Hey !
On avance, doucement, doucement… Mais des points clefs pour la suite des évènements qui se profile au tournant sont là…
On y est presque…
Désolée pour ces temps d'attentes, je n'ai vraiment aucun temps pour moi depuis des lustres, je profite de chaque seconde mais elles sont rares.
Ce chapitre est assez long, j'espère ^^
La bise !
Bonne lecture ~
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Chapitre 58
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C'est le même soleil qui se lève encore en encore sur la Cité et certains jours, je le vis comme un miracle. Parfois, le simple fait d'être toujours en vie m'étreint comme un crise d'angoisse. C'est quoi mon problème, sérieux ?
Mon pied frappe le bitume avec une peu trop de force, élançant mon skate à vive allure dans le Quartier Nord-Est. Il y a plus de monde ici que dans mon Quartier d'origine, je suis souvent obligée de me souvenir que je ne suis pas seule sur la route pour éviter un accident.
Je n'avais pas réalisé à quel point ce Quartier était bien entretenu avant d'y vivre avec Bonney. Enfin, en surface seulement. Certes il y a ici des lampadaires qui fonctionnent et des routes sans nids de poules tous les trois mètres, mais bon, il y a aussi des fusillades une fois par semaine donc bon…
L'appartement de Bonney est quand même une perle : il fait partie des bâtiments neufs, construits il y a moins de dix ans. Ils sont tous très luxueux et avec un isolation parfaite. Ça me change…
Je ne lui ai jamais demandé comment elle peut avoir un train de vie aussi riche : elle a un appartement immense et cher, elle mange ce qu'elle veut quand elle veut, elle offre à Lamy des cadeaux coûteux, elle a une voiture décapotable qui ronronne comme un tigre, le dernier téléphone sorti… J'aurai bien mis ça sur le compte de son ancien travail de chasseuse de prime, mais même depuis qu'elle est dans la Brigade, elle vit la belle vie sans aucun changement alors que la paie ne doit pas être transcendante pour une nouvelle recrue. Allez comprendre…
Et puis la vie ici est quand même plus cher. Plus de magasins d'enseignes, moins de petites boutiques indépendantes, et il n'y a qu'un seul maraicher. C'est devenu mon refuge lorsque je fais des courses. J'ai appris à cuisiner sans aliments transformés venant du continents, je préfère tout faire moi alors sa boutique est ma préférée. Et le proprio l'a bien compris.
- J'ai entendu un skate, j'étais sûr que c'était toi, rit-il lorsque j'arrête ma course devant lui, adossé à sa devanture avec un sourire. Salut Cara.
- Salut Joe.
Le maraicher est un jeune homme avec qui j'ai rapidement sympathisé. Il est comme un intru dans ce Quartier tout propre et tiré à quatre épingles. Il a toujours de la terre sur son pantalon, les cheveux longs et lâches malgré ses frisotis, un chapeau qui a connu des jours meilleurs et ce regard intrigant. Comme s'il n'était pas vraiment là, parfois un peu trop concentré et sur autre chose que ses tomates. Je l'aime bien.
- C'est quoi le menu du jour ? demande-t-il en s'étirant. J'ai des courges de plus d'un kilo que j'ai ramassé ce matin si tu veux. Et mes endives sont fraiches.
Je parcours du regard ses étalages, imaginant tout ce que je pourrais faire avec tout ça…
- Ma coloc n'est pas trop carotte… je vais te prendre une courge… en gratins ça sera parfait.
- Ça tombe bien, j'ai aussi du fromage d'une ferme du Quartier Sud-Est qui est arrivé ce matin pour aller avec.
- Ça me plaît. Je te prends le tout. Avec les fameuses endives s'il te plaît.
- Je te fais ça, affirme-t-il en attrapant mon sac pour le remplir. Comment ça va le lycée ?
Je hausse les épaules.
- J'ai hâte que ça se termine, j'avoue. C'est assez ennuyeux et en plus, les élèves ici sont trop sérieux. Je m'ennuie.
