Disclaimer : rien à moi, tout à JKR.

Chapitre 6 : la sortie. Harry se réveilla ce matin là étrangement excité. Il mit un certain temps à se rappeler pourquoi. Puis, la réalisation le frappa avec bonheur. C'était aujourd'hui le jour de la sortie ! C'était la première fois depuis que Dudley avait quitté l'école et qu'il pouvait s'amuser avec les autres que quelque chose comme ça était organisé. Des groupes avaient été formés et Harry était avec Ann, Céline, Julien, et des élèves plus grands qu'il ne connaissait pas. Et c'était Rémus qui serait leur surveillant ! Harry se leva et s'habilla, avant même que la tante Pétunia ne vienne le réveiller. Il avait eu le droit d'emprunter pour la journée un vieux sac à dos de Dudley, et vérifia pour l'énième fois qu'il y avait bien mis tout ce que la maîtresse avait demandé : un crayon, quelques feuilles de papier, une bouteille d'eau (il s'agissait d'une vielle bouteille qui avait servi à l'arrosage des plantes, que Harry avait nettoyée puis remplie au robinet). Il fallait également un goûter, mais les Dursley avaient décrété qu'il n'aurait qu'à garder une partie du repas fourni par la cantine. Cela ne le gênait pas. Et si son équipe gagnait, les chocolats fourniraient le goûter rêvé.

Dès qu'il entendit du bruit, Harry sortit de son placard. Il déjeuna rapidement. Dès huit heures moins dix, il guettait à la fenêtre Rémus, qui avait dit qu'il passerait un peu plus tôt que d'habitude. Quand il aperçut la silhouette familière, il lança un «au revoir » aux Dursley, empoigna son sac et se précipita dehors. Le ciel était gris mais il ne pleuvait pas.

« Bonjour Rémus ! »lança-t-il gaiement.

- Salut, Harry, répondit le surveillant. Alors, prêt pour le grand jour ?

- Plus que prêt. Tu crois que nous allons gagner ?

- Sur. Avec deux sorciers dans l'équipe, ça ne peut pas être autrement. »

Il se pencha et murmura quelques mots à l'oreille du petit garçon. Celui- ci ouvrit de grands yeux. « Non, dit-il. Je suis sûr que tu ne le feras pas.

- Pourquoi ? Tu crois que je n'ai pas envie de trouver un gros tas de chocolat ?

- Parce que c'est de la triche. Tu es le surveillant, tu ne peux pas tricher.

- Je crois que ton père aurait fait pire que ça. Après tout, un petit sortilège de localisation, ce n'est pas bien méchant. - C'est vrai ? Et qu'est-ce qu'il aurait fait mon père ?

- Facile. Il aurait lancé des sorts sur tous ses concurrents pour être sûr d'arriver le premier.

- Mais alors, tout le monde aurait su qu'il était sorcier.

- C'est vrai. Mais James n'a jamais vécu dans le monde moldu. Et une fois qu'il aurait trouvé le trésor, il aurait aussi jeté des sorts à ceux de son équipe, pour pouvoir tout manger tranquillement.

- Je ne te crois pas. Tu me fais marcher.

- Peut-être. Un tout petit peu. Peut-être qu'il n'aurait jeté des sorts qu'aux Serpentard, alors. En tout cas, je crois que nous allons t'empêcher de participer, finalement. Des fois qu'il te viendrait l'envie de suivre ses traces. » Harry prit l'air effrayé.

« Je ne sais même pas lancer des sorts, dit-il.

- Tu t'en tire à bon compte. Mais n'oublie pas que tu es surveillé par le plus méchant et le plus terrible de tous les accompagnateurs.

Ils étaient arrivés devant l'école. Une foule constituée d'enfants et d'adultes était attroupée devant trois gros cars. Rémus redevint sérieux instantanément et serra la main de Harry, qui aurait visiblement préféré aller rejoindre ses camarades. « Nous les retrouverons tout à l'heure, ne t'éloigne pas pour l'instant. » Ils se tinrent au coin de la rue, invisibles de la foule, jusqu'à la dernière minute.

Le surveillant observa l'attroupement d'un ?il méfiant quand ils le rejoignirent enfin. Rien n'aurait été plus facile pour un mangemort que de s'y dissimuler. Une main se posa sur son épaule. Il se retourna pour observer Sarah. « Contente de vous voir enfin, tous les deux. J'ai commencer à faire monter les enfants dans le bus, ce serait plus sûr si vous y alliez aussi. Les derniers nous rejoindront. »

Soulagé, Rémus dirigea Harry vers le plus proche des trois cars. Des élèves commençaient à s'y installer. Ce n'est qu'une fois que Harry eut monté les deux marches que le surveillant le lâcha. Il rejoignit les autres, et s'assit à côté d'Ann.

« Salut, dit la petite fille. J'avais peur que vous manquiez le bus.

- Non, répondit Harry. De toute façon, vous n'auriez pas pu partir sans Rémus. Qui vous aurait accompagnés ?

- Tu as raison. Tu as de la chance d'arriver avec lui. Personne ne peut te gronder si tu es en retard. » Elle fit une pause avant de demander : Est-ce que tu vis chez Rémus, maintenant ?

- Non, répondit Harry, étonné. Pourquoi tu dis ça ?

- Tu arrives et tu reviens avec lui. Et tu le vois à presque toutes les récrés. Et je sais pourquoi tu es tombé malade, l'autre fois. J'ai entendu mon père le raconter à ma mère quand ils croyaient que je n'écoutais pas. Il disait que les Dursley ne t'avaient rien donné à manger depuis des jours. Et ma mère a dit qu'on devrait leur retirer ta garde. Ca veut dire t'enlever de chez eux et te confier à quelqu'un d'autre. Je me disais que peut-être c'était Rémus.

- Non. Je suis toujours chez les Dursley. Mais depuis que Dudley ne vient plus à l'école, la tante Pétunia refuse de faire le trajet. Alors c'est Rémus qui m'emmène et qui me ramène. J'aimerais bien habiter chez lui, fit- il rêveusement.

- C'est vrai que Dudley s'est fait renvoyer de sa nouvelle école, et que maintenant il ne va plus nul part ? - Oui. Mais une voisine vient lui donner des leçons le soir.

- J'espère qu'elle est très sévère et qu'elle lui donne plein de devoirs horribles. Des que même Céline saurait pas faire.

- On parle de moi ? fit une voix devant eux.

- Non. Tu peux replonger.

- Qu'est-ce que tu lis ? demanda Harry.

- Charlie et la chocolaterie. De Roald Dahl. Je te le passerai si tu veux. C'est vraiment génial. »

Ils restèrent un moment silencieux, regardant défiler le paysage. Mais le silence ne durait jamais longtemps quand Ann était à proximité.

« Qu'est-ce que tu fais pendant les vacances ? demanda-t-elle à Harry.

- Je ne sais pas. Et toi ?

- Je vais chez mes grands-parents. Ils ont une ferme à la campagne. Je vais voir mes cousins aussi, là bas. J'adore y aller. Et mamie a dit qu'elle m'apprendrait à traire les vaches, cette fois-ci. Et toi, tu as des grands- parents ?

- Non. On est allés une fois, il y a longtemps, chez les parents d'Oncle Vernon. Ils étaient assez gentils. Mais mon oncle et ma tante sont fâchés avec eux, maintenant. Et ce n'étaient pas vraiment mes grands-parents, de toute façon.

- c'est vraiment dommage. Moi, en plus de ceux qui vivent à la campagne, j'ai aussi des grands-parents qui habitent à Londres. Quand on va les voir, ils nous emmènent toujours visiter des musées, c'est plutôt barbant. Mais ils nous achètent toujours de super cadeaux. A Noël, ils m'ont offert ça, fit-elle en montrant une fine chaîne en or qu'elle portait autour du cou.

- C'est joli » dit Harry.

Au bout d'un peu moins d'une heure, le car s'arrêta sur un parking. La maîtresse se leva. « Vous allez descendre dans le calme. Le grand jeu n'a lieu que cet après- midi. Ce matin tout le monde me suit. »

Les CE1, qui étaient montés avec eux, eurent droit à peu près aux même recommandations. Sarah mena sa classe jusqu'à une grande clairière, où ils s'assirent, bientôt rejoints par le reste de l'école. La directrice prit la parole.

- Bien, je sais que vous êtes tous très contents d'être ici et impatients de commencer la chasse au chocolat, mais en attendant puisque nous sommes ici et puisque nous sommes une école, je crois qu'un peu de botanique s'impose. Les mamans de Maxime et d'Elisabeth, qui s'y connaissent, ont gentiment accepté de se joindre à nous. Elle poussa les deux femmes en avant. Les CP et les CE1, vous suivez Myriam, fit-elle en en désignant l'une des deux. Les CE2, CM1, et CM2 vous allez avec Nathalia. »

Les enfants, accompagnés de leurs institutrices se regroupèrent à l'endroit qui leur avait été désigné. Rémus allait suivre Harry quand une voix le retint.

