(La pierre philosophale) Nicolas Flamel


Après le match, Draco ne se montra pas au reste du groupe.

Dubois annonça qu'ils feraient une fête dans la soirée pour fêter leur victoire dans la salle commune de Gryffondor. Mais pour l'instant, ils pouvaient profiter de leurs temps libres.

Le capitaine aurait aimé discuter du match avec toute l'équipe, mais Harry plaida qu'il avait besoin de passer du temps avec ses amis pour se ressaisir et comprendre ce qui lui était arrivé.

Le jeune attrapeur s'enfuit à la bibliothèque avec ses deux amis. Une fois installé, il se prit la tête dans les mains. Il prit une profonde inspiration, se calma, puis regarda ses camarades.

« Il faut qu'on en parle. » décréta Hermione.

« Je suis d'accord. Mais nous divergeons de vu sur la cause. » répondit Neville, étonnamment durement.

« Vous avez une idée de ce qui est arrivé ? » questionna Harry.

Hermione releva le menton. « Oui. »

Neville le regarda, désapprobateur. « Mais c'est là que nous divergeons. »

Harry s'inquiétait. « Alors que s'est-il passé ? »

« Tu pourrais demander à Draco quand il se montrera. »

Hermione le corrigea. « Tu pourrais remercier Draco quand il arrivera. »

Neville lui lança un regard noir. Harry soupira.

« Apparemment, il y a quelque chose que vous ne me dites pas. Alors puisque nous parlons de Draco, j'ai un aveu à vous faire. Mais si j'en parle, c'est pour qu'ensuite vous fassiez de même. »

« Tu as ma parole, Harry. » répondit Neville avec son ton habituel aimable de quand ils étaient plus jeunes.

Hermione se contenta de hocher la tête vivement.

« Il est passé me voir avant le match. Il était… différent. Il n'était pas hautain ou méprisant comme avant. Et il n'était toujours pas amical. Draco reste Draco après tout. Mais… il était froid. Vraiment très froid. Je n'ai pas réagi sur le moment, mais maintenant que j'y pense, il me fait froid dans le dos. Il m'a rappelé ce qui m'avait permi d'avoir le poste. Et il avait vraiment une grande colère en lui. Une colère glaciale. »

Neville tourna un œil calculateur, tentant de cacher son air de triomphe, vers Hermione. « On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. »

« Hmpf. C'est le professeur Snape qui a ensorcelé ton balai. »

Harry ouvrit la bouche. « Quoi ? »

« Tu m'as parfaitement entendu. Je l'ai vu jeter un sort à ton balai. »

Harry croisa les bras et s'adossa dans sa chaise. Il observait son amie avec le plus grand scepticisme. « Et tu as pu reconnaître le sort de là où tu étais ? »

Hermione devint rouge de honte. « hum, non. »

« Alors, ça ne prouve rien. Pour autant que je sache, mon balai s'est stoppé, et j'ai fini par réussir à reprendre le contrôle. Je pense qu'il m'a sauvé. »

« Hmpf. Vous êtes pareils ! »

Harry haussa un sourcil. Neville eut envie de rire devant l'attitude typiquement Snape de son ami.

« Qu'en as-tu dit, Neville ? »

« Tu demanderas à Draco. »

« Vous en avez parlé avec lui ? Alors pourquoi n'est-il pas avec nous ? »

« Si ce que tu me vantais à la gare sur "les plus grands atouts d'un sorcier" est vrai, alors je suppose qu'il va être coincé avec Snape pendant un moment. »

« Pardon ? ! » s'écria Harry un peu trop doucement. Son ton criait, sa voix chuchota.

Neville prit peur et se mit les mains sur la bouche, réalisant son impair. Malgré son envie de laisser Draco s'expliquer lui-même, il venait de révéler le fond de sa pensée.

