Disclaimer : rien à moi, tout à JKR, etc...
Chapitre 5 : retour chez les Dursley.
Les jours suivants ne furent pas aussi terribles que Harry l'avait craint. Les Dursley l'ignoraient complètement, même Dudley ne s'amusait plus à le battre. Il avait maintenant suffisamment à manger, et on ne le chargeait plus d'aucune corvée. L'oncle Vernon avait heureusement replacé l'éclairage dans le placard sous l'escalier. Il pouvait passer les soirées à faire ses devoirs ou lire des livres empruntés dans la deuxième chambre de Dudley, ainsi que le livre sur le Quidditch qu'il avait eu le droit d'emporter.
A l'école, il était heureux. Les autres l'avaient adopté, et la maîtresse semblait aussi beaucoup l'aimer. Et puis, il y avait Rémus. Le loup-garou avait fini par lui révéler qu'il avait connu ses parents, et il avait montré à Harry une photo d'eux. C'était la première fois que Harry les voyait. Et en parlant à quelqu'un qui avait été si proche d'eux, Harry comprenait enfin à quel point il avait été aimé à une époque. Le matin Rémus venait le chercher, le soir il le raccompagnait chez les Dursley.
Le premier week-end après le retour de Harry passa lentement, mais la pensée du lundi contribua à maintenir l'humeur du garçon au beau fixe. Le lundi, cependant, une pensée désagréable le frappa : à la fin de la semaine, c'était le début des vacances de Noël. Deux semaines complètes chez les Dursley. Et les jours se mirent à filer à une vitesse folle pour le petit garçon. Avant qu'il ne l'ait vu passer, il se retrouva vendredi après midi. Les autres travaillaient dans une ambiance de fête. Ils chantaient des airs de Noël et parlaient de tous les cadeaux qu'ils allaient recevoir. Sarah avait remarqué le silence de Harry. Elle s'approcha de lui et lui tendit un papier.
« Tiens, c'est mon numéro de téléphone. Si quelque chose ne va pas, tu peux m'appeler. Et je contacterai Rémus s'il le faut, d'accord ? Il sera à Poudlard, mais il va me prêter une chouette, pour que je puisse lui donner de tes nouvelles. Deux semaines, ça passera vite, tu verras. » Avant la sortie, elle distribua des enveloppes contenant les bulletins du premier trimestre.
En le raccompagnant, ce soir là, Rémus fit la même recommandation à Harry. Il ajouta : « préviens-moi si tu revois le chien, également. Et reste éloigné de lui. Bonnes vacances, Harry. »
Harry donna son bulletin à sa tante. A son grand soulagement, celle ci signa sans même le regarder. Le soir, au dîner, l'oncle Vernon annonça que sa s?ur Marge viendrait passer Noël avec eux, et qu'elle resterait passer la quinzaine avec eux. Pour la première fois depuis des semaines, il regarda Harry dans les yeux, et son ton se fit menaçant. « Toi, cracha-t- il, je ne veux aucune allusion à ce que tu sais. Et tu as intérêt à bien te conduire. Tu te crois peut-être protégé mais je suis encore le maître ici. » Le lendemain, la tante Marge arriva. Elle avait avec elle son nouveau chien, Molaire.
« Le pauvre petit, dit-elle d'une voix mielleuse, je n'ai pas pu me résoudre à le laisser au colonel Courtepatt avec les autres. C'est un homme charmant, mais il ne saurait pas prendre soin d'un bébé. Et Molaire est tellement joueur ! Je suis sûre que cela fera une saine compagnie pour ton petit Dudley, Pétunia. »
La tante Pétunia approuva, quoique d'un air peu convaincu. Le «bébé » en question était âgé de plus d'un an et avait atteint sa taille adulte, une taille plus que respectable.
Dudley, quant à lui, ne sembla pas du tout s'intéresser au chien, qui lui rendit son indifférence. Il était bien trop occupé à dévaster le jardin de la tante Pétunia. La veille de Noël, une épaisse couche de neige recouvrit Privet Drive. Harry fut désigné par la tante Marge pour aller déblayer l'allée, ce qu'il fit sans protester : cela lui permettait d'échapper à la compagnie de sa famille. Depuis le début des vacances, il était contraint de passer toutes ses journées au salon, en compagnie des adultes. Marge estimait en effet que ses défauts ne seraient jamais corrigés si on se contentait de les ignorer. Elle exigeait donc d'avoir l'enfant en permanence sous les yeux. Lorsqu'il revint, gelé, dans la maison, ce matin là, elle interrompit un instant la partie de Monopoly qu'elle faisait avec Dudley, en voyant qu'il se rapprochait du radiateur.
« Va plutôt t'asseoir là-bas, ordonna-t-elle en désignant une chaise à l'autre bout de la pièce. Le travail en plein air est bon pour toi, ça te renforce, mais ne va pas te ramollir près du feu. »
Harry passa la matinée à souffler sur ses doigts. Enfin, quand Dudley eut fini de ruiner sa tante (Harry se demandait comment il faisait pour compter ses sous au Monopoly, et le soupçonnait de tricher), il fut l'heure de déjeuner.
« Dudley fera un excellent homme d'affaire, plus tard, Vernon. On sent déjà qu'il ira loin. Qu'est-ce que tu as envie de faire quand tu seras grand, Duddy ?
- Je serai le directeur de Grunnings, avec papa. Et je gagnerai beaucoup d'argent, répondit le gros garçon. » Il eut droit à des sourires émus de sa mère. « C'est bien, fiston, commenta Vernon. Je n'en attendais pas moins de toi. La place t'attend.
- On voit tout de suite que vous élevez merveilleusement ce petit ange, continua Marge. Ce n'est certainement pas de votre faute si vous n'obtenez aucun résultat avec l'autre, là. Je me demande ce que l'on pourra bien faire de lui dans quelques années. Un miracle s'il ne devient pas délinquant précocement. Harry, qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? demanda Marge.
- Je ne sais pas, répondit Harry, prudemment.
- Ca ne m'étonne pas. Ton unique ambition est d'être une charge pour la société, n'est-ce pas ? Ne crois pas que Vernon et Pétunia continueront de d'entretenir quand tu seras adulte. Je n'ai jamais compris qu'ils ne t'aient pas envoyé directement dans un orphelinat. »
Harry ne répondit pas. Il pensa que trois jours s'étaient déjà écoulés, et qu'il n'en restait plus que treize avant la fin des vacances. Mais son silence ne refroidit pas Marge.
« Tu n'as rien à répondre à cela, n'est-ce pas ? A moins que tu n'envisages de devenir voleur ? Ce serait tout à fait dans ton genre.
- Non, murmura Harry. Je ne veux pas être voleur.
- Eh bien c'est déjà ça. Après tout, si tu veux vraiment travailler honnêtement, la neige n'était pas si mal balayée ce matin. Tu pourras toujours te faire homme de peine. Vernon, tu as pensé à le louer à des voisins ? Au moins, tu récupérerais un peu de l'argent dépensé pour lui, et il apprendrait que la vie n'est pas aussi facile qu'elle en a l'air.
- J'y ai pensé. Mais c'est interdit, il n'a pas l'âge légal pour travailler. Et je ne veux pas me brouiller avec mes voisins à cause d'une quelconque sottise de sa part. »
Ce soir là, la tante Pétunia avait préparé un repas de Noël, composé de foie gras, de dinde aux marrons, et de Pudding. Mais Harry se sentait incapable d'avaler la moindre bouchée. Il laissa le foie gras dans son assiette. « N'essaie pas de faire ton intéressant, gronda son oncle. Après, je suppose que tu vas aller te plaindre que nous ne te nourrissons pas assez !
- Allons, Vernon, intervint la tante Marge, ne gaspillons pas une telle nourriture. Peut-être est-il conscient qu'il ne la mérite pas. » Elle partagea le morceau de foie entre elle et Dudley, et laissa le toast sec sur l'assiette de Harry. « Eh bien, mon garçon, cela te paraît-il plus juste comme cela ?
Harry frissonna. Il était fatigué, il avait passé l'après-midi dehors dans la neige pour échapper à la tante Marge, et à son chien Molaire qui semblait avoir décidé de s'offrir Harry comme diner de Noël.
« Je n'ai pas faim, dit-il. Est-ce que je peux sortir de table, s'il vous plaît ?
- Ce petit voyou ne respecte rien, commenta la tante Marge. Noël est une fête de famille, c'est trop te demander de rester là et de te conduire correctement, pour une fois ?
Il était plus de minuit quand Harry put enfin regagner son placard, et se laisser tomber sur son lit, étrangement épuisé. Il s'endormit aussitôt, mais fit d'étranges cauchemars où se mélaient une intense lumière verte et un rire sinistre. Il se réveilla, en sueur, au bruit des pas de Dudley qui descendait l'escalier. Tout le placard tremblait quand le gros garçon projetait ses pieds sur les marches. Puis il y eut le cri poussé par son cousin en découvrant les paquets. Harry se pelotonna dans son lit. Il était bien, il avait chaud. Il fut surpris que personne ne vienne le réveiller, puis il comprit que ses oncle et tantes n'étaient pas encore descendus. Il se rappela que Noël était le seul matin où Dudley était le premier levé. Harry se demanda s'il y aurait un cadeau pour lui cette année. L'an passé, il avait eu droit à un stylo bic, ce qui l'avait enchanté puisque cela lui avait permis de cesser d'écrire avec les vieux stylos mangés par Dudley pendant un moment. Harry se retourna, et se coucha contre le mur. Ses yeux se fermèrent et il se rendormit. Son cadeau, si cadeau il y avait, attendrait.
Il fut réveillé de nouveau, un peu plus tard, par des coups frappés au placard.
« Harry ! appela la voix de son cousin. Maman dit qu'il faut que tu te lèves si tu veux déjeuner.
- Je viens », répondit Harry d'une voix rauque. Il n'avait pas faim, mais pensait à ce qu'il entendrait s'il osait ne pas se montrer. Harry se leva, à contrec?ur. Il se sentait mieux que la veille, sa tête et sa gorge le brûlaient. Il s'habilla d'un jean et du pull le plus chaud qu'il trouva, une horreur que Dudley mettait au ski, et se rendit à la cuisine. Marge était occupée à passer à Molaire le collier doré qu'elle lui avait acheté, et ne fit pas attention à lui.
Au moment où arriva dans la cuisine, Dudley était en train d'enfourner une énorme tranche de bacon. Il avait sur les oreilles un baladeur, probablement un de ses nombreux cadeaux, dont le son était poussé si fort que toute la famille en profitait. Après que Harry eut subi les remontrances de ses oncles et tantes pour son retard, sa tante lui servit un bol de chocolat. Lorsqu'il eut finit, Marge était partie au salon avec Vernon, et Dudley jouait dans sa chambre avec ses nouveaux jeux vidéo. Pour une fois, personne ne faisait attention à lui, et il décida de retourner dans son placard, profitant de ce rare moment de calme.
Harry s'étendit sur le lit et regarda une fois de plus le livre que lui avait donné Mme Pomfresh. Il ne lisait plus vraiment, il le connaissait par c?ur. Les pas lourds de Marge se firent entendre dans les escaliers, montant puis redescendant. Harry fut heureux d'être dans son placard à contempler un batteur tirer sur le gardien (la légende disait que c'était interdit tant que le souaffle n'avait pas atteint la zone de tir), et non avec le reste de la famille. Il en arriva à sa page préférée : celle où un attrapeur faisait un plongeon en piqué d'une dizaine de mètres pour attraper le Vif d'or. Ce devait être une sensation extraordinaire. A ce moment là, la porte du placard s'ouvrit brusquement et Harry n'eut que le temps de cacher son livre sous le matelas quand la tante Marge entra.
« Que fais-tu encore au lit à cette heure ? maugréa-t-elle.
- Rien, tante Marge, murmura-t-il.
- C'est justement ce qu'on te reproche, espèce de bon à rien. Lève- toi, fainéant, et viens au salon avec tout le monde. » Lentement, Harry rassembla ses jambes au bord du lit.