« Attendez. Puisque tous les enfants sont occupés, je suggère que nous allions vérifier que tous les papiers sont bien en place. On ne sait jamais. Et il reste ça à cacher, dit la directrice de l'école en montrant un gros sac plastique.

- C'est que je ne préférerais ne pas quitter les enfants.

- Pourquoi ? s'étonna Régine. Avec leurs maîtres et tous les parents qui sont ici, votre présence n'est pas vraiment indispensable. »

Rémus regarda dans la direction de Harry. Il rencontra le regard de Sarah, qui semblait l'attendre, et lui lança un appel au secours.

« Est-ce vraiment les enfants que vous préféreriez ne pas quitter, rit soudain la directrice, ou est-ce cette charmante institutrice ? J'ai remarqué que vous passiez beaucoup de temps ensemble, tous les deux.

- Heu, c'est à dire. balbutia Rémus.

- Allez-y. C'est beau d'être jeune. Et il est bien mignon que des couples se forment dans l'école. Je trouverai bien quelqu'un d'autre pour m'accompagner. »

Rémus se dépêcha de rejoindre Sarah. Elle lui sourit. « Tu as réussi à déjouer les plans diaboliques pour te tenir éloigné de Harry ?

- Tu savais qu'il s'agissait de ça ?

- Mettons que je m'en suis doutée quand elle t'a demandé un moment. Désolée, j'aurais peut-être dû venir t'aider. Mais apparemment tu t'en es très bien tiré tout seul.

- Ne m'en parle pas. Maintenant, elle est persuadée qu'il y a anguille sous roche.

- De quel type ? demanda Sarah en pressant un peu l'allure pour rattraper les enfants.

- A ton avis ? Entre nous deux, qu'est-ce que tu pensais ?

- Mon dieu ! s'exclama-t-elle d'un air faussement outré. Monsieur Lupin, comment avez-vous osé ? Ma réputation est perdue à tout jamais ! »

Ils avaient rejoint le groupe des enfants et se turent pour écouter la mère d'élève exposer les principales différences entre les conifères et les feuillus. Rémus se demanda quel effet cela produirait s'il se mettait soudain à énumérer les principales caractéristiques de certaines des plates qu'il avait étudiées. Quelques enfants prenaient des notes. D'autres écoutaient attentivement. Sarah réprimanda deux filles qui parlaient. Soudain, Rémus se figea. Il avait entendu un bruit dans les buissons derrière lui. Se retournant, il crut voir une forme noire s'éloigner.

Un peu avant midi, tous se retrouvèrent dans la clairière, et les pique- niques furent distribués. Il y avait deux sandwichs par enfant, une tomate, un ?uf, une pomme et un sachet de petits gâteaux. Harry s'installa sur l'herbe avec le reste de sa classe. Rémus, comme à son habitude, resta près de lui. Les conversations ne portaient que sur le jeu qui devaient avoir lieu l'après-midi.

"Vous avez de la chance d'être avec Rémus, dit un garçon répondant au nom de Charles. Nous, on va être avec la maîtresse. On aura l'impression d'être à l'école.

- Peut-être, répliqua Piers, mais au moins, la maîtresse sait où se trouvent les indices et le trésor. Elle va vous aider. La mère de Malcom ne sait rien.

- Tu parles qu'elle va nous aider ! »

A ce moment, quelques gouttes de pluie se mirent à tomber. Tout le monde se mit à regarder le ciel d'un air inquiet. Harry enfila son blouson. Si la pluie était trop forte, il savait qu'il faudrait rentrer à l'école. Les gouttes étaient de plus en plus serrées, et les instituteurs commençaient à venir se parler les uns les autres, s'interrogeant sur la suite des opérations. Soudain Harry eut une idée.

"Rémus, demanda-t-il, tu peux faire arrêter la pluie ?

- Arrêter la pluie ? Et comment ferais-je cela ?

- Par magie !

Le surveillant eut un petit rire. Visiblement Harry commençait à se faire aux avantages de son état de sorcier. - Non. Ce n'est pas possible, répondit-il.

- On ne peut pas changer le temps ?

- Si. C'est possible. Mais ce n'est pas de mon niveau, loin de là. Et puis c'est interdit. C'est à la limite de la magie noire. En plus, il vaut mieux éviter de faire de la magie au milieu de Moldus."

En réalité, Rémus n'aurait pas été désespéré de regagner la sécurité relative de l'école. Sirius rôdait dans les parages, et il n'était probablement pas le seul. Puis soudain, la pluie cessa, et peu après les nuages noirs se dissipèrent et le soleil refit son apparition. Toute l'école poussa un soupir de soulagement. Les repas furent rapidement achevés et les restes rangés. La directrice prit la parole.

" Puisque le temps semble miraculeusement s'être remis, nous allons pouvoir commencer la chasse."

Quelques cris d'excitation fusèrent. "Bien, je vais vous demander encore un peu de calme. Il y a deux circuits, un pour les CP et CE1, l'autre pour les plus âgés. On va distribuer à chaque groupe une feuille contenant les endroits où vous devrez vous rendre. A chaque endroit, vous trouverez un indice qui vous indiquera où trouver le trésor. C'est compris ?

- Oui, madame, répondit le ch?ur des enfants.

- Bien. Alors mettez-vous par équipe. Et vous obéissez à l'adulte qui est avec vous. Il y aura des bonbons pour tout le monde, mais vous en serez privés si jamais on se plaint de vous. Restez avec votre équipe, et si vous vous perdez, ne paniquez pas. Essayez de trouver un chemin important. Vous devriez revenir ici. Je reste là au cas où. De toute façon on ne partira pas sans vous. D'accord ?"

De nouveau, les enfants acquiescèrent, puis ils se réunirent par groupes. Celui de Rémus se retrouva près de celui de Sarah. L'institutrice fit un sourire au surveillant.

"Je viens te parler un peu pour entretenir les ragots. Ca ne te dérange pas ?

- Non, bien sûr. Après tout, ces ragots me sont assez utiles.

- Je n'avais jamais vu le temps changer aussi vite. C'était hallucinant.

- Ne me regarde pas comme ça, je n'y suis pour rien. Mais je suis d'accord avec toi, ce n'est pas naturel. - Tu pense que ce pourrait être "l'un d'eux ? »

- C'est possible. Je crois que j'ai vu Black tout à l'heure, mais ça m'étonnerait que ce soit son ?uvre. Il a dû perdre beaucoup de sa magie à Azkaban, je ne pense pas qu'elle soit revenue aussi vite. Et d'après Dumbledore, il n'a pas de contact avec d'autres mages noirs, il faut donc supposer qu'il n'a pas de baguette magique. Si quelqu'un a modifié le temps, c'est que nous avons un ennemi anonyme qui espère bien s'emparer de Harry cet après midi. Et un ennemi extraordinairement puissant.

- J'aimerais pouvoir t'aider.

- Ne t'inquiète pas. Normalement, il y a aussi quelques professeurs de Poudlard qui patrouillent. Tout devrait bien ce passer."

Ils furent interrompus par des cris d'impatiences. Tous les autres groupes semblaient partis, ou sur le point de partir, et leurs élèves avaient reçu une carte. Rémus revint vers son groupe d'enfants, mais son esprit était loin de la chasse au trésor.



"Hé, je l'ai ! cria Harry.

Effectivement, il y avait bien un morceau de papier enveloppé dans du plastique, accroché à une branche d'arbre. Tout le monde se regroupa autour de Harry qui, rouge de fierté, déplia le papier. C'était le troisième indice qu'ils trouvaient. "Quelque part à la lisière du bois" lut-il. Les précédents indices étaient "Dans ce qui est rangé à sa place" et "Là où il n'y a pas de terre". Harry réfléchit, mais il ne parvenait pas à trouver la solution de l'énigme. Les CM1consultaient la carte.

"A la lisière du bois... dit l'un d'eux. Nous n'avons qu'à en faire le tour.

- Vas-y, répondit Rémus. On se retrouve demain matin. Il y a bien dix kilomètres de circonférence, et si tu veux explorer attentivement, ça risque de te prendre un bout de temps."

- D'accord, regardons les autres indices. Qu'est-ce qui peut bien être rangé dans une forêt ? - Il y a un autre indice, tout près d'ici, intervint Ann. Peut-être qu'on pourrait aller le chercher ?"

Julien trouva l'indice suivant sous un gros rocher en forme de c?ur. Il le déplia et lut : "Le rouge, le plus grand... C'est peut-être un arbre ? On en a vu ce matin qui avaient des feuilles rouges.

- Non, cria soudain Céline. Je sais ! Le trésor est dans le bus !

- Non, dit l'un des CM1. Le trésor est censé être caché dans la forêt, pas dans une machine.

- Si, se défendit la petite fille. Les bus sont garés à la lisière de la forêt. Ils sont sur des places de Parking, c'est un peu comme s'ils étaient rangés. Et il n'y a pas de terre, puisque la route et le parking sont goudronnés. Le trésor est dans le plus grand des bus, celui qui est rouge.

