Gloria
Episode III : Encore Un Matin Ordinaire
Auteur : Lojie
Disclaimer : Les personnages ne sont malheureusement pas de ma propriété, en effet je ne suis toujours pas actionnaire de la WB, de plus tous événements de cette fanfiction vous rappelant quelques films célèbres de science-fiction ne seraient pas une coïncidence mais voulu par moi.
Note de l'auteur : Voici le troisième volet où tout commence à s'agiter. Ce chapitre est entrecoupé d'extraits de journaux intimes de John, Susan, Peter et Jing-Mei. Sinon n'oubliez pas de m'envoyez vos commentaires et/ou vos suggestions à propos de cette fanfiction comme beaucoup l'avait fait pour Après ! ! ! Ca m'avait beaucoup aidé :oD
Bonne Lecture ! ! !
°]° °]° °]°
Journal Intime de John Carter
Cela fait trois semaines qu'on est là. Je profite de mon passage à l'infirmerie pour me reposer et écrire un peu. Il y a une heure je me suis démis l'épaule en tombant d'un petit mirador durant l'entraînement. J'ai été conduit à l'infirmerie et les Yijos médecins m'ont assuré que je ne sentirais plus rien demain. Cela me paraît suspect même si je sais que leur médecine est bien plus avancée que la notre. Ils ne vont même pas immobiliser mon bras !
Par contre je commence à saturer… Je n'en peux plus de manger toujours cette même bouillie verte chaque matin, midi et soir. Je n'en peux plus d'avaler toutes ces fichues pilules, je ne sais même de quoi elles sont faîtes ! Ca se trouve c'est une dangereuse drogue dont je risque d'être accro toute ma vie. Et puis je me sens pris de nostalgie. Je pense souvent à grand-mère, que fait-elle en ce moment ? Est-ce qu'elle va bien ? Je veux aussi revoir des arbres aux feuillages verts, le ciel bleu parcouru de nuages blancs, les immeubles étincelants du central business district de Chicago. Ce ciel lilas, ce sable et ces bâtiments bleus commencent à me rendre malade. Et il n'y a aucune végétation.
La peur me noue aussi le ventre. A partir de demain il ne reste plus qu'une semaine de préparation. Je me demande bien ce qui nous attend par la suite. De plus, je n'aime pas le sentiment d'être entièrement livré aux Yijos, ils peuvent vraiment faire ce qu'ils veulent de nous et même s'ils nous traitent bien, leurs intentions sont-elles aussi pacifiques qu'ils nous le font croire ?
°]°
John rangea son petit carnet dans une poche de sa combinaison bleue quand un Yijos s'approcha de lui. C'était toujours ce bon vieux docteur Emo Ro Ïd. Il avait eu du mal à le différencier de Fai Calum au départ mais en les examinant plus longuement, John avait découvert que le premier avait les traits plus marqués et devait en conséquence être plus vieux. Emo Ro Ïd avait un visage anguleux et une façon lente de se déplacer, il plissait continuellement ses petits yeux globuleux comme s'il ne voyait pas très bien.
Quand à Fai Calum il était bien plus rapide pour un Yijos (car du point de vue Humain, les Yijos avaient vraiment deux de tension). Il était plus joufflu et une certaine lueur brillait sans cesse dans ses yeux. John n'avait jamais réussi à déterminer si c'était de la peur ou de la haine, peut-être un peu des deux après tout. De plus, il était très facile à différencier de Emo Ro Ïd car il ne parlait jamais sauf en langue Yijos. Mais comme ces derniers communiquaient par ultrasons, le jeune médecin n'avait en conséquent jamais entendu un seul mot Yijos.
" _Je vais retirer la pâte, ce ne sera pas douloureux. Ensuite vous pourrez rejoindre vos compagnons au bâtiment de repos, ils doivent déjà dormir. " John acquiesça simplement de la tête. Il observa Emo Ro Ïd retirer la pâte qui recouvrait son épaule meurtri avec douceur. " Vous n'êtes pas très bavard, " remarqua le Yijos toujours avec ce même ton affectueux et agaçant. " Quelque chose vous tracasse ? "
Il hésita à répondre.