- Ah, je comprends, j'ai grandi au Nord-Ouest aussi. C'était plus fun. Tiens, ton sac. Je t'ai mis des branches d'épinard avec. Merci pour ta fidélité.
Je le remercie et le paie, attrapant mon sac et les fameuses branches enroulées dans une page de papier journal à part. Il me salut et je repars sur mon skate, serrant mon écharpe pour éviter d'attraper froid.
Une chance que mon nouvel uniforme soit si épais, ça aurait été un coup à chopper la cerise ces grands courants d'air en sortant de mes classes bien chauffées.
Ce lycée est sympa… plus moderne, les bureaux sont propres et neufs, les chaises confortables et la ventilation est parfaite. Mais qu'est-ce que je m'ennuie. Autant mon ancien lycée était parfois un peu miteux, parfois raccommodé avec de la ficelle… mais je n'aurai jamais cru que j'aimais ce cachet usé et chaleureux.
Ici, tout est froid et impersonnel. Ou alors peut-être juste que je me cherche des excuses pour ne pas aimer les lieux. Après tout, j'y déambule comme un fantôme, sans vraiment chercher à m'y intégrer. J'étais dans un état second en y arrivant, les autres élèves ont bien vite abandonnés l'idée de sympathiser avec moi et je m'en contente parfaitement.
Je me contente d'être là, de suivre les cours, de travailler. Le tout sans faire de vague. Un vrai fantôme. Je ne connais même pas le nom du délégué de ma classe, ni d'aucun autre élève. Je n'avais non plus aucune envie de faire du parascolaire…
Je n'ai même plus l'impression d'aller encore au lycée. L'uniforme me colle à la peau mais il est d'un inconfort pas possible, définitivement pas taillé pour moi. Il encombre mes mouvements, la jupe m'enserre et la chemise entrave mes épaules.
J'ai juste hâte de pouvoir aller à l'université. Quelque part, ça sera un tel soulagement. Un chapitre de ma vie que j'aurais choisi. Enfin.
Encore faut-il que je sois prise, hein. Ça aussi, je préfère ne pas y penser trop vite, je n'ai pas vraiment d'option B si je me suis manquée…
A rêvasser comme ça, je n'ai pas réalisé que je déviais de ma route… mais je suis où ?
… comment mon skate, ce traitre, m'a amené jusqu'en haut de la falaise au juste ?
Je cligne des yeux, sortant de ma transe pour admirer le paysage. On n'a pas eu de neige cette année, une tempête tropicale ayant écartée toute possibilité d'une température inférieure à zéro quelques semaines plus tôt. Mais bon, il fait bien froid quand même.
Bah, tant que je suis là… j'ai encore le temps avant de commencer à cuisiner et je n'ai aucun devoir. Autant en profiter. Je prends mon skate sous le bras pour longer le bord de la falaise jusqu'à une place familière.
Et je m'y assois, les jambes dans le vide.
C'était quand la dernière fois que je suis venu ici ? Une éternité.
Ils ont planté de nouveaux arbres, taillés les vieux, changer des chainons rouillés… Mais ça reste un petit coin de paradis sympa. Bon…
Je m'accoude à la barrière, menton posé sur mes bras et je laisse le vent emporter mes humeurs. J'ouvre grand mes poumons. Je détends mes épaules…
Peut-être que la solitude que je ressens ici et maintenant… est en réalité une sorte de calme ? Je suis seule mais le silence ne peut pas me faire de mal, une fois de temps en temps.
« Prendre du recul », hein ? Je ne suis jamais vraiment seule. Jamais longtemps. Je devrais apprendre à apprécier ce genre de moment. Où « l'absence » n'a pas a être vécu comme quelque chose de négatif. Ce vide… ce vide n'a pas forcément besoin d'être remplie. Je ne suis pas que ce que les autres font de moi.
En tous cas, j'essaie de m'en persuadée.
Ce vide, c'est peut-être jusque quelque chose que je me suis créais parce que c'est plus facile d'être avec les autres que de juste être… moi-même.
Seule.
Est-ce que je sais vraiment qui je suis, quand je suis seule ?