« Plus vite que ça ! rugit Marge en lui saisissant le poignet. On a pas idée d'être aussi mou. Ca ne m'étonne pas que tu sois aussi petit et maigre si tu passes toutes tes journées couché ! Regarde ton cousin, c'est un bel enfant qui deviendra grand et fort un jour. Toi, tu n'es qu'un petit avorton maladif. Si tu avais été un chiot, on t'aurait fait noyer, mais il semble que ces lois là ne s'appliquent pas aux hommes. »
A cette instant, une énorme araignée tomba du plafond, en plein sur la tante Marge qui se mit à gesticuler en poussant de petits cris perçants. Aussitôt, l'oncle Vernon arriva à son tour dans le placard. Il mit un certain temps à comprendre ce qui s'était passé, mais se figea lui aussi en apercevant l'énorme arachnide dans les cheveux de sa s?ur. Ce fut finalement Harry qui saisit l'araignée par une patte, froidement, et l'écrasa avec une de ses chaussures. Pas par pitié pour la Tante Marge, c'était plutôt amusant de la voir crier de terreur, mais parce qu'avec les deux adultes hurlant dans le placard, il avait l'impression qu'il ne lui resterait bientôt plus d'air pour respirer. Sans un mot de remerciement, ils s'en furent, encore tremblants. Mais quelques instants plus tard, la tante Pétunia vint, à son tour, dans le placard.
« Tu peux m'expliquer ce que tu fabriques ici, avec des monstres pareils ? Tu les cultives, c'est ça ?
- Non, tante Pétunia. Les araignées sont venues toutes seules. »
Elle jeta un coup d'?il à la pièce. « Sais-tu ce que signifie le mot ménage ? Ce placard a besoin d'être nettoyé. Dépêche-toi de te lever. » Obéissant, Harry se leva. Il se dirigea vers la cuisine, où étaient rangés l'aspirateur et les chiffons à poussière.
« Je vais le faire, intervint sa tante. Je te connais, tu va faire n'importe quoi. Ne reste pas dans mes jambes. »
A regret, Harry rejoignit les autres au salon. Il s'assit sur une chaise dans un coin. La tante Marge lui fit un sermon sur les assassins qui utilisent des araignées pour attaquer leur victime .
« Tu l'as fait exprès, n'est-ce pas ? J'ai bien vu comment tu as saisi cette bestiole, sans la moindre crainte. Tu la connais. Tu savais qu'elle était là et qu'elle allait me tomber dessus. Es-tu satisfait du résultat de ta petite plaisanterie ? Vernon, j'exige que cet enfant soit fouetté. Sans aucune indulgence. »
L'oncle Vernon jeta à Harry un regard féroce. Visiblement, cette idée n'était pas pour lui déplaire. Mais l'idée de la colère de Dumbledore le retint. Il haussa les épaules.
« Ca ne changerait rien. C'est un cas désespéré, dit-il. Harry, présente tes excuses à ta tante. »
- Je suis désolé, murmura Harry. Je ne pensais plus aux araignées. »
La tante Marge lui donna une gifle en réponse. Peu après, Pétunia revint dans le salon et sa belle s?ur commença une fois de plus à exposer ses théories sur Harry et les chiots petits et maigres. « Je me demande si c'est dans le sang. Pétunia, tu sais si ta s?ur et son mari étaient grands ?
- Ils faisaient tous deux une taille respectable, répondit la tante de Harry en soupirant. Mais ce n'étaient pas des gens très recommandables pour autant.
- Je m'en doute, ma chère. Je me demande comment ils s'y sont pris pour obtenir un enfant aussi désespéré. Il n'a même pas encore ouvert ses cadeaux de Noël, il faut croire que son esprit est particulièrement lent. » Elle se tourna alors vers Harry. « Eh bien, qu'attends-tu ? espères-tu pouvoir les rendre au Père Noël l'année prochaine ? »
Harry remarqua alors qu'il restait des paquets sous le sapin. Il se leva et se dirigea vers cet endroit : il ne s'attendait pas à grand chose, mais était content de voir qu'on ne l'avait pas complètement oublié. Il y avait deux paquets. L'un d'eux était un cube d'environ dix centimètres de côté, l'autre ressemblait à une pièce de monnaie. Chacun d'eux avait une étiquette portant son nom. Il ouvrit d'abord le plus petit. Il ne s'agissait pas d'une pièce de monnaie mais d'un bouton. Harry se demanda un moment ce qu'il pourrait bien en faire, étant donné qu'il n'avait pas de vêtement assorti, puis le mit dans sa poche. L'autre paquet contenait une boite de biscuits pour chiens. En retournant s'asseoir à sa place, il entendit la tante Marge murmurer à son frère : « C'est une marque que mes chiens n'aiment pas, que j'ai acheté par erreur. Il est tellement maigre que ça ne peut lui faire que du bien .»
Au bout d'un moment, Marge se retourna vers Harry :
« Eh bien, dit-elle, ça te ferait mal de sourire un peu ? On n'a jamais vu un enfant tirer une telle tête le jour de Noël ! Tes cadeaux ne te plaisent pas ?
- Si, ma tante, répondit Harry machinalement, sachant qu'il valait mieux éviter de se montrer trop mécontent de son sort.
- Ne mens pas, je vois bien que tu n'es pas satisfait. Mais, que veux-tu, le père Noël apporte toujours ce qu'ils souhaitent aux enfants sages. Peut- être faudrait-il que tu t'interroges sur ton comportement ».
Harry ne répondit pas. Il y avait longtemps qu'il ne croyait plus au Père Noël. Depuis que, lorsqu'il avait cinq ans, celui-ci lui avait apporté un vieux pull-over qu'il avait vu des dizaines de fois sur le dos de Dudley. Avant, il avait en effet passé des nuits à se demander pourquoi, même quand il essayait d'être très sage, le vieil homme ne lui apportait jamais rien. Il avait fini par conclure que c'était parce qu'il ne lui envoyait pas de lettre : à l'époque, il ne savait pas écrire et la tante Pétunia refusait de le faire pour lui. La tante Marge s'énervait de son manque de réactions :
« Alors, insista-t-elle, pourquoi penses tu que tu n'as pas reçu ce que tu avais demandé ?
- Je n'ai rien demandé, finit par répondre Harry. Et le Père Noël n'existe pas.
- Ah, tu t'es aperçu de ça, toi ? J'aurais cru que dans ce cas tu aurais au moins eu la décence de nous remercier pour tes présents. »
A cet instant, la sonnette de la porte d'entrée retentit. Vernon alla ouvrir. Des bribes de conversation parvinrent au salon.
« Bonjour Monsieur, fit une voix d'adolescent. On m'a chargé de remettre des paquets à un certain Harry Potter. C'est ici ?
- Oui, grogna l'oncle Vernon. Mais ils auraient pu utiliser la poste, comme tout le monde.
- La poste ne marche pas le jour de Noël, M'sieur. C'est pour ça que je me fais de l'argent de poche en distribuant des paquets. Voilà, M'sieur, tout ça pour vous. Celui ci, un homme vient de me le donner, à deux pas de chez vous. Joyeux Noël. »
Harry entendit la porte se refermer. Il se demandait d'où pouvait bien venir un paquet pour lui, et ce qu'il pouvait y avoir dedans. Vernon revint dans le salon. Il semblait furieux. Il jeta deux grosses boites entourées de papier cadeau dans le coin où Harry était assis. Dudley, qui venait d'entrer dans la pièce, regarda son père plein d'espoir, sûr que Harry allait subir les foudres de son oncle. Mais celui-ci se contint, et ne dit rien, juste : « file. Emmène ça dans ton placard. Et si la moindre de ces choses est anormale, je ne veux pas la voir, compris ? » alors que sa s?ur ouvrait la bouche pour protester.
Harry n'attendit pas d'entendre ce que disait la tante Marge. Il se dépêcha de ramasser les deux paquets et d'obéir à son oncle. Il se sentait joyeusement excité. Les cadeaux que l'on s'était donné tant de mal pour lui faire parvenir étaient sûrement plus valables qu'un bouton ou un paquet de biscuits pour chiens. Il referma la porte du placard derrière lui, et s'assit sur le lit. Il contempla les paquets qu'il avait posés à côté de lui. Il n'avait aucune idée de leur contenu, et ne savait lequel ouvrir en premier. L'un était recouvert d'un papier rouge couvert de bonhommes de neige, l'autre d'un papier étrange, d'une couleur oscillant entre le bleu et le jaune, sans verser dans le vert. Harry n'avait jamais rien vu d'aussi joli que ce papier. Il devina que son origine ne pouvait être que magique, et décida de l'ouvrir en premier. Le paquet contenait une boite en bois sculpté recouvert de feuilles d'or. Lorsque Harry l'ouvrit, il y découvrit un jeu de cartes. Il lut le mot qui y était joint :
Je sais que tu t'ennuies souvent. Ceci est un jeu de cartes version sorcier. Si tu le lui demandes, il t'expliquera les règles de certaines réussites. Tu peux aussi l'utiliser pour construire des châteaux. Mais attention : ce sont des cartes explosives (évite de te tenir trop près d'elles si tu ne veux pas être brûlé ). Le coffret est charmé pour que les cartes s'arrêtent d'exploser dès qu'elles sont à l'intérieur. N'oublie pas de les ranger, sinon elles mettrons de la cendre partout dans ta chambre.
Le mot n'était pas signé. Bien qu'intrigué par ce cadeau anonyme, Harry reporta son regard sur le deuxième paquet, et entreprit de déchirer le papier. A l'intérieur, il découvrit un cartable neuf, noir avec un logo : un balai monté par un sorcier. Un mot était accroché :
Pour que tu n'aies plus honte devant tes camarades. ( n'en veux pas à ta maîtresse, mais j'ai lu ta rédaction). Ouvre le, il y a deux ou trois petites choses à l'intérieur pour te soutenir pendant la fin des vacances. Joyeux Noël de Rémus Lupin P.S. : Le cartable vient d'un magasin pour moldus. N'aies pas peur de l'utiliser.
Heureux comme jamais peut-être il ne l'avait été, Harry ouvrit le sac. Il était plein de petits paquets. Ceux-ci étaient couverts de papiers animés qui trahissaient leur origine sorcière. Harry déballa une boite contenant un assortiment des bonbons les plus étranges qu'il ait jamais vu. Il y avait un mot avec, tracé à l'encre violette sur du parchemin . C'est une honte que Harry Potter n'ait jamais goûté la moindre friandise des sorciers. Voici un assortiment de celles que Ron (mon frère de ton âge) préfère. Fais attention aux dragées surprises de Bertie Crochue. Comme leur nom l'indique, elles sont surprises, c'est à dire que tu ne peux connaître leur parfum qu'en les goûtant. Certaines sont bonnes (tu peux tomber sur fraise ou chocolat), mais d'autres peuvent avoir des parfums plus étranges : épinard ou même crotte de nez (personnellement j'ai eu la chance de ne jamais tomber sur celle là). Il y a également des chocogrenouilles. Elles contiennent des cartes représentant des sorciers célèbres. Il paraît que l'une d'elle t'est dédiée. Enfin, j'ai ajouté des petits pâtés extraits du dernier paquet que ma mère m'a envoyé, elle les fait elle-même. Joyeux Noël.
Charlie Weasley.
Harry ouvrit une chocogrenouille. Il sortit la carte et mordit dans la friandise. La carte représentait le professeur Dumbledore, le vieux sorcier qui lui avait révélé ses origines. Il goûta également une dragée, mais la recracha immédiatement. Elle sentait le poisson.
Le dernier paquet était carré, et plat. Il s'agissait d'une photographie dans un cadre doré. Un jeune couple, l'homme aux cheveux noirs indisciplinés, et la femme avec des yeux verts pétillants de malice, lui souriait et faisait de grands signes de la main.
C'est une photo de mariage de tes parents. Ils auraient voulu qu'elle te revienne. Rémus.
« Merci », murmura Harry dans le vide. Sa gorge était nouée par l'émotion. C'était une chose splendide que Noël, quand des gens pensaient à vous.
La pensée de ces gens qui se souciaient de lui aida Harry à supporter la suite du séjour de Marge. Celle-ci aurait bien aimé savoir ce que contenaient les mystérieux cadeaux reçus par Harry, mais l'oncle Vernon détournait heureusement la conversation dès que sa soeur essayait d'aborder le sujet. Le principal problème du jeune sorcier, pendant cette période, était d'éviter le chien de Marge, qui était décidé à en finir avec l'enfant, et se précipitait en grondant pour lui mordre les mollets dès qu'il l'apercevait. Le nouvel an arriva, deux jours avant la fin des vacances, puis passa. Enfin, le jour tant attendu arriva. Il avait de nouveau neigé, et Harry descendit dans le jardin dégager un passage pour la voiture avant même d'y avoir été invité. Il ne voulait pas que la neige empêche la tante Marge de partir. Alors qu'il achevait sa tâche, un grondement le fit sursauter. Molaire se tenait devant lui, montrant les dents. Harry recula. Le chien avança.