" _La Terre me manque, " admit-il d'un air grave.
" _Moi aussi ma planète me manque, " se confia à son tour Emo Ro Ïd. " Je ne l'ai pas vu depuis des années. "
" _Comment faites-vous pour tenir le coup ? " Demanda John surpris.
" _L'habitude, " répondit le maigre médecin.
°]°
Journal Intime de Susan Lewis
L'épaule de John qu'il s'est démis hier est déjà remise. Et il a déjà retrouvé toutes ses capacités. La médecine Yijos est vraiment impressionnante. J'attends chaque cours avec impatience car on découvre tant de nouvelles choses. C'en est presque une torture que devoir attendre la prochaine leçon. Finalement je commence à m'habituer à l'idée d'être si loin de la Terre, il y a tant d'autres choses à voir, à explorer, je ne pensais pas que cela serait possible un jour. Bien sûr, c'est la guerre mais il n'y a pas que ça.
Je ne dis pas que j'ai hâte de me retrouver sur un champ de bataille mais je suis pressée d'avoir terminé ma formation. Je veux de nouveau m'envoler dans une navette, même si mon précédent voyage s'est plutôt mal passé, et découvrir une nouvelle planète, de nouveaux individus, une autre vie encore. Même si en pleine nuit mes pensées vont vers ceux que j'ai laissé sur Terre, je ne peux m'empêcher d'imaginer comment est la vie dans tel coin de l'univers, et dans tel autre. J'étais effrayée par ce voyage au départ. Je le suis toujours mais cette peur se transforme peu à peu en moteur pour aller de l'avant, elle devient de l'énergie positive.
Autour de moi, tous les autres médecins dorment encore. C'est le matin et dans quelques instants la sonnerie du réveil va tous nous tirer du lit. Malgré que nous sommes quatre-vingts nous avons tous fait connaissance. Mais nous nous mélangeons peu en vérité et je reste la plupart du temps avec Jing-Mei, John et Peter. Nous nous épaulons quand l'un d'entre nous se sent happé par la nostalgie. Au début ce fut moi qui ne cessait de pleurer pour un rien, puis ce fut Peter qui rapportait toujours tout à son fils, il y eut ensuite Jing-Mei qui se renfermait sur elle-même sans dire un seul mot, et à présent c'est John. Il est toujours dans les nuages et observe les Yijos avec une certaine appréhension. Je crois qu'il ne les aime pas trop et il n'est pas le seul. Je viens d'entendre la sonnerie, tout le monde se lève et je dois y aller moi aussi.
°]°
Susan rangea son journal sous le matelas de son lit. Elle ne se sentait pas obliger de le cacher véritablement car hormis les Yijos chargés du ménage, personne n'entrait dans le bâtiment de repos durant la journée. Et puis elle n'avait rien non plus à cacher dans son journal. Elle prit avec elle la combinaison bleue propre qui avait été posée à côté de son lit. Susan sortit de son lit en débardeur et en culotte. Etre ici l'avait aussi obligé à être moins pudique et elle ne sentait pas gênée puisque toutes les autres femmes étaient habillées comme elle au lever.
Susan s'approcha du lit de Jing-Mei qui était encore sous ses couvertures, les paupières closes et les membres lâches. Elle tira les draps d'un grand coup :
" _Debout là-dedans ! " S'exclama-t-elle joyeuse alors que sa jeune collègue se mit à ronchonner en se prostrant.
" _Juste encore cinq minutes… " Marmonna-t-elle encore endormie.
" _Regarde comme il faut beau aujourd'hui ! Le soleil brille en plus ! " Rétorqua Susan pour tenter de la motiver.
