Ni Toi, Ni Moi
Chapitre VII : La Punition
Auteur : Lojie
Avertissements: Nozing iz à moi.
Note de l'Auteur : Voici la suite ! Je tiens à préciser l'anecdote que Carlos raconte à propos de son passé à un moment donné dans ce chapitre, est vraie malheureusement et que certains enfants ont dû subir cette épreuve. Tout ça pour dire que je suis heureuse de ne jamais avoir mis les pieds dans un collègue catho ou un truc du même genre !
Bonne Lecture !
²²² ²²² ²²²
Kim enfonça un bonnet noir sur son crâne, vérifia que son écharpe protégeait bien son cou, puis serra bien son manteau avant de sortir. Elle venait de terminer sa garde et la température avait chuté durant toute la journée. A l'extérieur malgré qu'il fasse encore jour, l'éclairage public, ou du moins les quelques réverbères qui subsistaient encore, étaient déjà éveillé.
Elle sortit de la caserne et sursauta brusquement quand une personne dans son dos, vint poser sa main sur son épaule. Elle se retourna vivement, effrayée, le cœur battant. Mais toutes ses craintes fondirent en s'apercevant que ce n'était que Jimmy.
" _Ca ne va pas de me faire peur comme ça ? ! ? " S'exclama-t-elle en colère. " J'ai cru que j'allais avoir une attaque ! "
" _Excuse-moi ! " Dit-il alors qu'il n'en pensait visiblement pas autant. " Il faut que l'on parle ! "
" _Tout de suite ? " Rétorqua Kim alors qu'elle se sentait le froid qui parvenait à s'immiscer entre ses vêtements.
" _Oui, " répondit Jimmy nerveux. " C'est à propos de Carlos. "
" _Quoi encore ? " Maugréa-t-elle de mauvaise humeur.
" _J'ai essayé de parler avec lui, tu sais et- "
" _Comment ça t'as essayé de parler avec lui ? " Le coupa aussitôt Kim les sourcils froncés.
" _Bah oui, j'ai essayé de réparer mon erreur et je- "
" _Quelle erreur ? " Le coupa-t-elle à nouveau, le regard méfiant. " Je ne comprends rien ! "
Jimmy jeta de brefs coups d'œils inquiets autour de lui. Personne en vue.
" _J'étais un peu jaloux quand vous étiez ensemble, et j'ai un peu perdu les pédales. Je t'aime toujours Kim, et je lui ai fait comprendre qu'il n'avait aucune chance d'avoir une relation durable avec toi d'une manière assez.. enfin j'ai… "
" _La rougeur au menton, les hématomes sur le ventre et les côtes, ce n'est quand même pas toi qui as fait ça ? " Devina Kim de plus en plus méfiante.
Jimmy ne répondit mais acquiesça simplement. Kim l'observa tel un extraterrestre, comme si elle le dévisageait pour la première fois. Les mots lui manquaient. Subitement, elle leva la main droite et le gifla. Il y eut un bruit sec et violent et Jimmy sentit une douleur cuisante sur sa joue.
" _J'ai essayé de réparer mon erreur Kim ! " Reprit-il sur un ton suppliant. " Mais j'ai découvert que Carlos buvait un peu trop, il faut qu'on l'aide ! "
" _Qu'on l'aide ? " Répéta Kim d'un ton acerbe. " Il n'y a aucun on. Et puis depuis quand tu joues les bons samaritains ? Je m'en vais et n'essaie pas de me retenir ! "
Furieuse, elle partit en direction de l'endroit où elle avait garé sa voiture. Jimmy resta seul devant le trottoir de la caserne.
²²²
Doc mit les sirènes en route. La nuit était déjà bien avancée et il avait l'impression que tous les gens avaient attendu l'heure de sa garde pour avoir un accident. A côté de lui, Carlos restait silencieux comme à son habitude ces derniers temps. Quelque chose s'était brisé en lui, mais Doc n'arrivait pas à mettre le doigt sur quoi. Tout ce qu'il savait, c'est que son idylle avortée avec Kim y était sûrement pour beaucoup.
" _Où on va ? " Demanda soudainement Carlos qui n'avait pas écouté l'appel radio, perdu dans l'un de ses nombreux vagabondages somatiques.
" _Un gamin est tombé dans les escaliers à l'orphelinat du Mercy, " répondit Doc.
