Titre : Le Secret de ma mère
Auteur
: Alohomora
Avertissement
: PG. (quoique pour ce chapitre, on soit toujours dans du G. Mais oui, il y aura bien un moment où le PG se justifiera. Ne me demandez pas quand, je ne le sais pas encore… ;)
Spoilers
: Les quatre premiers tomes
Résumé général
: Cinquième année à Poudlard, école de magie et de sorcellerie. Alors qu'en arrière fond la situation politique s'envenime, Draco Malfoy ne pense qu'à éclaircir le secret que sa mère cache. Il est prêt à tout pour le découvrir, même à s'intéresser à Harry Potter, la personne qu'il déteste le plus au monde.
Résumé du chapitre précédent
: Draco demande la permission de consulter les archives de Poudlard concernant ses parents. En fouillant, dans les dossiers, il découvre une photo de sa mère qui attire son regard, il décide donc de s'en emparer. On peut également signaler qu'il était aux archives en même temps que Harry, ce qui a éveillé sa curiosité.
éclaircissement de gorge : Je tiens à informer mes très chers lecteurs que les personnages mis en scène dans cette fanfiction ne m'appartiennent nullement. Pour ceux qui auraient hiberner toute cette année, je précise qu'ils sont la création (et donc propriété) de JK Rowling. Voilà, vous êtes informés, vous pouvez reprendre votre lecture. C'était le disclaimer, présenté par Alohomora salut ;)
Pour continuer dans l'originalité totale et absolue, j'adresse un grand merci à tous mes sympathiques reviewers.


Chapitre 4 : Phoïbos

Il est encore tôt. Le ciel est encore noir et piqué d'étoiles. Mais je devine tout là-bas, à l'est, le soleil qui décolore la nuit. Il est tôt et je n'arrive plus à dormir. Je ne sais plus vraiment ce qui m'a tiré de mon sommeil. Est-ce un mauvais songe (encore un ?) ou est-ce un bruit de la réalité qui est venu perturber mon repos (un ronflement ? un insecte ? une latte du parquet qui craque ? un objet qui tombe ? quelqu'un qui regagne son lit ?). Ça ne sert à rien de rester étendu comme un mort, les yeux grands ouverts entre les tentures vertes de mon lit. Je n'ai aucun devoir à rattraper, aucune leçon à approfondir, aucun travail à terminer. Alors autant fuir le plus loin possible la tour de Serpentard et sa froideur qui me gèle jusqu'aux os, ce matin plus que d'habitude.

Dans les couloirs, les tableaux dorment et les armures animées grincent dans leur sommeil rouillé. Pas une ombre, pas même un fantôme. Est-ce seulement quand le soleil se lève que Poudlard s'endort véritablement ?

Puis soudain…

Je ne vois rien, mais je sais qu'il y a quelque chose en face de moi. Je l'entends. Un bruissement. C'est tellement léger que l'on pourrait penser que ce n'est qu'un effet de l'imagination, le poids du silence.

Oui, je le sais bien maintenant. Quand tous dorment encore dans leurs rêves confortables, lui parcourt les couloirs comme un somnambule. Je sais qu'il est face à moi et qu'il retient son souffle, qu'il se demande ce que je fais là, si je vais rester longtemps immobile, s'il est possible que je sache qu'il est là…

Oui, Potter, je sais que tu ne dors pas, je sais que, dissimulé sous ta cape d'invisibilité, tu fuis la nuit et guette le soleil qui chasse les ombres et les rêves. Tes rêves sont-ils si terribles, Potter ? En parles-tu à tes amis ? Ou bien, peut -être leur laisses-tu croire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Ce serait bien ton genre, Potter. Pourquoi te sens-tu obligé de te faire passer pour plus héroïque que tu n'es ? Ne crois-tu pas que l'on vénère déjà suffisamment ton nom ? Par les démons de l'Enfer, toute cette bonté qui t'habite me révulse, Potter ! Et toute cette laideur que tu dissimules du mieux que tu peux, m'attire ! Je crève d'envie de t'arracher tes démons, Potter, et de les faire miens. Ce qui assombrit le cœur est toujours la meilleure part. Et les tiens Potter doivent être un vrai délice.

Vas-y passe en silence près de moi, ce soir non plus je ne dirai rien de tes promenades nocturnes.

-o-

L'air est frais et c'est bien malgré moi que je tremble. Je devrais pourtant être habitué au froid, entre les quartiers des Serpentard et la maison familiale. L'herbe est lourde de rosée et les abords de la Forêt Interdite frissonnent de vie qui se réveille. Je vois au loin ce crétin de demi-géant qui s'active déjà dans les alentours des dépendances du château. Probablement occupé à prendre soin de ses chères créatures monstrueusement terribles. Comment ce vieux fou de Dumbledore peut-il lui donner l'autorisation de nous confronter à de tels monstres ?

