(La pierre philosophale) Le troisième étage


Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis le début de l'année, et les retenues d'Harry et Draco restaient régulières. Lorsque Neville était puni en retenue, Draco en était dispensé, mais pas Harry.

Toutes les occasions étaient bonnes pour punir Harry. Jamais Draco ne se prenait le moindre reproche en classe, et lorsqu'ils étaient en tête à tête avec le maître de potions, les seules remarques qu'il se prenait étaient sur son attitude, et jamais ses compétences.

Draco était travailleur et doué. Harry était très vexé et jaloux de la différence d'attitude de Snape qui était finalement franchement en faveur du Serpentard.

Lorsque Snape était dans les parages, Draco tentait de se montrer amical, presque comme un grand frère, et exprimait son mépris par une exaspération face au travail qu'il jugeait "bâclé" de Harry.

Lorsqu'ils étaient hors de vision ou d'oreille du professeur, Draco reprenait immédiatement ses habitudes. Il montrait un profond mépris pour Harry, et une colère qui grandissait au fil du temps.

Draco ne supportait pas que son parrain ait un second favori. De plus, Harry n'avait rien à voir avec l'homme, ils n'avaient aucun lien. Draco ne pouvait pas le tolérer.

Harry avait aussi beaucoup de mal à supporter l'arrogance et tout le reste de l'attitude de son camarade.

Il pouvait reconnaître en lui un grand sorcier, mais toutes les qualités humaines semblaient lui manquer profondément.

L'attitude du professeur Snape envers les garçons dépendait du lieu. Lorsqu'ils étaient en classe, il restait sévère envers tout le monde, brutal, mesquin et insultant envers les Gryffondors, plus particulièrement envers Harry et Neville, et toujours fier de Draco dont il disait que chacune de ses potions était parfaite.

Lorsque Draco et Harry étaient seuls avec le professeur, celui-ci s'adoucissait vis-à-vis du Gryffondor et était légèrement plus sévère avec son filleul.

Les retenus se résumaient souvent à des devoirs supplémentaires en potions ou à des entraînements dans d'autres matières comme la pratique des sortilèges et de la métamorphose, l'étude théorique de la botanique ou la récitation des cours d'histoire de la magie.

Draco se moquait d'Harry qui avait du mal à réciter correctement ses cours d'histoire. En sortilège comme en métamorphose, Harry découvrit que le Serpentard avait un grand talent.

Le Gryffondor avait cours avec les Serdaigles dans ces deux matières, et Harry découvrait lors des retenues que le Serpentard était très doué, sans doute autant qu'Hermione qui continuait de majorer dans presque tous les cours.

L'écart de niveau entre les deux garçons finit par mener les retenues communes en séance de tutorat. Draco ne s'exerçait plus, au lieu de cela il était chargé par Snape d'enseigner à Harry, pendant que le professeur les laissait seuls dans son bureau.

Cela permettait au maître de potion de distribuer d'autres retenus dans les salles de potions, en faisant confiance à Draco pour que tout se passe bien avec Harry.

Draco fut même laissé libre de choisir lui-même les méthodes d'enseignement et les choses à travailler. Il veillait à ne rien sélectionner de dangereux ou de risqué pour la salle.

Les fois où Snape restait avec eux, ils discutaient parfois. Le professeur justifia auprès d'Harry que sa situation lui interdisait de présenter la moindre affection pour l'enfant en public.

Il expliqua qu'il se montrait dur avec Neville pour de nombreuses raisons. Parmi elles, il y avait la maladresse du garçon et sa réelle incompétence en potion, que le professeur ne pouvait pardonner à personne.

Il y avait aussi le fait que le garçon était celui qui avait survécu, et personne ne s'attendait à ce que Snape se montre aimable avec lui. De plus, tout le monde choyait le garçon, le professeur jugeait donc qu'il fallait qu'au moins une personne lui montre que la vie était dure.

Neville ne devait pas se reposer sur l'attention que les autres lui portaient. Il devait être capable de faire les choses par lui-même, et gagner son courage de gryffondor. Snape menait la vie dure au garçon pour le préparer au pire, parce que le pire viendrait forcément vers lui.

« Le destin est une chose étrange. On pense qu'on a le choix, et nous l'avons, mais finalement les choses sont déjà écrites pour certains, ce qui est le cas de Neville. C'est écrit, il affrontera le Seigneur des Ténèbres. Sa baguette a senti que le garçon vivra de nombreuses épreuves, sinon elle ne l'aurait pas choisi. Tout dans sa magie montre qu'il a un grand destin. Il doit en prendre conscience, et l'assumer. »

« Nous n'avons que 11 ans ! »

« Oui, et vous ne serez pas seuls. Mais c'est mon devoir de veiller à ce que ton ami soit préparé. La retenue est terminée, retourne dans ta salle commune. »

Malgré les consignes du professeur pour que les deux garçons s'entendent, Draco restait très hautain envers son camarade, et lui montrait sans cesse un mépris et une haine grandissante.

