je vois là-bas, à quelques mètres, une ombre. Je m'arrête un moment. Qu'est-ce que cela peut être ? A cet instant, mon cerveau se met en mode accéléré et fait défiler toutes les possibilités.
Rusard ?
Non, il m'aurait déjà foncé dessus et pas de trace non plus de son petit monstre crachant et griffant.
Un prof ?
Non, un professeur ne resterait pas sans bouger devant une porte, il serait déjà entré.
McGonagall alors ?
Elle m'attendrait ? Non, l'ombre ne correspond pas. Trop petite, trop fluette.
Un élève perdu ?
Bien sûr, Draco ! et comment il aurait réussi à pénétrer dans le couloir ?
Je ne contrôle plus rien : le processus de panique s'est mis en marche. Vous savez, ça commence par une soudaine contraction de l'estomac, la tête se vide et devient aussi légère qu'une bulle de savon. Le sol perd soudain toute stabilité et se met à tanguer ou bien peut-être est-ce les jambes qui ne vous soutiennent plus. Un goût étrange vous remonte dans la bouche. Vous savez que c'est irrationnel, qu'il ne devrait y avoir aucune raison de paniquer aussi soudainement. Vous le savez, mais vous ne maîtrisez plus rien. L'imagination prend le dessus, la rationalité est mise au rebut.
Et si c'était un épouvantard ?
Au moment même, où l'on se pose la question, à cette ultime seconde, tout est perdu…
Mince. C'est quoi déjà la formule pour le chasser ? Qu'est-ce qu'avait dit le loup-garou déjà ? Ah oui ! Ridikukus. Le problème, c'est qu'il faut savoir la forme que va prendre ce truc…
De quoi ai-je peur ?
Tant de choses et si peu à la fois… Allons courage Draco et fais face à ta peur quelle que soit la forme qu'elle prenne.
J'y suis presque. Les torches vont bientôt s'allumer.
Plus que deux pas.
Plus qu'un… Approche épouvantard, Draco Malfoy ne te craint pas ! Vas y montre moi ta tronche…
Ma main s'est crispée sur ma baguette, toutes mes pensées sont concentrées sur la forme que va prendre l'épouvantard à l'instant même où je serai entré dans son périmètre d'action. Pourtant, je ne peux m'empêcher de m'interroger sur cette silhouette qui me semble soudain tellement familière, tellement… Un frisson me parcourt tout le dos, alors que tous mes muscles se tendent. Mon corps a reconnu avant mon cerveau celui qui me fait face, celui que l'épouvantard a choisi d'incarner…
Potter !
Pas le temps d'analyser l'information ! Vite, se concentrer et lancer le sort !
Potter vêtu d'une de ces tenues que les filles moldues mettent pour danser à l'opéra. Oh oui ! ça serait vraiment tordant !
Ridikulus.
Mais c'est un échec : je l'ai manqué. Il est rapide ! Il a plongé en avant et a évité le tir. Je me prépare à renouveler l'attaque sans perdre de temps, mais l'épouvantard est sur moi en un éclair. Il saisit mon poignet et serre fort.
« Et ça va pas Malfoy ! ? Tu m'as pris pour quoi au juste ? Un épouvantard ? »
Battement de paupières.
Depuis quand les épouvantards parlent-ils ? Et comment celui-ci connaît-il mon nom ?
Il me fixe derrière ses lunettes avec colère. C'est le même regard que celui de Potter. Exactement le même.
Depuis quand les épouvantards savent-ils se composer des visages et jouer avec les expressions humaines ?
A nouveau battement de paupières.
Et là, la vérité absolue me frappe. C'est pas vrai ! C'est le vrai Potter ! Bravo Draco, t'as bien joué sur ce coup.
Voyant, que je ne vais pas lui lancer un nouveau sort, ou en tout cas que je n'en manifeste aucun signe, Potter-le-seul-l'unique-le-vrai commence à desserrer son étreinte, puis finit par lâcher mon poignet.
Merlin, ce qu'il est fort ! Je suis bon pour avoir des marques, maintenant.
