Publié le samedi 22 octobre 2022.
CETTE HISTOIRE EST MAINTENANT DISPONIBLE EGALEMENT SUR WATTPAD, COMPTE EMRYS-CHRONIQUES
Disclaimer : Tout l'univers de Harry Potter appartient à JK Rowling.
Rating T : langage grossier, injures, violence
Hello tout le monde, ça faisait longtemps ! Désolée pour la longue période d'attente (en plus je vous avais laissé sur un bon petit cliffhanger oups), ce début d'année scolaire a été très chargé pour moi, je dois passer un concours important début avril donc je croule sous les révisions, le travail sur mon mémoire, les dossiers pour le master et les travaux pour mon stage. J'avoue que j'ai bien du mal à caser l'écriture dans tout ça mais ça avance quand même petit à petit.
Voici donc le nouveau chapitre, c'est sans conteste mon préféré parmi toux ceux que j'ai écrits depuis le début donc j'espère qu'il vous plaira également. Le prochain chapitre sera intitulé Bande de blaireaux, j'espère que ça vous intrigue haha. Il est en cours d'écriture, je verrai si je trouve un peu de temps pour le finaliser en novembre, sinon ça ne sera pas avant les vacances de Noël étant donné que j'ai des examens la moitié du mois de décembre.
Merci à tous pour vos reviews et vos ajouts en favori. Je vous souhaite une très bonne lecture, n'hésitez pas à aller écouter la chanson du chapitre également !
CHAPITRE.12 : Aubépine et menthe poivrée (Demons - Imagine Dragons)
- Malefoy... ?
- AVADA KEDAVRA !
Ce fut uniquement grâce à ses réflexes de joueuse de Quidditch que Valya évita de se prendre un sortilège de la Mort en pleine tête. Mue par un instinct primaire, elle s'était jetée au sol à la seconde même où les premières syllabes du maléfice avaient franchi les lèvres du blond. Mais elle n'était pas tirée d'affaire pour autant. Un nouveau trait de lumière verte se fracassa sur le rocher derrière lequel elle s'était abritée.
- Non mais t'es devenu dingue ! hurla la jeune fille. Qu'est-ce qui te prend ?!
Pour toute réponse, elle ne reçut que le sifflement funeste d'un autre Avada Kedavra. Drago s'avança vers sa cachette à grandes enjambées, la baguette brandie dans un geste menaçant.
- Malefoy arrête ça ! C'est pas drôle, merde !
Vraiment pas drôle, non. Il n'était pas en train de lui jouer un sale tour idiot ou d'essayer de lui faire peur. Il n'avait clairement aucune conscience de ses actes et si elle ne trouvait pas très vite une solution pour se tirer de là, elle n'avait aucun doute sur la façon dont tout ça allait finir. Il allait la tuer.
Valya s'accroupit pour aller se réfugier près d'un autre bloc de pierre, réfléchissant à toute vitesse. S'enfuir dans la forêt n'était pas une option, elle deviendrait une cible encore plus facile à courir dans le noir en lui tournant le dos. Ils étaient seuls au milieu de nulle part, appeler à l'aide ne servirait pas à grand-chose non plus. Et bien évidemment, comme partout ailleurs dans ce foutu monde magique, les portables ne fonctionnaient pas ici.
- Confringo !
La jeune blonde fit un bond en arrière, jurant entre ses dents. La chaleur de l'explosion lui brûla les sourcils alors qu'un cratère fumant se formait à l'endroit exact où elle se tenait juste quelques instants auparavant. Génial. Drago commençait à se lasser de jouer à cache-cache. Il paraissait prêt à tout pour la débusquer, quitte à faire sauter la moitié de la clairière. Elle se baissa de justesse pour échapper à une salve supplémentaire de mauvais sorts, avec la désagréable impression d'être un lapin dans un champ de tir. Mais rien ne pouvait arrêter un Avada Kedavra, à part esquiver il n'y avait pas grand chose à faire.
Le blond se mit à lancer des maléfices explosifs un peu partout, l'obligeant à faire une série de roulades et d'acrobaties qui auraient presque pu avoir l'air comiques si la situation n'avait pas été aussi dramatique. Il finit par réussir à la coincer contre le tronc du gros chêne et d'un mouvement du poignet, il fit léviter des bouts de bois et des débris de pierre.
