Disclaimer : Oououps! j'ai oublié de le mettre pour le chapitre 3! Désolée! Oui, je sais que Harry, Rémus et les autres ne m'appartiennent pas. Non, je ne cherche pas à faire de l'argent dessus! alors, s'il vous plait, pas de poursuites...



Chapitre 4 : Poudlard.

Harry entendait une voix l'appeler, mais il n'avait pas envie de répondre. Il était trop fatigué. Sans avoir besoin d'ouvrir les yeux, il savait qu'il n'était pas dans son lit à Privet Drive. C'était trop confortable, trop douillet. Il sentait les draps serrés autour de lui. Jamais personne ne l'avait bordé ainsi.

Petit à petit, des souvenirs lui revenaient. Le placard, la punition. La course. Et puis, confusément, il se voyait porté par l'homme aux cheveux si clairs. Et le chien qui leur sautait dessus. Et le visage inquiet de la maîtresse. Les Dursley allaient être furieux quand ils sauraient tout cela. Cette pensée détruit d'un seul coup toute la sensation de bien-être. Harry ouvrit brusquement les yeux. Il était dans un lit dans une chambre blanche, le soleil hiverna entrait à flots par la fenêtre. Il se redressa fiévreusement, s'attendant à voir à tout moment l'oncle Vernon entrer en criant. Aussitôt, une main se posa sur son épaule, le forçant à se rallonger.

« Du calme, fit une voix douce. Ne t'énerve pas comme ça. » Une femme qu'il ne connaissait pas se tenait près du lit. Elle lui tendit un gobelet en argent rempli d'un drôle de liquide vert.

« Il faut que tu boives tout ça » , dit-elle.

Il contempla un instant le verre, et le liquide à l'intérieur. C'était vraiment bizarre. Et l'odeur aussi était étrange. La femme le fixait d'un ?il sévère, et il but le liquide sans protester. Le goût était bizarre, mais pas vraiment mauvais. Moins mauvais que l'huile de foie de morue que la tante Pétunia lui avait donnée quand il avait été malade deux ans auparavant. La pensée de sa tante ramena celle de la colère de son oncle, et il frissonna.

« Tu as froid ? s'inquiéta la femme. Tu veux une autre couverture ?

- Non, merci. » Harry se demanda soudain où il était, et qui était cette femme. Regardant autour de lui, il aperçut plusieurs autres lits. La plupart étaient vides. De l'un d'eux dépassait une masse de cheveux roux.

« C'est un hôpital, ici ? demanda-t-il.

- En quelque sorte, » répondit la femme.

Si l'hôpital coûtait de l'argent, les Dursley allaient être encore plus furieux. Ils allaient l'enfermer pour toujours dans le placard, jusqu'à ce qu'il meure dans le noir. La porte s'ouvrit. Harry ferma les yeux, s'attendant à entendre le cri de rage de l'oncle Vernon. Mais c'est une voix douce, quoi que teintée d'inquiétude, qui demanda : « comment va-t-il, Pompom ?

- Moins mal, mais il n'y a pas grand chose que je puisse faire, malheureusement. Il faudra laisser agir le temps. » Harry rouvrit les yeux, soulagé de voir le visage bienveillant du nouveau venu.

« Rémus, » appela-t-il. L'homme sourit de le voir réveillé et se pencha vers lui.

- Harry. Content de voir que tu vas mieux. Tu peux te vanter de nous avoir fait peur.

- Désolé, dit l'enfant. Je n'ai pas fait exprès.

- ca je m'en doute. Ce n'était pas de ta faute. Tu n'as pas à être désolé. »

L'enfant hocha la tête, et prit une grande respiration. Il fallait qu'il sache. « Rémus, demanda-t-il timidement, est-ce que les Dursley vont venir ici ?

- Ca m'étonnerait. » Aucun des deux adultes ne put ignorer la vague de soulagement qui déferla sur Harry à ce moment. Le corps et le visage du petit garçon se relâchèrent brusquement, et il laissa échapper un soupir. Rémus s'approcha encore un peu plus près du petit garçon.

« Tu n'as plus rien à craindre des Dursley, dit-il sérieusement. S'ils essaient encore une fois de te faire du mal, je les changerai tous les deux en crapauds. » Harry acquiesça. Il savait qu'il aurait dû sourire, ou répondre, mais il était soudain beaucoup trop fatigué. Il ferma les yeux et se laissa emporter par le sommeil.

Rémus contempla le visage de l'enfant endormi. L'idée de le renvoyer chez les Dursley dès qu'il irait mieux semblait cruelle, mais Dumbledore s'était montré intransigeant. Harry ne pouvait rester à Poudlard, et c'était toujours le seul autre endroit où il serait en sécurité pour l'instant. En sécurité, pensa Rémus avec ironie. Son oncle et sa tante semblaient aussi décidés à le tuer que Sirius ou cet autre mangemort. Le ministère ne voyait que Sirius, mais les mangemorts relâchés représentaient le réel danger. Ainsi que tous ceux qui n'avaient jamais été arrêtés. S'ils n'avaient pas été aussi nombreux, s'il n'y avait eu que Sirius, Rémus aurait pu prendre Harry chez lui. Mais au fond le lui il savait que le directeur de Poudlard avait raison : l'enfant avait besoin de la protection qui existait autour de Privet Drive.

Harry murmura quelque chose dans son sommeil. Puis il se tourna sur le côté et se roula en boule. Rémus se souvint que c'était toujours dans cette position que James dormait, même une fois adulte. Lily disait souvent que c'était pour se protéger d'elle. Ce à quoi il répondait qu'il avait de bonnes raisons d'avoir peur. Une main posée sur son épaule arracha le loup- garou à ses réflexions.

« C'est étonnant ce qu'il ressemble à son père, n'est-ce pas ? fit une voix douce. Derrière ses lunettes en demi-lune, les yeux bleus du directeur de Poudlard étaient fixées sur Harry.

- Il a les yeux de sa mère, répondit Rémus. Il y eut un silence.

- Rémus, que s'est il passé exactement pour que Harry se retrouve dans cet état ?

- Je l'ignore. Mais les Dursley sont en cause, je vous l'ai déjà dit. Je pense qu'ils l'ont délibérément affamé, même si Harry n'a rien dit.

- L'intolérance de certains moldus à l'égard des sorciers est malheureusement aussi dévastatrice que celle de certains sorciers à l'égard des moldus. Je suis vraiment désolé que Harry doive en passer par là, dit le directeur de Poudlard d'une voix douce.

il consulta sa montre, la secoua un moment, puis jeta un coup d'?il à la pendule qui ornait un des murs de l'infirmerie. Bientôt seize heures.

« Vous devriez retourner dans le monde moldu, Rémus. Ils vont finir par se demander ce que vous faites, et je suis sûr que vos collègues sont inquiets au sujet de Harry. Je viens avec vous. J'ai deux mots à dire au Dursley. Des mots que je n'oserais pas prononcer en présence d'une dame. » Il sourit à Mme Pomfresh.

Rémus acquiesça et se leva. Les deux hommes partirent d'un pas rapide en direction de Pré-au-Lard, d'où ils pourraient transplaner. « Vous allez attirer les regards, habillé comme cela dans le monde moldu. »remarqua soudain Rémus, en désignant les robes violettes du directeur.

« Ah ? fit celui-ci d'un ton malicieux. Je croyais que le violet était à la mode cette année chez les moldus.

- Euh, oui, répondit Rémus, pas vraiment sûr qu'Albus plaisantait. Celui-ci leva soudain sa baguette. Il était maintenant vêtu d'un costume de velours trois pièces, mais toujours violet. « C'est mieux comme cela ?

- Un peu. » Ils apparurent dans une ruelle déserte, à une centaine de mètres de l'école.

« Où voulez-vous aller ? demanda Rémus.

- Dans la classe de Harry. Je me serais bien rendu à Privet Drive, mais il est malconvenant de s'inviter chez les gens pour leur dire ce que j'ai à leur dire. Je suis sûr que viendront tout à l'heure voir son institutrice. Pour s'expliquer. Mais il serait peut-être mieux que nous attendions la fin de la leçon. »

Ils avaient à peine atteint le couloir, devant la classe de Ce2, que la sonnerie retentit. Des enfants commencèrent à émerger des classes. Ils saluèrent Rémus et jetèrent un regard curieux à Dumbledore. Il est vrai qu'ils avaient rarement du voir un tel homme. Ses cheveux et sa barbe d'un blanc argenté lui descendaient jusqu'à la taille, et ses yeux bleus pétillaient derrière ses lunettes en demi-lune. Malgré ses nouveaux vêtements, il ne passait pas du tout inaperçu dans le monde moldu.