Harry se leva rapidement et énervé. Neville fronça tristement les sourcils. « Je suis désolé Harry… »

« Je me demande de quoi tu es désolé, mais je te crois Neville. Tu es, tu as toujours été et tu seras toujours mon ami. Je vais aller voir le professeur. »

« Harry ! » cria Hermione. « Tu ne peux pas t'inviter comme ça dans son bureau ! En plus d'être irrespectueux, c'est dangereux au vu de la journée ! »

« Laisse le faire, Hermione. Allons parler à Hagrid. Nous ne l'avons toujours pas fait, et je suis sûr que tu t'intéresses à Touffu. »

Hermione se calma. « Oui, à lui ou à ce qu'il garde. »

Le trio partit, et se sépara en deux groupes, chacun vers sa destination.

Hermione et Neville trouvèrent Hagrid dans son jardin. Le garçon lui sauta dessus pour l'enlacer. Il était heureux de pouvoir profiter de son tuteur.

Les autres enfants n'ayant pas ce privilège, Neville s'efforçait de ne pas aller voir souvent celui qui l'avait élevé si gentiment. Il se sentait honteux d'être si privilégié.

Hermione était intimidée. C'était la première fois depuis la rentrée qu'elle rencontrait le géant.

Neville fit les présentations, et ils rentrèrent pour partager un bon bol de thé. Le garçon raconta avec entrain tout ce qui s'était passé au cours de l'année.

Il passa sous silence l'événement du 3e étage, mais son regard s'assombrit à la fin de son discours. « Où est Touffu, Hagrid ? »

« Oh, hum. » Le demi-géant était ostensiblement gêné. « Il garde que'qu'chose pour Dumbledore. »

« Il garde quoi Hagrid ? »

« J'peux pas t'le dire. »

« C'est en rapport avec ce que tu as récupéré à la banque ? »

Hagrid refusait de répondre, tentait de dévier du sujet. Hermione et Neville insistèrent tant et tant, qu'à la fin, il lâcha. « Écoutez, c'est une histoire entre le professeur Dumdledore et son ami Nicolas Flamel. »

Il se rendit immédiatement compte qu'il en avait trop dit en voyant les airs triomphants des enfants.

« Qui est ce Nicolas Flamel ? » questionna Neville.

Mais cette fois, ils se heurtèrent à un vrai mur.


Harry s'était rapidement rendu aux cachots. Il avait réussi à esquiver tous les Serpentards, et hésita à la manière d'entrer. Il colla son oreille à la porte et tenta d'entendre.

Les voix à l'intérieur étaient étouffées. Le professeur n'était pas seul, et il était très, très en colère dans le registre qu'Harry savait de ses expressions.

Cela pouvait difficilement être pire. Harry ouvrit la porte sans frapper, et ne se gêna pas pour entrer.

Le maître de potion était avec Draco Malfoy qui était plus blanc que jamais.

« Harry Potter ! » siffla dangereusement le professeur. « Cherchez-vous une nouvelle retenue ? »

« Non Monsieur. » fit-il avec insolence.

« Fermez la porte. »

Harry obéit. L'homme était vraiment énervé, et dangereux.

« Draco. » salua-t-il son camarade fermement en venant se placer à côté de lui.

Draco ne lui répondit pas. Il se contenta d'un léger coup d'œil craintif, puis replongea son regard vers le bord du bureau du professeur, tête baissée.

Quoi qu'ait fait le professeur, pensa Harry, il semblerait que cela ait réussi à le faire culpabiliser… ou à l'inquiéter.

« Monsieur Malfoy, » Harry tressaillit en entendant le professeur appeler Draco de cette manière. « maintenant que Potter est ici, pourriez-vous répéter vos explications. Constructif cette fois. »

Draco hocha vivement la tête, puis se tourna vers Harry. Il prit une profonde respiration et releva un regard calme et dur vers le Gryffondor.

Le professeur s'assit à son bureau, mains croisées, et les observa en silence. Le Serpentard tendit la main à son camarade.