- Oppugno ! cracha-t-il avec férocité en envoyant les projectiles dans sa direction.
- Putain, c'est pas possible, c'est un cauchemar... gémit Valya. Protego ! Impedimenta !
Son charme du Bouclier trembla lorsque les éclats s'écrasèrent dessus, lui arrachant une exclamation incrédule. Drago était doué. Bien plus doué que ce que leur petit duel stupide dans la salle commune avait pu lui laisser croire. Libéré de toute inhibition, il était un concentré de puissance brute. Ses sortilèges étaient redoutables, difficiles à contrer...
La bonne nouvelle, c'était que son maléfice d'Entrave avait au moins atteint sa cible. Le blond fut projeté en arrière et se releva en titubant, l'air sonné. Profitant de l'accalmie pour ériger une défense un peu plus élaborée qu'un simple Protego, la jeune fille souffla un bon coup histoire de s'éclaircir les idées. Depuis le début, elle prenait le problème à l'envers, trop focalisée sur le meilleur moyen de se soustraire aux éclairs mortels. Elle n'avait aucune envie de blesser Drago mais... sa seule chance, c'était d'attaquer. S'il était occupé à parer ou à fuir ses sorts, il n'aurait plus l'occasion d'en jeter lui-même.
- Malefoy, réveille-toi ! tenta-t-elle une dernière fois, sans trop y croire. T'es pas toi-même là, faut que t'arrête ç...
- ENDOLORIS !
Le sortilège Impardonnable heurta l'écorce de l'arbre à peine quelques centimètres au-dessus de sa tête et elle comprit que s'acharner à le raisonner ne servait définitivement à rien. C'était comme s'il ne l'entendait même pas, transformé en une machine à tuer incontrôlable.
- Fais chier... j'aurais essayé au moins... pesta-t-elle. PETRIFICUS TOTALUS ! STUPEFIX ! INCARCEREM !
Surpris par cette riposte inattendue, Drago chercha à s'écarter mais il était moins agile qu'elle et s'il parvint à neutraliser les deux premiers sorts, il n'eut pas autant de chance avec le dernier. De fines cordelettes surgirent de nulle part pour s'enrouler autour de son bras. Il se libéra in extremis à l'aide d'un « Diffindo », son visage déformé par un rictus de rage meurtrière.
- Sectumsempra !
Avec un hoquet d'horreur, Valya sauta sur le côté. C'était de la magie noire très violente, elle le savait. Son bouclier n'absorba qu'une partie de l'impact et elle rugit de douleur lorsqu'une profonde entaille lacéra sa cuisse. Elle perdit l'équilibre et se rattrapa au rocher le plus proche, son jean déjà imbibé de liquide rouge sombre. Vraiment, elle pouvait s'estimer heureuse de ne pas l'avoir pris de plein fouet...
Un sourire dérangeant se dessina sur les lèvres du blond, un sourire empli d'un triomphe malsain. Une dernière fois il leva sa baguette, lentement, certain de sa victoire. La jeune fille se redressa tant bien que mal, une main plaquée sur sa jambe. Il était hors de question de s'avouer vaincue.
Si Drago avait l'avantage de la puissance, elle, elle avait celui de la vitesse. Elle était capable d'exécuter des enchaînements de sortilèges à une allure impressionnante et elle comptait bien en tirer parti. Avant qu'il n'ait le temps de réagir, elle se mit à le bombarder de sorts divers et variés, si bien qu'il n'eut plus d'autre choix que de parer, encore et encore.
- Repulso, Lashlabask, Obscuro !
Dans la clairière, les éclairs colorés s'entrecroisaient en un ballet hypnotique. Le blond grimaça quand les étincelles brûlantes grésillèrent sur sa peau nue. Le dernier sortilège le toucha au beau milieu du torse. Un bandeau noir apparut sur ses yeux, il porta les mains à son visage, désorienté, et enfin...
- Expelliarmus !
Sa baguette magique lui sauta des mains pour atterrir quelques mètres plus loin. Valya se laissa aller contre le rocher, expirant lourdement. C'était terminé.
Elle examina sa blessure avec précaution, faisant son maximum pour se retenir de crier tant la souffrance était intense. Grave erreur. Un bruit lui fit vivement relever la tête mais c'était déjà trop tard. Elle eut juste le temps de voir Drago foncer sur elle avant de se retrouver étalée au sol, écrasée sous son poids. Elle était la première à se moquer de tous ces abrutis de sorciers qui ne savaient compter que sur leur baguette, oubliant que tant qu'ils tenaient encore debout, un combat n'était pas totalement fini, et elle venait de se faire avoir comme une débutante en baissant sa garde au pire moment.
