(La pierre philosophale) L'œuf de dragon


Harry souffla bruyamment devant son essai de potion, et posa sa plume. Draco releva un sourcil et un œil curieux vers lui. Hermione et Neville décidèrent de l'ignorer, ayant l'habitude qu'il rouspète après le professeur régulièrement sur sa charge de travail.

Mais Draco n'était pas souvent avec eux, il n'en savait encore rien.

« Un problème, Harry ? »

« Non, rien. Absolument, rien. » fit le graçon avec un ton qui contredisait de manière flagrante ses dires.

Draco tendit la main et attrapa le devoir de son camarade. Il parcourut en diagonale le travail avec sérieux et n'émit un petit sourire qu'à la fin.

« Mais ce n'est pas mal du tout pour un Gryffondor à l'esprit simple. »

Harry lança un regard noir vers son camarade. Parfois, les railleries de Draco l'agaçaient fortement et lui faisaient se demander comment ils en étaient venus à se supporter.

Draco sourit. « Oh, pas la peine de te vexer, Harry. Quand je dis que c'est pas mal, c'est aussi mesuré que les jugements de mon parrain. »

Harry n'avait pas envie de bien le prendre. Hermione intervint sans lever le nez de son livre.

« Ça veut dire qu'il te complimente, Harry. Et qu'il apprécie la qualité de ton travail. Draco est le meilleur en potion, même si ça me fait mal de l'admettre, et a un jugement sévère. Et c'est un Serpentard qui ne comprend pas qu'on puisse être à la fois courageux, courtois et intelligent. »

Draco roula des yeux, mais ne répondit pas. Il rendit la feuille à Harry.

« Maintenant, j'aimerais savoir ce qui n'allait pas. Ça n'a pas l'air d'être en rapport à ton devoir. »

Hermione regarda le blond avec suffisance. « C'est toujours en rapport avec ses devoirs de potions. Pitié, ne le lance pas dans un de ses discours sur les défauts du professeur Snape. Discours un peu hypocrite étant donné qu'il refuse le droit à quiconque de critiquer le professeur. »

Draco ricana. « Ma chère Mione, je pense que pour aujourd'hui ce qui gêne ton ami est d'une autre source. »

« Draco a raison. » intervint Harry. « Je pensais à Hagrid. »

Le Serpentard fut surpris au nom du demi-géant. « Oh. Vraiment ? »

Harry soupira. « Oui. La nuit où nous sommes allés le voir, il avait un œuf de dragon qui a éclos. Je n'ai pas eu le temps de lui demander où il l'avait trouvé, et depuis ça ne me sort pas de la tête. »

Harry savait qu'il valait mieux éviter le sujet en présence d'Hermione. Quand elle avait appris ce qu'ils avaient fait, elle avait été furieuse. Elle leur reprochait d'avoir encore agi stupidement et d'avoir fait perdre des points de Maison. Mais aussi de ne pas l'avoir prévenue, et d'être partis sans elle.

Elle en voulait aussi à Draco pour avoir eu des soupçons, et ne pas lui en avoir parlé. Et quand elle avait appris ce que Ronald Weasley avait fait elle avait été tellement furieuse qu'elle était partie lui crier dessus à la table de Gryffondor pendant la pause de midi.

Draco avait été tellement amusé par la tête de Ron à ce moment-là, qu'il avait cru qu'il aurait une crampe à l'estomac durant plusieurs jours pour s'être tordu de rire.

Draco se surprenait à penser du bien de la née-moldue je-sais-tout. Elle énervait tout le monde avec ses manières en classe, et Draco n'était pas le dernier à en être vexé. Mais il appréciait la manière dont elle le défendait face à Ron.

Il avait même commencé à provoquer le roux discrètement pour que son rival l'insulte ; et au lieu de riposter en retour, il laissait Hermione s'en charger pour lui. Il aimait voir sa tignasse s'agiter quand elle était en colère, et il aimait la lueur dans les yeux de la fille à ces moments-là.

Laisser une Sang-de-Bourbe le défendre… son père en serait choqué pendant des mois s'il l'apprenait.

Mais pour le moment, ils avaient une chose importante à régler. Il regarda Harry avec un demi-sourire et beaucoup de sérieux.

« Tu as bien raison de t'interroger dessus. Tu ne pourras pas découvrir la réponse sans lui demander explicitement. Je serais curieux également de savoir. La réponse sera certainement intéressante. »

« Mais Hagrid ne t'aime pas. » fit Neville à l'intention du Serpentard.