" _Le soleil brille vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur cette fichue planète, " rétorqua Jing-Mei de mauvaise humeur.
Mais finalement devant l'insistance de son amie, elle se leva et attrapa sa combinaison bleue. Elles croisèrent John et Peter seulement vêtus de caleçons, portant eux aussi leur combinaison bleue à la main et se dirigeant vers les douches pour hommes. Ils se saluèrent de loin au milieu du flot de médecins qui allaient aux douches. Puis Jing-Mei et Susan entrèrent dans un bâtiment voisin réservé aux douches pour femmes, Humaines et Yijos.
Elles se déshabillèrent dans les vestiaires et laissèrent leurs combinaisons bleues dans des casiers qui leur étaient alloués. Elles prirent de longues serviettes à la place qu'elles laissèrent à l'entrée des douches communes. Jing-Mei et Susan se mirent à des places voisines pour pouvoir discuter alors que du liquide tiède vint les asperger. Il n'y avait pas besoin de savon car c'était une sorte d'eau purifiante qui servait à les laver. Elles soupçonnaient aussi que les fameuses pilules qu'on leur donnait étaient contraceptives. C'est Susan qui avait émis l'hypothèse en premier en s'apercevant qu'elle n'avait plus ses règles comme si elle était ménopausée. Ce fut au tour de Jing-Mei d'en arriver à la même conclusion. En tous cas, elles n'allaient pas se plaindre de cet effet secondaire de la pilule, bien au contraire.
Elles sortirent des douches après avoir parler de tout et de rien et enroulèrent leurs longues serviettes comme des pagnes. Elles partirent se coiffer puis retournèrent aux vestiaires pour enfiler leur combinaisons bleues. Ce n'est qu'enfin qu'elles partirent rejoindre John et Peter qui devaient déjà être au bâtiment de la cantine pour le petit déjeuner. Encore un matin ordinaire.
°]°
Journal Intime de Peter Benton
C'est vraiment pratique ces carnets que les Yijos nous ont distribué. Cela nous sert pour écrire tout ce qu'on a envie et la plupart des gens l'utilise en tant que journal intime, tout comme moi. Je suis à la cantine et je m'ennuie en attendant Susan et Jing-Mei qui sont encore aux douches et John qui est à l'infirmerie pour vérifier une dernière fois l'état son épaule. En attendant, je garde les places et on a toujours cette même bouillie infâme verte à manger… Les Yijos sont peut-être plus forts que nous en médecine, mais en matière de gastronomie on devrait vraiment leur donner quelques leçons !
Il ne se passe pas un seul instant sans que je ne pense à mon fils. J'espère que Reese va bien, c'est pour lui que je suis là, c'est pour lui que je me battrais et peut-être même que je me sacrifierais, et non pas pour ces stupides Yijos. Je ne sais pas comment je vais réagir quand je serais face à ces insectes géants. Mon idée serait d'inventer une bombe insecticide géante et d'en balancer sur toutes les planètes infestées de ces salopris. Mais je ne sais pas si ça marcherait vraiment… Mon idée est sûrement trop simple pour pouvoir marcher !
Les Yijos ont l'air nerveux aujourd'hui. La preuve est qu'ils marchent légèrement moins lentement. Il se passe quelque chose et ça ne sent pas bon du tout. Le général Yijos Yi Er Em est là, il va sûrement passer une annonce et il attend que nous sommes tous là. La cantine ne se remplit pas rapidement. Tiens voilà Susan et Jing-Mei qui arrivent.
°]°
" _Vous en avez mit du temps ! " Remarqua Peter alors que les deux femmes prenaient place à côté de lui, elles firent la moue en voyant la bouillie verte.
" _John n'est toujours pas là ? " Demanda Susan surprise en regardant une place vide.
" _Emo Ro Ïd l'a demandé pour vérifier que son épaule s'est correctement remise. Il devrait revenir dans moins de cinq minutes. " Expliqua le chirurgien.