La jeune fille se débattit, sans succès. A force de taper dans les Cognards, on développait peut-être quelques muscles mais le blond restait beaucoup plus grand qu'elle et l'espèce d'état second dans lequel il se trouvait semblait avoir décuplé ses forces. Le teint blême, le front couvert de sueur, les pupilles dilatées à l'extrême, il donnait l'impression d'être sous LSD.
- Malefoy, arrête !
Peine perdue. Les mains de Drago se posèrent sur sa gorge et il se mit à serrer. Valya gesticula dans tous les sens, griffa ses avants-bras dans l'espoir de lui faire lâcher prise. Déjà, l'air lui manquait, des points noirs troublant sa vision. Ses poumons étaient en feu, elle avait la sensation que sa cage thoracique allait exploser... Dans un ultime effort, elle parvint à se dégager une micro seconde et hurla d'une voix cassée :
- DRAGO, ARRETE !
OOO
Drago cligna des yeux et ce fut comme s'il émergeait après avoir bu la tasse. Un instant il se débattait seul dans le noir, coupé du monde par une immense vague d'eau glacée et... la seconde d'après il refaisait surface, la respiration haletante, peinant à comprendre où est-ce qu'il était. Il était...
... il était à califourchon sur Valya Black, étendue par terre. Et il avait les mains serrées autour de son cou.
Il était en train d'étrangler Valya Black.
Avec un couinement horrifié, le blond se recula précipitamment. Il trébucha, tomba sur les fesses et rampa le plus loin possible d'elle. Black roula sur le côté en toussant et porta une main à sa gorge où s'étalaient déjà des marbrures d'un violet sombre.
Tremblant de tout son corps, Drago posa les yeux sur ses poings égratignés. C'était lui qui avait fait ça. C'était ses mains à lui, c'était l'empreinte de ses doigts qui était imprimée sur la peau de la jeune blonde. Il se trouvait au beau milieu de la Forêt interdite, en pleine nuit, à demi nu, Black était blessée de partout... qu'est-ce qui avait pu se passer, par Salazar ?! Car c'était bien ça le plus effrayant : il n'avait pas la moindre idée de comment ils en étaient arrivés là. La dernière chose dont il se souvenait, c'était d'être allé se coucher dans son lit, dans les appartements des préfets de Serpentard. Ensuite, c'était le trou noir.
Il finit par se relever tout doucement, esquissant un pas en avant sans vraiment le vouloir. Aussitôt, la jeune fille se tendit comme un arc, recroquevillée dans un mouvement de recul qui le paralysa sur place. Elle avait peur de lui.
La panique grimpa en flèche. Valya Black n'avait jamais eu peur de lui. Depuis le début elle le provoquait, elle lui riait au nez, elle ricanait, elle le toisait avec mépris mais elle n'avait encore jamais plié face à lui. Et Drago aurait dû exulter, il aurait dû profiter de l'occasion pour la mettre plus bas que terre sauf qu'il ne ressentait rien d'autre qu'une gigantesque nausée, terrorisé de ce qu'il avait pu faire pour qu'elle se mette à le craindre tout d'un coup.
Elle lui jeta un coup d'œil farouche puis, d'une voix si éraillée qu'elle en était méconnaissable, elle murmura :
- De retour à la réalité... ?
Incapable de dire quoi que ce soit, il se contenta de hocher la tête mécaniquement. Black se laissa retomber en arrière, assommée par un mélange de soulagement, de fatigue et de douleur.
- Génial...
Elle se redressa sur un coude, se dépatouilla comme elle pouvait pour enlever son sweat-shirt et le presser contre sa cuisse sanguinolente. Drago sentit son estomac se soulever. La blessure était affreuse, on aurait dit qu'elle avait eu la jambe transpercée par une épée. Une lumière bleuâtre flasha au fond de son esprit, une incantation crachée avec haine... « Sectumsempra ! » Le blond hoqueta. Non ce n'était pas possible, ce n'était pas lui, il n'avait pas pu faire ça...
