Home sweet home

Aoi entrouvrit les yeux et les referma aussitôt, rejetant le début de la matinée. Puis il prit soudain conscience de ce qui l'entourait. Allongé dans un grand lit, il accueillit la délicieuse sensation d'un corps chaud et légèrement parfumé contre le sien. Aoi resserra son étreinte autour de Saionji et commença à déposer une traînée de petits baisers sur son front, sur sa tempe, le long d'une oreille et vers le cou de la jeune fille. Saionji gémit légèrement dans son sommeil. Aoi la retourna sur le dos pour mieux embrasser sa nuque. Il glissa une main sous sa nuisette et commença à caresser sa hanche. « Nnngh » Saionji se réveilla petit à petit, et elle tenta de se débarrasser de ce quelque chose qui la perturbait. Elle ouvrit ses yeux et constatait qu'une masse de cheveux blond hérissés entravait sa vue. « Kyogoku...hah..». Saionji haleta lorsque Aoi l'embrassa à la base du cou.

Toc toc toc! Toc toc toc!!

Aoi fronça les sourcils et se figea une fraction de seconde avant d'enfouir son visage dans le cou de Saionji. Celle ci, complètement réveillée, essayait de se dégager de l'ardeur d'Aoi en poussant faiblement contre son torse. « Kyogoku! » lui souffla t elle, en rougissant et feignant un ton ennuyée. « Saionji! Kyogoku! Bonjour, c'est l'heure! » lança Tampopo derrière la porte de la chambre. Aoi jura en silence contre le ton enjoué de son amie et nota de lui faire payer ce dérangement impromptu un peu plus tard. Il soupira et se tourna légèrement de coté, « Ouais, on arrive. », maugréa t il. « Ok, le petit déjeuner est prêt. Venez nous rejoindre dans la cuisine! », ajouta Tampopo avant de s'éloigner de la porte.

« Kyogoku... » Aoi tourna son attention vers Saionji. « Bonjour.. » lui souffla t il contre les lèvres. Saionji esquissa un sourire dans leur baiser. Puis elle se détourna et se dégagea de l'étreinte d'Aoi avant qu'il n'aille plus loin. « Hé, on n'a pas besoin de courir non plus. On part que vers midi. » lui dit Aoi, son visage exprimant la déception. Saionji quitta le lit et enfila un peignoir en lui tournant le dos. « Je sais », répondit elle en se dirigeant vers la porte, « mais je n'ai pas encore décidé de ce que j'allais ramener dans mes bagages. ». Aoi s'assit au bord du lit et se tourna vers Saionji. « Je ne prend pas beaucoup de place. »disait il en lui faisant un clin d'oeil. Saionji gloussa et lui sourit avant de passer la porte.

Dès que Saionji disparut dans le couloir, Aoi se leva du lit et alla ouvrir une des fenêtres. Il huma l'air frais du matin et s'étira bruyamment. Les vacances prenaient fin et cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Car Saionji serait à ses cotés lorsqu'ils retourneraient vers leur ville, et Aoi sentait qu'il pouvait même supporter les longues journées dans leur école austère. Ils s'étaient dévoilés leur mutuelle attirance l'un envers l'autre durant ce court séjour chez Kougyo, et ils avaient bien profité chaque jour de leur temps passé ensemble. Il esquissa un sourire idiot en se remémorant ces souvenirs.

Plus tard dans la matinée, les deux couples finirent d'emballer leurs affaires et quittèrent la belle demeure de Kouki. « Ah, on était bien dans ta baraque Kougyo! ça serait bien d'y revenir bientôt!» disait Aoi en donnant une tape dans le dos de son ami alors que celui ci fermait la maison. « Ne t'invites pas comme ça chez moi. » lui répondit Kouki en essayant d'avoir l'air agacé alors qu'Aoi se tournait déjà vers Saionji sans écouter la réplique de Kouki. Saionji lui tournait le dos, alors Aoi glissa ses bras autour de sa taille et lui souffla dans l'oreille:« J'ai vraiment envie de prolonger ces vacances. » Elle sursauta légèrement au contact d'Aoi mais elle ne dit rien et garda une expression neutre sur son visage. Aoi sourit lorsqu'il sentit qu'elle se relaxait dans son étreinte. Kouki toussa bruyamment. « Quand vous serez prêts on pourra peut être y aller? » dit il avec un sourire narquois. Saionji, un peu gênée, repoussa légèrement Aoi, « Oui, oui, on y va. », puis elle rejoignit Tampopo qui les devançait. « Ah, Saionji, mes amis d'enfance viennent me rendre visite le week end prochain! Alors j'organise un dîner chez moi. Tu es invitée avec Kyogoku bien entendu. Qu'est ce que tu en dis? » demanda Tampopo. Devant l'enthousiasme de son amie, Saionji hésita un moment avant de répondre. « Euh, je suis désolée mais je ne pourrai pas venir. » dit elle embarrassée. « Oh, vraiment? On sera un peu à l'étroit dans mon petit appartement mais on passera une très bonne soirée je t'assure! » insista Tampopo. Mais Saionji resta sur sa position. « Non, Yamazaki. J'ai déjà pris...un engagement pour ce week end. » Tampopo remarqua l'expression peinée de Saionji et elle crut que c'était due à son empêchement pour sa soirée. « Bon, ça sera pour une autre fois alors. » lui lança Tampopo avec le sourire. « Peut être, oui.... » souffla Saionji.

