(La pierre philosophale) Réunion à la bibliothèque
Hermione s'ébouriffa les cheveux nerveusement, et fatiguée, en sortant de son épreuve de métamorphose. Elle savait toute la théorie, mais la pratique lui posait parfois problème. Elle s'était laissé tomber sur son siège à la bibliothèque, et s'affala la tête dans les bras sur la table.
Neville et Harry étaient arrivés ensemble, et s'installèrent face à elle, dans le silence, avant de sortir leurs manuels de sortilèges.
Des pas assurés et légers s'approchèrent d'elle. Ils se stoppèrent juste à côté d'elle, et il y eut un raclement de gorge.
« Hum. Granger, c'est ma place. La tienne, c'est celle que Neville occupe. »
Elle tourna sa tête, sans la détacher de ses bras, et lança un regard grognon au blond trop bien soigné.
« Mmm… m'en fiche. »
« Granger, c'est ma place. Je ne m'en fiche pas. »
« Laisse tomber Draco, et assieds-toi. » râla Harry, avec un signe de main vers la place libre à côté d'Hermione, qu'il occupait lui-même habituellement.
Draco parut indigné. « Que je m'installe aux côtés d'une née-moldue ? ! »
Hermione lui donna un coup sur le bras qu'il imagina assez puissant pour faire comme si elle l'avait poussé sur la place assise.
Harry roula des yeux. « Tu es ridicule, Draco, quand tu te donnes des airs. »
Draco croisa les bras, contrarié. « C'est pour ce soir. »
« Qu'il est vraiment attendu si tard dans l'année me dépasse. »
La voix franche et claire de Neville leur rappela les conditions dans lesquelles ils étaient. « Hermione, tu peux m'aider à comprendre le Pétrificus ? »
« Demande à Malfoy, il est tellement mieux en tout. »
Draco tourna un regard doux vers la fille. « Tu as raté tant que ça ? »
Elle se redressa d'un coup, ses cheveux en désordre lui donnaient encore plus l'air furieuse. Elle était impressionnante.
« Tu as vu mon résultat ! Ma tabatière n'était que dans un seul matériau ! Bien sûr, ce n'était pas le cas de tous. »
« Eh, au moins tu n'avais pas de poils de souris ou de moustache restante, pas comme certains. »
Neville déprima. « Merci de me rappeler mon échec. »
« Comment tu peux le prendre aussi mauvaisement alors que tu devrais juste en avoir l'habitude. »
« Je me demande comment tu te sentirais, toi, si tu échouais tout le temps. »
« Ce n'est pas possible, alors la question ne se pose pas. »
Harry ne pouvait pas supporter plus d'arrogance de son camarade. « Draco ! Tu es impossible ! »
« Quoi ? Je n'ai pas raison peut-être ? »
« Tu t'excuses maintenant. »
Neville était maussade. « Laisse tomber, Harry. Je sais que je suis mauvais. »
Draco soupira. « Je ne dirais pas qu'Harry a raison, surtout qu'il n'a pas à me parler sur ce ton. Mais je te dois bien des excuses, Nev. La métamorphose est une question de volonté. Il faut que tu gagnes confiance en toi pour y parvenir. Tant que tu resteras avec une si piètre opinion de toi-même, tu n'arriveras à rien. Et mes commentaires ne doivent pas aider à te faire sentir bien. »
Harry se moqua. « Es-tu en train de dire que tu es bon en métamorphose parce que tu es arrogant ? »
Draco renifla. « Je ne répondrais pas à cela, Potter. »
« Je ne sais pas ce que nous sommes censés penser de toi selon le nom que tu nous donnes. »
« Ce n'est pas moi qui te l'ai donné, c'est ton père qui te l'a transmis. »
Le serpentard se tourna ensuite vers sa voisine. « Mione, ta tabatière était superbe. Elle n'était peut-être pas incrustée de joyaux comme la mienne, mais l'ouvrage et les motifs sculptés révélaient d'une vraie maîtrise de la chose. Tu avais… la plus belle réalisation de la classe. Faire dans le clinquant comme je fais n'est pas forcément ce qui fait le plus élégant. Et McGonagall n'aime pas beaucoup mon style en fait. »
Hermione sourit faiblement. « Merci, Draco. » murmura-t-elle. Il lui sourit en retour, puis se détourna rapidement et redevint sérieux.