- Malefoy... siffla la jeune blonde, Merlin sait que je déteste avoir à te demander ça mais... s'il te plaît, est-ce que tu veux bien bouger ton cul et venir m'aider au lieu de rester planté là comme un imbécile ?!
Drago lutta contre l'envie de partir en courant sans se retourner. Il ne voulait pas s'approcher d'elle et il ne voulait surtout, surtout pas la toucher. Il avait bien trop peur de ce que ses mains pourraient faire. Il les remua dans un mouvement convulsif, frissonnant de dégoût. C'était comme si elles ne lui appartenaient plus, comme si tout son corps lui était devenu étranger.
Tel un automate, il s'avança vers elle et l'aida maladroitement à se remettre sur ses pieds. Il aurait voulu lui demander si elle pouvait marcher mais la boule dans sa gorge était telle qu'il avait la sensation que s'il essayait de parler, il éclaterait en sanglots hystériques. De toute façon, le hurlement de douleur de la jeune blonde lorsqu'elle tenta de s'appuyer sur sa jambe lui apporta bien vite la réponse. Avec une hésitation palpable, il passa un bras autour de ses épaules pour la soutenir et ils se mirent en route clopin-clopant.
Ils ne durent pas mettre plus d'une trentaine de minutes pour atteindre l'infirmerie pourtant le trajet donna l'impression de durer des heures. Le silence était accablant, brisé uniquement par les grognements de Black qui luttait à chaque pas pour rester debout. Arrivés devant l'antre de l'infirmière, elle s'effondra littéralement contre le mur, le teint pâle, le souffle court.
- Bon écoute... si quelqu'un apprend ce qui s'est passé cette nuit, tu vas avoir de très gros ennuis. Retourne aux appartements des préfets, ok ? Moi je vais aller voir Pomfresh et... on reparlera de ça plus tard...
Mais Drago ne pouvait pas bouger. En état de choc, il restait juste là, les bras ballants, tant esquisser le moindre geste lui paraissait impossible. Elle l'empoigna par l'épaule pour le secouer.
- Bordel Malefoy, tu m'écoutes au moins ?! Tu dois dégager d'ici tout de suite ! MALEFOY !
La porte de l'infirmerie s'ouvrit à la volée et Poppy Pomfresh se dressa face à eux avec des airs de dragon enragé.
- Non mais qu'est-ce que c'est que ce cirque, où est-ce que vous vous croyez ?! Il est quatre heures du matin, on n'a pas idée de faire un raffut pareil et... Au nom de Paracelse, qu'est-ce que vous avez fabriqué tous les deux ?!
Affolée, elle s'empressa de les faire entrer et les guida jusqu'à un lit sur lequel Black se laissa tomber sans se faire prier. Drago s'assit lourdement sur celui d'à côté pendant que l'infirmière tournoyait en agitant sa baguette magique pour attirer vers eux tout un tas de potions et d'onguents. Elle fit ingurgiter à la jeune blonde une mixture verdâtre, lui donna une carré de tissu imbibé d'un liquide fumant pour appliquer sur sa plaie et les jaugea avec sévérité, mains sur les hanches.
- Maintenant jeunes gens, vous allez me faire le plaisir de m'expliquer ce qui s'est passé. Immédiatement.
- On était dans le parc, près de la cabane du garde-chasse, improvisa Black en un éclair. Et là, il y a un Gytrash qui est sorti de nulle part et qui nous a attaqués !
Madame Pomfresh la fixa avec incrédulité, l'air de se demander s'ils la croyaient naïve à ce point.
- Ces brûlures, les marques sur votre cou... vous allez me dire que c'est aussi un cynospectre ?
La jeune fille gigota sur son lit, mal à l'aise.
- Ben euh... c'est à dire que...
Elle ouvrit la bouche, prête à débiter un mensonge supplémentaire mais Drago la coupa dans son élan en émettant un gargouillis apeuré. Sous la lumière blafarde de l'infirmerie, les traces violacées ressortaient d'autant plus. L'image de ses mains agrippées autour de la gorge de Black tournait en boucle dans son esprit.
- C'est ma faute... chuchota-t-il d'un ton anéanti. C'est... c'était moi !
- Tais-toi, siffla la jeune blonde en lui jetant un regard consterné. L'écoutez pas, il raconte n'importe quoi, c'est...
Il secoua la tête avec véhémence.
