(La pierre philosophale) Les premiers cours
« Harry, debout ! Debout ! On va être en retard. Harry ! »
Neville avait un mal fou à réveiller son ami. Sa nervosité le faisait pleurer à chaudes larmes. Ils allaient être en retard pour le premier cours. Non, rectification, ils étaient en retard.
Dans un autre lit près d'eux, une tête émergea en grognant.
« Ron ? ! Toi aussi ! Ooh, non… Le premier cours est avec McGonagall, on va se mettre à dos notre chef de Maison ! »
« Qu'est-ce que t'as à crier ? » râla le roux
« Vous êtes encore couchés, et il est affreusement tard. Tous les autres sont déjà descendus depuis longtemps. On a même plus le temps pour le petit-déjeuner. »
« Quoi ? ! » s'écria Harry en sauta dans son lit.
« J'ai dit, nous sommes en retard. »
« Ron, lève-toi ! » pressa Harry en se dépêchant de se changer.
Péniblement, le roux émergea de son sommeil déjà fort perturbé par les cris de ses camarades de chambres. Il maudissait intérieurement un certain garçon avec un éclair sur le front.
Neville attrapait leurs affaires de cours pendant qu'ils se changeaient. Il fourra le sac d'Harry dans ses bras dès qu'il eut fini de s'habiller, et partit précipitamment, s'attendant à être suivi de près.
Harry agrippa la manche de Ron pour l'entraîner, supposant que le garçon pourrait finir de mettre son pantalon dans l'escalier. Les trois garçons coururent vers la salle de classe de métamorphose.
Un garçon paniqué, un autre essoufflé et un troisième de mauvais poil entrèrent rapidement dans la salle calme. Tous les autres élèves étaient penchés en silence sur leurs feuilles, laissant l'air s'emplir du bruit des plumes grattant le papier.
Harry fut surpris de ne voir aucun enseignant, juste un chat sur le bureau du professeur. Il devait y avoir un moyen de surveiller la salle pour que les élèves restent si calmes quand même.
« Heureusement que la peau de vache n'est pas là. » se félicita Ron.
Neville gémit.
La chatte sauta du bureau. Ce furent des pieds qui atterrirent au sol.
« Whoaa… » Ron était époustouflé par la métamorphose du professeur.
« Une chance que vous n'ayez pas besoin de repas, Monsieur Weasley. Installez-vous vite et mettez-vous au travail. Mademoiselle Granger vous expliquera l'objectif. Et 5 points en moins chacun pour votre retard. Ainsi que 5 autres, Monsieur Weasley, pour vos remarques débordantes de vivacités. »
Pendant que l'enseignante critiquait le roux, les deux autres garçons s'étaient dépêchés de se trouver une place, et tentaient de se faufiler discrètement. Ils savaient qu'ils étaient concernés par les remarques, mais ne souhaitaient pas affronter le regard.
Neville s'était trouvé une place en bout de table, à côté d'une Serdaigle de type hindou. Harry se réfugia un rang devant, de l'autre côté de l'allée, laissant juste une place entre lui et Hermione. Ron s'y dirigea à contrecœur.
La directrice de la maison de Gryffondor fit le tour de son bureau pour aller près du tableau.
« Maintenant que tout le monde est là, laissez-moi présenter cette matière. La métamorphose est une des formes de magie les plus dangereuses et les plus complexes que vous aurez à étudier. Quiconque fera du chahut pendant mes cours sera immédiatement renvoyé avec interdiction de revenir. Vous êtes prévenus.
« C'est un enseignement de la transformation des objets, des animaux et des hommes. Nos cours seront divisés en deux parties. Une partie théorique, qui se base avant tout sur des schémas, et une partie pratique qui requiert l'usage de la baguette magique.
« Il ne sera pas toléré que vous sortiez votre baguette sans mon autorisation expresse préalable, et vous n'exécuterez que ce que je vous permettrais de faire sous ma supervision stricte.
