(La pierre philosophale) En route vers Poudlard
Les deux enfants passèrent le mois d'août avec Hagrid.
Pendant ce temps, Snape avait avec l'accord de Dumbledore pu faire agrandir ses quartiers, ce qui était assez simple lorsque c'était dans un château à l'architecture magique, d'autant plus lorsqu'il y avait des tonnes d'elfes de maisons pour servir les habitants.
Après plus de dix ans, les médecins avaient accepté de laisser sortir Lily et de la confier au soin de la personne qui s'en était le mieux occuper, bien qu'il ne soit pas médecin, Severus Snape.
Snape avait également commencé à travailler sur l'étude des réactions face à l'endoloris et les moyens de traiter la douleur immédiate comme sur le long terme. Il cherchait également comment soulager les conséquences d'une exposition trop longue ou trop régulière.
Lily et James avaient subi une exposition incroyablement longue. Et le Seigneur des Ténèbres punissait souvent ses mangemorts en leur infligeant l'endoloris.
Les recherches de Snape étaient secrètes, car le ministère pourrait facilement les comparer à de la magie noire. Mais c'était la grande connaissance de Snape pour la magie noire qui lui conférait une si bonne capacité en défense contre ces mêmes forces.
Pour lutter contre un ennemi, il faut le connaître. C'était une chose que la plupart des sorciers et la loi semblaient ignorer lorsqu'ils interdisaient l'étude des arts sombres. Mais c'était ces connaissances qui faisaient de Snape un véritable sorcier accompli et l'un des meilleurs soigneurs et le plus apte à lever des malédictions.
Cependant, ce n'était pas ces connaissances qui lui avaient permis d'être la meilleure personne pour aider Lily. Mais il comptait bien trouver le moyen de l'aider davantage.
Rien n'avait pu être fait pour James. Mais l'état de Lily était de mieux en mieux. Après ces dix ans, elle avait commencé à voir un peu mieux le monde extérieur, et elle pouvait distinguer d'autres choses que seulement son ami d'enfance.
Mais elle restait persuadée que c'était avec lui qu'elle était mariée. Même si elle savait aussi qu'Harry était son fils à elle et certainement pas l'enfant de Severus.
Harry et Neville, depuis le jardin géant de Hagrid, avaient pu voir le professeur revenir avec Lily accrochée tendrement à son bras. Ils avaient trouvé le couple touchant et mignon. Mais ne se risquèrent pas à faire le moindre commentaire dessus en présence de Snape.
Hagrid les informa le jour de la rentrée que ce serait mieux s'ils allaient prendre le train comme les autres élèves. Il fallait qu'ils profitent de ce voyage. Ils y rencontreraient leurs nouveaux camarades, et verraient un peu de paysage différent.
Le demi-géant conduisit les deux enfants à la gare moldue. Aucun des deux garçons ne savait comment se rendre dans la gare de Poudlard. Ils avançaient chacun avec leurs chariots pleins de leurs affaires, Hagrid derrière eux.
Harry étudia son billet de train.
« Voie 9 3/4 ? Mais ça n'existe pas ! Je me trompe ? Hagrid ? »
Neville se retourna, pendant qu'Harry restait à s'interroger, penché sur le papier.
« Hagrid ! Harry, il n'est plus là ! » s'exclama Neville.
Le garçon commençait à s'inquiéter. Comment deux enfants qui venaient ici pour la première fois, avec aucune indication laissée par leurs tuteurs, pouvaient trouver comment prendre le train ?
Neville se mit à baragouiner, ses lèvres tremblaient, ses sourcils se fronçaient, et ses yeux se mouillaient.
« Neville ! Calme-toi ! On va trouver. » Harry essayait de se faire rassurant. Plus son ami paniquerait, moins ils auraient de chance de s'en sortir.
Il avait besoin de calme et de réflexion. Pour ne pas paniquer lui-même, il lui fallait un soutien moral, et non quelqu'un dont il devait s'occuper.
« Snape m'a appris que la ruse et l'intelligence sont les meilleurs atouts du sorcier. C'est un test ! Il faut qu'on soit capable de se débrouiller. »
Neville blêmit. « Tout seul ? ! »
« Oui et non. Nous verrons. Allons déjà entre 9 et 10… et voyons la longueur qu'il y a. »
Harry prenait les devants. Il voulait se montrer assuré pour garder le calme sur Neville. Il était finalement content de pouvoir montrer la qualité des atouts que vouait son mentor favori.