… Miséricorde, je me perds trop loin. Ma psy serait fière, mais j'ai l'impression désagréable de sortir d'un rêve un peu sombre lorsque je cligne des yeux pour revenir à la réalité…
Et juste apprécier le vent, à nouveau. Juste ça, le vent.
J'ai juste hâte que tout se termine, enfin.
Et que tout commence, après ça.
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Mon cœur bat la chamade.
Impossible de me calmer.
J'ai rangé la cuisine, fait le ménage de fond en comble (littéralement), j'ai préparé suffisamment de plats pour toute la semaine, j'ai même vérifié la pharmacie de Bonney dans les règles de l'art, comme Law me l'a apprit.
Et maintenant je tourne. Impossible de me concentrer.
Ça y est, je craque.
J'attrape mon téléphone et j'appelle Ace qui décroche à la première sonnerie.
- T'es dans quel état ? me demande-t-il d'une voix amusée.
- Je suis au bout de ma vie, je murmure, fébrile.
Il rit, le sagouin.
- J'étais sûr qu'tu craquerais.
- Dix-sept heures ! je m'écris avec exaspération. Pourquoi donner des résultats de concours si tard ? Pourquoi pas à huit heures ?
- Pour éviter qu'tu fasses une nuit blanche d'angoisse ?
- Et bien c'est râpé, j'ai fait une nuit blanche et maintenant je suis en train de me décomposer…
- Si seul'ment j'étais pas coincé dans ce lit à l'hôpital le plus strict de l'Île, je s'rais avec toi.
Miséricorde, j'en aurait rêvé d'être avec Ace devant ces foutus panneaux blancs.
- T'en a encore pour combien de temps ? je demande en m'asseyant enfin.
- Les médecins savent pas. Pour eux, j'guéris très vite, mais mon cœur doit être surveillé jusqu'à rétablissement complet. Eh, au lieu de parler d'trucs déprimants, et si tu passais par ici ?
Les visites auraient été interdites aux soins intensifs, mais depuis qu'il est en service de cardiologie…
- Je ne voudrais pas-
- Sabo et Koala sont chez les Kokoyashi, allez viens, j'm'ennuie…
J'ai un sourire attendri devant sa petite voix de chaton triste…
- Laisse moi prendre ma planche et prévenir ma colloc', je suis là dans une demi-heure.
- Yeay ! Okay j't'attends !
Et il raccroche avant que je n'ai le temps de changer d'avis.
Bon ben… direction le Quartier Sud alors.
Ma planche, un sms à Bonney, un arrêt dans une épicerie pour acheter les pommes les plus rouges que je peux trouver et me voilà à toquer à la porte de sa chambre pour rentrer en brandissant le sachet comme celui de la victoire.
Ace m'accueille en imitant ma pose et se jette sur un fruit avant même que je n'ai pu m'assoir sur son lit, en tailleur en face de lui.
- Ma sauveuse, savoure-t-il la bouche pleine et des étoiles plein les yeux. J'rêvais de fruits frais depuis deux jours. Ceux d'ici sont toujours trop mûrs…
Je m'installe en le regardant dévorer son trésor. Il va… vraiment bien.
Il a un holter cardiaque en permanence sous sa chemise ouverte malgré le mois de février. Mais les perfusions ont disparu, c'est déjà ça. Il a une cicatrice… immense. Je n'ai pas d'autre mot. Elle n'est pas écœurante ou impressionnante. Juste… immense. Toute sa poitrine est comme éclatée de l'intérieure.
Mon regard doit s'égarer une minute de trop car il me flanque soudain une pichenette sur le front en refermant légèrement son vêtement. Pas de reproche dans ses yeux, juste… Ace.
- T'as interdiction absolue de culpabiliser.
Touchée. J'ai un pauvre sourire d'excuse.
- Dis-moi plutôt comment s'passe ta cohabitation avec… comment Garp l'a appelé ? La Gloutonne ?
