Gloria
Episode I : La Table Ronde
Auteur : Lojie
Disclaimer : Les personnages ne sont malheureusement pas de ma propriété, en effet je ne suis toujours pas actionnaire de la WB, de plus tous événements de cette fanfiction vous rappelant quelques films célèbres de science-fiction (dont " Starships Troopers " que je trouve brillant car c'est là que l'on voit que la bêtise contrairement à l'intelligence n'a pas de limite) ne seraient pas une coïncidence mais voulu par moi.
Note de l'auteur : Après " Après " (arf ! la bonne blague je sais c'est nul !) voici ma deuxième fanfiction super longue avec plein de chapitres et où les héros de Urgences sont dans des situations dépassant l'imagination de toute personne au cerveau normalement constitué (ce qui n'est pas mon cas mais ça tout le monde l'avait déjà remarqué). Enfin voili voilà je vous laisse lire l'histoire et je m'en arrête là de mes dantesques élucubrations (vous pouvez chercher tous ces mots sont dans le dico).
Nota Bene : Le départ de cette fanfiction se situe durant la saison 8, ce qui veut dire grosso modo que Susan est déjà revenue et Dave parti.
Bonne Lecture ! ! !
*** *** ***
Gloria : Prière de louange dans la liturgie romaine et grecque.
(source : Le petit Larousse Illustré)
***
L'heure était grave. Kerry soulagea un instant l'arrête de son nez en soulevant la lourde monture de ses lunettes. Assise dans la pénombre de la salle de repos des Urgences du Cook County, elle ne cessait de manier et remanier une lettre officielle entre ses mains moites. Le monde qu'elle avait connu avait été bouleversé du jour au lendemain. Rien ne sera plus comme avant et ce moment précis en était parfait l'exemple.
Elle se décida enfin à ouvrir l'enveloppe portant le cachet de l'armée des Etats-Unis. Kerry remit ses lunettes correctement et commença à parcourir les lignes écrites au clavier d'ordinateur. Elle soupira en lisant le blabla officiel et passa rapidement à la liste de noms qui se trouvaient ci-joint sur une deuxième feuille. Chaque hôpital doit payer son tribu se dit-elle par philosophie du désespoir, ce tribu était un chirurgien et trois urgentistes. Le regard embué de larmes et les mains tremblantes, Kerry osa enfin lire les quatre noms :
Benton Freeman Michael Peter
Carter Truman William John
Chen Wong Jing-Mei Deborah
Lewis Blacksmith Jenny Susan
Elle eut envie de froisser la feuille, de la jeter à la poubelle et tout oublier ! Mais tout n'était pas si simple… Ce cirque avait commencé il y avait à peine un an. A ce moment tout allait autant pour le pire que pour le meilleur dans le seul monde connu. Mais justement une autre monde était venu à eux, un monde qu'ils avaient longtemps cru utopique mais qui en grattant le vernis se révélait tout aussi torturé que le leur.
Les fans de Roswell, de X-Files et autres séries B s'étaient tous regroupés pour saluer l'arrivée de ce vaisseau venu de si loin. Kerry devait s'avouer qu'elle aussi s'était sentie transportée de joie et avait baigné dans une sorte d'euphorie mondiale en voyant ce vaisseau posé sur la pelouse de la Maison Blanche. Même si cela ne s'était pas produit, voir chacun se donner la main et chanter " Imagine " de John Lennon ne l'aurait même pas surpris, pire elle se serait sûrement jointe à la chaîne humaine.
Tout le monde avait dû se rendre à l'évidence les extraterrestres étaient bien là. Certaines furent déçus car ils n'étaient pas tellement différents des humains au niveau morphologique. Les différences résidaient dans une boite crânienne beaucoup plus volumineuse, un corps frêle et androgyne, entièrement vêtu de combinaisons aux tons sobres aux coutures invisibles. Ils se présentaient comme des Homo Sapiens Sapiens Spiritus et sous un nom plus commun des Yijos. Ils avaient amené dans leur bagages une foule de présents pour le peuple terrien afin d'assurer leurs intentions pacifistes. Beaucoup étaient des connaissances médicales et cela avait tout bénéfice pour les services d'Urgences du monde entier. Les Yijos avaient aussi amené de nouvelles conceptions politiques, de nouveaux loisirs, d'autres matières scientifiques jusque là inconnues… La liste était longue mais le problème était qu'ils avaient aussi amené autre chose dans leurs bagages.