Oh, je sais : il est fou !

Sans vraiment y avoir prêté attention, mes pas m'ont conduit dans les environs des serres. Les cours de botanique sont sans aucun doute parmi ceux que j'apprécie le moins et ce n'est pas peu dire. Les mains en permanence dans la terre, le nez collé à ces végétaux répugnants, c'est leur porter bien trop d'attention. Toute cette verdure ne devient intéressante qu'à partir du moment où, mélangée aux bons ingrédients, elle participe à la création d'une puissante potion. Comment peut-on consacrer autant de son temps, à quelque chose d'aussi éphémère et qui plus est n'est même pas capable de vous le rendre ?

Avec le soleil qui se lève, les boutons de fleurs commencent à s'ouvrir les uns après les autres, piquant de couleurs ce vert lassant. Et il faudrait que je trouve ça beau ?

« C'est magnifique n'est-ce pas, Mr Malfoy ? »

Dumbledore ! Merlin, il m'a fait peur ! Je ne l'ai pas entendu approcher.

Comme je disais : Et il faut que je trouve ça beau ?

« Non, bien sûr qu'il n'y a aucune obligation à aimer les fleurs. C'est juste dommage que vous ne puissiez y trouver du réconfort ? »

Du réconfort ? Dans des fleurs ?!

Et quand bien même j'aurais besoin de réconfort, ce n'est sûrement pas dans des fleurs que je viendrais le chercher ?

« Alors, où iriez-vous, Mr Malfoy ? »

Je lui en pose des questions, moi ?

Occupez-vous de votre chapeau et laissez-moi avec vos questions ridicules !

« Excusez-moi, c'était une question plutôt indiscrète. C'est juste qu'en vous voyant, je me suis souvenu de votre mère qui aimait voir les fleurs s'ouvrir et qui disait qu'il n'y avait rien de plus doux au cœur. »

Quoi ? Ma mère ? Narcissa Malfoy dire des niaiseries pareilles ? On aura tout entendu !

« Je crois, Mr Malfoy, que vous vous faites une fausse idée sur madame votre mère. Voulez-vous une friandise ? C'est au chocolat et au caramel. C'est très bon. »

Et le voilà en train de me tendre un truc dans un papier craquant brun. C'est un produit Moldu. Eurk ! Quelle horreur ! Il est hors de question que je mange ce… comment ça s'appelle ? Mars ? Vous parlez d'un nom !

« Vous avez tort, Mr Malfoy, vous ne savez pas ce que vous ratez ! On devrait toujours tester avant de refuser et ne pas laisser ses a priori dicter sa conduite. »

Voilà que j'ai droit à une leçon de morale avec ça ! Ça fait un peu beaucoup pour une journée qui commence à peine.

« Non, ce n'est pas une leçon de morale, Mr Malfoy, je ne me permettrais pas. »

Tu parles !

« Disons que c'est juste une conseil. »

Il y a une différence ?

Mais revenons, sur la partie avec ma mère. Qu'est-ce qu'elle faisait au milieu des fleurs, comme une vulgaire Poufsouffle ? Elle était une Serpentard quand même ! Ces trucs de fille fleure bleue, ce n'était pas pour elle.

« Il me semble, Mr Malfoy, que vous vous faites également une bien fausse idée sur les quatre Maisons de Poudlard et donc sur tous les étudiants qui y vivent. Vous ne voyez que les défauts des autres maisons et que quelques qualités de la vôtre. Votre vision est trop étroite, apprenez à ouvrir les yeux et votre esprit suivra. »

Voilà qu'il recommence avec sa morale à trois noises. Ce qu'il est fatigant !

Ce qui m'intéresse beaucoup plus ce sont mes parents. Il était leur professeur je crois, il doit bien avoir des choses à me dire à leur sujet.

« Vous vous intéressez à vos parents, Mr Malfoy ? »

Mais c'est qu'il a finalement un cerveau, le vieux fou, je ne m'en serais jamais douté.

« Pourquoi ne demandez-vous pas directement à vos parents ? Ils seront bien plus à même de répondre à vos questions que moi. »

Je n'en doute pas une seule seconde. Mais autant demander à un amputé les raisons de la perte de son membre ! Ça ne se demande pas ce genre de choses, et encore moins quand il s'agit des Malfoy ! La règle d'or est : "Ne pose pas de questions".