Dès qu'elle le vit, Sarah se précipita vers Rémus. « Comment va Harry ?demanda-t-elle.

- Mieux. Mais il lui faudra du temps pour récupérer complètement. Il était déjà sous alimenté avant. »

Elle sembla alors remarquer l'homme qui était resté poliment devant la porte.

« A qui ai-je l'honneur ?

- Albus Dumbledore. Enchanté, mademoiselle ?

- Sarah Déline. » Elle serra la main qu'il lui tendait. « Je suis venu parler à Mr et Mme Dursley. Quelque chose me dit que nous devrions bientôt les voir ici, et si ma présence ne vous indispose pas trop.

Sarah sourit. Personne ne pouvait résister au directeur de Poudlard. « Votre présence ne me dérange pas, Monsieur. Et vous aviez raison, ils devraient venir ici tout à l'heure. Après ce qui est arrivé à leur neveu, j'ai naturellement à leur parler. » Elle sembla de nouveau inquiète. « Rémus, demanda-t-elle, je peux vous parler en privé un instant ? » Il s'excusa auprès de Dumbledore, et passèrent dans la classe à côté.

« Qu'y a-t-il ?

- J'ai appelé l'hôpital, tout à l'heure. Pour avoir des nouvelles de Harry. Ils prétendent qu'il s'est senti mieux dans l'ambulance et qu'ils l'ont ramené chez lui.

Rémus laissa échapper un soupir. C'était ce qu'il avait demander aux infirmiers de dire, quand il avait montré de faux papiers attestant de son appartenance aux services secrets, et emmené Harry. Si seulement il avait mieux écouté le cour de Flitwick sur les sortilèges d'amnésie..

« C'est ce que je leur ai demandé de dire, répondit-il. J'ai emmené Harry au centre, là où ses parents et moi travaillions. Il n'aurait pas été en sécurité dans un quelconque hôpital, et nous avons une infirmerie très compétente. Ainsi que les moyens d'interdire aux Dursley l'entrée de sa chambre.

- Mais rien ne doit être prévu pour dans enfants si jeunes ! il doit être terrifié.

- Ne t'inquiète pas. Tout ira bien pour lui à Poudlard.

- Poudlard ?

- Notre centre. Expliqua-t-il en la ramenant dans sa classe. Et vous pouvez parler de tout cela devant Albus : il en est le directeur. »

Ils revinrent aux côtés du vieil homme.

« Je voudrais voir Harry, dit Sarah. Pour être sûre. vous comprenez, ce n'est pas que je ne vous fait pas confiance, à aucun d'entre vous, c'est juste que, d'après ce que j'ai vu, il pourrait tout aussi bien avoir complètement disparu, et personne d'autre ne s'en soucierait. Ce n'est qu'un petit enfant, et il est malade.

A ce moment, un cri de rage retentit. « Dans quel pétrin ce petit idiot s'est il encore fourré ? »

Vernon Dursley, fulminant et postillonnant, se rua dans la pièce, suivi de sa femme.

Pétunia m'a appelé pour me dire qu'elle avait reçu un coup de téléphone de la directrice à son sujet, et que cette femme semblait tellement perturbée qu'elle n'avait rien compris à part qu'on lui demandait de venir ici ce soir. Qu'est-ce que ce monstre a encore fait ?

- Harry n'a rien fait, répondit Sarah. Rémus distinguait la froide colère prête à exploser sous son apparente sérénité. Il est malade. » Vernon sembla se calmer un peu. - C'est ce qu'il essaie de vous faire croire. Quelle belle bande de naïfs ! je croyais que vous étiez prévenus : c'est un stimulateur.

- Harry ne stimule pas. Vous devriez le savoir. » Le directeur n'avait pas élevé la voix, mais il y eut un silence soudain. Vernon Dursley vacilla sous le regard d'acier, et Pétunia fit un pas en arrière.

« C'est l'un d'eux, murmura-t-elle d'un ton tremblant.

- Qui êtes vous ? demanda Vernon d'un ton qu'il essayait de rendre assuré, et menaçant.

- Albus Dumbledore.

Pétunia Dursley poussa un petit cri et éclata en sanglots hystériques. Vernon rassembla son courage, mais sa voix était à peine audible lorsqu'il prononça.

« Vous n'avez rien à faire ici. Personne ne vous a appelé. Partez immédiatement.

- J'étais venu vous parler, Dursley. Comme je le faisais remarquer à Rémus tout à l'heure, j'ai deux mots à vous dire, qu'une dame ne peut pas entendre. De nouveau, son regard pétilla et il adressa un signe de tête à Sarah. Surtout une jeune dame. N'avez vous jamais lu la lettre que je vous ai laissée ce soir là ?

- Un tissu de bêtises. Vous êtes tous fous.

- Dursley, vous êtes un imbécile. Avez vous la moindre idée du péril que la survie de Harry, il y a sept ans, vous a épargné ? C'est pour vous, les moldus, que combattaient Lily et James. Vous n'êtes pas digne d'élever leur fils, et si la protection des liens du sang n'avait pas été aussi importante, il y a des années que nous vous l'aurions retiré. Et quand aviez vous l'intention de lui dire qui il est ? Pensiez vous pouvoir le lui cacher toute sa vie ? »

Vernon Dursley se tut et fit un pas en arrière, mais ses yeux lançaient des éclairs. Rémus comprit ce qu'il pensait.

« Peut-être imaginiez-vous qu'en le traumatisant de la sorte vous parviendriez à éteindre toute trace de magie en lui ? cracha-t-il avec colère. Harry est né sorcier, Vernon, et vous n'y changerez rien. Dans trois ans, il recevra sa lettre de Poudlard. Que vous le vouliez ou non. »

Et soudain les lunettes du père de Durley volèrent en éclats. L'homme, plus blanc que jamais, prit dans sa main la monture métallique.

- Calmez vous, Rémus, dit fermement Dumbledore, avec un regard dans la direction de Sarah qui semblait complètement abasourdie. Quant à vous, Dursley, je n'ai malheureusement pas d'autre choix que de vous remettre Harry dans quelques jours. Mais si jamais j'apprend que vous lui avait fait subir le moindre mauvais traitement, si vous vous avisez ne serait ce que d'élever la voix contre lui, je vous fait mettre en prison, Dursley. J'ai aussi une grande influence sur les autorités moldues, croyez moi. Et maintenant disparaissez avant que Rémus ne perde tout à fait le contrôle de ses nerfs et ne vous transforme en cafard. »

Dursley parut sur le point d'ajouter quelque chose, mais il y renonça, et suivit Pétunia hors de l'école.

Sarah se laissa tomber sur une chaise. Jamais elle n'avait assisté à une dispute comme celle-là. Il se dégageait du vieil homme aux cheveux longs une impression de puissance qu'elle n'aurait jamais crue possible. Son esprit refusait d'admettre les paroles de Rémus : la magie n'existait pas. Pourtant, toutes ces choses bizarres qui s'étaient produites.

« Ca va ? demanda la voix de Rémus, inquiète.

- Je. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Ils n'ennuieront plus Harry, maintenant. » Il se tourna vers le vieil homme. Albus, vous ne croyez pas qu'il faille, enfin vous savez quoi ? »

L'autre sembla hésiter. Il jeta à Sarah un regard pénétrant, avant de se tourner à nouveau vers le surveillant.

« Je ne suis par sûr. Elle savait déjà suffisamment de choses avant, et votre tâche pourrait être grandement facilitée si quelqu'un ici connaissait toute la vérité. Pensez vous qu'elle soit prête à l'assumer ?

- Je lui fait entièrement confiance, répondit Rémus avec chaleur.

- Bien. » Le directeur eut un petit rire, comme à une plaisanterie qu'il aurait été le seul à comprendre, et se tourna vers elle. « Mademoiselle, je suis sûr que vous avez beaucoup de questions à poser. Rémus se fera une joie d'y répondre. Je ne peux malheureusement pas m'absenter de Poudlard trop longtemps ces temps-ci. » Il fit un petit signe de la main, regarda autour de lui, ferma la porte et les rideaux, puis il disparut. Sarah poussa un cri.

« Où est-il ?