- Génial ! s'exclama Ann. On était sûrs de trouver avec un cerveau pareil dans l'équipe. J'espère qu'on est les premiers !"

Tous durent se rendre à l'évidence : Céline avait raison. Et ils se mirent à courir en direction des cars. Rémus ne fit rien pour les retenir, soulagé que la course se termine sans trop de dégâts. Soudain Harry, qui était en tête, faillit rentrer dans quelqu'un qui arrivait en courant d'un chemin perpendiculaire à celui qu'il empruntait.

" Eh, regarde un peu où tu vas ! fit l'autre.

- Désolé, Charles. On sait où est le trésor !

- Nous aussi. Mince, on va arriver en même temps !"

Leurs équipes respectives les avaient rejoints. Ensemble, ils se remirent à courir vers le bus. " Attendez, cria Sarah. On peut y aller en marchant."

Rémus vint vers elle. "Cette fois ça y est, lui dit-il. Nous sommes perdus. Tout le monde va croire que ce rendez-vous dans les bois était programmé de longue date. Nous allons être définitivement classés comme un couple.

- C'est que vous faites un beau couple, fit une voix rauque derrière eux. Félicitations, mon vieux Lunard. J'ai toujours dit que tu finirais par rencontrer l'âme s?ur."

Ils se retournèrent, pour faire face à un homme grand et maigre, vêtu d'une robe déchirée. Il ne s'était probablement pas lavé depuis plusieurs semaines, et ses cheveux, tout comme sa barbe, étaient sales et emmêlés. Avant même que Sarah n'ait eu le temps de réaliser ce qui se passait, Rémus avait sorti sa baguette et la pointait sur l'homme. "Expélliarmus" Rien ne se produisit. L'homme eut un petit rire.

- Je ne suis pas armé, Rémus. Il faut que je te parle. Immédiatement. Harry ne doit pas arriver sur ce parking."

- Pourquoi devrai-je t'écouter ? Harry sera bien plus en sécurité sur le parking que dans les bois.

- Rattrape le Rémus. Si les Maraudeurs ont un jour compté pour toi. Fais le pour James.

- Comment oses-tu prononcer le nom de James !

- Rémus écoute-moi. On s'expliquera plus tard. Les enfants sont presque arrivés. S'il te plaît." L'homme semblait réellement inquiet. Sarah regarda Rémus, qui semblait hésiter.

- Je vais les chercher, dit-elle avant de se mettre à courir. Au moment où les enfants allaient atteindre le parking, elle les rattrapa.

« Attendez », cria-t-elle.

Mais ils n'entendirent pas, ou, trop excités, n'entendirent pas. Puis, soudain, ils s'arrêtèrent. Sarah s'avança. C'est alors qu'elle le sentit. Un froid terrible. La sensation qu'elle ne pourrait plus jamais être heureuse. Les enfants étaient figés, dans un silence de mort. Deux petites filles se mirent à pleurer, Harry commença à trembler. Sarah n'avait même pas la force d'essayer de réconforter les enfants. Elle n'avait aucune idée de ce qui passait, mais elle savait qu'il y avait de la magie là dessous. De la mauvaise magie. Ils avaient besoin d'aide. Rémus. Lui saurait quoi faire. Sa main glissa vers sa poche, et se crispa sur la boule de verre. Les tremblements de Harry devenaient de plus en plus intenses, et finalement il glissa sur le sol. Et, presque immédiatement, il sembla se relever, mais pas de sa propre volonté. Ses yeux étaient fermés, ses muscles relâchés. On aurait dit que des mains invisibles le portaient, le redressant. Puis, Sarah entendit une voix crier quelque chose derrière elle. Un énorme loup blanc galopa devant elle, se dirigeant droit vers Harry. Celui-ci s'effondra de nouveau sur le sol, et ne bougea plus. Le loup sembla un moment poursuivre un ennemi invisible, et disparut dans la forêt.

Sarah sentit soudain l'espoir renaître en elle. La sensation de froid et de vide persistait cependant. Les jambes tremblantes, elle s'avança vers les enfants terrifiés, et murmura des paroles réconfortantes. Elle serra dans ses bras les petites filles en larmes. "Ils ne reviendront pas, fit la voix calme de Rémus dans son dos, et une main chaude se posa sur son épaule.

- Ils ? Qu'est-ce que c'était ?

- Des Détraqueurs." Rémus regarda les enfants. "Il faudrait leur donner du chocolat, dit-il. Et tu en as bien besoin, toi aussi.

- Du chocolat, murmura Sarah. Il y en a plein dans le car mais est-ce vraiment le moment de penser à manger des sucreries ?

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda l'un des CM1 ?

- Rien, répondit Rémus. Il y a de l'orage dans l'air, et c'est un peu déprimant, c'est tout." En effet, le ciel était redevenu noir et menaçant. "Mais nous n'allons pas nous laisser faire, hein ? Après tout, nous avons gagné ! Que diriez-vous d'une distribution générale d'?ufs de Pâques ?" Il monta dans le bus rouge.

- Maîtresse, appela Ann. Harry est encore malade."

Sarah remarqua alors que Harry n'avait pas bougé de l'endroit où il était tombé. Elle s'avança vers lui. Il était glacé, et respirait par saccades.

"Rémus !" appela-t-elle.

Le surveillant était ressorti du car avec le sac de friandises, et commençait à les distribuer. Il accourut vers eux. " Est-ce que ce sont encore les Dursley qui ne lui ont pas donné à manger ? demanda Ann.

- Non, répondit Rémus, en lui tendant un gros morceau de chocolat. Il est malade, c'est tout." Il défit son manteau et en couvrit Harry. "Il n'y a plus qu'à attendre qu'il se réveille.

- Heureusement tu as fait vite, soupira Sarah en vacillant. Je ne sais pas ce que nous aurions fait sinon.

- Quand j'ai eu ton message, j'ai immédiatement transplané. Tiens, mange, ça te fera du bien," ajouta-t-il en lui tendant un ?uf en chocolat. Il passa un bras autour de ses épaules pour la soutenir pendant qu'elle mangeait. Elle avala la friandise. Aussitôt, une intense et délicieuse sensation de chaleur se répandit dans tout son corps, et ses jambes redevinrent fermes. Elle regarda les enfants. Ils avaient repris des couleurs et parlaient tranquillement.

- Ils ont l'air de bien se remettre, dit-elle. Tu es arrivé à temps.

- J'aurai dû être là bien plus tôt. Tout ceci aurait pu être évité si seulement j'avais écouté Sirius. Si tu ne les avais pas suivis, et si tu n'avais pas appelé à l'aide... Il s'agenouilla auprès de Harry, le visage empreint de culpabilité et d'inquiétude. J'ose à peine imaginer dans quel état il serait maintenant si j'avais tranplané ne serait ce que quelques secondes plus tard... Comment des Détraqueurs ont-il pu arriver jusqu'ici ?

- Qu'est-ce que c'était exactement que ces créatures ? Je veux dire, je n'ai rien vu de particulier. Sont-elles invisibles ?

- Seulement pour les moldus." Il lui expliqua rapidement comment fonctionnaient les Détraqueurs. "Quelques secondes de plus et ils auraient donné un baiser à Harry. Son âme l'aurait quitté à tout jamais."

Il souleva l'enfant, toujours inconscient, et le serra dans ses bras. "Où est cet homme, demanda Sarah. Sirius, celui qui nous a prévenus ?

- Je l'ignore. Il a dû fuir quand j'ai disparu."

Des bruits les firent se retourner. D'autres groupes d'enfants rejoignaient le parking. Leurs camarades déjà là les accueillirent avec des cris et des rires. Visiblement, ils avaient complètement oublié l'épisode des Détraqueurs. On donna aux enfants des paquets de friandises, plus petits que ceux des premiers arrivés. Les parents qui avaient accompagné les groupes rejoignirent les deux adultes. Ils haussèrent les sourcils en découvrant Harry, toujours inconscient dans les bras de Rémus.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda l'un d'eux d'un ton inquiet.

- Il a eu une sorte de crise d'épilepsie, juste en arrivant, répondit Sarah, voyant l'air confus de Rémus.

- Oh ! Vous avez appelé un médecin ?

- Les cars ne sont pas équipés de téléphones.

- Ca va aller, intervint Rémus, qui semblait avoir retrouvé son aplomb. Le plus dur est passé, maintenant. Je connais un peu sa famille, ce n'est pas la première fois que ça lui arrive.

- Si nous pouvons faire quelque chose...

- Merci, il n'y a rien que nous puissions faire pour l'instant.

- Combien de groupes sont revenus ? demanda Sarah.

- Il semble que nous soyons le septième, dit Christophe qui venait de se joindre au groupe. Il en manque encore autant, mais ils ne devraient plus tarder. Ceux qui n'avaient pas trouver le trésor devaient rejoindre Viviane à cinq heures, or il est cinq heures cinq."