« Ce que vous recherchez, Mr Malfoy, n'est peut-être pas une chose qui demande à être découverte. L'histoire des autres, et à plus forte raison celle de ses parents, doit garder sa part de mystère, il n'est pas sain de tout connaître. »

Eh bien alors Monsieur-toute-la-vérité-rien-que-la-vérité qu'est-ce qui vous arrive ? Est-ce que, soudain, toutes les vérités ne seraient plus bonnes à dire ?

« La question n'est pas de dire ou non, mais d'être capable d'entendre ou pas. Quoiqu'il advienne une vérité reste une vérité. Seulement, parfois, celui qui la reçoit n'est pas en mesure de contenir son pouvoir et se retrouve détruit par cette vérité. »

Est-ce qu'il est en train de dire que mes parents cachent un secret terrible et que je ne suis pas capable de l'entendre ? Est-ce que c'est ça ?

Dites-moi !

A travers ses lunettes en demie lune, il pose sur moi un regard que je ne lui connaissais pas. Du moins un regard qu'il ne m'avait jamais adressé.

Pourquoi… pourquoi est-ce que soudain je tremble ? Est-ce que j'ai froid ? Est-ce que j'ai peur ? Non, je ne peux pas avoir peur. De quoi aurais-je bien peur ? Ce ne sont que des mots et il n'y a pas de mots que je ne puisse entendre, excepté Son nom.

Mais pourquoi est-ce que je tremble ?

Dites-moi…

« Vous devriez rentrer, Mr Malfoy. Vous tremblez, vous allez prendre froid. »

Oui, c'est le froid. Le soleil se lève et réchauffe la terre, mais j'ai froid.

« Saturne va devenir tout à fait visible… »

Hein ? De quoi il me cause celui-là ?

« Ce sont les centaures de la forêt qui m'ont averti. La planète Saturne entre dans une phase visible. Mais ils ne m'ont donné aucun éclaircissement. C'est bien les centaures ça ! »

Y a des centaures dans la Forêt Interdite ?… Oui, c'est vrai j'avais oublié qu'il y avait aussi de ça dans la Forêt Interdite.

-o-

Même à l'autre bout de la salle, on parvient tout de même à les entendre. Je ne connais vraiment rien de moins discret qu'un Gryffondor au petit-déjeuner. Ils rient, crient, se chahutent, s'attrapent par les épaules par-dessus la table, par les mains par-dessous. Ils sauvent des devoirs faits à la dernière minute d'un verre de jus de citrouille qui se renverse, d'une tartine à la confiture de mûres qui se retourne. Ils se passent du courrier, lisent par-dessus l'épaule, s'interpellent d'un bout à l'autre. Ehoh ! Est-ce qu'ils sont au courant qu'il est huit heures du matin ? Tout le monde n'est pas du matin ici, alors mettez-là en sourdine ! Et puis ils passent leur temps à se lever, comment voulez-vous que je repère ce type dans cette bousculade ? Un grand blond, un grand blond ! Il est bien gentil Flint, mais c'est qu'il y en a pas mal des grands blonds chez les Gryffondor. Attendez, oui c'est lui, je le vois ! Tant pis pour tous les regards, il faut que je lui parle.

Qu'importe ce qu'on dira !

« Qu'est-ce que tu veux, Serpentard ? »

Serpentard ? Eh j'ai un nom, Le-grand-type-blond-de-Gryffondor.

« Peu importe ! Qu'est-ce que tu veux ? »

Bravo, maintenant voilà que la table commence à se taire et à nous observer. Je me fiche peut-être des regards, mais que tous ces ringards m'écoutent n'est vraiment, vraiment, pas pour me plaire. Je dois lui parler ailleurs. Je l'attire donc dans un recoin, à l'écart des oreilles curieuses de la Grande Salle.

« Bon écoute, je n'ai pas tout mon temps ! Pour la dernière fois, qu'est-ce que tu veux ? »

Ce que je veux ? D'après ce que je sais, ce type est un génie de la photo. Il est capable de leur faire dire tout et n'importe quoi. Or, après un long examen de la photo que je me suis appropriée dans la salle des archives, j'ai remarqué qu'il y avait quelqu'un dans au-delà du cadre. Quelqu'un à qui ma mère ne cesse de jeter des regards tout en rougissant. Je veux savoir qui c'est. Je suis prêt à mettre le prix.

Le-grand-type-blond-de-Gryffondor est soudain devenu silencieux.

Comme c'est étrange un Gryffondor silencieux, on aurait presque envie de taper dessus pour s'assurer qu'il n'est pas cassé.

Il examine avec intérêt la photo. Il se frotte le nez puis hausse un sourcil.

« T'en as besoin pour quand ? »

C'est amusant comme dès que l'on parle d'un sujet important, un Gryffondor peut devenir sérieux et traiter avec n'importe qui.