- Oh, à cet instant, il doit se trouver dans un village qu'on appelle Pré- au-Lard.

- Mais. Alors vous êtes vraiment des sorciers ?

- Oui, nous sommes des sorciers. Albus est même le sorcier le plus puissant du monde. » Rémus sourit. Sarah hésitait à le croire, mais ce qu'elle venait de voir ne s'expliquait pas autrement. Et il y avait tant de petits événement qui ne se comprenaient qu'avec cette explication, qu'elle ne put que se rendre à l'évidence.

- Et, un moldu, c'est quoi ?

- C'est comme ça que nous appelons les personnes dépourvues de pouvoir magiques.

- Donc, je suis une moldue. Harry est un sorcier, n'est-ce pas ?

- Oui, mais il l'ignore. Ces Dursley ne le lui ont jamais dit. C'est même un sorcier extrêmement célèbre. Vous vous souvenez de ce que je vous ai raconté sur la mort de ses parents ? »Il lui raconta alors ce qui était réellement arrivé au Potter, et à Lord Voldemort.

- Mais, demanda-t-elle, ce Voldemort, qu'est-ce qu'il cherchait ?

- C'était un assoiffé de pouvoir. Il voulait dominer le monde, sorcier et moldu. Et il faisait partie de ces mages noirs qui considèrent que nous vous sommes supérieurs, et qui méprisent également les sorciers issus de parents moldus, comme Lily, la mère de Harry.

- Il y a beaucoup de sorciers ?

- Nous sommes quelques milliers en grande Bretagne. Mais nous vivons surtout entre nous. Les moldus ne connaissent pas notre existence.

- Vous vivez tous à Poudlard ?

- Non, bien sûr. Rémus se mit à rire. Où as-tu été chercher cette idée ? Poudlard est une école. Un collège, plus précisément. On naît avec des pouvoirs magie, mais les utiliser nécessite un long apprentissage. Sept années d'étude sont nécessaires pour devenir un sorcier accompli. Tu voulais voir Harry, je crois ?

- oui. Mais je sais qu'il est en sécurité.

- Lui aussi sera heureux de te voir. Viens avec moi. Tu seras sans doute la première moldue à visiter Poudlard. » Elle le suivit jusqu'aux grilles de l'école. Il était tard, et ils ne rencontrèrent personne.

« Où allons nous ? Devons nous prendre ma voiture ?

Rémus se mit à rire. « Tu n'arriveras pas en voiture à Poudlard. C'est très loin d'ici, quelque part au pays de Galles. Et tu serais incapable de le voir si tu passais devant. Le château apparaît comme un tas de ruines aux yeux des moldus.

- Mais alors, comment puis-je y entrer ?

- Je crois que le sortilège ne s'appliquera pas si tu y entres de l'intérieur. Pour le moment, nous allons chez moi. Ce n'est pas loin, mais nous irons plus vite en voiture. »

Il la guida jusqu'à une petite maison d'une rue proche. Elle se gara dans l'allée. il déverrouilla la porte et l'invita à entrer. « Bienvenue chez moi. Installe toi, je n'en ai pas pour longtemps. »

Elle observa la pièce. Le séjour était petit mais semblait confortable. Il y régnait une agréable chaleur. Rien ne semblait différent de n'importe quel autre salon.

« Avec ces fenêtres, commenta Rémus en montrant les grandes baies vitrées, je suis obligé de faire attention. » il tira les rideaux et s'agenouilla près de la cheminée. Puis, il sortit la baguette de bois qui semblait ne jamais le quitter, et bientôt un grand feu ronfla. Il prit un pot qui était posé au dessus de l'âtre. « Prête à découvrir Poudlard ? »

Lorsque Rémus lança la poudre dans le feu, les flammes devinrent vertes.

« Avancez et prononcez distinctement « Poudlard », recommanda le surveillant.

Elle hésita, peu désireuse de s'approcher des flammes. Il l'encouragea doucement. « vas-y, ce n'est pas chaud, je t'assure. Fais-moi confiance. »

Elle avança un pied hésitant, puis le regarda. Il lui rendit son regard en souriant, sans sembler s'impatienter de ses hésitations, mais avec un certain amusement, comme un enfant qui s'apprête à montrer ses jouets. Pour ne pas le décevoir, elle prit une grande inspiration, et sauta dans l'âtre.

« Poudlard », prononça-t-elle en essayant d'articuler. Aussitôt, elle se sentit aspirée vers l'avant. Jamais elle n'avait pensé pouvoir aller aussi vite. Des cheminées défilaient devant elle à toute vitesse, lui donnant la migraine. Elle ferma les yeux. Puis, soudain, tout ralentit et elle fut projetée sur le sol. Elle se releva, un peu hébétée. Si elle avait encore eu des doutes sur l'existence du monde magique, cette expérience aurait suffit à les dissiper. Rémus arriva derrière elle, manquant de la faire retomber au sol.

« Alors, demanda-t-il, que penses-tu de la poudre de cheminette ?

- C'est rapide, mais un peu. remuant.

- J'aurais peut-être dû te prévenir. »

Elle regarda autour d'elle. Ils se trouvaient dans une petite pièce, meublée par un unique fauteuil. Dehors, la nuit tombait il ne passait plus beaucoup de lumière par la fenêtre. La seule autre source d'éclairage semblait être l'énorme cheminée par laquelle ils étaient arrivés et où crépitait un énorme feu. La porte était fermée.

« Nous sommes dans le hall des départs et arrivées du collège, expliqua Rémus. La porte s'ouvre uniquement si votre empreinte magique est identifiée. Il est extrêmement difficile de se rendre à Poudlard si on n'y est pas le bienvenu.»

Il fit apparaître des étincelles avec sa baguette. Aussitôt, la porte s'ouvrit avec un grincement. Sarah fit un pas à l'extérieur, et se figea. Elle se trouvait dans un énorme corridor, éclairé par des torches flamboyantes. Les murs étaient décorés par d'immenses tapisseries qui devaient probablement coûter des fortunes. Elles sursauta quand une voix lui dit : « Bienvenue, Messieurs dame. Je ne vous ai jamais vus par ici. »

Sarah regarda autour d'elle, cherchant la personne qui venait de parler. Rémus rit. « Bonjour, Paula, répondit-il. Vous n'avez pas changé. »

Il semblait parler au mur.

- Rémus Lupin ! s'exclama la voix. Ca fait bien dix ans ! Je ne vous avais pas reconnu. Dites, cette jeune dame qui vous accompagne semble un peu perdue. »

Sarah remarqua alors le portrait d'une femme assez âgée, dans un tableau, qui semblait animé : la femme cousait, et c'était apparemment elle qui répondait à Rémus.

- Ne vous inquiétez pas, dit alors le sorcier. Je m'en occupe. Désolé, mais nous sommes un peu pressé. »

Saisissant l'institutrice par le bras, il l'entraîna dans des escaliers. « Les tableaux. balbutia-t-elle au bout de quelques marches. ils sont vivants ?

- Non, bien sûr, quelle idée !

- Mais ils marchent, et ils parlent !

- Ils ont été charmés pour cela. Mais cela ne veut pas dire qu'ils vivent. Les artistes qui les ont peints les ont simplement pourvus d'un état « conscients », en quelque sorte.

- Mais quelle est la différence avec la vie ?

- Eh bien, c'est un peu comme les fantômes. Un fantômes n'est pas vivant, d'accord ?

- Les fantômes n'existent pas !

- Vous avez beaucoup à apprendre, je crois. Les fantômes existent. Vous en verrez peut-être un surgir des murs pendant votre séjour ici.

- C'est impossible !

- Chez les moldus, peut-être. Pour en revenir aux tableaux, ils sont animés d'une âme un peu semblable à celle des fantômes : ils pensent, ils bougent, ils ressentent des émotions, mais ils ne changent jamais : ils ne vieillissent pas, donc ils ne meurent pas, et de même leur personnalité est figée dans le temps. Vous comprenez ?

- A peu près.

- J'imagine que cela fait beaucoup de choses à assimiler en une seule fois. »

Ils avaient atteint des corridors plus fréquentés, et commençaient à croiser des adolescents vêtus de robes noires qui leur jetaient des regards surpris. Ils montèrent une nouvelle volée d'escaliers.