C'est dans cet instant de face à face tendu qu'apparaît McGonagall. Elle nous jette un regard suspicieux. Ne voyant aucune espèce de réaction plus étrange ou violente qu'à l'accoutumée, elle se tourne vers la porte, et en tapotant la poignée de sa baguette elle murmure quelques mots que je ne parviens pas à saisir malgré tous mes efforts. Apparemment, Potter n'a rien entendu non plus, et je n'ai même pas l'impression qu'il a cherché à écouter. Merlin que ce type est un Gryffondor ! Et qu'est-ce que je le déteste !
McGonagall pousse la porte et entre dans la pièce dont l'odeur de vieux livres poussiéreux et moisis s'échappe et emplit maintenant le couloir. Potter et moi faisons un pas en avant en même temps pour entrer dans la salle. Il est hors de question que ce type me précède ! Je lui donne un coup d'épaule qui le déstabilise et me permet de le dépasser. Je l'entends qui étouffe un juron et McGonagall se retourne d'un coup. Elle fronce les sourcils quand elle le voit, je le devine, en train de se masser le bas et serrer les dents. Elle doit se douter de quelque chose car elle me jette un regard où se mêle fureur, répugnance et… supériorité. Au cas où je ne l'aurais pas encore compris, McGonagall ne m'aime pas et ce n'est pas peu dire…
« Normalement, tout ce que contient cette salle est protégé par un sort très puissant. »
Ça c'est pour la cas, où il nous prendrait l'envie de fouiner dans le coin. Qu'est-ce qu'elle croit ? Que j'ai que ça à faire ? Je ne dis pas pour Potter. Il est de notoriété publique que Potter se balade dans Poudlard la nuit. Que voulez-vous, il n'a rien à faire de sa vie à part se mettre en danger.
« Mais je vais diminuer son efficacité, de façon à ce que vous puissiez vous procurer ce dont vous avez besoin. »
Et hop, trois petits moulinets, quelques mots murmurés, un dernier rappel des règles à respecter (pas de disputes, pas de dégradations, pas de disputes et encore pas de disputes. Elle nous le refait encore une fois avant de partir ? je ne suis pas sûr que tout le monde ait bien saisi… )
Longs regards suspicieux.
Un instant, je me demande de qui elle craint le plus les réactions. Probablement est-ce mes actions et les réactions de Potter. Elle peut partir sans crainte, ce soir j'ai d'autres kneazles à fouetter que de m'occuper du fabuleux Harry Potter.
« Vous avez deux heures. » Et la porte se ferme. Bon débarras.
Je tourne la tête vers Potter, il m'étudie avec perplexité.
Quoi ? Tu ne m'as jamais vu Potter ? Je sais que je suis très beau, mais si tu continues, tu vas finir par me faire rougir. Et crois-moi, la rougeur ne me va pas vraiment au teint.
Il passe successivement du blanc, au rouge, puis au vert et enfin tourne les talons. C'est vraiment trop facile !
Comment ai-je pu croire, ne serait-ce qu'un instant… ? C'est la chose la plus insensée… Moi ? Craindre Potter ? Non, je ne crois pas ! Le haïr, oui. Le mépriser, évidemment. Mais le craindre, jamais. Jamais…
Mais alors pourquoi ai-je cru, tout à l'heure dans le couloir… ? Je le savais pourtant qu'il y avait un autre élève. J'aurais dû comprendre qu'il était l'autre élève au moment où je l'ai vu… C'était bien plus logique que de penser qu'il était un épouvantard.
Quelle humiliation ! Il doit certainement croire maintenant que j'ai peur de lui… Il va le répéter à ses deux patafixés… L'humiliation serait totale, absolue… Si jamais il fait ça, s'il ébruite cette histoire, je jure sur le nom des Malfoy qu'il n'aura pas assez d'une vie pour le regretter.
Mais pour le moment, je dois me concentrer sur ce que je suis venu chercher. Je m'occuperai du cas Potter plus tard.
Voyons voir maintenant les secrets que contient cette salle. J'espère que ça vaut le coup, sinon je ne me remettrai jamais d'avoir dû demander une faveur à McGonagall et d'avoir passé deux heures confiné dans la même pièce que monsieur-je-porte-la-misère-du-monde-sur-mes-frêles-et-fragiles-épaules-voyez-comme-je-souffre-pour-que-vous-soyiez-heureux. Merlin, je vais vomir !