Peu m'importe le temps qu'il lui faut, le plus tôt serait le mieux, mais je ne suis pas pressé.

« Je ne te le fais pas gratuit. »

Je crois qu'un certain Machiavel, Moldu de son état, prétendait que tout homme avait son prix. Peu m'importe le prix, je ne vais pas m'abaisser à marchander avec un Gryffondor.

« Deux Gallions, pas moins. »

Eh bien dis donc, il n'en a pas oublié son sens des affaires, le p'tit père. Mais comme je l'ai dit, je ne vais pas m'abaisser à négocier quelques pièces de plus ou de moins.

Il fourre la photo dans sa poche et retourne à sa table. Il se dépêche de se joindre à une conversation pour empêcher les curieux de lui poser trop de questions.

-o-

Les flammes se tordent dans l'âtre et l'intensité du foyer me calcine la peau. Pourtant je ne bouge pas. J'ai toujours aimé rester le plus longtemps possible devant un feu : me brûler les yeux, les joues, avoir l'impression que mes sourcils, mes cheveux et même mes cils vont prendre feu. J'aime qu'il fasse chaud autour de moi et que tout soit froid en moi. Mais c'est toujours le contraire : j'évolue dans des lieux gelés, et cette rage qui m'habite me consume de l'intérieur. Me brûler la peau à la chaleur d'un feu me donne l'impression que tout est plus froid en moi, que ma haine s'apaise. Question de relativité, je présume.

Mon esprit tourne et retourne sans cesse la conversation que j'ai eue avec Dumbledore.

Une vérité peut être terrifiante, peut tout détruire. Mais tout, c'est un peu vaste. Je ne vois pas quel pouvoir peut avoir une vérité.

Que peut une vérité ?

Recèle-t-elle vraiment un pouvoir ? Quel genre de pouvoir ? Est-ce de la magie ?

Non, ça ne fait pas sens. Une vérité n'est que des mots.

Pourtant mieux que personne je devrais savoir l'importance des mots. Tout sorcier sait l'importance des mots. C'est un peu des mots que l'on tire nos pouvoirs. Que serait la magie sans formule ? Que serait-Il sans la crainte qu'inspire Son nom.

Le pouvoir des mots… Le pouvoir de la vérité…

Un autre détail obsède mon esprit, une autre phrase de Dumbledore.

La noblesse et les faiblesses des quatre maisons.

Comment ça je n'ai aucune idée de la noblesse et des faiblesses des quatre Maisons ? Qu'est-ce que c'est que ces radotages ? Je ne vois pas ce qu'il y a à comprendre ! Il n'y a rien à comprendre, aucune idée à se faire.

Mais pourquoi alors est-ce que je m'intéresse à cette remarque ?

Pourquoi ? Parce qu'il a fait référence à ma mère.

Ma mère. La formule magique ces derniers temps…

Je ne connaîtrais pas suffisamment pas mère selon lui, c'est quand même un peu fort… Pourtant, il faut bien que je reconnaisse qu'il a raison. Je ne connais même pas ma propre mère, puisque j'ignore son secret.

Est-ce que toute une vie peut être déterminée par un secret ? Est-ce que cet élément secret, qui échappe à ma perception, fait de ma mère pour Dumbledore une autre Narcissa Malfoy ?

Les faiblesses et la noblesse des quatre Maisons ?

Pourquoi est-ce que je me serais intéressé à un tel problème ? Ce serait reconnaître que la Maison à laquelle j'appartiens n'est pas la plus grande et que les trois autres lui sont égales. Ce qui est impossible, si je suis chez Serpentard, c'est qu'aucune autre Maison ne la vaut.

Les faiblesses et la noblesse des quatre Maisons ?

Il faut donc que je m'intéresse aux Maisons. Aux quatre ? Par les Gargouilles du Marais Froid, me voilà contraint de me pencher sur les Poufsouffle et les Gryffondor.

Les faiblesses et la noblesse des quatre Maisons ?

Godric Gryffondor. Helga Poufsouffle. Rowena Serdaigle. Salazar Serpentard.

Parmi les quatre plus grands sorciers que le monde de la magie n'ait jamais connus.

Les fondateurs de l'école de magie et de sorcellerie de Poudlard. Une Maison pour chaque sorcier. Un profile d'étudiant pour chaque Maison.

Que disait la chanson déjà ?

