Okay, j'avais vraiment besoin d'un fix it avec les Marinas, parce qu'ils sont incroyablement sous côté, ce qui est incroyablement injuste. Alors pour faire honneur à mes bébés, et notamment le plus adorables de tous, mon Kanon, je sors cette fic o/ Pour être honnête, j'aimerais bien aboutir à un ship avec Kanon sur la fin mais pour l'instant je ne suis pas décidé donc si jamais quelqu'un a une idée, je prend !
ps: j'adore les cracks-ships donc lâchez vous :3
"Kanon…"
Kanon baisse ses yeux brillants de larmes contenues, serre les poings le long de son corps.
Il s'est fait attraper, encore.
Face à lui, le Grand Pope soupire et pose une main sur son épaule.
"Tu connais les règles."
Oui, bien sûr qu'il les connaît. Il les connaît aussi bien qu'il connaît son propre nom. Elles sont gravées dans son esprit au fer rouge, résonnant avec trop de force.
Interdiction de se déplacer hors du temple des Gémeaux sans autorisation. Interdiction de prétendre être son frère sans autorisation. Interdiction de crier sans autorisation. Interdiction de quitter le Sanctuaire sans autorisation.
Et tant d'autres encore.
Kanon n'a le droit de presque rien faire, à peine de respirer, sans avoir besoin d'une autorisation.
Certains jours, c'est insupportable.
Aujourd'hui, Kanon serre les dents si fort qu'il en a mal. Il serre les poings jusqu'à avoir les jointures blanches. Il retient des larmes de rage qu'il ne peut se permettre de laisser couler. Les larmes, c'est la marque des faibles. Kanon n'est pas un faible.
Alors il laisse le Grand Pope le traîner jusqu'au treizième temple, bien caché dans l'ombre de sa tenue. La nuit est profondément noire de toute façon, même sans ça, il aurait été parfaitement invisible. Mais le Grand Pope ne veut prendre aucun risque.
Et lorsque la porte de la chambre qu'il a fini par associer à une cellule se referme, il explose. Il hurle avec toute la force de ses poumons d'enfant et frappe contre la porte. Il sait que ça ne le mènera à rien, que le Grand Pope ne réagira pas, que personne ne viendra le sortir d'ici avant que trois jours ne se soient écoulés, mais c'est plus fort que lui. Son corps bout de sentiments sur lesquels il ne peut même pas mettre de mot et qui ne demande qu'à sortir, sortir, sortir.
Et ça fait tellement de bien de crier.
Tellement, que lorsqu'il s'arrête enfin, l'aube pointe le bout de son nez.
Il s'écroule sur les dalles de marbre blancs, le souffle court mais l'esprit plus clair. Allongé de tout son long, il lève les mains jusqu'à son visage. Comme il aimerait pouvoir défoncer la porte qui le garde prisonnier. Comme ce serait facile de briser le battant de bois. Comme ce serait simple de courir vers le levant.
Mais s'il fait ça, alors sa cage ne sera plus faite de matériaux aussi fragiles. Alors ses barreaux seront de métal. Alors sa détention allongée. Et il ne veut pas de ça.
Il abaisse ses bras pour se retrouver allongé en étoile. Lentement, sa respiration reprend son rythme normal et il ferme les yeux.
Derrière ses paupières dansent les images de garçons en Écailles, d'un royaume aux couleurs chatoyantes, de poissons de toutes les mers du monde et d'une perpétuel odeur d'embruns.
Mais quand il rouvre les yeux, il ne voit que le plafond abîmé d'une chambre peu entretenue.
C'est rageant et, à nouveau, il veut hurler et frapper. Pourtant, et malgré la fureur qui gronde dans ses os, il ne parvient qu'à pleurer.
C'est ridicule. Il a neuf ans, il a passé l'âge de pleurer pour une simple contrariété. Cependant, il ne peut s'en empêcher.
Il sent son cosmos s'agiter dans son corps, prêt à jaillir sous la force de ses émotions, mais il ne peut pas. S'il le fait et s'il se fait remarquer à cause de ça, le Grand Pope le punira plus durement qu'il ne l'a jamais puni.
