(La pierre philosophale) Le remède contre les furoncles
Harry passa deux heures avec Draco à préparer des remèdes contre les furoncles. Draco ne se montra pas meilleur que ce qu'était le professeur Snape envers les Gryffondors durant les cours.
Plutôt que d'expliquer réellement à Harry comment bien préparer ses ingrédients, il lui lançait des regards méprisants et lui faisait des commentaires méchants.
Snape ne revint que pour les congédier, tout en leur donnant rendez-vous pour le lendemain à la même heure. Il demanda à Harry de prévenir Neville que sa retenue était toujours valable et qu'il devrait se présenter sans faute dès que Madame Pomfresh le permettrait.
Après le repas, Harry retourna auprès de son ami. Madame Pomfresh lui permit de rester avec lui, vu qu'ils étaient encore seuls.
Harry s'installa à une table et sortit son manuel de potion ainsi qu'un parchemin, de l'encre, et une plume. Il avait un essai à préparer pour la semaine suivante.
Et plus tôt il le finirait, mieux il serait préparé pour sa prochaine retenue. Neville se pencha pour regarder.
« On le fait ensemble ? »
Harry sourit. « Bien sûr. »
Ils s'informèrent sur chacun des ingrédients utilisés, et rédigèrent un paragraphe sur tous. Ils tentèrent de comprendre les réactions provoquées par chaque étape de la potion. Ils n'y arrivèrent pas, mais comprenaient tout de même mieux.
« J'ai compris ! » s'écrit soudainement Harry alors que Neville lisait un livre de botanique.
« Quoi donc ? »
« Lorsque j'ai demandé quelle était ton erreur, le professeur Snape m'avait cité deux étapes consécutives de la recette de notre manuel. Je me suis creusé la tête tout l'après-midi dessus. Laisser bouillonner pendant 39 minutes, puis ajouter les limaces à corne et les épines de porc-épic. Il faut enlever le chaudron du feu avant de rajouter les ingrédients… mais lequel des ingrédients provoque cette réaction ? »
« Je ne sais pas, je suis nul en potion. Tu pourrais trouver la réponse dans un livre de la bibliothèque. Ou demander à Hermione. »
Harry pouffa. « Oui, ce sera plus simple avec Hermione, elle doit déjà connaître tous les livres. J'y vais tout de suite ! »
Harry abandonna ses affaires près de Neville et s'enfuit vers la salle commune de Gryffondor. Il trouva la fille assise dans un coin, en train de lire un livre de botanique.
Il s'approcha et l'appela doucement, légèrement gêné de la déranger. « Hermione ? »
Elle leva les yeux. « Oui ? Harry ? »
« Tu… tu as l'air de connaître pleins de choses en potion. »
Hermione eut un air sceptique et accusateur. « C'est à propos de l'essaie qu'on doit rendre au professeur Snape ? Tu ne me demandes pas de le faire à ta place j'espère. »
Harry leva les mains en signe de protestation. « Non, absolument pas ! »
Elle fut soulagée. « Heureusement. Alors que veux-tu ? »
« Je me suis dit que tu saurais peut-être ce qui a causé un problème avec la potion de Neville. Il l'a laissé sur le feu pendant qu'il rajoutait les autres ingrédients, mais je ne sais pas lequel a provoqué la réaction étrange. »
« La poudre de Bulbonox. »
« Nous n'en avons pas mis ! »
« J'ai entendu le professeur en parler à propos de vos épines de porc-épic. »
« Je ne sais pas comment c'est arrivé là. Mais si c'est ce qui a provoqué le bouillonnement suspect dans ma potion, ce n'est pas ce qui a fait exploser le chaudron de Neville. »
« Si, justement. »
« Ça doit être plus compliqué que ça. Il y a quelque chose d'anormal avec ces étapes, qui a vraiment mal réagit pour Neville. Il a eu des furoncles en se faisant éclabousser, alors que c'est censé être un remède contre les furoncles ! »
« Je ne peux pas t'aider là-dessus. Ce n'était écrit nulle part dans ce que j'ai lu. Et pourtant, j'ai lu beaucoup de choses… »
Elle commença à faire un long discours. Harry eut mal au crâne, et prétexta qu'il devait retourner voir comment allait Neville. Au passage, il demanderait un remède contre la migraine.