Si vous allez à Gryffondor
Vous rejoindrez les courageux,
Les plus hardis et les plus forts
Sont rassemblés en ce lieu.
Si à Poufsouffle vous allez,
Comme eux vous s'rez juste et loyal
Ceux de Poufsouffle aiment travailler
Et leur patience est proverbiale.
Si vous êtes sage et réfléchi
Serdaigle vous accueillera peut être
Là-bas, ce sont des érudits
Qui ont envie de tout connaître.
Vous finirez à Serpentard
Si vous êtes plutôt malin,
Car ceux-là sont de vrais roublards
Qui parviennent toujours à leurs fins.

Je ne me souviens que de celle-là, mais elles se valent toutes.

Le valeureux Gryffondor. Le bon Poufsouffle. Le savant Serdaigle. L'ambitieux Serpentard.

Quatre caractères. Quatre qualités. La noblesse des quatre Maisons.

Mais lorsque la qualité pêche par excès. Lorsque la bonté du Poufsouffle devient niaiserie. Lorsque la hardiesse du Gryffondor devient ambition. Lorsque la quête de connaissance du Serdaigle devient soif incontrôlable. Lorsque l'ambition du Serpentard devient folie.

La faiblesse des quatre Maisons. Lorsque la qualité devient faiblesse.

Quel joli ramassis d'inepties ! Tout ce que je vais gagner c'est un mal de crâne titanesque. Draco, pourquoi te casses-tu ainsi la tête ? Qu'est-ce que tu en as à faire de quelques paroles de ce vieux déglingué amoureux des Moldus ? Pourquoi y prêter attention ? Tout ce qu'il pourrait me dire ne peut être que pour jeter davantage la confusion dans mon esprit. Il sait très bien qui je suis, il sait de qui je suis le fils. Il connaît les Malfoy. Pourquoi voudrait-il aider l'un d'eux ? Ce n'est pas dans son intérêt. Oublie tout ça et concentre toi sur le prochain match de Quidditch !

Serdaigle contre Serpentard…

Evidemment, cela sera bien moins excitant qu'un match contre les Gryffondor, mais c'est déjà pas mal. Cette petite Serdaigle est très appétissante et c'est tellement plaisant de la battre.

Cho Chang.

L'attrapeuse des Serdaigle. Le nouveau capitaine de l'équipe. La veuve éplorée de Diggory. Le coup de cœur de Potter.

Décidément, ce n'est pas n'importe qui cette fille.

Mais elle n'est rien en comparaison de Potter. Elle ne concourt pas dans la même catégorie. Oui, c'est un délice de la voir danser. Agilité et grâce, j'en conviens. Oui, elle est douée mais n'a pas le génie. Certes, elle est intéressante mais sans être bouleversante. Elle n'a pas ce grain de folie. Elle ne cherche pas à se brûler les ailes. Elle ne veut pas quitter la terre. Elle ne voit pas plus loin que la petite balle d'or. Elle n'est qu'une petite chatte dans l'arène des lions sauvages.

Potter est juste bien trop gentil pour ne pas vouloir la manger toute crue. Elle est pourtant bien appétissante Potter et je sais qu'elle ne te laisse pas indifférent. Je ne me monterai pas aussi chevaleresque. Je me demande juste si je dois la dévorer toute crue ou la déguster. Qu'en penses-tu Potter ?

Cela ne te dérange pas que je m'offre ce plaisir avec elle ?

Pourquoi lui refuses-tu une danse Potter ? Qu'est-ce qui te retient ? Diggory est mort maintenant…

Peut-être justement parce que Diggory est mort, maintenant… Noble, bien trop noble Potter…

C'est bien parce que tu es trop noble, parce que tu es si bon que j'ai autant envie de te battre, que j'ai autant envie de t'affronter. Que j'ai envie de t'écraser et de déchirer la moindre fibre de ton être.

Se mesurer à plus fort que soi et le battre. C'est ainsi qu'un Serpentard apprécie un combat. Les Gryffondor ont bien le même sens du combat, non ? Seulement, ils aiment se battre dans les règles, les Serpentard les méprisent. Les règles sont pour le commun, Potter. Pour ceux qui ont besoin de leur protection pour survivre. Pour ceux qui se feraient écraser sans elles.

J'attends avec impatience le prochain match Potter. Je ne sais pas si je serai capable d'atteindre ta folie, cette fois-ci. Mais j'essaierai. J'essaierai comme à chaque fois. Et probablement que j'échouerai, comme à chaque fois…

Je suppose que toute l'école va supporter les Serdaigle. Ce n'est pas que cela me touche particulièrement, mais c'est nettement plus agréable d'être acclamé que sifflé. Mais peut-être que cette année, ils ne vont pas oser. Que des fils de Mangemort, ça risque de les calmer ! Ou peut-être, au contraire, les déchaîner… Au dernier match, ils hurlaient à s'en déchirer les corde vocales. Ce n'était même plus une acclamation, c'était un exutoire.

