« Non ! Pas Harry ! Pas Harry, je vous en supplie, prenez-moi, ne touchez pas à mon bébé ! » Harry essaya de voir qui criait, de l'aider, mais il faisait noir, il n'y avait que les voix. Puis, brusquement, il heurta quelque chose de dur et se réveilla.

Disclaimer : non, rien n'est à moi, tout appartient à JKR....

Chapitre 7 : les vacances.

Harry ouvrit les yeux. Il était sur le sol d'une pièce inconnue. La lueur de l'aube filtrait par une lucarne, il était encore tôt. L'enfant se redressa, et s'assit sur le canapé. C'était sûrement là qu'il avait dormi, avant que ce cauchemar le fasse tomber, mais il ne souvenait pas d'être venu ici. Il remarqua soudain qu'il était habillé comme la veille, seules ses chaussures avaient été retirées. Et ses lunettes, qu'il trouva sur une petite table basse. Harry se rappela les événements de la veille. Il se rappelait être monté dans la voiture de Mlle Déline. il avait dû s'endormir. Harry se leva. Il avait faim. Il n'y avait pas de porte, dans la pièce, mais il vit dans un coin un escalier en colimaçon. Harry hésita un moment, puis il commença lentement à gravir les marches. Il avait à peine fait trois pas qu'une femme en robe de chambre jaillit du palier et se mit à descendre. Elle s'arrêta en le voyant.

« Déjà levé, Harry ? demanda-t-elle. Il m'avait bien semblé entendre du bruit. Comment vas-tu ? - Bien, merci. Mais où sommes-nous ?

- Excuse-moi, tu dois être un peu désorienté. Nous sommes à Poudlard. Je suis le professeur Mac Gonagall, je travaille ici. Rémus t'a laissé chez moi hier soir. Tu devais être fatigué, même tout le bruit que les Griffondor ont fait à côté n'a pas réussi à te réveiller, ils donnaient une fête en l'honneur des vacances. »

- Nous sommes à côté des dortoirs des Griffondor ? demanda Harry, intéressé.

- Bien sûr, je suis leur directrice de maison. Je l'étais déjà quand tes parents étaient ici.

- Vous avez connu mes parents ? »

Elle soupira légèrement.

« Oui, je les ai très bien connus. Ton père était l'un des pires perturbateurs qu'on n'ait jamais connus à Poudlard, mais tout le monde l'adorait. Et ta mère était une charmante jeune fille, toujours prête à rendre service, à se porter au secours des autres. »

Elle conserva un instant une expression rêveuse sur le visage, puis redevint stricte. « Tu aurais besoin d'une bonne douche et de vêtements propres, dit-elle. Tu as de quoi te changer ? »

Harry avait emmené de chez les Dursley un unique jean et un tee-shirt. Il suivit la femme jusque dans une grande salle de bains. Peu désireux de la contrarier, il fit bien attention en se lavant, n'oublia ni la nuque ni derrière les oreilles et se lava les cheveux. Il se sécha dans une immense serviette moelleuse. Enfin, il enfila ses vêtements propres. Cependant, le professeur pinça les lèvres en les voyant.

« Tout ceci est beaucoup trop grand pour toi. Tout comme ce que tu portais tout à l'heure, d'ailleurs.

- Je n'ai rien d'autre. »

Elle le contempla un moment, l'air pensif, puis leva sa baguette. Harry ne comprit pas ce qu'elle dit, mais en quelques instant son vieux jean et son pull étaient parfaitement à sa taille.

« Merci ! s'exclama-t-il.

- De rien. Ce n'est pas une grosse affaire. Tu as l'air un peu plus présentable comme ça. » A ce moment, on entendit des bruits dans une pièce à côté. Le professeur consulta sa montre.

« Le Poudlard express va bientôt partir, dit-elle. Il faut que j'aille surveiller ce qui se passe à côté, sinon les première années ne seront jamais prêts. Si tu as faim, je vais te faire monter un petit déjeuner. Tu restes ici en attendant, et tu ne fais pas de bêtises, d'accord ?

- D'accord » répondit Harry. Il s'attendait à la voir remonter les escaliers, qui semblaient constituer l'unique sortie de la pièce, mais à sa grande surprise la sorcière leva sa baguette. Aussitôt, une porte se dessina dans le mur. Harry regarda, les yeux écarquillés, le professeur Mac Gonagall ouvrir la porte, comme s'il n'y avait rien de plus naturel, et sortir dans le couloir. Puis, elle lui fit un signe de tête amusé, et referma la porte qui disparut aussitôt.

Harry, resté seul, s'assit sur le canapé. Rapidement, le brouhaha dans les pièces à côté cessa. Au bout de quelques minutes, fatigué de rester sans rien faire, Harry ouvrit son sac et sortit le livre que Céline lui avait prêté la veille (elle l'avait fini pendant le pique-nique). Au bout de quelques pages, un «plop » le fit sursauter. Il leva les yeux, et mit un moment avant d'apercevoir le plateau sur la table basse. Il n'était pas là quelques minutes plus tôt, Harry en était sûr. Il s'approcha avec curiosité. Le plateau semblait couvert de toasts, de bacon et autres ?ufs à la coque. Il se dit que c'était une excellente manière de faire monter un petit déjeuner, et s'attabla avec appétit. Quand il eut suffisamment mangé il se remit à lire. Quelques instants plus tard, la porte dans le mur s'ouvrit de nouveau. Harry s'attendait à voir la sorcière qui habitait là, mais à sa place ce fut le visage du directeur de Poudlard qui s'encadra dans la porte.

« Bonjour, Harry, dit-il en souriant. Heureux de te revoir à Poudlard. Je suppose que cette pièce n'est pas particulièrement distrayante pour un premier jour de vacances, mais tu vas déménager bientôt.

- pourquoi ? »

Le directeur se mit à rire. « N'importe lequel de nos élèves te dirait que passer ses vacances avec Minerva, c'est bien pire que de ne pas avoir de vacances du tout.

- Merci, Albus, dit la sorcière en pénétrant dans la pièce. Je vois que vous avez une haute opinion de moi.

- Mais vous êtes parfaite, ma chère, répondit le directeur, sans aucun trouble apparent. C'est simplement que je vous vois mal partager les jeux d'un enfant de huit ans.

- Puis-je savoir ce qui me vaut l'honneur de votre visite, Albus ?

- Mais très certainement. Je suis venu chercher Harry. J'aimerais lui poser quelques questions dans mon bureau. Rassurez-vous je ne lui demanderai pas de dire du mal de vous.

- Albus, dit la sorcière d'une voix menaçante.

- De toute façon je n'en dirai pas, fit remarquer Harry. Vous avez été très gentille. »

Dumbledore éclata de rire, et même le professeur Mac Gonagall ne put réprimer un sourire. « Bien, dit le directeur, puisque ça vient du c?ur. Allez, viens Harry, on va parler un peu. »

Obéissant, l'enfant suivit le vieil homme le long des corridors jusqu'à une gargouille en pierre. Le directeur murmura le mot de passe (baba au rhum), et la gargouille pivota. Harry était intimidé en pénétrant dans le bureau du directeur, il se demanda quelles questions le vieil homme allait lui poser. L'enfant s'assit docilement dans le siège que lui désigna le directeur. Ses jambes touchaient à peine le sol. L'homme lui sourit.

« Bien, commença-t-il. J'aimerais que tu me racontes ce qui s'est passé hier. Avec ces créatures.

- Les Détraqueurs ? Je ne sais pas. J'ai perdu connaissance quand ils sont arrivés.

- Je sais déjà cela, Rémus m'a expliqué. Ce que je voudrais savoir, c'est ce que tu as vu ou entendu quand ils étaient près de toi.

- Mais je croyais que ce n'était qu'un rêve. Que personne n'avait crié.

- Personne n'a crié. Ce sont les Détraqueurs qui te font voir ou entendre des choses qui n'existent pas, ou plutôt qui n'existent plus. Mais ce à quoi tu as assisté s'est réellement produit. C'est un de tes souvenirs. Ton pire souvenir. Et j'aimerai que tu me le racontes.

- Il y avait une femme qui criait. Elle disait «non, pas Harry, pas mon bébé ! Prenez-moi à sa place ! » Enfin, je crois que c'était à peu près ça. » Sa voix s'affaiblit, et ce fut presque dans un soupir qu'il demanda : « Cette femme, c'était ma mère ?

- Oui, Harry. Je pense que c'était Lily. »Il prit un air songeur. « J'imaginais qu'effectivement ton pire souvenir serait lié à la mort de tes parents. Merci, c'est tout ce que je voulais savoir. Je suppose que Rémus est réveillé, maintenant. Nous pouvons aller le voir si tu veux. »

Mais à cet instant, un léger coup fut frappé à la porte. Dumbledore dit d'entrer et Rémus Lupin en personne fit son apparition. « Tout va bien ? demanda-t-il. Un problème, Albus ?

- Non. Il semble au contraire que tout semble s'arranger. Le professeur Vector a retrouvé Natalia Steiner hier soir. Elle était inconsciente dans un coin de la forêt, mais ses jours ne sont pas en danger. On s'occupe en ce moment de lui faire subir quelques sortilèges d'amnésie, puis elle sera remise aux autorités moldues. La version officielle sera qu'un coup derrière la tête provoqué probablement par une branche d'arbre lui aura fait perdre connaissance, et provoqué une légère amnésie, c'est pourquoi elle ne se souviendra pas de ce qui s'est passé avant.

- Tant mieux, dit Rémus d'un ton soulagé. Et au sujet de Harry ?

- Quelques questions sans importance. Pour vérifier une hypothèse. Et c'est bien ce que je pensais. Harry, tu peux aller nous attendre à côté, s'il te plaît ? »

Bien qu'il parût très désireux de rester, le petit garçon s'exécuta. « Il s'agit de ce fameux soir, je sais pourquoi Harry a survécu.

- Comment ça ?

- Sa mère s'est sacrifiée pour lui. »

Remus avala difficilement sa salive. « Lily ? demanda-t-il d'une voix étranglée.

- Oui. Harry était une cible de Voldemort, pas elle. C'est de l'ancienne magie. Voldemort ne comprend pas l'amour, il n'y aura pas pensé. Et il est probable que l'enfant porte encore la marque de son amour. Il est bien mieux protégé que nous ne le pensions. »

Le directeur regarda d'un air amusé l'expression de Rémus. « Vous n'allez pas le lui dire ? demanda le loup-garou.

- Si. Je suppose qu'il a compris ce qui s'était passé, de toute façon, et vous pourrez lui expliquer le reste. Puis il sourit. « C'est pour une toute autre raison que je lui ai demandé de sortir. dit-il gaiement. Il s'agit de décider comment nous allons organiser les quinze jours à venir. Le château est presque vide, il ne reste qu'une demi douzaine d'élèves. Laisser Harry se promener librement ne provoquera pas de débordement de foule.

- Mais les élèves et les professeurs ne risquent-ils pas de dévoiler sa présence ?