Harry fuyait le Serpentard dès que leurs retenues communes étaient terminées, et retournait voir Neville. Les deux garçons nés fin juillet restaient les deux meilleurs amis, et détestaient se séparer.

Neville était timide, craintif et facilement nerveu à l'approche de chaque nouveau cours. Harry voulait prendre soin de son ami.

La plupart des élèves commençaient à douter du garçon qui avait survécu. Comment l'enfant le plus célèbre, qui avait été adulé, pouvait-il être ce jeune sorcier qui ne semblait n'avoir que peu de talent.

Le duo était secrètement admiratif devant les connaissances d'Hermione Granger, qui, d'après ce qu'ils avaient appris, était en plus une née-moldue.

Ron et Draco ne manquaient aucune occasion de s'insulter, et les griefs entre Gryffondor et Serpentard se faisaient toujours bien sentir au fil des semaines, suivant l'évolution des disputes entre Malfoy et Weasley.

Ron défendait Neville et Harry contre les remarques de Draco, mais se montrait distant envers les deux garçons à cause de leurs discours constants et étranges vis-à-vis du professeur de potion.

En effet, Harry montrait sa colère envers Snape, et Neville sa crainte, mais aucun des deux n'hésitait à défendre leur maître à chaque commentaire ou insulte de Ron et des autres Gryffondors.

Les différents garçons veillaient donc à s'éviter le plus possible les uns les autres. Draco ne leur adressait la parole que lorsqu'ils avaient des cours communs pour se moquer d'eux et Ron tentait d'interagir le moins possible avec ses deux colocataires.

Mais un soir, leurs chemins se croisèrent.

Harry et Draco étaient ensemble, en tain de monter un des nombreux escaliers.

« C'est la mission la plus stupide qui nous ait été donnée ! » râlait le Serpentard.

« Comment le favori de Snape peut lui montrer aussi peu de respect, ça me dépasse ! »

« Eh ! Je lui présente le plus grand respect qui soit ! Mais ses idées de punitions sont de plus en plus stupides. Et depuis le temps, on a déjà bien payé pour ton irresponsabilité en vol. »

Harry s'arrêta, et agrippa le bras de son camarade pour le forcer à le regarder.

« Mon irresponsabilité ? Tu t'es envolé en premier ! Et tu as mal agi ! »

« Tu n'apprends rien, Potter ? Premièrement, je savais déjà voler, contrairement à toi. Et deuxièmement, mon oncle t'a déjà fait la remarque. Même si j'ai commencé et terminé, tu as le plus mal agi en tentant de me renverser de mon balai. Gryffondor stupide et mémoire de moineau. »

Harry ouvrit la bouche pour répondre, l'index menaçant vers son camarade narquois et froid. Mais il fut stoppé et se retourna étonné au son de la voix de Neville. Draco suivit son regard calmement.

« Harry ! » Neville accourait pour les rejoindre au milieu des marches, il venait d'en haut, probablement de la salle commune de Gryfffondor vu l'heure tardive. Il regarda Draco avec surprise. « Draco ? Qu'est-ce que tu fais là ? »

« C'est pas tes affaires Longbottom. »

Neville tressaillit. Derrière le professeur Snape, la personne qu'il craignait le plus était Draco. Il serra les poings et inspira.

« Dans la mesure où tu es avec Harry, que je cherche depuis deux heures, et que de ce que je vois tu as encore dû l'agresser, je pense que ça me concerne. »

« Je ne l'ai pas agressé. » siffla Draco. Il plongea ensuite ses yeux froids dans ceux d'Harry. « Lâche-moi, Potter. »

Harry obéit, et Draco se massa le bras. La poigne du Gryffondor était plus solide qu'il ne l'aurait pensé.

« Qu'est-ce que tu fais encore ? ! » rugit Ron, qui arrivait par en bas.

Draco roula des yeux. Le défilé n'en finirait donc jamais ? Vraiment, quelle idée d'aller sur cet escalier à cette heure-là. Si proche du couvre-feu, il était évident que les Gryffondors n'étaient pas dans leur salle commune, avec le peu de respect pour les règles qu'ils avaient.

« Trois contre un, vous n'avez pas peur que je rapporte à quel point vous êtes lâches ? »

« Je ne lui ai pas demandé d'intervenir, Draco. » Lui précisa Harry.