Il jeta un coup d'œil à son coéquipier mais n'y lut aucun sentiment, aucune expression. Il soupira. Malgré tous les différents qu'il pouvait avoir avec son jeune collègue, Doc devait avouer qu'il ressentait de la sympathie pour lui. Il avait appris à mieux le connaître et à savoir que même si Carlos pouvait être blessant et paraître insensible, ce n'était jamais volontaire de sa part. Doc savait que son coéquipier et lui ne vivaient pas dans le même monde.
Doc dirigea l'ambulance avec expérience dans la circulation de fin de soirée. Ils arrivèrent rapidement devant un immense immeuble en briques noircies par la pollution, avec des barreaux aux fenêtres et une petite cour devant le perron envahie par les mauvaises herbes.
" _Accueillant, " commenta ironiquement Doc.
" _Et encore, " soupira Carlos en prenant le sac de matériel. " T'as pas vu l'intérieur ! "
" _T'as été là-dedans ? " Demanda son aîné surpris alors qu'ils grimpaient les marches du perron.
" _Malheureusement oui. Je déteste les bonnes sœurs ! " Rétorqua-t-il en appuyant sur la sonnette.
Aussitôt, une sœur vint leur ouvrir. Elle était habillée dans une robe grise, portait un gilet noir par-dessus, un voile lui cachait les cheveux et elle agrippait un vieux chapelet en bois usé qu'elle faisait glisser entre ses doigts.
" _Nous vous attendions ! " S'exclama-t-elle horrifiée. " Le petit est par-là ! Suivez-moi ! "
Les deux ambulanciers suivirent la sœur, l'entrée de l'orphelinat n'était qu'un petit hall au carrelage jaune et cassé par endroits, les murs étaient recouverts d'une sorte de moquette murale marron et miteuse. Quelques vieux meubles étaient ornés de bibelots religieux en tous genres. Doc déglutit : difficile de faire plus moche…
La sœur poussa une lourde porte au bout du hall et ils se retrouvèrent face à un immense escalier en pierre. Sur leur droite se trouvait l'église, collée à l'orphelinat et de faibles lueurs de cierges leurs parvenaient. Sur la gauche étaient disposés en files dans une salle au haut plafond, des chaises et des tables. Doc supposa que c'était le réfectoire.
Un groupe d'enfants de différents âges était disposé en cercle en bas de l'escalier. D'autres bonnes sœurs étaient apparemment agenouillées au sol au centre du cercle. Doc et Carlos s'approchèrent. Ils aperçurent aussitôt près des sœurs, un enfant allongé sur le sol dont un genou avait un angle trop accentué pour que cela soit normal.
" _Ecartez-vous, " ordonna Carlos sans ménagement aux enfants. " Vous aussi, " dit-il sur le même ton aux sœurs.
Ils lui obéirent. Doc fut surpris par son ton cassant. La gamin allongé tentait tant bien que mal de retenir ses sanglots. Il ne voulait pas perdre la face devant les autres enfants. Carlos savait qu'il faisait ça pour ne pas être traité de chochotte par la suite.
Doc lui mit une minerve et Carlos gonfla une attelle autour du genou tordu. L'aîné commença à lui injecter de la morphine pour la douleur quand une sœur plus âgée que les autres vint à leur rencontre :
" _Bonjour Carlos, " dit-elle d'un ton doux.
Le jeune ambulancier releva le regard vers elle. Aucune trace de sympathie n'était lisible dans le regard du jeune homme.
" _Sœur Anna, " répondit-il sèchement.
" _Je suis mère Anna à présent. La dernière fois que je t'ai vu, tu n'avais que seize ans. Tu as bien grandi. Alors comme ça tu es devenu ambulancier ? " S'étonna-t-elle.
" _Pourquoi ? " Rétorqua agressivement Carlos en se relevant. " Vous pensiez que j'allais finir dans la rue ou en taule ? " S'écria-t-il en la défiant du regard.
Doc remarqua que la mère lui soutint le regard, mais il nota que ses mains tremblaient légèrement. Elle avait peur de Carlos. Les autres enfants autour regardaient l'ambulancier avec un nouveau regard à présent. Ils avaient deviné qu'il était un ancien pensionnaire.
" _Va chercher le brancard, " intervint Doc.
Carlos contourna la mère et repartit dans le hall. Mère Anna se retourna vers l'enfant au sol :
" _Tu vois ce qui arrive Mikael, combien de fois ai-je dis de ne pas courir dans les escaliers ? Finalement, Dieu t'a puni pour avoir été un mauvais garçon ! "
L'enfant ne répondit mais soutenait le regard de la vieille dame avec insolence, du même regard que Carlos un peu plus tôt. Doc sentait que la situation était explosive. Carlos revint à ce moment avec le brancard sous le bras. Il le posa à côté de Mikael.
