(Introduction) La disparition de Voldemort


Ils s'étaient réunis dans le manoir des Black. Hagrid tenait le jeune Neville dans ses bras. Dumbledore arriva avec Harry dans les siens, et Snape comme une ombre. Sirius n'en crut pas ses yeux lorsqu'il vit l'accompagnateur du directeur.

Le vieux sorcier avait demandé une réunion avec quelques membres de l'Ordre pour expliquer la situation. Ils étaient déjà tous là lorsque le chef était arrivé. Il coupa Sirius avant même qu'il n'ait le temps de dire quoi que ce soit.

« Sirius, vous êtes le parrain d'Harry ici présent. Je vois que Neville dort, il serait dommage de le réveiller. Alors commençons, et ne m'interrompez pas. Bonjour tout le monde.

« Sirius Black, vous nous devez une explication. Comment votre cousine a-t-elle pu trouver où se cachait le couple Potter. »

« Et que fait cet homme ici ! Albus, c'est un mangemort, c'est certain ! »

« Oui, en effet. » trancha Dumbledore, sidérant tout le monde, sauf Severus.

« Mais vous ne l'êtes normalement pas, Sirius. Et votre cousine, qui l'est, a trouvé votre meilleur ami, dont vous étiez le gardien du secret. »

« Non, je n'étais pas. »

« Pardon ? » demanda Severus

« Tu n'as rien à faire dans ma maison Servillus ! Sors d'ici ! »

« Il est là à ma demande ! » tonna Dumbledore en mettant le jeune Harry dans les bras maladroits du maître de potion. « Severus, allez avec Hagrid mettre les enfants dans une autre pièce puis revenez. »

Les deux hommes sortirent avec les bébés, et Dumbledore concentra son attention sur Sirius Black.

« Je vous ai permis de voir l'enfant de votre ami uniquement parce que vous êtes son parrain. Mais pour autant que je sache, vous êtes probablement le traître ici, et je devrais vous renvoyer avec votre cousine voir les détraqueurs. Alors donnez-moi une explication correcte, et ne vous en prenez plus à Snape, qui a bien plus ma confiance que vous. »

« Que vous a-t-il raconté ? Vous a-t-il ensorcelé ? »

« Ne tâtez pas de ma patience, Sirius. »

« Je savais que ce serait trop évident si j'étais le gardien du secret. Alors j'ai proposé que Peter s'en charge. Ce sale rat ! J'ai compris qu'il avait parlé, et je me suis battu contre lui, mais il s'est enfui. Et non, je ne l'ai pas tué ! Il doit être quelque part, caché. En attendant pitoyablement son nouveau maître. »

Severus revint à ce moment-là, et Dumbledore poursuivit comme s'il ne l'avait pas remarqué.

« Bien. Je vous informe tous que Voldemort a disparus après avoir tenté de tuer le jeune Neville Longbottom. Il a tué ses parents, et sa grand-mère est morte en s'interposant devant le sorcier noir. Il y a une prophétie qui concerne cet enfant. L'enfant qui a survécu a… »

Dumbledore s'était interrompu et tourné vers Severus en l'entendant renifler au nouveau surnom du bébé.

« Un commentaire, Severus. »

« Non, rien. Mis à part ce surnom idiot. Voulez vous faire que le monde sorcier vénère un nouveau-né qui n'est même pas encore conscient de ce qui se passe ? Quelle vie prévoyez-vous de lui donner au juste ? Je ne vois pas ce qu'il y a de bien à mettre cela en place. »

« C'est ma décision Severus. » Dumbledore eut un sourire narquois, digne d'une imitation de Snape. « Tu as placé ta confiance en moi. Maintenant, tu dois l'accepter. »

« Je n'ai pas… bien, continue. »

Le vieil homme se retourna vers les membres de l'Ordre présent. « L'enfant a un grand avenir. Nous devons veiller à ce qu'il grandisse correctement. Il n'a plus aucune famille. Il n'a personne. Je propose de le confier à Rubeus Hagrid, il vivra près de Poudlard et aura donc notre protection. »

« Avec un mangemort à deux pas de lui ? ! » cria Sirius.

« Assied-toi, Pad. » lui souffla son ami, Remus Lupin.