Sur ce il s'éloigna, accompagné des parents, pour essayer de calmer quelques enfants qui semblaient sur le point de se battre. Sarah caressa doucement les cheveux de Harry.

"Tu es sûr qu'il va bien, demanda-t-elle à Rémus.

- Non, répondit celui-ci. Il ne va sûrement pas bien. Des Détraqueurs aussi près, avec le passé qu'il a... Mais il va se réveiller." Le surveillant se mit à taper du pied sur le sol d'un geste impatient. « J'aimerais que les autres arrivent, que nous puissions partir d'ici. Les Détraqueurs ne reviendront pas, mais il y a toujours un sorcier extrêmement puissant dans la forêt. Et il faut que j'aille à Poudlard.

- Pour Harry ?

- Pas seulement. Dumbledore doit être immédiatement mis au courant de ce qui vient de se passer. Les Détraqueurs sont censés travailler pour le ministère, je n'aime pas ça du tout. Et je suis inquiet pour les professeurs de Poudlard. Normalement, deux d'entre eux auraient dû être ici aujourd'hui. Pour assurer la sécurité. Quand tu as touché le globe, ils ont dû l'entendre. Ce n'est pas normal qu'ils ne soient pas venus voir ce qui se passait.

- Ils étaient peut-être trop loin. Tu m'as dit que cet appareil n'avait pas une grande portée, la forêt n'est pas très grande mais elle fait quand même quelques kilomètres de diamètre, essaya de le rassurer Sarah.

- Peut-être." Rémus n'avait pas l'air convaincu. "Cependant je ne vois pas pourquoi ils seraient restés si loin de Harry".

Elle posa une main sur son épaule. Il était tendu et nerveux.

"Calme-toi, dit-elle. Je ne connais pas ces gens, mais ce sont sûrement des sorciers qualifiés, non ? Je suis sûre qu'il ne leur est rien arrivé."

Il sourit. Tous deux savaient qu'elle n'avait dit cela que pour le rassurer, mais il fit semblant de la croire. Quelques instants plus tard, le groupe des retardataires fit son apparition. et Rémus poussa un soupir de soulagement. Mais bientôt, le groupe formé par les instituteurs et parents commença à s'agiter. Sarah laissa Rémus et se rapprocha de ses collègues.

"Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.

- Une équipe n'est pas rentrée. Régine est repartie voir au point de rendez- vous, mais il était déjà cinq heures et quart quand nous sommes partis.

- Qui est-ce ?

- Des petits, avec Nathalia Steiner, la mère du petit Maxime, répondit la directrice. Je ne comprends pas, elle connaît la forêt comme sa poche. Ils ne peuvent pas être perdus.

- Peut-être a-t-elle simplement mal compris l'heure.

- C'est ce que nous espérons. Espérons que Régine les retrouvera. Mais ça m'étonnerais. On avait dit aux parents qu'après cinq heures je rentrerai au parking."

Effectivement, quelques instants plus tard Régine revint, seule.

Il commençait à faire plus froid, et le ciel était de nouveau menaçant. Les plus jeunes des enfants commençaient à s'énerver, certains, fatigués, pleuraient pour des broutilles. "On devrait les faire monter dans les bus, suggéra Sarah.

- Bonne idée, dit Viviane. Occupez-vous chacun de votre classe. Les autres vont probablement arriver. Au fait, Sarah, que se passe-t-il encore avec Harry ? Christophe m'a dit qu'il avait de nouveau perdu connaissance.

- Rien de grave. Rémus s'en occupe."

Sur cette réponse évasive, la jeune femme s'éloigna et entreprit de rassembler sa classe. La tâche fut aisée, les enfants avaient froid et ils étaient fatigués. Aucun de ses élèves, heureusement, ne manquait à l'appel, puisque le groupe manquant était constitué d'enfants plus jeunes. Montant dans le car, elle vit que Rémus avait déjà installé Harry, toujours enveloppé dans le grand manteau noir. Le surveillant s'avança tout de suite vers elle, pour lui demander ce qui se passait, et s'ils allaient enfin partir. Elle lui répéta ce qu'elle savait, et le vit pâlir.

"Reste avec Harry, dit-il, et la main près du globe.

- Où vas-tu ?

- Les partisans de Voldemort ont toujours adoré les disparitions," lança-t- il en sortant, bousculant au passage l'institutrice des CM1qui lui jeta un regard étrange.

Il n'y avait plus aucun enfant dehors. De grosses gouttes de pluie avaient commencé à tomber. Rémus rejoignit le petit groupe d'adultes qui discutaient nerveusement.

- Ce n'est pas possible, disait Christophe. Il fait froid, il fait sombre, et elle a des tout-petits. N'importe qui de censé les aurait ramenés depuis longtemps ! Même si on n'avait pas eu de rendez-vous.

" Il faut appeler la police, renchérit Viviane. Ils ont presque une heure de retard. Il pleut et il va bientôt faire nuit. Il a dû se passer quelque chose.

- J'ai une radio, proposa l'un des chauffeurs de car. Je peux appeler le central et leur demander de prévenir la police."

Tout le monde sembla d'accord, et l'homme s'éloigna. "Peut-être devrions nous essayer de les chercher, suggéra Rémus. Après tout, la forêt n'est pas si grande. Une femme et huit enfants, ça ne disparaît pas comme ça.

- D'accord, dit Christophe, je viens avec toi. Mais les autres devraient rentrer."

Rémus réfléchit à toute vitesse. Il était plus que d'accord : les autres enfants, et surtout Harry, devaient partir d'ici le plus vite possible. Mais d'un autre côté, cela signifiait que le petit garçon serait loin de son aide. Et il ne pouvait pas rentrer chez les Dursley avant huit heures. En cas de problème, Sarah n'aurait personne à appeler. Ce pouvait être l'occasion rêvée pour des mangemorts. Et il aurait préféré que les moldus restent sagement dans les bus, ou au moins sur le parking. Mais Christophe insista : "Nous somme, à part les chauffeurs de bus, qui seront nécessaires, deux pour ramener les enfants, le troisième pour attendre ici, les deux seuls hommes.

- D'accord, dit finalement Rémus. Je vais jeter un coup d'?il à Harry et récupérer mon manteau, et on y va." Il monta dans le car, s'approcha de l'endroit où Harry était étendu. A son grand soulagement, le petit garçon respirait plus calmement. Il se tourna pour faire face à Sarah.

"Vous allez rentrer, dit-il. Je reste ici avec Christophe, on va quadriller la forêt." Elle lui lança un regard surpris et vaguement inquiet. " Il va falloir que tu restes avec Harry jusqu'à ce que je revienne, ajouta le sorcier. Les Dursley ne voudront plus le reprendre avant huit heures passées, maintenant.

- De toute façon, dit-elle, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de le renvoyer chez ces gens dans cet état.

- Il va bientôt se réveiller. Il respire mieux, maintenant, et son pouls est un peu plus calme. N'oublie pas de lui donner une grosse dose de chocolat, dès qu'il se réveillera. Laisse le pleurer s'il en a envie. Ca ne sera pas facile pour lui.

- Bien sûr.

- Tu as des bijoux sur toi ? demanda-t-il ? Elle avait une petite clé en or qui pendant au bout d'une chaîne. Il vérifia que personne ne le regardait et sortit sa baguette. "Transporto presto Poudlard" murmura-t-il. Le bijou brilla un instant d'une lumière dorée, avant de s'éteindre.

- Si vous avez des problèmes, dit-il en remettant son manteau avant de s'éloigner, tu enlèves ta chaîne, tu prends le bijou dans une main, Harry dans l'autre, il vous amènera à Poudlard." Il l'entendit répondre, mais il était déjà trop loin pour comprendre, et préféra ne pas se retourner. "Allons-y maintenant," dit-il à Christophe, qui l'attendait.

Des voix parlaient autour de lui, mais il n'arrivait pas à les comprendre. Tout était trop confus. Il frissonna, et ouvrit les yeux. C'est alors qu'il se rendait compte qu'il était dans un car en mouvement. Harry essaya de s'asseoir, mais tout tournait autour de lui, et il dut fermer ses yeux et reposer sa tête. Lorsqu'il souleva de nouveau les paupières, un visage flottait au-dessus de lui.

"Ca va Harry ? demanda doucement la maîtresse.

- Oui, répondit-il, dans un souffle. Il vit le visage s'éloigner. Des bribes de souvenir lui revenaient. Les choses qui étaient apparues, les capes noires, les cagoules, la peau en lambeaux. Et la femme qui criait, qui criait son nom, et la lumière verte. Sarah était de nouveau devant lui. Elle lui tendait quelque chose qu'il reconnut comme un ?uf de pâques.

« qu'est-ce que c'était ? demanda-t-il. Ces choses horribles ?

- des Détraqueurs, murmura-t-elle, tu demanderas à Rémus de t'expliquer, je ne suis pas sûre d'avoir tout compris. Oublie les pour l'instant, tout va bien.

- Mais qui était cette femme qui criait ? Vous l'avez aidée ?