« Nous devons nous préparer pour ce soir. Nous irons voir McGonagall tout à l'heure pour lui demander de parler au directeur. Ensuite, comme nous nous ferons jeter, nous irons précéder Quirrell à l'étage. »
« As-tu pu trouver qui protégeait la pierre ? » s'enquit Hermione.
« Difficile d'interroger les professeurs à ce sujet, et ce n'est pas moi qui parlerais avec Hagrid. »
« Il a réussi à ne rien lâcher depuis la dernière fois, qu'importe combien de fois on est allé le voir. » prévint Harry.
« Je sais que mon parrain participe, Quirrell aussi. » Il eut une mine de dégoût en parlant du professeur de défense contre les forces du mal, et les autres pouvaient difficilement lui en vouloir.
« Si on juge que c'est Dumbledore qui a fait les sélections, il devrait avoir aussi apporté une touche personnelle, et McGonagall est certainement parmi les professeurs dans la confidence. Nous savons déjà que Hagrid a placé ce gros monstre… »
« Ce n'est pas un monstre, et il s'appelle Touffu ! » le coupa Neville.
« Si tu veux Nev. À part eux, je ne sais pas vraiment ce qu'il peut y avoir. Peut-être Flitwick ou Chourave. Je pense que la protection mise par Quirrell est un troll. Pour le reste, mystère total. »
Hermione réfléchit. « Flitwick serait un choix logique, il doit maîtriser une grande quantité de sortilèges de protections. »
« Mais que peut faire le professeur de botanique pour ça ? » s'interrogeait Harry.
Draco lui répondit. « Aucune idée, mais c'est l'un des chefs de Maisons, elle doit donc être dans les choses importantes. Si Quirrell participe, elle aussi probablement. »
« Alors comment se prépare-t-on ? » demanda Neville.
« De manière très simple, travaillons chacun sur nos spécialités. Je suis sûr que cela te ferait du bien de lire des livres de botanique en attendant le moment. Ton épreuve de sortilège de demain est… moins importante, en comparaison. »
Draco se tourna vers Hermione. « Il nous reste toutes les autres études. Je te propose les sortilèges, et je m'occupe de potions et métamorphose. »
Harry n'était pas d'accord, il le coupa. « Tu ne connais pas vraiment ton parrain on dirait. Il t'a appris la magie, mais moi, il m'a formé profondément sur les qualités autres. Il jugeait certainement que tu les possédais déjà, et n'a pas pris la peine de t'en vanter l'importance. Il considère que pour faire un bon sorcier, la puissance ne suffit pas. Il faut être capable de réflexion. Réfléchis, comment une potion pourrait empêcher quelqu'un de trouver une pierre ? »
« Nous n'avons aucune idée de comment ils ont mis en place les protections, Harry. Et je suis certain que mon parrain a trouvé un moyen de le faire en usant de ses talents de maître de potion. Pour une raison simple. Les bons potionnistes sont rares. En diversifiant les domaines à connaître pour accéder à la pierre, ils s'assurent de réduire le nombre de personne seule capable de passer leurs mesures. Notre avantage face à Quirrell est notre nombre, et la diversité de nos compétences. »
« Il a eu un an pour se préparer, et nous, qui n'avons eu qu'un an pour apprendre la magie, nous ne commençons à nous préparer que le dernier jour avant d'y aller. Ça devient ridicule. »
« Et alors, tu veux y aller sans même te préparer ? Mieux vaut tard que jamais. Alors, en quoi es-tu bon, toi ? Tu pourras réussir à gérer un troll, cette fois, sans lui sauter stupidement dessus ? »
« Certainement mieux que toi, vu que je resterais pas à être incapable d'agir. »
Ils s'échangèrent des regards noirs.