Apparemment, c'est classé par promotion et non par Maison, et je ne cherche pas du tout du bon côté. Je me doute que mes parents ne sont plus tout jeunes, mais là, 1 763 c'est quand même un peu trop !
Où en est Potter ?
Il se déplace plus lentement. a) il est vraiment débile et il ne sait pas lire des étiquettes. Possible ! mais peu probable ; donc : b) il est dans la bonne tranche d'années et doit regarder plus attentivement.
J'amorce une technique de rapprochement, sans en avoir l'air. Il lève le nez vers moi. Zut ! Il m'a repéré ! Apparemment, ma technique n'est pas au point, il faudra que je la travaille.
Ça y est ! Je viens de trouver la bonne année ! Potter également, puisque le voilà en train de tirer un gros volume. Tiens, ses parents sont plus jeunes que les miens ? Ou plutôt étaient… J'aurais dû le savoir après tout. Mon père n'a jamais mentionné aucune anecdote à propos des Potter, ce qui n'est pas le cas des Weasley. Tiens, quand on parle des rouquins, on en voit le dossier. J'essaye de m'en saisir, comme ça, juste par curiosité, mais il résiste. Je force un peu, mais le volume commence à trembler, j'arrête tout avant de déclencher quelque chose. Fichue McGonagall ! De toute façon, je n'en ai rien à faire de ce dossier, je ne suis pas venu ici pour ça.
Mes yeux parcourent des étiquettes dont je reconnais certains noms (des amis de mon père). Et là je le vois ! Ecrasé entre deux dossiers volumineux, un mince dossier vert (pour Serpentard) : le dossier de ma mère. Il est trop haut pour que je l'atteigne et d'un coup d'œil, je vois qu'il n'y a rien pour me surélever. Qu'à cela ne tienne ! Après tout je suis un sorcier. Un sortilège d'attraction et le volume atterrit doucement dans mes bras. Chargé de ce trésor, je vais pour m'asseoir à une table, lorsque je change d'avis. Pourquoi ne pas prendre le dossier de mon père ? Au moment où je me retourne, je vois Potter déposer sur une table loin de moi, cinq dossiers volumineux. Ce n'est pas possible ! Ils se sont mis à combien pour le concevoir celui-là ?
Quoique ça expliquerait bien des choses.
Ah oui, c'est vrai, ça me revient maintenant ! Ils étaient toute une petite bande. Ils avaient même un nom… Qu'est-ce que c'est déjà ? Rogue l'a mentionné une fois. Un truc comme les Chapardeurs, les Ramoneurs ou les Marmonneurs peut-être… Je sais plus, un truc débile quoi !
Rogue, en voilà encore un qui haït particulièrement le nom de Potter. Haine dont Potter a hérité, probablement sans même en connaître la raison en plus. Personne ne sait vraiment, il y a bien des rumeurs, mais elles datent de plus de vingt ou trente ans. Alors qui peut dire où commence la vérité et où s'arrête l'invention ?
Pour en revenir à cette petite bande, d'après ce que je sais, cette franche camaraderie a plutôt mal tourné. Genre grande tragédie grecque, les chœurs antiques en moins. Sirius Black a vendu les Potter, a tué en prime un autre du groupe et le dernier a disparu de la circulation.
Ce qui est étrange, c'est que lorsque que l'on évoque cette histoire devant mon père, il semble ne pouvoir retenir un petit sourire en coin, comme une bonne blague dont lui seul aurait compris la chute.
Il doit y avoir quelque chose d'autre, une raison à ce rictus moqueur. Est-ce que Potter sait ? Peut-être est-ce ça qu'il cherche.
Il y a une certaine ironie quand j'y songe.
Il semble que chaque sorcier du Royaume-Uni connaît une partie de l'histoire de la famille Potter et que le principal intéressé en ignore tout. Et le plus drôle, c'est qu'aucun ne semble se décider à lui révéler ce qu'il sait. Serait-ce trop noir ce qu'il y a découvrir ? Y aurait-il de la culpabilité derrière ces mensonges silencieux ?