" _ Un.. Deux.. Trois, " ordonna Doc alors qu'ils soulevèrent en même temps l'enfant et l'installèrent sur le brancard.
" _Sœur Kyscha, accompagnez-les, " ordonna la mère Anna.
" _Oui, je le ferais, " répondit une jeune sœur avec un fort accent d'Europe de l'Est.
Doc et Carlos portèrent le brancard suivis de la sœur jusqu'à l'ambulance.
²²²
Doc et Carlos remontèrent dans l'ambulance. Ils venaient de laisser Mikael et la sœur Kyscha à l'hôpital. Leur rôle était terminé. Il n'y avait pas d'appels et Doc décida de rouler en direction de la caserne faute de meilleure idée.
" _Alors comme ça, tu connaissais cette mère Anna ? " Dit-il pour tenter d'entamer une discussion et satisfaire sa propre curiosité au passage.
" _Oui, " répondit Carlos en soupirant. " Entre deux foyers, je faisais régulièrement un passage par la case orphelinat. Mais à l'époque elle n'était encore que sœur. "
" _On dirait que ce n'était pas l'entente parfaite entre vous deux, " remarqua Doc, le sourire en coin.
" _Elle n'a toujours été qu'une vieille chouette ! " S'exclama Carlos irrité. " Elle a toujours voulu nous convertir en prêtre ou en sœur… Elle me détestait je me rappelle, il faut dire que je faisais aussi beaucoup de bêtises ! "
Carlos eut un petit rire, se rappelant sûrement un souvenir où il avait fait enrager cette chère sœur Anna. Mais ce bref sourire se fana rapidement.
" _Pour nous punir, " reprit-il plus sérieusement. " Ce qu'elle adorait faire en hiver, c'était installer des tabourets dehors en pleine nuit, on devait monter dessus et faire tenir un livre sur la tête sans les mains. On devait rester là des heures avec le livre sur la tête et elle venait vérifier de temps en temps. A la fin, on était transi de froid. "
" _Mais elle n'avait pas le droit de faire des trucs pareils ! " S'exclama Doc choqué. " Pourquoi vous ne vous plaigniez pas ? "
Carlos lui jeta un regard moqueur :
" _Se plaindre à qui ? Et comment ? Réussir à s'échapper relevait du miracle… "
Doc soupira. Il ignorait décidément beaucoup de trucs sur Carlos. Et ce qu'il venait de lui raconter le choquait profondément. Comment quelqu'un pouvait-il faire subir ça à des gosses ? Il devinait aussi que Carlos avait sûrement dû subir bien pire, vu la façon dont il parlait de cette punition, avec détachement et presque avec humour.
²²²
La porte d'entrée sonna. Ty ronchonna. Tout ce qu'il voulait c'était dormir… Il avait passé la journée dans les squattes de junkies des zones désaffectées et il était crevé. Malgré tout, il partit ouvrir et se retrouva face à Kim. Il fut surpris :
" _Kim ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? "
" _Je peux entrer ? " Demanda-t-elle, le voyant déjà en pyjama.
" _Ouais, vas-y entre, " rétorqua-t-il en essayant de ne pas paraître trop désagréable.
L'ambulancière ne se fit pas prier et ils partirent s'asseoir sur les chaises de la cuisine. Kim semblait hésitante, presque apeurée.
" _Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? " Demanda Ty en réprimant un bâillement.
" _J'ai eu vent que Carlos buvait beaucoup ces derniers temps, " répondit Kim. " Je m'inquiète. "
" _C'est vrai qu'il a une sacrée descente, mais de là à s'inquiéter, je ne me rends pas vraiment compte, " rétorqua Ty. " Tu crois qu'il est alcoolo ? "
" _Je n'espère pas, " répondit-elle le regard dans le vague.
²²² ²²² ²²²
Le Petit Mot de la Fin : Z'avez vu ? J'ai pas coupé comme une sauvage ! L'histoire traîne je sais, mais j'invente l'histoire au fur et à mesure que j'écris, donc forcément la fic part un peu dans tous les sens autour de mes fils conducteurs et il va peut-être falloir que je me décide à créer un scénar… Surtout que les partiels commencent demain et donc j'aurais moins de temps pour écrire !