- Personne n'a crié, Harry. C'était dans ta tête.

- Mais elle criait mon nom, elle disait : Non, pas Harry !

- Chut ! c'était un cauchemar. Juste un rêve. Mange ton chocolat. » Harry obéit, et aussitôt il se sentit mieux. Il s'assit, la maîtresse l'entoura d'un bras rassurant.

« Où est Rémus ? demanda Harry de sa voix normale.

- Il est resté dans la forêt, mais ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici.

- Pourquoi n'est il pas rentré avec nous ? Il y a des problèmes ? »

Sarah regarda le petit visage anxieux, et se résigna à tout lui dire. De toute façon, ses camarades se chargeraient bien vite de lui apprendre ce qui se passait, dans le cas contraire.

« Il y a un groupe qui n'est pas rentré. Rémus est resté les chercher.

- Il pense que les méchants sorciers les ont attaqués ? demanda l'enfant d'une petite voix.

- On ne sait pas. Mais ne parle pas de ça à tes camarades, murmura Sarah. N'oublie pas qu'ils ne savent rien.

- C'est ma faute, dit Harry d'une voix sourde. La chaleur apportée par le chocolat se dissipait rapidement. C'est pour moi qu'ils sont venus, et si les autres sont blessés ce sera de ma faute.

- Ne dis pas de bêtises. Bien sûr que ce n'est pas de ta faute. Et ils se sont probablement juste perdus, ou ils ont oublié à quelle heure il fallait rentrer. Ne t'inquiète pas, je suis sûre qu'on va les retrouver. »

Sarah passa sa main dans les cheveux de l'enfant, en un geste rassurant. Sur son front, elle sentit la marque en forme d'éclair qui le rendait si différent des autres. Cette marque qui était la cause de tout. Harry se détendit un peu. Il voulait croire que cette disparition n'avait rien à voir avec lui, qu'il n'était pas responsable. Et il était encore à l'âge où on croit ce qu'affirment les adultes, surtout les enseignants. Pourtant, il n'était pas tranquille. Et il aurait aimé que Rémus soit là. Cette femme qui criait ne pouvait pas être simplement un rêve. Il essaya de se rappeler exactement ce qui s'était passé, mais sans y parvenir. Il n'arrivait pas à voir son visage. La maîtresse se releva et retourna s'asseoir à sa place, deux rangs plus loin. Harry acheva le chocolat.

« Ca va ? demanda une voix derrière lui. Il se retourna, et vit Ann, assise derrière lui.

- Oui, merci. répondit-il.

- Tu es tout blanc. Tiens, ajouta-t-elle en lui tendant un sac. C'est pour toi. On a gagné, tu sais.

- C'est bien. Où est Céline ? » Il était rare que les deux fillettes se séparent.

« Dans le fond, avec Julien. Il n'aime pas être devant, et elle ne pouvait pas le laisser, à cause de son petit frère.

- Son petit frère ?

- Il faisait partie des CP qui ont disparu. Forcément, Julien est inquiet. Je me demande où ils sont.

- Je ne sais pas. » Le sujet mettait Harry mal à l'aise, mais la fillette semblait plus excitée qu'anxieuse au sujet de l'événement.

« Tu savais qu'ils avaient appelé la police ? demanda-t-elle. Comme dans les films, quand les gens disparaissent. J'aurais bien aimé que quelque chose comme ça nous arrive, à nous. Ç'aurait été une vraie aventure.

- Pas moi. Imagine qu'il leur soit vraiment arrivé quelque chose de grave ? »

Elle haussa les épaules. « Que veux-tu qu'il leur soit arrivé ? Il y a longtemps qu'il n'y a plus de loup dans les bois.

- Et s'ils avaient été enlevés ? S'ils avaient rencontré des gens vraiment méchants ?

- Arrête, tu me fais peur ! ce n'est plus drôle du tout quand tu le dis comme ça. »

A ce moment, les cars se garèrent devant l'école. Ils furent accueillis par des parents énervés, qui attendaient visiblement depuis longtemps. Sarah vint chercher Harry pour l'aider à descendre, et surtout éviter de le perdre dans la foule. Dès qu'ils posèrent un pied par terre, ils furent accueillis par la nouvelle en provenance du deuxième car, qui était celui qui possédait la radio : « Ils sont retrouvés ! ».

Tout le monde soupira soulagés, et Sarah jouant des coudes et poussant Harry devant elle, se dirigea vers la directrice pour essayer d'en savoir plus. L'institutrice du CM1 la suivit.

« Alors, que s'est il passé, finalement ? demanda Sarah à Viviane.

- C'est assez étrange. Rémus et Christophe ont fini par retrouver les enfants au bout d'une bonne demi-heure de recherches. Ils étaient complètement perdus, ils avaient froid et peur, parce qu'il faisait nuit, mais à part ça ils allaient bien. Apparemment, ils ont perdu leur accompagnatrice un peu avant cinq heures. Et, étant donné que c'était un groupe de petits, aucun ne savait lire une carte.

Sarah poussa un soupir de soulagement. Les ennemis de Rémus n'avaient rien à voir là dedans. Quoique, cependant, quelque chose n'allait pas.

« Mais qu'est devenue Mme Steiner ?

- C'est ça qui est étrange. On ne l'a vue nul part. Or elle aurait dû venir nous prévenir dès qu'elle s'est aperçue qu'elle avait perdu les enfants. Et il est impossible qu'elle se soit perdue. De plus, son fils est dans le groupe, même si elle avait eu trop honte d'avouer qu'elle avait perdu tout le groupe, elle ne l'aurait pas abandonné comme ça.

- Il lui est peut-être arrivé quelque chose. Elle aurait pu tomber et ne plus pouvoir avancer. C'est impossible qu'elle ait abandonné les enfants, affirma Sarah. Même si son fils n'avait pas été dedans, quel genre de monstre aurait-il fallu être pour laisser des bambins de six et sept ans alors que la nuit tombait et qu'il commençait à pleuvoir ?

- Je l'ignore. La police continue les recherches. Christophe et Rémus rentrent avec les enfants. »

Il ne restait plus maintenant que quelques parents qui attendaient, la plupart ayant ramené chez eux leur progéniture. On leur avait expliqué ce qui s'était passé, et si certains semblaient en colère, la plupart prenaient la chose avec philosophie : après tout, il y avait parfois des imprévisibles, et la responsabilité de l'école ne pouvait pas être engagée. De plus, tout se terminait bien pour les enfants. Mais la plupart étaient inquiets pour Mme Steiner, surtout ceux qui la connaissaient. Harry aperçut Julien, qui se tenait près de sa mère, et lui fit un signe, auquel l'autre répondit d'un sourire.

« Tu vois qu'il ne leur est rien arrivé de grave, fit une voix derrière lui. J'avais raison.

- Ann ? s'étonna Harry. Pourquoi n'es-tu pas rentrée chez toi ? Tous les autres sont partis.

- J'attends mon père. Il m'a dit de rester avec la maîtresse jusqu'à ce qu'il revienne. Toi, tu attends Rémus ?

- Oui.

- Qu'est-ce que vous faites encore là tous les deux ? demanda la voix sévère de la directrice.

Ils lui expliquèrent le problème, et elle hocha la tête. « Harry, remarqua- t-elle, tu es blanc comme un linge. Peut-être ne devrais-tu pas rester debout dans le froid, après ta crise de tout à l'heure. Sarah, l'école est encore ouverte, il me semble que tu devrais l'emmener attendre au chaud.

- Je vais bien, tenta de protester Harry. Mais Sarah lui jeta soudain un regard inquiet, comme si elle craignait qu'il ne s'effondre à nouveau.

- Tu as complètement raison, dit-elle à Viviane, où avais-je la tête ? » Elle prit la main de Harry. « Viens vite t'asseoir dans le préau. Viens aussi, Ann, il fait froid dehors. » La directrice eut un sourire indulgent pour sa collègue.

Rémus était assis en silence dans le car. La plupart des enfants dormaient, épuisés. Il avait ressenti, en les retrouvant sains et saufs, un soulagement qui avait étonné son collègue. Il ne pouvait pas lui expliquer ce qu'il avait craint, aussi avait-il essayé de se contrôler. Mais il lui restait bien des sujets d'inquiétude. Il y avait cette femme, qui avait apparemment disparu. Les enfants qui l'accompagnaient n'avaient rien vu ni entendu. Il ne croyait pas à l'hypothèse d'une chute. A moins qu'elle n'ait perdu connaissance, ce qui était plutôt improbable, elle aurait crié en tombant, pour faire s'arrêter les petits. Elle ne les aurait pas laissés se perdre. Et il n'avait vu aucune trace non plus d'un quelconque professeur de Poudlard. Pourtant, ils auraient dû être là. S'ils étaient venus surveiller la sortie, comme prévu, ils n'avaient pas pu ignorer les disparitions. Et, en toute logique, ils avaient dû entreprendre des recherches, eux aussi.