Rien n'était gratuit et cette loi instaurée par Dame Nature ne changera sûrement jamais. Les américains n'avaient pas aidé le Koweït durant la Guerre du Golf par pure bonté, les Russes n'avaient pas aidé l'Alliance du Nord durant la guerre en Afghanistan juste pour se faire bien voir dans les relations internationales, et idem les Yijos avaient une requête. En échange de toutes ces données technologiques inconnus, les Yijos voulaient des hommes pour la guerre. Ils étaient en conflit avec une autre dynastie extraterrestre. Ces ennemis étaient composés de plusieurs races d'insectes qui n'avaient vraiment rien à voir avec les blattes de votre évier. Ils étaient beaucoup plus évolués et surtout beaucoup plus gros et agressifs. Colonisant petit à petit les planètes de Yijos en massacrant leurs habitants, la dynastie des insectes devenait un véritable problème. De surcroît, ils commençaient à se rapprocher dangereusement de cette bonne voie lactée ce qui était une raison de plus d'accepter le marché des Yijos.
Et qui disait troupes de chocs disait médecins pour soigner les blessés sur les champs de bataille. Dans chaque hôpital des Etats-Unis, l'actuel président avait décidé de désigner un chirurgien et trois urgentistes qui s'envoleront dans l'espace pour se joindre aux troupes de soldats. Le Cook County n'échappait pas à la règle. Kerry s'était renseignée sur ce qui attendrait les quatre malchanceux, au programme six mois de formations militaire et médicale sur une planète Yijosienne, puis direction les planètes de front pour la vraie guerre.
Des soldats humains y avaient déjà été envoyés et le monde entier avait pu voir à la télé ces monstres aux pinces géantes et jets d'acides qui égorgeaient et découpaient les soldats quasiment impuissants face à de tels insectes. Les Yijos aux corps trop frêles et amoindris par des siècle de développement intellectuel ne pouvaient les combattre que dans des navettes de chasse ou assis derrière un tableau bourré d'électronique. Seule une race plus agressive et plus robuste comme les humaines pouvaient faire office d'infanterie. Mais la première vague de soldats terriens en territoire insecte fut une hécatombe et au risque de tomber dans la redondance, une véritable boucherie.
D'après les dernières nouvelles, les humains combattaient mieux maintenant ces foutus insectes mais beaucoup continuaient de tomber. Paradoxalement la plupart des soldats étaient volontaires, une espèce de patriotisme planétaire s'était emparé des humains et c'était pour le moment la seule chose positive qu'avait amené cette guerre. Kerry repoussa sa chaise et se leva. Elle sortit le visage livide de la salle de repos et s'approcha à pas lents du bureau des admissions. Randi releva la tête à son approche et vit au regard profond et grave de sa supérieur que ce n'était pas le moment de sortir la dernière blague sur les blondes qu'elle venait d'entendre.
" _Randi, s'il te plaît, demande à Susan, Jing-Mei, John et Peter de venir en salle de repos tout de suite. C'est urgent et je ne veux que personne d'autre entre. C'est compris ? "
" _Oui, docteur Weaver, " répondit la standardiste. " Je les bippe tout de suite. "
***
Kerry avait tiré en grands les rideaux des fenêtres extérieures de la salle de repos. La neige ternie par les rejets de dioxyde de carbone des voitures s'amoncelait avec quiétude sur les rebords et la vue donnait sur l'immeuble gris d'en face. Le soleil blafard du midi peinait à percer les lourds nuages qui stagnaient au dessus de la ville polluée de Chicago. C'était vraiment une sale journée dans tous les sens du terme, une journée à la météo propice aux mauvaises nouvelles…
Assis autour de la table ronde, Susan, Jing-Mei, John et Peter se doutaient bien de pourquoi Kerry les avait fait demandé. Comme tout le monde ils regardaient les infos. Ils restaient muets comme des statues attendant l'inévitable. Susan tripotait nerveusement une courte mèche lui retombant devant les yeux, Jing-Mei avait les mains croisées devant elle sur la table le visage légèrement incliné vers le bas, John gigotait sans cesse s'amusant à faire glisser un stylo entre ses doigts agiles, alors que Peter le regard sévère et dur était l'incarnation même de l'immobilité. Kerry croisait et décroisait sans aucun naturel ses jambes.