Neville demanda à Hermione de l'aider à trouver des livres de botanique. Ils s'écartèrent des deux garçons qui conservaient toujours une certaine rivalité.
En marchant entre les rayonnages, Neville expliqua qu'il soupçonnait que la principale source de rivalité entre les deux était de vouloir l'affection de Snape pour eux seuls. Hermione ne pouvait pas y croire.
« Mais qui voudrait de… l'affection de cet homme ! Il est horrible avec tout le monde. »
« Enfin, presque tout le monde. Tu vois bien qu'en classe il favorise vraiment Draco. Et il est facile de penser que Draco veut toute l'attention de son parrain pour lui seul. »
« D'accord, mais quel rapport avec Harry ? Il est vraiment horrible avec lui et toi. »
« Moui… mais Harry le connaît depuis tout jeune, et pour lui, même s'il ne le dira pas comme ça, Snape se rapproche le plus de ce qu'il peut considérer comme un père. Un père froid et distant, sévère mais protecteur. Si tu savais le nombre de dispute entre le professeur et le parrain d'Harry qui concernait le traitement à accorder à Harry… tu tomberais des nues. Et je te laisse imaginer qu'Harry n'a certainement pas pu toutes les entendre, ce qui ne l'a pas empêché de m'en parler de beaucoup. Lorsqu'on en parle, Harry dit que c'est son beau-père. Penses-tu qu'un enfant comme nous puisse ne pas vouloir plaire à ce qu'il considère comme un beau-père ? Parce que c'est la considération d'Harry, pas la réalité. »
Neville surveilla qu'il n'y avait personne dans les parages. Rien de ce qu'il disait ou de ce qu'il allait dire ne devait pouvoir être entendu par quelqu'un d'autre que son amie. Hermione ne pouvait toujours pas croire ce que son camarade affirmait.
« Neville, tu réalise que toi et Harry êtes des martyrs en classe de potion ? Il est vraiment… personne ne pourrait vous traiter plus mal. Il est brutal avec vous, et vous insulte continuellement. »
« Eh bien disons qu'il a une réputation à tenir. Et s'il nous donne si souvent des retenues, c'est en fait pour pouvoir nous faire des cours sans témoins. Il s'occupe lui-même de nos soins en privé. Et les retenues qu'il nous impose sont de vrai cours. Il nous enseigne correctement les potions, et ne nous réprimande pas. Il reste froid et austère, et me fait toujours peur, mais j'ai un profond respect pour lui.
« Harry est vraiment capable en potions, lorsque Snape n'est pas à l'intimider. Moi, je suis toujours mauvais. Mais il ne perd pas patience. Enfin… pas comme il le fait en classe. Il laisse Harry tranquille travailler sur ses potions, et s'occupe essentiellement de moi. Il me fait surtout étudier les ingrédients liés à la botanique. Ces cours sont tellement plus merveilleux.… c'est juste que j'ai toujours peur en potion. Donc je fais toujours n'importe quoi.
« J'ai vraiment acquis une grande reconnaissance et connaissance de tous ces ingrédients. C'est incroyable le nombre d'applications qu'ils peuvent avoir. Je suis juste incapable de suivre une recette sans étourderies. Quand Snape veut enseigner, il est un excellent professeur. C'est juste qu'il ne veut pas souvent. »
Hermione n'en revenait pas. « Pendant un an… tu ne me l'as jamais dit ? » dit-elle dans un souffle de voix.
