(La pierre philosophale) Parvati Patil et la voyance
Seul Draco avait échappé à la punition. Ses camarades Serpentards étaient de loin les plus malchanceux, à devoir subir le courroux de Snape.
N'importe quel élève aurait été sévèrement puni par l'homme pour de telles actions. Le professeur pouvait encore moins tolérer que ce soit ceux de sa propre Maison qui agissent de la sorte. Et le fait que la victime soit son filleul ne devait pas aider à son pardon.
McGonagall avait été très sévère aussi avec ses élèves, punissant en plus des actions aussi les mensonges. Elle voyait d'un mauvais œil l'absence de punition de Draco, mais n'avait pas son mot à dire, comme Snape ne l'avait pas pour ses lions.
Le trio ami avec Draco s'en était mieux tiré, mais pas de beaucoup. Leur action était louable, mais se laisser entrer dans un combat ne l'était pas.
Les cours de potions étaient particulièrement amusants pour Draco. Il voyait Neville et Harry s'améliorer, et Hermione ne pas parvenir à le rattraper. Les quatre gryffondors qui l'avaient attaqué étaient devenus les cibles favorites de son parrain.
Et ses camarades Serpentards, subissant la fatigue due à leurs retenues, ne faisaient plus un aussi bon travail qu'avant, ce qui leur attirait encore plus de foudre du professeur. Ne pas leur enlever de points ne l'empêchait pas de critiquer leur mauvais travail.
Draco était seul à la bibliothèque, les autres étant en retenue, lorsqu'elle vint. Elle s'assit en face de lui, et attendit en silence qu'il la remarque et la regarde, interloqué.
Il posa ses yeux sur le blason de lion sur sa cape. Il l'avait déjà vu en classe. Elle n'était pas mauvaise en potion pour une Gryffondor.
« Qui es-tu ? » fut tout ce qu'il trouva à lui dire. Se maudissant lui-même pour son étonnement trop marqué.
« Parvati Patil. Je suis une Gryffondor de première année. »
« Oui, ça je sais, je ne connaissais juste pas ton nom. Mais que veux-tu. »
« Cela fait quelque temps qu'il devient difficile de trouver mes camarades. »
Draco laissa échapper un ricanement. Elle s'assombrit brièvement.
« Les tiens aussi sont difficilement aperçus. »
Il feint l'indifférence et haussa les épaules. « Ils l'ont mérité. »
Elle fut surprise. « Ça, je n'en doute pas. Peut-être sais-tu ce qui leur est arrivé ? »
« Ils sont en retenues. Le reste ne te regarde pas. Tu n'auras qu'à interroger les tiens toi-même… Tu es plutôt solitaire, non ? »
« Si je juge à ce que je vois, toi aussi. »
Il haussa à nouveau les épaules, cette fois en baissant les yeux sur son livre. « Peut-être. »
« En fait, je suis surtout souvent avec ma jumelle, elle est à Serdaigle. Nous ne connaissons pas grand monde, alors nous restons ensemble. Je ne connais pas beaucoup ses camarades non plus. En fait, je crois que je suis toute seule à avoir du temps libre en ce moment dans ma Maison. Parmi les premières années, s'entend. »
Il leva doucement les yeux, sans bouger de position son visage. « Tu sais que je m'en fiche et ne t'écoute pas ? »
« Je sais que tu es sincère. Et je t'en remercie. Je ne cherche pas à être ton ami, je ne sais ni si tu es aimable, ni si tu es digne de confiance. Ce que je sais, c'est que tu es le favori évident du professeur Snape. »
Il reposa son livre. « C'est sans doute le cas. »
« Je voulais te parler. »
« J'avais remarqué. »
« Et alors ? »
« Tu as mon attention, mais pas ma patience. »
« Je n'en demandais pas plus. Mais je ne sais pas comment aborder le sujet. »
« Alors tu aurais besoin de ma patience. Malheureusement, je ne suis pas disposé. »
« Tu devrais. Ce que j'ai à te dire est délicat et d'un intérêt certain. Mais c'est aussi un grand secret que je devrais réserver aux professeurs. »
« Alors pourquoi venir me voir ? »
« Parce que j'ai vu lorsque tu étais ami avec Neville. »
Draco fut surpris cette fois. Mais que voulait-elle, cette fille ? Devait-il devenir paranoïaque et se méfier de chacun de ses camarades ? Il était déjà en train de se méfier en fait.