L'enfant prit son courage à deux mains et brandit sa pelle devant lui, en un geste qu'il espérait menaçant. Mais la bête ne parut pas du tout intimidée, et elle se rapprocha de lui. Harry n'espérait pas que quelqu'un de la maison sortirait pour venir à son secours, et la rue était désespérément vide. Harry s'enfuit et se mit à courir, mais il sentit une masse le projeter en avant. Il sentit les crocs de Molaire commencer à lui déchirer l'épaule et se mit à crier. Et soudain, il entendit un mouvement dans les buissons, et un jappement sec, et sentit le poids du chien disparaître de son corps. Harry se retourna. Molaire luttait maintenant avec un autre chien, encore plus gros que lui. Harry reconnut immédiatement l'animal qui venait de le sauver : c'était celui qu'il avait appelé Noiraud.
Les rugissements des deux bêtes attirèrent les habitants du 4, Privet Drive. Marge poussa un hurlement et se précipita, armée d'un balai, au secours de son «bébé ». Mais dès qu'il vit les adultes apparaître, le chien noir s'enfuit ventre à terre. Harry se releva, le souffle court et l'épaule de son pull déchirée, mais indemne. Personne ne fit attention à lui. Tous étaient regroupés autour du chien de Marge qui, par miracle, ne semblait pas blessé non plus. Marge, choquée par ce qui venait de se passer, fut emmenée par Vernon dans le salon où il lui servit un verre de cognac, ainsi qu'à son chien. Peu après, l'oncle de Harry accompagna sa s?ur à la gare.
En ce dernier jour de vacances, Rémus Lupin se trouvait à Poudlard. Les nouvelles n'étaient pas bonnes. A part dans la cour de l'école, personne ne semblait avoir aperçu Sirius. Quand il avait amené Harry, inconscient, Rémus avait fini par avouer au directeur que ses anciens amis étaient des animagi. Albus n'avait pas paru en colère, mais son visage s'était creusé un peu plus, sous l'effet de l'inquiétude. Ce matin là, il recommanda à Rémus de redoubler de vigilance.
« Sous sa forme de chien, vous êtes le seul à pouvoir le reconnaître, Sirius. Il devient presque impossible de l'attraper. Et je suis d'autant plus inquiet que nous n'avons aucune idée de ce qu'il cherche à faire.
- C'est évident, Albus. Il veut s'en prendre à Harry !
- Il est après Harry, en effet, mais dans quel but ?
- Pour le tuer, évidemment ! C'est de Sirius Black que nous parlons.
- Non. Ce n'est pas seulement ça. Il aurait pu le tuer, ce jour là, quand il a attaqué l'inspecteur. Harry n'a pas semblé l'intéresser. Et même avant. D'après Harry, ils se sont retrouvés seuls tous les deux assez souvent. Ne vous énervez pas je ne met pas en cause votre surveillance, la plupart du temps Harry était chez les Dursley. En tout cas, tuer Harry ne semble pas intéresser Sirius. Il se contente d'être là.
- Il est sans doute devenu fou. Sept ans à Azkaban feraient cet effet à n'importe qui. S'il n'était pas déjà fou avant. Sinon, pourquoi aurait-il tué tous ces gens ?
- Nous n'aurons peut-être jamais la réponse à cette question. Mais une chose est sûre : Sirius Black n'a jamais été un homme patient. S'il avait voulu tuer Harry, ce serait fait, ou du moins il aurait essayé, depuis longtemps. Et s'il réside sous la forme d'un chien dans une petite ville de banlieue, je ne pense pas non plus que Black soit à l'origine des attaques de moldus qui se multiplient.
- Vous avez regardé du côté des mangemorts libérés ?
- Oui. Tous sont sous étroite surveillance du ministère, et aucun ne semble mêlé à ça. Fudge prétend toujours que c'est l'?uvre de Sirius Black. Il n'ira pas chercher plus loin tant que nous ne lui prouverons pas le contraire. Et il y a eu deux morts inexpliqués près d'une forêt. On prétend que c'est là que se cache ce qui reste de Voldemort.
- Et vous croyez à ces fariboles ? Voldemort est mort, non ?
- Non. Je n'ai jamais cru à sa mort. Nous n'avons jamais retrouvé de corps, et il était beaucoup trop près de l'immortalité pour disparaître ainsi.
- Vous pensez qu'il est revenu ? Que c'est lui qui est derrière tout ça ?
- Non. S'il était revenu, les mangemorts l'auraient senti. La marque de Séverus n'est pas redevenue visible, je lui ai posé la question. Mais si les mangemorts ont repris du service, je crains qu'ils ne cherchent à retrouver leur maître. Et sous son impulsion, ils se retrouveront très vite après Harry. S'ils ne le sont pas déjà.
- Je ne pourrai pas le protéger, Albus. Vous devez faire revenir Harry à Poudlard. Maintenant qu'il sait, pourquoi le garder dans le monde moldu ?
- Peut-être avez-vous raison, Rémus. Je suis bien conscient que vous n'êtes pas tout le temps avec Harry, et même quand vous êtes avec lui, vous ne pourrez pas lutter contre plusieurs mangemorts décidés à s'emparer de lui. Mais Poudlard n'est plus aussi sûr qu'avant. Je vous l'ai déjà dit il y a quelques mois, c'est encore plus vrai aujourd'hui.
- Demandez l'aide du ministère ! Fudge est concentré sur la menace que représente Sirius. Il ne refusera pas de protéger Harry si vous l'estimez nécessaire.
- Fudge est un incapable. Si je lui demande de protéger Harry, il l'entourera de Détraqueurs.
- C'est mieux que de le laisser se faire tuer !
- Peut-être. Mais je n'imagine pas l'effet qu'ils pourraient avoir sur un enfant de huit ans avec le passé de Harry. Et toute son école les sentira, même s'ils ne peuvent pas les voir. Et je n'ai aucune confiance en ces créatures. Lâchées dans la nature, elles feront des ravages.
- Demandez des Aurors à Fudge ! Ou n'importe quel sorcier du ministère ! Il y a forcément quelque chose à faire. On ne peut pas laisser Harry sans protection. Il quittera Privet Drive dès demain.
- J'en suis conscient. Et il y a en jeu bien plus que la survie de cet enfant. Si Harry meurt, c'est le moral de tout le peuple sorcier qui s'effondrera. Le mieux serait qu'il ne sorte plus de chez lui. C'est le seul endroit où il soit réellement en sécurité.
- L'école est obligatoire, Albus.
- Ne pourriez vous pas faire comprendre la situation à son institutrice ? Elle sait déjà presque tout.
- Mais c'est cruel de faire ça. Harry est malheureux à Privet Drive. Et nous ignorons combien de temps cette situation peut durer.
- Je me doutais que vous diriez ça. En ce cas, nous ne pouvons que renforcer les mesures de sécurité actuelles. Je vais installer des barrières pour empêcher de transplaner dans l'école, cette nuit. Et je vais vous envoyer des professeurs pour vous aider en dehors des heures de cours. Ils surveilleront les grilles de l'école. Le principal problème est qu'ils ne savent pas qui ils doivent guetter. Quant à vous, essayez de ne pas quitter Harry des yeux.
- Je suis obligé de passer un temps égal dans chaque classe.
- Je sais bien. Mais au moins pendant les récréations. Et donnez ceci à son institutrice. » Il tendit une boule de verre bleue. Dites lui de le toucher en cas de besoin. Ce globe transmettra un signal de détresse à tous les sorciers dans un rayon d'environ cent mètres. Il n'arrivera rien, Rémus. J'ai confiance en vous.
Le lendemain, à huit heures et demi, Sarah fit monter sa classe. Le nouveau cartable de Harry avait été admiré par ses camarades, peut-être certains cherchaient-ils à se rattraper pour s'être tant moqués de lui. L'enfant avait souri, un vrai sourire, comme elle ne lui en avait jamais vu jusqu'à son séjour à Poudlard, et elle était heureuse pour lui. Il le méritait amplement, après toutes ces années à souffrir en silence. Mais elle n'accorda pas à ces pensées beaucoup d'attention. Elle sentait dans sa poche le poids du globe de verre que Rémus lui avait donné ce matin. Elle repensait à la discussion qu'ils avaient eue. Bien qu'elle soit moldue, comme il disait, le sorcier ne lui avait rien caché de la complexité de la situation. Il y avait tant de choses qui pouvaient mal tourner, qu'il voulait minimiser les risques et avait demandé son aide. Ainsi, il y avait après Harry non seulement un mage noir évadé de prison et complètement fou, mais probablement aussi d'autres dont on ne connaissait pas l'identité. D'autres sorciers étaient à présent posté aux grilles de l'école. Pourtant, elle n'avait vu personne en arrivant, mais ils devaient avoir des moyens de camouflage exceptionnels.
Harry était plongé dans une conversation avec sa voisine. Depuis le départ de son cousin, il ressemblait de plus en plus aux autres enfants. Il était complètement inconscient des menaces qui pesaient sur sa tête, et c'était mieux ainsi. Pour sa part, Sarah se sentait un peu nerveuse, mais elle n'avait pas réellement peur. Rémus n'aurait pas exposé le fils de son ami à un trop grand danger. Et la boule de verre qu'il lui avait donnée la reliait à lui. En cas de danger, il accourrait immédiatement et cette pensée suffisait à la rassurer. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher, en distribuant les cahiers, de scruter la porte, d'épier le moindre bruit de pas. Quand elle avait choisi l'enseignement, beaucoup de ses amies lui avaient dit que c'était un métier pantouflard, répétitif. Pour sa première année, elle estimait quant à elle qu'il lui avait apporté plus que sa part d'aventure.
Dans la pièce voisine, dans la classe de CP de Régine, Rémus s'efforçait de faire tenir les petits tranquilles, en attendant l'arrivée de leur institutrice, retenue par la maladie d'un de ses enfants. Il n'était pas tranquille. Lui non plus ne pouvait s'empêcher de guetter le moindre bruit. Il pensait à Sarah, également, au courage qu'elle avait montré quand il lui avait parlé. Jusque là, il n'y avait pas réfléchi, mais elle pouvait se mettre elle-même en danger si elle essayait de protéger Harry. Il était coupable de l'avoir entraînée là dedans. A la réflexion, aucun des camarades de Harry n'était réellement à l'abri non plus. Si quelque chose leur arrivait, il ne se le pardonnerait jamais.
Dix heures sonnèrent. Il laissa sortir les élèves qu'il gardait, et attendit pour descendre de voir s'ouvrir la porte de la classe voisine. Harry fut un des derniers à sortir. Il sourit en voyant Rémus, et se précipita vers lui.
« Merci ! s'écria-t-il. Je n'avais jamais vu d'aussi beaux cadeaux !
Rémus sourit à son tour. « Je suis content qu'ils t'aient plu.
- Vous remercierez Charlie pour moi, pour les bonbons.
- Bien sûr. Alors, tu as passé de bonnes vacances, Harry ? »
Le visage de l'enfant se ferma aussitôt, et l'étincelle d'enthousiasme disparut de ses yeux. « Ca a été, répondit-il. Les Dursley m'ont laissé tranquille, et ils m'ont donné à manger.
- Tant mieux. Il ne s'est rien passé d'anormal, pendant ces quinze jours ? Tu n'as pas revu le chien au moins ? » Rémus vit l'enfant hésiter. Aussitôt, une vague d'inquiétude déferla en lui.
« Harry, le pressa-t-il. Est-ce que tu as revu ce chien ?
- Oui, avoua l'enfant.
- Pourquoi n'as tu pas appelé Sarah ? Cet animal est dangereux, je te l'ai déjà dit.
- Mais il n'a pas été méchant avec moi. Au contraire, il m'a sauvé de Molaire ! »
Il raconta au surveillant ce qui s'était passé la veille. Rémus repensa à ce qu'avait dit Dumbledore, de plus en plus perplexe. « Harry, dit-il sérieusement, si tu le revois, même s'il ne te paraît pas méchant, je veux que tu nous préviennes. Il faut que nous le rattrapions. Il s'est sauvé, tu comprends ?
- Mais qu'est-ce que vous allez lui faire, si vous l'attrapez ?
- Ce sont des problèmes d'adultes. S'il est vraiment gentil, nous ne lui ferons pas de mal. Et, Harry, quand tu es chez ton oncle et ta tante, tu n'es pas censé sortir dans la rue. En aucun cas. C'est trop dangereux.
- Tu es fâché contre moi ?
- Non, soupira Rémus, toute sa sévérité envolée devant ce regard anxieux. Je ne suis pas fâché contre toi. J'ai peur pour toi. »
Harry ne pouvait pas comprendre. Il ne savait pas pour Sirius, pour les mangemorts, pour ses parents. C'est pourquoi, il fut plus que surpris quand l'enfant demanda :
« Rémus, le chien, il est magique, n'est-ce pas ? Ce n'est pas vraiment un chien ?
- En effet.
- Quand je lui parlais, j'avais l'impression qu'il comprenait tout ce que je lui disais. Est-ce qu'il sait parler ?