" _Qu'est-ce qu'il se passe ? T'es au courant ? " Lui demanda alors Jing-Mei en faisant référence au général Yi Er Em qui était là avec quelques subalternes.
" _Je ne sais pas, " admit-il. " Mais ça a l'air important. Tiens voilà le revenant. "
John s'assit à sa place et remarqua lui aussi les Yijos qui s'amassaient au fond de la cantine. Même le docteur Emo Ro Ïd venait de les rejoindre.
" _Qu'est-ce qui se passe ? " Demanda-t-il mais aucun ne lui répondit.
Les murmures s'amplifiaient dans la cantine et tout le monde se demandait bien ce qu'il se passait. Le général Yi Er Em droit comme un piquet leva un bras pour ordonner le silence et tout le monde se tût. Le Yijos monta sur une petite estrade et jeta un regard grave à son assemblée. Tout le monde était suspendu à ses lèvres en attendant qu'il parle.
" _Chers Humains, " commença-t-il d'un ton solennel. " L'heure est grave. " Des murmures s'échangèrent de nouveau et le général Yi Er Em eut du mal à retrouver l'attention de tous. " Nous sommes tombés dans un traquenard des insectes et nous avons énormément de blessés et de morts. Nous sommes actuellement en pénurie de médecins et c'est pour cela que nous allons devoir arrêter ici votre formation. "
Des voix s'élevèrent. Tout le monde attendait des explications. Peter, John, Susan et Jing-Mei s'échangèrent des regards inquiets. Puis la cantine sombra soudainement dans le noir et un écran apparut au mur. Ils furent tous surpris car ils n'avaient jamais remarqué sa présence. Des images d'Humains blessés, beaucoup agonisants, y furent projetés. Ils se trouvaient tous dans une sorte de vaisseau immense.
" _Nous avons récupéré tous les blessés que nous avons pu mais vous pouvez voir que cette bataille fut une véritable boucherie, " reprit le général Yi Er Em. " On a besoin de vous là-bas car beaucoup de médecins ont eux aussi péri et il y a beaucoup trop de blessés. Faites vos bagages, dans une heure nous décollerons pour rejoindre le vaisseau du général Jé Pad Bol. "
°]°
Journal Intime de Jing-Mei Chen
Nous avons décollé il y a peu de temps et les Yijos nous ont laissé le droit de se lever de nos sièges de voyage. Susan semble enfin s'être habituée aux voyages interstellaires et elle se porte bien. Tant mieux car j'avais eu si peur pour elle la dernière fois. Plusieurs personnes ont vomi avant le départ. Pour la première fois depuis le début de toute cette histoire, je me rend vraiment compte que c'est la guerre.
Tout le monde tente de faire passer le temps du mieux qu'il peut. Susan rêvasse, John dort et Peter fait les cents pas. Moi je reste assise dans mon siège de voyage et j'écris. Je n'ai vraiment rien de mieux à faire. Je pense beaucoup à Michael mon fils. Je pense aussi aux images que nous ont montré les Yijos avant le départ, les images de ces soldats déchiquetés mais encore en vie. Ces insectes semblent être de vrais bouchers. Et je m'imagine Michael attaqué par ces monstres, cela me donne des frissons.
Un Yijos nous dit de retourner à nos sièges. Nous allons refaire ce qu'ils appellent un bond interstellaire. Cela nous permet de passer rapidement d'un point à un autre de la galaxie en peu de temps. Depuis le début du voyage, nous avons déjà fait deux bonds et à chaque fois on s'évanouit. Bon je ne peux pas en marquer plus, je dois boucler mes sangles de sécurité avant le bond.
°]°
A suivre…
°]° °]° °]°
Le Petit Mot de la Fin : Et voili voilà, vous avez hâte de lire le prochain chapitre n'est-ce pas ? Oui je sais, celui-là il était pépère, mais vous allez voir que les choses vont prendre une tournure, comment dire, inattendue !