Kanon a déjà vu le Grand Pope en colère. Il a déjà senti son cosmos bouillir, prêt à attaquer. Il a déjà entendu le silence qui précède la claque. Il ne veut pas revivre ça.
Alors il plaque ses mains sur ses yeux pour assécher ses larmes et étouffer ses geignements. Il essuie son visage sans que cela fasse la moindre différence. Il renifle sans que cela n'apporte le moindre résultat. Il grogne de frustration alors qu'il continue de s'acharner.
Il n'est pas un faible. Il n'est pas un faible. Il n'est pas un faible.
Il ne peut pas être un faible…
XxX
Kanon regarde la voûte céleste, perché sur un roc au milieu de l'une des plus petites criques que compte le Sanctuaire. C'est un endroit paisible, un endroit qui n'appartient qu'à lui.
Sans pouvoir s'en empêcher, il tend une main vers le ciel, comme s'il pouvait toucher les étoiles du bout des doigts.
Il voudrait être comme elles, à danser loin des affres de la terre. Il voudrait régner sur la nuit, main dans la main avec la lune. Il voudrait disparaître face aux premiers rayons de soleil, là où plus personne ne pourrait le trouver. Il voudrait tant cela, tant et tant que sa poitrine se serre alors que son bras retombe.
Son regard touche les flot alors que sa tête tombe en avant.
La mer, inconsciente de ses tourments, fait régulièrement s'écraser quelques vagues sur les parois du roc, comme si elle cherchait à atteindre Kanon. Et Kanon laisse son corps basculer dans les flots, la tête la première.
Dès l'instant où son corps s'enfonce dans l'eau, le froid mordant s'attaque à chaque centimètre de peau découverte. C'est comme des centaines d'aiguilles qui viennent se planter dans sa chair. Ses vêtements sont un poids sur son corps qui le fait couler et l'entraîne vers les profondeurs.
Quand son corps touche le banc de sable, quelques mètres plus bas, Kanon fait brûler son cosmos juste avant d'ouvrir les yeux pour les protéger du sel marin. Il ne se souvient pas avoir appris à faire ça, c'est juste un réflexe, aussi naturel que respirer peut l'être. C'est comme la sensation de son cosmos qui irradie sous sa peau, comme une présence qui aurait toujours été là.
Et, comme souvent quand Kanon laisse son regard se perdre là où aucune lumière ne perce, il se sent en paix. Il peut se laisser aller, là, au fond de l'eau, là où personne ne le trouvera. Là, il peut prétendre qu'il n'aura qu'à plonger davantage pour rejoindre un endroit où il sera désiré, un endroit rempli de visages amicaux. Il se laisse aller à croire que les images qui dansent dans ses rêves sont plus que cela.
Et tant pis si revenir à la réalité n'est ensuite que plus douloureux.
XxX
Kanon tient un livre entre ses doigts et lit sans grande concentration. Kanon lit pourtant l'espagnol aussi bien que le grecque ou l'anglais mais il n'arrive pas à fixer son esprit sur les mots encrés dans les pages. Il est ailleurs, perdu dans les souvenirs d'une vie qu'il n'a pas vécu.
Au bout d'une heure, il finit par laisser le livre tomber entre ses jambes croisées.
Il s'allonge dans le canapé, croise ses bras derrière sa nuque et se concentre sur sa respiration. C'est ce qu'il fait à chaque fois qu'il essaie de se rappeler que ce qu'il croit être vrai ne l'est pas. Que les seules choses réelles sont le vieux canapé sur lequel il est couché, les dalles de marbre qui lentement s'effritent et le désintérêt grandissant de Saga à son égard.
Inspirer et expirer. C'est simple, rien qu'une action mécanique.
Inspirer et expirer. Et garder les yeux grands ouverts.
Inspirer et expirer. Surtout ne pas se laisser penser à de jolies rêves.
Inspirer et expirer. Et encore, jusqu'à que l'automne cède sa place à l'hiver.