" _Je suppose que vous vous doutez de pourquoi je vous ai demandé ici et aussi rapidement… " Kerry laissa sa phrase en suspens mais seul un silence pesant lui répondit. John amorça un léger acquiescement de la tête mais ce fut tout. " J'ai reçu la lettre de l'armée des Etats-Unis en ce qui concerne l'enrôlement… enfin le recrutement de quatre membres à profession médicale pour la guerre contre ces… ces insectes. Ce sont vous quatre qui avaient été choisis. "
Susan lâcha un soupir et s'affala en appuyant son front sur la table. Jing-Mei posa ses deux mains jointes sur ses lèvres pour éviter un cri de colère et de désespoir. Le stylo que John manipulait entre ses doigts lui échappa et l'objet roula sur le sol jusqu'à qu'il touche la porte d'entrée de la salle. Quand à Peter, il fut le seul à conserver cette immobilité et ce sang-froid qui caractérisait la plupart des chirurgiens au bloc.
" _Il ne vous reste plus que quinze jours à passer sur terre, " ajouta Kerry en ayant l'impression de porter le coup de grâce. Une larme perla le long de sa joue droite. " Je vous les laisse en congé. "
***
Susan s'affala sur son canapé en rentrant chez elle. Exténuée elle jeta un regard vide en direction de sa cuisine à cause de son estomac bruyant. Mais incapable de faire un geste et de former ne serait ce qu'une seule pensée cohérente, elle resta immobile dans son canapé avachi par des années de soirée devant la télé. Son regard croisa la vision du téléphone à porté de bras. Susan se redressa, colla le combiné à son oreille et composa rapidement un numéro. Plusieurs tonalités retentirent et elle pria que quelqu'un réponde :
" _Allô ? " Retentit une voix enfantine et fluette.
" _Suzie ? C'est tata, comment ça va ma puce ? " Répondit Susan en retrouvant subitement le sourire. Le premier depuis que Kerry lui avait annoncé sa nouvelle nomination.
" _Voui ! J'ai eu la meilleure note en mathématiques à l'école ! Même plus que Sarah Anderson ! " Ajouta la fillette avec un orgueil naïf.
" _Ouah ! Mais c'est super ! Je suis vraiment fière de toi mon poussin ! " S'exclama Susan n'ayant aucune idée de qui était Sarah Anderson, sûrement une camarade de classe. " Ta maman est là ? Je dois lui parler c'est très urgent. "
" _Elle est dans le jardin, raccroche pas je vais la chercher. "
Susan attendit quelques instants qui lui parurent une éternité avant que une voix plus grave que la précédente ne la tire de ses songes.
" _Susan ? Alors quoi de neuf à Chicago ? " Demanda une voix chaleureuse et enjouée à l'autre bout du fil.
" _Salut Chloé… J'ai … J'ai une mauvaise nouvelle… "
***
" _C'est toi John ? " Demanda Milicent en descendant prudemment les imposants escaliers en marbre de l'entrée.
" _Oui grand-mère, " répondit le jeune docteur en claquant la lourde porte et en se dirigeant vers la cuisine.
N'ayant pourtant pas faim, il se jeta sur le frigo sous le regard suspect de son aïeule. John sortit du pain de mie et du miel et commença à tartiner avec application. Milicent vint le rejoindre à table et l'observa manier sa cuillère avec application de telle façon que chaque bord de la tranche de pain soit recouvert. Puis il soupira et remit sa cuillère dans le pot de miel. Fatigué nerveusement il croisa les bras en gardant le regard rivé vers le sol oubliant complètement ses tartines. Il sentit les doigts âgés de sa grand-mère qui lui agrippaient avec affection et hantise son bras.
" _John, quelque chose ne s'est pas bien passé aux Urgences, c'est cela n'est-ce pas ? " Demanda-t-elle sur le ton le plus neutre possible.
" _Pourquoi faut-il toujours que quelque chose n'aille pas aux Urgences avec vous ! " Rétorqua Carter pris d'un accès de rage. Puis il sembla retrouver un peu de sang-froid et reprit sur un ton plus posé. " Tout va bien avec les Urgences et tout aurait continué d'aller bien si… si… "
" _Si quoi ? " S'impatienta Milicent en voyant le regard angoissé de son petit-fils.