Sur le chemin vers l'infirmerie, il croisa Draco, à nouveau entouré de ses deux gros bras. Crabbe et Goyle lui barrèrent le chemin de manière à le pousser contre une armure. Draco ricana.
« Potter, Potter, Potter… toujours à te précipiter sans faire attention au reste du monde. »
« Fiche le camp Malfoy ! »
« Sinon quoi Potter ? »
Harry serra les poings et lança un regard énervé au blondinet. En voyant ces yeux bleu-gris si froid, il eut l'idée de lui retourner ses manières.
« Sinon, je te permettrais de ressentir la même sensation que celle que ton balai t'a accordée à ton premier essai d'appel tout à l'heure. »
« Tu n'en as pas l'audace, Potter. » siffla le blond en perdant son sourire.
Harry observa les deux gros amis de son ennemi. Ils attendaient les ordres de Malfoy, comme s'ils n'avaient pas de cerveaux pour penser par eux-mêmes.
Harry verrait forcément venir le moment où Draco leur donnerait la moindre consigne. Il aurait alors le temps de les esquiver en se jetant sur l'arrogant. Il n'avait pas grand-chose à craindre, ces brutes étaient très certainement lentes.
Il accorda toute son attention à la silhouette fine et noble.
« Bien sûr que si, Malfoy. Tout comme j'ai voulu te faire tomber de ton balai. Alors maintenant, laisse-moi partir. »
Ils s'affrontèrent dans un duel de regard, avant que Draco décide d'abandonner. Il renifla de dédain et signifia à ses gorilles de le suivre.
Harry inspira, puis finit son chemin vers l'infirmerie. Il expliqua à Neville qu'Hermione ne savait pas, et ils continuèrent leur travail, toujours dans l'interrogation.
Pomfresh renvoya Harry dans son dortoir avant le couvre-feu et décida de garder Neville en observation pour la nuit. Mais elle promit qu'il pourrait se rendre à ses cours le lendemain.
Pour leur deuxième jour, aucun des gryffondors n'arriva en retard. Ils avaient sortilège avec Serdaigle.
Les garçons repérèrent qu'une des Gryffondors et une Serdaigle s'essayaient côte à côte et se ressemblaient comme des jumelles. La serdaigle avait été la voisine de Neville en métamorphose. C'était les sœurs Patil, et Harry les trouvait particulièrement jolies.
En fait, toute la classe les trouvait jolies. Le cours se déroula agréablement. Hermione n'eut aucun mal à exécuter le sortilège étudié du premier coup.
Le cours suivant était celui de botanique… avec les Serpentards. Encore une fois, les serpents étaient arrivés en premier dans la salle de cours. Ils avaient eu métamorphose juste avant, qui était plus proche de la serre que la salle de sortilège.
Draco parlait du ridicule de se contenter de transformer des choses aussi petites. Lorsque les gryffondors entrèrent, il lança un léger sourire narquois à Ron.
« Mais c'est vrai que les aiguilles seront utiles à quelqu'un au moins. Weasley ! N'oublie pas de demander à McGonagall de t'apprendre à transfigurer du fil pour recoudre tes robes. »
« Enlève ce sourire de ta face, Malfoy, si tu veux pas que je te le fasse avaler avec mon poing. »
« Oh, quelle agressivité. » Draco s'adossa les bras croisés, toujours moqueur, pendant que Crabbe et Goyle se rapprochaient dans son dos, menaçant envers le roux.
Ron décida d'abandonner et partit à la place la plus loin possible. Harry s'installa avec Neville en face de Draco. Il se pencha au-dessus de la table et chuchota au blond.