Certains jours, c'est si douloureux que sa poitrine pourrait bien exploser. D'autres, l'apathie grignote ses entrailles avec toute la passion d'un désir jamais assouvie. Au final, c'est toujours désagréable.
Au loin, Kanon peut entendre Saga et Aioros discuter, vers l'entrée du temple des Gémeaux. Ils font ça de plus en plus souvent ; rentrer ensemble des terrains d'entraînement et rester à discuter plutôt que de se séparer. Kanon les suspecte même de se retrouver à la faveur de la nuit, les soirs où la lune est pleine, car Saga s'éclipse toujours ces soirs-là.
Agacé d'être témoin de cette complicité, Kanon se lève, ouvre la porte de sa chambre et, quand le vent se met à souffler, la claque violemment. Le bruit sec résonne entre les murs et les voix s'arrêtent un instant. Pour un instant seulement, car Saga commente distraitement sur une fenêtre restée ouverte avant de reprendre sa conversation.
Kanon serre les dents. C'est comme si son frère reconnaissait que Kanon n'était rien de plus important qu'une fenêtre négligemment oubliée.
Mais il ne peut rien faire. Le Grand Pope surveille les issus du Sanctuaire plus attentivement depuis sa dernière fugue, il ne pourra pas quitter le Sanctuaire. Et même s'il le faisait, où irait-il ?
N'importe où. N'importe où tant que c'est loin d'ici. N'importe où tant que Kanon pourra vivre au grand jour. N'importe où tant que Kanon pourra se présenter par son nom plutôt que par celui d'un autre. N'importe où tant qu'il inspirera autre chose que du dégoût ou de la pitié à ses pairs.
Non, en fait, pas n'importe où.
Il y a un endroit, caché sous les flots, qui pourrait l'accueillir. Un endroit où vivent des garçons tellement plus jeunes que lui et qui pourtant le connaissent et l'appellent par son nom.
Mais cet endroit n'existe que dans ses rêves et dans les souvenirs qui n'en sont pas.
Alors Kanon reste dans sa chambre, s'enroule dans sa couette et ferme les yeux aussi fort qu'il le peut.
XxX
"Tu as encore désobéi."
C'est ce que le Grand Pope a dit, la voix pleine de haine et de colère face à la dernière escapade de Kanon.
"Tu as encore agi comme si les règles n'avaient pas la moindre importance à tes yeux."
Sa voix n'est pas montée d'un ton, est demeurée parfaitement calme et à pourtant suffit à glacer le sang dans les veines de Kanon.
Il l'a traîné dans sa chambre -sa cellule- et l'y a enfermé.
"La prochaine fois que tu me désobéiras, je te le ferais regretter."
Kanon a été certain, aussi certain qu'il peut l'être que Saga finira par l'oublier, que ce jour finira par arriver. Et à sa façon de parler, le Grand Pope le savait aussi.
"La prochaine fois…"
La voix sourde malgré son calme. Et le ton froid malgré la chaleur du printemps. Et les mots si lourds malgré leur silence.
"... Tu le regretteras."
Et Kanon a su, à cet instant précis, qu'il n'y aurait jamais de place pour lui au Sanctuaire.
XxX
La mer est belle quand vient l'été. Son eau brille sous les rayons du soleil et se réchauffe au rythme lent de l'ascension de l'astre. Ses poissons foisonnent et, lorsqu'il est assez chanceux, Kanon parvient à voir au loin le souffle d'une baleine.
Elle est magnifique comme ça, aux dernières heures du crépuscule. Elle paraît plus féérique que jamais alors que sa surface est striée de couleurs orangées. Au loin, Kanon ne parvient pas à la séparer de la ligne d'horizon.
Assis sur un banc de sable, les bras croisés sur ses genoux remontés, il se laisse aller à l'admirer, presque sans oser cligner des yeux.
Lorsque la nuit s'installera, il repartira par les mêmes voies dérobées qu'à l'aller. Il se fondra dans l'ombre, disparaîtra dans l'obscurité. Et quand il rentrera dans sa chambre, il remarquera que celle de Saga est vide, comme chaque soir de pleine lune.