Ron sortit sa baguette, menaçant. « Dégage de là, Malfoy. Je ne veux plus te voir tourner près de mes camarades ! Toi et tes amis n'êtes que de la mauvaise graine, et je ne vous laisserais pas faire de mal à Neville ou à Harry. »

« Tu es sérieux, Weasley ? Tu vois Crabbe et Goyle avec moi ? Tu m'as vu agresser tes petits copains ? Range ton bâton, tu vas te faire mal. »

Hermione poussa un cri strident en voyant les quatre garçons, et se dépêcha de rejoindre Ron pour lui baisser le bras vivement.

« Mais qu'est ce qui vous prend ! Vous battre dans les couloirs ! C'est interdit ! »

« Factuellement, nous sommes sur un escalier, pas dans un couloir. » ironisa Draco. Harry lui donna un léger coup de poing dans le bras pour lui signifier d'arrêter ses moqueries.

C'est à ce moment que l'escalier se mit à bouger. Le dos de Draco heurta la rambarde, et il s'y accrocha à deux mains. Harry se cogna contre son buste. Neville perdit l'équilibre et tomba en arrière pour être rattrapé par Ron, pendant qu'Hermione tombait à genoux à côté de lui.

« Qu'est-ce qui se passe ! » s'inquiéta le roux.

« Tu as oublié ? Les escaliers se déplacent. » répondit Hermione avec son ton habituel.

Draco roula des yeux en repoussant Harry. « C'est ce qui me fait penser qu'être dans les cachots de Serpentard est tellement mieux. »

Harry décida de retourner l'attitude narquoise de Draco contre lui. « C'est peut-être aussi parce que tu n'es pas sportif et que tu t'essouffles vite Draco ! »

« N'importe quoi. »

Neville les coupa avant que la dispute ne reprenne. « On dirait que ça a arrêté. »

Hermione se relevait aussi. « Oui, en effet. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

« On sort de ces marches avant qu'il ne prenne à nouveau l'envie à cet escalier de nous jouer un tour ! »

« T'as perdu la tête Potter ? Faut qu'on retourne là où on devrait être. »

« L'escalier va mettre un certain temps avant de retourner à sa place. Alors autant explorer en attendant. À moins que tu n'aies trop peur pour bouger. »

« N-non ! Absolument pas ! Mais c'est interdit ! C'est le troisième étage idiot ! »

« Et alors ? S'il y avait vraiment quelque chose de mortel ici, on ne pourrait même pas s'en approcher, il y aurait des protections. Moi, j'y vais. À toi de voir ce que tu décides Draco. »

Harry se dépêcha de monter les marches. Neville n'aimait pas l'idée non plus, mais parmi toutes les personnes présentes, il préférait grandement suivre Harry que se retrouver en tête à tête avec Malfoy.

Ron suivit aussi, en lançant un regard noir à Draco au moment de passer devant lui. « C'est une place pour les vrais sorciers Malfoy, part te cacher dans la cape de Snape si t'as trop peur. »

« Je n'ai pas… ! » Draco se renfrogna. Si, il avait peur. Mais il ne l'admettrait pas devant ces Gryffondors arrogants. Il ouvrit des yeux ronds en voyant l'insupportable intellectuelle femelle suivre les idiots de lions.

« Toi aussi ? Avec tes discours sur le règlement ? »

« Dans tous les cas, on est coincés en dehors du couvre-feu. Il faut bien que quelqu'un de compétent veille à ce que les garçons ne se blessent pas. »

Draco grogna, et suivit les traces de la demoiselle je-sais-tout. Il serait puni s'ils se faisaient prendre, et c'était probablement dangereux. Mais il était curieux et surtout, même s'il n'était pas un lion, il ne voulait pas leur laisser l'occasion de vanter qu'il était un lâche. Et s'il arrivait quelque chose à Harry, son parrain ne lui pardonnerait jamais.

Ils pénétrèrent dans une grande salle où s'élevaient de nombreuses colonnes et statue. Il faisait incroyablement sombre, en l'absence de torche.

Draco prononça un lumos et s'arrêta pour regarder des statues.

« Qu'est ce que tu fais ! » souffla Harry de loin.

« Il observe le décor, il n'a jamais dû voir des choses aussi belles chez lui ! » se moqua Ron.

Aussitôt, Draco tourna un regard furieux vers le roux et les rattrapa.

« J'ai sans doute vu plus de belles choses chez moi que tu n'en verras jamais de ta vie, Weasley. Ta famille est pauvre, pas la mienne. Mais comme je m'intéresse à mes cours, j'aime regarder des statues qui représentent de grands sorciers. »

« C'était une sorcière que tu regardais. »

« A moins que vous vouliez vraiment vous faire repérer, vous devriez vous taire. » siffla le Serpentard.

« Là ! » cria Harry, au feulement d'un chat.

« C'est Miss Teigne. » chuchota Neville, apeuré.