- C'est possible. Il comprend ce qu'on dit, et il est aussi intelligent qu'un homme. Je t'ai dis que je le connaissais. C'était mon ami, il y a très longtemps. Et un jour, il m'a trahi. Il a tué des gens que j'aimais. On ne peut pas lui faire confiance. C'était un ami de Voldemort, tu comprends ? »
L'enfant parut songeur. « Oui, répondit-il enfin. Mais si je le vois, si j'appelle, et s'il attaque quelqu'un d'autre ? S'il t'attaque toi, ou la maîtresse, comme il l'a fait avec l'inspecteur et Molaire ? Ce sera de ma faute.
- Tu es bien comme ton père, toi. Tu n'es pas responsable de ce qui peut nous arriver. Ta maîtresse et moi sommes des adultes. C'est aux adultes de protéger les enfants. Pas l'inverse. Arrête de penser à tout ça. Tu es très bien protégé, ne t'inquiète pas. »
Le soir, Rémus informa Dumbledore de ce qui s'était passé entre Molaire et la forme animagus de Sirius. Il avait banni de son vocabulaire le nom Patmol, appellation affectueuse du chien noir lors de leurs années d'école, lorsque Sirius avait trahi James. Le vieux directeur ne parut pas surpris.
« Cela confirme ce que je pensais. Sirius ne cherche pas à tuer Harry. On dirait même qu'il cherche à l'aider. Il était à ses côtés quand il était malheureux, il l'a défendu contre l'attaque du chien. Que savez vous de cet inspecteur ?
- C'est un moldu. Vous ne pensez quand même pas qu'il aurait essayé de s'en prendre à Harry ?
- je me le demande. Sirius n'est pas fou. C'est volontairement qu'il l'a attaqué. Et Sarah dit qu'elle l'a suivi parce qu'il emmenait Harry dans la mauvaise direction, n'est-ce pas ?
- Il ne connaissait pas l'école.
- Peut-être, il n'empêche que cette erreur l'a conduit en face des grilles d'entrée. Si Sirius n'était pas intervenu, il aurait pu l'emporter loin d'ici. Sans que personne ne tente de l'en empêcher. Méfiez-vous s'il revient dans l'école.
Les jours passèrent sans nouveaux événements. Même les nouvelles que Rémus recevaient de Poudlard étaient calmes. Il n'y avait plus d'attaques de moldus ni de sorciers. Alors que janvier, puis février s'écoulaient, le monde sorcier commença à se dire que tout cela n'avait été qu'une fausse alerte, un mouvement de panique injustifié provoqué par l'évasion de Sirius Black. Pendant la pause déjeuner, un peu plus tard, Sarah s'approcha de Rémus, qui surveillait Harry du coin de l'?il en mettant en place une partie de football.
« Je peux te parler un instant ?
- Bien sûr. Les enfants, commencez sans moi, je reviens. »Il y eut quelques murmures de déception vite étouffés. Les deux adultes s'éloignèrent de quelques pas.
« La directrice organise une sortie dans les bois avant les vacances de Pâques.
- Une sortie ?
- On organiserait un grand jeu de piste, dont le but serait de trouver des ?ufs et autres friandises en chocolat. C'est une bonne idée, les enfants seraient ravis. Tout le monde est très favorable à cette idée.
- Pas toi ?
- Oh si ! Mais est-ce que c'est prudent d'emmener Harry là-bas ? Tout peut arriver dans une forêt.
- Nous devrons faire très attention, c'est tout. J'essaierai de m'arranger pour rester avec lui. Les enfants ne se promèneront pas tout seuls, n'est- ce pas ?
- Ce n'est pas encore décidé. Mais je suppose que non, en effet. De toute façon, il n'y a rien que je puisse faire pour annuler cette sortie, même si j'en avais envie. En tant que dernière arrivée, mes pouvoirs sont assez limités. Et, pour l'inspecteur, j'ai demandé à mes collègues. Il semble avoir surgi de nulle part au début de l'année. Et il semble que personne ne l'ait jamais vu, même dans les écoles voisines, à part le jour où il est venu ici. C'est vraiment étrange. - Merci. Dumbledore avait raison. Comme toujours.
- De rien. Je suis contente d'avoir pu être utile. Je me sens tellement impuissante !
- Tu ne l'es pas. Je ne sais pas où nous en serions aujourd'hui si tu ne t'étais pas montrée aussi compréhensive.
- Rémus ?
- Oui, qu'y a-t-il ?
- Je m'inquiète pour toi. Tu as de nouveau l'air épuisé. Entre Harry, la surveillance des enfants, les aller-retour à Poudlard, je crois que tu en fais trop. Tu vas tomber malade.
- Je ne peux pas m'arrêter. Trop de choses dépendent de moi. Mais, ne t'inquiète pas. J'irai mieux la semaine prochaine.
- Comment peux-tu en être aussi sûr ? Tu as une mine plus épouvantable chaque jour. Même Harry l'a remarqué. Il m'a demandé si tu étais malade. Le mois dernier, tu avais déjà l'air malade, mais c'est bien pire cette fois- ci.
- C'est passé, n'est-ce pas ? Ce sera pareil cette fois ci.
- Tu es vraiment malade ? »
Il ne pouvait pas lui dire la vérité, mais essaya de trouver une réponse qui ne soit pas vraiment un mensonge. Elle le saurait s'il mentait.
- Oui, dit-il, je suis malade. C'est une maladie magique, que tu ne dois donc pas connaître, et qui se manifeste tous les mois.
- Un peu comme ce qu'ont les femmes, tous les mois ?
- Je ne suis pas une femme ! » Dit Rémus surpris et choqué qu'elle ait pu penser à ça. Mais il vit qu'elle souriait, amusée de l'effet de sa plaisanterie. « C'est différent. Je suis en quelque sorte allergique à la pleine lune. C'est elle qui me rend malade. Et plus elle visible, plus la crise est forte. Le mois dernier, il y avait des nuages. Ca pouvait aller. Mais ce mois ci, le ciel est clair. Et c'est extrêmement difficile pour moi.
- Si tu veux que je te remplace pendant une récré ou autre chose, n'hésite pas.
- Merci. Mais ça va aller. Ce devrait être fini dès ce soir. »
Un soir de la fin du mois de février, Harry rentra pour trouver le 4, Privet Drive en crise. Dudley avait été renvoyé de son école pour s'être battu. L'oncle Vernon, rentré exceptionnellement tôt, était écarlate. La tante Pétunia pleurait dans un coin. Dudley semblait le seul à peu près calme. Il ne manifestait pas le moindre signe de remords ou de contrition. Harry se dépêcha de gagner son placard et de se mettre à ses devoir, espérant se faire oublier. Mais cet espoir était vain. Bientôt, la porte de son refuge fut ouverte violemment.
« Toi ! rugit l'oncle Vernon. Tout ça, c'est de ta faute ! Sans toi, jamais nous n'aurions été obligés de changer Dudley d'école pour le mettre dans cet établissement ! Vois à quoi ça a mené ! tu es fier de toi, n'est-ce pas ? Je suppose que ton seul but dans la vie est de nous causer le plus de nuisances possibles ?
Harry jugea préférable de ne pas répondre pour ne pas attiser la colère de son oncle. Ce fut une erreur.
« Réponds moi quand je te parle, mon garçon ! Ne va pas t'imaginer que parce que tu es désormais protégé par quelques énergumènes tu peux tout te permettre sous mon toit. Tu mériterais que je te chasse d'ici. Qu'ils se débrouillent tout seuls pour assurer ta protection. Et si tu finissais par te faire tuer, ce n'est pas moi qui pleurerai à ton enterrement ! »
Sur ce, il claqua la porte et retourna au salon. Harry ferma les yeux, soulagé que la crise soit passée sans trop de mal. Il se moquait de ce que pouvait dire son oncle. Il y était tellement habitué que cela lui passait par dessus la tête. Mais lorsque Pétunia l'appela pour dîner (qui consistait en un bout de pain et de fromage, vu que sa tante n'avait pas eu le courage, dans son affliction, de faire autre chose), il déchanta. Aucune autre école privée n'avait accepté de prendre Dudley, à cause de son dossier, et il était hors de question de le renvoyer dans le quartier tant que toute cette bande d'anormaux seraient là. Ils avaient finalement trouvé une jeune voisine qui acceptait de passer tous les soirs, entre dix sept et vingt heures, donner des cours à l'enfant.
« Et je ne veux pas un bruit de ta part pendant ce temps. Tu as fait assez de mal comme ça. Il est hors de question qu'elle s'aperçoive de ton existence. Si tu n'es pas rentré dans ton placard au moment où elle arrive, tu resteras dehors jusqu'à ce qu'elle s'en aille. Et tu peux dire ça à ton protecteur de malheur, je m'en moque ! »
Rémus prit la nouvelle avec philosophie. « Il ne nous reste plus qu'à nous dépêcher de rentrer. Je n'aimerais pas te savoir dehors jusqu'à huit heures du soir. Et on essaiera de trouver de quoi occuper tes soirées. »
Par contre, il faillit se précipiter chez les Dursley pour assassiner Vernon le jour où Harry lui apprit ce qu'ils avaient projeté pour les vacances de Pâques.
La tante Pétunia avait décrété que la vie de Dudley manquait de distractions, depuis qu'il n'avait plus de camarades de son âge. Ils avaient donc décidé de l'emmener pour une semaine, pendant les vacances de printemps, dans un parc d'attraction aux Etats Unis. Une grosse transaction réalisée par l'oncle Vernon leur avait donné la possibilité financière de réaliser ce projet. Mais bien entendu, il n'était pas question d'emmener Harry (si cela avait été le cas, Rémus aurait quand même sauté au plafond : Harry n'était en sûreté qu'à Privet Drive). Ils avaient apparemment projeté de confié Harry à une voisine, Mrs Figgs.
« Cela arrive souvent que Mrs Figgs te garde ? demanda Rémus à Harry.
- Dès que les Dursley s'en vont.
- En quel langue faut-il leur expliquer pour qu'ils comprennent qu'ils ne peuvent pas s'absenter pour l'instant ? Il faut que je parle à Dumbledore. Les vacances sont dans à peine trois semaines, et nous ne pouvons pas obliger ta famille à rester si elle tient vraiment à ce voyage. »
Dans les jours qui suivirent, ils n'eurent pas l'occasion de reparler de ce sujet. Peu après cette discussion, Sarah annonça à ses élèves que, le jour des vacances, toute l'école participerait à un grand jeu de piste, pour fêter Pâques. Il y eut des explosions de joie, et l'institutrice dût menacer ses élèves de les priver de sortie pour ramener le calme.
Avec ce chapitre, on atteint la moitié de l'histoire (déja...) C'est un chapitre que je n'ai pas aimé écrire, et que je n'aime toujours pas beaucoup, mais comme j'en ai assez d'essayer de le modifier, et que la suite est écrite, j'ai fini par vous le mettre. J'espère que ça vous a plu quand même.
Merci pour toutes les gentilles reviews du chapitre précédent. Vous êtes bien trop gentils. En plus, y parait qu'y en a qui me font de la pub !(Rose et The frensh Padfoot , merci.)
Bon, le moins que je puisse faire, c'est de répondre aux questions que certains se posent.
Pam Phenixia Potter : Je t'aurais bien répondu, mais je crois que tout était dans le chapitre... Harry n'est pas retourné à Poudlard, mais ça ne devrait pas tarder.
Majandra : On a un peu vu Sirius dans ce chapitre, et on le reverra dans le suivant. Normalement, il devrait se dévoiler au chapitre sept (Clem, tu n'auras pas longtemps à patienter).
Lunard : Je n'update pas à fréquence fixe : entre deux et cinq jours environ jusque maintenant.
The frensh Patfoot : désolée pour les erreurs, si certaines te gènent vraiment, tu pourrais m'envoyer la liste (et j'essaierai de les corriger) ?
Mattéic : Oui, tu dois avoir raison. Je devrais peut-être arranger la suite pour que l'inspecteur soit Lockhart... Mais il ne s'est pas vanté une seule fois pendant le temps qu'il a passé à l'école. En tout cas, comme je l'ai écrit un peu plus haut, on en est à la moitié de l'histoire (celle où, malheureusement, l'inspecteur n'est pas Lockhart.)
Hermichocos : Ben non, Rem sait pas encore tout. Mais il commence à se poser des questions, et il va s'en poser de plus en plus (surtout qu'au prochain chapitre... non, comme je suis méchante je ne dirai rien.) Merci d'adorer.
Rose Potter : T'inquiète pas pour l'inspecteur, on en saura plus très bientôt. On connaît de nom.
Merci aussi aux éventuels lecteurs invisibles...