Et il y avait Sirius. Cette fois, il ne pouvait plus le nier, son ancien ami cherchait à protéger Harry. Pourquoi, Rémus n'en avait pas la moindre idée. Durant leur brève conversation, Rémus avait semblé prêt à n'importe quoi pour qu'il n'arrive rien à l'enfant. Il aurait aimer pouvoir lui parler plus longtemps. Sirius semblait prêt à tout expliquer, il ne se comportait pas comme un mangemort. Et s'il y avait eu une erreur ? Le loup- garou chassa rapidement cette pensée. Des années auparavant, il avait passé de longues nuits d'insomnie à chercher l'erreur, refusant d'admettre que celui qui était son ami ait pu commettre des crimes aussi affreux. Cela lui avait pris des semaines pour finalement accepter l'évidence : Sirius avait été le gardien du secret des Potter, et de nombreux témoins l'avaient vu tuer Peter et tous ces moldus. Il n'allait pas revenir là dessus maintenant.

Un mouvement derrière lui le fit se retourner. Un petit garçon roux venait vers lui.

« Rémus, dit l'enfant, C'est Maxime. Il pleure. »

Le surveillant se leva et, à grand pas, se dirigea vers le dénommé Maxime. En effet, l'enfant était agité de sanglots. « Chut, dit-il doucement en prenant le petit sur ses genoux. C'est fini, maintenant. On rentre à la maison. On va bientôt arriver et tes parents vont te ramener chez toi. Ne pleure plus.

- Mais ma maman ne pourra pas venir me chercher, gémit le garçon. Elle a disparu dans la forêt. »

Rémus réalisa soudain que cet enfant était le fils de Natalia Steiner. Dans la confusion qui avait suivi les retrouvailles, personne n'avait pensé qu'il était là, et il devait être terrifié.

- On va retrouver ta maman, dit Rémus d'un ton rassurant. Et dès que nous arriverons à l'école, on téléphonera à ton papa, d'accord ?

- Mais si on ne retrouve jamais maman, sanglota le garçon. Si avait décidé de partir pour toujours parce qu'elle ne m'aime plus ?

- Pourquoi dis-tu des choses pareilles ? Bien sûr que ta maman t'aime. Elle est même venue faire la sortie avec nous pour être avec toi.

- Oui, mais hier elle n'était pas contente parce que ma chambre était pas rangée, et aujourd'hui elle était bizarre, comme si elle ne m'aimait plus. Elle n'a pas parlé de tout l'après-midi, même quand je suis tombé et que je me suis fait mal elle n'est pas venue m'aider, insista l'enfant, et après elle est partie.

- tu dis des bêtises. Ce n'est pas la première fois que ta mère se fâche contre toi, n'est-ce pas ? Et des fois les adultes sont préoccupés, et ils n'ont pas envie de parler, c'est tout.

- Comme quand papa a des problèmes au bureau et qu'il crie après maman ?

- Exactement. »

Un petit sourire se dessina sur le visage du petit garçon, et ses sanglots se calmèrent. Enfin, ils arrivèrent à l'école. Des applaudissements saluèrent l'ouverture des portes. On réveilla les enfants endormis, qui trébuchèrent jusqu'au bas des marches et furent aussitôt étreints dans les bras parentaux. Rémus accompagna Maxime jusqu'au parking, et le confia à la directrice, qui assura qu'elle avait appelé le père du garçon, et qu'il ne tarderait pas. Enfin, Rémus apprit que Sarah était dans sa classe avec Harry et Ann.

« Tu veux que je te ramène ta fille ? » demanda-t-il à Christophe.

Celui-ci acquiesça, et Rémus rentra dans l'école. Il trouva Sarah en train de lire un livre aux deux enfants qui écoutaient, à moitié endormis sur des chaises.

« Alors ? demanda Sarah dès qu'elle le vit, vous l'avez retrouvée ?

- Non. Nous parlerons plus tard, ajouta-t-il en jetant un coup d'?il aux deux enfants qui, complètement réveillés, attendaient d'en savoir plus. Désolé, mais vous saurez la fin de l'histoire un autre jour. Ann, ton père t'attend. Si tu es prêt, Harry, on y va. Quelques instants plus tard, ils rendirent sa fille à Christophe, au moment où un homme se précipitait dans l'école, l'air fou d'inquiétude.

« Je crois que c'est Mr Steiner, dit Sarah. Le pauvre, il doit être mort d'inquiétude pour sa femme.

- Au moins, il pourra s'occuper de son fils, » commenta Rémus.

Ils quittèrent la cour de l'école, où ne restaient plus que deux ou trois personnes. Sarah avait offert, après la journée qu'ils avaient eue, de raccompagner Harry en voiture. « Rémus, demanda l'institutrice, t'es-tu arrangé avec les Dursley ?

- A quel sujet ?

- Les vacances commencent demain, rappela-t-elle.

- Ca m'était complètement sorti de la tête ! s'exclama-t-il. Non, je ne me suis pas arrangé avec eux, mais j'ai trouvé un lieu à peu près sûr pour Harry . - Je ne vais pas chez Mrs Figgs ? s'étonna le petit garçon.

- Non. Je voulais te faire la surprise demain, mais étant donné la situation, c'est sans doute mieux si nous y allons ce soir.

- Où ? demanda Harry d'un air curieux.

- A Poudlard.

- Mais je croyais que le professeur Dumbledore ne voulait pas que Harry aille là-bas, intervint Sarah.

- Après le 4, Privet Drive, quand les Dursley y sont, ça reste le lieu le plus sûr pour Harry. Surtout si on part du principe que Sirius Black ne fait pas partie de ceux qui lui veulent du mal. De plus, c'est les vacances, donc le château sera presque vide, et plus facile à surveiller. Cela évitera aussi de provoquer une émeute si des élèves s'apercevaient de la présence de Harry. »

Ils arrivèrent devant la maison des Dursley. Rémus sonna. Vernon ouvrit la porte. « Je vous ai déjà dit que je ne voulais pas vous voir chez moi, lança-t-il au sorcier en guise de bonjour.

- Heureux de voir que le retard de Harry ne vous a pas trop inquiété.

- On ne sait jamais où traîne ce genre de vauriens. Et nous partons en vacances demain, nous avons d'autres soucis que les allées et venues de ce garçon. » Rémus jugea préférable de ne pas relever les insultes.

« C'est justement à cause de cela que je suis venu, dit-il. Je vais emmener Harry ce soir pour les vacances, puisque vous ne semblez pas avoir assimilé le fait qu'il était en danger et que le confier à une vielle voisine n'était peut-être pas la meilleure des choses à faire. »

Il poussa l'enfant dans la maison. « Va chercher tes affaires, lui dit-il, et essaie de te dépêcher, je voudrais voir Dumbledore le plus tôt possible. Je suppose qu'on pourra toujours te trouver des vêtements si tu n'as pas ce qu'il faut, prends juste le minimum. »

Harry se mit à courir vers le placard. Quelques instants plus tard il était de retour, le sac à dos qu'il portait visiblement beaucoup plus plein qu'auparavant. Il avait également pris son cartable d'école. Rémus dit au revoir à Vernon qui lui claqua la porte au nez, et ils rejoignirent Sarah qui avait attendu dans sa voiture.

« Tu peux nous déposer chez moi ? demanda Rémus

- Bien sûr. »

Le temps qu'ils arrivent devant la maison de Rémus, qui n'était pourtant pas très éloignée, Harry était profondément endormi sur la banquette arrière. Rémus le souleva doucement, sans que l'enfant ne semble se réveiller, et l'emporta à l'intérieur. Presque aussitôt, il ressortit, pour chercher le sac à dos et le cartable.

« Bon, je crois que c'est là que je vous quitte, dit Sarah. Bonnes vacances, Rémus.

- Merci. Je crois qu'elles ne seront pas de tout repos.

- Prends bien soin de Harry, et fais attention à toi.

- J'essaierai. Ne te fais pas de souci, nous reviendrons tous les deux en pleine forme dans quinze jours. » A regret, leurs regards se séparèrent, puis Rémus referma la portière et Sarah démarra. Le loup-garou retourna chez lui et ferma les rideaux. Il sortit sa baguette magique de sa poche et alluma un feu.

Quelques instants plus tard, Rémus, tenant toujours Harry dans ses bras, arriva devant la porte du bureau de Dumbledore. La gargouille refusa de le laisser entrer. Le directeur ne devait pas s'attendre à sa visite. Pourtant, il était forcément au courant des événements du jour. Des bruits de voix d'adolescents se firent entendre derrière lui. Les vacances ne commençaient que le lendemain, et si quelqu'un découvrait l'identité de Harry, il se produirait un beau chaos. Rémus cacha Harry contre lui quand le groupe d'élèves passa, ce qui ne les empêcha pas de lui jeter un regard curieux. Il ne pouvait pas rester dans le couloir, même si les passages étaient rares en raison de l'heure tardive. De plus, même si Harry n'était pas lourd, ses bras commençaient à fatiguer. Et l'enfant serait bien mieux sur un lit pour dormir. Mais Rémus n'avait aucune idée de l'endroit où Harry était sensé loger.