Ils avancèrent sur le quai, et marchèrent le long des voies. Ils voyaient les larges poteaux, accompagnés des panneaux qui indiquaient les numéros. Neville se détendait. Après tout, ce n'était pas si terrible que ça.
« Tu ferais un bon serpentard, Harry. »
« Mes parents sont des Gryffondors, comme toute la famille de mon père. »
« Mais ce n'est pas eux qui t'ont élevé. »
« Mon parrain en est un aussi. »
Neville s'amusait à essayer de faire prendre conscience à son ami la réalité de ce qu'il voyait.
« C'est pas ton tuteur qui t'as éduqué. »
« Rémus en est un. »
« Tu as appris tes leçons de quelqu'un d'autre. »
Après avoir dit cela, l'amusement de Neville s'abaissa. En pensant à l'homme, il était parcouru de frisson.
« J'avoue, il me fait un peu peur. Mais il est un peu de ta famille. »
Harry ne répondit pas. Il était heureux que son meilleur ami s'en aperçoive aussi. Mais aucun des deux n'avait vraiment envie d'évoquer l'homme en question explicitement.
Harry savait que son ami n'en avait pas un peu peur, il en était absolument terrifié. Mais ils étaient d'accord sur le fait que ce devait être un homme bon, et qu'il s'occupait bien de la mère d'Harry. Et effectivement, l'enfant avait bien appris de ses leçons avec l'homme.
Harry analysa la situation dans laquelle ils se trouvaient. Il n'y avait apparemment aucun accès à une voie 9 3/4. Mais ils pouvaient se rendre aux trois quarts du chemin entre la voie 9 et la voie 10.
Neville resta un peu en arrière, solidement accroché à son chariot et la tête dans les épaules. Il observait les passants à droite à gauche, pendant qu'Harry regardait partout sur le chemin.
Les yeux vert émeraude fixèrent les panneaux indiquant les numéros de voie, et regardaient ce mur. Il y avait forcément quelque chose.
Il sortit de ses réflexions en entendant une voix féminine et adulte dire les mots qu'il espérait. « Allez, dépêchez-vous. La voie 9 3/4 c'est ici. »
C'était à croire qu'elle disait cela pour que tout les nés-moldus puisse l'entendre et lui demander son aide. Il tourna la tête, et aperçut que Neville avait fait de même.
Une grande quantité de têtes aux cheveux roux arrivèrent. Harry laissa son chariot sur place, et s'approcha de la troupe, tout sourire. C'était au tour du numéro de charme de faire son entrée.
« Bonjour Madame ! Mon ami et moi nous sommes perdus. Et nous cherchons le passage vers notre nouvelle école. J'ai cru entendre que vous saviez où c'était ! »
« Oh, mes petits anges. Qui vous as laissés là, livré à vous-même. Où voulez-vous aller ? »
Évidemment, pensa Harry, elle se méfie et ne veut pas le montrer à des moldus.
« Tu me rappelles quelqu'un. »
« Probable. Mon parrain s'amuse à dire que je ressemble beaucoup à mon père. Mon oncle dit que ce qui diffère, ce sont mes yeux, et mon caractère. »
« Où sont vos parents les garçons ? »
« Oh. Euh. »
« Pas là. » fut la réponse rapide de Neville. Il n'était pas sec, et ne montrait pas sa tristesse. Mais il était pressé de ne pas être en retard. Il ne voulait pas affronter la colère de Snape.
« Que faîtes vous ici, seuls ? »
« Maman, on peut y aller ? » demanda le plus grand des garçons roux.
« Oui, vas-y Percy. Bon, alors les enfants. Je ne peux pas imaginer qu'une mère laisse ses deux garçons perdus au milieu de cette foule. Avec toutes ces affaires en plus… Quel beau harfang des neiges. »
« Oui, c'est Hagrid qui me l'a offert pour mon anniversaire ! »
« Qui êtes-vous les garçons… Po-Potter ? »
Harry fit un sourire narquois. Elle devait avoir connu son père, et avait fini par reconnaître son visage.