Je vous embrasse tous très fort
Antares.
Chapitre 5 : retour chez les Dursley.
Les jours suivants ne furent pas aussi terribles que Harry l'avait craint. Les Dursley l'ignoraient complètement, même Dudley ne s'amusait plus à le battre. Il avait maintenant suffisamment à manger, et on ne le chargeait plus d'aucune corvée. L'oncle Vernon avait heureusement replacé l'éclairage dans le placard sous l'escalier. Il pouvait passer les soirées à faire ses devoirs ou lire des livres empruntés dans la deuxième chambre de Dudley, ainsi que le livre sur le Quidditch qu'il avait eu le droit d'emporter.
A l'école, il était heureux. Les autres l'avaient adopté, et la maîtresse semblait aussi beaucoup l'aimer. Et puis, il y avait Rémus. Le loup-garou avait fini par lui révéler qu'il avait connu ses parents, et il avait montré à Harry une photo d'eux. C'était la première fois que Harry les voyait. Et en parlant à quelqu'un qui avait été si proche d'eux, Harry comprenait enfin à quel point il avait été aimé à une époque. Le matin Rémus venait le chercher, le soir il le raccompagnait chez les Dursley.
Le premier week-end après le retour de Harry passa lentement, mais la pensée du lundi contribua à maintenir l'humeur du garçon au beau fixe. Le lundi, cependant, une pensée désagréable le frappa : à la fin de la semaine, c'était le début des vacances de Noël. Deux semaines complètes chez les Dursley. Et les jours se mirent à filer à une vitesse folle pour le petit garçon. Avant qu'il ne l'ait vu passer, il se retrouva vendredi après midi. Les autres travaillaient dans une ambiance de fête. Ils chantaient des airs de Noël et parlaient de tous les cadeaux qu'ils allaient recevoir. Sarah avait remarqué le silence de Harry. Elle s'approcha de lui et lui tendit un papier.
« Tiens, c'est mon numéro de téléphone. Si quelque chose ne va pas, tu peux m'appeler. Et je contacterai Rémus s'il le faut, d'accord ? Il sera à Poudlard, mais il va me prêter une chouette, pour que je puisse lui donner de tes nouvelles. Deux semaines, ça passera vite, tu verras. » Avant la sortie, elle distribua des enveloppes contenant les bulletins du premier trimestre.
En le raccompagnant, ce soir là, Rémus fit la même recommandation à Harry. Il ajouta : « préviens-moi si tu revois le chien, également. Et reste éloigné de lui. Bonnes vacances, Harry. »
Harry donna son bulletin à sa tante. A son grand soulagement, celle ci signa sans même le regarder. Le soir, au dîner, l'oncle Vernon annonça que sa s?ur Marge viendrait passer Noël avec eux, et qu'elle resterait passer la quinzaine avec eux. Pour la première fois depuis des semaines, il regarda Harry dans les yeux, et son ton se fit menaçant. « Toi, cracha-t- il, je ne veux aucune allusion à ce que tu sais. Et tu as intérêt à bien te conduire. Tu te crois peut-être protégé mais je suis encore le maître ici. » Le lendemain, la tante Marge arriva. Elle avait avec elle son nouveau chien, Molaire.
« Le pauvre petit, dit-elle d'une voix mielleuse, je n'ai pas pu me résoudre à le laisser au colonel Courtepatt avec les autres. C'est un homme charmant, mais il ne saurait pas prendre soin d'un bébé. Et Molaire est tellement joueur ! Je suis sûre que cela fera une saine compagnie pour ton petit Dudley, Pétunia. »
La tante Pétunia approuva, quoique d'un air peu convaincu. Le «bébé » en question était âgé de plus d'un an et avait atteint sa taille adulte, une taille plus que respectable.
Dudley, quant à lui, ne sembla pas du tout s'intéresser au chien, qui lui rendit son indifférence. Il était bien trop occupé à dévaster le jardin de la tante Pétunia. La veille de Noël, une épaisse couche de neige recouvrit Privet Drive. Harry fut désigné par la tante Marge pour aller déblayer l'allée, ce qu'il fit sans protester : cela lui permettait d'échapper à la compagnie de sa famille. Depuis le début des vacances, il était contraint de passer toutes ses journées au salon, en compagnie des adultes. Marge estimait en effet que ses défauts ne seraient jamais corrigés si on se contentait de les ignorer. Elle exigeait donc d'avoir l'enfant en permanence sous les yeux. Lorsqu'il revint, gelé, dans la maison, ce matin là, elle interrompit un instant la partie de Monopoly qu'elle faisait avec Dudley, en voyant qu'il se rapprochait du radiateur.
« Va plutôt t'asseoir là-bas, ordonna-t-elle en désignant une chaise à l'autre bout de la pièce. Le travail en plein air est bon pour toi, ça te renforce, mais ne va pas te ramollir près du feu. »
Harry passa la matinée à souffler sur ses doigts. Enfin, quand Dudley eut fini de ruiner sa tante (Harry se demandait comment il faisait pour compter ses sous au Monopoly, et le soupçonnait de tricher), il fut l'heure de déjeuner.
« Dudley fera un excellent homme d'affaire, plus tard, Vernon. On sent déjà qu'il ira loin. Qu'est-ce que tu as envie de faire quand tu seras grand, Duddy ?
- Je serai le directeur de Grunnings, avec papa. Et je gagnerai beaucoup d'argent, répondit le gros garçon. » Il eut droit à des sourires émus de sa mère. « C'est bien, fiston, commenta Vernon. Je n'en attendais pas moins de toi. La place t'attend.
- On voit tout de suite que vous élevez merveilleusement ce petit ange, continua Marge. Ce n'est certainement pas de votre faute si vous n'obtenez aucun résultat avec l'autre, là. Je me demande ce que l'on pourra bien faire de lui dans quelques années. Un miracle s'il ne devient pas délinquant précocement. Harry, qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? demanda Marge.
- Je ne sais pas, répondit Harry, prudemment.
- Ca ne m'étonne pas. Ton unique ambition est d'être une charge pour la société, n'est-ce pas ? Ne crois pas que Vernon et Pétunia continueront de d'entretenir quand tu seras adulte. Je n'ai jamais compris qu'ils ne t'aient pas envoyé directement dans un orphelinat. »
Harry ne répondit pas. Il pensa que trois jours s'étaient déjà écoulés, et qu'il n'en restait plus que treize avant la fin des vacances. Mais son silence ne refroidit pas Marge.
« Tu n'as rien à répondre à cela, n'est-ce pas ? A moins que tu n'envisages de devenir voleur ? Ce serait tout à fait dans ton genre.
- Non, murmura Harry. Je ne veux pas être voleur.
- Eh bien c'est déjà ça. Après tout, si tu veux vraiment travailler honnêtement, la neige n'était pas si mal balayée ce matin. Tu pourras toujours te faire homme de peine. Vernon, tu as pensé à le louer à des voisins ? Au moins, tu récupérerais un peu de l'argent dépensé pour lui, et il apprendrait que la vie n'est pas aussi facile qu'elle en a l'air.
- J'y ai pensé. Mais c'est interdit, il n'a pas l'âge légal pour travailler. Et je ne veux pas me brouiller avec mes voisins à cause d'une quelconque sottise de sa part. »
Ce soir là, la tante Pétunia avait préparé un repas de Noël, composé de foie gras, de dinde aux marrons, et de Pudding. Mais Harry se sentait incapable d'avaler la moindre bouchée. Il laissa le foie gras dans son assiette. « N'essaie pas de faire ton intéressant, gronda son oncle. Après, je suppose que tu vas aller te plaindre que nous ne te nourrissons pas assez !
- Allons, Vernon, intervint la tante Marge, ne gaspillons pas une telle nourriture. Peut-être est-il conscient qu'il ne la mérite pas. » Elle partagea le morceau de foie entre elle et Dudley, et laissa le toast sec sur l'assiette de Harry. « Eh bien, mon garçon, cela te paraît-il plus juste comme cela ?
Harry frissonna. Il était fatigué, il avait passé l'après-midi dehors dans la neige pour échapper à la tante Marge, et à son chien Molaire qui semblait avoir décidé de s'offrir Harry comme diner de Noël.
« Je n'ai pas faim, dit-il. Est-ce que je peux sortir de table, s'il vous plaît ?
- Ce petit voyou ne respecte rien, commenta la tante Marge. Noël est une fête de famille, c'est trop te demander de rester là et de te conduire correctement, pour une fois ?
Il était plus de minuit quand Harry put enfin regagner son placard, et se laisser tomber sur son lit, étrangement épuisé. Il s'endormit aussitôt, mais fit d'étranges cauchemars où se mélaient une intense lumière verte et un rire sinistre. Il se réveilla, en sueur, au bruit des pas de Dudley qui descendait l'escalier. Tout le placard tremblait quand le gros garçon projetait ses pieds sur les marches. Puis il y eut le cri poussé par son cousin en découvrant les paquets. Harry se pelotonna dans son lit. Il était bien, il avait chaud. Il fut surpris que personne ne vienne le réveiller, puis il comprit que ses oncle et tantes n'étaient pas encore descendus. Il se rappela que Noël était le seul matin où Dudley était le premier levé. Harry se demanda s'il y aurait un cadeau pour lui cette année. L'an passé, il avait eu droit à un stylo bic, ce qui l'avait enchanté puisque cela lui avait permis de cesser d'écrire avec les vieux stylos mangés par Dudley pendant un moment. Harry se retourna, et se coucha contre le mur. Ses yeux se fermèrent et il se rendormit. Son cadeau, si cadeau il y avait, attendrait.
Il fut réveillé de nouveau, un peu plus tard, par des coups frappés au placard.
« Harry ! appela la voix de son cousin. Maman dit qu'il faut que tu te lèves si tu veux déjeuner.
- Je viens », répondit Harry d'une voix rauque. Il n'avait pas faim, mais pensait à ce qu'il entendrait s'il osait ne pas se montrer. Harry se leva, à contrec?ur. Il se sentait mieux que la veille, sa tête et sa gorge le brûlaient. Il s'habilla d'un jean et du pull le plus chaud qu'il trouva, une horreur que Dudley mettait au ski, et se rendit à la cuisine. Marge était occupée à passer à Molaire le collier doré qu'elle lui avait acheté, et ne fit pas attention à lui.
Au moment où arriva dans la cuisine, Dudley était en train d'enfourner une énorme tranche de bacon. Il avait sur les oreilles un baladeur, probablement un de ses nombreux cadeaux, dont le son était poussé si fort que toute la famille en profitait. Après que Harry eut subi les remontrances de ses oncles et tantes pour son retard, sa tante lui servit un bol de chocolat. Lorsqu'il eut finit, Marge était partie au salon avec Vernon, et Dudley jouait dans sa chambre avec ses nouveaux jeux vidéo. Pour une fois, personne ne faisait attention à lui, et il décida de retourner dans son placard, profitant de ce rare moment de calme.
Harry s'étendit sur le lit et regarda une fois de plus le livre que lui avait donné Mme Pomfresh. Il ne lisait plus vraiment, il le connaissait par c?ur. Les pas lourds de Marge se firent entendre dans les escaliers, montant puis redescendant. Harry fut heureux d'être dans son placard à contempler un batteur tirer sur le gardien (la légende disait que c'était interdit tant que le souaffle n'avait pas atteint la zone de tir), et non avec le reste de la famille. Il en arriva à sa page préférée : celle où un attrapeur faisait un plongeon en piqué d'une dizaine de mètres pour attraper le Vif d'or. Ce devait être une sensation extraordinaire. A ce moment là, la porte du placard s'ouvrit brusquement et Harry n'eut que le temps de cacher son livre sous le matelas quand la tante Marge entra.
« Que fais-tu encore au lit à cette heure ? maugréa-t-elle.
- Rien, tante Marge, murmura-t-il.
- C'est justement ce qu'on te reproche, espèce de bon à rien. Lève- toi, fainéant, et viens au salon avec tout le monde. » Lentement, Harry rassembla ses jambes au bord du lit.
« Plus vite que ça ! rugit Marge en lui saisissant le poignet. On a pas idée d'être aussi mou. Ca ne m'étonne pas que tu sois aussi petit et maigre si tu passes toutes tes journées couché ! Regarde ton cousin, c'est un bel enfant qui deviendra grand et fort un jour. Toi, tu n'es qu'un petit avorton maladif. Si tu avais été un chiot, on t'aurait fait noyer, mais il semble que ces lois là ne s'appliquent pas aux hommes. »
A cette instant, une énorme araignée tomba du plafond, en plein sur la tante Marge qui se mit à gesticuler en poussant de petits cris perçants. Aussitôt, l'oncle Vernon arriva à son tour dans le placard. Il mit un certain temps à comprendre ce qui s'était passé, mais se figea lui aussi en apercevant l'énorme arachnide dans les cheveux de sa s?ur. Ce fut finalement Harry qui saisit l'araignée par une patte, froidement, et l'écrasa avec une de ses chaussures. Pas par pitié pour la Tante Marge, c'était plutôt amusant de la voir crier de terreur, mais parce qu'avec les deux adultes hurlant dans le placard, il avait l'impression qu'il ne lui resterait bientôt plus d'air pour respirer. Sans un mot de remerciement, ils s'en furent, encore tremblants. Mais quelques instants plus tard, la tante Pétunia vint, à son tour, dans le placard.
