(Introduction) Tromper le Seigneur des Ténèbres
Il était encore une fois, agenouillé devant son Maître. Derrière ses barrières d'occlumancie, il avait mis en avant ses souvenirs du recrutement de Dublemdore comme enseignant.
Voldemort n'était pas un idiot. Il avait certainement compris que Severus Snape était un occlumens. Il était bien souvent trop calme et retenu en sa présence. Alors Severus avait opté pour piéger son Maître en lui faisant croire qu'il n'était pas si bon que ça.
Ses boucliers d'occlusion étaient mis à un niveau très élevés, mais pas trop. Ils devaient pouvoir convaincre Voldemort qu'il était suffisamment bon pour avoir une chance de tromper Dumbledore, mais sans lui faire entendre qu'il l'était assez pour le bloquer lui.
Derrière ses défenses, il avait soigneusement placé les souvenirs qu'il souhaitait montrer. En ayant pris grand soin de les modifier à son avantage.
Il était confiant. Et cette confiance faisait partie de la clef pour contrôler ses pensées et maintenir son niveau d'occlumancie. La moindre petite faille, et il risquait la mort. Et il était hors de question que cela arrive avant qu'il s'assure que Lily était en sécurité.
« Relève-toi, et parle. »
Severus obéit. Voldemort n'avait pas encore tenté de fouiller son esprit. Il attendait de savoir ce que lui apportait son serviteur.
« Seigneur, je suis jeune diplômé, toujours prêts à vous servir du mieux que je puisse. Le vieux maître Slughorn est sur le point de prendre sa retraite, et Dumbledor m'a proposé le poste, en tant que plus jeune maître de potion. Peut-être pourrais-je accepter ce poste, et alors je vous servirais davantage encore je l'espère. Être au plus près de Dumbledore, gagner sa confiance. Je pourrais l'espionner pour vous, et vous dire ce qu'il prépare. »
Voldemort le coupa. « Ce que tu proposes là est dangereux, et tu sembles bien trop confiant de tes capacités. Ai-je en face de moi un téméraire gryffondor ou un rusé Serpentard ? »
« Seigneur, je vous assure que je suis toujours moi-même, et que je suis entièrement à votre cause. Je suis et j'ai toujours été, un Serpentard. Et c'est pour cela que je peux réussir à ce poste. Je suis rusé, et je saurais me montrer vigilant et préparé. Qui mieux qu'un Serpentard serait capable de mentir et tromper Dumbledore.
« Peut-être suis-je téméraire, mais uniquement parce que je suis prêt à donner ma vie pour vous, mon Seigneur. Je vous ai donné ma vie le jour où vous m'avez marqué. Récemment, je vous ai rapporté cette prophétie. Vous avez découvert qui y était lié, et je vous ai supplié de laisser Lily Evans en vie. Et vous avez accepté.
« Je ne vous remercierais jamais assez pour votre grâce. Je vous demandais beaucoup, et vous m'avez écouté, et vous avez consenti à ma requête. Je donnerais ma vie avec joie pour votre cause, mon Seigneur. Je suis votre obligé. Je suis prêt à prendre le risque d'affronter Dumbledore pour vous. D'autant plus si cela permet de faciliter l'extermination des Potter sans mettre en danger la vie de la fille Evans. »
Voldemort sembla réfléchir. La proposition était tentante. Mais suspecte et étrange. Tout autant que véritablement risqué. Dumbledore était le seul sorcier que Voldemort craignait. Et un simple mangemort de vingt ans était prêt à l'affronter.
« Ne se doute-t-il de rien à votre sujet ? Ne sait-il pas ce que vous êtes ? »
« Je pourrais peut-être arranger cela. Lui faire croire que je vous infiltre pour lui. Dumbledore réfléchit trop avec son cœur. » Il avait prononcé le nom du directeur avec le plus grand dégoût qu'il pouvait. « Je pourrais facilement le convaincre que je désire changer de "camps" par amour pour cette Sang-de-Bourbe. »
Voldemort haussa un sourcil et sembla réfléchir à la situation. Severus affichait un air répugné depuis qu'il avait évoqué le vieux sorcier, et ne l'avait pas quitté pour insulter l'épouse Potter. Mais Voldemort pesait la possibilité que Severus change vraiment de camp.