Chapitre VII : La Punition
Auteur : Lojie
Avertissements: Nozing iz à moi.
Note de l'Auteur : Voici la suite ! Je tiens à préciser l'anecdote que Carlos raconte à propos de son passé à un moment donné dans ce chapitre, est vraie malheureusement et que certains enfants ont dû subir cette épreuve. Tout ça pour dire que je suis heureuse de ne jamais avoir mis les pieds dans un collègue catho ou un truc du même genre !
Bonne Lecture !
²²² ²²² ²²²
Kim enfonça un bonnet noir sur son crâne, vérifia que son écharpe protégeait bien son cou, puis serra bien son manteau avant de sortir. Elle venait de terminer sa garde et la température avait chuté durant toute la journée. A l'extérieur malgré qu'il fasse encore jour, l'éclairage public, ou du moins les quelques réverbères qui subsistaient encore, étaient déjà éveillé.
Elle sortit de la caserne et sursauta brusquement quand une personne dans son dos, vint poser sa main sur son épaule. Elle se retourna vivement, effrayée, le cœur battant. Mais toutes ses craintes fondirent en s'apercevant que ce n'était que Jimmy.
" _Ca ne va pas de me faire peur comme ça ? ! ? " S'exclama-t-elle en colère. " J'ai cru que j'allais avoir une attaque ! "
" _Excuse-moi ! " Dit-il alors qu'il n'en pensait visiblement pas autant. " Il faut que l'on parle ! "
" _Tout de suite ? " Rétorqua Kim alors qu'elle se sentait le froid qui parvenait à s'immiscer entre ses vêtements.
" _Oui, " répondit Jimmy nerveux. " C'est à propos de Carlos. "
" _Quoi encore ? " Maugréa-t-elle de mauvaise humeur.
" _J'ai essayé de parler avec lui, tu sais et- "
" _Comment ça t'as essayé de parler avec lui ? " Le coupa aussitôt Kim les sourcils froncés.
" _Bah oui, j'ai essayé de réparer mon erreur et je- "
" _Quelle erreur ? " Le coupa-t-elle à nouveau, le regard méfiant. " Je ne comprends rien ! "
Jimmy jeta de brefs coups d'œils inquiets autour de lui. Personne en vue.
" _J'étais un peu jaloux quand vous étiez ensemble, et j'ai un peu perdu les pédales. Je t'aime toujours Kim, et je lui ai fait comprendre qu'il n'avait aucune chance d'avoir une relation durable avec toi d'une manière assez.. enfin j'ai… "
" _La rougeur au menton, les hématomes sur le ventre et les côtes, ce n'est quand même pas toi qui as fait ça ? " Devina Kim de plus en plus méfiante.
Jimmy ne répondit mais acquiesça simplement. Kim l'observa tel un extraterrestre, comme si elle le dévisageait pour la première fois. Les mots lui manquaient. Subitement, elle leva la main droite et le gifla. Il y eut un bruit sec et violent et Jimmy sentit une douleur cuisante sur sa joue.
" _J'ai essayé de réparer mon erreur Kim ! " Reprit-il sur un ton suppliant. " Mais j'ai découvert que Carlos buvait un peu trop, il faut qu'on l'aide ! "
" _Qu'on l'aide ? " Répéta Kim d'un ton acerbe. " Il n'y a aucun on. Et puis depuis quand tu joues les bons samaritains ? Je m'en vais et n'essaie pas de me retenir ! "
Furieuse, elle partit en direction de l'endroit où elle avait garé sa voiture. Jimmy resta seul devant le trottoir de la caserne.
²²²
Doc mit les sirènes en route. La nuit était déjà bien avancée et il avait l'impression que tous les gens avaient attendu l'heure de sa garde pour avoir un accident. A côté de lui, Carlos restait silencieux comme à son habitude ces derniers temps. Quelque chose s'était brisé en lui, mais Doc n'arrivait pas à mettre le doigt sur quoi. Tout ce qu'il savait, c'est que son idylle avortée avec Kim y était sûrement pour beaucoup.
" _Où on va ? " Demanda soudainement Carlos qui n'avait pas écouté l'appel radio, perdu dans l'un de ses nombreux vagabondages somatiques.
" _Un gamin est tombé dans les escaliers à l'orphelinat du Mercy, " répondit Doc.