Bien sûr que les matchs de Quidditch contre les Gryffondor sont les plus médiatiques et ceux qui suscitent le plus de passions, comment pourrait-il en être autrement ? La rivalité entre les Gryffondor et les Serpentard est légendaire, elle a traversé l'Histoire et ne s'arrêtera probablement jamais. Elle n'appartient même plus aux descendants des deux illustres sorciers, elle est au monde de la magie dorénavant. Si l'on regarde les chroniques, je ne suis même pas sûr que l'on soit capable de trouver plus d'une dizaine de couples de sorciers qui ont osé une alliance entre les deux maisons.

C'est pour ça que c'est tellement jouissif de les battre. Plus l'inimitié est forte, plus la victoire a un goût délicieux.

Battre les Serdaigle ! Il n'y a pas d'autre solution, si nous voulons pouvoir encore prétendre au titre cette année. Si on ne peut pas battre sur le terrain les Gryffondor, on peut les avoir aux points. Tout notre jeu a été revu dans cette optique.

Vaincre les Gryffondor aux points ! Comment Flint peut-il se satisfaire d'une telle tactique ? Comment pourrais-je apprécier une victoire qui aura un goût d'amertume ? Oui, on aura prouvé que l'équipe de Serpentard sait jouer tactiquement. Mais ce sera reconnaître que nos joueurs sont moins bons que les leurs… Nous le savons déjà, pourquoi l'avouer publiquement ?

Pourtant nous n'avons pas d'autre choix. Je dois en convenir. Alors je me plierai à la volonté de Flint. Pour la gloire de ma Maison comme on dit. Je ferai en sorte que le match contre les Serdaigle dure le plus longtemps et empêcherai l'attrapeuse de s'approcher du vif d'or. Je me débrouillerai pour que mes coéquipiers puissent accumuler le maximum de points.

Après tout, la danse avec l'attrapeuse sera peut-être intéressante.

En tout cas, elle ne peut être que plus palpitante que celle avec le nouvel attrapeur des Poufsouffle. Il n'a pas opposé la moindre résistance. Aucune combativité, aucun mordant. Il n'osait pas me quitter des yeux, si bien qu'il n'a pas vu le vif d'or lui passer deux fois sous le nez. Que craignait-il ? Que je lui lance un sort devant toute l'école ?

Bien sûr au début c'était amusant de le brutaliser un peu et de voir ses yeux pleins de bêtise s'écarquiller, mais c'est vite devenu lassant.

Les Poufsouffle, probablement la dernière Maison avec laquelle s'allieraient les Serpentard.

Ils ont autant de noblesse qu'un vieux paysan Moldu de l'an mil.

L'alliance…

Oui, les quatre Maisons peuvent s'allier, peuvent s'aimer comme elles se détestent.

La seule alliance que s'autorisent les Serpentard est celle faite avec les Serdaigle. Le sérieux qu'ils mettent dans toutes les actions qu'ils entreprennent, la patience dont ils font preuve a toujours su forcer l'admiration des Serpentard.

Ce qui plaît aux Serdaigle chez les Serpentard ?

Probablement ce qui déplaît tant aux Gryffondor. Une conduite déterminée, fixée par un objectif défini. Une volonté sans faille, prête à mettre tout en œuvre pour le succès. Un esprit malin, analytique et en perpétuelle quête d'apprentissage. Une recherche de grandeur et de puissance qui n'égale que la poursuite de savoir que manifeste un Serdaigle durant toute sa vie. Une tentative sans égale dans l'apprentissage de la maîtrise de la part de chance, de destin et de détermination dans la vie.

Le plus étrange dans tout cela, c'est qu'un Serdaigle peut également être très sensible à un Gryffondor.

Il apparaît donc une chaîne de connexions entre les quatre Maisons.

Un Poufsouffle aura plus d'affinités avec un Gryffondor, ébloui par sa grandeur et son courage, par ce côté très chevalerie moyenâgeuse.

Un Gryffondor trouvera une tranquillité rassurante auprès d'un Serdaigle.

Quant à un Serpentard et un Gryffondor, il apparaîtra un schéma assez simpliste qui n'aura qu'une seule résultante : la douleur. Un Gryffondor sera attiré par l'ombre du Serpentard et le Serpentard par la lumière du Gryffondor. Mais en réalité, il ne s'agit que de trouver chez l'autre ce que l'on a au plus profond de soi. Il est absurde de penser que tout être est ou tout noir ou tout blanc. Entre ces deux protagonistes trop différents pour être heureux éclatera une lutte, chacun des deux cherchant à attirer son compagnon dans son monde. Et ce qui au début était la raison même de l'attirance deviendra sujet de dégoût et de haine. Finalement, le Serpentard cherchera l'ombre chez le Gryffondor, alors que le Gryffondor cherchera la lumière chez le Serpentard. Et les deux amants, inévitablement, se détruiront. Il ne peut en être autrement.