« Pour ce premier cours, nous commencerons par étudier comment transformer une allumette en aiguille. Il est plus aisé de métamorphoser des choses inertes, et de même taille. Ce sort devrait être le plus simple. Il vous reste cinq minutes. »
Les élèves rabaissèrent leur tête et se replongèrent dans leurs écrits. Neville chuchota à sa voisine pour s'informer.
« Je dois faire quoi dans ces cinq minutes ? »
« Sors ton manuel, et lis le sort. Tu dois prendre des notes pertinentes pour te préparer à l'étude et au lancement du sort. »
De son côté, Ron soufflait.
« Si ça, c'est une simple remontrance et le discours de notre cheffe de Maison, qu'est-ce que ça doit être avec Snape. »
« Tais-toi et mets-toi au travail. » lui siffla Hermione.
Harry prit son manuel et chercha la page sur le sort étudié. Il n'eut pas le temps de terminer avant que McGonagall ne commence à interroger les élèves sur ce qu'ils avaient compris.
Hermione s'illustra remarquablement, en montrant ses capacités énervantes de mademoiselle-je-sais-tout.
Le professeur leur fit ensuite un cours explicatif, et une démonstration, attendant de ses élèves qu'ils prennent des notes conséquentes.
Stressé, Neville ne manqua pas de renverser son flacon d'encre sur son parchemin, lui valant un regard navré et fatigué de l'enseignante.
À la fin du cours, elle leur demanda enfin de tenter d'exécuter le sort. Seule Hermione y parvint, permettant à Gryffondor de regagner 10 points.
Les élèves sortirent calmement de la classe pour se diriger vers les cachots pour le cours de potion. Sur le chemin, les discutions commencèrent.
Ron fut le premier à parler.
« Pfiou ! C'était tendu. Imaginez un peu ce que ce sera avec Snape. J'angoisse d'avance. Il va faire de notre vie un enfer. »
Seamus Finnigan ne tarda pas à lui répondre. « Espérons que les autres professeurs soient plus tendres que McGonagall. Sinon, ça va vite être très pénible. »
« Elle avait raison de nous mettre en garde contre la dangerosité et la complexité de son cours, vous savez. » commença à moraliser Hermione.
Ils passèrent le reste du chemin à résister à la tentation d'assener un coup à la fille pour la faire taire, pendant qu'elle développait son explication.
Les Gryffondors pénétrèrent ensemble dans la salle de cours pour trouver les Serpentards déjà installés, tous dans la même moitié de classe, laissant l'autre aux lions.
« Si vous arrivez en retard à tous les cours, il sera facile pour nous de gagner la coupe des quatre Maisons. » ricana Draco.
« Heureusement qu'ils sont pas au courant pour notre retard de ce matin » grinça Ron tout bas.
Hermione avait entendu le garçon, et renchérit sur un ton suffisant, comme à son habitude, sans se soucier que les Serpentards puissent entendre.
« Vous devriez apprendre à vous lever tôt pour nous éviter des pertes inutiles. Je ne pourrais pas rattraper toutes vos erreurs avec mes points gagnés. »
Les élèves de Gryffondors s'installèrent sous les ricanements des Serpentrards. Ils décidèrent d'attendre le professeur en silence, s'attendant au pire, des rumeurs qui circulaient déjà au banquet sur l'homme.
Harry et Neville s'étaient mis ensemble au deuxième rang. Hermione aux côtés d'Harry, et Ron près de l'autre garçon.
Le professeur entra par la porte en avançant vite, avec souplesse. Sa cape noire lui donnait définitivement un air sombre de chauve-souris. Neville frissonna. C'était décidé, il craignait cet homme.
« Vous êtes ici pour apprendre la science subtile et l'art rigoureux de la préparation des potions. » commença le professeur en s'avançant jusqu'à son bureau.
Il se retourna pour faire face à ses élèves. Son regard allait doucement sur chaque visage pendant qu'il parlait, faisant croiser ses yeux aussi noirs que l'obsidienne dans chaque regard des jeunes adolescents.