« Je ne devrais pas te le dire. Mais je voulais que tu puisses le voir comme moi et Harry le voyons. Le fait qu'il soit le parrain de Draco est un secret de polichinelle. Mais ce qu'il se passe en privé entre lui et nous, relève vraiment du secret, et ne devrait pas sortir de sa salle de potion. C'est à un point où… Harry ne me cache pas grand-chose, mais je sais que Draco n'est jamais présent avec nous lors de ces retenues, ce que tu pourras trouver normal. Cependant, Harry a plus de punitions que moi. Eh bien, lorsque je ne suis pas avec lui, il arrive régulièrement que Draco assiste à ses retenues. Je ne sais pas ce qu'ils font alors, mais une chose est claire, il y a des secrets entre moi et Harry que Snape ne veut pas que Draco connaisse, mais il y a des choses qu'il veut que Draco et Harry fassent ensemble. »
« Cela explique qu'ils étaient ensemble quand nous avons trouvé le 3e étage. Mais ils ne s'entendaient vraiment pas à ce moment-là. »
« Oui… je n'ai découvert qu'ils avaient des retenues ensemble que bien plus tard, lorsque Harry l'a laissé échapper par accident. Il était épuisé et s'est plaint de Draco comme étant vraiment insupportable et imbu de lui-même. Ce qu'il a dit a clairement sous-entendu dans quelles circonstances il avait eu des relations avec Draco. Il s'en est rendu compte et m'a dit que ça devait rester secret, et il ne m'a rien dit d'autre. »
« J'ai l'impression qu'il y a de lourds secrets qui entourent le professeur Snape. Il y a forcément quelque chose pour qu'il agisse comme ça. Et étrangement je ne pense pas que ce soit des raisons bien meilleures que le fait que Quirrell veuille la pierre. »
Neville ne dit rien. Il avait peur de penser au passé de l'homme qu'il craignait et admirait le plus. Il venait de soulager sa conscience à un point considérable.
Lorsqu'ils revinrent à leur table de travail, des livres dans les bras, ils trouvèrent leurs deux camarades encore piégés dans leur duel de regard. La mâchoire inférieure de Neville s'affaissa. Et les yeux d'Hermione s'agrandirent.
Elle se reprit, et se racla la gorge.
« Vous savez que nous avons quelque chose à faire les garçons ? De plus important que de tester ce qui est le plus têtu entre un Gryffondor et un Serpentard. »
Aucun des deux n'était décidé à lâcher prise en premier. Hermione soupira. Elle s'avança à grand pas de sa place, et saisit le menton de Draco pour lui faire tourner la tête vers elle. Leurs nez se touchaient presque alors qu'elle plongeait son regard dans le sien.
« Draco Malfoy, nous avons une tâche de haute importance à accomplir, alors je vous prierais de bien vouloir m'écouter, et de vous concentrer sur vos études de métamorphose. Et usez un peu de cette ruse légendaire de Serpentard pour deviner quel piège nous attend. »
Draco était scotché, et Harry éberlué. Les bras de Neville posant vivement des livres devant Harry le ramenèrent à la réalité.
« Nous avons aussi du travail, Harry. Tu dois t'assurer de pouvoir battre un troll. »
Harry était très rapidement calme et concentré sur le nouveau travail. « Comment fait-on pour Touffu ? »
« Je le connais. Je m'en chargerais, et je n'ai pas besoin de travailler pour ça. J'ai des études de botanique qui m'attendent. »
Il était déjà avec un livre ouvert dans les mains. Il releva la tête vers Draco. Tous ses amis travaillaient à présent. Il appela. « Draco, je suis d'accord avec Harry qu'il est inutile que tu t'occupes des potions. Nous avons plus besoin de connaître la métamorphose. »
Draco ne décolla pas ses yeux de son livre. « Et tu crois que je fais quoi, là ? » fut sa seule réponse froide.
Ils ne dirent plus rien, chacun travaillait sur ses propres préparatifs pour l'affrontement final de l'année.