Ombre et lumière… Magie noire et magie blanche. Le Bien et le Mal. Des valeurs tellement importantes dans l'éthique humaine et pourtant tellement diffuse dans l'être.

Le Serdaigle est beaucoup moins tranché, sa zone d'ombre et sa zone de lumière sont bien plus équilibrées. Ils peuvent s'engager très facilement d'un côté ou de l'autre, mais étrangement, quoiqu'ils choisissent ils resteront à jamais des Serdaigle. En clair, il faut se méfier d'eux.

Le Poufsouffle n'est que candeur (qui a dit bêtise ?), il n'émet aucune lumière par lui même, il ne peut que refléter, comme une lune. Pourtant, il est assuré que le Poufsouffle peut surprendre et peut, par certains côtés de sa personne, devenir un Gryffondor. Quant à savoir s'il peut devenir un Serpentard… Il est certain que cette part de couardise qui existe au fond de leurs cœurs peut les conduire bien bas, aussi bas qu'un Serpentard peut aller, mais ce serait un voyage sans grandeur. La descente aux enfers de la petitesse.

Un Gryffondor ne peut basculer que dans le camp d'ombre qu'il rejette avec tant de haine. C'est peut-être pour ça qu'il déteste tant le Serpentard, il voit en ce dernier ce qu'il est susceptible de devenir. De qui suis-je la projection ? De qui suis-je l'ombre ?

Un Serpentard ne peut chanceler : il ne peut revenir d'où il vient. La seule chose qu'il est capable de faire, c'est de décider dans quelle direction il va projeter sa zone d'ombre, au service de quelle force il va mettre son pouvoir obscur.

Le rapprochement et la cohésion entre les sorciers du monde entier.

Mais oui bien sûr ! Autant demander à des souris et à des chats de fraterniser. Vous nous séparer dès notre enfance et vous espérez ensuite que l'on se comporte de manière solidaire !?

La noblesse et les faiblesses des quatre Maisons.

Voilà que cette phrase me revient comme un boomerang. L'a-t-il enchantée ou quoi ? S'est-il débrouillé pour qu'elle m'obsède jusqu'à ce que j'ai résolu le petit mystère qui se cache peut-être derrière ?

La noblesse et les faiblesses des quatre Maisons.

(encore !)

Quatre caractères pour quatre Maisons.

Pourtant tout n'est jamais aussi simple dans la vie. Si l'on prend des cas comme les Weasley, il est évident que l'on ne peut décemment mettre en cause le bien fondé de la Répartition. Il ne fait pas l'ombre d'un doute que toute cette famille est parfaitement à sa place chez les Gryffondor. Ils sont l'archétype même de ce qu'est un Gryffondor, ils pourraient servir de modèle-type pour une explication scolaire. Enflammés, spontanés, fiers, doués pour ce qu'ils aiment, fidèles, courageux et aimant rire (Dites donc, je ne serais pas en train de faire un portrait élogieux de cette famille de déchets ? Heureusement qu'il n'y a personne d'autre que moi pour entendre ça !). Non, il n'y a aucun doute de ce côté.

Mais l'aberration vient que dans la même maison, on a des sorciers comme Londubat. De toute façon, je suis resté bloqué au fait qu'il ait pu être accepté à Poudlard. À part planter des choux, je ne vois pas ce qu'il sait faire (correctement, cela va sans dire).

La noblesse et les faiblesses des quatre Maisons, tu parles !

La noblesse et les faiblesses viennent des sorciers et non des maisons auxquelles ils appartiennent. Sans cela la noblesse de Serpentard risque d'avoir du mal à se relever après le passage de Crabbe, Goyle, Flint et compagnie.

Est-ce cela le secret ? Que la répartition est arbitraire ? Qu'elle ne peut déterminer définitivement et absolument ce qu'est et ce que sera chaque sorcier ? Est-ssce que ça veut dire que l'on ne peut jamais connaître parfaitement quelqu'un puisqu'il est perpétuellement en devenir ?

Le bois éclate dans l'âtre et la chaleur devient de plus en plus insupportable. Je me rapproche encore un peu du foyer.

Un type à qui je n'ai jamais parlé de toute ma vie me dit de faire attention : je vais prendre feu. Je lui jette un simple coup d'œil. Il essaie de soutenir mon regard mais détourne bien vite la tête. Qu'a-t-il bien pu croire celui-là ? Je ne sais même pas qui il est. Je n'ai jamais vu que Potter soutenir mon regard.