***
Jing-Mei frappa avec précaution à la porte en bois verni. Sa voiture était garée devant l'un des innombrables petits pavillons tranquilles flanqués d'un carré de pelouse verte de la banlieue sud de Chicago. La porte s'ouvrit devant elle et son cœur se mit brusquement à battre plus fort et plus vite.
" _Mademoiselle Chen ? " S'étonna la jeune femme asiatique qui venait de lui ouvrir. " Ne restez pas sur le paillasson, entrez donc ! "
Jing-Mei la remercia poliment et entra un peu gênée dans la maison. Au mur de l'entrée étaient accrochées des photos familiales. La jeune docteur se trouvait chez les parents adoptifs de Michael, le seul enfant qu'elle n'avait jamais eu et dont elle ne s'était jamais véritablement remis de l'avoir en quelque sorte abandonner. La mère adoptive de son fils la conduisit dans la cuisine et elle commença à préparer du café.
" _Alors ? " Demanda Jing-Mei toujours aussi gênée. Mon Dieu mais pourquoi suis-je venue ici ! ! ! Pensait-elle en proie à d'affreux doutes. " Comment se porte Michael ? "
" _Il va bien. Il est encore à l'école à cette heure-ci, et c'est mon mari qui en rentrant du travail va le ramener dans à peu près une demi heure. "
Jing-Mei savait bien que sa présence ne réconfortait pas la jeune femme. Elle se sentait comme une intruse. Elle n'avait rien à faire ici et commençait à regretter son geste.
" _Vous devez vous demander ce que je fais ici… " Reprit Jing-Mei avec un sourire crispé. " J'aimerais… J'aimerais si vous êtes d'accord voir ne serait ce qu'un petit moment Michael. Vous n'aurez qu'à me présenter comme une tante ou une amie… Comme vous le souhaitez mais j'aimerais juste le voir une dernière fois. "
" _Une dernière fois ? Une dernière fois avant quoi ? " Demanda la mère adoptive de Michael en prenant un air inquiet et concerné.
Jing-Mei sentit les larmes irrémédiablement lui monter aux yeux.
***
Peter souleva dans les airs le petit garçon qui venait de se jeter dans ses bras. Puis le sourire jusqu'aux oreilles il serra son fils tout contre lui. Alors que d'habitude il le reposait au sol presque aussitôt, le chirurgien garda son fils plus longtemps dans ses bras. Reese releva la tête en prenant un air surpris puis il demanda en signant :
Quelque chose ne va pas papa ?
" _Non tout va bien, " mentit Peter. " Je suis juste heureux de t'avoir dans mes bras. "
Moi aussi je suis content que tu sois enfin rentré du travail. Tu me manquais !
Plus en retrait appuyée contre la porte de la cuisine, sa sœur l'observait elle aussi avec intérêt. Peter ne se comportait pas comme d'habitude et elle avait remarqué qu'il avait menti. Hors il ne mentait jamais à Reese.
" _Reese va jouer quelques instants dans le salon, " ordonna sur un ton doux mais sans appel Peter.
Je veux rester avec toi répondit Reese en faisant la moue.
" _Reese… "
Non je veux pas !
" _Reese, va dans le salon ! " S'énerva soudainement le chirurgien. Puis il reprit son calme et passa une main amicale sur le crâne de Reese. " Désolé d'avoir crier fils, je ne voulais pas… Mais s'il te plaît je dois avoir une conversation d'adulte avec Tata. Tu es d'accord pour aller dans le salon ? "
Oui j'y vais tout de suite. Répondit Reese en descendant de ses bras et s'éloignant un peu vexé.
" _Que se passe-t-il ? " Demanda sa sœur dont la curiosité venait de s'accroître.
" _Allons parler dans la cuisine, " répondit Peter sur un ton glacial. Son pas nerveux n'inaugurait rien de bon…
*** *** ***
Le Petit Mot De La Fin : Je sais le premier chapitre est très court mais je n'avais pas envie d'en dire plus, c'était juste histoire d'introduire toutes les données nécessaires à une bonne compréhension de la fanfiction :oP Bon contrairement à " Après " y aura sûrement pas un chapitre par semaine, mais j'essaierais de faire de mon mieux ! N'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires où si vous avez quelques idées pour la suite (même si pour le moment c'est un peu précoce et mon imagination fonctionne à 100 à l'heure)
Episode I : La Table Ronde
Auteur : Lojie
Disclaimer : Les personnages ne sont malheureusement pas de ma propriété, en effet je ne suis toujours pas actionnaire de la WB, de plus tous événements de cette fanfiction vous rappelant quelques films célèbres de science-fiction (dont " Starships Troopers " que je trouve brillant car c'est là que l'on voit que la bêtise contrairement à l'intelligence n'a pas de limite) ne seraient pas une coïncidence mais voulu par moi.