- J'ai essayé de la tuer... balbutia-t-il et si elle n'avait pas été trop occupée à appuyer la compresse sur sa jambe ensanglantée, elle l'aurait probablement frappé.
- Mais c'est pas vrai, t'es con ou quoi ? beugla-t-elle avant d'être prise d'une violente quinte de toux.
Les yeux de Poppy Pomfresh se posèrent sur lui. Puis sur Black, avant de revenir sur lui, les traits tirés par l'inquiétude.
- Par Helga, qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ? Black... ? Est-ce que monsieur Malefoy a... Est-ce que c'est vraiment lui qui vous a agressée, oui ou non ?
La jeune fille se mordit la lèvre inférieure très fort.
- Ouais, admit-elle avec réluctance, mais il... il a pas fait exprès !
- Il n'a pas fait exprès de vous étrangler ? insista l'infirmière, la mine dubitative. C'est à dire ? Ses mains se sont retrouvées autour de votre cou comme par magie ?
- Non mais... mais...
A court d'explications, elle dévisagea Drago d'un air insistant, dans l'espoir évident d'obtenir un peu de soutien. Mais le blond était bien incapable d'imaginer un quelconque argument pour se défendre. C'était sa faute...
Un silence de plus en plus lourd s'installa dans la pièce et Black parut comprendre qu'il ne comptait pas répondre quoi que ce soit. Elle se tourna vers madame Pomfresh, ses iris bleu gris brillant de larmes contenues.
- S'il vous plaît, dites rien... On va encore avoir des problèmes sinon... S'il vous plaît...
Sauf que la moue compatissante de l'infirmière ne laissait aucun doute sur la suite des événements.
- Je suis désolée miss Black. Mais là, c'est trop grave.
Et cinq minutes plus tard, une Minerva McGonagall échevelée, un Severus Rogue en furie et un Albus Dumbledore en robe de chambre déboulaient dans l'infirmerie
Le directeur des Serpentard paraissait d'ailleurs tout particulièrement heureux d'avoir été tiré du lit à une heure pareille.
- Black, si vous vous êtes encore battue avec Malefoy, je vous préviens... tempêta-t-il.
- On s'est pas battus ! Enfin si... mais pas vraiment, c'est...
- Monsieur Malefoy affirme que c'est lui qui s'en est pris à elle, annonça madame Pomfresh en l'entendant s'empêtrer dans ses justifications sans queue ni tête.
Drago sentit tous les regards se poser sur lui mais il en avait à peine conscience. Son cerveau s'était mis sur pause, envahi par un brouillard épais où les ombres de ses souvenirs peinaient à se mouvoir.
- Il a pas fait exprès, répéta Black, ses sourcils froncés en une expression butée.
- Peut-être mais en attendant, il a quand même tenté de vous étrangler, rétorqua l'infirmière. Et je ne suis toujours pas certaine de l'origine de cette blessure mais ça suinte la magie noire.
- Il m'a lancé un Sectumsempra...
Madame Pomfresh pâlit. Dumbledore passa une main dans sa longue barbe blanche avec gravité. Quant aux deux autres...
- Il a fait quoi ? s'épouvanta la directrice adjointe alors que Rogue bramait :
- Un Sectumsempra ? Mais il fallait le dire tout de suite, petits idiots décérébrés !
Il s'approcha à grandes enjambées de la jeune blonde, écarta avec précaution la compresse pour examiner sa jambe. Il se mit à réciter une étrange incantation qui ressemblait à une chanson en passant sa baguette magique le long de la plaie et bientôt, il ne resta plus qu'une ligne rosâtre à peine boursouflée.
- Ça va laisser une marque, prévint-il d'un ton rude. Si j'étais intervenu tout de suite j'aurais pu faire mieux mais... Par Morgane, est-ce que vous êtes devenu complètement fou ?! siffla finalement le maître des potions à l'adresse d'un Drago décomposé. Un Sectumsempra, avez-vous la moindre idée de ce que ça...
- Je vous dis qu'il a pas fait exprès ! s'obstina Black. C'était... c'est... Ça s'est pas passé comme vous pensez, lâcha-t-elle pitoyablement.
Rogue croisa les bras sur sa poitrine dans une posture intraitable. Il voulait le fin mot de l'histoire et cette fois, il était clair qu'il n'allait pas les laisser s'en tirer aussi facilement.
- Éclairez-nous dans ce cas.