« Ici, on ne s'amuse pas à agiter des baguettes magiques, je m'attends donc à ce que vous ne compreniez pas grand-chose à la beauté d'un chaudron qui bouillonne doucement en laissant échapper des volutes scintillantes, ni à la délicatesse d'un liquide qui s'insinue dans les veines d'un homme pour ensorceler peu à peu son esprit et lui emprisonner les sens… »
Il s'attarda sur certains de ses jeunes Serpentards. Draco se redressa fièrement. « Je pourrais vous apprendre à mettre la gloire en bouteille, à distiller la grandeur, et même à enfermer la mort dans un flacon… »
Il regardait à présent les Gryffondors. «… si vous étiez autre chose qu'une de ces bandes de cornichons à qui je dispense habituellement mes cours. »
Les Serpentards avaient bien compris le sous-entendu, et quelques-uns pouffèrent. Mais ils cessèrent immédiatement lorsque le maître de potion tourna un regard dur vers eux.
Le professeur Snape observa Harry qui était en train de noter des choses sur son cahier. Il savait bien ce que l'enfant faisait. Il prenait des notes.
Mais il était inutile de noter ce genre de discours, à moins qu'il ne veuille garder une trace de la prose de son enseignant, mais cela n'était d'aucune utilité pour l'apprentissage de l'art enseigné ici. Et Snape n'aimait pas l'adoration, même lorsqu'elle était dirigée vers lui.
« Cela étant… je suppose que certains sont venus à Poudlard en possession d'aptitudes si exceptionnelles qu'ils se sentent assez sûrs d'eux… pour ne pas… se montrer… attentif. »
Hermione avait bien identifié le regard fixé sur son voisin. Aussi, décida-t-elle de lui donner un léger coup de coude, puisque le garçon restait penché sur son cahier, sans avoir saisi que le commentaire s'adressait à lui.
Harry se redressa, observa autour de lui, regarda Snape, et décida plus sage de poser sa plume. Dommage, il était en train de s'appliquer à former de belles lettres comme lui avait appris le même homme qui le regardait avec mépris à ce moment-là.
« Monsieur Longbottom. Notre nouvelle… célébrité. »
Neville sursauta et se mit à trembler. Harry fut également surpris, car un instant plus tôt, c'était vers lui qu'était le regard. Mais Snape s'était tourné vers le garçon qui avait survécu. Harry frotta doucement le dos de Neville pour le rassurer.
Snape attendit un tout petit moment avant de poser sa question.
« Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ? »
Neville ne bougea plus. Il avait ouvert de grands yeux, rivés vers le bord de sa table. Harry s'était aussi stoppé, et regardait Neville, tout aussi immobile et surprit que lui.
Hermione leva la main. Ron lui lança un air désapprobateur.
« Monsieur Potter, vous semblez vouloir partager beaucoup de choses avec Monsieur Longbottom. Alors ? »
Neville leva un visage blême vers Harry. Ce dernier lui rendit son expression silencieuse.
« Vous ne savez pas. Essayons encore. Où iriez-vous, Monsieur Longbottom si je vous demandais de me rapporter un bézoard ? »
Hermione agita sa main. Neville regarda partout dans la classe, les yeux en larmes, sauf le professeur Snape. Il fuyait la vision. Harry se retourna vers l'enseignant, calmement.
« Monsieur Potter, pourriez-vous me dire où est la langue de Monsieur Longbottom ? »
« Je… je ne sais pas, Monsieur. »
Harry ne pensait pas à mal en répondant cela. Il ne voyait pas ce qu'il pouvait dire d'autre. Le silence n'était pas ce qu'attendait Snape, et toutes autres remarques seraient déplacées.
Mais les Serpentards prirent le commentaire comme une moquerie envers Neville, et montrèrent leur amusement. En silence cependant. Mais leurs sourires amusés montraient qu'ils ne se priveraient pas d'en reparler après le cours.
« Et quelle est la différence entre le napel et le tue-loup, Monsieur Longbottom ? »
Neville plongea sa tête dans ses mains et éclata en pleurs.