« On y est presque, » annonça Rémus. Il poussa une porte, et ils se retrouvèrent dans une pièce claire, malgré l'absence de toute installation électrique. Une dizaine de lits à baldaquins étaient alignés. Deux d'entre eux avaient les rideaux tirés. Sur la droite, on apercevait un petit bureau, séparé du reste de la pièce par des baies vitrées. Une femme y était assise, qui vint les saluer.

- Rebonjour, Rémus, dit-elle. Je ne vous attendais pas si tôt.

- Je vous présente Mlle Déline. Sarah, c'est Mme Pomfresh, l'infirmière de l'école. Mlle Déline voudrait voir Harry.

- Il dort. Il y avait une légère dose de potions de sommeil dans ce que je lui ai fait boire tout à l'heure.

- J'aimerais le voir quand même, si c'était possible, la pria Sarah. Sans le réveiller. Comment va-t-il ?

- Il ira bien. Elle désigna un lit tout au fond de la salle. De toute façon, il devrait se réveiller bientôt. »

Sarah s'approcha du lit indiqué, et tira doucement les rideaux. Dans l'immense lit d'hôpital, il semblait encore plus petit et fragile. Son visage avait la couleur des draps. Mais les marques des coups portés par Dudley, qu'il portait encore le matin, avaient disparu. Elle en fit la remarque à Rémus, à voix basse.

« Nos méthodes de soin sont un peu plus efficaces que les autres, souffla-t- il en retour. Mais malheureusement les sortilèges de gavage ne sont efficaces que sur les plantes. »

Ils restèrent un moment debout en silence, contemplant la respiration régulière de l'enfant endormi. Sarah était consciente de la présence de l'homme à ses côtés, de ses regards de compassion, et d'inquiétude en même temps. Jamais elle n'avait rencontré quelqu'un d'aussi attentif envers les autres, d'aussi gentil. Et cette gentillesse n'était pas un moyen de dissimuler une quelconque faiblesse. Elle savait, pour l'avoir vue à plusieurs reprise, que Rémus pouvait entrer dans des colères terribles, et qu'il ne se dérobaient pas pour défendre ceux qu'il aimait, ou simplement pour lutter contre le mal. C'était simplement sa manière d'être, son approche des gens.

Un mouvement en provenance du lit interrompit ses réflexions. Harry se réveillait. Il battit des paupières un instant, et ouvrit les yeux. Rémus partit chercher Mme Pomfresh, et Sarah sourit au petit garçon.

« Ca va ? demanda-t-elle.

- Oui, merci. »Toujours ce ton poli, trop poli, cette distance qu'elle n'arrivait pas à briser.

- Tu sais que tes camarades et moi étions très inquiets à ton sujet. Nous avons même annulé toutes les leçons du matin.

- Désolé d'avoir dérangé, répondit Harry rapidement, d'une petite voix.

- Non. Du moment que tu vas bien maintenant, ce n'est pas grave. Tu es quand même plus important qu'une heure de classe, non ? »

Il ne répondit pas. A ce moment, ils furent rejoints par Rémus et l'infirmière. Cette dernière portait un plateau recouvert de divers plats, présentés dans de la vaisselle en argent. Elle donna le plateau à Harry.

« Tiens, et tu mange tout. La potion jaune est pour le début et la verte pour la fin du repas, d'accord ?», dit-elle d'une voix sévère.

Harry fit signe que oui, et se redressa dans son lit. Il prit un gobelet, contenant vraisemblablement la potion jaune, et se mit à boire. L'infirmière retourna dans son bureau, satisfaite. Mais l'enfant ne se mit pas à manger : il se contentait de fixer la nourriture. Puis, il regarda l'institutrice.

« Vous avez vu les Dursley ? demanda-t-il enfin.

- Harry, intervint Rémus, je te l'ai dit tout à l'heure : tu n'as plus rien à craindre des Dursley.

- Tu sais, il est interdit par la loi de traiter un enfant comme ils l'ont fait avec toi. Ils savent que s'ils recommencent ils iront en prison. »

Sarah sentit les yeux de l'enfant se poser sur elle, et elle le regarda en retour. - C'est comment la prison ? demanda-t-il.

- C'est. » Elle hésita un instant. « C'est comme un endroit avec plein de chambres, minuscules, mais les gens ne peuvent pas en sortir. Pourquoi tu demandes ça ?

- Est-ce qu'on peut mettre les enfants en prison ?

- Personne n'a l'intention de te mettre en prison, Harry. Tu n'as rien fait de mal, si ?

- Et les chiens ?

- Les chiens ? Sarah rit, mais elle sentit Rémus se crisper à côté d'elle. Je ne sais pas. Peut-être bien que certains chenils sont pires que des prisons. Tu devrais manger ton dîner, il va être froid. »

Mais Harry ne fit aucun signe de se mettre à manger. Il suivit le cours de ses réflexions. - Et le chien de ce matin, c'est là qu'on va le mettre ? »

Rémus fit un pas en avant : « Ne t'inquiète pas pour ce chien. Si on le retrouve, on saura très bien quoi en faire. - Mais pourquoi il est devenu méchant ? c'était mon ami, avant. Il était gentil.

- Si tu le revois, enfuis-toi. Aussi vite que tu le peux. Il n'est pas ce qu'il a l'air. Et préviens moi, s'il te plaît. Maintenant mange avant que Mme Pomfresh ne revienne. C'est un véritable démon, tu sais ? »

Le lendemain matin, quand Harry se réveilla, il se trouvait dans une pièce sombre.

« Le placard, encore, pensa-t-il amèrement. J'ai rêvé. » Pourtant, tout avait paru si réel. Et le lit n'était pas le sien, il était bien trop confortable. Et, pour une fois, il n'avait pas faim. Mais tout était si noir. Il agrippa son oreiller et enfouit son visage dedans pour ne pas voir l'obscurité.

Puis, il se reprit. Il savait maintenant qu'il n'était pas dans le placard. Il étendit une main, cherchant la lampe de chevet. Ses doigts rencontrèrent une matière douce, et molle. Il longea ce qui lui semblait un mur, d'un côté, puis de l'autre. Il ne semblait pas y avoir d'ouverture. Comme si la pièce où il se trouvait n'avait que la place de contenir son lit. Il se rappela les propos de la maîtresse. La prison. Des petites pièces dont on ne pouvait pas sortir. Mais ils avaient dit qu'il ne serait pas envoyé en prison. Harry avait commencé à faire confiance à Rémus et à la maîtresse. Pourquoi l'avaient-ils trahis ? Comme le chien. Et s'il devait rester tout seul ici, dans le noir, pour toujours ? Non. Harry se débattit furieusement et donna des coups de pieds dans les murs. Mais ses pieds nus ne rencontrèrent aucune résistance. Il ne sentit pas la douleur à laquelle il s'attendait. Le matériau froid sembla se plier sous la pression. Puis il sentit sa jambe passer au travers. Harry comprit alors qu'il s'agissait d'un rideau, qu'il parvint à tirer. Des veilleuses répandaient une douce lueur. Il était toujours au même endroit qu'hier. Soulagé, Harry se rendormit.

Une voix le réveillèrent. Il entrouvrit les yeux. Le garçon roux aperçu la veille était assis dans son lit, un garçon brun à ses côtés. Harry essaya de tendre l'oreille pour écouter ce qu'ils disaient.

« Content que tu ailles mieux, Charlie. On a tous eu peur, quand tu es tombé de ton balai. N'empêche, c'était splendide la manière dont tu as attrapé le vif. Craddock l'avait juste au dessus de la tête. Je crois que les Serpentard vont le virer de l'équipe.

- Il s'est bien vengé, fit remarquer celui qui semblait être Charlie. C'est lui qui m'a poussé.

- Personne n'a de doutes là dessus, mais on ne peut rien prouver.

- De toutes façons, il a perdu, c'est déjà une belle punition. C'est ma dernière année ici. Il faut que nous gagnions la coupe encore une fois cette année.

- Tu vas être dur à remplacer. Jamais vu un attrapeur comme toi. Et comme capitaine aussi tu es génial.

- Arrête, tu vas me faire rougir. De toute façon, je ne veux pas consacrer ma vie au Quidditch. Je veux dire, l'intérêt du sport, c'est que c'est un moyen de se détendre. Si je devenais professionnel, j'aurais trop peur de perdre ce plaisir.»

Harry se demanda de quoi ils parlaient. Il fit un brusque mouvement, ce qui attira sur lui le regard des deux garçons, mais se tint ensuite immobile, comme s'il dormait.