Mais qu'est-ce qu'il me prend de deviser de la sorte sur le destin de la famille Potter ? J'ai pas que ça à faire ! Et puis, Potter ne mérite pas que je gaspille mon précieux temps pour lui. Du moins pas de cette manière…
Bon alors qu'est-ce que ce vieux bouquin poussiéreux va bien pouvoir m'apprendre sur ma mère ?
Une photo.
Quel âge peut-elle bien avoir ? Seize ans ? Moui, pas bien plus.
Je suis impressionné de voir à quel point elle était belle. Elle l'est toujours. Mais là, c'est différent : elle sourit. Il y a également deux sorcières du même âge qui l'entourent chaleureusement. Et puis d'autres étudiants dans un autre coin du cadre, mais ils ne semblent être sur la photo que parce que le hasard les y a mis.
Maintenant, que j'y repense, je n'ai jamais vu aucune photo de mes parents alors qu'ils étaient étudiants. Il y en a beaucoup de familiales mais aucune de cette période de leurs vies. Et puis… et puis il y a quelque chose qui m'intrigue à propos de cette photo, quelque chose qui éveille ma vigilance. Je ne sais pas ce que c'est, mais j'ai l'impression que je passe à côté de quelque chose, quelque chose d'important.
Je ne réfléchis pas une seconde et je fourre la photo dans ma poche.
Aucun sentiment de culpabilité ne m'assaille. Après tout, il s'agit d'une photo de ma mère, je suis tout à fait en droit de la réclamer.
Je parcours maintenant son dossier scolaire et y a pas à dire, c'était une sacrée bonne élève, appréciée de tous les professeurs en plus. Pour un Serpentard, ça relève quand même de l'exploit, il faut bien le dire. Visiblement, sa matière de prédilection était le cours de Lutte contre les Forces du Mal. Qui l'eut cru ? Ma mère, se battant contre des vampires et des loups-garous et mettant en échec les puissances de la Magie Noire ? Sûrement pas moi ! Comment voulez-vous que je l'imagine en experte des contre-sorts, quand je ne l'ai jamais vue une fois conjurer le moindre plus petit sortilège ? C'est bien étrange tout de même.
Et ce qu'il y a de plus étrange, c'est que jusqu'alors cela ne m'avait jamais étonné, c'était tellement naturel pour moi de la voir sans baguette magique.
Je sors la photo de ma poche et la regarde à nouveau. Les trois sorcières se sont assises par terre et se murmurent en riant des secrets de filles dans le creux de l'oreille. Ses yeux pétillent de malice et éclairent son visage. Précipitamment, je dissimule à nouveau ma nouvelle acquisition. Pourquoi est-ce que je me sens troublé soudainement ? Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de violer l'intimité d'une jeune sorcière… Une jeune sorcière qui deviendra ma mère…
Je relève la tête et découvre Potter plongé, coïncidement, dans la contemplation d'une photo.
Regardes-tu, toi aussi, ta mère, Potter ? Pleures-tu, toi aussi, intérieurement, cette mère que tu n'as pas connue, te contentant comme tu peux de celle qu'on te présente ? Un ersatz de mère.
J'ai entendu dire que Lily Potter était une très belle sorcière. Une grande sorcière également. Une sang-de-bourbe certes, mais grande toute de même.
Mais que dis-tu, Draco ? Une sang-de-bourbe, une grande sorcière ? Ça ne va pas la tête.
Le dossier de mon père.
C'est désespérant de voir combien il est sans surprise. Il ressemble quelque peu à celui que doit être le mien. Bon élève dans toutes les matières, ce qui n'empêche pas certains professeurs de faire quelques remarques acides sur son comportement. Un Serpentard dans toute sa splendeur, comme dit un certain professeur Oligonie.
Visiblement, c'est loin d'être un compliment.
-o-
Le professeur McGonagall réapparaît, elle semble étonnée de ne pas nous retrouver en sang sur le carreau.
« Le temps est écoulé. »
Potter lève un regard suppliant vers le professeur, mais elle ne cède pas, alors tous deux nous rangeons les ouvrages, pestant contre cette vieille chouette sans cœur. (Je pense ça moi aussi ? De qui se moque-t-on ?)