Le soir du dîner de Tampopo arriva et Aoi se résigna finalement à lâcher le nouveau programme qu'il avait concocté ces derniers jours sur son PC. Encore quelques petits détails et il pourrait s'en servir pour égayer un peu cette organisation coincée qu'ils appelaient école. Il n'avait pas prévu de finir son petit bijoux aussi tôt mais il avait eut beaucoup de temps libre depuis qu'il était revenu de ses vacances avec ses amis. Il n'avait pas pu voir Saionji en dehors de l'école à cause de plusieurs réunions familiales de la jeune fille. Elle se comportait un peu froidement à son égard mais peut être que le cadre de cette école stricte forçait cette attitude détachée de la part des élèves. Néanmoins, Kougyo et Yamazaki n'étaient pas comme ça, pensait Aoi en soupirant. Il ramassa ses clés et sortit de la maison. Il décida de quitter le quartier résidentiel à pied puis de continuer le chemin en taxi jusqu'au bas de la ville où habitait Yamazaki. Sans s'en rendre compte, ses pas l'avaient amener devant la grande villa de Saionji. Il allait tourner les talons lorsqu'il vit une longue limousine noire s'approcher de la propriété pour s'arrêter devant la grille d'entrée. Intrigué, Aoi resta un instant pour voir, discrètement, qui était attendu chez les Saionji. Les grilles s'ouvrirent automatiquement pour laisser passer la limousine. Celle ci se dirigea vers la villa au fond de l'allée. Les grilles allaient se refermer quand Aoi, sur une impulsion, fonça vers l'entrée et passa juste à temps dans l'ouverture des grilles. Aoi avança furtivement à travers le jardin et il se cacha derrière un arbre proche de la porte principale de la maison. Le moteur de la limousine s'arrêta. Le chauffeur ouvrit la portière arrière. Aoi vit un couple sortir de la limousine suivi d'un jeune homme. Aoi supposa que c'était le fils du couple. Au même moment, les hôtes venaient accueillir leurs invités. Les parents de Saionji les saluèrent. La jeune fille était élégamment parée, magnifique, se disait Aoi, sous le charme. Mais ce n'était pas pour lui qu'elle s'était préparée, se rappela t il. Peut être que ce sont des membres de sa famille. Aoi sentit une pointe de colère monter en lui quand il remarqua une certaine familiarité entre Saionji et ce type. Alors que le groupe allait entrer à l'intérieur de la maison, Aoi vit que l'homme en question se tenait beaucoup trop près de sa copine et que celle ci laissait faire. Il nota bien dans sa mémoire de mettre son poing dans la face de ce crâneur. Lorsque le groupe entra dans la maison, Aoi se dirigea vers les fenêtres du rez de chaussée. Une partie de lui se sentait complètement ridicule et honteux d'épier Saionji chez elle. Il devrait lui accorder le bénéfice du doute et tenter de lui en parler le lendemain. Mais Aoi voulait des explications tout de suite. Il envisageait de s'introduire dans la maison puis dans la chambre de Saionji pour pouvoir la confronter. Elle va te prendre pour un cinglé et tu va lui faire peur, pauvre cloche! lui lança la voix de sa conscience. Aoi soupira, indécis. Il sentit soudain qu'il n'était plus seul, puis il entendit nettement « Grrrrrrrrrrr ». Il se figea immédiatement. Aoi se retourna très lentement et vit à quelques mètres de lui un grand Doberman qui se tenait près à bondir. S'il bougeait, le molosse lui sauterait dessus et il perdrait toute ses chances avec Saionji et sa famille. S'il restait immobile comme une statue il pourrait peut être s'en tiré se disait il, des perles de sueur se formaient sur ses tempes. Mais le chien ne réagissait pas comme ça car il courrait déjà vers lui! Prenant ses jambes à son cou, Aoi déguerpit et escalada l'arbre le plus proche. Il n'était jamais monté dans un arbre aussi rapidement de sa vie. Le Doberman aboyait au bas de l'arbre en raclant le tronc. « Chuut! Tais toi, sale bête! » souffla Aoi. Le vacarme du chien allait alerter les occupants de la résidence et Aoi ne pouvait s'échapper de là où il se tenait. La porte de la maison s'ouvrit. Merde, jura en silence Aoi. « Aki! Aki! » C'était Saionji. T'es grillé, pauvre cloche. Aoi fit taire la voix agaçante de sa conscience. « ça suffit Aki! » lui dit elle d'un ton ferme. Le Doberman arrêta d'aboyer au bout de quelques secondes puis il s'approcha de Saionji en quête de quelques caresses. C'est fou ce qu'il est docile avec elle, pensait Aoi. Tout à coup, Saionji leva la tête et leurs regards se croisèrent. Elle écarquilla les yeux. « Kyogoku! Qu'est ce que tu fais ici?! » lui lança t elle surprise. « Je te le dirai quand tu auras éloigné ce chien. » lui répondit il. Un peu choquée, Saionji hésita un bref instant avant d'aller attacher le chien plus loin dans le jardin. Aoi en profita pour descendre, cette fois plus prudemment, l'arbre où il était perché. Aoi se mit derrière l'arbre et vit Saionji revenir vers lui. Il était déterminer à lui faire avouer tout ce qu'elle lui cachait. Mais alors qu'elle se tenait devant lui, attendant qu'il s'explique, Aoi ressentit tout le ridicule de sa réaction impulsive. Il se disait qu'il devenait gravement paranoïaque et possessif.