Episode III : Encore Un Matin Ordinaire
Auteur : Lojie
Disclaimer : Les personnages ne sont malheureusement pas de ma propriété, en effet je ne suis toujours pas actionnaire de la WB, de plus tous événements de cette fanfiction vous rappelant quelques films célèbres de science-fiction ne seraient pas une coïncidence mais voulu par moi.
Note de l'auteur : Voici le troisième volet où tout commence à s'agiter. Ce chapitre est entrecoupé d'extraits de journaux intimes de John, Susan, Peter et Jing-Mei. Sinon n'oubliez pas de m'envoyez vos commentaires et/ou vos suggestions à propos de cette fanfiction comme beaucoup l'avait fait pour Après ! ! ! Ca m'avait beaucoup aidé :oD
Bonne Lecture ! ! !
°]° °]° °]°
Journal Intime de John Carter
Cela fait trois semaines qu'on est là. Je profite de mon passage à l'infirmerie pour me reposer et écrire un peu. Il y a une heure je me suis démis l'épaule en tombant d'un petit mirador durant l'entraînement. J'ai été conduit à l'infirmerie et les Yijos médecins m'ont assuré que je ne sentirais plus rien demain. Cela me paraît suspect même si je sais que leur médecine est bien plus avancée que la notre. Ils ne vont même pas immobiliser mon bras !
Par contre je commence à saturer… Je n'en peux plus de manger toujours cette même bouillie verte chaque matin, midi et soir. Je n'en peux plus d'avaler toutes ces fichues pilules, je ne sais même de quoi elles sont faîtes ! Ca se trouve c'est une dangereuse drogue dont je risque d'être accro toute ma vie. Et puis je me sens pris de nostalgie. Je pense souvent à grand-mère, que fait-elle en ce moment ? Est-ce qu'elle va bien ? Je veux aussi revoir des arbres aux feuillages verts, le ciel bleu parcouru de nuages blancs, les immeubles étincelants du central business district de Chicago. Ce ciel lilas, ce sable et ces bâtiments bleus commencent à me rendre malade. Et il n'y a aucune végétation.
La peur me noue aussi le ventre. A partir de demain il ne reste plus qu'une semaine de préparation. Je me demande bien ce qui nous attend par la suite. De plus, je n'aime pas le sentiment d'être entièrement livré aux Yijos, ils peuvent vraiment faire ce qu'ils veulent de nous et même s'ils nous traitent bien, leurs intentions sont-elles aussi pacifiques qu'ils nous le font croire ?
°]°
John rangea son petit carnet dans une poche de sa combinaison bleue quand un Yijos s'approcha de lui. C'était toujours ce bon vieux docteur Emo Ro Ïd. Il avait eu du mal à le différencier de Fai Calum au départ mais en les examinant plus longuement, John avait découvert que le premier avait les traits plus marqués et devait en conséquence être plus vieux. Emo Ro Ïd avait un visage anguleux et une façon lente de se déplacer, il plissait continuellement ses petits yeux globuleux comme s'il ne voyait pas très bien.
Quand à Fai Calum il était bien plus rapide pour un Yijos (car du point de vue Humain, les Yijos avaient vraiment deux de tension). Il était plus joufflu et une certaine lueur brillait sans cesse dans ses yeux. John n'avait jamais réussi à déterminer si c'était de la peur ou de la haine, peut-être un peu des deux après tout. De plus, il était très facile à différencier de Emo Ro Ïd car il ne parlait jamais sauf en langue Yijos. Mais comme ces derniers communiquaient par ultrasons, le jeune médecin n'avait en conséquent jamais entendu un seul mot Yijos.
" _Je vais retirer la pâte, ce ne sera pas douloureux. Ensuite vous pourrez rejoindre vos compagnons au bâtiment de repos, ils doivent déjà dormir. " John acquiesça simplement de la tête. Il observa Emo Ro Ïd retirer la pâte qui recouvrait son épaule meurtri avec douceur. " Vous n'êtes pas très bavard, " remarqua le Yijos toujours avec ce même ton affectueux et agaçant. " Quelque chose vous tracasse ? "
Il hésita à répondre.