- Les professeurs sont déjà au courant. Quant aux élèves : parmi eux se trouvent les deux jeunes Weasley que nous avons en ce moment : Charlie, qui a déjà rencontré Harry, et Percy, qui semble tout à fait digne de confiance. Je dirais la même chose pour notre actuelle préfète en chef, qui est une Serdaigle. Restent deux élèves de Poufsouffle, des premières années, et une de Serpentard.

- Et vous pensez qu'ils ne diront rien ? demanda Rémus.

- Je l'ignore. D'un autre côté, peut-être est-il temps de laisser échapper quelques informations au sujet de Harry. De plus en plus de gens commencent à le considérer comme une légende. Il semble avoir complètement disparu depuis cette nuit d'Halloween, même Rita Skeeter n'est jamais parvenue à le retrouver. Certains pensent qu'il est mort peu après, des suites du sortilège. Ils sont persuadés que le ministère et moi leur avons raconté des fables, et notre influence en est diminuée. Le fait qu'il ne se soit pas manifesté après l'évasion de Black les renforce dans cette idée. Si des élèves font courir le bruit qu'il a été vu à Poudlard, cela contribuera à faire taire ces rumeurs. Seulement, je ne veux pas de la gazette ici pendant le séjour de Harry. Le garçon est encore bien trop jeune pour affronter ce genre de publicité, et il faut éviter de concentrer l'attention des mangemorts sur le collège. Je suppose que si nous le leur demandons, les élèves garderont la nouvelle pour eux. Il est bien plus facile de garder un secret par courrier que quand on voit les gens en face.

- Si vous pensez que c'est sans danger, ce sera merveilleux pour Harry. J'imagine qu'il n'a jamais eu de vraies vacances.

- Vous devriez aller le récupérer. Venez donc déjeuner dans la grande salle, tous les deux. »

Dans l'antichambre du bureau du directeur, Harry commençait à s'ennuyer. il aurait bien voulu entendre ce que disaient les deux hommes, il savait qu'ils parlaient de lui. Et il s'interrogeait sur la vision qu'il avait eue. C'était la voix de sa mère qu'il avait entendue, terrorisée. Et elle était morte peu après. Mais lui n'était pas mort. Il avait résisté au sortilège dont elle avait essayé de le protéger. Avec horreur, il réalisa que sa mère était morte pour rien. Si elle n'avait pas essayé de le protéger, Voldemort aurait essayé de le tuer, aurait disparu, et Lily serait en vie. Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues. Puis, la porte du bureau s'ouvrit enfin et Rémus sortit. L'enfant lui jeta un regard brouillé. Le surveillant lui mit une main sur l'épaule et ne dit rien. Il comprenait l'effet que la voix de sa mère pouvait avoir produit sur Harry. Après un moment, c'est l'enfant qui se mit à parler.

- Si elle ne m'avait pas protégé, elle serait en vie, n'est-ce pas ? demanda-t-il d'une petite voix. Il ne voulait pas la tuer.

- On ne peut pas savoir, répondit doucement Rémus, ce qui se serait passé. Mais si elle ne t'avait pas protégé, tu serais mort, c'est la seule chose peu près sure.

- Pourquoi ? Il n'a pas réussi à me tuer. »

Rémus répéta alors à Harry tout ce qu'il venait d'apprendre. L'enfant écarquilla les yeux, et ses larmes se tarirent.

« Tes parents, t'aimaient, Harry, conclut le surveillant. Ils auraient fait n'importe quoi pour toi. Et c'était des gens droits, et très courageux. Quoi que les Dursley disent, ou aient dit, à leur sujet, n'oublie jamais cela. Tu peux être fier d'eux, et fier de ce que tu es. »

il prit fermement la main de l'enfant. « Viens, maintenant. Tu as beaucoup de choses à découvrir. Ton dernier séjour à Poudlard a été un peu limité. » Il ramena tout d'abord Harry dans la propre chambre, et le conduisit jusqu'à la petite salle de bains attenante. Harry se passa de l'eau sur la figure pour effacer les traces de larmes. Petit à petit, la boule qu'il avait dans la gorge commença à disparaître.

« Où vais-je dormir ? demanda-t-il à Rémus.

- On verra ce soir, répondit l'homme, soulagé de voir que Harry se remettait de ses émotions. C'est toi qui choisiras.

- C'est vrai ? » jamais on n'avait demandé à Harry son avis sur ce genre de questions. « Je pourrai rester avec toi ?

- Non, répondit Rémus. J'aurais adoré te garder, mais malheureusement je ne vais pas pouvoir rester longtemps à Poudlard. J'ai des choses à faire, et des gens à voir. »

Harry hocha la tête, légèrement déçu que Rémus ne reste pas avec lui. Il adorait le monde des sorciers, mais s'y sentait souvent un peu perdu, et il aimait avoir quelqu'un de familier avec lui.

« Ne fais pas cette tête, dit Rémus en riant. Je reviendrais de temps en temps, et je suis sûr que tu t'amuseras tellement que tu n'auras même pas le temps d'y penser. Viens manger. Je vais te montrer la grande salle. Prépare-toi à être surpris. »

Ils descendirent des volées d'escaliers et arpentèrent quelques corridors. Rémus fit éviter à Harry les marches piégées, et essaya de lui montrer le chemin, mais l'enfant était sûr qu'il se perdrait s'il devait se déplacer seul dans ce château. Enfin, ils arrivèrent devant deux grandes portes.

« Nous sommes en retard, fit remarquer le plus âgé. Tout le monde doit déjà être là. Prêt ?

- Oui », répondit Harry qui ressentait un mélange d'appréhension et d'excitation.

Rémus poussa la porte, et tous deux firent un pas dans la grande salle. Harry n'avait jamais rien vu d'aussi beau. Des applaudissements saluèrent leur entrée. Harry sentit les regards de tout le monde se fixer sur lui. Mais personne ne fit de remarques. Il ne pouvait pas deviner que Dumbledore avait demandé aux élèves de se comporter avec lui comme avec n'importe quel enfant du même âge. Rémus le prit par la main et ils s'installèrent à la table. Harry était assis entre Rémus et Charlie, qu'il était content de revoir. Les autres personnes attablées se présentèrent. Puis, le directeur claqua des doigts et les plats en argent se remplirent de nourriture appétissante.

« Ca te plaît, d'être ici ? demanda Charlie à Harry.

- Oui, répondit Harry. C'est bien mieux que chez Mrs Figgs.

- Je ne connais pas Mrs Figgs, mais c'est vrai que Poudlard est assez cool pendant les vacances.

- Et quand ce n'est pas les vacances ?

- horrible. On est obligé de travailler tout le temps. Non, ajouta-t-il en souriant, j'exagère peut-être un peu. Mais c'est parce que je suis en dernière année, et que j'ai bientôt mes examens. Autrement, on s'amuse bien. Et il y a le Quidditch. Le plus beau sport du monde. Ca vaut même la peine de supporter les cours de Rogue.

- Qui est Rogue ?

- Le professeur de Potion. Il n'est pas là aujourd'hui, c'est bizarre. J'espère pour toi qu'ils l'auront changé d'ici à ce que tu viennes à Poudlard.

- Rogue est un bon prof, fit un garçon d'une douzaine d'années, les cheveux aussi rouges que ceux de Charlie. Harry se rappela qu'il s'appelait Percy.

- C'est ça, défends le, fit Charlie d'un ton railleur. N'empêche que c'est à cause de lui que Griffondor a perdu la coupe ces dernières années.

- Ses cours sont intéressants.

- Percy ! il ne peut pas t'entendre, ça ne sert à rien de dire ça, fit le plus âgé des deux d'un air exaspéré. Même Bill ne pouvait pas supporter Rogue, ça ne l'a pas empêché de devenir préfet en chef.

- Je pensais ce que j'ai dit, dit Percy d'un air boudeur.

- Percy doit être le seul élève qui n'ait jamais dit du mal d'un professeur, murmura Charlie à Harry. Il n'a jamais dû recevoir de détentions non plus, ni fait perdre un seul point à Griffondor. Heureusement, les jumeaux arrivent l'année prochaine pour relever le prestige de la famille Weasley, quand je m'en irai, autrement nous serions passés pour une famille de poseurs. »

Il rit. « Il y a des jumeaux, dans ta famille ? demanda Harry, intéressé.

- Oui. Et eux, je peux t'assurer qu'ils ne vont pas se tenir tranquilles. Ils sont en train de rendre ma mère complètement folle. La semaine dernière, elle m'a écrit pour me dire qu'ils avaient transformé la poupée de Ginny en vieille mégère et que personne ne pouvait plus l'approcher.

Harry sourit à son tour.

« Qui est Ginny ? demanda-t-il.

- Ma petite s?ur. Elle est un peu plus jeune que toi.

- Combien as-tu de frères et s?urs ? demanda Harry qui commençait à trouver la liste impressionnante. - Cinq frères et une s?ur.

- Vous êtes sept ! s'exclama Harry. Il essaya d'imaginer une famille de neuf personnes. Ca devait être plus drôle que Privet Drive.

« Pourquoi Percy et vous n'êtes vous pas rentrés chez vous pendant les vacances ? demanda soudain Rémus qui venait de s'intéresser à la conversation. J'espère que vos parents vont bien.

- Oui, répondit le jeune homme. Ils vont parfaitement bien. Ils sont partis aider Bill à s'installer : il a commencé à travailler chez Gringotts l'année dernière, et vient d'être muté au Cameroun. Les petits ont été confiés à ma grand-mère, mais ils ont estimé qu'elle aurait assez à faire avec ces quatre là.

- Tant mieux. Je me souviens bien de ton frère, bébé. Tes parents l'avaient confié aux miens, je ne sais plus trop pourquoi. J'avais treize ans. Dire que maintenant c'est un adulte !

- Pourquoi ne voyez-vous plus mes parents ? demanda Charlie, curieux.

- Mon père travaillait avec le vôtre, et c'est comme ça qu'ils se sont connus. Mais ils n'ont jamais été vraiment très intimes, et moi, à l'époque, je ne m'intéressais pas vraiment aux relations de mes parents. Et quand tout cela est arrivé, il y a sept ans, j'ai perdu le contact avec beaucoup de gens, mais je crois que mes parents et les vôtres sont encore en contact par hibou.

- Je peux leur dire que je vous ai vu ?

- bien sûr. Ma présence ici n'est pas un secret. Evite juste de parler de Harry pour l'instant. »

Les gens commençaient à quitter la table. Rémus se leva.

« Je dois y aller. Je ne sais pas si je pourrai revenir ce soir. Ca va aller, Harry ?

- Oui », répondit le garçon.

L'homme quitta la pièce. Harry se leva à son tour, indécis. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il devait aller. Une jeune fille qui devait avoir à peu près l'âge de Charlie s'approcha de lui. « Salut, dit-elle avec un sourire. Je suis Marine Finne. Je suis préfète en chef ici. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à demander. Il y a quelque chose que tu aimerais faire, cet après-midi ? »

L'enfant secoua la tête. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait faire dans cette école. « Dans ce cas, je peux te montrer la bibliothèque, si tu veux. Il y a sûrement des livres bien pour toi. Ca va ?

- Oui, je crois. » Il avait envie de voir d'autres livres comme celui qu'il avait sur le Quidditch. Elle le conduisit à travers les couloirs, et s'arrêta devant une statue.