« Comment passe-t-on, Madame ? »
« C'est votre première année, n'est-ce pas ? Mon fils Ron aussi y va pour la première fois. »
Elle avait posé une main sur l'épaule d'un garçon roux à ses côtés, qui avait aussi un chariot. Harry tendit la main vers lui.
« Bonjour Ron, je suis Harry ! »
Une petite fille se cachait toujours derrière les jupes de sa mère, et Neville restait encore à l'écart. Ron saisit la main, puis éclaira son visage d'un sourire. La mère décida alors d'expliquer aux trois garçons de première année en même temps.
« Vous voyez le mur. Vous courrez dessus, droit devant et sans s'arrêter. »
« Mais on va s'écraser ! » s'exclama Neville
« Aie confiance en la magie mon enfant, ou elle ne te laissera pas découvrir ses mystères. »
« Bien. » La voix de Neville n'avait pas beaucoup d'assurance. Mais il n'avait que le choix de faire confiance.
« Harry, tu… ? »
« Je passe d'abord ! Si tout va bien pour moi, tu pourras t'élancer derrière ! »
Après ces mots, Harry retourna à son chariot. Il recula ensuite et prit un grand élan. Il traversa le mur sans rien sentir. Il était abasourdi par la foule qu'il y avait. Il s'écarta vite du mur, ne voulant par prendre le risque que Neville le percute.
Dès que son ami fut arrivé, ils partirent vers le train. Ils n'avaient personne à saluer, et étaient plutôt pressés de trouver une place.
La plupart de leurs affaires pouvaient être laissées dans un wagon spécial, et seraient conduites à leur dortoir correctement le moment venu. Ils n'avaient qu'à prendre ce qu'ils voulaient conserver avec eux durant le trajet, qu'il faudrait remettre avec le reste pour ne pas être encombré durant la cérémonie de rentrée.
Harry décida de prendre Hedwige, sa chouette blanche, avec lui, ainsi que quelques pièces d'or que son parrain lui avait laissé pour les friandises. Il se munit également de deux livres. L'un était un recueil de mythologie en latin, et l'autre un manuel de sortilèges.
Neville prit évidemment son crapaud adoré, Trévor, seul souvenir de sa famille. Il avait également gardé son Rapeltout dans sa poche.
Le début du trajet se passa tranquillement. Neville s'assoupit, et Harry lisait son livre en latin. Au bout d'un moment, le premier se réveilla et bailla. Il regarda par la fenêtre le paysage défiler, puis regarda autour de lui.
Harry était toujours plongé dans sa lecture, Hedwige était à ses côtés. Mais Neville avait l'impression qu'il manquait quelque chose. Il mit la main dans sa poche et observa la fumée de sa boule. Elle devint rouge.
Inquiet, il entreprit de regarder partout dans la cabine.
« Harry ! Trevor a disparu ! »
« Quoi ? » fut la réponse étonnée du garçon, sortant immédiatement de sa lecture. « Reste là, je vais chercher dans le couloir. »
Harry sortit de la cabine, et vit le lieu désert. Il questionna plusieurs autres élèves dans d'autres cabines. Une fillette très sûre d'elle, qui se présenta comme Hermione Granger, décida de participer à la recherche. Elle proposa de se diviser pour questionner le reste du train.
« Mais avant tu devrais songer à mettre tes robes. On approche de l'école. »
Elle tourna les talons, et partit questionner tout le monde. Harry retourna auprès de Neville et les garçons se changèrent. Lorsque le train s'arrêta, Neville était en larmes, et Trévor introuvable.
Harry l'accompagna devant Hagrid qui appelait tous les premières années, en le maintenant par les épaules pour le rassurer. Le demi-géant les regarda et se demandait ce qui se passait.
« Bonjour Hagrid. Trévor a disparu. Neville est inconsolable. »
« Oh. Il embarquera avec moi. »
Pendant ce temps, les autres premières années regardaient le grand homme avec étonnement ou admiration. Il était vraiment très grand et imposant.
Ils firent le traditionnel voyage en barque vers le château. Harry était content, c'était bien après tout de faire le trajet avec les autres. Dans sa barque, il était avec la fille du train et le garçon de la gare.