« Tout d'abord, Harry, bravo pour ton premier match. »

Harry s'attendait à un piège. Il chercha. Draco n'était pas moqueur, pas en colère non plus. Il était juste là, calme et serein. Avec cependant une touche de gravité étrange et pour le moment inexplicable.

Le Serpentard savait quelque chose que son camarade ignorait. Et Harry avait très envie de savoir de quoi il s'agissait. Il serra la main tendue.

Draco tressaillit imperceptiblement, puis sourit de contentement pendant une seconde, avant de retourner à sa gravité sérieuse. Ils se lâchèrent la main.

« Pour ton balai, c'était moi. »

Harry ouvrit la bouche. Il avait compris ce que Neville entendait, mais il avait jusque-là refusé d'y croire. Et il avait des aveux sérieux. Draco ne le narguait même pas pour avoir réussi à lui jouer ce tour.

« Je serais très content de savoir la tête que faisait Quirrell. »

Harry haussa un sourcil. « Pourquoi ? »

Les yeux scintillant de ruse, le coin gauche des lèvres légèrement relevé dans une expression de pur sourire sournois et dangereux, Draco prit une voix, bien que toujours sérieuse, extrêmement glissante, victorieuse, fière, et satisfaite.

« Parce que c'est lui qui m'a appris ce tour. »

Harry était à nouveau étonné.

« Nous n'avons jamais vu de telles choses. »

« J'ai réussi à le convaincre de me l'enseigner hier. »

« Comment ? »

« Oh, un petit tour de Serpentard, tu ne t'attends tout de même pas à ce que je te dise tout, Potter. Quoi qu'il en soit, il me l'a appris sans se douter de mes intentions. Et même toi tu ne les connais pas encore. »

« Je pense que je me suis fait une certaine idée tout à l'heure, Malfoy. »

Draco ricana, avec une pointe de méchanceté. « Crois-moi, pas du tout. Oh, je suis bien satisfait de la frayeur que ça a dû te donner. Mais je suis aussi conscient qu'avec tous ces professeurs qui veillaient, tu ne risquais rien. Quoi que… »

Draco lança un rapide coup d'œil à son parrain. Il plongea ensuite son regard dans les yeux de son camarade.

« Harry, si personne d'autre que notre professeur n'est intervenu, c'est parce qu'il fallait une certaine connaissance de la magie noire pour contrer le sortilège, ou plutôt le maléfice. Quirrell a des connaissances de mage sombre, et j'en ai la preuve, là. »

Il pointait sa propre tempe. « Dans mon esprit. Savais-tu que les souvenirs chez les sorciers pouvaient servir de preuve pour inculper ou disculper quelqu'un ? »

Harry hocha négativement la tête, silencieux.

« Vous avez refusé de me croire que Quirrell était dangereux. Alors il fallait que je me débrouille pour vous le révéler tel qu'il était. »

« Hermione est convaincue que c'est le professeur Snape qui a lancé le sort, et que tu le contrais. Neville pense le contraire. »

« Neville a raison. Mais comment ont-ils fait pour nous accuser tous les deux ? »

Harry haussa les épaules. « Les jumelles je suppose. Hagrid en avait donné à Neville avant le match. »

« Ils sont vraiment malins tes amis finalement. Quirrell était derrière le professeur Snape. J'ai hâte de leur demander la tête qu'il tirait. Avec un peu de chance, c'est révélateur de sa culpabilité. »

« Aucune chance, sinon soit Hermione soit Neville y aurait pensé. »

« Harry, je ne parle pas de lancer un sort. Je sais que Quirrell n'a rien lancé. Mais son expression pourrait bien révéler ce qu'il pensait sur le moment. Du moins, je l'espère. »

« Tu as risqué ma vie pour prouver que tu avais raison ! » cria Harry, n'y tenant plus. Draco n'avait pas l'air de regretter le moins du monde.