- C'est vrai qu'elle mange, je prépare toujours à manger pour quatre, et parfois il m'en reste même un peu. Désolée Ace, j'ai trouvé pire que toi. Et elle joue au Jenga. Je n'ai jamais vu quelqu'un penché aussi longtemps sur une tour de petits trucs en bois. Elle dit que ça la détend de tout casser une fois à cours de trucs à empiler. Elle est pas nette, j'ajoute pour plaisanter et il rit.
J'aurais dû prendre un jeu de carte. Mais Ace pense comme moi et sort de sa table de nuit un paquet. J'ai un sourire appréciateur et il bat les cartes en les distribuant d'une main experte.
- Raconte-moi d'autres trucs. J'ai l'impression qu'on n's'est pas vu depuis des semaines…
- Seulement deux.
- « Seulement » ? s'offusque-t-il. Je te manque pas plus qu'ça ?
- Atrocement, je lui avoue dans un soupire.
Mais Sabo et Koala passent quasiment tous les jours et ce n'est pas forcément arrangeant avec mes nouveaux horaires de cours, à l'autre bout de la ville. Pour compenser, je l'ai au téléphone presque tous les jours. Voire plusieurs fois par jour selon son humeur.
- Les cours sont bien calmes sans personne pour faire exploser quoi que ce soit en chimie.
Ma plaisanterie l'amuse et me distrait assez pour qu'il gagne notre première manche.
- J'rêve de retourner en cours… et n'fais pas cette tête, oui j'pense vraiment ce que j'dis. La routine ici va m'tuer plus facilement qu'un 4x4.
- La Direction du Lycée t'a dit quelque chose ? Pour ton diplôme ?
- Boarf, j'en ai rien à faire, assure-t-il en haussant les épaules. Kidd se fiche pas mal de savoir si j'ai un diplôme ou non. Mais j'devrais être rétabli pour la semaine d'examen finale et Sabo se fait un devoir de m'transmettre tous les cours que j'rate.
Il désigne du pouce une pile de classeur et abat une autre carte, gagnant une nouvelle manche.
- Bref. Rien d'neuf. Tu as fait quoi d'beau dernièrement ? Des choses dont tu peux parler ?
J'hésite en regardant mon jeu…
- Ils cherchaient ta tante y'a pas longtemps.
Il interrompt son geste, surprit.
- Ruby ?
- Ouais. Et ils ont fait chou blanc.
Il se renfrogne un peu. Je hausse les épaules, pas plus emballée que lui.
- Comment vont Sabo et Koala ?
Que je demande de ma voix la plus légère. Qui ne bluff pas une seconde Ace.
- Comme d'hab'. Sabo a eu un beau succès avec son premier roman.
Il désigne à nouveau sa table basse où le roman en question trône, un marque page bien avancé dans le récit. Je souris. Je l'ai évidemment acheté aussi, directement à Ivankov un jour où je passais devant le NewKamaLand. Et j'en ai offert une copie à Brook. Même Bonney a fini par m'emprunter le livre mais ne l'a pas encore terminé. Je soupçonne Lamy de le lire à sa place.
- Et Koala a emménagé chez les Kokoyashi.
Oh.
Je me reprends en remontant ma main pour qu'il ne voit pas mes cartes (il gagne suffisamment comme ça).
Ça me fait quand même un peu bizarre. Notre appartement… n'est l'appartement de plus personne. On y a habité si longtemps… C'est désormais une coquille vide et inconnue. Une page tournée. Ça me laisse un drôle de goût en bouche.
Perdue dans mes pensées moroses, je remarque soudain le regard plein de peine d'Ace. Je lui souris pour le rassurer.
- C'est mieux comme ça.
Pour tout le monde. Il ne reprend pas la parole tout de suite.
- Dis, tu crois que j'pourrais passer ? Chez ta colloc' et toi ?
Je hoche la tête.
- Mais il va juste falloir me passer un petit coup de fil avant de débarquer dorénavant. Elle est en couple, et elles vont et viennent un peu aléatoirement.