Nous suivons sans un mot McGonagall à travers ce couloir sinistre et la honte me revient alors que je me rappelle avoir confondu Potter avec un épouvantard. A quoi pouvais-je bien penser ? Comment ai-je pu croire au bien fondé de cette apparition ? Moi ? Avoir peur de Potter ? Je ne crois pas, non, jamais.
Et pour l'en convaincre, je lance à Potter un regard que je veux agressif et supérieur. Mais il n'y prête pas attention. Il avance sans mot, la tête droite et le regard perdu dans un ailleurs que toute mon agressivité ne peut pas atteindre. Et ma colère s'en trouve décuplée. Je le déteste encore plus quand il m'ignore, quand il joue au prince Blanc que la lance du vile baron Noir ne peut atteindre.
Je te ferai descendre de ton blanc destrier, Potter.
Le tableau bascule, à nouveau je précède Potter, mais cette foi-ci, il n'a pas cherché la confrontation, il l'a même évitée en ne faisant pas un pas. Il s'était douté que j'agirais de la même manière que tout à l'heure. Il ne fait décidément rien pour calmer ma rage ! Je le fusille des yeux, mais il reste impassible et soudain quelque chose en moi se gèle. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas d'où ça vient, mais une étrange sensation s'insinue froidement en moi et j'en oublie un instant toute ma rage. Jusqu'à ce que McGonagall me rappelle à la réalité et me fasse signe d'avancer. Potter n'a toujours pas fait un mouvement, ne manifeste aucune impatience. Il attend juste que j'avance pour pouvoir faire de même.
Ce n'est pas Potter que j'ai en face de moi ! Ce n'est qu'un mirage, un fantôme de Potter.
De nouveau la même sensation ! Mais bien moins forte cette fois-ci, juste une réminiscence du précédent choc.
Qu'a-t-il bien pu avoir appris pour arborer un air aussi… triste ? perturbé ?… Eh ! une minute ! Pourquoi je m'en soucie ?
C'est alors qu'une espèce de folle me saute dessus et je ne peux retenir un sursaut.
Granger !
Son visage s'assombrit immédiatement dès qu'elle me reconnaît. Comment a-t-elle pu me confondre avec l'autre déchet de la vie ? Elle semble également se le demander et ne cache pas sa grimace de dégoût. L'autre patafixé est là aussi ! Pas moyen d'en voir un sans les autres, pire que les doigts d'une main. Mais leurs expressions changent immédiatement dès que le troisième de la triplette apparaît. Leur impatience se transforme en compassion et en sympathie, Potter doit sûrement leur sourire de derrière mon dos.
McGonagall dévisage les deux Gryffondor qui soudain n'en mènent plus très large, mais finit par ne leur faire aucune remarque. Et c'est Rogue que l'on accuse de pratiquer à haute dose le favoritisme envers les Serpentard ? Y en a qui se fichent vraiment du monde. Je ne nie nullement la partialité du maître de Potions dont j'use et abuse sans complexe, mais quand je vois des scènes pareilles, j'en connais certains qui ne devraient pas se plaindre plus qu'il ne convient. Plus d'un se seraient fait épingler par la vieille chouette de McGonagall pour moins que ça.
Sans me jeter un autre regard, les trois patafixés de Poudlard s'en vont dans leur monde de secrets et de grandes missions héroïques.
Alors que leurs silhouettes disparaissent dans les ombres de la nuit, je me prends à rêver à ce que serait la vie avec un ami. Une personne en qui j'aurais confiance, que je pourrais aimer sans jamais n'avoir rien à lui prouver, qui accepterait tous ces défauts qui me rendent si insupportable aux yeux des autres. Un être que je connaîtrais tellement bien que je n'aurais même plus besoin de lui poser toutes ces questions inutiles : un seul coup d'œil serait suffisant. Quelqu'un avec qui rire, pleurer, parler, s'ennuyer et rêver…
Mais qu'est-ce qui m'arrive ce soir ? Où ai-je égaré mon esprit ? Bientôt, je me prendrai à imaginer une gentille vie de famille bien rangée.
Si c'est ce que j'ai mangé au dîner, c'est certain je n'en reprendrai pas.
Fin du troisième chapitre