« Quel rapport avec Neville ? Tu ne peux pas lui en parler ? »
« J'ai peur qu'il prenne peur. »
Draco fut ahuri une fraction de seconde. « Tu te rends compte que c'est assez particulier ? La nouvelle particularité des Gryffondors est-elle la peur cette année ? »
« Le vrai courage est de dépasser ses peurs. Pas de ne pas avoir peur. Et la moquerie constante dont font preuve les Serpentards n'est normalement pas dans leurs caractéristiques. Vous avez de la ruse et de l'ambition. C'est cela que je m'attends à voir chez toi. Et c'est pour cela que je pense que c'est une bonne idée de venir te voir. »
« Ta sœur est pas disponible pour accueillir ton blabla ? »
« Elle n'est pas la bonne destinataire. »
« Que veux-tu dire ? »
« Tu le sauras si tu arrives à me mettre suffisamment en confiance. »
« Et si je n'ai pas envie d'essayer ? »
« Nous verrons. »
Il y eut un moment de silence. Elle commença à regarder distraitement le travail de Draco en lisant à l'envers. Il s'en rendit compte et en fut un peu énervé mais décida de ne pas le montrer.
« Soit. Tu viens me voir parce que tu ne trouves pas tes camarades pour parler. Tu prétends avoir quelque chose d'important à me dire, et cela semble concerner le garçon-qui-a-survécu et tu mets dans la discussion mes rapports à mon parrain pour justifier que tu viennes me voir, moi. Alors, que peux-tu avoir à dire ? J'avoue que cela pique ma curiosité. »
« Je suis bonne en divination. »
« Les cours ne commencent qu'en option en troisième année. »
« Et j'aurais de bonnes notes. »
Il se tut. Il n'osait pas penser à ce qu'il pouvait comprendre de cela. Elle attendait sa réaction.
« Tu devrais plutôt aller voir le professeur de divination. »
« Je ne le connais pas. Et ce que j'ai à dire ne le concernerait pas. »
« Qui est concerné ? »
« Le professeur Quirrell. »
Ça y était. Elle avait toute son attention.
« Je prends mes affaires et nous allons ailleurs. »
Elle acquiesça.
Il la conduisit en haut de la tour d'astronomie.
« Alors, qu'est ce qui peut bien concerner ce ridicule écureuil qui pu l'ail ? »
« Un miroir. Une pierre. Il y a un chien à trois têtes et un troll. »
« Encore un troll ? ! »
Elle resta silencieuse.
« Bien. Ce ne sont que des images que tu as ? »
« J'entends un cri. C'est une fille. Elle cri ton nom. »
Draco devint blême.
« Et je connais une date. »
« Dis-la moi. »
« Je serais alors complice. Je ne veux pas y être mêlée. Mais si je dois déclencher la chose, je veux savoir de quoi il s'agit. Cependant, pas trop, pour ne pas être impliquée. »
« Et comment pourrais-je t'expliquer ? C'est ta voyance. »
« Mais je ne suis pas stupide. Ta réaction montre bien que tu as une idée de ce qui se passe. Une idée assez précise. »
« Parfait. Il y a une chose au troisième étage. Une chose qui y est cachée, et protégée, par des épreuves de plusieurs professeurs. Je ne sais rien là-dessus. Mais je sais que quelqu'un veut voler la chose. »
« Sur quoi ne sais-tu rien. »
Il réfléchit aux conséquences avant de lui répondre. « Seulement sur les épreuves. En fait, je ne savais même pas qu'il y en avait. Je savais que la chose était protégée par des professeurs. C'est juste qu'à la réflexion, je vois mal comment autrement ils protégeraient la chose. J'ai donné le nom "épreuve" sans y penser vraiment. Je connais tous les autres détails de l'affaire. »
« Tu occupes bien ta première année. »
« Ce n'est pas ma faute, c'était une idée de ce stupide Gryffondor d'Harry. »
« Tu as une drôle de manière de traiter tes amis. »
« Je n'ai jamais dit qu'il l'était. »
« Tu n'as pas besoin de le dire. »
« Revenons à notre affaire… tu as donc une date ? »
« Oui. »
Draco attendait nerveusement de voir ses amis arriver. Dès qu'ils furent là, il en attrapa deux et les tira vers une salle vide et abandonnée. Il ferma la porte aussitôt. Il se tourna vers eux. Ils étaient éberlués.
« Ne me regardez pas comme ça ! J'ai quelque chose sur le visage ? »
« Tu fais toujours tellement attention à ton paraître que c'est chose impossible. » décréta Harry, sans amusement dans la voix.