Note de l'auteur : Après " Après " (arf ! la bonne blague je sais c'est nul !) voici ma deuxième fanfiction super longue avec plein de chapitres et où les héros de Urgences sont dans des situations dépassant l'imagination de toute personne au cerveau normalement constitué (ce qui n'est pas mon cas mais ça tout le monde l'avait déjà remarqué). Enfin voili voilà je vous laisse lire l'histoire et je m'en arrête là de mes dantesques élucubrations (vous pouvez chercher tous ces mots sont dans le dico).
Nota Bene : Le départ de cette fanfiction se situe durant la saison 8, ce qui veut dire grosso modo que Susan est déjà revenue et Dave parti.
Bonne Lecture ! ! !
*** *** ***
Gloria : Prière de louange dans la liturgie romaine et grecque.
(source : Le petit Larousse Illustré)
***
L'heure était grave. Kerry soulagea un instant l'arrête de son nez en soulevant la lourde monture de ses lunettes. Assise dans la pénombre de la salle de repos des Urgences du Cook County, elle ne cessait de manier et remanier une lettre officielle entre ses mains moites. Le monde qu'elle avait connu avait été bouleversé du jour au lendemain. Rien ne sera plus comme avant et ce moment précis en était parfait l'exemple.
Elle se décida enfin à ouvrir l'enveloppe portant le cachet de l'armée des Etats-Unis. Kerry remit ses lunettes correctement et commença à parcourir les lignes écrites au clavier d'ordinateur. Elle soupira en lisant le blabla officiel et passa rapidement à la liste de noms qui se trouvaient ci-joint sur une deuxième feuille. Chaque hôpital doit payer son tribu se dit-elle par philosophie du désespoir, ce tribu était un chirurgien et trois urgentistes. Le regard embué de larmes et les mains tremblantes, Kerry osa enfin lire les quatre noms :
Benton Freeman Michael Peter
Carter Truman William John
Chen Wong Jing-Mei Deborah
Lewis Blacksmith Jenny Susan
Elle eut envie de froisser la feuille, de la jeter à la poubelle et tout oublier ! Mais tout n'était pas si simple… Ce cirque avait commencé il y avait à peine un an. A ce moment tout allait autant pour le pire que pour le meilleur dans le seul monde connu. Mais justement une autre monde était venu à eux, un monde qu'ils avaient longtemps cru utopique mais qui en grattant le vernis se révélait tout aussi torturé que le leur.
Les fans de Roswell, de X-Files et autres séries B s'étaient tous regroupés pour saluer l'arrivée de ce vaisseau venu de si loin. Kerry devait s'avouer qu'elle aussi s'était sentie transportée de joie et avait baigné dans une sorte d'euphorie mondiale en voyant ce vaisseau posé sur la pelouse de la Maison Blanche. Même si cela ne s'était pas produit, voir chacun se donner la main et chanter " Imagine " de John Lennon ne l'aurait même pas surpris, pire elle se serait sûrement jointe à la chaîne humaine.
Tout le monde avait dû se rendre à l'évidence les extraterrestres étaient bien là. Certaines furent déçus car ils n'étaient pas tellement différents des humains au niveau morphologique. Les différences résidaient dans une boite crânienne beaucoup plus volumineuse, un corps frêle et androgyne, entièrement vêtu de combinaisons aux tons sobres aux coutures invisibles. Ils se présentaient comme des Homo Sapiens Sapiens Spiritus et sous un nom plus commun des Yijos. Ils avaient amené dans leur bagages une foule de présents pour le peuple terrien afin d'assurer leurs intentions pacifistes. Beaucoup étaient des connaissances médicales et cela avait tout bénéfice pour les services d'Urgences du monde entier. Les Yijos avaient aussi amené de nouvelles conceptions politiques, de nouveaux loisirs, d'autres matières scientifiques jusque là inconnues… La liste était longue mais le problème était qu'ils avaient aussi amené autre chose dans leurs bagages.