« Je sais cela, mais est-ce une raison pour ne pas être curieux ? Harry semble avoir un semblant de malice, il devrait être capable d'obtenir les réponses et d'improviser les bonnes déductions sur le moment pour compenser suffisamment mon absence. Mon parrain lui a appris quelques bonnes choses dirait-on. »

Harry grinça des dents froidement. « Je vais tenter de prendre ça pour un compliment. »

Draco s'amusa. « Hm, tu fais bien. »

Harry se leva d'un coup, et regroupa ses affaires.

Le Serpentard l'interrompit doucement. « Laisse ça, je vais ranger. Partez voir l'homme maintenant. »

Harry hésitait, mais Neville le convainquit de faire comme Draco disait. Le trio de Gryffondor quitta la bibliothèque dans le respect du silence, laissant leur camarade veiller sur leurs affaires.

Tandis qu'ils allaient vers le champ de citrouille géante et la cabane de Hagrid, ils ne soupçonnaient pas ce qui se passait dans le coin isolé de la bibliothèque.

Ron regarda la documentaliste partir avec une élève pour l'aider dans une recherche. Il jeta un œil à ses camarades et fit un coup de tête en direction d'une autre table.

Plus loin, il y avait une tête blond pâle, seule, baissée sur ses devoirs. Il était entouré par de nombreux livres sur la table, et il y avait du matériel d'écriture de plusieurs étudiants… étudiants qui étaient absents.

Les Gryffondors se levèrent et s'approchèrent de sa table. Ron l'interpella.

« Tu travailles seul Malfoy ? Ou tu cherches dans les devoirs de nos amis pour voler leurs réponses ? »

Draco releva un regard calme mais froid. « Je ne savais pas que tu étais ami avec Granger, Weasley. Je croyais que ton passe-temps favori était de la faire pleurer après les cours. »

« Hin hin. Tu ne manques pas d'assurance pour un sale Serpentard, Malfoy. »

Draco haussa les épaules nonchalamment. « Mon parrain m'a enseigné quelle était la stupidité des "courageux" Gryffondors… Et leur manière à s'en prendre aux Serpentards solitaires en restant en groupe d'au moins quatre. Tu ne me surprends pas, Weasley. Il est évident depuis plusieurs mois que ce rôle d'intimidateur t'es échut. Je pourrais te plaindre d'une certaine manière pour penser que tu as de la chance face à moi. Presque. Parce que je sais que tu t'en prends aussi à Hermione, ta propre camarade. Et ça, Weasley, c'est méprisable. »

Ron renifla avec haine. « Pas autant que toi. »

« Pourquoi ? Parce que je suis un Serpentard et plus aimable que toi envers une née-moldue ? Tu ne trouves pas cela étrange que je m'entende mieux avec elle au vu de ma famille par rapport à toi et ta famille traîtresse à son sang ? »

Ron empêcha ses camarades de s'approcher de Draco pour le remettre à sa place. Il voulait s'en charger lui-même… même si le soutien de ses camarades sera fortement apprécié. Les Serpentard n'étaient pas fair-play, il ne le serait pas pour le pire d'entre eux.

« Tu voulais un duel, Malfoy ? Sortons dehors. »

« Non. »

Ron ouvrit la bouche de stupeur. La réponse franche de Draco ne trahissait même pas de mépris ou de colère. Rien. C'était comme s'il était largement au-dessus de ça, et que les paroles de Ron ne le touchaient pas.

Quelques Serpentards arrivèrent et entourèrent la table là où les Gryffondors n'étaient pas, se plaçant aussi soigneusement derrière Draco. Draco étant le seul assis, bras croisés et yeux fermés tranquillement, la scène donnait l'impression qu'il était un seigneur, et que les autres étaient ses sujets ou ses gardes.

Crabbe et Goyle s'étaient placés comme ils aimaient le faire, l'un à gauche l'autre à droite, derrière l'aristocrate sans-pur.

Pansy Parkinson et Daphnée Greengrass étaient chacune d'un côté les autres plus proches de Draco. Il y avait une autre fille qui avait plus l'air d'un garçon de même ampleur que Crabbe ou Goyle, de même que deux garçons à l'allure plus fine et noble.

Tous les Serpentard de première année. Les Gryffondor, eux, n'étaient que quatre.

« Vous avez un problème ? » fit le garçon qui s'était le plus approché de Ron, Théodore Nott.

Draco n'aimait pas la situation. Il savait pourquoi ses camarades étaient venus. Et ce n'était pas vraiment à l'origine pour prendre sa défense. Il n'aimait pas vraiment Nott, mais était forcé de le respecter, parce qu'il était d'un sang presque aussi noble et pur que le sien.