« Attends-moi ici. Je vais chercher des affaires dans mon dortoir, j'en ai pour cinq minutes. »

Quelques instants plus tard, elle revint chercher Harry, et ils arrivèrent à la bibliothèque. C'était une énorme pièce remplie de grimoires, dont la plupart semblaient très anciens. Marine s'installa à une table et sortit de son sac une plume et des parchemins. Puis elle se leva et alla parler à la bibliothécaire, Mme Pince. Celle-ci vint voir Harry.

« Qu'est-ce que tu aimerais lire ? lui demanda-t-elle.

- Un livre magique, répondit l'enfant. »

Elle rit. « Tous les livres ici sont magiques, ou sur la magie. Qu'est-ce qui t'intéresses ? Tu aimes le Quidditch ?

- Oui. Mais j'ai déjà un livre sur le Quidditch.

- Je sais, c'est moi qui l'ai donné à Mme Pomfresh pour toi. Mais je peux t'assurer qu'il y en a beaucoup d'autres ici. Attends une seconde. »

Elle se dirigea vers les étagères et revint quelques instants plus tard avec deux livres, qui semblaient ridiculement petits par rapport aux autres. L'un d'eux était une initiation à la magie, l'autre était sur le Quidditch. Harry remercia Mme Pince et s'assit pour lire en face de Marine. Ils furent rejoints un peu plus tard par Charlie, qui se mit lui aussi à travailler. Au bout d'une heure, il remarqua le livre sur le Quidditch que lisait Harry.

« Ca te dirais d'apprendre à voler, demain ? proposa-t-il.

- Oui ! répondit avec enthousiasme l'enfant que la perspective de passer ses vacances à lire commençait à légèrement ennuyer.

- On peut demander à Mme Bibine de te prêter un balai. »

Harry en aurait presque sauté de joie. Quelques instants plus tard, les deux élèves de première année de Poufsouffle, entrèrent à leur tour dans la bibliothèque.

« Harry, dirent-ils d'une voix timide, on s'est dit que peut-être tu t'ennuierais ici, vu que les septième années ont du travail. Ca te dirais de venir jouer avec nous à la bataille explosive ?

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry .

- C'est un jeu de cartes. Avec des cartes explosives, comme son nom l'indique.

- D'accord, dit finalement le garçon aux yeux verts, content de la distraction, et excité à l'idée d'apprendre un nouveau jeu de sorciers. Je connais les cartes explosives, j'en ai reçu un jeu pour Noël. »

Les deux Poufsouffle firent de grands sourires, enchantés, et ils emmenèrent Harry dans leur salle commune. C'était une pièce de grande taille, entièrement tapissée de noir et de jaune. Ils s'installèrent dans des fauteuils confortables près du feu. Harry apprit rapidement les règles de la bataille explosives, et il s'amusa bientôt comme jamais encore auparavant.

Le soir, au dîner, Percy vint voir Charlie, l'air inquiet. « Je m'inquiète pour Croutard, dit-il. Je crois qu'il est malade. »

Charlie prit le rat et l'observa attentivement. L'animal se mit à tourner en rond dans ses mains. « C'est vrai qu'il n'a pas l'air bien. Tu es sûr que tu n'oublies pas de le nourrir ?

- Bien sûr que non. » Percy sembla vexé par cette hypothèse. « Il m'a été confié, et je t'assure que je prends parfaitement soin de lui.

- Peut être qu'il devient vieux, simplement.

- Il est à toi ce rat ? demanda Harry à Percy.

- Oui. Papa et maman pensent que s'occuper d'un animal développe le sens des responsabilités.

- Je peux le tenir ?

- Si tu veux, mais fais bien attention, et ne le laisses pas tomber. »

Charlie déposa le petit animal dans les mains de Harry, qui se mit à rire. Le rat sembla renifler l'enfant avec une attention accrue, puis ses petits yeux noirs se fixèrent sur son visage.

« Il t'étudie attentivement pour savoir si tu es digne de le porter, remarqua Charlie.

- Peut-être, dit Percy en reprenant son animal, mais si tu gigotes comme ça il va tomber. Merci de ton aide, Charlie, ajouta-t-il d'un ton grandiloquent avant de s'éloigner.

Lorsque Rémus eut quitté la grande salle, il prit la direction de Pré au lard dans l'intention de transplaner. Il voulait profiter de ces vacances pour tenter de localiser l'endroit où vivait Sirius Black. Il avait la certitude que celui-ci disposait d'une cachette à proximité de l'école de Harry, ou de Privet Drive, puisque qu'il était en quasi-permanence dans les environs et, sans baguette, ne pouvait transplaner. Il se demanda un moment comment il avait bien pu faire pour rejoindre la forêt. Le sorcier réapparut en toute sécurité dans son salon.

Sans s'attarder, il ressortit de chez lui, et prit la direction de l'école primaire. Il s'arrêta dans une librairie des environs et acheta un plan de la ville. Sous sa forme de chien, Sirius pouvait loger n'importe où : une bâtisse abandonnée ou un vieux hangar, par exemple. Lorsqu'il avait vu Sirius, la veille, il était maigre, mais pas squelettique. Il semblait donc qu'il ait eu un minimum de nourriture. Peut-être était-il parvenu à se faire adopter. Mais quelle famille adopterait un chien en lui laissant autant de liberté de mouvement ? D'autant plus que les chiens errants n'étaient sûrement pas les bienvenus dans cette petite banlieue comme il faut. Peut-être parvenait-il à voler la nourriture. mais dans ce cas quelqu'un avait dû le remarquer, forcément.

Pendant plusieurs heures, Rémus arpenta les rues de la ville, demandant aux passants s'ils avaient vu un grand chien noir abandonné, mais sans succès. Il fallait reconnaître ce mérite à Sirius : c'était un as du camouflage. Jamais, quand ils étaient à Poudlard, le concierge n'était parvenu à l'attraper. Pourtant, en tant que Maraudeur, il ne se passait guère une nuit sans qu'il quitte le dortoir, avec ou sans le reste de la bande. Rémus ne s'en sortait pas trop mal non plus : en tant que loup-garou, il avait une ouïe particulièrement aiguisée qui lui permettait d'entendre venir de loin l'horrible Rusard. James, quant à lui, possédait cette cape d'invisibilité. c'était un vrai plaisir de roder la nuit dans les couloirs avec lui. Par contre, le pauvre et maladroit petit Peter se faisait prendre presque à chaque fois. C'était le plus calme, le moins actif des quatre, mais c'est lui qui récoltait le plus de retenues. Il était toujours en train d'essayer de les retenir quand un de leurs plans risquait de mal tourner. Les autres se moquaient de lui et le traitaient de lâche, alors il serrait les dents et tentait de se montrer à la hauteur, de cacher sa peur. Et finalement, Peter avait fait preuve d'un courage plus grand que tout ce qu'on aurait pu attendre. Et il l'avait payé de sa vie. Aujourd'hui, il lui était presque plus douloureux de penser à Peter qu'à James. James était un ami très cher qui lui manquait, mais il n'avait jamais réussi à se défaire de sa culpabilité envers Peter, qu'aucun d'entre eux n'avait jamais réellement pris au sérieux, qu'ils avaient accepté plus par pitié que comme un véritable ami, dont ils s'étaient moqués, même s'ils n'y avaient jamais mis de méchanceté. Et qui, finalement, était mort par amitié pour James.

Le loup-garou se secoua et concentra son attention sur le plan qu'il avait sous les yeux. Il y avait longtemps qu'il avait fait le deuil de ses amis. Il dessina un rayon de deux kilomètres autour de l'école et de Privet Drive. C'était déjà beaucoup : Sirius n'avait aucune raison d'aller chercher si loin un endroit pour loger. Il remarqua plusieurs terrains vagues sur lesquels pouvaient éventuellement se trouver des cachettes. Il y avait également quelques hangars, dont certains étaient peut-être abandonnés. Le sorcier soupira. Ca n'allait pas être facile. Il décida de procéder en cercles concentriques, s'éloignant de plus en plus de l'école. Il se dirigea donc vers une grande bâtisse, à quelques centaines de mètres de là. Il s'agissait d'une serre, dépendant d'une jardinerie proche. Rémus observa le bâtiment un moment. Un jardinier était occupé à tailler une grosse plante grimpante. La nuit, l'endroit devait être assez tranquille. Rémus pénétra dans la serre. Le jardinier se retourna.

« Si vous voulez acheter, Monsieur, il faut aller de l'autre côté de la rue. Ici, vous êtes dans la réserve.

- Non, je ne suis pas un client, répondit Rémus aimablement. J'ai perdu un chien dans les environs il y a quelques temps, et je me demandais si vous l'aviez vu.

- Un chien ? quel genre ?

- noir, et très gros. Il n'a pas de race précise.

- Non. Désolé. Il n'y a pas beaucoup de chiens errants, dans ce quartier, donc je pense que je l'aurais vu s'il était passé par ici. Sauf la nuit, évidemment.

- merci quand même. Désolé de vous avoir dérangé.

- De rien. Bonne chance, Monsieur. »

Rémus barra le bâtiment avec un soupir. Il se rendit ensuite à un hangar situé entre l'école et Privet Drive. Celui-ci semblait vide, mais malheureusement il était fermé par un gros cadenas. Rémus avait les pieds douloureux à force de parcourir les rues, et le soir tombait. Il décida donc de remettre ses recherches à plus tard : la nuit, Sirius avait des chances d'être dans sa cachette, mais il serait impossible de distinguer la silhouette du gros chien noir dans l'obscurité, donc Sirius aurait largement le temps de s'enfuir sans même que Rémus ne remarque sa présence.

Le sorcier se dirigea donc vers un coin désert, et transplana vers Pré-au- lard, fatigué et déçu, mais bien décidé à poursuivre ses recherches. Il y avait longtemps qu'il avait résolu de partir à la recherche de Sirius, au lieu d'attendre tranquillement que l'autre ne se décide à attaquer. Il y avait de nombreux Aurors après lui, mais Rémus était le seul, avec Dumbledore, à connaître sa forme Animagus. Et depuis la veille, il ne désirait plus seulement retrouver Sirius pour le mettre hors d'état de nuire. Ce n'était plus réellement une menace. Il voulait avoir une longue conversation avec son ancien ami. Il voulait comprendre. Pourquoi Sirius avait trahi autrefois. Jusqu'à récemment, il avait été bien trop furieux pour se poser cette question, mais lorsque, la veille, l'autre s'était gentiment moqué de ses amours, et surtout lorsqu'il l'avait appelé Lunard, il avait retrouvé Patmol. Ce n'était pas le monstre qu'il avait fini par imaginer, c'était son ami d'enfance. Bien sûr, la prison avait laissé des traces sur lui, mais il n'avait pas tellement changé. Alors pourquoi ? Et pourquoi, aujourd'hui, essayait-il de protéger celui qu'il avait tenté d'assassiner précédemment ? Celui à cause de qui il avait passé sept ans à Azkaban.