" _La Terre me manque, " admit-il d'un air grave.
" _Moi aussi ma planète me manque, " se confia à son tour Emo Ro Ïd. " Je ne l'ai pas vu depuis des années. "
" _Comment faites-vous pour tenir le coup ? " Demanda John surpris.
" _L'habitude, " répondit le maigre médecin.
°]°
Journal Intime de Susan Lewis
L'épaule de John qu'il s'est démis hier est déjà remise. Et il a déjà retrouvé toutes ses capacités. La médecine Yijos est vraiment impressionnante. J'attends chaque cours avec impatience car on découvre tant de nouvelles choses. C'en est presque une torture que devoir attendre la prochaine leçon. Finalement je commence à m'habituer à l'idée d'être si loin de la Terre, il y a tant d'autres choses à voir, à explorer, je ne pensais pas que cela serait possible un jour. Bien sûr, c'est la guerre mais il n'y a pas que ça.
Je ne dis pas que j'ai hâte de me retrouver sur un champ de bataille mais je suis pressée d'avoir terminé ma formation. Je veux de nouveau m'envoler dans une navette, même si mon précédent voyage s'est plutôt mal passé, et découvrir une nouvelle planète, de nouveaux individus, une autre vie encore. Même si en pleine nuit mes pensées vont vers ceux que j'ai laissé sur Terre, je ne peux m'empêcher d'imaginer comment est la vie dans tel coin de l'univers, et dans tel autre. J'étais effrayée par ce voyage au départ. Je le suis toujours mais cette peur se transforme peu à peu en moteur pour aller de l'avant, elle devient de l'énergie positive.
Autour de moi, tous les autres médecins dorment encore. C'est le matin et dans quelques instants la sonnerie du réveil va tous nous tirer du lit. Malgré que nous sommes quatre-vingts nous avons tous fait connaissance. Mais nous nous mélangeons peu en vérité et je reste la plupart du temps avec Jing-Mei, John et Peter. Nous nous épaulons quand l'un d'entre nous se sent happé par la nostalgie. Au début ce fut moi qui ne cessait de pleurer pour un rien, puis ce fut Peter qui rapportait toujours tout à son fils, il y eut ensuite Jing-Mei qui se renfermait sur elle-même sans dire un seul mot, et à présent c'est John. Il est toujours dans les nuages et observe les Yijos avec une certaine appréhension. Je crois qu'il ne les aime pas trop et il n'est pas le seul. Je viens d'entendre la sonnerie, tout le monde se lève et je dois y aller moi aussi.
°]°
Susan rangea son journal sous le matelas de son lit. Elle ne se sentait pas obliger de le cacher véritablement car hormis les Yijos chargés du ménage, personne n'entrait dans le bâtiment de repos durant la journée. Et puis elle n'avait rien non plus à cacher dans son journal. Elle prit avec elle la combinaison bleue propre qui avait été posée à côté de son lit. Susan sortit de son lit en débardeur et en culotte. Etre ici l'avait aussi obligé à être moins pudique et elle ne sentait pas gênée puisque toutes les autres femmes étaient habillées comme elle au lever.
Susan s'approcha du lit de Jing-Mei qui était encore sous ses couvertures, les paupières closes et les membres lâches. Elle tira les draps d'un grand coup :
" _Debout là-dedans ! " S'exclama-t-elle joyeuse alors que sa jeune collègue se mit à ronchonner en se prostrant.
" _Juste encore cinq minutes… " Marmonna-t-elle encore endormie.
" _Regarde comme il faut beau aujourd'hui ! Le soleil brille en plus ! " Rétorqua Susan pour tenter de la motiver.