« Kyogoku..? »

« Ah, euh...je suis désolé. C'est inexcusable de venir chez toi comme ça. » répondit il confus. « J'allais chez Yamazaki pour le dîner qu'elle a organisé et je suis passé devant chez toi et j'ai vu cette voiture entrer...et..euh...j'étais...curieux. » avoua Aoi complètement embarrassé.

« Et tu es rentré pour voir qui c'était? » finit Saionji, l'air ébahie.

« C'est ça. » marmonna Aoi. « Ecoutes, je sais pas ce qui m'a pris. J'allais repartir tout de suite mais quand j'ai vu que tu connaissais ce type... »

« Je vois. » disait Saionji doucement en détournant le regard. Aoi ne s'attendait pas à ce que la jeune fille réagisse aussi calmement. Il aurait préféré qu'elle l'engueule pour son attitude ridicule et que ce n'était pas ce qu'il croyait. Mais elle ne disait plus rien. Ce qui confirmait les suspicions d'Aoi et augmentait son stress. Il s'approcha de Saionji et glissa un bras autour de la taille de la jeune fille. De sa main libre, il leva doucement son visage et la regarda dans les yeux. Pendant un bref instant, la panique se vit sur les traits fins de Saionji. Elle posa une main sur la poitrine d'Aoi comme pour le repousser, mais elle ne bougea pas. Une légère touche rosée teinta ses joues lorsqu'Aoi approcha son visage vers le sien.

« Qu'est ce qu'il se passe? » lui demanda t il. Saionji sentait le souffle d'Aoi sur ses lèvres à chacun de ses mots. Elle baissa les yeux et pris une grande inspiration avant de répondre.

« Je voulais te parler de quelque chose de sérieux cette semaine, mais à chaque fois je perdais mon courage. »

« C'est à propos de nous? » coupa Aoi, sentant un couteau invisible le transpercer de toute part.

« Oui... » répondit Saionji en s'écartant de l'étreinte d'Aoi. « Les personnes que tu as vu entrer chez moi sont des amis de ma famille. Nous les connaissons depuis longtemps et ils sont très influents dans le pays. Ma famille a toujours choisi de se lier avec des personnes de ce rang. Alors...pour perpétuer cette tradition...nos familles ont décidé de s'unir par le biais de mes fiançailles avec..l'homme que tu as vu. » Saionji n'osait plus regarder Aoi.

« Et tu es d'accord?! Mais qu'est ce que tu fais de nous ? C'était l'aventure avant de te ranger dans ce putain de code?! » Aoi élevait le ton. Il s'en fichait complètement que les autres puissent l'entendre.

Saionji regarda anxieusement du coté de la maison avant de se tourner vers Aoi. « Non! Je ne nous ai jamais considéré comme ça. » disait elle, les larmes aux yeux.

Aoi se rapprocha à nouveau de Saionji, lui prenant le visage entre ses deux mains. « Dis moi si je ne compte vraiment pas pour toi. » disait Aoi, presqu'en suppliant.

Saionji avait de plus en plus de mal à contenir ses larmes. Elle voyait dans les yeux d'Aoi ce qu'elle désirait plus que tout: cet amour partagé qui pouvait la rendre si heureuse. Quand Aoi l'embrassa, Saionji ferma les yeux et laissa ses larmes couler le long de ses joues. Elle goûta encore une fois au baiser langoureux de celui qu'elle aimait, blottit dans l'étreinte de l'homme à qui elle n'avouerait pas ses sentiments. Car il était mieux qu'il ne s'attache à elle alors qu'elle ne pouvait rester auprès de lui.

Lorsqu'ils rompirent enfin leur baiser, Aoi compris qu'il ne verrait plus Saionji comme avant. Et il lui serrait difficile de garder ses distances avec elle. Aoi sécha les larmes de la jeune fille, et il vit caché au fond de ces beaux yeux bruns cette étincelle qui attirait si souvent son regard auparavant. Les dés n'étaient peut être pas encore jetés.

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Miki: J'ai mis du temps avant d'écrire cette suite mais enfin c'est fait! ^_^ Merci à ceux qui ont lu ma fic et qui m'ont encouragé à continuer. J'ai prévu une 4ème partie mais faudra attendre un peu...comme d'hab!^^'' J'y introduirai un nouveau perso (à moi) pas très sympa. ^_^ La version en anglais de cette partie 3 ne va pas tarder.