Et il vaut mieux éviter qu'Ace rencontre Lamy. A son nom, il reconnaitrait tout de suite la sœur de Law, et même s'il a toute ma confiance pour garder un secret, ce n'est pas quelque chose que je peux prendre sur moi d'ébruiter.
Il acquiesce… et abat sa dernière carte, gagnant à nouveau.
- Mais c'est pas possible ! je m'insurge. J'avais la main, comment tu fais pour toujours gagner ?
Il se contente de saisir son ace de pique vainqueur et de l'embrasser avec un clin d'œil.
Ah il veut la jouer comme ça ? Je lui fais signe de distribuer à nouveau et cette fois, je compte bien le mettre KO.
On est tellement absorbé par notre partie, que l'on sursaute tous les deux lorsque l'on tape à la porte.
- Qui est-ce ? demande Ace alors que mon cœur fait un drôle de saut périlleux.
- Le taxi, affirme la voix de Bonney et j'ai un soupir de soulagement pendant que mon partenaire de jeu lui dit d'entrer.
Elle débarque, ses bottines claquant sur le lino à chacun de ses pas. Ça me fait toujours quelque chose de la voir sans sa tenue débraillée mais en jean et chemisier, depuis qu'elle travaille à la Brigade. Elle fait quand même plus pro. Ça lui va bien. Elle a son arme à la ceinture, son badge de l'autre côté et sa dégaine habituelle.
Elle envoie à Ace une canette qu'il attrape adroitement.
- Jus de poire au piment ! s'exclame-t-il. Merci !
- De rien, y'en a dans le distributeur du commissariat, j'ai remarqué ça avant de partir.
Ils n'ont beau ne s'être croisés que quatre ou cinq fois depuis l'accident, Ace et elle se sont immédiatement entendus. Je n'en attendais pas moins de leur part. Elle me jette un coup de menton.
- J'ai terminé plus tôt, affirme-t-elle. On sera pile à l'heure. Quand tu veux.
- Juste une seconde…
Je pose une carte… puis une deuxième… et finalement mon atout. Et je gagne sous le rire d'Ace.
- Bien joué ! Bonne carte !
Je me saisis de mon ace de cœur victorieux et l'embrasse à mon tour. Il range notre jeu et m'étreint dans une de ses accolades puissantes avant de nous laisser partir.
Bonney démarre et je soupire.
- Merci Bonney.
- Toujours un plaisir, affirme-t-elle.
- Ça fait un moment que j'y réfléchis, j'ose enfin lui dire. Je pense que je vais utiliser mes dernières réserves d'argent pour passer le permis de conduire.
Surprise, elle me jette un regard en coin.
- Tu es sûre de toi ? Tu n'as plus de travail, tu devrais peut-être le garder pour autre chose, des vacances ou je ne sais quoi.
Mais je secoue la tête.
- Tu ne me fais même pas payer de loyer et j'arrive à peine à suivre nos frais. Je voudrais éviter que tu perdes encore plus de temps et d'argent à chaque fois que je dois bouger à droite à gauche. Et avec une voiture, je pourrais peut-être envisager un nouveau travail.
Elle acquiesce, comprenant.
- Tu sais que de toute façon, il est hors de question que tu paies quoi que ce soit à la maison. Alors si ça te rassure…
Bonney refuse catégoriquement que je lui verse un loyer. Elle est propriétaire de son appartement et affirme avoir suffisamment pour loger quatre personnes. Elle m'a assuré que c'était la moindre des choses après mon aide précieuse.
Mais dès que j'arriverai à concilier le temps de travail à l'université et un job, je compte bien participer plus activement à nos frais, quoi qu'elle en dise.
Enfin, pour ça, il faudrait déjà que je sois prise…
Et mon cœur repart de plus belle lorsque nous arrivons vers l'université, où sont les panneaux d'affichage des résultats.
- Respire, ricane Bonney. Tu as tellement bossé pour ce concours, c'est certain que tu l'as.
- Facile à dire, mademoiselle major de promo !
Il n'y a pas beaucoup d'étudiants… mais je me faufile comme je peux entre eux jusqu'à la liste… elle est courte. Et-
Je suis troisième !