« Je ne sais pas, Monsieur. »
« Navrant. À l'évidence, la célébrité ne fait pas tout. » Il tourna son regard vers Harry. « N'est-ce pas, Monsieur Potter ? »
« À l'évidence, Hermione le sait, elle, et vous ne l'interrogez pas. »
« Retenue Potter. Monsieur Longbottom aussi. »
Ça commence bien, songea Harry, mécontent pour la première fois envers l'homme qu'il avait… aimé.
« Pour votre information, Longbottom, sachez que le mélange d'asphodèle et d'armoise donne un somnifère si puissant qu'on l'appelle la Goutte du Mort vivant. Un bézoard est une pierre qu'on trouve dans l'estomac des chèvres et qui constitue un antidote à la plupart des poisons. Quand au napel et au tue-loup, il s'agit de la même plante que l'on connaît aussi sous le nom d'aconit. »
Snape observa sa classe, silencieuse. Et immobile. Il jeta un œil à Harry qui n'avait pas encore repris sa plume. Vraiment navrant. Il notait lorsqu'il s'agissait juste d'un discours de mise en bouche, et ne faisait rien lorsque les informations étaient fournies.
« Alors ? Qu'est-ce que vous attendez pour prendre note ? »
Aussitôt, tous les élèves attrapèrent leurs plumes et tentèrent de se remémorer l'explication pour la noter.
Snape n'attendit pas longtemps avant de leur dire de sortir leurs livres.
« Nous commencerons aujourd'hui par la préparation d'un remède contre les furoncles. Ce sera une potion qui sera certainement utile à la majorité d'entre vous dans les années à venir si comme d'accoutumée vous avez l'habitude d'agiter vos baguettes avec des incantations idiotes dans les couloirs.
« Il s'agit d'une potion banale qui devrait être accessible à n'importe quel élève de première année. Il y aura des conséquences graves si vous ne répondez pas à mes attentes. Vous rédigerez un essai pour le prochain cours sur cette potion. Pour le moment, préparez le matériel et commencez à concocter. Je veux voir tous les chaudrons chauffer dans cinq minutes.
« La moindre agitation sera sévèrement punie. Vous devriez être capable de trouver la préparation dans vos manuels de "Potions magiques". Chacun travaille individuellement. Commencez. »
Tous les élèves s'affairèrent, en prenant bien soin de ne pas se percuter ou se gêner lorsqu'ils s'éloignaient de leurs postes de travail pour chercher des ingrédients.
Après la panique de Neville, Harry n'était pas rassuré à l'idée de le laisser travailler seul.
« Neville. Écris-moi la liste des ingrédients, et la quantité pour deux personnes, pendant que je sors nos affaires. »
Neville hocha la tête. Il écrivit en tremblant la liste, pendant qu'Harry installait les chaudrons, les mortiers, pilons… et posait sa baguette sur la table. Il prit soin de tout installer proprement en attendant que Neville ait terminé.
Le garçon tendit la liste prête.
12 crochets de serpent,
8 limaces à corne,
4 épines de porc-épic.
« Merci Neville » chuchota Harry avant d'aller chercher les choses.
Ils commencèrent ensuite chacun de son côté. Quel risque pouvait-il y avoir à suivre une simple recette de cuisine ? Apparemment il y avait un risque, puisque Neville réussit à faire exploser sa potion, se retrouvant même aspergé.
« Infirmerie pour Monsieur Longbottom. Monsieur Finnigan, accompagnez-le. »
Le visage de Neville commençait déjà à se couvrir de furoncles.
« Et 5 points en moins pour Gryffondor pour votre incompétence, Monsieur Longbottom. » rajouta Snape au moment où les deux garçons sortaient de la salle.
Harry se demandait encore comment c'était arrivé lorsqu'il rajouta ses épines de porc-épic dans son chaudron. La réaction de sa potion n'était pas celle escompté.
La mixture commençait à former de grosses bulles, et à fumer abondement. Harry trouva plus sage de s'écarter. Il n'eut pas le temps d'appeler le professeur que celui-ci repérait déjà la situation.
« Monsieur Potter ! »
Snape s'approcha à grand pas, sortit sa baguette de sa manche et fit disparaître le chaudron.