« Absolument pas. Oncle Sev veillait sur toi, il l'a toujours fait ! Et même si je suis très doué, je ne lui arrive pas à la cheville, et n'arriverais jamais à son niveau. Alors cesse de te plaindre, et écoute-moi. Vous avez décidé de me faire confiance il y a deux jours. Alors montrez-moi que vous me faites vraiment confiance. »

« Tu as trahi cette confiance Draco ! »

« Je me demande pourquoi j'ai accepté de passer du temps avec vous. De toute évidence, je n'étais pas le bienvenu. »

Harry serra ses poings si fort que ses jointures devenaient blanches. Il enfonçait ses ongles si profondément qu'il parvint à se faire saigner. Et puis, il n'y tint plus. Il enfonça son poing dans la figure du blond arrogant.

Draco tomba à terre et porta les mains à son visage. Son nez se remettait à saigner. Snape se releva, courroucé.

« Monsieur Potter, vous regretterez ce geste. Je vais réfléchir à une punition bien plus douloureuse qu'à l'usuel. Et estimez-vous heureux si vous n'êtes pas en retenue avec moi jusqu'à la fin de l'année. »

« Je m'en fiche. Vous le défendez tout le temps. Même quand il essaye de me tuer, vous le laissez me narguer sous vos yeux comme si c'était la chose la plus normale du monde. »

« Ne croyez pas pouvoir vous en sortir avec ce genre d'insolence, Monsieur Potter. »

« Tout va bien oncle Sev. » fit Draco en se relevant sereinement.

« Je déciderais lorsque ce sera bien, Draco. »

« Vous m'avez puni en privé. J'accepterais qu'il en soit de même pour Po-Harry. Je comprends sa réaction à mon égard. C'est un Gryffondor, il ne pouvait pas bien prendre mes actions. Mais j'ai juré d'être honnête avec lui, même si cela doit m'attirer votre colère à tout les deux. J'ai besoin de m'expliquer jusqu'au bout avec lui. Je sais que vous n'approuvez pas ce que j'ai fait ou ce dans quoi nous nous sommes lancés, mais je fais ce qui me semble juste. Punissez-moi, punissez-le, punissez Granger, Longbottom, et pitié punissez Weasley, mais laissez-nous au moins terminer les réflexions que nous avons commencées. »

Snape hocha durement la tête. « Au moindre manquement au règlement, Draco, je serais intraitable. »

« Je comprends. »

Draco se tourna à nouveau vers Harry qui ne savait pas quoi penser.

« Déjà, tu as été le premier à vouloir me faire tomber de mon balai, et il n'y avait personne pour me secourir, moi. Je sais, ça n'excuse pas la riposte. Mais nous sommes comme ça à Serpentard. Agressez l'un de nous, et toute la classe vous le rendra au centuple. Je suis un des leaders respectés, donc les autres ne se vengeront pas avant que je ne donne le signal. Je ne le donnerais pas. Je nous considère comme quitte. Je dirais aux autres que c'est réglé. »

Harry n'en revenait pas qu'il était simplement en train d'écouter Draco depuis qu'il était dans cette salle. Quel type de personnage était vraiment le jeune Malfoy ? Draco jeta un nouveau coup d'œil furtif à son parrain avant de reprendre.

« Pour en revenir à Quirrell. Ce n'est pas à nous de nous en occuper. Nous nous sommes mis d'accord avec oncle Sev. Il en parlera à Dumbledore, et je montrerais ma "preuve". Ça s'arrête là, nous devons les laisser gérer la chose. »

Le Serpentard tourna un regard entendu à son parrain et fit un franc hochement de tête.

« Très bien, vous pouvez partir. Harry, tu es encore en retenue lundi, comme d'habitude. La nouvelle raison est ton emportement. Draco, tu es dispensé d'assister aux retenues d'Harry jusqu'à nouvel ordre. »

Draco arbora son premier sourire triomphant de la séance et s'inclina en signe de respect. Il attrapa ensuite le poignet d'Harry et l'entraîna dehors.