« Tu peux m'expliquer ce que tu fabriques ici, avec des monstres pareils ? Tu les cultives, c'est ça ?
- Non, tante Pétunia. Les araignées sont venues toutes seules. »
Elle jeta un coup d'?il à la pièce. « Sais-tu ce que signifie le mot ménage ? Ce placard a besoin d'être nettoyé. Dépêche-toi de te lever. » Obéissant, Harry se leva. Il se dirigea vers la cuisine, où étaient rangés l'aspirateur et les chiffons à poussière.
« Je vais le faire, intervint sa tante. Je te connais, tu va faire n'importe quoi. Ne reste pas dans mes jambes. »
A regret, Harry rejoignit les autres au salon. Il s'assit sur une chaise dans un coin. La tante Marge lui fit un sermon sur les assassins qui utilisent des araignées pour attaquer leur victime .
« Tu l'as fait exprès, n'est-ce pas ? J'ai bien vu comment tu as saisi cette bestiole, sans la moindre crainte. Tu la connais. Tu savais qu'elle était là et qu'elle allait me tomber dessus. Es-tu satisfait du résultat de ta petite plaisanterie ? Vernon, j'exige que cet enfant soit fouetté. Sans aucune indulgence. »
L'oncle Vernon jeta à Harry un regard féroce. Visiblement, cette idée n'était pas pour lui déplaire. Mais l'idée de la colère de Dumbledore le retint. Il haussa les épaules.
« Ca ne changerait rien. C'est un cas désespéré, dit-il. Harry, présente tes excuses à ta tante. »
- Je suis désolé, murmura Harry. Je ne pensais plus aux araignées. »
La tante Marge lui donna une gifle en réponse. Peu après, Pétunia revint dans le salon et sa belle s?ur commença une fois de plus à exposer ses théories sur Harry et les chiots petits et maigres. « Je me demande si c'est dans le sang. Pétunia, tu sais si ta s?ur et son mari étaient grands ?
- Ils faisaient tous deux une taille respectable, répondit la tante de Harry en soupirant. Mais ce n'étaient pas des gens très recommandables pour autant.
- Je m'en doute, ma chère. Je me demande comment ils s'y sont pris pour obtenir un enfant aussi désespéré. Il n'a même pas encore ouvert ses cadeaux de Noël, il faut croire que son esprit est particulièrement lent. » Elle se tourna alors vers Harry. « Eh bien, qu'attends-tu ? espères-tu pouvoir les rendre au Père Noël l'année prochaine ? »
Harry remarqua alors qu'il restait des paquets sous le sapin. Il se leva et se dirigea vers cet endroit : il ne s'attendait pas à grand chose, mais était content de voir qu'on ne l'avait pas complètement oublié. Il y avait deux paquets. L'un d'eux était un cube d'environ dix centimètres de côté, l'autre ressemblait à une pièce de monnaie. Chacun d'eux avait une étiquette portant son nom. Il ouvrit d'abord le plus petit. Il ne s'agissait pas d'une pièce de monnaie mais d'un bouton. Harry se demanda un moment ce qu'il pourrait bien en faire, étant donné qu'il n'avait pas de vêtement assorti, puis le mit dans sa poche. L'autre paquet contenait une boite de biscuits pour chiens. En retournant s'asseoir à sa place, il entendit la tante Marge murmurer à son frère : « C'est une marque que mes chiens n'aiment pas, que j'ai acheté par erreur. Il est tellement maigre que ça ne peut lui faire que du bien .»
Au bout d'un moment, Marge se retourna vers Harry :
« Eh bien, dit-elle, ça te ferait mal de sourire un peu ? On n'a jamais vu un enfant tirer une telle tête le jour de Noël ! Tes cadeaux ne te plaisent pas ?
- Si, ma tante, répondit Harry machinalement, sachant qu'il valait mieux éviter de se montrer trop mécontent de son sort.
- Ne mens pas, je vois bien que tu n'es pas satisfait. Mais, que veux-tu, le père Noël apporte toujours ce qu'ils souhaitent aux enfants sages. Peut- être faudrait-il que tu t'interroges sur ton comportement ».
Harry ne répondit pas. Il y avait longtemps qu'il ne croyait plus au Père Noël. Depuis que, lorsqu'il avait cinq ans, celui-ci lui avait apporté un vieux pull-over qu'il avait vu des dizaines de fois sur le dos de Dudley. Avant, il avait en effet passé des nuits à se demander pourquoi, même quand il essayait d'être très sage, le vieil homme ne lui apportait jamais rien. Il avait fini par conclure que c'était parce qu'il ne lui envoyait pas de lettre : à l'époque, il ne savait pas écrire et la tante Pétunia refusait de le faire pour lui. La tante Marge s'énervait de son manque de réactions :
« Alors, insista-t-elle, pourquoi penses tu que tu n'as pas reçu ce que tu avais demandé ?
- Je n'ai rien demandé, finit par répondre Harry. Et le Père Noël n'existe pas.
- Ah, tu t'es aperçu de ça, toi ? J'aurais cru que dans ce cas tu aurais au moins eu la décence de nous remercier pour tes présents. »
A cet instant, la sonnette de la porte d'entrée retentit. Vernon alla ouvrir. Des bribes de conversation parvinrent au salon.
« Bonjour Monsieur, fit une voix d'adolescent. On m'a chargé de remettre des paquets à un certain Harry Potter. C'est ici ?
- Oui, grogna l'oncle Vernon. Mais ils auraient pu utiliser la poste, comme tout le monde.
- La poste ne marche pas le jour de Noël, M'sieur. C'est pour ça que je me fais de l'argent de poche en distribuant des paquets. Voilà, M'sieur, tout ça pour vous. Celui ci, un homme vient de me le donner, à deux pas de chez vous. Joyeux Noël. »
Harry entendit la porte se refermer. Il se demandait d'où pouvait bien venir un paquet pour lui, et ce qu'il pouvait y avoir dedans. Vernon revint dans le salon. Il semblait furieux. Il jeta deux grosses boites entourées de papier cadeau dans le coin où Harry était assis. Dudley, qui venait d'entrer dans la pièce, regarda son père plein d'espoir, sûr que Harry allait subir les foudres de son oncle. Mais celui-ci se contint, et ne dit rien, juste : « file. Emmène ça dans ton placard. Et si la moindre de ces choses est anormale, je ne veux pas la voir, compris ? » alors que sa s?ur ouvrait la bouche pour protester.
Harry n'attendit pas d'entendre ce que disait la tante Marge. Il se dépêcha de ramasser les deux paquets et d'obéir à son oncle. Il se sentait joyeusement excité. Les cadeaux que l'on s'était donné tant de mal pour lui faire parvenir étaient sûrement plus valables qu'un bouton ou un paquet de biscuits pour chiens. Il referma la porte du placard derrière lui, et s'assit sur le lit. Il contempla les paquets qu'il avait posés à côté de lui. Il n'avait aucune idée de leur contenu, et ne savait lequel ouvrir en premier. L'un était recouvert d'un papier rouge couvert de bonhommes de neige, l'autre d'un papier étrange, d'une couleur oscillant entre le bleu et le jaune, sans verser dans le vert. Harry n'avait jamais rien vu d'aussi joli que ce papier. Il devina que son origine ne pouvait être que magique, et décida de l'ouvrir en premier. Le paquet contenait une boite en bois sculpté recouvert de feuilles d'or. Lorsque Harry l'ouvrit, il y découvrit un jeu de cartes. Il lut le mot qui y était joint :
Je sais que tu t'ennuies souvent. Ceci est un jeu de cartes version sorcier. Si tu le lui demandes, il t'expliquera les règles de certaines réussites. Tu peux aussi l'utiliser pour construire des châteaux. Mais attention : ce sont des cartes explosives (évite de te tenir trop près d'elles si tu ne veux pas être brûlé ). Le coffret est charmé pour que les cartes s'arrêtent d'exploser dès qu'elles sont à l'intérieur. N'oublie pas de les ranger, sinon elles mettrons de la cendre partout dans ta chambre.
Le mot n'était pas signé. Bien qu'intrigué par ce cadeau anonyme, Harry reporta son regard sur le deuxième paquet, et entreprit de déchirer le papier. A l'intérieur, il découvrit un cartable neuf, noir avec un logo : un balai monté par un sorcier. Un mot était accroché :
Pour que tu n'aies plus honte devant tes camarades. ( n'en veux pas à ta maîtresse, mais j'ai lu ta rédaction). Ouvre le, il y a deux ou trois petites choses à l'intérieur pour te soutenir pendant la fin des vacances. Joyeux Noël de Rémus Lupin P.S. : Le cartable vient d'un magasin pour moldus. N'aies pas peur de l'utiliser.
Heureux comme jamais peut-être il ne l'avait été, Harry ouvrit le sac. Il était plein de petits paquets. Ceux-ci étaient couverts de papiers animés qui trahissaient leur origine sorcière. Harry déballa une boite contenant un assortiment des bonbons les plus étranges qu'il ait jamais vu. Il y avait un mot avec, tracé à l'encre violette sur du parchemin . C'est une honte que Harry Potter n'ait jamais goûté la moindre friandise des sorciers. Voici un assortiment de celles que Ron (mon frère de ton âge) préfère. Fais attention aux dragées surprises de Bertie Crochue. Comme leur nom l'indique, elles sont surprises, c'est à dire que tu ne peux connaître leur parfum qu'en les goûtant. Certaines sont bonnes (tu peux tomber sur fraise ou chocolat), mais d'autres peuvent avoir des parfums plus étranges : épinard ou même crotte de nez (personnellement j'ai eu la chance de ne jamais tomber sur celle là). Il y a également des chocogrenouilles. Elles contiennent des cartes représentant des sorciers célèbres. Il paraît que l'une d'elle t'est dédiée. Enfin, j'ai ajouté des petits pâtés extraits du dernier paquet que ma mère m'a envoyé, elle les fait elle-même. Joyeux Noël.
Charlie Weasley.
Harry ouvrit une chocogrenouille. Il sortit la carte et mordit dans la friandise. La carte représentait le professeur Dumbledore, le vieux sorcier qui lui avait révélé ses origines. Il goûta également une dragée, mais la recracha immédiatement. Elle sentait le poisson.
Le dernier paquet était carré, et plat. Il s'agissait d'une photographie dans un cadre doré. Un jeune couple, l'homme aux cheveux noirs indisciplinés, et la femme avec des yeux verts pétillants de malice, lui souriait et faisait de grands signes de la main.
C'est une photo de mariage de tes parents. Ils auraient voulu qu'elle te revienne. Rémus.
« Merci », murmura Harry dans le vide. Sa gorge était nouée par l'émotion. C'était une chose splendide que Noël, quand des gens pensaient à vous.
La pensée de ces gens qui se souciaient de lui aida Harry à supporter la suite du séjour de Marge. Celle-ci aurait bien aimé savoir ce que contenaient les mystérieux cadeaux reçus par Harry, mais l'oncle Vernon détournait heureusement la conversation dès que sa soeur essayait d'aborder le sujet. Le principal problème du jeune sorcier, pendant cette période, était d'éviter le chien de Marge, qui était décidé à en finir avec l'enfant, et se précipitait en grondant pour lui mordre les mollets dès qu'il l'apercevait. Le nouvel an arriva, deux jours avant la fin des vacances, puis passa. Enfin, le jour tant attendu arriva. Il avait de nouveau neigé, et Harry descendit dans le jardin dégager un passage pour la voiture avant même d'y avoir été invité. Il ne voulait pas que la neige empêche la tante Marge de partir. Alors qu'il achevait sa tâche, un grondement le fit sursauter. Molaire se tenait devant lui, montrant les dents. Harry recula. Le chien avança.