« Montrez-moi vos ingrédients, Monsieur Potter. » dit-il d'un air menaçant.
Harry ne put s'empêcher de frissonner en baissant la tête.
« Je… je les ai déjà utilisés, Monsieur. »
« Vos ustensiles, Monsieur Potter ? »
« Ils… ils sont là, Monsieur. »
Harry tendit un doigt vers les récipients qui avaient contenu leurs ingrédients à lui et Neville.
« Monsieur Potter, pourriez-vous me dire pourquoi il n'y a qu'un seul jeu de contenant entre vos tables à vous et Monsieur Longbottom ? »
« Nous… » la voix mourra dans la gorge d'Harry. Il ferma les yeux et serra les poings. Le professeur avait explicitement dit d'effectuer le travail seul.
« Je vois. Et pour quelle raison avez-vous continué à vous en servir lorsque à l'évidence, cela a causé des dommages à la potion de votre ami ? »
« Je… » Harry rentra davantage sa tête dans ses épaules, honteux. « Je pensais qu'il avait simplement mélangé les étapes, Monsieur. »
« Vous pensiez ? Avez-vous observé Monsieur Longbottom pour savoir ce qui n'allait pas avec sa potion, Monsieur Potter ? »
« Non Monsieur. » Harry reprit son courage et décida d'affronter l'enseignant.
Il le connaissait depuis tout jeune. L'homme avait toujours été distant, et tentait de ne pas lui montrer la moindre affection. Mais il avait toujours été là, avec sa patience pour enseigner Harry.
Et Harry avait pu voir le cœur doux de l'homme envers sa mère. Il savait que Snape cherchait juste à cacher ses sentiments. Et il avait vraiment appris à aimer le bon homme qui se murait derrière sa froideur.
Mais là, le professeur allait trop loin. Il s'acharnait sur Harry, affichait le plus grand mépris devant toute la salle. C'était comme s'il voulait montrer à tous qu'il était mauvais et injuste.
Le garçon regarda la maître dans les yeux.
« J'ai partagé les récipients avec Neville parce que j'étais allé chercher nos ingrédients pour nous deux. Et j'ai eu à faire cela parce que vous l'aviez totalement perturbé. Vous vous êtes acharné sur lui dès le début, sans raison, alors qu'il appréhendait déjà la rencontre. Vous jouiez à l'effrayer, et vous avez réussi. Alors j'ai dû l'aider à surmonter ça. Donc, oui, j'ai pris nos ingrédients pour nous deux. Mais non, je ne l'ai pas surveillé après. Peut-être que si vous aviez passé plus de temps à lui expliquer comment faire qu'à le terroriser, il ne se serait pas trompé. »
Snape regarda le garçon froidement. Harry ne lâchait pas le regard.
« Avez-vous terminé, Monsieur Potter ? »
« Oui Monsieur. »
« Votre impertinence coûtera dix points à Gryffondor, Potter. »
« Parfait. » bougonna Harry en s'asseyant à sa place.
« Arrogant comme votre père. » souffla Snape
« Je t'interdis de parler de lui ! » cria Harry en sautant sur ses pieds.
« Asseyez-vous. » ordonna le professeur extrêmement bas, d'une voix dangereuse.
Harry obéit, et le professeur observa le poste de travail.
« Potter, pourquoi vos épines de porc-épic ont-elles été mêlées à de la poudre de Bulbonox ? »
Harry fut surpris d'entendre ce nom inconnu. Il n'avait rien ajouté, et prit les épines comme tout le monde. « Je… je ne sais pas ce que c'est, Monsieur. »
« Vous ne manquerez pas d'en parler dans votre essai sur ce remède, j'en suis certain. »
« Certainement Monsieur. » Harry leva un regard plus doux vers son professeur. Le même regard que lorsqu'il lui posait une question lors de leurs tutorats chez son parrain.