Rien n'était gratuit et cette loi instaurée par Dame Nature ne changera sûrement jamais. Les américains n'avaient pas aidé le Koweït durant la Guerre du Golf par pure bonté, les Russes n'avaient pas aidé l'Alliance du Nord durant la guerre en Afghanistan juste pour se faire bien voir dans les relations internationales, et idem les Yijos avaient une requête. En échange de toutes ces données technologiques inconnus, les Yijos voulaient des hommes pour la guerre. Ils étaient en conflit avec une autre dynastie extraterrestre. Ces ennemis étaient composés de plusieurs races d'insectes qui n'avaient vraiment rien à voir avec les blattes de votre évier. Ils étaient beaucoup plus évolués et surtout beaucoup plus gros et agressifs. Colonisant petit à petit les planètes de Yijos en massacrant leurs habitants, la dynastie des insectes devenait un véritable problème. De surcroît, ils commençaient à se rapprocher dangereusement de cette bonne voie lactée ce qui était une raison de plus d'accepter le marché des Yijos.
Et qui disait troupes de chocs disait médecins pour soigner les blessés sur les champs de bataille. Dans chaque hôpital des Etats-Unis, l'actuel président avait décidé de désigner un chirurgien et trois urgentistes qui s'envoleront dans l'espace pour se joindre aux troupes de soldats. Le Cook County n'échappait pas à la règle. Kerry s'était renseignée sur ce qui attendrait les quatre malchanceux, au programme six mois de formations militaire et médicale sur une planète Yijosienne, puis direction les planètes de front pour la vraie guerre.
Des soldats humains y avaient déjà été envoyés et le monde entier avait pu voir à la télé ces monstres aux pinces géantes et jets d'acides qui égorgeaient et découpaient les soldats quasiment impuissants face à de tels insectes. Les Yijos aux corps trop frêles et amoindris par des siècle de développement intellectuel ne pouvaient les combattre que dans des navettes de chasse ou assis derrière un tableau bourré d'électronique. Seule une race plus agressive et plus robuste comme les humaines pouvaient faire office d'infanterie. Mais la première vague de soldats terriens en territoire insecte fut une hécatombe et au risque de tomber dans la redondance, une véritable boucherie.
D'après les dernières nouvelles, les humains combattaient mieux maintenant ces foutus insectes mais beaucoup continuaient de tomber. Paradoxalement la plupart des soldats étaient volontaires, une espèce de patriotisme planétaire s'était emparé des humains et c'était pour le moment la seule chose positive qu'avait amené cette guerre. Kerry repoussa sa chaise et se leva. Elle sortit le visage livide de la salle de repos et s'approcha à pas lents du bureau des admissions. Randi releva la tête à son approche et vit au regard profond et grave de sa supérieur que ce n'était pas le moment de sortir la dernière blague sur les blondes qu'elle venait d'entendre.
" _Randi, s'il te plaît, demande à Susan, Jing-Mei, John et Peter de venir en salle de repos tout de suite. C'est urgent et je ne veux que personne d'autre entre. C'est compris ? "
" _Oui, docteur Weaver, " répondit la standardiste. " Je les bippe tout de suite. "
***
Kerry avait tiré en grands les rideaux des fenêtres extérieures de la salle de repos. La neige ternie par les rejets de dioxyde de carbone des voitures s'amoncelait avec quiétude sur les rebords et la vue donnait sur l'immeuble gris d'en face. Le soleil blafard du midi peinait à percer les lourds nuages qui stagnaient au dessus de la ville polluée de Chicago. C'était vraiment une sale journée dans tous les sens du terme, une journée à la météo propice aux mauvaises nouvelles…
Assis autour de la table ronde, Susan, Jing-Mei, John et Peter se doutaient bien de pourquoi Kerry les avait fait demandé. Comme tout le monde ils regardaient les infos. Ils restaient muets comme des statues attendant l'inévitable. Susan tripotait nerveusement une courte mèche lui retombant devant les yeux, Jing-Mei avait les mains croisées devant elle sur la table le visage légèrement incliné vers le bas, John gigotait sans cesse s'amusant à faire glisser un stylo entre ses doigts agiles, alors que Peter le regard sévère et dur était l'incarnation même de l'immobilité. Kerry croisait et décroisait sans aucun naturel ses jambes.