Rémus réalisa soudain que Sirius n'avait jamais eu la chance de s'expliquer. Quand il avait été pris en flagrant délit, personne n'avait jugé utile de mettre en place un procès. C'est peut-être pour cela que Rémus avait mis si longtemps à accepter l'affreuse réalité. S'il avait pu comprendre pourquoi, ça aurait sans doute été plus facile. Sirius ne se pliait pas facilement devant plus fort que lui, au contraire, à Poudlard, il s'engageait souvent dans des combats avec des garçons plus âgés, souvent pour protéger plus faible que lui. Il n'avait jamais non plus semblé rechercher le pouvoir ou la domination. Et il adorait Lily et son amie Arabella, toutes deux filles de moldus. Quand avait-il commencé à jouer la comédie ? Qu'est-ce que Voldemort avait pu lui offrir, pour qu'il devienne son bras droit ?

Lorsque le loup-garou atteignit le château, les couloirs étaient vides. Tout le monde devait se trouver dans la grande salle. Rémus monta à sa chambre, et prit une douche brûlante, puis enfila des vêtements de sorcier. Lorsqu'il fut prêt, il consulta sa montre : le dîner devait être fini. Il se dirigea vers le bureau du directeur, qui semblait l'attendre.

« Alors ? demanda le vieil homme.

- Rien. A croire qu'il a récupéré la vielle cape de James.

- Impossible. C'est moi qui l'ai.

- C'est toujours ça. Au moins j'ai une chance. Et avec notre amie Arachna, vous avez obtenu quelque chose ?

- Elle est toujours aussi bavarde, dit Dumbledore d'un ton sarcastique. Mais Severus est en train de préparer du Véritasérum. Le problème est que le ministère souhaite la récupérer pour la mettre dans un cachot haute sécurité. Fudge ne croit pas à cette histoire de don avec les Détraqueurs.

- Pourtant, c'est elle qui les a poussés à attaquer Harry. Il n'y a aucun doute là dessus.

- Vous prêchez un convaincu. Mais Cornélius affirme qu'il n'a jamais été prouvé que ce type de don existait, et que de plus, si elle en avait bénéficié, elle n'aurait pas attendu si longtemps pour s'enfuir. Et pourquoi n'a-t-elle pas libéré plus de Mangemorts ?

- C'est un mystère il est vrai, mais cela n'explique pas les événements d'hier.

- je suis d'accord, mais il faut admettre que le raisonnement de Fudge se tient. Severus devrait bientôt avoir terminé sa potion, j'espère qu'alors nous en sauront un peu plus.

- Est-ce qu'ils ont localisé son mari ?

- C'est encore une question qu'il faudra lui poser quand nous aurons le Véritasérum. »

Le lendemain matin, Harry se réveilla de bonne heure, impatient de monter sur un balai. Il avait finalement dormi dans le dortoir des deux Poufsouffle, Yohann et Gilles, qui étaient les plus proches de lui en âge et avec qui il s'entendait très bien. Lorsqu'il leur avait dit qu'il allait avoir une leçon de vol avec Charlie Weasley, les garçons s'étaient enthousiasmés :

« C'est un génie ! s'était écrié Yohann. Le plus grand attrapeur de Poudlard. » Il rougit. « Bien sûr, je supporte l'équipe de Poufsouffle, mais Weasley a toujours réussi à battre les Serpentard, comme ça ils ferment un peu leur grande bouche.

- Tu crois que ça le dérangerais si on venait aussi ? Je sais bien qu'on n'est pas dans la même maison, mais après tout il ne va pas nous révéler toutes les ficelles de Griffondor.

- Vous n'aurez qu'à le lui demander, avait répondu Harry. Mais je suppose que vous êtes bien plus forts que moi. Je ne suis jamais monté sur un balai.

- On a eu quelques cours de vol, mais je suis sûr que ce n'est pas la même chose avec lui qu'avec Mme Bibine. J'aimerais bien faire partie de l'équipe l'année prochaine, fit Gilles d'un air rêveur. »

Harry se leva doucement et descendit dans la salle commune. Il prit le livre de Céline et se mit à lire. Il n'entendit pas les autres garçons descendre.

« Qu'est-ce que tu lis ? demanda l'un d'eux. Harry montra la couverture.

- C'est bizarre, s'exclama Yohann. L'image de la couverture ne bouge pas.

- Normal, répondit Gilles. C'est un livre moldu. Je l'ai lu il y a quelques années.

- On lit beaucoup de livres moldus chez les sorciers ? demanda Harry.

- Aucun. Mais mes parents sont des moldus. Je n'ai appris que j'étais un sorcier qu'en recevant ma lettre de Poudlard, l'été dernier. »

Yohann, lui, avait pris le livre et l'examinait d'un air intéressé. « Il est bizarre le parchemin dont on fait les pages, remarqua-t-il. Tout mince.

- C'est du papier, expliqua son ami.

- Les caractères aussi son étranges. Ils sont presque carrés.

- C'est parce que c'est imprimé. Tu devrais vraiment prendre étude des moldus en troisième année, tu sais.

- Bof, à quoi ça servirait puisque tu es là pour me donner des cours particuliers ? » Il reposa le livre. « Vous venez déjeuner ? » demanda-t- il.

Lorsqu'ils arrivèrent dans la grande salle, Charlie s'y trouvait déjà et il accepta volontiers d'avoir deux élèves supplémentaires. Ils empruntèrent des balais.

« Allez vous échauffer pendant que je montre les bases à Harry, » dit Charlie aux deux Poufsouffle qui s'éloignèrent. Le garçon le plus âgé mit alors un balai aux pieds du plus jeune. « Bien, dit-il à Harry qui trépignait d'impatience, maintenant tu tends la main droite et tu dis « debout » ».

L'enfant s'exécuta, un peu étonné. Le balai lui sauta dans la main. « C'est moi qui ai fait ça ? s'étonna-t-il.

- Oui, répondit Charlie, qui semblait lui aussi un peu surpris. Apparemment tu es doué. Enfourche le maintenant. »

Se sentant un peu ridicule, Harry se plaça à califourchon sur le balai qu'il maintenait à deux mains.

« C'est pas mal, dit Charlie, mais tiens-toi un peu plus droit. là, c'est parfait. Maintenant, quand tu veux, tu peux décoller, de quelques centimètres. »

Harry agrippa le manche un peu plus fort, se sentant de plus en plus nerveux. Et si rien ne se passait ? Il donna une petite impulsion du pied. Aussitôt, il ressentit une impression extraordinaire, comme si le balai n'était plus un simple ustensile qu'il tenait bêtement, mais une selle confortable qui le soutenait, presque une partie de lui. Quelques secondes plus tard, il retomba au sol, rayonnant.

« Super ! cria Charlie. Un peu plus haut, maintenant. » Harry fit ce qu'on lui demandait. Il savait spontanément manier le manche. Charlie lui fit prendre quelques virages, en restant proche du sol, puis il le fit monter à une dizaine de mètre, redescendre, et enfin atterrir. « Tu es sûr que c'est la première fois que tu fais ça ? s'étonna-t-il. J'espère que tu seras à Griffondor dans quelques années, tu feras une addition bien utile à l'équipe. »

Il fit signe aux deux première années de les rejoindre. Pendant la plus grande partie de la matinée, Charlie les entraîna aux différents positions du Quidditch à l'aide de balles de tennis. Il se montra stupéfait par les performances de Harry, qui se débrouillait bien mieux que les deux autres garçons.

« Tu me dépasseras un jour, dit Charlie à son jeune élève alors qu'ils regagnaient les vestiaires. Tu as un vrai don pour le Quidditch. »

Harry sourit et rougit, embarrassé du compliment. Il était content de se révéler doué, bien sûr, mais ce qui l'avait surtout émerveillé, c'était la sensation qu'il éprouvait en volant. Il aurait souhaité ne jamais redescendre de ce balai.

Rémus commençait à désespérer, en approchant du parc. Il avait déjà visité en vain trois terrains vagues, un hangar, une vielle grange, et trois maisons abandonnées, et arpenté nombre de rues depuis le début de la matinée. Il était maintenant près de quatre heures de l'après-midi, et il n'avait même pas pris le temps de s'arrêter déjeuner. Le parc municipal était censé être fermé la nuit, mais il ne devait pas être bien difficile de s'y introduire.

Rémus s'engagea sur une allée bien entretenue, avec des massifs de fleurs parfaitement taillés de part et d'autre, et des bancs verts alignés sur les bords. Le temps était de nouveau couvert, et bien que ce soit dimanche les promeneurs étaient rares. Dans un coin du parc se tenait un vieux kiosque à journaux abandonné. C'est probablement là qu'il se serait rendu s'il avait été en quête d'un abri, songea Rémus en empruntant un chemin pour se diriger vers ce lieu. Lorsqu'il fut à quelques mètres, des odeurs diverses l'assaillirent : relents âcres de déchets qui pourrissent, mais aussi une odeur un peu éc?urante de vieux vin et de nourriture. Quelqu'un vivait là, ou y avait vécu.

Plein d'espoir, Rémus accéléra, ignorant la puanteur qui augmentait. Il eut du mal à dissimuler sa déception en découvrant, en atteignant enfin le kiosque, un vieux clochard enveloppé dans une couverture. L'homme fit à son visiteur un grand sourire édenté.

« Bonjour, M'sieur ! fit-il gaiement. C'est le vieux Max qu'vous v'nez voir ? Z'avez p'têt une chtite pièce, ou une cigarette ? »

Rémus lui lança une livre, et l'homme parut enchanté. Le sorcier décida de tenter sa chance : après tout le mendiant était là à des heures où les autres n'y étaient pas, et il avait peut-être vu quelque chose.

« Je cherche un chien, dit-il. Peut-être que vous l'avez vu ?

- Possible. Beaucoup d'animaux viennent voir l'vieux Max. Y savent qu'y a toujours un p'tit quequ'chose pour eux ici.

- Un gros chien noir, précisa Rémus.

- Ah, et qu'est-ce que vous lui voulez, à c'te bête ?

- Rien. Juste lui, euh, être sûr qu'il va bien. Il venait me voir de temps un autre, et il a disparu il y a quelques temps. » Rémus rougit en prononçant ce mensonge. Il avait faillit dire « lui parler », en pensant à Sirius.

- C'était pas vot chien, quand même. Parce qu'autrement, j'vous félicite pas. La pauv bête était dans un sale état quand elle est venue m'voir la première fois. » Rémus sentit son c?ur faire un bond dans sa poitrine. Sirius était venu ici, il touchait au but.

- Non, répondit-il précipitamment, ce n'était pas mon chien. Mais j'ai vraiment besoin de le voir. Il vient souvent ici ?

- Pourquoi vous voulez le voir ? répéta l'homme. Si j'vous dis qu'il va bien, ça suffit pas ?

- Non, pas vraiment, répondit Rémus. C'est assez compliqué.

- vous jurez que vous lui ferez pas de mal ? Pasque moi, je l'aime bien cette bestiole. Elle est souvent venue dormir avec moi, cet hiver, et j'crois que j'ai jamais vu un cabot plus intelligent. - Je sais. Vous pensez le revoir bientôt ?

- aucune idée. Black va et vient comme il veut. Il est très indépendant, il aime la liberté. C'est pour ça qu'on s'entend bien tous les deux. P'têt qu'y viendra ce soir, p'têt pas.