Il jeta un coup d'œil à son coéquipier mais n'y lut aucun sentiment, aucune expression. Il soupira. Malgré tous les différents qu'il pouvait avoir avec son jeune collègue, Doc devait avouer qu'il ressentait de la sympathie pour lui. Il avait appris à mieux le connaître et à savoir que même si Carlos pouvait être blessant et paraître insensible, ce n'était jamais volontaire de sa part. Doc savait que son coéquipier et lui ne vivaient pas dans le même monde.
Doc dirigea l'ambulance avec expérience dans la circulation de fin de soirée. Ils arrivèrent rapidement devant un immense immeuble en briques noircies par la pollution, avec des barreaux aux fenêtres et une petite cour devant le perron envahie par les mauvaises herbes.
" _Accueillant, " commenta ironiquement Doc.
" _Et encore, " soupira Carlos en prenant le sac de matériel. " T'as pas vu l'intérieur ! "
" _T'as été là-dedans ? " Demanda son aîné surpris alors qu'ils grimpaient les marches du perron.
" _Malheureusement oui. Je déteste les bonnes sœurs ! " Rétorqua-t-il en appuyant sur la sonnette.
Aussitôt, une sœur vint leur ouvrir. Elle était habillée dans une robe grise, portait un gilet noir par-dessus, un voile lui cachait les cheveux et elle agrippait un vieux chapelet en bois usé qu'elle faisait glisser entre ses doigts.
" _Nous vous attendions ! " S'exclama-t-elle horrifiée. " Le petit est par-là ! Suivez-moi ! "
Les deux ambulanciers suivirent la sœur, l'entrée de l'orphelinat n'était qu'un petit hall au carrelage jaune et cassé par endroits, les murs étaient recouverts d'une sorte de moquette murale marron et miteuse. Quelques vieux meubles étaient ornés de bibelots religieux en tous genres. Doc déglutit : difficile de faire plus moche…
La sœur poussa une lourde porte au bout du hall et ils se retrouvèrent face à un immense escalier en pierre. Sur leur droite se trouvait l'église, collée à l'orphelinat et de faibles lueurs de cierges leurs parvenaient. Sur la gauche étaient disposés en files dans une salle au haut plafond, des chaises et des tables. Doc supposa que c'était le réfectoire.
Un groupe d'enfants de différents âges était disposé en cercle en bas de l'escalier. D'autres bonnes sœurs étaient apparemment agenouillées au sol au centre du cercle. Doc et Carlos s'approchèrent. Ils aperçurent aussitôt près des sœurs, un enfant allongé sur le sol dont un genou avait un angle trop accentué pour que cela soit normal.
" _Ecartez-vous, " ordonna Carlos sans ménagement aux enfants. " Vous aussi, " dit-il sur le même ton aux sœurs.
Ils lui obéirent. Doc fut surpris par son ton cassant. La gamin allongé tentait tant bien que mal de retenir ses sanglots. Il ne voulait pas perdre la face devant les autres enfants. Carlos savait qu'il faisait ça pour ne pas être traité de chochotte par la suite.
Doc lui mit une minerve et Carlos gonfla une attelle autour du genou tordu. L'aîné commença à lui injecter de la morphine pour la douleur quand une sœur plus âgée que les autres vint à leur rencontre :
" _Bonjour Carlos, " dit-elle d'un ton doux.
Le jeune ambulancier releva le regard vers elle. Aucune trace de sympathie n'était lisible dans le regard du jeune homme.
" _Sœur Anna, " répondit-il sèchement.
" _Je suis mère Anna à présent. La dernière fois que je t'ai vu, tu n'avais que seize ans. Tu as bien grandi. Alors comme ça tu es devenu ambulancier ? " S'étonna-t-elle.
" _Pourquoi ? " Rétorqua agressivement Carlos en se relevant. " Vous pensiez que j'allais finir dans la rue ou en taule ? " S'écria-t-il en la défiant du regard.
Doc remarqua que la mère lui soutint le regard, mais il nota que ses mains tremblaient légèrement. Elle avait peur de Carlos. Les autres enfants autour regardaient l'ambulancier avec un nouveau regard à présent. Ils avaient deviné qu'il était un ancien pensionnaire.
" _Va chercher le brancard, " intervint Doc.
Carlos contourna la mère et repartit dans le hall. Mère Anna se retourna vers l'enfant au sol :
" _Tu vois ce qui arrive Mikael, combien de fois ai-je dis de ne pas courir dans les escaliers ? Finalement, Dieu t'a puni pour avoir été un mauvais garçon ! "
L'enfant ne répondit mais soutenait le regard de la vieille dame avec insolence, du même regard que Carlos un peu plus tôt. Doc sentait que la situation était explosive. Carlos revint à ce moment avec le brancard sous le bras. Il le posa à côté de Mikael.