« Sirius, ne me faîtes pas regretter ma décision suivante. » déclara le directeur, fatigué. « Si vous êtes vraiment innocent, vous êtes légalement celui à qui revient la garde de votre filleul. »

La salle fut silencieuse. Sirius était choqué.

« James… et Lily… sont morts ? »

Severus devança Dumbledore.

« Crois-tu que je me tiendrais devant toi sans tenter de t'expulser par la fenêtre alors que tu étais censé être leur gardien du secret si Lily était morte ? Cabot stupide. »

Remus maintenu Sirius assit, et Dumbledore se chargea de retenir Severus de sortir sa baguette en défense.

« Ils sont vivants. Mais ne sont plus en capacité de veiller sur leur enfant. » précisa le vieux sorcier.

« Que leur a-t-il fait ? ! »

Cette fois, Dumbledore empêcha Severus de répondre.

« C'est votre cousine qui les a torturés pendant des heures. Ils en ont perdu la raison. Sans l'intervention de Severus, ils seraient morts, et Harry probablement aussi. Votre filleul n'a pas subi de sort cependant. Severus et moi avons mené James et Lily à SteMangouste. Harry a besoin d'un tuteur pour veiller sur lui. Légalement, cela devrait être vous. »

« Je ne sais pas ce qui vaut le mieux entre le clébard ou Pétunia. » se moqua Severus

« Quoi ? » fut la réponse éberluée de Sirius.

« Vous ne savez rien de l'épouse de votre meilleur ami clébard ? »

« Crache le morceau, serpent ! »

« Non. » fut la simple réponse désintéressée et calme de Snape.

Sirius était surpris et vexés. Son ancien camarade se moquait ouvertement de lui, le provoquait, puis décidait de l'ignorer, avec un calme qu'il ne lui avait jamais vu. Sirius ne comprenait pas d'où pouvait venir ce soudain changement d'attitude. Ce renouveau qui changeait totalement la figure du Servillus qu'il avait connu.

Il avait été un adolescent maladroit, doué dans de nombreuses matières mais peu sûr de lui. Maintenant, c'était un homme posé, calme et réfléchis. Qui plus que n'importe qui dans la pièce, paraissait noble.

Dumbledore ne comptait pas laisser les deux jeunes hommes se chamailler. Ils ne s'étaient jamais appréciés, et ce n'était pas une simple dispute taquine. Aucun des deux n'aurait le moindre remords à lancer les plus terribles sortilèges sur l'autre.

« Je vous confie donc la garde de votre filleul, Sirius, mais je vais d'abord devoir organiser les mises en œuvre du ministère suite aux derniers événements. Toutes les accusations de la fuite sont tournées vers vous, Sirius Black, et les Aurors ont fortement envie de vous faire rejoindre votre cousine.

« Et si vous vous posez la question, c'est Severus qui l'a conduite aux autorités. Que ce soit bien clair pour tous, personne ici ne doit évoquer le passé sombre de Severus Snape, qui fait dorénavant partie de l'Ordre. »

Dumbledore passa le reste de sa journée à discuter avec l'Ordre, et à faire le point, Snape à ses côtés. Il devint évident aux yeux de beaucoup que le vieux sorcier avait fait du mangemort son bras droit.

Le vieux directeur laissa le jeune homme s'éclipser pour aller voir comment allaient les deux nouveaux malades de Ste Mangouste.

Severus se rendit dans l'aile psychiatrique de l'hôpital. Il demanda comment allait le couple. Les soignantes lui expliquèrent que les deux avaient été séparés. James était pour le moment encore dans le coma. Lily était éveillée, mais semblait éteinte.

Le jeune sorcier demanda a la voir, et fini par obtenir l'autorisation. Les soignants lui avaient expliqué qu'elle semblait presque inerte, et ne rien voir ou entendre du monde.

Elle était debout, dans la pièce, tournée de trois quarts. Elle regardait dans le vide. Elle ne broncha pas lorsque la porte s'ouvrit. Severus était désolé de la voir dans cet état. Il avait du mal à supporter la vision, mais il ne pouvait pas l'abandonner maintenant.