- Black ? balbutia Rémus. Comment savez vous. ? »

Max le regarda, un air d'incompréhension sur le visage. « Ca va pas M'sieur ? vous êtes tout pâle.

- Comment pourriez vous savoir ? Vous avez dit Black. » Un seul type de personne pouvait connaître la véritable identité de Sirius Black, savoir où il se trouvait et ne pas le dénoncer. D'un mouvement rapide, Rémus sortit sa baguette et la pointa sur l'homme. « Plus un geste ! ordonna-t-il.

- Eh ! fit le mendiant, mi-effrayé, mi-amusé. Vous êtes fou ou quoi ? Et à qui croyez-vous faire peur avec ça ?

- Ne jouez pas les moldus innocents. Vous savez très bien ce qu'on peut faire avec ça. Qui êtes vous ?

- Le vieux Max ! qui voulez-vous que je sois ? Ca fait vingt ans que j'ai oublié mon véritable nom. Et d'abord, qu'est-ce que c'est qu'un moldu ?

- quelqu'un qui n'a pas à connaître Sirius Black.

- Eh ! attendez. Moi, je connais un chien que j'ai appelé Black. J'ai jamais vu votre Sirius Black.

- C'est vous qui avez appelé ce chien Black ?

- Ben oui. Ca veut dire noir, en anglais. Ca lui va plutôt bien comme nom, vous trouvez pas ? »

Rémus laissa retomber sa main, qui tenait toujours la baguette. Il s'appuya lourdement contre le mur. « Je suis désolé, murmura-t-il. C'est un terrible quiproquo. Excusez-moi.»

Comment avait-il pu se laisser abuser ainsi ? Cet homme ne ressemblait pourtant pas le moins du monde à un mangemort. Mais entendre appeler Sirius par son vrai nom lui avait fait un choc.

« Vous avez vraiment pas l'air bien, M'sieur. J'vous en veux pas, vous savez. Et il y a des années que personne ne m'avait pas présenté des excuses. Ca fait drôlement plaisir.

- Dans ce cas, je vous prie une nouvelle fois de m'excuser.

- Merci. Mais, dites voir, c'est quoi un moldu ? Et ce truc avec quoi vous m'avez menacé ?

- Rien d'important. Vous m'autoriseriez à attendre Black avec vous ?

- Ma foi, un peu de compagnie ne serait pas de refus. Mais ça m'étonnerait qu'il vienne tout de suite.

- Dans ce cas. Autant s'occuper utilement. Je reviens. »

Une demi-heure plus tard, Rémus rejoignit le vieux Max. Il portait deux boites en carton qu'il déposa devant le clochard.

« Je suppose que vous n'avez pas dîner ? Je vous invite.

- Vous êtes un chic type M'sieur.

- Appelez moi Rémus. »

le vieil homme s'empressa d'ouvrir la première boite, qui contenait des feuilletés à la viande et autres friands encore chaud. Il ne parut pas remarquer les modifications que le sorcier avait apportées à son apparence physique : il portait maintenant un bonnet et une écharpe qui lui dissimulaient une grande partie du visage, et son manteau noir était devenu un anorak bleu. Il fallait en effet éviter que Sirius ne le reconnaisse de trop loin. Il espérait que, dans sa nouvelle tenue, il pourrait passer pour un autre clochard en visite au vieux Max. Rémus avait également profité de son absence pour se jeter à lui-même un sortilège de déodorant, qui éliminait totalement son odeur corporelle.

Les deux hommes partagèrent le contenu du carton, Max prit soin, cependant, de mettre de côté une tourte à la viande pour « Black ». Le clochard faillit s'étrangler en découvrant le contenu de la deuxième boite : un assortiment de petits fours.

« Comme dans les grandes réceptions ! s'exclama-t-il en enfournant un éclair miniature. Je ne me rappelle même plus la dernière fois que j'en ai mangé. »

Rémus hocha la tête, mais il ne prêtait pas une grande attention aux bavardages du vieil homme. Tous ses sens de loup-garou aux aguets, il guettait l'arrivée de Black. Le parc venait de fermer, et, d'après le vieil homme, c'est vers ce moment là qu'il recevait généralement la visite du chien. Le sorcier s'aperçut soudain que Max lui parlait : « Vous n'en voulez pas ?

- Non, merci » répondit Rémus.

Sa main droite se crispa sur la baguette. Quelque part, une branche craqua. Il tendit l'oreille, mais le bruit des pas du chien noir était indiscernable, c'était ce qui lui avait valu son surnom de Patmol. Il était assis par terre, à un endroit où il espérait être quasi invisible, protégé par la rambarde du kiosque, mais d'où il ne pouvait rien voir non plus. Le vieil homme ne semblait rien avoir remarqué, et continuait de parler. Cette fois, Rémus entendit un bruit plus proche. Une griffe, sur une surface rigide. Sirius devait avoir atteint la première marche. Il se crispa, prêt à l'action. Max semblait lui aussi avoir entendu, cette fois.

« Viens, Black, appela-t-il. Le vieux Max a un bon dîner pour toi, ce soir. » On entendit un petit jappement joyeux, et le chien monta les marches. Quand la familière forme noire apparut enfin, Rémus était prêt.

« N'essaie pas de t'enfuir, Sirius, ordonna-t-il en brandissant sa baguette. Il est temps que nous ayons une longue conversation, tous les deux.

L'animal stoppa net, fixant alternativement la baguette et l'homme qui la tenait.

- Eh ! s'interposa Max. Vous allez pas recommencer avec ce truc! Je croyais que vous lui vouliez pas de mal, à Black ! Et d'abord on ne peut pas avoir de conversation avec un. »

Il s'arrêta net. Là sous ses yeux, se produisait la chose la plus étrange qu'il ait jamais vu, en tout cas sans ses périodes de sobriété. Les pattes de Black s'étaient allongés ses poils raccourcissaient à toute vitesse. Enfin, il se redressa. Sous les yeux ébahis du vieil homme se tenait maintenant un homme vêtu d'une robe noire.

« Lunard, dit-il simplement.

- N'utilise plus ce nom, répondit d'une voix douloureuse celui qui tenait la baguette.

- Tu peux lâcher ça. Je te jure que je ne m'enfuirai pas.

- Tu as trahi trop de serments pour que je te fasse confiance, Sirius, répondit l'autre sans bouger d'un pouce.

- Je n'ai rien trahi. Du moins, pas volontairement. J'ai fait une terrible erreur, Rémus, qui a coûté la vie à Lily et James, mais je n'ai pas trahi.

- C'est par erreur que tu es devenu mangemort ? Par erreur que tu as tué tous ces moldus ? Tu es terriblement maladroit, Sirius. Mais j'aimerais savoir pourquoi tu m'as prévenu, l'autre jour.

- Harry serait pire que mort si je ne l'avais pas fait, Rémus. Ce n'est pas une raison suffisante à tes yeux ?

- Pas pour un mangemort évadé d'Azkaban, qui a tenté de le faire assassiner il y a des années.

- Jamais je n'ai souhaité la mort de Harry, cria Black d'une voix où perçait l'impuissance et la révolte. C'est mon filleul, c'est moi que James a désigné pour prendre soin de lui. Et on peut dire que j'ai fait du beau travail, ajouta-t-il amèrement. Il a crevé de faim dans un placard pendant sept ans.

- Il n'aurait jamais eu à subir ça si ses parents n'étaient pas mort, fit remarquer Rémus, mais sa voix avait perdu de sa dureté, et la main qui tenait la baguette tremblait légèrement.

- Je sais. Et je porterai toute ma vie cette responsabilité. Mais rien ne s'est passé comme tu le crois. Nous avons été trompés. James, et moi. »

La voix de Sirius avait de tels accents de sincérité que, malgré lui, Rémus voulait le croire. La partie de lui qui n'avait jamais voulu croire à la culpabilité de son ami revenait en force, et il était incapable de la faire taire.

« Explique-toi, dit-il d'une voix presque inaudible.

- Je suis responsable de la mort de James, répéta Sirius, mais je ne l'ai jamais trahi. Je n'ai jamais été le gardien du secret des Potter.

- Impossible. Même Dumbledore a juré que c'était toi.

- Même Dumbledore n'était pas au courant. Nous savions que tout le monde penserait que ce serait moi, en particulier les mangemorts, et le traître, puisque nous savions depuis longtemps qu'il y avait un traître. Et nous avons décidé tous les bluffer. C'était mon idée, et c'est pour cela que je suis responsable de la mort de James.

- Mais qui a été le gardien du secret des Potter ?

- Ce sale rat, bien sûr.

- Peter ? Et c'est pour cela que tu l'as tué, alors. »

Tout s'éclairait dans l'esprit de Rémus. C'était logique, quand on y réfléchissait. Peter était bien trop timoré, trop lâche pour résister à l'appel du seigneur des Ténèbres. Il faisait un bien meilleur traître que Sirius. Le loup-garou commença à baisser sa baguette, mais soudain il la releva brusquement.

« Et, dans ce cas, comment expliques-tu la mort de tous ces moldus ? Tuer Peter était largement suffisant pour ta revanche, ils n'avaient rien à voir là dedans.

- Je n'ai jamais tué personne, soupira Sirius, et surtout pas ces moldus. Pas même Peter. Il avait tout prévu. » Il expliqua comment l'ex maraudeur avait fait croire à sa propre mort, après avoir tué tous les moldus en accusant Sirius de trahison. Rémus hésita un instant, puis il laissa tomber sa baguette et ouvrit les bras. Sous les yeux toujours aussi stupéfaits du vieillard, qui comprenait de moins en moins, les deux hommes s'étreignirent.

« Je suis désolé, dit Rémus. J'ose à peine imaginer ce par quoi tu as dû passer. Comment ai-je pu croire que tu étais coupable ?

- Je te pardonne, mon vieux Lunard. Tu n'avais aucune raison de deviner. Et si nous n'avions pas été assez stupides pour penser que tu pouvais être le traître, rien de tout cela ne serait arrivé.

- Comment ça ? demanda Rémus. Oh, et puis c'est sans importance, c'est bon de te revoir, Patmol.

- Excusez-moi d'interrompre ces touchantes retrouvailles, mais est-ce quelqu'un pourrait m'expliquer ce qui se passe ? » fit alors une voix. Ils se retournèrent, tous deux avaient oublié la présence du vieux moldu.

« Bien sûr, répondit Sirius. Je crois que tu ferais mieux d'effacer sa mémoire, murmura-t-il à Rémus.

- Je suis particulièrement nul pour ça. Tu crois que tu pourrais ?

- Aucune idée. Ca fait plus de sept ans que je n'ai pas tenu une baguette. Mais j'ai bien envie d'essayer. »

Rémus tendit sa baguette à Sirius, geste qu'il n'aurait jamais imaginer faire quelques minutes plus tôt. « oubliettes »lança l'ancien détenu. Aussitôt, le regard de Max devint flou, signe que le sort avait fonctionné. Il cligna plusieurs fois des yeux.

« Qui êtes-vous ? demanda-t-il aux deux hommes en face de lui.

- C'est sans importance, répondit Rémus en lui tendant un billet de dix livres. Bonne soirée. »Ils laissèrent là le clochard qui ne pouvait pas croire à sa chance, et allèrent s'asseoir sur un banc à l'autre bout du parc. La nuit tombait, et ils étaient quasiment invisibles.