Draco blêmit. « Ce qui veut dire que Rusard ne doit pas être loin ! »

« Là, une porte, cachons-nous ! » proposa Ron. « Raah, c'est fermé ! »

« Ah mais pousse-toi ! » ordonna Hermione, exaspérée, tandis que le Serpentard éteignait sa baguette avec un Nox. « Alohomora ! »

Draco la regarda avec de grands yeux surpris. « Tu sais faire ça ? »

Elle lui lança un air suffisant tout en le tirant dans la salle après que les autres se soient précipités à l'intérieur. « Bien sûr. Il arrive à certains de lire, ce qui n'est apparemment pas le cas de la majorité d'entre vous. »

Ils fermèrent la porte et observèrent la lueur de la lanterne de Rusard passer par la fente. « Qu'est-ce que tu as vu, Miss Teigne ? »

Les cinq enfants retinrent leurs souffles. Les garçons mourraient d'envie de lancer une remarque acerbe à la fille orgueilleuse, mais aucun n'avait envie de se faire prendre par le concierge.

Ils attendirent que les pas de Rusard soient repartis pour reprendre une bouffée d'air.

Draco se retourna pour observer la salle. « Alors où sommes… »

Les mots moururent dans sa gorge pendant qu'il devenait plus blanc que linge. Il commença à bafouiller, et les autres adolescents suivirent son regard. Il relança son lumos, baguette pointée vers la chose qu'il avait vu, pour leur montrer.

Là, il y avait un énorme chien à trois têtes. L'animal sembla sentir la lumière, et l'odeur des enfants. Il renifla, et bougea ses imposantes têtes.

Hermione n'attendit pas plus longtemps. Elle rouvrait la porte, pendant que l'animal se réveillait. Les garçons eurent juste le temps de sortir avant que l'animal n'aboie fort sur eux. Il essayait de passer sa tête à l'extérieur de la salle.

Ron et Harry s'appuyèrent contre la porte pour tenter de repousser l'animal. Neville était totalement affolé et Hermione cherchait le moyen de refermer la porte.

Draco pointa à nouveau sa baguette, et lança un Flipendo sur la tête visible de l'animal, le faisant reculer, ce qui permit aux trois Gryffondors valides de claquer et verrouiller la salle.

« On devrait se dépêcher de partir. » conseilla Draco d'une voix plus perturbé qu'il n'aurait voulu.

Harry poussa Neville avec lui en hochant la tête, et les adolescents coururent vers les escaliers.

« Vous êtes complètement malades ! Il était évident qu'il y avait une raison pour que ce couloir soit interdit d'accès ! Ne jamais suivre des Gryffondors, je m'en souviendrais. »

Draco s'enfuit vers les cachots. Le couvre-feu était déjà passé, et chacun d'entre eux allait avoir des ennuis s'ils se faisaient prendre dans les couloirs à cette heure-ci.

Les quatre Gryffondors réussirent à retourner dans leur tour.

Ron n'arrivait pas à se clamer. « Ils gardent un chien à 3 têtes dans ce château ! C'est affolant ! Mais pourquoi ! »

Hermione soupira. « Tu n'as pas remarqué ? Il y avait une trappe à ses pieds. »

« J'étais plus occupé à regarder ses têtes que ses pieds figure toi. Il en avait trois ! »

« Oui, eh bien cette trappe nous indique une chose, cet animal garde quelque chose. Maintenant, je vais me coucher, avant que l'un de vous ait encore une brillante idée pour nous faire tuer. Ou pire, nous faire expulser. »

Hermione claqua la porte de son dortoir.

« Il faudrait qu'elle revoie l'ordre de ses priorités. »

Neville secoua la tête. « Je suis d'accord avec elle. Et Rusard est de mèche avec le professeur Snape. Affronter l'un ou l'autre en colère n'est vraiment pas une bonne idée. »

Harry regarda son ami d'un air navré. « Je suis désolé Neville, je n'aurais pas dû t'entraîner là-dedans. Mais Hermione a raison, ce chien garde quelque chose, et j'aimerais bien découvrir quoi. »

Neville sourit timidement. « Ce n'est rien, Touffu est très gentil. Ce qui m'inquiète ce sont les conséquences si on se fait prendre comme ça. Nous ne devons plus faire ce genre de balade. »

Ron écarquilla les yeux. « Touffu ? ! »

Le garçon l'observa sans expression apparente. Ses sentiments pour l'autre étaient mitigés. « S'il est là, c'est qu'il doit garder quelque chose de vraiment important. Ça ne nous regarde pas. Mais je pourrai toujours demander à Hagrid si tu en as vraiment envie Harry. »

Harry soupira. Il voulait vraiment savoir ce que gardait le chien maintenant. « Comme tu veux Neville. Mais ce serait bien d'interroger Hagrid. »

Sur ce, les trois garçons se couchèrent à leur tour.