J'ai une inspiration de bonheur. Je lis, relis, re-relis mon nom et mon rang, le gravant dans ma mémoire.
Quel soulagement !
Je fais le chemin inverse, me retenant à deux mains de courir vers Bonney qui m'attends, adossée à sa voiture avec un sourire moqueur. Elle lève les yeux au ciel devant mon attitude.
- Alors ?
- Je suis prise ! Troisième !
- Quelle surprise, ironise-t-elle. Félicitation sale gosse. Maintenant, appelle ton Ace là qui doit se ronger les sangs pour toi. Ce soir, c'est restau', et c'est pour moi.
Je m'exécute avec plaisir. Il est aussi heureux que moi et me félicite à grands cris jusqu'à ce qu'une infirmière lui assène l'ordre de se taire encore plus fort que lui. Je préviens aussi Rayleigh, Garp, Law, Smoker et Hina.
Je suis prise à l'Université…
A la fenêtre de la voiture, je ferme les yeux une seconde, inspirant l'air froid de la Cité brûlant mes bronches.
Pendant encore un instant, hier et demain m'importe peu. Je me contente de vivre aujourd'hui.
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Bonney fulmine pendant que je sers le thé à tous nos invités.
- Et sinon, commence-t-elle en croisant les bras, je peux savoir pourquoi on est encore chez moi ?
- Pour la même raison que la dernière fois, lui répond simplement Garp en acceptant la tasse que je lui tends.
Viola ne se lasse pas de leurs joutes verbales, dégustant sa boisson sans se départir de son sourire.
Smoker et Hina semblent avoir abandonnés toute idée de la calmer. Les pauvres, ils doivent aussi la voir régulièrement à la Brigade. On dirait qu'ils commencent à prendre le pli. Smoker finit même par lui tendre une cigarette et Hina lui allume avant de faire flamber les leurs. Au moins, ils ont trouvé un truc ou deux pour la canaliser.
Law se contente de soupirer, sans même chercher à commenter. Il croise les jambes, me laissant une place pour que je m'installe tranquillement à côté de lui.
Cette fois, personne ne demande pourquoi je continue à être là et c'est assez appréciable. Pour peu, je me sentirais presque légitime !
J'y ai même réfléchie longuement. A entrer à l'école de Police. L'état de mon cœur, trop faible et ma vue vacillante m'ont éliminé d'entrée de jeu. Mais… j'aurais aimé je pense… entrer dans la Brigade…
A défaut d'un jour pouvoir agir pour de vrai, ma petite participation dans l'ombre me plait bien.
- On ne va pas en avoir pour longtemps, la rassure Garp. Mais je préfère juste que l'on se voit en vrai encore une fois, plutôt que de passer par le Système. Trop long. Law, s'il te plait.
Law se redresse, ce soir c'est lui qui présente.
- On n'aura pas eu les infos que l'on cherchait au Bal, mais on aura eu mieux.
- Et Vergo n'a pas lâché un mot depuis qu'il est incarcéré, signale Garp au passage.
- En revanche, il a nous aura trouvé un autre moyen d'atteindre Doffy. Comme on en discutait l'autre soir, il ne se mouillerait jamais et aucun chef d'accusation ne tiendrait face au Gouvernement à cause de son rang. Au pire, il perdrait juste un peu d'argent au passage. Mais s'il apprend que son frère et vivant et peut potentiellement nous transmettre des informations ou des preuves sur d'autres crimes, il voudra s'en débarrasser au plus vite. Ils ont le même rang, le Gouvernemant ne pourrait ignorer un Don Quixote qui travaille pour la Brigade. Et maintenant que son assassin est hors-jeu, il n'aura personne d'autre à qui confier une tache aussi importante.
Smoker secoue la tête.
- Et donc, c'est quoi le plan ?
- Lui donner un nom, une adresse, le persuader que son frère est là-bas, conscient, et le cueillir pour tentative de meurtre au premier degré.
Hina fronce un peu les sourcils.
- Ça semble… simple.