" _Je suppose que vous vous doutez de pourquoi je vous ai demandé ici et aussi rapidement… " Kerry laissa sa phrase en suspens mais seul un silence pesant lui répondit. John amorça un léger acquiescement de la tête mais ce fut tout. " J'ai reçu la lettre de l'armée des Etats-Unis en ce qui concerne l'enrôlement… enfin le recrutement de quatre membres à profession médicale pour la guerre contre ces… ces insectes. Ce sont vous quatre qui avaient été choisis. "
Susan lâcha un soupir et s'affala en appuyant son front sur la table. Jing-Mei posa ses deux mains jointes sur ses lèvres pour éviter un cri de colère et de désespoir. Le stylo que John manipulait entre ses doigts lui échappa et l'objet roula sur le sol jusqu'à qu'il touche la porte d'entrée de la salle. Quand à Peter, il fut le seul à conserver cette immobilité et ce sang-froid qui caractérisait la plupart des chirurgiens au bloc.
" _Il ne vous reste plus que quinze jours à passer sur terre, " ajouta Kerry en ayant l'impression de porter le coup de grâce. Une larme perla le long de sa joue droite. " Je vous les laisse en congé. "
***
Susan s'affala sur son canapé en rentrant chez elle. Exténuée elle jeta un regard vide en direction de sa cuisine à cause de son estomac bruyant. Mais incapable de faire un geste et de former ne serait ce qu'une seule pensée cohérente, elle resta immobile dans son canapé avachi par des années de soirée devant la télé. Son regard croisa la vision du téléphone à porté de bras. Susan se redressa, colla le combiné à son oreille et composa rapidement un numéro. Plusieurs tonalités retentirent et elle pria que quelqu'un réponde :
" _Allô ? " Retentit une voix enfantine et fluette.
" _Suzie ? C'est tata, comment ça va ma puce ? " Répondit Susan en retrouvant subitement le sourire. Le premier depuis que Kerry lui avait annoncé sa nouvelle nomination.
" _Voui ! J'ai eu la meilleure note en mathématiques à l'école ! Même plus que Sarah Anderson ! " Ajouta la fillette avec un orgueil naïf.
" _Ouah ! Mais c'est super ! Je suis vraiment fière de toi mon poussin ! " S'exclama Susan n'ayant aucune idée de qui était Sarah Anderson, sûrement une camarade de classe. " Ta maman est là ? Je dois lui parler c'est très urgent. "
" _Elle est dans le jardin, raccroche pas je vais la chercher. "
Susan attendit quelques instants qui lui parurent une éternité avant que une voix plus grave que la précédente ne la tire de ses songes.
" _Susan ? Alors quoi de neuf à Chicago ? " Demanda une voix chaleureuse et enjouée à l'autre bout du fil.
" _Salut Chloé… J'ai … J'ai une mauvaise nouvelle… "
***
" _C'est toi John ? " Demanda Milicent en descendant prudemment les imposants escaliers en marbre de l'entrée.
" _Oui grand-mère, " répondit le jeune docteur en claquant la lourde porte et en se dirigeant vers la cuisine.
N'ayant pourtant pas faim, il se jeta sur le frigo sous le regard suspect de son aïeule. John sortit du pain de mie et du miel et commença à tartiner avec application. Milicent vint le rejoindre à table et l'observa manier sa cuillère avec application de telle façon que chaque bord de la tranche de pain soit recouvert. Puis il soupira et remit sa cuillère dans le pot de miel. Fatigué nerveusement il croisa les bras en gardant le regard rivé vers le sol oubliant complètement ses tartines. Il sentit les doigts âgés de sa grand-mère qui lui agrippaient avec affection et hantise son bras.
" _John, quelque chose ne s'est pas bien passé aux Urgences, c'est cela n'est-ce pas ? " Demanda-t-elle sur le ton le plus neutre possible.
" _Pourquoi faut-il toujours que quelque chose n'aille pas aux Urgences avec vous ! " Rétorqua Carter pris d'un accès de rage. Puis il sembla retrouver un peu de sang-froid et reprit sur un ton plus posé. " Tout va bien avec les Urgences et tout aurait continué d'aller bien si… si… "
" _Si quoi ? " S'impatienta Milicent en voyant le regard angoissé de son petit-fils.