Le regard de Potter…

A cette évocation je tremble.

Le regard qu'il avait dans le couloir me hante et m'obsède. Je sais que je le connais. Je sais que je l'ai déjà vu. Ailleurs. Dans le visage d'un autre, avec d'autres yeux.

Depuis une semaine, je triture mes souvenirs à la recherche de ce regard. Mais je me cogne toujours à un mur. La couleur n'est pas la bonne. Alors je change mentalement. Je dresse dans ma tête un portrait-robot, faisant défiler les options. Je dessine et redessine un visage, cherchant à faire naître d'une sensation fugace une forme tangible. Sans cesse, j'évoque dans ma mémoire le regard de Potter et tente de faire resurgir d'une impression une certitude. Je commence à avoir mal à la tête (et à ne plus supporter le vert accessoirement, ce qui est assez embêtant quand on est un Serpentard.)

Le feu va bientôt s'éteindre. La dernière bûche ne sera plus que cendres. Et je commence à trembler. De nouveau le froid envahit la salle commune et je m'enfonce dans le profond fauteuil à la recherche d'un peu de chaleur égarée.

Le regard de Potter… Le vide.

Comme si la vie l'avait quitté. Comme s'il n'avait plus de futur. Comme si ne restaient que les fantômes du passé. Le poids des regrets. La douleur des remords. Comme si la Mort le côtoyait. Comme si son aura s'était faite glace et gelait tout, donnant des frissons à ceux qui l'approchent de trop près. Comme… ma mère…

La compréhension me terrifie. Ce soir là, dans le couloir de la honte, Potter avait le même regard que ma mère. Cette expression de lassitude de la vie.

Potter et ma mère ?

Harry Potter et Narcissa Malfoy ?

Non, tout rapprochement est impossible. Il est évident que ma mère et Potter sont très différents. Comment pourrait-il en être autrement. ?

Je ne comprends pas.

Vous vous faites une fausse idée sur Madame votre mère, Mr Malfoy.

Qu'a voulu dire ce vieux fou ? Me serais-je depuis le début trompé sur ma mère ? Ne serait-ce pas simplement une part de son passé qu'elle garde secrète mais tout son être ?

Quelqu'un me tape sur l'épaule et me tire de ma pensée. Je m'apprête à lui lancer une réplique cinglante, mais je reconnais l'hideuse face de Flint.

« C'est l'heure d'aller sur le terrain Malfoy ! J'espère que tu es prêt ! »

Ah oui ! Le match contre les Serdaigle.

Oui, oui, je suis prêt.

J'ai tout le trajet jusqu'au terrain et la préparation pour me concentrer. Ce sera suffisant.

Me concentrer et oublier tout le reste… La noblesse et les faiblesses des quatre Maisons… Les alliances… L'Ombre et la Lumière… Le regard de Potter et celui de ma mère… Seulement le Quidditch…

Me concentrer…

-o-

Flint accueille avec violence les retardataires qui s'assoient penauds. Est-ce que Chang est aussi violente avec ses coéquipiers en ce moment ?

Ça y est j'ai soif !

Oui, on a tous compris Flint. Les empêcher de marquer, les empêcher de marquer et marquer, marquer ! N'importe quel crétin est à même de comprendre ça, même Goyle et Crabbe.

Tiens, ils feraient peut-être de pas trop mauvais batteurs ces deux-là. Ils sont bien trop bêtes pour se soucier du danger des cognards. Faudra peut-être suggérer l'idée à Flint pour l'année prochaine.

Mais qu'est-ce que je dis ? Flint ne sera plus là, l'année prochaine. Je me demande qui va être choisi comme capitaine. Je suppose que mon père va faire en sorte que ce soit moi.

Pfff ! Quelle corvée !

Est-ce que Potter va accepter la charge de capitaine qu'on va sûrement lui proposer l'année prochaine ? Le connaissant, probablement pas. Il va la rediriger vers Weasley pour que le rouquin ait lui aussi sa part de célébrité. Ce que ce type est ennuyeux… tellement prévisible…

On est dans le couloir. Flint m'adresse un dernier regard. Il a fini par accepter que je ne pouvais battre Potter, que personne ne le pouvait. Il me demande maintenant de prouver que je suis au-dessus de Chang.

Cesse de t'inquiéter Flint ! Certes, elle est forte, mais je le suis bien plus qu'elle. Après tout, il lui manque cette folie qui fait de moi un lion… Un lion affamé…

Les portes s'ouvrent et on s'envole.


Fin du quatrième chapitre