- Je serais tentée de dire « trop simple », même, ajoute Viola. Mais essayer de le faire tomber pour quelque chose de plus complexe nous prendrait encore dix ans.
Garp lève la main pour couper court aux discussions.
- Inutile de chercher plus loin, comme l'a signalé Viola, on a déjà perdu trop d'année à jouer au chat et la sourie. Maintenant, Vergo nous a offert une excuse en béton pour le boucler. Quoi de plus efficace qu'une tentative de meurtre ?
- Ça risque de ne pas être assez, soupire Hina.
- Mais ça sera suffisant pour que sans lui aux commandes, le reste soit entièrement démantelé, affirme Garp avec force. On vise la tête pour faire tomber le reste en même temps. Sans Doffy, il sera d'une facilité plus qu'enfantine pour intervenir sur tous les fronts en même temps sans leur laisser le temps de se prévenir les uns les autres. Un coup en gros. Et sur eux, on en a des choses. Même si dans le pire des cas, Doffy s'en sort qu'avec une peine de prison assez courte, il ressortira sans rien, sans soutient et sans son équipe. Il pourra tirer toutes les ficelles qu'il voudra, il ne pourra jamais remonter sa mafia comme elle est aujoud'hui et s'il essai, nous serons là.
Son discours est efficace. Personne ne bronche. Après tout, ça fait longtemps qu'ils envisageaient tous cette version de la fin de Doffy.
- Et comment on implique Cora ? demande Hina. Le pauvre est toujours dans un coma dont il ne se réveillera jamais dans une clinique psychiatrique.
- Mais toujours vivant, soulève Law. Face à n'importe qui d'autre, Doffy comprendrait le piège et ne tomberait jamais dedans. Mais face au vrai Rossinante, il prendrait le risque.
Smoker se renfrogne.
- Juste quand je me disais que rien de pire ne pouvait arriver à Cora…
- Cora reste un agent de la Brigade, soulève Viola. Rien ne lui ferait plus plaisir que d'aider à arrêter son frère, même dans son état.
J'observe les échanges sans un mot. Personne n'a réellement envie d'impliquer leur collègue et ami déjà proche de la mort. Mais personne ne peut vraiment se convaincre que ce n'est pas leur seule option.
- Et comment on fait ?
- Il faut que Doffy apprenne par une source sûre qu'il s'agit bien de son frère.
- Une source sûre, répète Law. Ça risque d'être compliqué. Si on ne peut pas compter sur Vergo…
- Hors de question que ce soit toi ou Viola, intervient Garp avant que l'un d'eux n'ai eu le temps d'évoquer cette possibilité. Il sait à quel point tu tenais à lui, Law, il pourrait se douter de quelque chose. Et Viola, tu as trop à perdre s'il devait te soupçonner.
Ils échangent un regard sans répondre.
Mais personne ne renchérit. Ils sont dans une impasse.
- Si je résume, j'interviens d'une petite voix. Il vous faut quelqu'un proche de mafia sans être proche de la Brigade, ou une personne de confiance ou une personne dont la parole sera crue. Et donc aucun d'entre vous.
Garp réfléchie une seconde.
- C'est bien résumé.
J'hésite. Est-il possible que… ça pourrait marcher… non ? Garp ne peut pas évoquer l'idée devant eux mais moi…
- Il se pourrait… que je connaisse la personne parfaite pour ça.
Tout le monde se tourne vers moi, surpris, et je regrette un peu d'avoir parlé avant de réfléchir à tout ce que mon idée peut impliquer. Mais il faut que je parle à Garp en privé.
- Tu me la refais ? Tu connais qui ? demande Bonney.
- Mais c'est pas possible, soupire Smoker, il y a un moment où tu ne te retrouves pas impliquée dans un truc dangereux toi ? On te sort d'une emmerde, tu trouves le moyen de retomber dans une autre.
- Shanks, Barbe-Blanche, Dofflamingo, la Brigade, Teach, le Bartigo… énumère Garp dans un soupire. C'est bon, on a fait le tour ?
Je lève les yeux au ciel.