Hermione s'inquiétait. « Que se passe-t-il ? »
« J'ai reçu la visite de la seule Gryffondor qui n'est pas assez stupide pour se retrouver embarquer par des combats. En fait, pourquoi Neville est puni aussi ? »
« Depuis le temps, tu ne te poses la question que maintenant ? Nous n'avons pas pu prouver qu'il n'avait rien fait. »
Harry voulu reconcentrer le sujet sur le comportement étrange de Draco. « Tu as parlé d'une Gryffondor ? »
« Paverti Patil, un truc comme ça. Et elle prétend qu'elle a des dons de voyances. Soit c'est vrai, soit elle s'est montrée aussi intéressée que nous par la pierre et par un moyen obscur a réussi à s'informer, soit elle est de mèche avec Quirrell. »
Neville s'inquiéta. « Elle t'a dit quelque chose ? Elle n'est pas allée voir les professeurs ? »
« Oui, et non. »
« Pourquoi ? »
« Parce que je suis concerné, et je ne sais pas. »
« Comment es-tu concerné ? » s'enquit Harry.
« Je ne sais pas vraiment, c'est flou. Quoi qu'il en soit, je sais quand Quirrell agira. »
« Il faut prévenir McGonagall. » décréta Hermione.
« Ou Snape. » proposa Harry.
« Voire Dumbledore. » trancha Neville.
« Ou simplement régler cela nous-même. »
Les trois Gryffondors observèrent le Serpentard, ne parvenant pas à se convaincre de ce qu'ils entendaient.
« Réfléchissez. Personne ne nous écoutera. On nous reprochera de s'être informés et inquiété, on pourrait découvrir qu'on a visité Touffu, comme si on n'avait pas eu assez de punitions dans l'année ou de points perdus. Et on nous assurera qu'il n'y a pas besoin qu'on s'en préoccupe, et que tout va bien. Personne ne fera rien. »
« Comment peux-tu en être certain ! » s'indigna Hermione.
« Parce que nous avons déjà vu cela. Chacune de vos interactions avec Hagrid se sont soldées par des échecs. Et fidèle comme il est, il a dû en parler au vieux fou. Mon parrain est au courant pour Quirrell, et a promis de s'en occuper. Pourtant, l'homme est toujours là et une camarade de classe a eu une vision avec une date où il agirait. Il a essayé de nous tuer bon Merlin ! »
« Quoi ? ! » crièrent Harry et Hermione.
Draco soupira. Les deux autres se tournèrent vers Neville en s'apercevant qu'il n'avait pas l'air perturbé par la déclaration du Serpentard. Le Gryffondor baissa la tête.
« Je peux m'occuper de vous expliquer, à la condition que Nev l'accepte, et que vous me promettiez votre silence. »
Ce fut fait.
Draco prit une profonde inspiration.
« Cette nuit-là, dans la forêt. Nous avons rencontré un homme dans un grand manteau noir, totalement encapuchonné. Il était penché sur la licorne, et buvait son sang. Nous aurions pu fuir ou rester là sans bouger. Mais la cicatrice de Nev l'a brûlé. C'est une chose qui ne lui arrive qu'en présence de Quirrell, particulièrement lorsqu'il est dos tourné. Nev a gémi de douleur, et la chose nous a repérés. Sans ce centaure, nous aurions eu de gros ennuis. Je l'avais mis en colère en lançant un flipendo, je peux vous assurer qu'il était solide.
« Plus tard, Quirrell est venu nous visiter à l'infirmerie. Il ne bégayait plus dès l'instant où il fut seul avec nous. Et à son regard, il m'en voulait pour quelque chose. Lorsque je lui ai dit qu'il pouvait nous parler des événements de la forêt, il a paniqué et est parti. »
« Ça… ça ne prouve rien. » fit doucement Hermione.
Draco s'énerva. « Ça ne prouve rien ? ! Et tous les autres événements durant l'année ? Ça ne prouve rien non plus ? ! Et le fait qu'il connaisse des sorts sombres ? Et que Snape soit devenu très austère à son sujet ? Et tant d'autres choses, ça ne prouve rien ? »
« Draco, boire du sang de licorne, tuer un être aussi pur, est un acte si abominable… cela rallonge la vie, mais il y a un coup, ce n'est plus qu'une demi-vie. Vois-tu le professeur Quirrell aspirer à cela ? »
« Nous savons que c'est lui qui veut la pierre. Elle rallonge la vie aussi. »
« Pourquoi boire du sang de licorne en attendant ? Il est jeune, et en bonne santé que je sache. »
« Nous ne savons rien de lui, Mione, rien. Qui nous dit qu'il n'est pas… qu'il n'en a pas besoin ? »
« Qui nous dit qu'il n'est pas de mèche avec Voldemort. » déclara Harry.
Ses deux amis se tournèrent vers lui.
« Que veux-tu dire ? » demanda faiblement Draco.