« Je vois que tu n'as pas perdu la main, Patmol, dit Lunard. On aurait pu croire que tu serais rouillé.

- Si tu fais allusion à mon séjour à Azkaban. » Sirius raconta à son ami comment il était parvenu à échapper plus ou moins à l'influence des Détraqueurs grâce à sa forme Animagus. « Mais assez parlé de moi. Il y a des mangemorts en liberté, prêts à tout pour s'en prendre à Harry.

- Les Lestrange ? Nous sommes au courant. Arachna a été capturée vendredi.

- Mais pas Julius. Et ils ne sont pas les seuls. Je ne sais combien ont été libérés. Julius Lestrange était mon voisin de cellule à Azkaban. C'est comme ça que j'ai été au courant de leurs projets. Sa femme venait souvent lui rendre visite.

- Comment ? Ca ne doit pas être autorisé, ce genre de promenade.

- Elle allait où elle voulait. C'était la véritable maîtresse de la prison. Plusieurs fois elle a failli me prendre sous ma forme de chien en passant devant ma cellule ; je n'ai réussi à me métamorphoser qu'au dernier moment.

- Alors elle a vraiment un don avec les Détraqueurs ?

- C'est un euphémisme. Ils lui obéissent au doigt et à l'?il. Je crois qu'il lui a fallu un certain temps pour s'en rendre compte. Mais un jour, il y a un peu près un an, j'ai commencé à me rendre compte que les Détraqueurs ne rodaient plus autour de Lestrange. Je me suis même demandé s'il était mort et avait été emporté pendant mon sommeil. Mais peu après elle a débarqué dans sa cellule et lui a expliqué le pouvoir qu'elle venait de découvrir. Il n'y a eu aucune tendresse dans leurs retrouvailles. Ils ont aussitôt commencé à faire des plans. Et ils ont décidé de ne pas sortir trop tôt, pour ne pas attirer l'attention tant qu'ils ne seraient pas tout à fait prêts. Il est rapidement apparu que leur principal objectif était de tuer Harry. Je crois qu'ils ont tous deux l'esprit un peu dérangé et qu'ils imaginent qu'ainsi ils feront revenir Voldemort. En tout cas cette idée a commencé à m'obséder : j'étais seul au courant de leurs plans mais je ne pouvais rien faire. Et puis un jour Arachna a annoncé qu'une grande partie de leurs amis allaient être libérés : ils ont aussitôt pensé que le moment était venu de sortir. Moi, cette idée m'a rendu fou. Et elle m'a donné la force de m'enfuir. »

Il raconta comment, toujours sous sa forme de chien, il était parvenu à passer entre deux barreaux et à atteindre à la nage les côtes de l'Ecosse.

« J'ai fini par atteindre la maison de Harry. Il m'a rapidement fait confiance, et s'est mis à me raconter sa vie. Je t'assure que ça m'a donné envie de me précipiter chez les Dursley pour exiger des explications. Ou pour commettre un meurtre. J'ai suivi Harry dans tous ses déplacements, dès qu'il sortait de Privet Drive. Je me suis vite aperçu que tu étais dans l'école, et tu ne peux pas savoir à quel point ça m'a soulagé de savoir que quelqu'un veillait sur lui. Jusqu'à ce fameux jour. Ca faisait une semaine qu'il ne m'avait pas parlé, et il avait de plus en plus l'air malade. Je savais que les Dursley devaient le maltraiter, alors je me suis risqué dans la cour de l'école. Il avait tellement maigri !

- Je t'ai vu ce matin là.

- Je sais. Je me suis immédiatement enfui. Mais tout de suite après, j'ai reconnu une odeur que je connaissais d'Azkaban. Lestrange était là. Je n'ai eu aucun mal à le repérer. Quand je l'ai vu emmener Harry vers la sortie, je n'ai plus réfléchi, j'ai bondi.

- L'inspecteur, c'était Lestrange ?

- Je 'ignore s'il était inspecteur ou premier ministre, mais c'était Lestrange, oui. Et si tu m'en avais laissé le temps, il ne s'en serait pas sorti en si bon état.

- Désolé. Mais, à ce moment là, c'est surtout pour protéger Harry contre toi qu'on m'avait envoyé.

- Après ce jour, je n'ai plus osé aller voir Harry. Je me doutais que tu avais dû le mettre en garde contre moi. Plusieurs fois, j'ai hésité à venir te parler, mais je n'avais aucune preuve, et j'avais peur que tu me renvoies à Azkaban illico. Et que vous ne leviez la protection de Harry, puisque je n'étais plus une menace.

- Je ne sais pas ce que j'aurais fait alors. C'est surtout depuis vendredi que je doute. Excuse-moi, Patmol. »

Rémus consulta sa montre et se leva. « Il faut que j'y aille, dit-il. Viens à Poudlard avec moi, je suis sûr que Dumbledore te croira, et tu as besoin d'une bonne douche et d'un repas chaud. Ainsi que d'une nuit dans un lit. »

Sirius soupira. Cela lui semblait effectivement le paradis. Mais il savait que ce n'était pas possible. « Dumbledore me croira peut-être, mais il sera le seul, et si quelqu'un s'apercevait de ma présence, il aurait de gros ennuis. Ne t'inquiète pas pour moi, il y a des mois que je me débrouille dans les rues de cette ville. Tu peux expliquer à Dumbledore ce qui s'est passé, à ma place.

- Tu ne mérites pas de vivre comme ça après tout ce que tu as enduré. Il est vraiment temps que l'on s'occupe de toi, Sirius. Avant que tu ne tombes malade. Même si le vieux Max est très sympathique.

- C'est vraiment un chic type. C'est bien que tu lui aies donné cet argent. Il a toujours un peu de nourriture pour moi, même quand sa propre ration est particulièrement maigre.

- Cependant, je crois que j'ai mieux pour toi. Suis-moi, Sirius, nous avons une petite marche à faire. » L'homme se métamorphosa en chien.

Sarah plia consciencieusement un chemisier avant de le mettre dans le sac ouvert sur son lit. Elle allait passer les deux semaines suivantes chez ses parents, en Cornouaille. Elle ajouta encore un gros pull en laine. Il pouvait faire très froid sur la côte au mois d'avril. La pensée des vacances qui s'ouvraient devant elle la réjouissait. Les dernières semaines avaient été épuisantes, et elle était heureuse de pouvoir se détendre, sans avoir d'autres soucis que de savoir si elle oserait se baigner ou si l'eau était trop froide. Elle allait également revoir nombre de ses amis qui habitaient toujours là-bas. En même temps, elle savait qu'elle ne serait pas tranquille pendant ces deux semaines. Elle n'avait pas eu de nouvelles de Rémus, ni de Harry depuis deux jours, et savait qu'elle n'en aurait plus avant la rentrée. La directrice l'avait appelée la veille pour lui dire qu'on avait retrouvé Mme Steiner, qu'elle avait été assommée mais allait mieux. Mais la jeune femme se doutait qu'il y avait derrière cette disparition une vérité un peu plus complexe, et que ce qui s'était passé n'était pas sans lien avec le monde de la sorcellerie.

Poussant de toutes ses forces pour faire rentrer ses affaires, Sarah parvint à fermer le sac. Elle le déposa dans l'entrée, puis se rendit au salon et alluma la télévision. Elle savait qu'elle ne pourrait pas dormir ce soir. Elle tomba sur une émission politique et s'empressa de changer de chaîne. Un débat n'était pas l'émission rêvée pour ce détendre. Sur le canal suivant se déroulait une émission de variétés, au moment où la jeune femme tomba dessus le présentateur annonça un numéro de magie. Sarah sourit. Elle se demanda un moment si l'homme vêtu de noir qui apparaissait à l'écran était réellement un sorcier, mais se dit que ce n'était probablement pas le cas. D'après ce qu'elle savait des sorciers, amuser les moldus en faisant des tours derrière un rideau ne devait pas faire partie de leurs priorités. Et les tours de cabarets, aussi époustouflants soient- ils, s'expliquaient généralement par une grande habileté et quelques gadgets. Elle s'apprêtait à changer de nouveau de chaîne quand la sonnerie de la porte d'entrée retentit. Qui pouvait bien venir la voir à plus de onze heures du soir ?

La jeune femme décrocha l'Interphone.

"Qui est là ?" demanda-t-elle.

Une voix hésitante lui parvint de l'autre côté.

" Heu, Sarah ? C'est Rémus. Où êtes vous ?

- Au troisième, répondit-elle. Vous pouvez monter." Elle appuya sur le bouton pour ouvrir la porte, et sortit sur le palier. Sarah s'attendait à ce que son visiteur prenne l'ascenseur, aussi elle sursauta quand une voix derrière elle l'appela.

" Sarah ! Heureusement tu es chez toi ! " Elle se retourna brusquement, pour faire face à Rémus. "Tu es seule ? s'assura le sorcier

- Oui, entre.

- Un instant." Le sorcier se retourna vers l'escalier, qu'il avait apparemment emprunté. " Patmol, viens, c'est sans risque."

Peu après, un gros chien noir fit son apparition. Sarah étouffa un cri.

"Qu'est-ce qu'il fait là ?

- Ne vous inquiétez pas, il n'est pas dangereux. Nous avons tous fait une grosse erreur." Sarah hésita. Elle avait vu de quoi était capable l'animal, et n'avait pas très envie de le faire pénétrer chez elle.

"N'aie pas peur, il est propre et ne fait pas de bruit.

- Très bien." Elle les guida dans son appartement, et referma la porte derrière eux.

"Merci," dit Rémus en prenant place sur le canapé. Le chien se coucha à ses pieds sans qu'il ait besoin de demander.

"Je croyais que cet animal était... enragé, en quelque sorte. Il a l'air doux comme un agneau.

- Il peut l'être, mais je crois que tu vas le vexer si tu en parles comme ça, pas vrai Patmol ?" Le chien hocha énergiquement la tête.

Sarah se mit à rire. "On dirait qu'il comprend ! comment faites-vous cela ?

- Mais il comprend. Ce n'est pas un chien, Sarah, c'est un homme."

Il lui explique ce qu'étaient les animagus, et, sous les yeux stupéfaits de la jeune femme, la bête se changea en l'homme aux cheveux noirs qu'elle avait vu dans les bois. L'homme s'inclina devant elle d'une façon un peu désuète. "Enchanté, Mademoiselle, dit-il avec un léger sourire. Il semble que nous n'ayons pas été présentés convenablement l'autre jour. Mon nom est Sirius Black.

- Sarah Déline," balbutia-t-elle, en serrant la main qu'il lui tendait.

Rémus lui raconta alors ce qu'il avait appris ce jour là. Sarah ne pensa pas une seconde à remettre en doute le jugement du surveillant. Quand il eut fini, elle resta un moment bouche bée, une telle histoire était inimaginable. Puis Rémus ajouta :

"Je me demandais ce que tu faisais pendant la suite des vacances. J'aurais un service à te demander.

- Je comptais rendre visite à mes parents, je pars demain.

- Ah. Dans ce cas nous trouverons une autre solution. Ce n'est pas bien grave."