Après être arrivé de l'autre côté, Harry se précipita pour rejoindre Neville. Ils montèrent tous l'escalier et furent accueillis par le professeur McGonagall. Elle leur expliqua le principe des Maisons de Poudlard.
C'est durant son discours qu'un bruit de crapaud retentit à ses pieds, en haut des marches. Neville se précipita dessus. « Trévor ! »
Quelques élèves rirent, Harry souriait à son ami, et le professeur le regarda durement. Il s'excusa sobrement, et retourna aux côtés d'Harry. McGonagall finit son explication, puis leur demanda d'attendre ici, le temps qu'elle s'assure que tout était prêt.
Une fois la directrice adjointe partie, une voix claire s'éleva au-dessus du reste.
« C'était donc vrai, ce que j'ai entendu dans le train. »
Tous tournèrent le regard. C'était un jeune garçon bien soigné, le visage parfait et l'air noble. Les deux grands et gras garçons derrière lui donnaient l'impression d'être ses gardes du corps. Il était accoudé à la rambarde de l'escalier, mais se redressa et s'approcha d'Harry et Neville.
« Un garçon avait perdu son crapaud dans le train. Neville Longbottom est avec nous cette année. »
Harry n'aimait pas son attitude. Il se plaça devant son ami, faisant un mur contre ce qu'il devinait être un arrogant.
« Je me présente, Draco Malfoy. Je peux t'aider à bien choisir tes amis. »
Il tendait la main en signe de bonne volonté. Il attendait un signe positif des garçons.
« Nous n'avons pas besoin de ton aide pour choisir nos amis, Malfoy. » rétorqua sèchement Harry, bien décidé à défendre son meilleur et pour l'instant unique ami.
« Et qui es-tu toi ? »
« Laisse les tranquille, Malfoy ! » intervint Ron
« Oh, un rouquin, une robe de seconde main, tu es certainement un Weasley. »
Harry dédaigna la main du blond. « Je n'ai pas besoin de me présenter à toi Malfoy. Je sais ce qu'est une mauvaise fréquentation, et tu es certainement le pire ici. »
Une voix féminine et sévère se racla la gorge pour rappeler le calme à l'ordre. Draco se précipita dans le rang, sans le moindre regard pour les autres garçons, pendant que Ron le fusillait.
McGonagall fit rentrer la troupe. Ils s'émerveillaient tous à la vue de l'immense grande salle, et au plafond qui formait un ciel. Harry entendit la voix d'Hermione raconter ce qu'elle avait lu sur le sujet. Il était amusé lorsqu'il l'écoutait.
Une fois arrivé au bout, Harry sursauta lorsqu'un vieux chapeau posé sur un tabouret se mit à chanter. Tout le monde écouta en silence. À la fin, la directrice adjointe reprit la parole.
« Je vais à présent vous appeler, je poserais le choixpeau sur votre tête, et vous irez dans la Maison qui vous sera attribuée. »
Elle commença à faire l'appel.
Les deux grands garçons à l'air idiot qui escortait Malfoy étaient Vincent Crabbe et Gregory Goyle. À leur tête, Harry était persuadé d'être plus capable de retenir leur nom que leur prénom. Comment ces deux idiots se retrouvèrent à Serpentard l'étonna grandement.
Hermione Granger fut envoyée à Gryffondor après ce qui parut un long moment. Harry se demandait ce qui se passait avec ce choixpeau. Mais il savait qu'il ne tarderait pas à savoir.
« Neville Longbottom. »
Les murmures s'élevèrent dans la salle. Les commérages commençaient. Harry poussa légèrement Neville pour l'encourager. « Ce sera vite fini » lui murmura-t-il à l'oreille.
Neville déglutit. Non, ça n'allait pas bien se passer. Il le savait, il y avait trop de regards sur lui. Il prit place sur le siège, se tournant vers les premières années.
Harry lui faisait un sourire amical, Ron le regardait avec de grands yeux. Plus loin, Draco avait un sourire qui irait bien avec un petit ricanement, et un regard malicieux. La plupart des élèves étaient en haleine, à l'attente du « jugement » pour le garçon qui avait survécu.