« Qui aspirerait à une demi-vie ? Quelqu'un qui n'en a déjà plus beaucoup plus. »
« Je… je n'aime pas Quirrell. Mais je ne pense pas qu'il soit… qu'il soit le Seigneur des Ténèbres. Il ne ressemblerait pas à ça. »
« Mais il peut être son serviteur. Et vouloir la pierre pour lui. Neville a mal en sa présence ? Il avait encore plus mal en celle de cette chose dans les bois ? Alors cette chose dans la forêt, ce n'était pas Quirrell. C'était Voldemort. Et Quirrell est lié à lui. »
« Tu veux dire que c'est un Mangemort ? » demanda Neville.
« Je ne sais pas, peut-être. »
« Nous n'avons jamais vu son bras. » se rappela Draco.
Hermione ne comprenait pas. « Son bras ? »
« Ah ha ! Enfin une chose que miss je-sais-tout ignore ! Les Mangemorts sont marqués par le Seigneur des Ténèbres. Ils obtiennent une marque sombre sur le bras. Quoi qu'il en soit, nous devons régler cette affaire nous-même. Parce que nous sommes des enfants, les adultes n'écoutent pas nos avertissements. »
Harry était d'accord. « Nous ne pouvons pas laisser Voldemort obtenir la pierre. Nous irons prévenir Dumbledore. Si nous avons le moindre doute sur le fait qu'il prenne en compte notre avertissement, nous irons nous-même précéder Quirrell au 3e étage. »
Neville émettait quelques réserves. « Mais nous… ne sommes que des enfants. Que pouvons nous faire face à… face à quelqu'un comme ça ? »
Draco roula des yeux. « Si quelqu'un peut lutter contre eux, n'est ce pas le garçon-qui-a-survécut ? Tu es exaspérant Nev. Maladroit, et exaspérant. Tu sais qui d'autre était maladroit dans ses études ? Oncle Sev. »
« Qui ça ? »
« Mione, tu le fais exprès ou quoi ? »
Neville regarda craintivement le Serpentard. « Il était vraiment comme ça ?… il n'a pas l'air… d'avoir déjà hésité pour la moindre chose ou d'avoir été… mauvais dans une matière. »
Draco haussa un sourcil, bras croisé. « Tu as déjà vu ses capacités ailleurs qu'en potion peut-être ? »
« Eh bien, lorsqu'une potion est tellement lamentable qu'elle explose, il n'a aucun souci à la révoquer sans baguette, et sans formules. »
« Oui, oncle Sev est très doué et puissant. Mais il était maladroit lors de son arrivée à Poudlard, c'est mon père qui me l'a dit… »
Draco perdit soudainement de son assurance et de son arrogance, en se rendant compte de ce qu'il avait dévoilé.
« Euh… vous… vous ne lui direz rien de cela ! S'il apprend que je sais et surtout que je vous l'ai dit, il va vraiment me tuer. Et je ne veux pas savoir quels goûts auront les potions qu'il me forcera à avaler. »
Ce qui fit rire ses camarades.
Neville s'efforça de paraître avec assurance. « D'accord, je me chargerais d'arrêter le professeur. Mais vous ne bougez pas. Il est hors de question que vous mettiez vos vies en danger. »
Draco eu un sourire narquois. « Tu ne te débarrasseras pas de nous, Nev. Crois-tu vraiment avoir les moyens de nous en empêcher ? Tu auras besoin de notre aide, je pense que nous avons suffisamment montré tout au long de cette année que nos capacités magiques étaient bien utiles. »
Il tourna un œil légèrement méprisant vers Harry. « Enfin, pour la plupart. »
« Ça suffit ! Si nous faisons une chose aussi folle ensemble, nous resterons soudés ! Il est hors de question que je vois l'un de vous tenter de déchirer le groupe. Même si je ne compte pas vous laisser venir avec moi. »
« Nev, très cher, qui sait quand cela aura lieu ? Par pure précaution, je ne dirais pas la date. Je viendrais faire chanter votre Grosse Dame lorsque le moment sera venu. »
« Et quand allons-nous voir Dumbledore ? » s'enquit Hermione.
Harry fut celui qui répondit. « Le plus tôt possible ? »
Draco secoua la tête. « Non, le jour même. »
« Alors nous saurons quand cela aura lieu. »
« Vous ne connaîtrez pas le moment. »
« Ne faut-il pas le précéder ? »
«… D'accord, mais toi et Mione, assurez-vous que Nev ne fausse pas compagnie pour y aller sans nous. »
« Alors c'est entendu ! » s'exclama Hermione en tendant la main.
Les autres regardèrent son bras tendu sans savoir quoi en faire. Neville posa alors la question cruciale.
« Quelle est la date ? »
Draco sourit avec narquois, et leur dit.