***
Jing-Mei frappa avec précaution à la porte en bois verni. Sa voiture était garée devant l'un des innombrables petits pavillons tranquilles flanqués d'un carré de pelouse verte de la banlieue sud de Chicago. La porte s'ouvrit devant elle et son cœur se mit brusquement à battre plus fort et plus vite.
" _Mademoiselle Chen ? " S'étonna la jeune femme asiatique qui venait de lui ouvrir. " Ne restez pas sur le paillasson, entrez donc ! "
Jing-Mei la remercia poliment et entra un peu gênée dans la maison. Au mur de l'entrée étaient accrochées des photos familiales. La jeune docteur se trouvait chez les parents adoptifs de Michael, le seul enfant qu'elle n'avait jamais eu et dont elle ne s'était jamais véritablement remis de l'avoir en quelque sorte abandonner. La mère adoptive de son fils la conduisit dans la cuisine et elle commença à préparer du café.
" _Alors ? " Demanda Jing-Mei toujours aussi gênée. Mon Dieu mais pourquoi suis-je venue ici ! ! ! Pensait-elle en proie à d'affreux doutes. " Comment se porte Michael ? "
" _Il va bien. Il est encore à l'école à cette heure-ci, et c'est mon mari qui en rentrant du travail va le ramener dans à peu près une demi heure. "
Jing-Mei savait bien que sa présence ne réconfortait pas la jeune femme. Elle se sentait comme une intruse. Elle n'avait rien à faire ici et commençait à regretter son geste.
" _Vous devez vous demander ce que je fais ici… " Reprit Jing-Mei avec un sourire crispé. " J'aimerais… J'aimerais si vous êtes d'accord voir ne serait ce qu'un petit moment Michael. Vous n'aurez qu'à me présenter comme une tante ou une amie… Comme vous le souhaitez mais j'aimerais juste le voir une dernière fois. "
" _Une dernière fois ? Une dernière fois avant quoi ? " Demanda la mère adoptive de Michael en prenant un air inquiet et concerné.
Jing-Mei sentit les larmes irrémédiablement lui monter aux yeux.
***
Peter souleva dans les airs le petit garçon qui venait de se jeter dans ses bras. Puis le sourire jusqu'aux oreilles il serra son fils tout contre lui. Alors que d'habitude il le reposait au sol presque aussitôt, le chirurgien garda son fils plus longtemps dans ses bras. Reese releva la tête en prenant un air surpris puis il demanda en signant :
Quelque chose ne va pas papa ?
" _Non tout va bien, " mentit Peter. " Je suis juste heureux de t'avoir dans mes bras. "
Moi aussi je suis content que tu sois enfin rentré du travail. Tu me manquais !
Plus en retrait appuyée contre la porte de la cuisine, sa sœur l'observait elle aussi avec intérêt. Peter ne se comportait pas comme d'habitude et elle avait remarqué qu'il avait menti. Hors il ne mentait jamais à Reese.
" _Reese va jouer quelques instants dans le salon, " ordonna sur un ton doux mais sans appel Peter.
Je veux rester avec toi répondit Reese en faisant la moue.
" _Reese… "
Non je veux pas !
" _Reese, va dans le salon ! " S'énerva soudainement le chirurgien. Puis il reprit son calme et passa une main amicale sur le crâne de Reese. " Désolé d'avoir crier fils, je ne voulais pas… Mais s'il te plaît je dois avoir une conversation d'adulte avec Tata. Tu es d'accord pour aller dans le salon ? "
Oui j'y vais tout de suite. Répondit Reese en descendant de ses bras et s'éloignant un peu vexé.
" _Que se passe-t-il ? " Demanda sa sœur dont la curiosité venait de s'accroître.
" _Allons parler dans la cuisine, " répondit Peter sur un ton glacial. Son pas nerveux n'inaugurait rien de bon…
*** *** ***
Le Petit Mot De La Fin : Je sais le premier chapitre est très court mais je n'avais pas envie d'en dire plus, c'était juste histoire d'introduire toutes les données nécessaires à une bonne compréhension de la fanfiction :oP Bon contrairement à " Après " y aura sûrement pas un chapitre par semaine, mais j'essaierais de faire de mon mieux ! N'hésitez pas à m'envoyer vos commentaires où si vous avez quelques idées pour la suite (même si pour le moment c'est un peu précoce et mon imagination fonctionne à 100 à l'heure)