« Je me demande qui est ce garçon, et ce qu'il fait là, fit le garçon aux cheveux bruns. Il a l'air beaucoup trop jeune pour fréquenter Poudlard. Et je ne l'ai jamais croisé dans un couloir.

- Aucune idée. En tout cas, des gens bizarres sont venus le voir hier. Ils étaient vêtus comme des moldus. Et l'un d'entre eux avait dû jeter un sortilège de silence, parce que je n'ai rien entendu de ce qu'ils disaient. Il a fait un raffut de tous les diables cette nuit, j'ai failli appeler Pomfresh.

- Ca ne m'étonne pas. Il n'y a qu'à voir ce qu'il a fait à ses rideaux et couvertures. » Harry remarqua alors qu'il était complètement découvert, mais il ne fit aucun mouvement pour y remédier. Il ne voulaient pas que les garçons sachent qu'il était réveillé.

« Il est peut-être de la famille de l'un des profs, supposa Charlie. On dirait qu'il a les cheveux de Rogue. En plus propre, bien sûr.

- Le pauvre, imagine, devoir supporter Rogue depuis toujours ! Pas étonnant qu'il atterrisse ici ! » Il rit « En parlant de Rogue, je ferais bien de me dépêcher si je veux avoir le temps de déjeuner avant d'aller à son cours. Au moins tu échappes à ça. Tu sais quand tu va sortir ?

- Demain, sans doute. Je n'ai pas encore vu Pomfresh ce matin. C'est assez surprenant qu'elle ne se soit pas précipitée pour te mettre dehors quand tu es arrivé. »

Le garçon aux cheveux bruns se leva et se dirigea vers la porte. Puis, il sembla se raviser, fit demi-tour et se dirigea vers Harry, visiblement intrigué. Celui-ci ferma les yeux, mimant le sommeil, mais les rouvrit en grand quand l'autre poussa un cri.

« Ce n'est pas possible ! s'exclama-t-il. Charlie, viens voir ici ! » Le rouquin fit mine de se lever, mais il avait une jambe bandée, et se rassit sur son lit quand il essaya de la poser par terre, avec un gémissement.

« Impossible, Paul, dit-il. Que se passe-t-il, on dirait que tu as vu un fantôme ! »

Le brun gardait les yeux fixés sur Harry. Ou plus exactement sur son front, pour une fois dégagé par les cheveux noirs qui tombaient sur ses tempes alors que l'enfant était allongé sur le dos. Celui-ci était gêné, et il ne comprenait pas. Il ne se rappelait pas avoir jamais vu ce Paul de sa vie.

« Bonjour, dit-il d'une petite voix timide, pour essayer de faire stopper ce regard fixe.

- Est-ce que tu es vraiment. lui ? » Demanda le garçon plus âgé, qui semblait retrouver un certain contrôle.

- Qui lui ? demanda Harry.

- Paul, qu'y a-t-il ? intervint Charlie. Qui est ce petit garçon ? Rogue retombé en enfance ?

- Ce n'est pas drôle. Charlie, tu ne vas jamais le croire, dit Paul en revenant vers son ami. C'est Harry Potter. N'est-ce pas, tu es bien Harry Potter ?

- Oui, répondit Harry, complètement désorienté.

- Waou ! Paul Foaks, enchanté. Et là bas, c'est Charlie Weasley, attrapeur vedette de Griffondor. Quand je vais dire aux autres que tu es là !

- Vous ne direz rien du tout, Mr Foaks, fit une voix sévère. Personne n'avait vu Mme Pomfresh entrer. Je ne veux pas d'émeute dans mon infirmerie.

- Elle a parfaitement raison. Un vieil homme s'était matérialisé derrière l'infirmière. Personne n'aurait dû découvrir la présence de Harry ici, et il serait parfaitement regrettable que celle-ci s'ébruite.

- Mais pourquoi ?

- Savez vous ce que penseraient la plupart des gens si on leur faisait savoir que Harry Potter a été amené à l'infirmerie de Poudlard ?

- Que des mangemorts l'ont attaqué ?

- Exactement. Cela pourrait provoquer une panique qui n'a aucune raison d'être, puisque ce n'est pas le cas. C'est pourquoi j'aimerai que vous me promettiez le silence, Mr Foaks.

- Je ne dirai rien, Mr le directeur.

- Très bien. Je vous fait confiance. Maintenant, vous feriez bien de vous hâter : le professeur Rogue n'apprécie guère les retards, il me semble. Et, puisque la présence de Harry ne semble pas passer inaperçue, peut-être serait-il bon que vous essayiez de dissuader vos camarades de rendre visite à Mr Weasley. »

Paul acquiesça, jeta un regard supplémentaire à Harry, salua son ami et quitta la pièce. Le directeur s'approcha de Charlie, et lui fit promettre également de ne rien dire à personne. Puis il s'excusa auprès de lui et murmura quelques mots. Enfin, le vieil homme vint s'asseoir auprès de Harry.

« Je suppose que tu ne comprends rien à ce qui vient de se passer, dit-il en souriant.

- Non.

- Il y a quelques années que ton oncle et ta tante auraient dû t'expliquer certaines choses. Puisqu'ils ne l'ont pas fait, et puisque les circonstances nous interdisent de te laisser plus longtemps dans l'ignorance, c'est moi qui vais le faire. Mais, je manque à tous les usages, je ne me suis même pas présenté. Je suis Albus Dumbledore, directeur de ce collège.

- C'est un collège ici ?

- En quelque sorte. Laisse moi t'expliquer, et je répondrai à tes questions ensuite. D'accord ?

Harry hocha la tête.

« Que sais tu de tes parents ? » commença le vieil homme. Harry écouta, subjugué, le directeur de Poudlard lui raconter l'histoire de sa famille et du monde des sorciers. Il apprit qui était Voldemort, comment il avait tué ses parents, et essayé de tuer Harry, et comment le sort s'était retourné contre son auteur.

« Pourquoi ? demanda Harry. Pourquoi n'a-t-il pas réussi à me tuer ?

- Nul ne le sait avec certitude, bien que, pour ma port, j'aie une théorie là dessus. Mais je ne suis pas sûr que cela nous intéresse aujourd'hui. Ce qui compte, c'est qu'il a disparu, et que tu as survécu, avec juste cette cicatrice en forme d'éclair. Depuis, pour tous les sorciers, tu es une célébrité. D'où la réaction de ces garçons tout à l'heure. En même temps, il pourrait y avoir certains mauvais sorciers qui te veulent du mal. C'est pour cela que tu dois faire attention. Quand tu retourneras chez toi, il faudra que tu prévienne Rémus s'il se passe quoi que ce soit d'anormal. Il est là pour te protéger. »

Après le départ du directeur, Harry resta un long moment songeur. Ce fut la voix du garçon au cheveux roux qui le tira de ses réflexions.

« Harry, demanda-t-il doucement, tu dors ?

- Non.

- Pourquoi es-tu là ? Normalement, seuls les élèves de l'école viennent à l'infirmerie.

- Je ne sais pas.

- Tu es malade ? Dumbledore a dit que ce n'étaient pas des mangemorts qui t'avaient attaqué.

- Oui, répondit Harry. Je suis malade. Il se dépêcha de changer de sujet. Tu es élève ici ? demanda-t-il.

- Oui. Je suis en dernière année. L'année prochaine, je serai un sorcier confirmé.

Il y eut un moment de silence, puis le plus âgé reprit : « Où vis tu ? La gazette ne l'a jamais dévoilé. Ils n'ont même jamais publié de photos récentes de toi, seulement celles où tu es bébé.

- J'habite dans la banlieue de Londres. C'est quoi la gazette ?

- La gazette du sorcier, bien sûr. C'est vrai que tu es un peu jeune pour lire les journaux. Ils parlent de toi de temps en temps, mais ils n'ont jamais de véritables informations récentes. A croire que tu as complètement disparu depuis sept ans. Tout le monde se pose beaucoup de questions à ton sujet. Surtout avec ce qui se passe en ce moment, les mangemorts, et Sirius Black.

- Qui ?

- Peu importe. Alors, où étais tu caché ? Tu peux me le dire, je te jure que je n'en parlerai pas. Qui s'occupe de toi depuis la mort de tes parents ?

- Mon oncle et ma tante.

- Du côté de ton père ?

- Non. Tante Pétunia est la s?ur de ma mère.