Rémus se dirigea vers la tour des Griffondor. Sans s'arrêter devant le portrait de la grosse Dame, qui marquait l'entrée de la salle commune, il alla frapper contre le mur, un peu plus loin, sous une tapisserie fleurie. « Une minute ! » fit une voix. Rémus étouffa un soupir de soulagement en voyant la portion de mur contre laquelle il avait frappé se métamorphoser en porte, puis s'ouvrir, laissant le visage sévère du professeur Mac Gonagall s'encadrer dans l'ouverture.

« Rémus ! s'écria-t-elle. Entrez. » Elle referma la porte derrière lui. La pièce était meublée sobrement, sans originalité, aux couleurs de Griffondor. « Le directeur voulait vous voir dès votre arrivée, ajouta-t- elle, c'est pourquoi je suis surprise de vous voir ici. »

Elle lui jeta ce regard perçant qui lui devait le respect, et souvent la crainte, de ses élèves.

- Il ne m'a pas prévenu, de plus je n'ai pas le mot de passe de son bureau, et la gargouille a refusé de me laisser entrer.

- Comment ça ? J'ai moi-même chargé Paula de vous transmettre le message.

- Elle dormait dans son cadre quand je suis arrivé.

- Je n'aurais jamais dû faire confiance à cette vielle folle, dit sèchement le professeur de métamorphose. En tout cas, Albus n'est pas dans son bureau. Il se trouve dans les donjons. Juste après la salle de potions.

- Que fait-il là-bas ?

- Je ne sais pas. Il y est depuis que Flitwick et Rogue sont rentrés, et n'a pas jugé nécessaire de me fournir des explications. »

Elle releva le menton d'un air outragé. Il est venu me voir au milieu de mon dernier cours, disant que vous arriveriez probablement ce soir, et avec ce message à vous faire parvenir. Et il n'était pas là au dîner, ce qui est plutôt inhabituel étant donné que les vacances commencent demain.

- Merci, Minerva. » dit Rémus en se retournant vers la porte qui avait de nouveau disparu. La sorcière la fit réapparaître.

« Rémus, ajouta-t-elle alors qu'il sortait, peut-être devriez-vous laisser Harry ici pendant que vous descendez. Vous pouvez l'installer sur le canapé. »

Le loup-garou fit un rapide demi-tour. Il avait complètement oublié la présence de l'enfant dans les bras. Rapidement, il revint dans la pièce. Lorsqu'il déposa Harry sur le divan, celui-ci marmonna quelques paroles indistinctes mais ne se réveilla pas. » Rémus secoua ses bras engourdis, remercia une nouvelle fois le professeur de métamorphose, et courut presque jusqu'aux donjons.

En passant devant la salle de potions, il commença à entendre bruits de conversation. Il reconnut le timbre d'Albus Dumbledore, mais le ton était dur, sans l'habituelle jovialité du vieil homme. Une femme semblait cracher des mots en réponse. Rémus accéléra encore l'allure. Il atteignit enfin le lieu où se tenaient les autres. Albus lui tournait le dos. Il se tenait très droit, dans une attitude que l'on devinait menaçante. A côté de lui se tenait Severus Rogue, baguette levée. Ce n'est qu'en s'approchant que Rémus aperçut, derrière eux, une femme qu'il ne connaissait pas. Elle portait une robe noire élimée. Son visage était marqué de rides profondes, presque des crevasses, pourtant on devinait à son maintien qu'elle n'était pas vielle. Elle avait des cheveux sombres qui tombaient raides sur ses épaules comme s'ils avaient été de bois. Mais ce qui frappa Rémus immédiatement, ce fut ses yeux. Petits et très noirs, ils fusillaient ses opposants, débordant de haine, et en même temps ils arboraient une petite lueur de triomphe.

« C'est trop tard, lança-t-elle à Dumbledore au moment où Rémus entrait dans la pièce. Vous ne pouvez plus rien faire, maintenant. Il y a des heures que le monde est débarrassé du survivant. Vous aurez peut-être eu le plaisir de m'attraper, de toute façon je ne resterai pas à Azkaban.

- Harry va bien. » dit alors Rémus.

Tout le monde se tourna vers lui. La femme le regarda comme s'il était un fantôme. Dumbledore poussa un énorme soupir, ce qui ne lui ressemblait absolument pas, et il sembla même détecter du soulagement dans l'habituel regard dégoûté que lui lança Rogue.

- Dieu soit loué, dit Dumbledore. Heureux de vous revoir, Rémus. Cette dame ne fait que répéter la même chose depuis des heures, mais impossible de savoir ce qui était censé se passer. »

Il se retourna vers la femme, ses yeux bleus d'une dureté de glace. « Je vais vous laisser ici cette nuit pour réfléchir. Il est impossible de s'enfuir d'un cachot de Poudlard, et je vous déconseille d'essayer. C'est Rogue qui a préparer celui-ci pour vous, et il se montre cruel à ses heures. Des Aurors seront sûrement enchantés de passer vous prendre demain, et je doute qu'ils fassent preuve d'autant de civilité que moi dans leur interrogatoire. Sur ce, bonne nuit. »

Rogue fit un signe de tête, et tous trois quittèrent le cachot. En silence, ils regagnèrent le bureau de Dumbledore.

« Maintenant, Rémus, je n'aurai rien contre quelques explications. » Le loup-garou raconta tout ce qui s'était produit ce jour là. « Ce que je ne comprends pas, ajouta-t-il en lançant un regard à Rogue, c'est pourquoi je suis le seul à avoir entendu l'appel de Sarah. Je pensais que d'autres surveillaient la forêt. »

Le professeur de Potions sembla sur le point de lancer une réplique cinglante, mais il en fut empêché par un coup d'?il cinglant du directeur. « Les professeurs ont dû vous perdre de vue. Cela vous sera expliqué plus tard. Continuez, Rémus. » L'homme obéit. Il en arriva à la disparition des enfants, puis à comment ils les avaient retrouvés, mais sans leur accompagnatrice, et raconta comment il avait récupéré Harry et était venu à Poudlard. « Voilà, conclut-il. Je suppose que cette femme faisait allusion aux Détraqueurs. C'est elle qui les a envoyés. »

« Black est son complice, dit Rogue avec un reniflement de mépris. Il a essayé de te retenir pendant que Potter rejoignait le parking. Et tu t'es laissé prendre à ses boniments.

- Si je l'avais écouté, Harry n'aurait jamais rencontré aucun Détraqueur. Et c'est lui qui m'a permis d'arriver à temps. Il y avait une limite d'âge autour du parking. Personne de plus de dix ans ne pouvait passer. Si Black ne m'avait pas averti, j'aurais été retenu en dehors. Et je ne suis pas sûr que j'aurais eu l'idée de transplaner pour la franchir.

- Ca n'a jamais été ton fort, les idées, n'est-ce pas, railla l'homme aux cheveux gras.

- Séverus, intervint Dumbledore, j'aimerais assez que vous restiez courtois ce soir. Vous aussi, Rémus.

- Black a raconté n'importe quoi. D'après ce que Rémus a dit, sa petite amie n'a eu aucun mal à passer. Et lui a ensuite effectué de nombreux passages.

- Sarah n'est pas ma petite amie, s'insurgea Rémus. Et c'est une moldue, les limites d'âge ne concernent que les sorciers. De plus, la barrière existait réellement. Je l'ai désactivée dès que les enfants ont été en sécurité.

- Ne vous énervez pas, répéta Dumbledore, vous n'avez plus quinze ans, tous les deux. Rémus, ce que vous dites ne me surprend pas. Il y a en effet un certain temps que Black se comporte comme s'il voulait protéger Harry. Mais je crois que nous avons nous aussi quelques explications à vous donner. Mais je dois avant tout envoyer une lettre au ministère, pour lui rendre compte de tout ça. Séverus, je suis sûr que vous vous ferez un plaisir d'éclairer votre camarade pendant ce temps. »

Il sortit, laissant Rogue et Lupin se regarder en chiens de faïence dans son bureau. Il y eut un silence chargé de ressentiments, que Rémus fut le premier à rompre.

« Séverus, dit-il doucement, je sais que tu as beaucoup de choses à me reprocher. Je te jure que je n'ai pas eu vent de la farce de Sirius avant qu'il ne soit trop tard. Je ne me serai jamais pardonné si ça avait mal tourné. Mais il y a près de dix ans de cela, et bien des choses ont changé. Oublions cette histoire.

L'autre homme le fixa de ses yeux noirs, avec une expression bizarre sur le visage, comme s'il était ailleurs, comme s'il revivait le passé. Un moment, Rémus crut qu'il allait accepter la trêve, puis le visage du Serpentard se referma, et il eut un petit reniflement de dégoût.