Mais l'ampleur de sa déception se lisait sur son visage, et qu'une certaine résignation assombrissait les yeux de Sirius. Sarah fut touchée par leur expression. Après tout, rien ne l'obligeait réellement à partir, si ce n'est que ce voyage était prévu depuis des semaines et que ses parents voulaient la voir. Mais elle était déjà retournée là-bas pour Noël, et en ce moment, elle savait qu'ils avaient la visite de son frère et de ses trois enfants. Son absence ne serait pas trop remarquée.

"Attendez, dit la jeune femme, je peux annuler. C'est sans importance.

- Je ne voudrais pas que nous ruinions tes projets de vacances, dit Rémus.

- De toutes façons, ce n'était pas le voyage du siècle, répondit-elle avec un petit sourire. Juste un petit retour aux sources, qui n'est que remis à plus tard. Dites-moi plutôt de quoi il s'agit.

- Tu es sûre ? Le visage du surveillant s'éclaira. Dans ce cas, voilà. Il se trouve que nous sommes à la recherche d'un endroit sûr, où Sirius pourrait loger. Tu es une moldue, personne ne pensera à venir le chercher chez toi. J'aurais voulu pouvoir te dire que tu ne le regretterais pas, malheureusement on ne peut pas dire que Sirius soit d'une compagnie agréable. A moins qu'il n'ait beaucoup changé, c'est plus tôt une espèce de brute épaisse, doublé d'un goinfre, et de plus tellement maladroit que je serais surpris s'il ne faisait pas sauter ton appartement. Et tout le pâté de maison avec.

- Arrête, Lunard, menaça l'homme. Sinon tu vas être obligé de trouver une autre niche pour ton chien. Ca t'apprendra à dire des bêtises. Ne l'écoutez pas, ajouta-t-il en se tournant vers Sarah. Il a toujours été jaloux parce que j'étais le plus beau et le plus intelligent."

Sarah éclata de rire. L'espace d'un instant, les marques du temps et de la souffrance avaient semblé s'effacer sur le visage de l'homme, et, dans les deux hommes, en train de se chamailler, elle avait cru revoir les adolescents qu'ils avaient été.

" C'est d'accord, dit-elle. Bien sûr que vous pouvez rester ici. J'appellerai mes parents demain.

- Merci, dit Rémus. J'aurais aimé rester plus longtemps, mais il faut que je rentre à Poudlard, il faut que je parle à Dumbledore. Mais j'essaierai de passer demain. Bonne nuit."

Sur ce, il disparut dans un pop. Sirius resta un moment à regarder la pièce où il se trouvait. Il y avait des années qu'il n'avait pas bénéficié d'un tel confort.

" Venez, dit Sarah. Je vais vous montrer la salle de bains. Ne le prenez pas mal, mais vous semblez en avoir grand besoin. Vous avez dîné ?

- Je ne voudrais pas vous déranger...

- Ne vous inquiétez pas, je suis en vacances, j'ai le temps."

Elle l'emmena dans une salle de bains, entièrement carrelées de bleu, et, comme s'il était un enfant, mit de l'eau à couler dans la baignoire, et sortit d'un tiroir un paquet de rasoirs jetables, acheté des semaines auparavant. Puis, elle lui donna une serviette et un gant de toilette, ainsi qu'un vieux jean et un pull.

"C'est à mon père, commenta-t-elle, j'espère que ça vous ira.", et enfin elle quitta la pièce. Sirius se plongea avec délices dans l'eau bouillante.

Lorsqu'il en ressortit enfin après un long moment, lavé et shampouiné, l'eau était presque noire. Dégoûté, il la fit partir, se rinça à la douche et se sécha dans la grande serviette blanche. En sortant de la salle de bain, il fut accueilli par une bonne odeur de cuisine. Lorsqu'il descendit, Sarah était occupée à installer une assiette et des couverts sur la table. Elle lui jeta un regard, et s'arrêta, stupéfaite. Si elle ne l'avait pas su, jamais elle n'aurait deviné qu'il s'agissait de la même personne. Le vagabond sans âge, plutôt effrayant avec sa robe noire, avait disparu, remplacé par un homme jeune, maigre, mais grand et droit. Ses cheveux noirs, qui lui tombaient toujours sur les épaules, étaient encore humides. Seuls ses yeux avaient gardé ce regard de bête traquée . "Je suis désolée, dit-elle, j'avais l'intention de partir demain donc le frigo était vide. Tout sort du congélateur.

Sirius la regarda sans comprendre. " Qu'est-ce que vous voulez dire ?" demanda-t-il.

Ce fut au tour de Sarah de ne pas comprendre.

" Il n'y avait rien dans le frigo, donc je vous ai sorti un reste de paella congelée." Elle se leva, et remua le contenu d'une poêle, avant d'arrêter le feu et de remplir l'assiette de Sirius. Celui-ci se jeta sur la nourriture, affamé. Lorsqu'il eut vidé son assiette et que Sarah l'eut resservi, il parut s'apercevoir que son attitude n'était pas particulièrement polie. "Désolé, s'excusa-t-il, en se forçant à ralentir. J'ai perdu l'habitude de la vie en société. C'est délicieux.

- Merci, répondit Sarah. Mais je n'y suis pour rien, c'est du tout fait.

- Quoi?

- du tout fait. Je vous ai dit que c'était du congelé.

- J'ai peur de ne pas vous suivre. Je ne connais pas grand chose au mode de vie moldu." Sarah lui expliqua le fonctionnement du réfrigérateur et du congélateur.

" Vous n'avez pas cela dans votre monde ?

- Non. Nous n'en avons pas besoin : un simple sort de conservation suffit. A vrai dire, nous avons très peu de machines, et nous n'utilisons pas l'élé... enfin ce je ne sais plus quoi qui fait marcher tous vos appareils.

- L'électricité ? proposa Sarah.

- C'est ça.

- Pourtant, rien n'a jamais semblé choqué Rémus, il a toujours semblé parfaitement à l'aise.

- Rémus a des amis d'origine moldue, et il les a étudiés à l'école. Pas moi. »

Lorsque Sirius eut fini de manger, Sarah mit son assiette dans le lave- vaisselle, et lui fit un lit dans la chambre d'amis, avant d'aller se coucher elle-même.

Pour la première fois de sa vie, les vacances avaient passé trop vite au goût de Harry. Il avait passé une partie de son temps avec les deux Poufsouffle, qui étaient toujours content de l'admettre dans leurs jeux malgré la différence d'âge, ou à la bibliothèque, où Mme Pince lui prêtait des livres aux images animées. Mais ce qu'il préférait, c'était les séances de Quidditch avec Charlie. Le jeune homme avait continué à l'entraîner, et se montrait chaque jour plus enthousiasme face aux capacités de l'enfant. Mais bien qu'Harry ne soit pas insensible aux compliments, il savait qu'il aurait aimé voler même s'il avait eu comme instructeur, à la place de Charlie, l'oncle Vernon râlant et pestant contre son neveu qui n'arriverait jamais à rien. Charlie l'avait également emmené voir son ami Hagrid, le garde chasse. Harry avait immédiatement reconnu le géant qu'il avait un jour aperçu par la fenêtre de l'infirmerie. Hagrid avait semblé enchanté de voir Harry, lui aussi avait connu ses parents. Il avait passé une heure avec Charlie à discuter de dragons, sujet qui avait laissé le petit garçon songeur.

Et, un soir, au cours du dîner, Rémus apprit à Charlie qu'il rentrait à Privet Drive le lendemain. Les Dursley étaient déjà rentrés, et l'école reprenait deux jours plus tard.

" Mais je pourrais rester un jour de plus... supplia Harry. S'il te plaît, Rémus ?"

Le loup-garou eut un petit sourire. "Non, répondit-il. J'ai prévenu les Dursley que tu rentrais demain soir. Mais tu ne passeras pas le dimanche chez eux. Je veux t'emmener quelque part."

A cette idée, Harry cessa de protester, et commença à interroger son aîné pour savoir ce que c'était, mais Rémus ne répondit à aucune de ses questions en présence de tous les occupants de Poudlard. Harry avait peu vu Rémus au cours des dernières semaines, mais, conformément aux prédiction du sorcier, il avait été bien trop occupé pour s'en soucier. Le loup-garou avait passé son temps à essayer de localiser Julius Lestrange, mais sans succès. L'administration moldue ne gardait que peu de traces d'un inspecteur d'académie du nom de Block. Il semblait n'avoir jamais existé, et l'école où allait Harry ne se trouvait sur la liste d'aucun de ses collègues. Rémus se douta que Lestrange avait, par magie, modifié les attributions.

Le Véritasérum confectionné par Séverus Rogue n'avait malheureusement eu aucun effet sur Arachna, qui était parvenue à y résister au bout d'à peine une où deux questions. Dumbledore avait cependant obtenu de Fudge la permission de la garder à Poudlard au lieu de la renvoyer à Azkaban, au moins jusqu'à ce que les moyens utilisés par les différents prisonniers pour s'évader puissent être identifiés. Deux des prisonniers récemment libérés semblaient avoir totalement disparus, et par conséquent ils étaient de nouveau recherchés par les Aurors. Il était plus que probable que, en relation avec Lestrange, ils préparaient quelque chose.

Malgré ses nombreuses occupations, Rémus avait également rendu de fréquentes visites à Sirius et Sarah. Il avait été heureux, à chacune de ses visites, de trouver son ami le visage un peu plus rond, les traits plus reposés. Sarah lui avait raconté la découverte par Sirius du monde moldu. Jamais il n'avait réalisé à quel point certains sorciers y étaient étrangers. La première fois que l'ancien bagnard avait vu la télévision en marche, par exemple, il avait essayé d'engager la conversation avec le speaker. Découvrant le portrait de la grand-mère de Sarah, sur la commode, il avait demandé pourquoi on l'avait photographiée après sa mort, ce que la jeune femme, sur le moment, n'avait pas très bien pris. Mais la plupart du temps, elle se contentait de se moquer gentiment des bourdes de Sirius, et c'était rapidement devenu un rituel pour le loup-garou, en arrivant, de demander la dernière de son ami. La rentrée approchant, il avait été décidé que Sirius viendrait habiter chez Rémus, lorsque celui-ci reprendrait sa maison. Officiellement, il serait son nouveau chien Patmol.

Bien qu'il refusât de se l'avouer, ce n'était pas uniquement pour voir Sirius que Rémus passait autant de temps dans l'appartement de Sarah. Sans qu'il s'en rende tout à fait compte, la jeune femme prenait une place de plus en plus importante dans sa vie. Si on lui avait suggéré qu'il en était peut-être amoureux, il aurait probablement trouvé l'idée stupide. Il riait, et elle aussi, quand Sirius lançait un sarcasme sur le sujet : c'était probablement uniquement sa vengeance pour ce qu'ils lui faisaient subir au sujet de son ignorance du monde moldu. Mais, malgré tout, Sarah était presque constamment présente dans les pensées du loup-garou. En visite au ministère, il pensait soudainement à une anecdote qu'il voulait lui raconter lors de leur prochaine rencontre. Lorsqu'il cherchait en vain Lestrange, il regrettait de ne pas pouvoir lui demander conseil. Et Harry lui faisait penser à elle, d'une manière presque douloureuse. Il se rappelait les gestes doux qu'elle avait eus avec l'enfant quand il était malade, la tendresse qu'elle avait manifestée.