- Ben j'étais dans la forêt et...
- Oui tiens, parlons en de ça, commencez donc par nous dire ce que vous fabriquiez une fois de plus dans la Forêt interdite !
- Pas maintenant, Severus, coupa Albus Dumbledore. Miss Black, continuez s'il vous plaît. Racontez nous tout depuis le début.
- D'accord euh... J'voulais prendre l'air, ok ? jeta-t-elle à l'adresse du directeur des Serpentard. Je suis partie dans la forêt et c'est là que je suis tombée sur Malefoy. J'ai essayé de lui parler mais c'était... comme s'il était pas vraiment là. Il m'entendait pas, il... j'en sais rien. Le temps que je capte qu'il y avait un truc qui clochait, il m'avait déjà attaquée.
Les mains plaquées sur les tempes, le front plissé sous l'effet de la concentration, Drago enfonça ses ongles dans la chair de son visage. Il n'avait strictement aucun souvenir de ce qu'elle était en train de décrire. Pourtant c'était dans sa tête, il pouvait forcément s'en rappeler, non ? « Réfléchis » se morigéna-t-il. « Réfléchis... » Et cette fois, ce fut l'éclair vert du sortilège de la Mort qui envahit sa mémoire.
- Oh merlin... Je lui ai lancé un Avada Kedavra... Je lui ai lancé un Avada Kedavra !
- Mais putain mais FERME-LA, espèce de crétin ! rugit la jeune blonde, proprement sidérée et désespérée qu'il ait la stupidité de se dénoncer de cette manière.
Mais Drago venait de basculer totalement dans l'hystérie. Il répétait en boucle « je lui ai lancé un Avada Kedavra, je lui ai lancé un Avada Kedavra » sans parvenir à s'arrêter. Plus il le disait, plus l'écho du maléfice devenait réel, tangible. Il se voyait lever sa baguette magique, il s'entendait prononcer cette formule macabre...
Dans l'infirmerie, tout le monde le contemplait de la même manière qu'ils l'auraient fait avec un dangereux déséquilibré et c'était plus que le blond ne pouvait en supporter.
- Je crois que je vais être malade, bredouilla-t-il.
Et avant que quiconque ait le temps de réagir, il vomit sur ses chaussures. Il y eut une seconde de flottement puis madame Pomfresh se précipita vers lui en faisant apparaître une bassine. Il se cramponna aux bords métalliques comme à une bouée de sauvetage alors qu'un nouveau haut-le-cœur lui donnait le tournis.
- Il ne vous a pas réellement jeté ce sort, n'est-ce pas... ? questionna le professeur McGonagall, une main sur la bouche.
Les poings de Black se crispèrent sur le drap. Avec des allures de bête sauvage traquée, elle se renfonça dans son lit en évitant de regarder qui que ce soit, pour finir par fourrer une main frustrée dans ses mèches blondes et soupirer :
- Ok... je sais que ça a l'air d'une histoire de fous et que vous me croyez pas ni rien mais je vous jure que c'est pas du tout ce que vous pensez ! Malefoy était juste super bizarre et...
- La question, c'est est-ce qu'il vous a, oui ou non, lancé un sortilège de la Mort ? soutint Albus Dumbledore d'un ton des plus sérieux, bien loin de sa voix habituelle de papy gâteux.
Les épaules de la jeune blonde s'affaissèrent.
- Ouais, avoua-t-elle. Mais...
- Mais quoi ? Le Doloris, maintenant ça... ça fait beaucoup, non ? Alors vous voulez bien nous dire pourquoi vous tenez tellement à prendre la défense de monsieur Malefoy ? s'échauffa Rogue.
- MAIS PARCE QU'IL A PAS FAIT EXPRES ! explosa-t-elle, sa voix déraillant d'une octave. Quelqu'un m'écoute quand je parle ou quoi ?! Sérieux, vous l'avez vu ? Vous trouvez vraiment qu'il a l'air dans son état normal ?!
Tout occupé qu'il était à vomir ses tripes, Drago ne pouvait que tomber d'accord avec elle. C'était même un doux euphémisme. Le directeur les jaugea tour à tour par dessus ses lunettes en demi-lune.
- Miss Black, lorsque vous étiez dans la forêt, avez-vous remarqué quoi que ce soit d'inhabituel ? Est-ce que vous avez vu ou entendu quelque chose pouvant faire penser... qu'une autre personne se trouvait là ?