Il ne comprenait pas d'où lui venait cet attachement pour cette Lily. Mais à l'explosion de Severus la veille, il s'attendait à ce qu'il y ait de réels sentiments quelconques. Pour une raison ou une autre, il serait malvenu de blesser la femme s'il voulait conserver la loyauté de Snape.
Il avait étudié sa famille. Snape était d'un sang comparable au sien. Une mère sang-pur torturée par le monde des moldus, martyriser par un époux moldu, qui lui aurait brisé le cœur. Severus était d'un sang-mêlé parfaitement équilibré, comme le sien. D'une famille de sang-pur, pure parmi les pures, et du sang le plus sale des moldus.
Il savait aussi que Severus était attiré et passionné par les arts sombres depuis son plus jeune âge, comme lui. Et qu'il avait été l'un des meilleurs élèves de sa génération. Qu'il avait été battu par des camarades de son âge, qu'il avait souffert toute sa vie. Lorsque Tom Jedusor regardait Severus Snape, il se voyait un peu lui-même, en plus laid et misérable.
Il ne voulait pas perdre son contrôle sur ce jeune sorcier. Et il avait besoin de toutes les armes possibles contre ce vieux Dumbledore qui parmi tous il détestait le plus.
« Le vieux fou est un puissant legilimens. » trancha-t-il.
« Je suis convaincu qu'il a perdu de son pouvoir par son âge à passer à jouer au bon grand-père pour ses satanés "adorables" gryffondor. » cracha Severus
Voldemort voulait s'assurer à présent de la sincérité de son mangemort. Il aurait pu le prévenir comme il faisait souvent "montre moi ton esprit, mon enfant". C'était ce qu'il faisait quand il était de bonne humeur. Lorsqu'il était en colère, il se défoulait sans prévenir dans l'esprit du pêcheur.
Mais la situation était particulière. Il pourrait punir Severus pour son audace. Mais il était prêt à accepter que le jeune sorcier ait eu une bonne idée. Mais il voulait s'assurer que le garçon soit capable de résister à Dumbledore. Le prévenir ne marcherait pas pour s'en assurer.
Alors il propulsa son esprit et fouilla l'autre par surprise. Severus n'émit qu'un léger sursaut. Voldemort trouva d'abord un bouclier d'Occlumencie.
Alors même en ma présence, il ose tenter de me bloquer, pensa le Seigneur des Ténèbres avec colère. Mais cela l'arrangeait bien sur le moment. Il perça les boucliers avec l'aisance attendue, non sans remarquer qu'ils étaient incroyablement puissants, surtout pour un si jeune sorcier.
Peut-être qu'il y a quelque chose à faire de lui après tout, pensa-t-il avant de s'aventurer à la surface de ce que lui présentait Severus.
Ils étaient au sommet d'une colline, sous l'orage qui grondait. Mais il ne pleuvait pas.
« De tous, il a fallu que ce soit vous qui écoutiez à cette porte ! » grondait le vieil homme envers le jeune. « Vous lui avez dit, n'est-ce pas ? »
Le jeune sorcier ne répondit pas. Dumbledore semblait savoir qui il était et ce qu'il avait fait. Ce qu'il avait entendu, et à qui il l'avait transmis.
« Vous me révulsez Severus. Vous êtes un homme si sombre, et répugnant. Je sais que vous servez Voldemort. Je vais devoir garder un œil sur vous. Vous êtes le plus jeune maître de potion diplômé de l'histoire. Et Horace se fait vieux. De plus, vous êtes aussi un Serpentatrd. Vous faites le remplaçant idéal. »
Severus regarda pendant un instant l'homme avec horreur. De la peur et du dégoût se lisaient dans ses yeux. Il savait qu'il était perdu, confronté au vieux sorcier. Pour sa vie, il devait laisser le directeur décider.
« Allons à mon bureau. »
Une autre scène se jouait ensuite.
Ils étaient à présent dans le bureau du directeur. Voldemort se souvenait y avoir été. Et avoir désiré prendre cette place où le directeur s'était assis.
Le vieux directeur était froid et hostile en face du jeune diplômé.
« Severus, vous êtes un mangemort et un criminel. Je pourrais vous jeter à Azkaban pour vos actes. Il suffirait de soulever votre manche, et d'employer le témoignage des Maraudeurs. Celui où vous employez l'endoloris. »
Le regard sombre de Severus indiquait qu'il ne regrettait rien.
« Que vais-je faire de vous, pouvez-vous me le dire ? » questionna le directeur de manière austère.