Nott était généralement froid et solitaire, un garçon calme qui se concentrait sur montrer une bonne attitude de la noblesse de sang. Il parlait généralement bien. Et une rivalité de Serpentard était née entre lui et Malfoy. C'était lui qui n'avait pas hésité à accuser Draco devant Snape.

Ron décida d'affronter le garçon. Il était d'une silhouette semblable à Malfoy, donc ne devait pas être dangereux en dehors du maniement de la langue.

« Oui, j'ai un problème avec Malfoy. »

« Vraiment ? C'est quelque chose que beaucoup de nous ont en commun en ce moment, n'est-ce pas Malfoy ? »

Ron fut surpris d'entendre un Serpentard appelé un camarade par son nom.

« C'est en effet ce que j'observe Nott. Mais je pense être libre de me déplacer comme je veux ici. Je travaillais. »

Nott eu un sourire sournois. « Oh, mais ton travail interrompu peut bien attendre que nous discutions. Tant de camarades de classe au même endroit au même moment. L'occasion de faire connaissance. Tu n'es pas d'accord, Malfoy ? Que nous fassions connaissance avec les Gryffondors. Est-ce un privilège qui t'est réservé ? »

Draco tentait de ne pas réagir trop visiblement. Crabbe et Goyle étaient dans son dos, il devait faire attention aux réponses qu'il faisait.

« Je ne pensais pas qu'ils valaient que tu consacres un tant soit peu de temps pour eux. »

« Mais tout ce que tu fais en vaut la peine. Alors si tu t'intéresses aux Gryffondors… ou aux Sang-de-Bourbe, je suis bien obligé d'y prêter attention, non ? »

Nott regarda à nouveau Weasley. « Malfoy est à nous. Alors si vous ne voulez pas d'ennuis, vous partez maintenant. »

Ron serra les poings. « Nous ne sommes pas, et ne serons pas, intimider par des Serpentard. »

Seamus put voir le mouvement de l'autre garçon fluet et de la fille énorme qui étaient de l'autre côté de Ron par rapport à Nott. Ils étaient prêts à les affronter.

« Et si nous réglions tout cela dans la cour. » proposa-t-il.

Nott le jaugea pendant un moment, avant de hocher silencieusement la tête. Ses camarades semblaient décidés à le suivre comme un seul être.

Draco n'était pas de cet avis. « Je ne bouge pas d'ici. »

« Tu vas faire. » siffla dangereusement Nott pour la première fois menaçant.

Goyle posa une main sur l'épaule de Draco, et Crabbe lui fit signe que le chemin lui était ouvert. Draco lança un regard noir à ses deux camarades. Il n'aimait pas les voir se retourner contre lui.

« J'ai dit, et ne testez pas ma patience à me faire répéter, je reste ici. »

L'autre garçon maigre, fameux puriste, du nom de Blaise Zabini, s'approcha à grande allure, et attrapa Draco par le col. Il plaça son visage proche de celui de son camarade blond, plongea ses yeux dans le bleu de ceux du garçon.

« Que ce soit bien clair, Draco, tu nous accompagnes, maintenant, et on va régler nos comptes dehors. Si tu ne le fais pas, je te place mon poing dans ton nez ridicule là, tout de suite. »

« Blaise ! » rappela Pansy. « Pas si violent. »

Draco ne se laissa pas perturber par le Serpentard haineux.

« Lâche-moi, Zabini, et écarte-toi de moi. Ta simple présence me dérange. Je reste ici, parce que j'ai du travail à faire, et parce que si vous jugez que vous avez du temps à perdre avec moi, ce n'est pas réciproque. Je ne bougerais pas, parce qu'aucun de vous ne m'impressionne. Et comme vous l'avez, je l'espère, remarqué, il n'y a pas que mes affaires à cette table. Mes camarades sont allés régler une affaire de haute importance, et je veille à leurs biens. Alors vous ne me ferez pas bouger. »

Nott eu un sourire mauvais. « Paris-tu ? »


Les trois Gryffondors avaient pris leur temps pour marcher dans les couloirs. Ils ne voulaient pas que quelqu'un soupçonne qu'ils avaient quelque chose en tête.

Ils n'étaient pas censés croiser grand monde, la plupart des professeurs étaient en cours à cette heure-ci, mais ils ne voulaient pas que les sons de leurs pas précipités attirent l'attention lorsqu'ils passaient devant les salles de classe.

Ils ne faisaient rien de mal, ils étaient en temps libre, normalement étaient supposés étudier mais ce n'était pas obligatoire, et pouvaient parfaitement rendre visite à leur ami le gardien des clefs de Poudlard.

Ils s'efforcèrent de ne pas courir une fois dehors non plus. Ils n'avaient aucune raison de montrer à Hagrid qu'ils étaient pressés.