" _Le soleil brille vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur cette fichue planète, " rétorqua Jing-Mei de mauvaise humeur.
Mais finalement devant l'insistance de son amie, elle se leva et attrapa sa combinaison bleue. Elles croisèrent John et Peter seulement vêtus de caleçons, portant eux aussi leur combinaison bleue à la main et se dirigeant vers les douches pour hommes. Ils se saluèrent de loin au milieu du flot de médecins qui allaient aux douches. Puis Jing-Mei et Susan entrèrent dans un bâtiment voisin réservé aux douches pour femmes, Humaines et Yijos.
Elles se déshabillèrent dans les vestiaires et laissèrent leurs combinaisons bleues dans des casiers qui leur étaient alloués. Elles prirent de longues serviettes à la place qu'elles laissèrent à l'entrée des douches communes. Jing-Mei et Susan se mirent à des places voisines pour pouvoir discuter alors que du liquide tiède vint les asperger. Il n'y avait pas besoin de savon car c'était une sorte d'eau purifiante qui servait à les laver. Elles soupçonnaient aussi que les fameuses pilules qu'on leur donnait étaient contraceptives. C'est Susan qui avait émis l'hypothèse en premier en s'apercevant qu'elle n'avait plus ses règles comme si elle était ménopausée. Ce fut au tour de Jing-Mei d'en arriver à la même conclusion. En tous cas, elles n'allaient pas se plaindre de cet effet secondaire de la pilule, bien au contraire.
Elles sortirent des douches après avoir parler de tout et de rien et enroulèrent leurs longues serviettes comme des pagnes. Elles partirent se coiffer puis retournèrent aux vestiaires pour enfiler leur combinaisons bleues. Ce n'est qu'enfin qu'elles partirent rejoindre John et Peter qui devaient déjà être au bâtiment de la cantine pour le petit déjeuner. Encore un matin ordinaire.
°]°
Journal Intime de Peter Benton
C'est vraiment pratique ces carnets que les Yijos nous ont distribué. Cela nous sert pour écrire tout ce qu'on a envie et la plupart des gens l'utilise en tant que journal intime, tout comme moi. Je suis à la cantine et je m'ennuie en attendant Susan et Jing-Mei qui sont encore aux douches et John qui est à l'infirmerie pour vérifier une dernière fois l'état son épaule. En attendant, je garde les places et on a toujours cette même bouillie infâme verte à manger… Les Yijos sont peut-être plus forts que nous en médecine, mais en matière de gastronomie on devrait vraiment leur donner quelques leçons !
Il ne se passe pas un seul instant sans que je ne pense à mon fils. J'espère que Reese va bien, c'est pour lui que je suis là, c'est pour lui que je me battrais et peut-être même que je me sacrifierais, et non pas pour ces stupides Yijos. Je ne sais pas comment je vais réagir quand je serais face à ces insectes géants. Mon idée serait d'inventer une bombe insecticide géante et d'en balancer sur toutes les planètes infestées de ces salopris. Mais je ne sais pas si ça marcherait vraiment… Mon idée est sûrement trop simple pour pouvoir marcher !
Les Yijos ont l'air nerveux aujourd'hui. La preuve est qu'ils marchent légèrement moins lentement. Il se passe quelque chose et ça ne sent pas bon du tout. Le général Yijos Yi Er Em est là, il va sûrement passer une annonce et il attend que nous sommes tous là. La cantine ne se remplit pas rapidement. Tiens voilà Susan et Jing-Mei qui arrivent.
°]°
" _Vous en avez mit du temps ! " Remarqua Peter alors que les deux femmes prenaient place à côté de lui, elles firent la moue en voyant la bouillie verte.
" _John n'est toujours pas là ? " Demanda Susan surprise en regardant une place vide.
" _Emo Ro Ïd l'a demandé pour vérifier que son épaule s'est correctement remise. Il devrait revenir dans moins de cinq minutes. " Expliqua le chirurgien.