- Ce sont des moldus, non ? J'ai lu quelque part que ta mère était issue de parents moldus. » Un éclair de compréhension sembla soudain le frapper. « C'est pour ça qu'on ne te trouvait nul part ! Tu vivais dans le monde moldu ! Je me demande pourquoi la gazette n'a jamais pensé à aller te chercher dans ta famille. Dis, tu aimes être célèbre ? Mon frère Ron, qui a ton âge, n'arrête pas de dire qu'il aimerait être à ta place. Heureusement qu'il n'y est pas, d'ailleurs, parce que ça le rendrait excessivement imbu de lui- même, d'ailleurs.

- Je ne sais pas. Il y a à peine une heure que je sais que je suis célèbre.

- Comment ça ?

- Ce matin, je ne savais pas que la sorcellerie existait. Brusquement, je suis non seulement un sorcier, mais en plus un sorcier célèbre.

- Oh ! Ca doit être difficile à assimiler, en effet. Il resta un instant silencieux, puis se mit à rire. Tu sais, tu dois être le seul enfant sorcier à ignorer qui est Harry Potter. C'est une situation assez cocasse, quand on y pense. » Harry ne répondit pas. Il ignorait le sens du mot « cocasse », mais ne prit pas la peine de le faire remarquer. Il essayait d'assimiler la masse d'informations.

« C'est bien d'être un sorcier ? demanda-t-il.

- Je ne connais rien d'autre, c'est difficile de répondre. Mais je crois que ça te plaira. Bien sûr, tu dois encore attendre quelques années avant de commencer à fréquenter Poudlard, et de devenir un véritable sorcier. Je suppose que tu seras un des meilleurs élèves, sans même avoir à essayer.

- Pourquoi ?

- Tu es Harry Potter, tu es forcément extrêmement puissant. Sinon comment aurais tu pu résister à Tu-Sais-Qui à l'âge d'un an.

- Tu-Sais-Qui ?

- Oui, Celui dont on ne doit pas prononcer le nom. Tu vois de qui je parle ?

- Pourquoi il ne faut pas prononcer son nom ?

- Je ne sais pas. Tout le monde a tellement peur de lui, peut-être qu'on a peur de le ramener en prononçant son nom. Tu ne peux peut-être pas comprendre. Tu n'as pas connu l'époque de sa gloire. J'étais petit à l'époque, à peine plus âgé que toi, mais je ne l'oublierai jamais. »

Sur ce, le silence se fit. Harry s'ennuyait. Il aurait bien aimé avoir un livre, ou quelque chose à faire. Il regarda plusieurs fois dans la direction de Charlie, mais celui-ci semblait absorbé dans ce qui ressemblait à un énorme grimoire. Harry s'assit au bord du lit. Il se sentait bien, il voulait se lever mais ne savait pas où il aurait pu aller, ni ce qu'il aurait pu faire. Il se demanda ce que les autres faisaient à l'école à cette heure ci. D'ailleurs, quelle heure était-il ? Une fois de plus, il regrettait de ne pas avoir de montre.

Harry se leva et, pieds nus, s'approcha de la fenêtre. Il souleva le rideau et regarda au dehors. Un parc semblait entourer le château. Des groupes de jeunes semblaient se promener dans les allées. Tous étaient vêtus de capes noires, et certains portaient un drôle de chapeau pointu. Au loin, il y avait un lac, et tout au fond une forêt. Il se demanda si tout cela faisait partie du collège. Un homme passa, poussant une charrette chargée de bois. Il était environ deux fois plus grand que tous les gens qu'il croisait, et l'enfant se demandait s'il s'agissait vraiment d'un géant.

« Que fais tu là, Harry ? Retourne te coucher avant d'attraper froid. »

Mme Pomfresh, porteuse de deux plateaux, était entrée dans la pièce. Le petit garçon ne discuta pas, et se précipita vers son lit. Il craignait plus que tout que la femme ne se mette à lui crier dessus, comme les Dursley. Surprise et un peu émue par cette réaction bien différente des grognements et des supplications que, dans le meilleur des cas, ses patients habituels lui opposaient, l'infirmière s'adoucit :

« Hum, j'imagine que tu n'as pas grand chose à faire. Je suppose que tu es à un âge où on a besoin d'être sans cesse occupé. »Elle semblait parler plus pour elle-même que pour Harry. « Si tu manges tout bien sagement, dit- elle en lui tendant un plateau surchargé, je verrai ce que je peux faire pour toi. »

Elle se tourna vers Charlie. « Alors, Weasley, demanda-t-elle, comment va ce pied ?

- Bien, répondit le jeune homme. Quand pourrai-je sortir ? »

- Demain. Si tout me semble fonctionner, répondit l'infirmière en soupirant avant de retourner dans son bureau » Un peu plus tard, Harry avait consciencieusement fini tout ce qui était sur son plateau. Il se demandait délicieusement plein, comme il ne se souvenait pas d'avoir jamais été, et ce demanda si c'était ce que ressentait Dudley tous les midis. Il avait l'impression qu'il ne pourrait plus jamais avoir faim. Paul revint voir Charlie, lançant pendant toute la durée de sa visite des coups d'?il en coin à Harry. Mme Pomfresh revint chercher les plateaux, et fit à Harry un sourire satisfait. « Bien, dit-elle. Maintenant, je suppose que tu n'as pas envie de faire la sieste ?

- Non. »

Elle retourna dans son bureau quelques instants. « Tiens, dit-elle en tendant un gros livre au petit garçon. Ca devrait te plaire. Tu sais ce qu'est le Quidditch ?

- Non.

- Tu aimeras. Non que j'approuve ce sport. C'est bien trop dangereux. » Elle jeta un coup d'?il significatif à Charlie, qui fit semblant de ne pas avoir écouté. « Dans les livres, de toute façon, ça ne peut pas faire de mal. Et, si tu as encore envie de te lever, tu peux, à condition de ne pas quitter la pièce. Et de mettre ça. » Elle déposa sur une chaise une paire de chaussons et une espèce de cape en laine noire. Puis elle s'en fut examiner la jambe de Charlie. Curieux, Harry ouvrit le livre. Il s'appelait : « initiation au Quidditch imagée ».

Lorsque il regarda la première illustration, le petit garçon faillit laisser tomber l'ouvrage : les personnages sur la photographie bougeaient ! Des hommes et des femmes, montés sur des balais, parcouraient l'image de long en large. Il lut les quelques lignes d'introduction rédigées en dessous de l'illustration.

Le Quidditch est un sport extrêmement populaire se jouant sur des balais volant. Une équipe est composée de sept joueurs : trois poursuiveurs, un gardien, deux batteurs et un attrapeur. Il se rappela la conversation surprise le matin entre les deux adolescents. Il se rappelait qu'ils avaient utilisé ces mots. Harry tourna la page. Successivement, il contempla des photos de joueurs des différentes positions, et lut les légendes indiquant quel était le rôle de chacun de ces joueurs. Il se demanda quelle sensation ça faisait de voler sur un balai. On devait se sentir tout léger, mais peut-être qu'on avait le vertige. Les pages suivantes montraient les man?uvres les plus courantes. Harry frémit en regardant un attrapeur plonger pour s'emparer de la petite balle dorée à quelques centimètres du sol.

A quatre heures et demi, Sarah demanda à Rémus de la remmener voir Harry.

« De toute façon, j'allais y aller, répondit-il. Dumbledore devait tout lui dire, aujourd'hui. Je vais enfin pouvoir lui parler de ses parents.

- Je ne voudrais pas m'incruster entre vous deux. Tu as peut-être envie de lui parler seul à seul.

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Tu ne nous dérangera pas du tout, et Harry sera content de te voir. » Comme la veille, ils prirent la poudre de cheminette chez Rémus. Lorsqu'ils arrivèrent à l'infirmerie, ils trouvèrent Harry plongé dans la lecture d'un énorme grimoire. Sa vue fit sourire Rémus.

« Alors, Harry, que penses-tu du Quidditch ? » L'enfant sursauta et leva les yeux vers les deux adultes. « Bonjour, » dit- il avec un sourire, que Sarah ne lui avait vu qu'en de rares occasions.

- Comment vas tu ? demanda-t-elle

- Bien, merci, répondit le petit garçon. » C'était vrai qu'il avait meilleure mine. Ses joues avaient repris des couleurs, et son visage semblait plus plein, bien qu'il n'ait pas pu beaucoup prendre de poids en si peu de temps. « J'ai une surprise pour toi, » annonça-t-elle. Elle sortit de son sac un paquet de cartes reliées par un élastique. Au dessus, un papier avait été rajouté, sur lequel on lisait : « Pour Harry ».