- Blague à part, reprend Hina. Comment tu peux connaitre quelqu'un de la mafia ? En dehors de ces deux-là ?
Je grimace.
- Je… je ne peux pas le dire.
Ils froncent les sourcils, de plus en plus méfiant. Seul Garp ne pipe pas mot et je pris pour que l'on pense à la même personne. Law darde sur moi un regard inquiet.
- Cara ?
Je détourne le regard. Je ne serais pas capable de jouer longtemps face à ces yeux.
- Laissez moi demander à cette personne si elle est d'accord pour jouer le jeu. Je vous promets que rien de confidentiel ne sera dit. Et si ce n'est pas possible, vous trouverez une meilleure option.
Ils échangent un regard.
- Très bien, de toute façon, la séance est finie, décrète Garp. On n'a pas d'autre solution pour le moment, essaie donc la tienne Cara et tiens-moi au courant.
Smoker et Hina se lèvent les premiers, me saluant avec un air concerné avant de partir. Viola se contente d'un sourire et quitte à son tour l'appartement. Garp a abandonné bien vite… je me demande s'il n'avait pas déjà tout manigancé de son côté pour que je sois celle qui donne l'idée, le dédouanant de toutes explications. Cela expliquerait pourquoi il a tenu cette réunion un jour où j'étais justement à l'appartement…
- Tu n'es pas du genre à nous faire ce genre de cachoterie, dit Bonney. Pas à moi. Alors pourquoi tu ne veux pas partager ton secret ?
- Justement parce que ce n'est pas mon secret, je lui offre dans une grimace. J'ai juste… fait un rapprochement malencontreux. Le hasard. Mais je n'ai pas le droit d'en parler. Cette personne… c'est une personne de confiance.
Ça semble lui convenir. Beaucoup moins à Law. Mais Garp finit par couper court à la conversation avant qu'un mot malencontreux ne m'échappe ou que l'on échange un regard qui nous trahirait.
- Bien, fais comme tu le sens. Tu nous as déjà démontré que tu savais ce que tu faisais. Je te laisse le bénéfice du doute. Tiens-moi au courant.
Il quitte à son tour notre chez nous. Seul reste Law, un peu trop silencieux à mon goût.
- Pourquoi je sens que je rate un truc important ?
Je grimace.
- Je suis désolée. Cette fois, je ne peux vraiment pas dire un mot. Mais je suis certaine que vous aurez tous votre explication à un moment donné. Juste, pas de moi.
Il me fixe encore, immobile. Jusqu'à ce que Bonney lui assène un coup du plat de la main sur le crâne.
- Inutile de jouer les intimidants, râle-t-elle. Fais-lui un peu confiance, tu veux ?
- J'ai toute confiance en elle ! s'agace Law avant de se tourner vers moi. Mais tu t'es suffisamment mise en danger. Je m'inquiète juste de savoir dans quel coup tu as mis le nez.
- Aucun, je te promets. Au contraire, ça n'aura jamais été aussi facile, juré.
Il semble à peine rassuré. Alors je me lève et lui tire la main pour le forcer à se lever.
- Allez, du balai. Arrête de t'inquiéter pour moi, tu vas finir par te faire un ulcère. Retourne donc au travail, tu dois déjà être en retard.
Il a une moue désabusée. Puis devant la porte, passe une main dans ma tignasse.
- Prend soin de toi. Et viens manger chez moi mardi. Je nous ferais un veau aux olives.
- Je dois voir Ace mardi. Il sort de l'hôpital la veille.
- Alors venez tous les deux.
Je lui souris et le remercie. Il quitte enfin l'appartement en claquant la porte.
Bonney est déjà retournée à ses occupations.
Et moi, il faut que je passe un coup de téléphone à Lamy.
.
J'espère que vous voyez où je veux en venir, j'espère que c'est clair… et j'espère aussi que vous aurez quand même la surprise !
Je vous laisse à vos théories !
Merci à ceux qui sont encore là !
Tous vos retours sont toujours les bienvenus ~
Bonne continuation sur la suite et à bientôt ~