« Draco… j'aurais une question à te poser. »
Le jeune sang-pur haussa un sourcil intéressé, et posa ses bras croisés sur la table pour montrer son attention.
« C'est au sujet de la potion de remède contre les furoncles. »
« Je t'écoute Potter. »
« Si on ne retire pas le chaudron du feu passé les 39 minutes avant de faire la suite des étapes, que se passe-t-il ? »
« Pourquoi, tu veux essayer de le faire ce soir ?… tant que tu es sous ma supervision, c'est hors de question. »
« Explique-moi pourquoi. »
Draco fit une moue de dégoût, inspira de mépris, puis expira lentement pour retrouver son air froid et noble. Il avait en face de lui un petit crétin de Gryffondor qui serait bien capable d'essayer cette erreur jusqu'à ce qu'il obtienne une réponse.
Après les avoir laissés deux heures en tutorat, son parrain devait s'attendre à ce qu'ils aient parlé de ça. Même si Draco arrivait à surveiller suffisamment Harry durant les retenus pour l'empêcher de faire une si grosse erreur, l'imbécile testerait alors en classe, sous les yeux de tous.
Draco savait qu'il ne risquerait pas alors de se prendre la moindre remarque du professeur… mais dès le soir venu, il risquait d'être convoqué pour s'expliquer, et il était sûr qu'il n'aimerait pas les conséquences.
« Si tu ajoutes les épines de porc-épic avant de retirer le chaudron du feu, la potion produit l'effet inverse et fait pousser des furoncles. De plus, le chaudron fondra. Et c'est pour cela qu'il est hors de question que tu essayes. Je rirais de te voir avec des furoncles, mais abîmer un chaudron est une chose qui met le professeur Snape hors de lui. Et je veillerais à ce que ça n'arrive pas lors de nos "soirées amicales". »
Draco avait veillé à parler le plus doucement possible, pour ne pas risquer de dévoiler à leurs camarades qu'il avait été en retenue avec Potter.
Harry sourit, content d'avoir obtenu une réponse. Puis il se sentit intérieurement mécontent de se rendre compte que l'arrogant avait vraiment des connaissances, même plus qu'Hermione pour ce qui était des potions.
Le cours de botanique commença. Neville se montra passionné, et vraiment doué. Harry était content de voir son ami si détendu, et aussi compétent dans une matière. Cela devait lui faire bien au moral.
À la fin du cours, Harry se précipita vers Draco qui venait de sortir de la salle, et l'attrapa par le bras. Il avait décidé de pousser un peu sa chance.
« Malfoy !… J'aurais une autre question. » Il l'avait appelé fort, mais avait chuchoté la suite. Il ne voulait pas que ses camarades l'entendent.
Draco haussa un nouveau sourcil, puis les fronça en regardant la main d'Harry sur son bras. Le garçon le lâcha, et le blond s'adossa au mur vitré du couloir, bras croisé. Il signifia du menton à ses deux grands camarades de partir sans lui.
Harry resta devant lui, le visage tourné vers ses camarades qui partaient. Ron leur lança un regard ahuri. Neville l'observa d'un œil étrange.