« Ce sont tes camarades qui les ont faites pour toi.

- C'est vrai ?

- Bien sûr. Elle prit un air outragé. Tu oses prétendre que je pourrais te raconter des bêtises ?

- Non, bien sûr. » Le visage mince s'était éclairé. « C'est juste que je ne pensais pas qu'ils feraient ça.

- Tu sais, nous sommes tous impatients que tu reviennes à l'école. Surtout Ann. Elle n'arrête pas de me demander si tu vas bien. » Avec un sourire éclatant, cette fois, Harry retira l'élastique et commença à regarder les cartes. « Si tu veux leur répondre demain, je t'ai apporté tes affaires. » Elle désigna le vieux sac de Harry posé à côté du lit. « Tu peux faire tes devoirs, aussi. On a fait de l'expression écrite, aujourd'hui. Le sujet était : Qu'est-ce que tu aimerais avoir pour Noël et pourquoi. Mais tu n'es pas obligé de le faire, ajouta-t-elle. Après tout, l'avantage quand on est malade est de ne pas avoir de devoirs. »

Elle remarqua alors que un jeune homme roux, dans le seul autre lit occupé, qui semblait écouter tout ce qu'ils disaient et leur jetait en continu des regards en coin. Sarah murmura quelque chose à ce sujet à l'oreille de Rémus.

« C'est parce que tu es moldue, répondit celui-ci. Tes vêtement, entre autres ne passent pas inaperçus. Les miens non plus, d'ailleurs. » Le garçon sembla alors remarquer qu'ils s'étaient aperçus de son manège, et, pour ne pas avoir l'air malpoli, il ouvrit un grimoire. Rémus s'approcha de lui.

« Bonsoir, dit-il. Vous m'avez l'air bien intéressé par ce qui se passe à côté.

Le garçon rougit. « Je suis désolé. Je ne voulais pas vous espionner, ni rien. C'est juste que la pièce est petite, donc j'entends tout ce que vous dites. Et je n'ai pas l'habitude de voir des moldus. Vous êtes l'oncle et la tante de Harry ?

- Vous savez pour Harry ?

- On a un peu parlé tout à l'heure. Mais je ne dirai rien. J'ai promis au professeur Dumbledore. » Rémus observa attentivement le jeune homme. « Ne seriez vous pas l'un des fils D'Arthur Weasley ?

- Si. Il tendit la main. Charlie Weasley, pour vous servir.

- Rémus Lupin. J'ai bien connu votre père autrefois. Je suppose qu'on peut vous faire confiance. Vous êtes à Griffondor, bien sûr ?

- Bien sûr. Et mes frères aussi. Vous êtes un sorcier ?

- Oui. Mais la jeune femme est moldue. C'est l'institutrice de Harry. Et si vous veniez vous joindre à nous au lieu de rester là à nous regarder ? »

Charlie grimaça. « Je me suis détruit la jambe. Au Quidditch. C'est pour cela que je suis ici. »

Rémus n'insista pas, et revint vers le lit de Harry. Pendant ce temps, le petit garçon avait continué à regarder les cartes. Quelque chose semblait le troubler. « Il n'y en a pas de Dudley, fit-il remarquer.

- Il n'était pas là, répondit Sarah. Sinon je suis sûre que lui aussi t'aurais écrit. Même Piers l'a fait.

- Je préfère que Dudley n'ait pas écrit, répondit Harry. Il n'aurait mis que des insultes. Pourquoi n'était-il pas à l'école ?

Sarah soupira. « Je crois qu'il ne viendra plus, répondit-elle. Ses parents ont décidé de le changer d'école. »

Harry n'insista pas. Il ne semblait pas attristé par la nouvelle, plutôt soulagé. Très soulagé, même, ce qui n'était pas vraiment surprenant. C'est à ce moment que Rémus revint vers eux. Il raconta sa conversation avec Charlie, et Sarah sourit au jeune homme. Quelques instants plus tard, les deux adultes quittèrent la pièce. Il commençait à être tard, et tous deux n'avaient que très peu dormi la nuit précédente.

« Tu ne lui as pas parlé de ses parents, fit remarquer Sarah, alors qu'ils prenaient une fois de plus le chemin du hall des départs et arrivées. Je n'aurais pas dû venir.

- Je n'ai pas voulu lui mettre des histoires sérieuses dans la tête. Jamais je n'avais vu Harry aussi vivant. Il était joyeux, ce soir. Presque comme n'importe quel enfant. Nous aurons le temps de parler de ça plus tard. »

Harry resta toute la semaine à l'infirmerie de Poudlard. Il allait bien, mais le laisser sortir revenait à le renvoyer chez les Dursley, et les adultes avaient retardé autant que possible ce moment. L'enfant occupait ses journées entre les livres que lui procurait l'infirmière, ses devoirs, et les visites de Rémus, Sarah, ainsi que de Charlie qui s'était pris d'affection pour le petit garçon et était revenu le voir souvent après que son pied ait été réparé. Mais à la fin du Week-end, le directeur de Poudlard estima qu'il était tant que Harry rentre chez lui. On avait installé un grand rideau qui séparait Harry du reste de l'infirmerie, empêchant les élèves qui venaient consulter de le voir, mais sa présence ne pouvait rester éternellement inaperçue. Le temps avait changé brusquement, une pluie glaciale tombait en permanence, et une épidémie de grippe s'était déclarée dans le collège, ce qui faisait que Mme Pomfresh recevait de plus en plus de visites.

De bonne heure, le lundi matin, Harry était habillé et attendait Rémus Lupin qui devait venir le chercher. Celui-ci arriva au bout de quelques minutes. Il prit le cartable de Harry, et saisit la main du petit garçon. Mme Pomfresh vint saluer son jeune patient.

« Attention, lui dit-elle. Tu vas mieux, mais si tu ne manges pas tous tes repas complètement, tu vas retomber malade. Compris ?

- Oui, madame.

- Il n'y aura pus de problème avec ça, dit Rémus. Nous l'avons fait comprendre aux Dursley. » Harry et Rémus se dirigèrent vers la salle des départs et arrivées. Harry était sidéré par ce qu'il découvrait. Le château dépassait tout ce qu'il aurait pu imaginer. La poudre de Cheminette lui fit l'effet d'une expérience désagréable, mais il ne dit rien. Ils atterrirent dans la demeure de Rémus.

« Installe toi, invita le surveillant. Nous avons le temps. Tu veux manger ou boire quelque chose ?

- Non, merci. J'ai déjà déjeuné.

- Puisque tu retournes à l'école, je t'ai acheté quelque chose qui devrait te servir. » Rémus sortit d'un tiroir un étui en toile. « Disons que c'est Noël en avance. J'espère qu'elles te vont. » Harry sortit de l'étui une paire de lunettes, rondes cerclées de métal noir. Harry les contempla un instant, puis les chaussa. Ce fut comme une révélation. Jusqu'alors, il n'avait pas remarqué à quel point le monde qui l'entourait était trouble. Tout à coup, il apparut d'une netteté presque effrayante. Une boule se forma dans sa gorge. Jamais personne n'avait été aussi attentif envers lui. Il ne se rappelait pas que les Dursley lui aient jamais acheté quelque chose.

« Merci, murmura-t-il.

- C'est normal, dit Rémus pour dissiper le trouble. Tu as le droit de voir, comme tout le monde. C'est Mme Pomfresh qui m'a dit la correction exacte qu'il te fallait. Elle ne s'est pas trompée, n'est-ce pas ? »

Un peu plus tard, ils se rendirent à l'école. Les autres enfants de l'école se montrèrent soulagés de revoir Harry, et gentils avec lui. Il passa la récréation avec Ann et son amie Céline, à discuter. Dudley n'étant plus là, plus personne ne craignait de s'afficher avec son cousin. A table, à midi, il dût reprendre son ancienne place, mais les membres restants de la bande se contentèrent de l'ignorer, et Harry était heureux d'avoir Rémus à ses côtés. Mais plus la journée avançait, plus Harry sentait sa nervosité grandir. Ce soir, il devrait retourner chez les Dursley, et ni Rémus ni personne ne serait là pour le protéger. A quatre heure et demi, contrairement à son habitude, la maîtresse les accompagna jusqu'à la grille. Harry scruta la foule des parents. La tante Pétunia n'était pas là. Rapidement, ses camarades rentrèrent chez eux, et Harry se retrouva seul.