« Ah ! Qu'avons-nous là ? » fit une voix dans sa tête. Neville sursauta, et poussa même un petit cri de surprise.
« Ne t'en fais pas, je suis là pour te trier. Alors, quelle maison te conviendrait. Je vois de la grandeur en toi. Le pouvoir de faire de grandes choses, et Serpentard pourraient te conduire sur le bon chemin. J'ai déjà vu ça. Mais tu es différent.
« Oui, toi tu disposes d'une autre qualité. Le courage le plus noble de tous. »
« Moi, courageux ? Vous faites erreur. »
« Crois-moi, je ne me trompe jamais. Pas pour ces choses-là. Tu seras un grand homme. Être un bon sorcier ne suffit pas. Tu as le cœur d'être quelqu'un de bien. Ta loyauté et ta sympathie sont parmi tes meilleures armes.
« Tu as les meilleures qualités pour faire de toi un grand meneur. »
« Moi, un meneur ? Vous vous trompez. C'est Harry qui… »
« C'est sur ta tête que je suis, donc c'est de toi que je parle, et c'est toi que je lis. J'ai rarement vu un cœur aussi noble que le tien. Tu es un véritable GRYFFONDOR ! »
Neville n'en croyait pas ses oreilles. Lui, le garçon le plus timide de tous, un gryffondor. Oh, il n'avait pas les qualités pour être Serpentard ou Serdaigle. Mais pas non plus pour être un Gryffondor. Il aurait dû être un Pouffsouffle, car ceux-là accueillaient tous ceux qui n'avaient pas de place dans les autres Maisons. Gryffondor n'était pas pour lui.
Mais il ne pouvait pas protester, et il dut se rendre à sa table, sous un tonnerre d'applaudissement.
Quelques noms encore, puis en vint un qui sonnait connu à leurs oreilles.
« Draco Malfoy. »
McGonagall n'eut même pas le temps de poser le choixpeau sur sa tête. À peine ses cheveux furent effleurés, le cri annonça Serpentard. Beaucoup restèrent bluffer par cette rapidité. Malfoy étaient aux anges, ce qui allait bien avec sa bouille.
Près d'Harry, Ron marmonna. « Lui, c'était sûr. Évidemment qu'il ne pouvait finir qu'avec eux. On sait tous qu'il tournera mal. »
« Que veux-tu dire ? » lui demanda Harry
Ron tourna la tête vers son voisin. « Tu ne le sais pas ? Tous les sorciers qui ont mal tourné étaient à Serpentard. »
Harry ne répondit rien. Il leva son regard vers la table des enseignants. Il repéra Snape. Il était à côté d'un professeur avec un turban violet. Et à sa droite, il la vit. Sa mère était là. Toujours accroché au bras de son ami d'enfance.
Harry sourit.
« Harry Potter ! » tonna la voix de McGonagall
« Ça fait trois fois qu'elle t'appelle. » lui souffla Ron
Harry s'avança, les yeux mouillés de honte, et le visage rouge. Il devinait le regard noir et désapprobateur de Snape. Finalement son année commençait très mal.
« Mais qu'avons-nous là ? Harry Potter, votre vie a été à la fois compliquée et facile. Elle s'avérera de plus en plus dure. Vous devrez vous accrocher pour surmonter vos épreuves et soutenir durement vos amis. L'approfondissement de votre caractère sera la clef de la réussite. Vous n'êtes pas un Serdaigle, vous n'êtes pas un Pouffsouffle. Vous ressemblez à votre mère,…
« Ma mère ! » Harry le coupa. « Comment était-elle ? »
« Elle était gentille, douce et courtoise. Une vraie fleur. Et courageuse. Elle avait de grandes qualités et un grand cœur. Et aussi un tempérament de feu. »
« Maintenant, elle n'a plus cette flamme. » pensa-t-il tristement.