Pour l'heure, cependant, Kanon peut encore profiter du paysage qui n'appartient qu'à lui. Il doute que quiconque au Sanctuaire prenne la peine de venir voir la mer et les merveilles qui y demeurent.
Ici, les gens ne pensent qu'à se battre pour une déesse absente dans une guerre encore non déclarée.
Kanon ne veut pas de ça. Il ne veut pas mourir pour une déesse, pour des gens, qui ne lui ont jamais accordé ne serait-ce qu'un regard. S'il doit mourir pour une cause, il veut pouvoir la choisir. Il veut pouvoir dire avoir brûlé son cosmos de toute son âme pour ce but. Il veut mourir en ayant l'impression d'avoir été plus qu'une arme de remplacement.
Hélas, c'est la seule chose à laquelle il aura jamais droit.
Et si une présence l'attire quelque part là, sur la côte, il peut bien garder cela pour lui.
XxX
Kanon regarde Saga rentrer chez eux avec un sourire idiot aux lèvres. Son frère ne le remarque même pas alors qu'il fait route vers la cuisine pour se servir un chocolat chaud.
Kanon le suit et se plante dans l'encadrement de la porte.
"C'est Aioros, pas vrai ?"
Saga tourne la tête et son sourire disparaît. À la place, ses sourcils se froncent et il fait la moue.
"Non…"
Kanon lui lance un regard peu impressionné.
"Ouais, c'est ça."
Il ne dit rien de plus, se contente de fixer Saga. Ce dernier rougit alors furieusement et s'empresse d'ajouter.
"Ça n'a rien à voir avec ce que tu t'imagines ! C'est juste un ami !
-Un ami que tu fais passer avant tout le monde.
-Parce que c'est mon meilleur ami !
-Et que tu as ramené dans le salon pour le galocher."
Saga se fige et rougit davantage. Il tente de nier mais ne fait que bredouiller des bouts de phrases incohérentes. Kanon fronce encore plus les sourcils.
"T'embêtes pas, j'ai compris."
Et il tourne les talons pour aller s'échouer sur le canapé du salon, sur le côté usé par le temps qu'il y a passé. Saga ne le rejoint pas alors Kanon appuie sa tête contre le dossier et croise ses bras sur sa poitrine. Il ferme les yeux.
Aioros est en train de lui voler son frère. Insidieusement, comme une maladie trop grave pour être arrêtée ou, plutôt, trop douce pour qu'on en ai même l'envie. Parce qu'Aioros apporte à Saga ce qu'il a toujours souhaité : un égal avec qui il peut se montrer, un camarade dans toute sa force, une dose de bonne humeur à chaque jour qu'offre le monde et un soutien inébranlable.
Kanon ne peut pas lui apporter tout cela. Kanon ne peut être qu'une ombre qui sera à jamais derrière lui. Kanon ne peut devenir plus qu'un mirage qui s'efface quand on croit enfin en saisir les contours.
Il ne peut pas tout simplement parce qu'il n'en a pas le droit. La Grand Pope l'a interdit. Et maintenant, Aioros prend la place que Kanon a dû abandonner et bien plus encore.
Bientôt, Kanon sera seul dans le temple des Gémeaux. Bientôt, Kanon ne pourra plus se tourner vers son frère en quête de réconfort. Bientôt, il ne restera à Kanon que les images chatoyantes et les garçons heureux et fiers de ses rêves.
Et si une larme coule sur sa joue, personne n'en sera témoin.
XxX
Kanon sait que la force qui le tire vers la côte est la même qui lui fait voir tant de merveilles aussitôt ses yeux clos. Il sait que ce n'est pas normal, comme il sait que c'est dérisoire. Cette présence est comme son cosmos ; éternellement présente, sans le moindre danger pour lui, prêt à le prévenir d'éventuels dangers. Il se sent bien avec elle, comme envelopper dans une couverture chaude en plein hiver.
Il ne veut pas qu'elle s'en aille. Il ne veut pas qu'on la lui prenne. Il ne veut pas que le Grand Pope la fasse disparaître.