« Ce n'est pas grave, dit Sarah. Je vais te ramener chez toi, d'accord ? Ta tante a dû oublier que tu revenais aujourd'hui. » L'enfant suivit la maîtresse en silence. Il était content qu'elle soit là, mais redoutait l'arrivée chez les Dursley. Sarah prit sa main pour le rassurer.

« Tout va bien se passer, dit-elle. Je suis sûre qu'ils seront très contents que tu reviennes. » Elle savait aussi bien que Harry que ce n'était pas vrai, mais comment expliquer à un enfant de huit ans que les seuls membres de sa famille encore en vie le détestaient ? Même s'il s'en était aperçu depuis des années, elle ne parvenait pas à lui en parler. Et puisqu'il devait vivre chez eux, autant faire comme s'ils avaient au moins un peu d'affection pour lui. Ils parlèrent peu pendant le trajet, chacun étant absorbé dans ses propres pensées. Puis, trop rapidement au goût de Harry, ils se retrouvèrent devant le jardin propret du 4, Privet Drive.

Sarah sonna à la porte d'entrée. Il n'y eut pas de réponse. Au bout de quelques instants, la voiture de la tante Pétunia s'engagea dans l'allée. Pétunia elle-même en descendit.

« Alors tu es revenu ? lança-t-elle sèchement à Harry, en lui lançant un regard dégoûté. Puis elle remarqua Sarah.

- je ne sais pas ce qu'il vous ont raconté, mais s'il reste encore un peu de bon sens en vous, vous feriez bien de vous désintéresser immédiatement de cet enfant, et de ce Lupin. Ces gens sont dangereux. »

Sarah ne voyait pas l'utilité de continuer à se montrer civile et conciliante avec la tante de Harry. Cette femme avait plus que montré son intolérance et sa cruauté. « Je vous ai ramené Harry que personne n'a pris la peine de venir chercher, dit-elle sèchement. Et ces gens, comme vous dites, se sont montrés tout à fait sympathiques. Quant à Harry, c'est un très gentil garçon, avec qui la vie s'est montrée particulièrement injuste. »

Le sous-entendu de cette phrase ne pouvait pas ne pas être compris par ceux qui auraient dû prendre soin de Harry. Elle sentit l'enfant serrer sa main plus fort et se tendre sous le regard perçant de sa tante. « Vous ne me reprocherez pas de ne pas vous avoir prévenue. Ma s?ur est allée dans cette école, et elle est devenue un vrai monstre. Mais parents ne s'en sont jamais rendus compte, ils étaient fiers qu'elle soit une sorcière ! fiers, vous entendez ! Mais quand ils sont tombés malades, elle n'a rien pu faire pour les aider, avec sa magie. Elle n'a sans doute même pas essayé. Et puis, un jour, quelqu'un l'a fait exploser. Comme ça. La seule chose qu'elle avait gagné de sa vie, c'est ça ! »

Elle tendit un doigt sévère vers Harry, qui s'était recroquevillé contre son institutrice. Sarah explosa :

« Vous rendez vous compte du mal que vous faites à cet enfant en parlant comme cela de lui et de ses parents ? Moi ce que j'ai vu, c'est que les sorciers sont des êtres humains. Quoi qu'ils vous aient fait, vous n'aviez pas le droit de faire payer Harry. Vous avez failli le tuer ! Rémus a été trop gentil avec vous. C'est son principal défaut. A sa place, je vous aurais changés en crapaud, vous et votre mari. »

La respiration sembla manquer à Pétunia. « Comment. comment osez vous venir chez moi me parler sur ce ton Je vous avais prise pour quelqu'un de bien, quelle erreur ! Heureusement que Dudley a été arraché à temps à vos griffes. Sortez de chez moi. Laissez ou emmenez ce garçon, je m'en moque. Après tout, qu'est-ce que ça peut me faire qu'il aille se faire tuer loin d'ici ?

- Vous savez très bien qu'on ne peut pas vous enlever Harry. Mais Rémus vous a déjà mis en garde. S'il est maltraité de quelque façon que ce soit, même verbalement, vous le paierez.

- Partez d'ici. Vous êtes sur une propriété privée. Et en tout cas, ne croyez pas que je vais me déranger pour venir chercher cet enfant dorénavant. De toute façon, je suis obligée d'aller chercher mon Duddy. Sa nouvelle école est plus loin. L'autre peut utiliser ses pieds. » Sur ce, elle extirpa son fils de la voiture, et rentra dans la maison. Harry n'avait pas lâché la main de son institutrice. Celle-ci essaya de se dégager.

« C'est ta famille, Harry. Je suis désolée mais tu ne peux pas rester avec moi. » Des larmes roulaient sur les joues du petit garçon. Elle le serra contre elle. Puis, elle le poussa à contrec?ur vers la porte. Harry rentra dans la maison d'un air résigné. Il savait que ce moment devait arriver. Mais c'est le c?ur lourd que Sarah rentra chez elle ce soir là.

Les jours suivants ne furent pas aussi terribles que Harry l'avait craint. Les Dursley l'ignoraient complètement, même Dudley ne s'amusait plus à le battre. Il avait maintenant suffisamment à manger, et on ne le chargeait plus d'aucune corvée. L'oncle Vernon avait heureusement replacé l'éclairage dans le placard sous l'escalier. Il pouvait passer les soirées à faire ses devoirs ou lire des livres empruntés dans la deuxième chambre de Dudley, ainsi que le livre sur le Quidditch qu'il avait eu le droit d'emporter.

A l'école, il était heureux. Les autres l'avaient adopté, et la maîtresse semblait aussi beaucoup l'aimer. Et puis, il y avait Rémus. Le loup garou avait fini par lui révéler qu'il avait connu ses parents, et il avait offert à Harry une photo d'eux. C'était la première fois que Harry les voyait. Et en parlant à quelqu'un qui avait été si proche d'eux, Harry comprenait enfin à quel point il avait été aimé à une époque. Le soir, Rémus le raccompagnait chez les Dursley.

Le premier week-end après le retour de Harry passa lentement, mais la pensée du lundi contribua à maintenir l'humeur du garçon au beau fixe. Le lundi, cependant, une pensée désagréable le frappa : à la fin de la semaine, c'était le début des vacances de Noël. Deux semaines complètes chez les Dursley. Et les jours se mirent à filer à une vitesse folle pour le petit garçon. Avant qu'il ne l'ai vu passer, il se retrouva vendredi après midi. Les autres travaillaient dans une ambiance de fête. Ils chantaient des airs de Noël et parlaient de tous les cadeaux qu'ils allaient recevoir. Sarah avait remarqué le silence de Harry. Elle s'approcha de lui et lui tendit un papier.

« Tiens, c'est mon numéro de téléphone. Si quelque chose ne va pas, tu peux m'appeler. Et je contacterai Rémus s'il le faut, d'accord ? Il sera à Poudlard, mais il va me prêter une chouette, pour que je puisse lui donner de tes nouvelles. Deux semaines, ça passera vite, tu verras. »



Voilà pour aujourd'hui.

Gros merci à tous les reviewers, vous êtes adorables (mais si vous continuez ma tête va finir par enfler ce qui serait très disgracieux).

Aliénor (et sa conscience) : merci à toutes les deux ( à Aliénor pour son entousiasme et à sa conscience pour sa compréhension). Votre review m'a bien fait rire.

Rose Potter : C'est qui l'inspecteur ? tu le sauras bientôt ( mais pas maintenant, c'est pas une fic à mystère, mais j'vais quand même pas tout révéler tout de suite). T'as raison pour les intentions, mais pas l'identité (malgré les cheveux blonds, j'avoue que j'y avais pas pensé en faisant la description). Je pense qu'il y aura neuf ou dix chapitres (peut-être neuf plus un épilogue).

Vaness : Ce qui arrive à Harry est siimplement la suite du traitement de choc des Dursley. Quant à savoir pourquoi Sirius a attaqué l'inspecteur... tout sera expliqué bientôt.

Hermichocos : Comme pour Rose ( puisque vous avez pensé à la même chose) : oui, tu as raison sur les intentions de l'inspecteur mais pas son identité.

Encore merci aux autres que je n'ai pas cités, ainsi qu'aux lecteurs anonymes.

Gros bisous à tous.