Il l'aimait, il l'avait toujours aimé, et elle était là, à nouveau devant lui, mais si fragile. Il avait peur de la briser s'il la touchait ou s'il lui parlait. Mais il ne pouvait pas la laisser comme ça. Il avait besoin de savoir comment elle allait, dans quelle condition elle était vraiment.

Il l'appela le plus doucement possible. Il ne voulait pas la brusquer. Elle ne connaissait personne ici, à part lui. « Lily… »

À la surprise de tout le personnel présent, elle se retourna vers lui. Et soudainement, elle eut un grand sourire, et les larmes coulèrent à flots sur ses joues.

« Oh, Sev, tu es là ! J'avais si mal, si mal ! Mais tu es venu. »

Elle se précipita vers lui, et se jeta à son cou. Il ne savait pas quoi faire. Il était sous le choc à son tour. Il mit une main dans le dos de la femme qu'il aimait, et accepta son étreinte.

« Oui, Lily, je suis là. »

« Oui, tu es là maintenant, tu es revenue, et tu étais là-bas aussi. Oh, Sev, tu es venue à moi ! J'avais si mal. » elle éclata vraiment en sanglot cette fois.

Severus se baissa lentement, l'aida à s'asseoir sur le sol avec lui, là où ils étaient. Elle ne le lâchait pas.

« Lily, de quoi te souviens-tu ? » lui demanda-t-il doucement

Elle n'enleva pas son visage de son cou où elle avait enfoui son nez, mais elle lui répondit.

« Tout était noir, je hurlais, j'avais si mal. J'entendais son rire. Elle me vrillait les tympans, me transperçait jusqu'à l'âme. Et puis, cette lumière est apparue, tu es apparu, venant de nulle part, entouré de ce halo lumineux. Je ne voyais que toi, mais je devinais, oh mon chevalier, tu m'as sauvée. Tu as chassé la sorcière. Je n'entendais pas ce qui se passait tant j'avais mal, mais je te voyais, dans ta posture si digne, et si menaçante vers mon ennemi, ton ennemi, notre ennemi. Tes lèvres bougeaient. Je ne sais pas ce que tu disais, mais tu étais là pour moi, pour me sauver. La douleur avait cessé à l'instant où je t'ai vu. Toi, lumière au milieu de cette obscurité douloureuse. Et puis, tu t'es penché sur moi… Je me suis effondrée par la fatigue que la douleur m'a causée. Mais je savais que tu étais là pour me protéger. Que s'est-il passé, Sev ? Pourquoi avais-je si mal ? »

« Je suis désolé Lily. J'aurais dû intervenir plus tôt. »

Les larmes coulaient sur les joues de Severus. Lily redressa la tête, et passa sa main sur son visage.

« Je ne t'en veux pas Sev. Je suis certaine que tu avais une excellente raison pour être loin de moi. Maintenant nous sommes ensemble. Tu te souviens, on ne se quittera jamais. »

« Lily… » Severus réprima un sanglot. « Tu dois rester ici, ces gens vont prendre soin de toi. Moi, j'ai du travail à faire. »

« Bien sûr Sev. Je suis certaine que tu as d'importantes choses à faire. Mon chevalier doit bien sauver le monde. Mais… de quels gens parles-tu ? Il n'y a que toi qui puisses prendre soin de moi. »

« Non, Lily. Les médecins sont là pour t'aider lorsque je ne suis pas là. Regarde-les, tu peux leur faire confiance. »

« Où sont-ils ? Sev, nous sommes seuls. »

Severus la regarda, étonné. Ils n'étaient pas du tout seuls. Mais Lily n'avait d'yeux que pour lui. Il releva la tête et regarda les médecins. Ils étaient bien là.

« Il faut la laisser se reposer, M. Snape. Vous devrez revenir plus tard, elle vient tout juste de sortir de sa torture. »

« Bien. Prenez soin d'elle. »

« À qui parles-tu Sev ? »

« Aie confiance en moi, Lily. »

Ils échangèrent un dernier regard, lourd de sentiments, puis il tourna le dos et s'en alla. Réprimant l'envie de rester auprès d'elle.

Lily était à nouveau perdue, seule, sans savoir où elle était, dans cette pièce vide. Son monde était parti. Encore une fois.