" _Qu'est-ce qu'il se passe ? T'es au courant ? " Lui demanda alors Jing-Mei en faisant référence au général Yi Er Em qui était là avec quelques subalternes.
" _Je ne sais pas, " admit-il. " Mais ça a l'air important. Tiens voilà le revenant. "
John s'assit à sa place et remarqua lui aussi les Yijos qui s'amassaient au fond de la cantine. Même le docteur Emo Ro Ïd venait de les rejoindre.
" _Qu'est-ce qui se passe ? " Demanda-t-il mais aucun ne lui répondit.
Les murmures s'amplifiaient dans la cantine et tout le monde se demandait bien ce qu'il se passait. Le général Yi Er Em droit comme un piquet leva un bras pour ordonner le silence et tout le monde se tût. Le Yijos monta sur une petite estrade et jeta un regard grave à son assemblée. Tout le monde était suspendu à ses lèvres en attendant qu'il parle.
" _Chers Humains, " commença-t-il d'un ton solennel. " L'heure est grave. " Des murmures s'échangèrent de nouveau et le général Yi Er Em eut du mal à retrouver l'attention de tous. " Nous sommes tombés dans un traquenard des insectes et nous avons énormément de blessés et de morts. Nous sommes actuellement en pénurie de médecins et c'est pour cela que nous allons devoir arrêter ici votre formation. "
Des voix s'élevèrent. Tout le monde attendait des explications. Peter, John, Susan et Jing-Mei s'échangèrent des regards inquiets. Puis la cantine sombra soudainement dans le noir et un écran apparut au mur. Ils furent tous surpris car ils n'avaient jamais remarqué sa présence. Des images d'Humains blessés, beaucoup agonisants, y furent projetés. Ils se trouvaient tous dans une sorte de vaisseau immense.
" _Nous avons récupéré tous les blessés que nous avons pu mais vous pouvez voir que cette bataille fut une véritable boucherie, " reprit le général Yi Er Em. " On a besoin de vous là-bas car beaucoup de médecins ont eux aussi péri et il y a beaucoup trop de blessés. Faites vos bagages, dans une heure nous décollerons pour rejoindre le vaisseau du général Jé Pad Bol. "
°]°
Journal Intime de Jing-Mei Chen
Nous avons décollé il y a peu de temps et les Yijos nous ont laissé le droit de se lever de nos sièges de voyage. Susan semble enfin s'être habituée aux voyages interstellaires et elle se porte bien. Tant mieux car j'avais eu si peur pour elle la dernière fois. Plusieurs personnes ont vomi avant le départ. Pour la première fois depuis le début de toute cette histoire, je me rend vraiment compte que c'est la guerre.
Tout le monde tente de faire passer le temps du mieux qu'il peut. Susan rêvasse, John dort et Peter fait les cents pas. Moi je reste assise dans mon siège de voyage et j'écris. Je n'ai vraiment rien de mieux à faire. Je pense beaucoup à Michael mon fils. Je pense aussi aux images que nous ont montré les Yijos avant le départ, les images de ces soldats déchiquetés mais encore en vie. Ces insectes semblent être de vrais bouchers. Et je m'imagine Michael attaqué par ces monstres, cela me donne des frissons.
Un Yijos nous dit de retourner à nos sièges. Nous allons refaire ce qu'ils appellent un bond interstellaire. Cela nous permet de passer rapidement d'un point à un autre de la galaxie en peu de temps. Depuis le début du voyage, nous avons déjà fait deux bonds et à chaque fois on s'évanouit. Bon je ne peux pas en marquer plus, je dois boucler mes sangles de sécurité avant le bond.
°]°
A suivre…
°]° °]° °]°
Le Petit Mot de la Fin : Et voili voilà, vous avez hâte de lire le prochain chapitre n'est-ce pas ? Oui je sais, celui-là il était pépère, mais vous allez voir que les choses vont prendre une tournure, comment dire, inattendue !