Alors il la tait, même à Saga. Parce que Saga ne craint pas assez le Grand Pope et lui dit parfois plus de choses qu'il ne serait raisonnable de faire. Dès que Kanon fugue, il court vers le treizième temple pour prévenir le Grand Pope que Kanon s'est enfui et, quelques heures plus tard, des chevaliers d'argent le traînent par son haut jusque devant lui pour être châtiés.
C'est toujours comme ça avec Saga. Il est trop innocent pour comprendre les risques des ses actions. Il ne comprendra jamais qu'il n'est qu'une arme pour ces gens. Une arme qui n'a de valeur que tant qu'elle est fidèle, obéissante.
Kanon voudrait un destin différent pour son frère mais il sait que c'est quelque chose qu'il ne peut lui offrir.
Alors Kanon se replie dans un coin de sa chambre, l'entièreté de la pièce dans son champ de vision et laisse danser les images qu'il souhaite voir réelles plus que tout l'envelopper.
Il imagine Kaça, assis face à lui et buvant ses paroles, ses yeux noirs brillants d'un éclat avides d'en apprendre davantage.
Il imagine Krishna, impassible alors qu'il médite, sans leur prêter la moindre attention.
Il imagine Baian, feignant de n'avoir rien à faire de ce que dit Kanon mais incapable de s'empêcher d'écouter.
Il imagine Io, les cheveux soigneusement coiffés, posant questions après questions, comme si ne pas savoir pourrait le tuer.
Il imagine Sorrento, sa flûte à la bouche, s'entraîner à performer une mélodie encore malhabile et maladroite.
Il imagine Isaak, le plus jeune de tous, qui apprend encore à se faire à la famille qu'il a trouvé auprès d'eux.
Et quand Kanon ferme les yeux, cette image d'une netteté impeccable imprimée dans son esprit, il peut se laisser aller à croire que les choses pourraient s'arranger pour lui. Car si ces garçons ont pu voir en lui quelque chose de suffisamment méritant pour accepter de rester avec lui, peut-être a-t-il la plus petite valeur. Peut-être que quelqu'un finira par donner un sens à sa vie.
En tout cas, c'est ce qu'il espère alors qu'il laisse son cosmos l'enlacer.
XxX
"Kanon ?"
Kanon relève la tête de son livre, vers Saga. Son frère est debout à côté de lui, juste en face du canapé. Il se tient le dos trop droit, les poings serrés le long de son corps.
Kanon hausse un sourcil.
"Hmm ?"
Saga déglutit et prend une profonde inspiration.
"Tu pourrais m'apprendre à faire ce que tu fais ? Tu sais, avec ton cosmos, quand tu le fais disparaître."
Kanon cligne des yeux, surpris, avant de corriger.
"C'est pas que je le fais disparaître, ce serait dangereux de faire ça. Je le fais juste (il hausse les épaules), tu sais, je me fond dans la masse."
Saga fronce les sourcils et Kanon comprend qu'il n'est pas assez clair.
"Ce que je veux dire, c'est qu'on peut remarquer un vide là où il devrait y avoir quelque chose. Mais on ne remarque pas quelque chose ou quelqu'un qui à l'air tout à fait à sa place. Tu vois ?"
Saga hoche la tête.
"Comme si on portait un costume ?
-Ouais, dans ce genre là ! Juste en un peu plus classe."
Kanon a glissé ses jambes sous ses cuisses et ses mains sur ses chevilles. Il s'en est passé des mois depuis la dernière fois que lui et Saga se sont entraînés ensemble et il doit résister pour ne pas laisser un grand sourire lui grignoter le visage. Cependant, il est curieux.
"Mais pourquoi tu me demandes ça maintenant ? Ça fait des années et ça ne t'avait jamais intéressé.
-Oh, c'est un pari qu'on a fait avec Aioros : celui qui apprend la technique la plus impressionnante à l'autre gagne le droit de lui demander de faire n'importe quoi pendant une journée !"
Et Saga annonce ça avec un grand sourire alors que Kanon lutte pour que sa déception ne se montre pas sur son visage. Alors même ce que Kanon a à offrir n'a de valeur qu'à partir du moment où cela peut toucher Aioros ? C'est tout ce que Kanon représente pour son frère ?