L'enfant prit son courage à deux mains et brandit sa pelle devant lui, en un geste qu'il espérait menaçant. Mais la bête ne parut pas du tout intimidée, et elle se rapprocha de lui. Harry n'espérait pas que quelqu'un de la maison sortirait pour venir à son secours, et la rue était désespérément vide. Harry s'enfuit et se mit à courir, mais il sentit une masse le projeter en avant. Il sentit les crocs de Molaire commencer à lui déchirer l'épaule et se mit à crier. Et soudain, il entendit un mouvement dans les buissons, et un jappement sec, et sentit le poids du chien disparaître de son corps. Harry se retourna. Molaire luttait maintenant avec un autre chien, encore plus gros que lui. Harry reconnut immédiatement l'animal qui venait de le sauver : c'était celui qu'il avait appelé Noiraud.
Les rugissements des deux bêtes attirèrent les habitants du 4, Privet Drive. Marge poussa un hurlement et se précipita, armée d'un balai, au secours de son «bébé ». Mais dès qu'il vit les adultes apparaître, le chien noir s'enfuit ventre à terre. Harry se releva, le souffle court et l'épaule de son pull déchirée, mais indemne. Personne ne fit attention à lui. Tous étaient regroupés autour du chien de Marge qui, par miracle, ne semblait pas blessé non plus. Marge, choquée par ce qui venait de se passer, fut emmenée par Vernon dans le salon où il lui servit un verre de cognac, ainsi qu'à son chien. Peu après, l'oncle de Harry accompagna sa s?ur à la gare.
En ce dernier jour de vacances, Rémus Lupin se trouvait à Poudlard. Les nouvelles n'étaient pas bonnes. A part dans la cour de l'école, personne ne semblait avoir aperçu Sirius. Quand il avait amené Harry, inconscient, Rémus avait fini par avouer au directeur que ses anciens amis étaient des animagi. Albus n'avait pas paru en colère, mais son visage s'était creusé un peu plus, sous l'effet de l'inquiétude. Ce matin là, il recommanda à Rémus de redoubler de vigilance.
« Sous sa forme de chien, vous êtes le seul à pouvoir le reconnaître, Sirius. Il devient presque impossible de l'attraper. Et je suis d'autant plus inquiet que nous n'avons aucune idée de ce qu'il cherche à faire.
- C'est évident, Albus. Il veut s'en prendre à Harry !
- Il est après Harry, en effet, mais dans quel but ?
- Pour le tuer, évidemment ! C'est de Sirius Black que nous parlons.
- Non. Ce n'est pas seulement ça. Il aurait pu le tuer, ce jour là, quand il a attaqué l'inspecteur. Harry n'a pas semblé l'intéresser. Et même avant. D'après Harry, ils se sont retrouvés seuls tous les deux assez souvent. Ne vous énervez pas je ne met pas en cause votre surveillance, la plupart du temps Harry était chez les Dursley. En tout cas, tuer Harry ne semble pas intéresser Sirius. Il se contente d'être là.
- Il est sans doute devenu fou. Sept ans à Azkaban feraient cet effet à n'importe qui. S'il n'était pas déjà fou avant. Sinon, pourquoi aurait-il tué tous ces gens ?
- Nous n'aurons peut-être jamais la réponse à cette question. Mais une chose est sûre : Sirius Black n'a jamais été un homme patient. S'il avait voulu tuer Harry, ce serait fait, ou du moins il aurait essayé, depuis longtemps. Et s'il réside sous la forme d'un chien dans une petite ville de banlieue, je ne pense pas non plus que Black soit à l'origine des attaques de moldus qui se multiplient.
- Vous avez regardé du côté des mangemorts libérés ?
- Oui. Tous sont sous étroite surveillance du ministère, et aucun ne semble mêlé à ça. Fudge prétend toujours que c'est l'?uvre de Sirius Black. Il n'ira pas chercher plus loin tant que nous ne lui prouverons pas le contraire. Et il y a eu deux morts inexpliqués près d'une forêt. On prétend que c'est là que se cache ce qui reste de Voldemort.
- Et vous croyez à ces fariboles ? Voldemort est mort, non ?
- Non. Je n'ai jamais cru à sa mort. Nous n'avons jamais retrouvé de corps, et il était beaucoup trop près de l'immortalité pour disparaître ainsi.
- Vous pensez qu'il est revenu ? Que c'est lui qui est derrière tout ça ?
- Non. S'il était revenu, les mangemorts l'auraient senti. La marque de Séverus n'est pas redevenue visible, je lui ai posé la question. Mais si les mangemorts ont repris du service, je crains qu'ils ne cherchent à retrouver leur maître. Et sous son impulsion, ils se retrouveront très vite après Harry. S'ils ne le sont pas déjà.
- Je ne pourrai pas le protéger, Albus. Vous devez faire revenir Harry à Poudlard. Maintenant qu'il sait, pourquoi le garder dans le monde moldu ?
- Peut-être avez-vous raison, Rémus. Je suis bien conscient que vous n'êtes pas tout le temps avec Harry, et même quand vous êtes avec lui, vous ne pourrez pas lutter contre plusieurs mangemorts décidés à s'emparer de lui. Mais Poudlard n'est plus aussi sûr qu'avant. Je vous l'ai déjà dit il y a quelques mois, c'est encore plus vrai aujourd'hui.
- Demandez l'aide du ministère ! Fudge est concentré sur la menace que représente Sirius. Il ne refusera pas de protéger Harry si vous l'estimez nécessaire.
- Fudge est un incapable. Si je lui demande de protéger Harry, il l'entourera de Détraqueurs.
- C'est mieux que de le laisser se faire tuer !
- Peut-être. Mais je n'imagine pas l'effet qu'ils pourraient avoir sur un enfant de huit ans avec le passé de Harry. Et toute son école les sentira, même s'ils ne peuvent pas les voir. Et je n'ai aucune confiance en ces créatures. Lâchées dans la nature, elles feront des ravages.
- Demandez des Aurors à Fudge ! Ou n'importe quel sorcier du ministère ! Il y a forcément quelque chose à faire. On ne peut pas laisser Harry sans protection. Il quittera Privet Drive dès demain.
- J'en suis conscient. Et il y a en jeu bien plus que la survie de cet enfant. Si Harry meurt, c'est le moral de tout le peuple sorcier qui s'effondrera. Le mieux serait qu'il ne sorte plus de chez lui. C'est le seul endroit où il soit réellement en sécurité.
- L'école est obligatoire, Albus.
- Ne pourriez vous pas faire comprendre la situation à son institutrice ? Elle sait déjà presque tout.
- Mais c'est cruel de faire ça. Harry est malheureux à Privet Drive. Et nous ignorons combien de temps cette situation peut durer.
- Je me doutais que vous diriez ça. En ce cas, nous ne pouvons que renforcer les mesures de sécurité actuelles. Je vais installer des barrières pour empêcher de transplaner dans l'école, cette nuit. Et je vais vous envoyer des professeurs pour vous aider en dehors des heures de cours. Ils surveilleront les grilles de l'école. Le principal problème est qu'ils ne savent pas qui ils doivent guetter. Quant à vous, essayez de ne pas quitter Harry des yeux.
- Je suis obligé de passer un temps égal dans chaque classe.
- Je sais bien. Mais au moins pendant les récréations. Et donnez ceci à son institutrice. » Il tendit une boule de verre bleue. Dites lui de le toucher en cas de besoin. Ce globe transmettra un signal de détresse à tous les sorciers dans un rayon d'environ cent mètres. Il n'arrivera rien, Rémus. J'ai confiance en vous.
Le lendemain, à huit heures et demi, Sarah fit monter sa classe. Le nouveau cartable de Harry avait été admiré par ses camarades, peut-être certains cherchaient-ils à se rattraper pour s'être tant moqués de lui. L'enfant avait souri, un vrai sourire, comme elle ne lui en avait jamais vu jusqu'à son séjour à Poudlard, et elle était heureuse pour lui. Il le méritait amplement, après toutes ces années à souffrir en silence. Mais elle n'accorda pas à ces pensées beaucoup d'attention. Elle sentait dans sa poche le poids du globe de verre que Rémus lui avait donné ce matin. Elle repensait à la discussion qu'ils avaient eue. Bien qu'elle soit moldue, comme il disait, le sorcier ne lui avait rien caché de la complexité de la situation. Il y avait tant de choses qui pouvaient mal tourner, qu'il voulait minimiser les risques et avait demandé son aide. Ainsi, il y avait après Harry non seulement un mage noir évadé de prison et complètement fou, mais probablement aussi d'autres dont on ne connaissait pas l'identité. D'autres sorciers étaient à présent posté aux grilles de l'école. Pourtant, elle n'avait vu personne en arrivant, mais ils devaient avoir des moyens de camouflage exceptionnels.
Harry était plongé dans une conversation avec sa voisine. Depuis le départ de son cousin, il ressemblait de plus en plus aux autres enfants. Il était complètement inconscient des menaces qui pesaient sur sa tête, et c'était mieux ainsi. Pour sa part, Sarah se sentait un peu nerveuse, mais elle n'avait pas réellement peur. Rémus n'aurait pas exposé le fils de son ami à un trop grand danger. Et la boule de verre qu'il lui avait donnée la reliait à lui. En cas de danger, il accourrait immédiatement et cette pensée suffisait à la rassurer. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher, en distribuant les cahiers, de scruter la porte, d'épier le moindre bruit de pas. Quand elle avait choisi l'enseignement, beaucoup de ses amies lui avaient dit que c'était un métier pantouflard, répétitif. Pour sa première année, elle estimait quant à elle qu'il lui avait apporté plus que sa part d'aventure.
Dans la pièce voisine, dans la classe de CP de Régine, Rémus s'efforçait de faire tenir les petits tranquilles, en attendant l'arrivée de leur institutrice, retenue par la maladie d'un de ses enfants. Il n'était pas tranquille. Lui non plus ne pouvait s'empêcher de guetter le moindre bruit. Il pensait à Sarah, également, au courage qu'elle avait montré quand il lui avait parlé. Jusque là, il n'y avait pas réfléchi, mais elle pouvait se mettre elle-même en danger si elle essayait de protéger Harry. Il était coupable de l'avoir entraînée là dedans. A la réflexion, aucun des camarades de Harry n'était réellement à l'abri non plus. Si quelque chose leur arrivait, il ne se le pardonnerait jamais.
Dix heures sonnèrent. Il laissa sortir les élèves qu'il gardait, et attendit pour descendre de voir s'ouvrir la porte de la classe voisine. Harry fut un des derniers à sortir. Il sourit en voyant Rémus, et se précipita vers lui.
« Merci ! s'écria-t-il. Je n'avais jamais vu d'aussi beaux cadeaux !
Rémus sourit à son tour. « Je suis content qu'ils t'aient plu.
- Vous remercierez Charlie pour moi, pour les bonbons.
- Bien sûr. Alors, tu as passé de bonnes vacances, Harry ? »
Le visage de l'enfant se ferma aussitôt, et l'étincelle d'enthousiasme disparut de ses yeux. « Ca a été, répondit-il. Les Dursley m'ont laissé tranquille, et ils m'ont donné à manger.
- Tant mieux. Il ne s'est rien passé d'anormal, pendant ces quinze jours ? Tu n'as pas revu le chien au moins ? » Rémus vit l'enfant hésiter. Aussitôt, une vague d'inquiétude déferla en lui.
« Harry, le pressa-t-il. Est-ce que tu as revu ce chien ?
- Oui, avoua l'enfant.
- Pourquoi n'as tu pas appelé Sarah ? Cet animal est dangereux, je te l'ai déjà dit.
- Mais il n'a pas été méchant avec moi. Au contraire, il m'a sauvé de Molaire ! »
Il raconta au surveillant ce qui s'était passé la veille. Rémus repensa à ce qu'avait dit Dumbledore, de plus en plus perplexe. « Harry, dit-il sérieusement, si tu le revois, même s'il ne te paraît pas méchant, je veux que tu nous préviennes. Il faut que nous le rattrapions. Il s'est sauvé, tu comprends ?
- Mais qu'est-ce que vous allez lui faire, si vous l'attrapez ?
- Ce sont des problèmes d'adultes. S'il est vraiment gentil, nous ne lui ferons pas de mal. Et, Harry, quand tu es chez ton oncle et ta tante, tu n'es pas censé sortir dans la rue. En aucun cas. C'est trop dangereux.
- Tu es fâché contre moi ?
- Non, soupira Rémus, toute sa sévérité envolée devant ce regard anxieux. Je ne suis pas fâché contre toi. J'ai peur pour toi. »
Harry ne pouvait pas comprendre. Il ne savait pas pour Sirius, pour les mangemorts, pour ses parents. C'est pourquoi, il fut plus que surpris quand l'enfant demanda :
« Rémus, le chien, il est magique, n'est-ce pas ? Ce n'est pas vraiment un chien ?
- En effet.
- Quand je lui parlais, j'avais l'impression qu'il comprenait tout ce que je lui disais. Est-ce qu'il sait parler ?