« Nous ferions bien mieux de parler de ce qui nous occupe en ce moment, dit- il sèchement. Tu crois toujours qu'il suffit de quelques paroles les pour que tout s'arrange. Tu es naïf, Rémus. Il est temps que tu grandisses, le monde n'est pas gentil. » L'autre homme soupira. « Très bien. Alors dit moi ce qui s'est passé aujourd'hui. Et épargne-moi tes commentaires.

- Puisque je n'ai pas le choix. Je suis sûr que Dumbledore a fait exprès de nous mettre dans cette situation. Il espérait sans doute que nous allions nous tomber dans les bras. Il est encore pire que toi.

- Séverus, je t'ai dit de m'épargner tes commentaires. Plus vite nous en aurons fini avec tout cela, mieux ça sera pour tout le monde. Qui est cette femme ?

- Nous l'ignorons pour l'instant.

- Mais encore ?

- Elle s'est introduite dans le groupe d'enfants, en utilisant une fausse apparence, probablement grâce à du polynectar. Nous l'avons repérée vers midi, grâce un détecteur de magie noire, que possédait heureusement Minis Flitwick..

- De la magie noire ? Quel type de magie noire ?

- Comment crois-tu qu'il se soit soudain mis à faire si beau, alors qu'il pleuvait une minute avant ? Ou peut-être étais-tu trop occupé à flirter pour t'en rendre compte ? Elle ne se trouvait pas avec vous à ce moment là, mais plus loin, près de la sortie du bois. Puis elle a transplané avant que nous n'ayons eu le temps de l'arrêter. Comme nous savions qu'elle s'était trouvée dans votre groupe le matin, nous sommes revenus immédiatement à l'endroit où vous mangiez. Elle avait repris sa place, comme si de rien était.

- Pourquoi ne l'avez-vous pas arrêtée tout de suite ?

- Au milieu des moldus ? Elle est d'une puissance peu commune, sinon jamais elle ne serait parvenue à changer le temps de cette manière. Il aurait pu en résulter un horrible massacre. Peut-être qu'un loup-garou s'en moque, après tout. Pas moi. »

Rémus ne releva pas l'insulte, et le professeur de potions continua son récit.

« Quand vous êtes repartis, j'ai suivi la femme, et Minis est resté derrière toi. Elle jetait des sorts de confusion sur tous les groupes qu'elle croisait, et j'avoue que sur le moment je n'ai pas bien compris pourquoi. Puis, sans prévenir, elle s'est laissée distancée par le groupe de petits moldus qui l'accompagnait, et elle est partie de son côté. C'est à ce moment que j'ai fait appel à Minis. Nous l'avons prise par surprise et elle n'a pas opposé une grande résistance. Il s'est chargé de l'amener au directeur pendant que je m'occupais de lever les sorts de confusion. Malheureusement, certaines équipes s'étaient beaucoup éloignées du parking. C'est probablement pour cela que personne n'a entendu l'appel lancé par cette moldue, sauf toi.

« D'accord, dit Rémus, ça explique les disparitions. Mais ça n'a pas dû te prendre des heures de lever ces sortilèges. Pourquoi n'es-tu pas revenu ensuite t'occuper des enfants ? Ils ont erré tout seuls pendant des heures !

- Ca ne faisait pas partie des priorités, répondit froidement le professeur de potions. Je savais très bien qu'ils finiraient par être retrouvés. Après avoir levé le dernier sortilège, je suis revenu voir ce que devenait Potter, figure-toi. Après tout, c'était lui que nous étions censés surveiller. Je n'ai pas repensé à ces stupides gosses jusqu'au moment où vous avez commencé à vous agiter et où j'ai fini par comprendre des bribes de ce qui se passait. Mais toi tu n'as rien trouvé de mieux que de confier Potter à cette moldue pour partir à leur recherche. As-tu la moindre idée de ce qui aurait pu se passer ?

- Et qu'est-ce que j'étais censé faire ? Je n'avais aucune idée de ce qui se passait ! Ces enfants auraient tout aussi bien pu être aux mains de Mangemorts. Et il n'est rien arrivé à Harry après qu'il ait quitté la forêt !

- Du calme, ici ! » Ni l'un ni l'autre n'avaient remarqué que Dumbledore était revenu dans le bureau. Il arborait un air contrarié.

« J'ai envoyé le portrait de cette femme au ministère. Ils sont formels : c'est Arachna Lestrange.

- Mais les Lestrange sont tous les deux à Azkaban ! protesta Rémus.

- Je me disais bien que cette femme me rappelait quelqu'un. dit Rogue d'un ton pensif. J'ai un peu connu Arachna autrefois, avant qu'elle ne soit arrêtée. Mais si c'est vraiment elle, alors elle a énormément changé.

- Des années à Azkaban changeraient n'importe qui.

- Mais elle n'était pas censée en sortir, répéta Rémus.

- Et pourtant, des gardiens viennent de vérifier : elle n'est plus là-bas. Il semble qu'elle se soit évadée, et son mari aussi. On dirait que Fudge a préféré garder la nouvelle secrète, et il vient seulement de me l'apprendre. Ils se sont évadés quelques jours après Black, quand tout le monde était encore secoué par la nouvelle, et il a craint que cette nouvelle information ne provoque une émeute.

- Vous pensez que ces deux évasions sont liées ? demanda Rémus. Et que Sirius serait le complice des Lestrange ?

- C'est évident, dit Severus Rogue.

- Je n'en suis pas si sûr, répliqua le directeur. Il ne se comporte pas comme s'il l'était. En tout cas, quand Arachna affirme qu'elle peut s'enfuir d'Azkaban, j'ai tendance à la croire. Il n'est pas prudent de l'y replacer tant que nous ne saurons pas avec certitude comment ils se sont enfuis. Quoique je ne pense pas qu'ils aient eu de grosses difficultés. On dirait que cette femme a un don avec les Détraqueurs. Ils n'auraient pas mené cette attaque pour elle, autrement. Elle n'avait rien à leur offrir, à part l'âme de Harry. Ils auraient pu prendre la sienne à la place. C'était bien moins risqué, et personne ne leur en aurait voulu. Ils l'ont probablement aidée à sortir, avec son mari. »

Le directeur fit une pause, puis reprit la parole : « Cette journée a été longue pour vous deux. Vous feriez bien d'aller vous coucher.

« Attendez un instant, demanda Rémus, qu'est devenue la véritable Natalia Steiner ?

- Nous l'ignorons, mais elle doit se trouver encore dans la forêt. Des professeurs sont repartis participer aux recherches. Maintenant oubliez ça d'ici demain. J'ai demandé aux elfes de vous préparer la petite chambre du troisième étage. Un dîner vous y attend.

- Et Harry ?

- Inutile de le déranger s'il dort. Minerva peut le garder pour la nuit. Bonne nuit Rémus, vous aussi Séverus. »

Les deux hommes, ainsi congédiés, sortirent de la pièce. Ils se saluèrent froidement et se séparèrent. Rémus monta jusqu'à la chambre qu'on lui avait attribuée, qui était délicieusement chaude et confortable. Il retira ses vêtements moldus tâchés de boue et encore humides de la pluie, et enfila des habits confortables qu'il trouva dans le placard. Puis il s'attabla devant un appétissant dîner. Il n'avait pas réalisé à quel point il avait faim, et il était heureux de retrouver la cuisine de Poudlard, après avoir vécu des mois sur la cantine scolaire et ce qu'il se préparait lui-même. Puis, il prit une douche et se coucha, mais, bien qu'il soit épuisé, il ne parvint pas à s'endormir. Trop d'images de la journée tourbillonnaient devant ses yeux. Le visage hargneux de cette femme. Harry, inerte, entre les mains du Détraqueur. Sirius, qui le suppliait de le croire, avec ce regard de bête traquée. Il n'avait presque pas reconnu son ancien camarade quand il l'avait revu. Et un petit garçon, en pleurs, qui appelait sa mère.



oui, je sais, j'ai encore maltraité Harry dans ce chapitre... Mais je promets que je me retiendrai dans le prochain. Merci aux lecteurs et reviewers.

Rose Potter : whaou ! dis donc ça n'arrête pas de tourner dans ta tête! en tout cas merci pour toutes tes longues et superbes rewiews ! quand à toutes les questions que tu te poses, je pense que ce chapitre contient certaines réonses ( ou peut-être pas... niark!) Pour ce qui est de l'éventuelle romance, j'aurais bien aimé qu'elle ait lieu, en effet, mais je crois qu'ils sont trop timides tous les deux, alors ça tarde. Mais peut-être que vers la fin...

Lunard : Je n'étais pas au courant de cette interview. Mais même si c'est une sorcière, on va supposer que Mrs figgs n'eest pas assez puissante pour protéger Harry, d'accord ?

Twinnie : Je crois vraiment que j'aurais besoin d'un petit stage en Angleterre... Un jour peut-être je corrigerai (mais quand même, Noël sans foie gras, c'est plus Noël ! )

Je m'arrête la sinon on va me couper ( je suis dans un cybercafé), et j'aurai pas le temps de poster.

gros bisous

antares.