Alors c'est la boule au ventre que Kanon apprend son plus vieux tour à son frère. Lorsque Saga finit par le maîtriser, Kanon a comme une envie de vomir.
XxX
Kanon est seul, solitaire face à la houle qui ballote son corps. Une tempête est proche, suffisamment pour secouer la mer de sa fureur et pour pousser hommes et femmes à s'enfermer chez eux. Trop proche, diraient certains.
Kanon s'en moque. Il compte partir du Sanctuaire, ce soir. Il a dit à Saga qu'il avait besoin de temps pour lui avant qu'il ne parte voir Aioros, alors il ne devrait pas signaler son absence trop rapidement. Et avec la tempête qui approche, ses traces devraient être suffisamment couvertes pour lui laisser quelques jours d'avance. Non pas que ce soit assez, ce n'est jamais assez. Les chevaliers finissent toujours par le retrouver, le Grand Pope finit toujours par le punir.
Il ferme les yeux. Les chevaliers qui le pourchassent ne savent qui il est. Il pense avoir affaire à un apprenti récalcitrant, guère plus. Et Kanon ne se défend jamais, se laisse traîner jusqu'au Sanctuaire. Il a trop peur de ce qui pourrait arriver à Saga s'il se rebelle. Il a trop peur de ce qui lui arrivera si le Grand Pope doit venir le chercher en personne.
Cette fois-ci, il espère avoir le temps de gagner l'Asie.
Il ferme les yeux sous la pluie torrentielle et laisse son corps être emporté par les vagues.
Il finira rejeté sur la côte. Il finit toujours rejeté sur la côte.
Cependant, alors que la mer se déchaîne de plus en plus fort, il sent la présence au fond de lui commencer à s'agiter.
En ouvrant les yeux, Kanon remarque qu'il n'est pas loin du Cap Sounion : la prison des traîtres. Le Grand Pope a dit qu'il terminerait sa vie là s'il continuait à désobéir.
En déglutissant sifflement, Kanon commence à nager vers les marches qui lui permettront de remonter la falaise. Alors qu'il les atteint et se hisse sur la première qui soit émergé, son cosmos se met à vibrer.
Il tourne la tête vers la prison. C'est de là que vient cette sensation.
Il n'y a rien. Il le voit.
Pourtant, il se sent irrésistiblement attirer. Ses pas le rapprochent des barreaux, jusqu'à se tenir juste devant, immergé jusqu'aux hanches.
Il y a quelque chose. La présence en lui le crie de toute son âme, son cosmos est attiré par le fin filet d'une chose qu'il ne parvient pas à saisir. Et malgré tout son bon sens et tout son instinct, Kanon pénètre dans la prison.
Il s'y retrouve enfermé sans vraiment s'en rendre compte, poussé vers le fond par les vagues. Il pose ensuite ses mains sur la paroi.
C'est là qu'il le sens.
C'est comme une ébauche de cosmos, un grain d'énergie que même le Grand Pope n'aurait pas remarqué à moins d'être aussi près, un rien vacillant qui pourrait s'éteindre à tout instant.
Et Kanon sait, sait comme il sait les moindres détails de son cosmos, sait comme il sait que Baian adore les sucreries, sait comme il sait que la surface ne lui offrira jamais la place qu'il mérite, que ce cosmos appartient à Poséidon. Il sait que le Dieu est enfermé dans une urne, confiné par un sceau faiblissant. Il sait qu'ouvrir cette urne lui offrira tout ce qu'il a toujours désiré. Il sait que les garçons de ses rêves seront là. Il sait qu'il n'a qu'à faire une action d'une simplicité enfantine.
Alors, avec juste à la force de ses poings, Kanon fait tomber la paroi de pierre.
Dans la pièce ainsi révélée, il s'avance dans un état second. Il s'accroupit face à l'urne. Il tend sa main droite et, dans un éclat de cosmos, arrache le sceau.
Une lumière puissamment aveuglante engloutit tout et Kanon sait que plus rien ne sera comme avant.