« C'est à moi que vous le demandez ? À moi ? Alors que vous êtes le supposé chef de la lumière, le plus grand sorcier de son temps. Mais votre temps est révolu, n'est-ce pas. » critiqua le jeune.
« Cela suffit ! Vous êtes dans les confidences du Seigneur des Ténèbres. Je suis certain que vous pouvez être utile. » Voldemort fut narquois. Alors comme ça, il arrivait au vieux fou de l'appeler Seigneur.
Severus lança un regard noir au directeur. « S'il est si utile que je le connaisse, que je sois dans ses soi-disant confidences… autant le rester. »
« Tu oses dire cette loyauté devant moi ? » tonna Dumbledore.
« Vous l'avez dit, je suis un mangemort. » rétorqua simplement Severus. Puis il ricana, et plongea son regard moqueur dans celui révulsé du directeur. « Dites-moi, Albus, que voyez-vous en moi. Que voyez-vous maintenant. »
Voldemort comprenait que Severus défiait le vieux sorcier de reconnaître qu'il n'était pas si bon legilimens que ce qu'il prétendait. Le vieux sorcier ne répondait pas. Voldemort était alors fier. Ce silence voulait tout dire. Il était le meilleur des deux. Et Severus était un bon occulmens.
« Je reviens sur mon idée de rafraîchir les méthodes d'enseignement de potion. » finit par répondre Dumbledore, changeant de sujet par gêne probablement.
« Honnêtement, vieil homme, je ne suis pas qualifié pour ça. Me voyez-vous vraiment enseigner ? » continua de se moquer le jeune sorcier.
« Je sais que tu seras capable de permettre aux élèves d'apprendre un minimum de chose. Je soupçonne aussi ton tempérament et ta patience limitée pour ce que tu qualifierais de jeunes idiots. Je ne m'attends pas à ce qu'un mangemort soit un gentil enseignant tout doux. »
Le directeur se pencha en avant pour fixer le jeune sorcier.
« Soyons clairs, Severus, tu passes aisément pour un mage sombre. Il ne semblerait pas possible de te faire passer pour un homme bon. Je te fais confiance pour être capable de discipliner une classe, de les effrayer et laisser voir ta noirceur. Je veillerais à ce que tu ne leur fasses pas le moindre mal. Tu as fait des erreurs, tu as eu une vie qui t'a poussé à faire des mauvaises choses pour te protéger et te réconforter. Mais au fond, tu es un homme de bien. »
Le vieil homme s'adossa, moqueur « Avec une quantité de défauts assez époustouflante, il faut bien l'avouer ! »
« Vieux fou ! Si c'était si simple. Comment peut-on être à un poste aussi important que le tien et être aussi naïf. » rétorqua le jeune sorcier.
Dumbledore sembla décidé à ignorer les remarques. « Alors c'est décidé ! Je parlerais à Slughorn de sa retraite et de sa succession. Tu sais, il admirait vraiment ton talent quand tu étais étudiant. »
« Je vais devoir parler de cela au Seigneur des Ténèbres. »
« Je suppose que tu ne cesseras pas de l'appeler ainsi. »
« Vous pouvez tenter de me recruter vieil homme pour avoir un œil sur moi. Vous avez peut-être peur de ce que je pourrais faire au côté de mon Seigneur, mais vous n'enlèverez pas le fait que je suis un mangemort. Vous le savez, alors je ne vous le cacherais pas. Fou de recruter un mangemort. Je reste fidèle. »
Voldemort avait assez perdu de temps.
« Ce vieux fou semble déjà prêt à ce que tu me tournes le dos. Dis-moi, Severus, pourquoi te ferais-je confiance. »
« Je vous ai toujours servi. Et lorsque je vous ai imploré de laisser la Sang-de-Bourbe en vie, vous avez gracieusement accepté. Dumbledore est prêt à m'envoyer à Azhaban à la première occasion. Le choix de loyauté est simple. Je ne vous remercierais jamais assez pour tout ce que vous avez fait et faîtes encore pour moi, mon Seigneur. »
Le Seigneur des Ténèbres sourit.
« Sois prudent, Severus. Mon petit agent double. »
Le sourire du Seigneur des Ténèbres prit un air diabolique. Dumbledore se faisait vraiment vieux et stupide.
Severus cacha sa surprise face à la facilité de sa tâche accomplie. Plus qu'à annoncer à Dumbledore qu'il était maintenant un agent triple…