« Qu'est-ce qui n'allait pas dans nos potions, Monsieur ? Je n'ai pas eu tout à fait la même réaction que Neville. »
« Monsieur Potter, il s'avère que votre ami est incapable de suivre une recette et qu'il a lamentablement échoué plusieurs étapes, en plus de les faire dans le désordre. »
« Pourriez-vous m'expliquer, Monsieur ? J'aimerais en parler dans mon essai, mais je ne saurai pas analyser les erreurs de Neville. Je n'ai pas observé sa préparation, et ai à peine vu le résultat. »
« Si je vous dis "laissez bouillonner la potion pendant 39 minutes", puis que je vous donne comme consigne de rajouter encore deux autres ingrédients, Potter, que faîtes-vous ? »
« C'est ce qui est écrit dans nos livres… » réalisa Harry
« Répondez, Monsieur Potter. »
« Eh bien, je fais cela. »
« Comment le faîtes-vous ? »
« Je ne comprends pas la question, Monsieur. »
Snape lui répondit avec grand mépris. « C'est bien là l'un de vos plus grands problèmes, Potter. Vous ne semblez pas doué de réflexion. Alors réfléchissez, et lorsque vous aurez une réponse, je pourrais vous accorder un peu de mon précieux temps pour votre lamentable existence. »
Harry regarda son professeur s'éloigner, choqué et énervé. Il observa ensuite son manuel, et chercha à comprendre les remarques de Snape. Il lui avait forcément donné la réponse. Il était doué pour les énigmes, et semblait vouloir enseigner au garçon tout en conservant une attitude extérieure de pure haine.
Le garçon brandit sa plume et la trempa dans l'encre. Il commença à annoter ses réflexions sur son livre.
Plus loin, Snape fut étonné de voir le fils de Lily pencher sur son manuel de cette manière, à griffonner des notes autour des consignes de la potion. Il semblerait qu'il avait plus déteint sur le garçon qu'il ne le pensait.
Jamais James n'aurait fait cela, il préférait inventer des blagues que travailler. Et Lily était très soigneuse de ses livres, et son respect l'empêchait d'écrire dessus. Sirius était comme James, et Remus comme Lily sur ce sujet. Non, cette manière de faire, c'était la sienne. Les annotations de Severus Snape dans ses livres.
À la fin du cours, le professeur était satisfait de la grande habileté de Draco Malfoy. Hermione s'en sortait pas trop mal, mais elle manquait de réelles capacités. Elle se contentait de suivre méthodiquement les recettes.
Il avait passé tout son temps à critiquer les petits Gryffondors, et surveiller sévèrement les Serpentards.
Parmi les lions, il était content d'avoir fait s'écarter Finnigan. En peu de temps, il avait pu observer à quel point cet élève risquait d'être un sujet délicat en potions. Si Neville n'avait pas fait exploser sa potion en premier, le jeune Seamus l'aurait très certainement fait.
Aucun des Gryffondors ne montrait de réel talent pour l'art des potions. Cela ne le surprenait pas vraiment. Il serait peut-être possible de faire quelque chose de la jeune Parvati Patil. Ron Weasley était une véritable catastrophe.
Du côté des Serpentards, Snape devait se retenir de réprimander les plus incompétents. Les deux idiots serviteurs de Draco se révélaient être incapables de suivre une simple recette.
La potion de la jeune Daphné Greengrass était juste valable. Cependant, les autres Serpentards tel que Pansy Parkinson, Baise Zabini et Théodore Nott se révélèrent compétents.
Au final, le professeur se retrouva à faire des remarques à tous les élèves, sauf à Draco. Même s'il était plus mesquin avec les lions.
Snape ne manqua pas d'accorder des points à ses quatre élèves de Serpentard les plus doués, et de railler la plupart des Gryffondors sur leurs incompétences.
« Miss Granger, ce n'est pas dans les livres que vous trouverez la subtilité nécessaire à vos préparations pour améliorer votre médiocrité. »
Snape commençait déjà à mépriser cette demoiselle je-sais-tout, qui se prenait pour un puits de connaissance alors qu'elle ne savait, strictement, rien.
Lorsque le cours fut terminé, les gryffondors se sentirent enfin libres une fois dans le couloir.