" _ Un.. Deux.. Trois, " ordonna Doc alors qu'ils soulevèrent en même temps l'enfant et l'installèrent sur le brancard.
" _Sœur Kyscha, accompagnez-les, " ordonna la mère Anna.
" _Oui, je le ferais, " répondit une jeune sœur avec un fort accent d'Europe de l'Est.
Doc et Carlos portèrent le brancard suivis de la sœur jusqu'à l'ambulance.
²²²
Doc et Carlos remontèrent dans l'ambulance. Ils venaient de laisser Mikael et la sœur Kyscha à l'hôpital. Leur rôle était terminé. Il n'y avait pas d'appels et Doc décida de rouler en direction de la caserne faute de meilleure idée.
" _Alors comme ça, tu connaissais cette mère Anna ? " Dit-il pour tenter d'entamer une discussion et satisfaire sa propre curiosité au passage.
" _Oui, " répondit Carlos en soupirant. " Entre deux foyers, je faisais régulièrement un passage par la case orphelinat. Mais à l'époque elle n'était encore que sœur. "
" _On dirait que ce n'était pas l'entente parfaite entre vous deux, " remarqua Doc, le sourire en coin.
" _Elle n'a toujours été qu'une vieille chouette ! " S'exclama Carlos irrité. " Elle a toujours voulu nous convertir en prêtre ou en sœur… Elle me détestait je me rappelle, il faut dire que je faisais aussi beaucoup de bêtises ! "
Carlos eut un petit rire, se rappelant sûrement un souvenir où il avait fait enrager cette chère sœur Anna. Mais ce bref sourire se fana rapidement.
" _Pour nous punir, " reprit-il plus sérieusement. " Ce qu'elle adorait faire en hiver, c'était installer des tabourets dehors en pleine nuit, on devait monter dessus et faire tenir un livre sur la tête sans les mains. On devait rester là des heures avec le livre sur la tête et elle venait vérifier de temps en temps. A la fin, on était transi de froid. "
" _Mais elle n'avait pas le droit de faire des trucs pareils ! " S'exclama Doc choqué. " Pourquoi vous ne vous plaigniez pas ? "
Carlos lui jeta un regard moqueur :
" _Se plaindre à qui ? Et comment ? Réussir à s'échapper relevait du miracle… "
Doc soupira. Il ignorait décidément beaucoup de trucs sur Carlos. Et ce qu'il venait de lui raconter le choquait profondément. Comment quelqu'un pouvait-il faire subir ça à des gosses ? Il devinait aussi que Carlos avait sûrement dû subir bien pire, vu la façon dont il parlait de cette punition, avec détachement et presque avec humour.
²²²
La porte d'entrée sonna. Ty ronchonna. Tout ce qu'il voulait c'était dormir… Il avait passé la journée dans les squattes de junkies des zones désaffectées et il était crevé. Malgré tout, il partit ouvrir et se retrouva face à Kim. Il fut surpris :
" _Kim ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? "
" _Je peux entrer ? " Demanda-t-elle, le voyant déjà en pyjama.
" _Ouais, vas-y entre, " rétorqua-t-il en essayant de ne pas paraître trop désagréable.
L'ambulancière ne se fit pas prier et ils partirent s'asseoir sur les chaises de la cuisine. Kim semblait hésitante, presque apeurée.
" _Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? " Demanda Ty en réprimant un bâillement.
" _J'ai eu vent que Carlos buvait beaucoup ces derniers temps, " répondit Kim. " Je m'inquiète. "
" _C'est vrai qu'il a une sacrée descente, mais de là à s'inquiéter, je ne me rends pas vraiment compte, " rétorqua Ty. " Tu crois qu'il est alcoolo ? "
" _Je n'espère pas, " répondit-elle le regard dans le vague.
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Le Petit Mot de la Fin : Z'avez vu ? J'ai pas coupé comme une sauvage ! L'histoire traîne je sais, mais j'invente l'histoire au fur et à mesure que j'écris, donc forcément la fic part un peu dans tous les sens autour de mes fils conducteurs et il va peut-être falloir que je me décide à créer un scénar… Surtout que les partiels commencent demain et donc j'aurais moins de temps pour écrire !