Ils le trouvèrent assis devant sa porte, jouant de la flûte. Crocdur était à ses pieds, sagement.

« Salut Hagrid ! » appela Neville.

« Oh, mon garçon. Que fais-tu ici avec tes amis ? »

« Nous voulions vous parler, Monsieur. » répondit poliment Hermione.

« Appelle-moi Hagrid, Hermione, j'insiste. Ça fait du bien de vous voir en plein jour. »

Harry prit la parole. « Justement, nous voulions te parler de l'autre soir. »

« C'était y'a longtemps maint'nant. »

« Oui… comment va Norbert ? »

Hagrid soupira tristement.

« Dumbledore l'a appris, et il l'a envoyé en Roumanie. Il a dit que Charlie Weasley s'en occuperait bien. »

« Weasley ? » demanda Hermione.

« Charlie ? ! » fit Harry, attirant le regard de sa camarade. Il expliqua. « Dubois m'a dit que c'était l'ancien capitaine de l'équipe, et l'ancien attrapeur. Il a fini l'école l'année dernière, c'est pour ça qu'ils avaient besoin d'un nouvel attrapeur. »

« J'espère qu'il vaut mieux que son plus jeune frère. »

Harry sourit. « Tu sais Hermione, Percy est plutôt comme toi, et les jumeaux sont très gentils et amusants. Il n'y a que Ronald qui pose problème. »

« Oui, beaucoup de problèmes. »

Neville prit doucement la parole. « Et si on en revenait à notre sujet principal ? »

Harry se fit déterminé. « Oui, tu as raison Neville. Hagrid, je voulais savoir comment tu avais obtenu cet œuf. L'as-tu trouvé dans la forêt ? »

« Oh qu'ça non. Si y'avait c'dragon là-d'dans, j'pourais garder Norbert. C'est un homme très gentil qui me l'a donné. »

« Quoi ? Pourquoi ? »

« Parce qu'il avait un œuf, et qu'il pouvait pas le gérer. On a bien parlé, et il a vu que je m'y connaissais avec les animaux. J'lui ai dit, v'savez, l'tout avec les bêtes, c'est d'savoir y faire. Z'ont tous un moyen d'les approcher, et d'gagner la confiance. Prenez Touffu, par exemple… »

« Tu lui as parlé de Touffu ! » s'exclama Harry.

« Bien sûr. »

Harry se ressaisit et reprit calmement. « Je veux dire, il s'est intéressé à lui ? »

« Qui ne s'intéresserait pas à un chien à trois têtes ! J'lui ai dit, prenez Touffu par exemple, suffit de lui jouer un morceau de musique, et il s'endort. »

Neville blêmit. « À quoi ressemblait l'homme ? »

« Oh, j'ai pas vu son visage. On se balade pas avec un œuf de dragon à visage découvert. Il m'a dit qu'il était brûlé de toute façon. »

« Sa voix, à quoi ressemblait sa voix. »

« Mais pourquoi ça vous intéresse ? »

Harry se fit sarcastique. « Qui ne s'intéresserait pas à un homme qui possède des œufs de dragon ? »

Neville ne se laissa pas perturber. « S'il te plaît, Hagrid, il faut que je sache. Sa voix était-elle basse, chuchotant presque. Avec un air sombre et mystérieux, presque inquiétant ? »

« Je ne sais pas, j'ai pas prêté attention. Oui, il parlait bas. Il n'allait pas crier qu'il avait un œuf de dragon. »

« C'est Quirrell ! Quirrell veut voler la pierre ! »

« Encore là-dessus ! Je croyais que vous aviez arrêté avec ça ! C'est ridicule, Quirrell est l'un des professeurs qui protègent la pierre. »

Hermione haleta. « Ce qui lui donne une raison pour connaître son existence, et son emplacement. Et aussi pour savoir quelles protections sont mises en place. »

« Arrêtez avec ça, les enfants. Ça ne vous concerne pas, et Quirrell est un professeur. »

« Un professeur qui n'est là que depuis cette année. On ne peut pas lui faire confiance aussi rapidement. » précisa Neville.

Harry enchaîna. « N'est-ce pas surprenant qu'il soit déjà le gardien d'une chose aussi précieuse ? »

« On aurait pu penser la même chose du professeur Snape il y a 10 ans. Pourtant, l'histoire nous montre que Dumbledore a eu raison de lui faire confiance. »

« Ce n'est PAS PAREIL ! » vociféra Harry.

Soudainement, dans le silence qu'Harry avait déclenché, ils se figèrent tous. Initialement, ils s'étaient tus à cause de l'énervement d'Harry, mais maintenant, une autre chose avait gagné leur attention.