- C'est possible. Il comprend ce qu'on dit, et il est aussi intelligent qu'un homme. Je t'ai dis que je le connaissais. C'était mon ami, il y a très longtemps. Et un jour, il m'a trahi. Il a tué des gens que j'aimais. On ne peut pas lui faire confiance. C'était un ami de Voldemort, tu comprends ? »
L'enfant parut songeur. « Oui, répondit-il enfin. Mais si je le vois, si j'appelle, et s'il attaque quelqu'un d'autre ? S'il t'attaque toi, ou la maîtresse, comme il l'a fait avec l'inspecteur et Molaire ? Ce sera de ma faute.
- Tu es bien comme ton père, toi. Tu n'es pas responsable de ce qui peut nous arriver. Ta maîtresse et moi sommes des adultes. C'est aux adultes de protéger les enfants. Pas l'inverse. Arrête de penser à tout ça. Tu es très bien protégé, ne t'inquiète pas. »
Le soir, Rémus informa Dumbledore de ce qui s'était passé entre Molaire et la forme animagus de Sirius. Il avait banni de son vocabulaire le nom Patmol, appellation affectueuse du chien noir lors de leurs années d'école, lorsque Sirius avait trahi James. Le vieux directeur ne parut pas surpris.
« Cela confirme ce que je pensais. Sirius ne cherche pas à tuer Harry. On dirait même qu'il cherche à l'aider. Il était à ses côtés quand il était malheureux, il l'a défendu contre l'attaque du chien. Que savez vous de cet inspecteur ?
- C'est un moldu. Vous ne pensez quand même pas qu'il aurait essayé de s'en prendre à Harry ?
- je me le demande. Sirius n'est pas fou. C'est volontairement qu'il l'a attaqué. Et Sarah dit qu'elle l'a suivi parce qu'il emmenait Harry dans la mauvaise direction, n'est-ce pas ?
- Il ne connaissait pas l'école.
- Peut-être, il n'empêche que cette erreur l'a conduit en face des grilles d'entrée. Si Sirius n'était pas intervenu, il aurait pu l'emporter loin d'ici. Sans que personne ne tente de l'en empêcher. Méfiez-vous s'il revient dans l'école.
Les jours passèrent sans nouveaux événements. Même les nouvelles que Rémus recevaient de Poudlard étaient calmes. Il n'y avait plus d'attaques de moldus ni de sorciers. Alors que janvier, puis février s'écoulaient, le monde sorcier commença à se dire que tout cela n'avait été qu'une fausse alerte, un mouvement de panique injustifié provoqué par l'évasion de Sirius Black. Pendant la pause déjeuner, un peu plus tard, Sarah s'approcha de Rémus, qui surveillait Harry du coin de l'?il en mettant en place une partie de football.
« Je peux te parler un instant ?
- Bien sûr. Les enfants, commencez sans moi, je reviens. »Il y eut quelques murmures de déception vite étouffés. Les deux adultes s'éloignèrent de quelques pas.
« La directrice organise une sortie dans les bois avant les vacances de Pâques.
- Une sortie ?
- On organiserait un grand jeu de piste, dont le but serait de trouver des ?ufs et autres friandises en chocolat. C'est une bonne idée, les enfants seraient ravis. Tout le monde est très favorable à cette idée.
- Pas toi ?
- Oh si ! Mais est-ce que c'est prudent d'emmener Harry là-bas ? Tout peut arriver dans une forêt.
- Nous devrons faire très attention, c'est tout. J'essaierai de m'arranger pour rester avec lui. Les enfants ne se promèneront pas tout seuls, n'est- ce pas ?
- Ce n'est pas encore décidé. Mais je suppose que non, en effet. De toute façon, il n'y a rien que je puisse faire pour annuler cette sortie, même si j'en avais envie. En tant que dernière arrivée, mes pouvoirs sont assez limités. Et, pour l'inspecteur, j'ai demandé à mes collègues. Il semble avoir surgi de nulle part au début de l'année. Et il semble que personne ne l'ait jamais vu, même dans les écoles voisines, à part le jour où il est venu ici. C'est vraiment étrange. - Merci. Dumbledore avait raison. Comme toujours.
- De rien. Je suis contente d'avoir pu être utile. Je me sens tellement impuissante !
- Tu ne l'es pas. Je ne sais pas où nous en serions aujourd'hui si tu ne t'étais pas montrée aussi compréhensive.
- Rémus ?
- Oui, qu'y a-t-il ?
- Je m'inquiète pour toi. Tu as de nouveau l'air épuisé. Entre Harry, la surveillance des enfants, les aller-retour à Poudlard, je crois que tu en fais trop. Tu vas tomber malade.
- Je ne peux pas m'arrêter. Trop de choses dépendent de moi. Mais, ne t'inquiète pas. J'irai mieux la semaine prochaine.
- Comment peux-tu en être aussi sûr ? Tu as une mine plus épouvantable chaque jour. Même Harry l'a remarqué. Il m'a demandé si tu étais malade. Le mois dernier, tu avais déjà l'air malade, mais c'est bien pire cette fois- ci.
- C'est passé, n'est-ce pas ? Ce sera pareil cette fois ci.
- Tu es vraiment malade ? »
Il ne pouvait pas lui dire la vérité, mais essaya de trouver une réponse qui ne soit pas vraiment un mensonge. Elle le saurait s'il mentait.
- Oui, dit-il, je suis malade. C'est une maladie magique, que tu ne dois donc pas connaître, et qui se manifeste tous les mois.
- Un peu comme ce qu'ont les femmes, tous les mois ?
- Je ne suis pas une femme ! » Dit Rémus surpris et choqué qu'elle ait pu penser à ça. Mais il vit qu'elle souriait, amusée de l'effet de sa plaisanterie. « C'est différent. Je suis en quelque sorte allergique à la pleine lune. C'est elle qui me rend malade. Et plus elle visible, plus la crise est forte. Le mois dernier, il y avait des nuages. Ca pouvait aller. Mais ce mois ci, le ciel est clair. Et c'est extrêmement difficile pour moi.
- Si tu veux que je te remplace pendant une récré ou autre chose, n'hésite pas.
- Merci. Mais ça va aller. Ce devrait être fini dès ce soir. »
Un soir de la fin du mois de février, Harry rentra pour trouver le 4, Privet Drive en crise. Dudley avait été renvoyé de son école pour s'être battu. L'oncle Vernon, rentré exceptionnellement tôt, était écarlate. La tante Pétunia pleurait dans un coin. Dudley semblait le seul à peu près calme. Il ne manifestait pas le moindre signe de remords ou de contrition. Harry se dépêcha de gagner son placard et de se mettre à ses devoir, espérant se faire oublier. Mais cet espoir était vain. Bientôt, la porte de son refuge fut ouverte violemment.
« Toi ! rugit l'oncle Vernon. Tout ça, c'est de ta faute ! Sans toi, jamais nous n'aurions été obligés de changer Dudley d'école pour le mettre dans cet établissement ! Vois à quoi ça a mené ! tu es fier de toi, n'est-ce pas ? Je suppose que ton seul but dans la vie est de nous causer le plus de nuisances possibles ?
Harry jugea préférable de ne pas répondre pour ne pas attiser la colère de son oncle. Ce fut une erreur.
« Réponds moi quand je te parle, mon garçon ! Ne va pas t'imaginer que parce que tu es désormais protégé par quelques énergumènes tu peux tout te permettre sous mon toit. Tu mériterais que je te chasse d'ici. Qu'ils se débrouillent tout seuls pour assurer ta protection. Et si tu finissais par te faire tuer, ce n'est pas moi qui pleurerai à ton enterrement ! »
Sur ce, il claqua la porte et retourna au salon. Harry ferma les yeux, soulagé que la crise soit passée sans trop de mal. Il se moquait de ce que pouvait dire son oncle. Il y était tellement habitué que cela lui passait par dessus la tête. Mais lorsque Pétunia l'appela pour dîner (qui consistait en un bout de pain et de fromage, vu que sa tante n'avait pas eu le courage, dans son affliction, de faire autre chose), il déchanta. Aucune autre école privée n'avait accepté de prendre Dudley, à cause de son dossier, et il était hors de question de le renvoyer dans le quartier tant que toute cette bande d'anormaux seraient là. Ils avaient finalement trouvé une jeune voisine qui acceptait de passer tous les soirs, entre dix sept et vingt heures, donner des cours à l'enfant.
« Et je ne veux pas un bruit de ta part pendant ce temps. Tu as fait assez de mal comme ça. Il est hors de question qu'elle s'aperçoive de ton existence. Si tu n'es pas rentré dans ton placard au moment où elle arrive, tu resteras dehors jusqu'à ce qu'elle s'en aille. Et tu peux dire ça à ton protecteur de malheur, je m'en moque ! »
Rémus prit la nouvelle avec philosophie. « Il ne nous reste plus qu'à nous dépêcher de rentrer. Je n'aimerais pas te savoir dehors jusqu'à huit heures du soir. Et on essaiera de trouver de quoi occuper tes soirées. »
Par contre, il faillit se précipiter chez les Dursley pour assassiner Vernon le jour où Harry lui apprit ce qu'ils avaient projeté pour les vacances de Pâques.
La tante Pétunia avait décrété que la vie de Dudley manquait de distractions, depuis qu'il n'avait plus de camarades de son âge. Ils avaient donc décidé de l'emmener pour une semaine, pendant les vacances de printemps, dans un parc d'attraction aux Etats Unis. Une grosse transaction réalisée par l'oncle Vernon leur avait donné la possibilité financière de réaliser ce projet. Mais bien entendu, il n'était pas question d'emmener Harry (si cela avait été le cas, Rémus aurait quand même sauté au plafond : Harry n'était en sûreté qu'à Privet Drive). Ils avaient apparemment projeté de confié Harry à une voisine, Mrs Figgs.
« Cela arrive souvent que Mrs Figgs te garde ? demanda Rémus à Harry.
- Dès que les Dursley s'en vont.
- En quel langue faut-il leur expliquer pour qu'ils comprennent qu'ils ne peuvent pas s'absenter pour l'instant ? Il faut que je parle à Dumbledore. Les vacances sont dans à peine trois semaines, et nous ne pouvons pas obliger ta famille à rester si elle tient vraiment à ce voyage. »
Dans les jours qui suivirent, ils n'eurent pas l'occasion de reparler de ce sujet. Peu après cette discussion, Sarah annonça à ses élèves que, le jour des vacances, toute l'école participerait à un grand jeu de piste, pour fêter Pâques. Il y eut des explosions de joie, et l'institutrice dût menacer ses élèves de les priver de sortie pour ramener le calme.
Avec ce chapitre, on atteint la moitié de l'histoire (déja...) C'est un chapitre que je n'ai pas aimé écrire, et que je n'aime toujours pas beaucoup, mais comme j'en ai assez d'essayer de le modifier, et que la suite est écrite, j'ai fini par vous le mettre. J'espère que ça vous a plu quand même.
Merci pour toutes les gentilles reviews du chapitre précédent. Vous êtes bien trop gentils. En plus, y parait qu'y en a qui me font de la pub !(Rose et The frensh Padfoot , merci.)
Bon, le moins que je puisse faire, c'est de répondre aux questions que certains se posent.
Pam Phenixia Potter : Je t'aurais bien répondu, mais je crois que tout était dans le chapitre... Harry n'est pas retourné à Poudlard, mais ça ne devrait pas tarder.
Majandra : On a un peu vu Sirius dans ce chapitre, et on le reverra dans le suivant. Normalement, il devrait se dévoiler au chapitre sept (Clem, tu n'auras pas longtemps à patienter).
Lunard : Je n'update pas à fréquence fixe : entre deux et cinq jours environ jusque maintenant.
The frensh Patfoot : désolée pour les erreurs, si certaines te gènent vraiment, tu pourrais m'envoyer la liste (et j'essaierai de les corriger) ?
Mattéic : Oui, tu dois avoir raison. Je devrais peut-être arranger la suite pour que l'inspecteur soit Lockhart... Mais il ne s'est pas vanté une seule fois pendant le temps qu'il a passé à l'école. En tout cas, comme je l'ai écrit un peu plus haut, on en est à la moitié de l'histoire (celle où, malheureusement, l'inspecteur n'est pas Lockhart.)
Hermichocos : Ben non, Rem sait pas encore tout. Mais il commence à se poser des questions, et il va s'en poser de plus en plus (surtout qu'au prochain chapitre... non, comme je suis méchante je ne dirai rien.) Merci d'adorer.
Rose Potter : T'inquiète pas pour l'inspecteur, on en saura plus très bientôt. On connaît de nom.
Merci aussi aux éventuels lecteurs invisibles...
Je vous embrasse tous très fort
Antares.