« Je vous rejoindrais à table. J'ai besoin de dire ses quatre vérités à Malfoy. » Harry tourna des yeux furieux vers le blond impassible. « Il y en a marre qu'il s'en prenne sans cesse à nous. »
Neville hocha la tête, et Draco renifla. « Aucune chance que j'arrête, Potter. »
Harry se tourna complètement vers son camarade pendant que les autres finissaient de partir. « Pourquoi ? Tu voulais qu'on soit amis avant la répartition. »
« Et tu as royalement repoussé ma proposition. Ce n'est pas une chose que je vais te pardonner, Potter. » Ils étaient seuls à présent. « Le professeur Snape pourra dire et faire tout ce qu'il veut, ça n'y changera absolument rien. »
Harry haussa les épaules. « Tu m'as bien répondu pour les épines de porc-épic. »
« Et alors ? »
« Ça montre que la consigne du professeur Snape fonctionne. »
« Honnêtement, Potter, est-ce que tu m'apprécies vraiment plus qu'avant ? »
« Non. Tu es de plus en plus un sale type. »
« Qu'est-ce que tu veux vraiment, Potter. »
« Que tu me parles de la poudre de Bulbonox. »
Draco renifla. « Alors là, tu rêves vraiment Potter. Tu ne sais même pas ce que c'est. Je t'ai répondu tout à l'heure pour m'empêcher la désagréable expérience que tu expérimentes. Ce qui ne risque pas d'arriver avec la poudre de Bulbonox. »
« Le professeur Snape s'attend à ce que j'en parle dans mon essai. Et tu es censé avoir fait deux heures de tutorat avec moi. Et il y a de fortes probabilités pour qu'on en fasse encore d'autres avant le prochain cours. Tu pourrais être tenu pour responsable si je n'en sais rien. »
« Alors là, Potter, tu me surprends. Tu te prends pour un Serpentard ? Bien essayé, mais je suis plus malin que toi. La poudre de Bulbonox n'ayant rien à faire dans la recette de la potion, il n'y a aucun problème à ce que je ne t'en parle pas. »
Il fit un sourire narquois au garçon aux yeux vert émeraude. « Et tu le sais bien, puisque tu me prends à la sortie d'un cours pour ça, au lieu d'attendre l'une de nos futures séances. »
« Je pensais que tu serais honoré de montrer que tu en sais plus long qu'Hermione. »
Draco serra la mâchoire. « J'en sais beaucoup plus que cette… Je n'ai pas besoin de le montrer. Et si tu me demandes à moi, plutôt qu'à ta camarade Gryffondor c'est que tu le sais déjà… et que tu as sans doute même essayé de lui demander, avec échec. »
Draco parut à nouveau amusé. « La petite demoiselle je-sais-tout n'en sait pas tant que ça finalement. »
« Pourquoi tu nous méprises tant, Draco ? »
« Je ne prendrais même pas la peine de te répondre, Potter. »
Les deux garçons restèrent longtemps l'un en face de l'autre à se regarder dans les yeux.
Ce fut Draco qui le premier décida que ça ne valait pas la peine de s'affamer, et qui se redressa avec suffisance pour partir, laissant Harry seul dans le couloir.
Au repas, Harry montrait sans le vouloir une grande rudesse et un énervement dans certains de ses mouvements. Neville ne chercha pas à l'interroger.
Après le repas, les premières et deuxièmes années étaient supposés être en temps libres, et il pouvait être attendu qu'ils utilisent ce temps pour faire leurs devoirs et étudier.
Harry et Neville cherchèrent ensemble Hermione. Elle était à la bibliothèque. Ils s'assirent en face d'elle.
Harry l'appela. « Hermione ? »
Elle leva la tête. En les voyant, elle posa sa plume dans son encrier, et les regarda, comme si elle attendait qu'ils expliquent leur présence.
« C'est au sujet de la poudre de Bulbonox. Que sais-tu dessus ? »
« Tu veux dire, sur la poudre de Bulbonox et le remède contre les furoncles ? »
« Oui, c'est à peu près ça. » fit timidement Neville.
« Selon mes études, ajouter de la poudre de Bulbonox à un remède contre les furoncles provoque une réaction explosive. »
« Tu peux détailler ? » demanda Harry.
« Non, mais je peux te dire où j'ai vu l'information. »
« Tu ne peux pas détailler ? » répéta Neville, surpris.
Hermione soupira. « Si, je pourrais. Mais je ne le ferais pas. J'ai quantité d'autres choses à faire, et si vous me posez la question pour la raison que je crois, alors il ne faut pas que je vous le dise. Je vais vous montrer le livre. »
Sur ce, elle se leva, suivit par les garçons, et plaça un livre à la couverture bleu dans les bras de Neville.
« Voilà. »
Et elle retourna à ses affaires.
Harry sourit à son ami. Finalement, rédiger cet essai sera une chose possible.