« Gardez espoir. Le temps peut soigner de nombreuses blessures. Il peut aussi les aggraver bien sûr, mais si vous regardez dans votre cœur, vous verrez vers quel sens va l'évolution de votre mère. »
Harry sourit. « Snape la fait aller mieux. Elle sourit toujours maintenant. »
« Tu as tout compris. Maintenant, où vais-je te mettre, hein ? Tu as le cœur de ta mère, c'est certain. Mais tu as appris à développer ton esprit sous des conseils parmi les plus judicieux. Et ton ambition est grande. »
« Il faut que je soutienne Neville. C'est mon ami, et il va avoir besoin de mon aide. »
« Tu emploies mes arguments, petit Serpentard. Les deux t'iraient bien. Alors faisons ce pari. GRYFFONDOR ! »
Harry sauta de son siège, tout excité. Il se précipita aux côtés de Neville, et regarda Snape. Il le regardait sombrement. Le sourire d'Harry diminua. Mais il ne sentait pas d'hostilité dans l'échange de regard. Juste de la sévérité. Ça allait bien à Severus Snape. Alors le garçon reprit son sourire heureux, et se tourna vers ses camarades pour les saluer.
Il vit les têtes rousses plus âgées qu'il avait déjà vues.
« Bonjour Harry. » fit Percy, avant de se reconcentrer sur le reste de la répartition, désabusé.
« Il a l'air… super sympa. » fit Harry calmement, sans sourire dans la voix.
« Ne t'inquiète pas - »
« - pour notre frère, »
« Harry. »
« C'est juste - »
« - un sale grincheux. »
Harry observa les deux garçons roux identiques qui lui avaient parlé.
« Je suis Fred. » fit le premier.
« Et voici George. » poursuivit le second en désignant le premier.
« Qui doit-on croire ? » demanda Neville à son ami.
Harry restait à le regarder, éberlué.
« Je ne sais pas. »
Encore deux garçons rejoignirent la table des Gryffondors, dont Ron, avant que le directeur prenne la parole. Il souhaita la bienvenue aux élèves, parla et radota, et précisa quelques règles.
«… il est interdit d'aller dans la forêt interdite, et notre concierge Monsieur Rusard m'a demandé de vous rappeler que le 3e étage est interdit d'accès. À moins que vous ne teniez à vous mettre en danger de mort. »
À la fin du discours, le directeur annonça le début du banquet et la nourriture apparut sur les tables.
« Cette année s'annonce merveilleuse. » déclara Harry en regardant son assiette.
Neville ne répondit pas. Il avait un doute. Il regardait Snape en frissonnant. Cet homme lui faisait vraiment peur. À côté, il voyait le dos du turban violet de l'autre homme qui tentait apparemment d'avoir une discussion avec un maître de potion réticent.
Neville sentit une douleur vive sur son front. Sa cicatrice le brûlait. Harry sentit que son ami n'allait pas bien, et suivit son regard. Il fronça légèrement les sourcils.
« Fred, George, qui est l'homme à côté du professeur Snape ? »
L'un des deux tourna le regard vers la table.
« C'est le professeur Quirrell. Il enseigne les défenses contre les forces du mal. Je ne le connais pas encore, le poste est maudit. Tous les ans, c'est un nouveau professeur. J'ai juste entendu son nom durant les vacances. »
L'autre frère se joint à la conversation.
« C'est étonnant qu'il discute avec le professeur Snape. »
« Pourquoi ? »
« Parce que Snape a toujours voulu cette place. Tous les ans, il la demande à Dumbledore, mais le vieux lui a toujours refusé. »
« Heureusement, si le poste est maudit ! »
Les têtes rousses regardèrent Harry avec un air surpris mêlé d'interrogation.
« Je ne veux pas qu'il lui arrive du mal. » expliqua-t-il
Neville retrouvait le sourire, rassuré par la voix de son ami.
« Regardez la femme à côté de lui. » conseilla le garçon timide
« Ils sont trop mignons. » décréta Harry avec excitation
« Je les ai vus arriver cet été. Si vous aviez vu comment il la guidait dans les escaliers… » développa son ami.
Ron n'en croyait pas ses oreilles. Il avait entendu de nombreuses histoires à propos du professeur Snape de la part de tous ses frères. Et rien qu'à regarder la tête de l'homme, il les croyait.
Ses deux camarades avaient un problème. Et étant à Gryffondor, ils s'en rendraient vite compte.
« Vous êtes malades. » fut la réponse qu'il leur donna pour faire cesser cette discussion de folie.
Harry et Neville se regardèrent. Oui, l'année se passerait bien. Tant qu'ils restaient tous les deux ensemble.