Et, inconsciemment, comme il ne voulait pas penser à elle de cette manière, puisqu'il avait renoncé aux femmes longtemps auparavant à cause de sa condition de loup-garou, il s'était mis à éviter Harry, ne le rencontrant plus que lorsqu'il prenait ses repas dans la grande salle, en présence de tout le monde. En présence de Sarah, Rémus avait conscience que son attitude était à la limite de la politesse. Il savait que, lorsqu'elle racontait les maladresses de Rémus, il aurait du rire, mais il ne pouvait pas. La partie de lui qui avait compris ses sentiments cherchait à se protéger par un excès de froideur. Il ne pouvait pas se permettre d'aimer. Si Sarah le trouvait sympathique pour le moment, ce qui ne faisait aucun doute, il savait que dès qu'elle aurait connaissance de sa véritable nature, quand elle saurait ce qu'était la maladie qui le prenait les nuits de pleine lune, elle se détournerait de lui. Jamais le loup-garou n'avait eu de femme dans sa vie, jamais pendant plus d'un mois. Il rompait toujours ses liaisons les veilles de pleine lune par peur que ses conquêtes ne découvrent la vérité.

Le samedi soir, Rémus ramena Harry à Privet Drive. L'enfant parla gaiement tout au long du trajet, racontant tout ce qu'il avait fait pendant ces quinze jours. L'adulte, plongé dans ses pensées, répondit à peine, mais il ne pût s'empêcher de remarquer à quel point le petit garçon avait changé depuis le début de l'année. Sa timidité s'était envolée, il était plein de vie, comme ses parents avaient été avant lui. Peu avant que Rémus ne le laisse, Harry redemanda où le surveillant l'emmenait le lendemain. Celui-ci sourit.

"Nous allons chez ta maîtresse, dit-il. Il y a quelqu'un que tu dois rencontrer.

- Qui ?

- Tu te souviens de Noiraud, le gros chien ?

- Bien sûr. Mais tu disais qu'il était méchant.

- Je me trompais. Je ne t'en dis pas plus, c'est une surprise."

Et, coupant court aux supplications de l'enfant, il sonna à la porte des Dursley avant de s'en aller sans attendre que l'un des membres de la famille ouvre et le voit.

Les Dursley étaient enchantés par leurs vacances, et de relativement bonne humeur, ce qui signifie qu'ils n'adressèrent pas la parole à Harry de toute la soirée. Seul Dudley vanta les attractions qu'il avait testées et auxquelles l'autre garçon n'avait pas eu accès. Mais Harry ne s'en formalisa pas : s'il ne pouvait pas répondre à son cousin en lui racontant ses propres vacances, sous peine de provoquer la colère de l'oncle Vernon, il pensait en son fort intérieur qu'aucun manège ne pouvait égaler la sensation merveilleuse qu'il avait ressentie sur son balai.

Le lendemain, comme promis, Rémus passa chercher Harry vers midi. Il avait emprunté la voiture de Sarah. Pendant tout le trajet, le petit garçon essaya de faire parler le surveillant, mais celui-ci résista. Lorsqu'ils sonnèrent, ce fut une voix d'homme qui répondit, tendue.

"Qui c'était ? demanda Harry en montant dans l'ascenseur. C'est lui la surprise ?

- On peut dire ça.

- Je le connais ?

- Tu l'as connu autrefois. Mais tu ne t'en souviens pas."

Ils arrivèrent au troisième étage, et les portes s'ouvrirent. Sarah embrassa Harry, puis ils rentrèrent dans l'appartement.

" Harry, dit alors, Rémus, je te présente Sirius. On l'appelle également Patmol, et je crois que toi tu l'avais baptisé Noiraud. C'était le meilleur ami de ton père, et c'est ton parrain"

Sarah se rendit dans la cuisine pour préparer du chocolat chaud pour tout le monde. Désireux de laisser Harry et Sirius seuls, Rémus l'accompagna.

"Crois-tu que c'était bien prudent de tout révéler à Harry maintenant ? demanda Sarah en vidant une brique de lait dans une casserole. Il est si petit, pourra-t-il réellement garder le secret ? S'il parlait, la sécurité de Sirius serait compromise.

- C'est Sirius qui a tenu à voir Harry. Nous ne pouvions pas lui refuser cela. Il ne reste plus qu'à espérer que Harry tiendra sa langue, et je pense qu'il en est capable. Il est bien plus réfléchi que bien des enfants du même âge.

- Les Dursley ont su lui apprendre à faire attention à ce qu'il disait, il faut bien leur reconnaître ce mérite," dit amèrement la jeune femme. Des rires se firent entendre en provenance du salon. "On dirait qu'ils s'entendent plutôt bien, remarqua l'institutrice. Je ne me rappelle pas avoir jamais entendu Harry rire comme ça.

- Sirius était un véritable boute-en-train, dans le temps. C'était le pire des Maraudeurs, ce qui n'est pas peu dire. Et son séjour à Poudlard a fait énormément de bien à Harry. "

A ce moment, Sarah remarqua que le lait commençait à se sauver de la casserole. Elle tendit la main vers le manche l'enlever du feu, mais calcula mal son mouvement, et ses doigts se refermèrent sur l'extrémité métallique qui séparait la casserole du manche en plastique.

La jeune femme poussa un petit cri de douleur et retira précipitamment sa main renversant la casserole au passage, envoyant le lait bouillant sur son jean.

"Ca va ? demanda Rémus en se précipitant pour fermer le gaz avant qu'il n'y ait plus de dégâts.

- Oui, répondit Sarah. J'ai vraiment honte d'être aussi maladroite. Je ne sais pas ce qui s'est passé.

- Ne vous excusez pas. Montre-moi plutôt cette main.

- Ce n'est rien, je t'assure."

Sans écouter ses protestations, il prit la main de l'institutrice dans la sienne. La peau était rouge vif, et des cloques commençaient déjà à se former.

" Ce n'est pas vraiment ce que j'appelle rien. Il faut soigner ça.

- Je vais mettre de la biafine.

- Attendez, laissez moi faire."

Il sortit de sa poche sa baguette magique, et murmura quelques mots. En quelques seconde, la blessure avait disparu.

" Merci. C'est fantastique, dit-elle en le regardant droit dans les yeux.

- Vous feriez bien d'aller changer de pantalon, maintenant."

Mais il ne lâcha pas sa main, et elle ne fit aucun mouvement pour la retirer.

Ce ne fut que lorsque Sirius, cinq minutes plus tard, vint voir ce qui se passait, que, comme deux adolescents pris en faute, ils se séparèrent. Quelques instants plus tard, tous étaient de nouveau dans le salon, Sarah était allée se changer pendant que Rémus faisait chauffer une nouvelle casserole de lait. La jeune femme était troublée. Jamais elle n'avait rien ressenti de semblable au moment où Rémus lui avait pris la main. Et elle savait que cela ne pouvait signifier qu'une chose. Pourtant, elle savait aussi que rien ne serait jamais possible entre eux deux : il était un sorcier, elle n'était qu'une moldue sans pouvoir. D'ailleurs, la froideur qu'il avait montrée à son égard, toutes les fois où il était venu voir Sirius, prouvait bien qu'elle ne l'intéressait pas.



Vous avez vu ? J'ai fait tout un chapitre sans torturer Harry ! (bon, d'accord, c'est pasque j'ai bien l'intention de me venger la prochaine fois, il faut bien qu'il puisse souffler un peu de temps en temps). Pour ce qui est des paragraphes sentimentaux, oui, je sais, ça vaut pas grand chose, mais j'avais envie qu'il y ait un peu de romance entre ces deux là (certains d'entre vous l'avaient déjà remarqué), et que ça arrive à la fin comme un cheveux sur la soupe n'était pas très réaliste. Déjà que comme ça... Enfin bref, ça ne va pas se développer prochainement, de toute façon.

Une fois de plus, merci pour toutes vos gentilles reviews. Vous êtes adorables et je vous adore.

Hermichocos : *grosse voix* Comment ça ! Tu préfères lire des fics plutôt que de travailler gentiment, et tu le dis même pas à tes parents ? Mais c'est très mal et je... Comment ça je ferais mieux d'aller réviser mes exams au lieu d'écrire des bêtises ? Bon, d'accord, n'en parlons plus. En tout cas, contente que tu ais aimé. Merci d'avoir reviewé encore une fois.

Majandra : T'inquiète pas, j'dirai pas que t'es sadique ( vu que moi, c'est pire, les scènes où Harry est maltraité, je les écris). Bon, j'espère que t'as quand même aimé ce chapitre où Harry était heureux, et t'inquiète pas, ça va pas durer. Niack, Niack, Niack !!! ( rire sinistre ).

Crystal : ( Si, je répond aujourd'hui, même si t'as pas de questions). Merci pour les longues reviews que tu m'as laissées. Et je comprends tout à fait que tu ne veuilles pas savoir tout avant l'heure, je sais que j'ai du mal à fermer ma grande bouche certaine fois (enfin, en l'occurence, ce serait plutôt à retenir mes doigts...) En tout cas, j'espère que ce chapitre t'a plu autant que les autres.

The frensh Padfoot : Ca y est, ton homonyme est de retour ! Et pour ce qui est de prendre un beta reader, j'y penserai si je remet une fic un jour (pour celle-ci, ça ne vaut plus la peine d'organiser une grande sélection avec CV et lettre de motivation... Comment ça c'est pas comme ça que ça marche ?)

Aliénor : Non ! casse pas ton ordi, tu pourrais plus aller sur ff.net ! Et si ta conscience aime pas cette fic, donne lui un grand coup de pied de ma part (Non mais c'est vrai, ça, les consciences vont pas se mettre à faire la loi sur internet !)

Lunard : Pour ce qui est de revoir Sirius, là, on l'a revu, non ? Et pour ce qui concerne le repas de Noël... Mais pourquoi je me suis embarquée là dedans, moi ? Ok, on va dire que le foie gras, c'est une spécialité française. Un genre de pâté amélioré pour jours de fêtes, à base de foie de volailles.

Twinnie : Merci pour tes compliments analytiques. Pour la romance, elle arrive un peu plus tôt que prévu mais va se taire jusqu'à la fin ( qui est proche, de toutes façons). Et je n'ai pas l'intention de me laisser empoisonner. On ne se débarrasse pas de moi aussi facilement. Mais c'est bon de voir que des gens tiennent à vous. Merci, Twinnie.

Rose Potter : Voila, t'as eu la réponse aux questions que tu ne te posais plus. Mais le petit Croupton, c'était une super idée, c'est juste que j'y avais pas pensé. Pi pour Rémus et Sarah, on va laisser faire le temps ( non mais d'où est-ce que je tire des platitudes pareilles ?), pasqu'y sont vraiment très coincés.

Sarah, Terry, Juliepotter, Fran_fran : merci de lire, d'aimer, et de l'écrire.

Un petit bonjour aussi aux lecteurs silencieux.

A bientôt.

Antares.