- Nan... enfin j'crois pas. Pourquoi ? demanda la jeune fille dans un mélange de défiance et de perplexité. Il y avait... maintenant que vous en parlez, il y avait pas de bruit du tout d'ailleurs. On entendait même pas les oiseaux chanter ni rien.
Une étrange lueur s'alluma dans les prunelles bleu vif d'Albus Dumbledore.
- Vous sauriez nous dire où est-ce que vous vous trouviez exactement lorsque vous avez rencontré monsieur Malefoy ?
- Euh... j'venais d'arriver dans une clairière bizarre avec juste un super gros arbre en plein milieu. C'était pas très loin du château je crois... Pourquoi ?
Le vieil homme échangea un regard entendu avec Rogue et McGonagall. Les yeux de la Serpentard se plissèrent en une grimace suspicieuse et Drago ne comprenait pas. Qu'est-ce qu'ils en avaient à faire du lieu où ça s'était passé ? Ce qui importait, c'était le résultat, ce qu'il avait fait...
- Miss Black, reprit soudainement le directeur, d'après vous, est-ce que monsieur Malefoy aurait pu se trouver sous l'influence d'une potion ou d'un sort ? Comme... le sortilège de l'Imperium, par exemple...
A cet instant, le blond se sentit déchiré en deux. D'un côté il y avait son lui habituel, le jeune homme cruel, sournois et manipulateur qui se serait jeté sur cette théorie lui permettant de se dédouaner. Il imaginait sans mal la scène, il pouvait presque se voir en train de hurler au scandale, accusant la terre entière. S'il avait été soumis à l'Imperium, il n'était pas responsable de tout ça, pas vrai ? Ce qui était arrivé à Black n'était pas sa faute, voilà tout. Peut-être même que c'était elle qui avait monté une sorte de complot tordu, tiens ! Tout le monde savait qu'elle le détestait, elle ne manquait pas une occasion de lui nuire...
Sauf que de l'autre côté... il devait faire face à la solitude, la douleur et la peur de celui qu'il avait l'impression d'être redevenu ces derniers temps : un petit garçon perdu qui savait au plus profond de lui-même que non, tout n'était pas aussi simple. Cette histoire d'Imperium, ça sonnait juste... faux.
- Je sais pas... hésita Black en lui jetant un coup d'œil en biais. L'Imperium ça se voit pas du tout, si ? Là son regard était vraiment...
- Vous avez raison, en principe cela ne se voit pas, non, accorda Dumbledore. Cependant, si celui qui lance le sortilège n'est pas très puissant ou expérimenté, la victime peut présenter des signes tels que ceux que vous décrivez...
- Alors ouais, c'est possible, trancha la jeune blonde avec un haussement d'épaule.
Le directeur hocha doucement la tête.
- Je vous remercie pour ces précisions, miss Black. Nous allons vous laisser vous reposer tous les deux.
Elle se contenta de lui renvoyer un regard colérique, les dents serrées. Drago non plus n'était pas dupe. Il était clair que le vieil homme omettait certaines informations.
- Professeur Dumbledore, interpella l'infirmière alors qu'il s'apprêtait à passer la porte, vous ne pensez pas que...
Elle baissa la voix mais le blond l'entendit quand même.
- Vous ne pensez pas que c'est dangereux de les laisser seuls dans la même pièce ? Est-ce qu'il ne risque pas de...
Et Drago eut l'impression qu'il allait vomir à nouveau.
OOO
- Enfin Albus, Poppy a raison, vous trouvez vraiment ça prudent de les laisser ensemble ?! Nous n'avons pas la moindre idée de ce qui ne va pas chez le jeune Malefoy... et s'il y réellement quelqu'un qui le contrôle, il pourrait réessayer d'attaquer Black à tout moment !
Dumbledore parut considérer sérieusement la question mais...
- J'ai conscience que cela peut paraître risqué cependant j'ai l'intuition que nous sommes tranquilles pour le moment. Monsieur Malefoy ne fera rien de plus.
- Une intuition ?! Vous faites reposer la sécurité de nos élèves sur une simple intuition ? s'insurgea Minerva McGonagall. C'est insensé, nous...
Enfoncé dans un fauteuil du bureau directorial, Severus suivait d'un œil morne le débat entre Dumbledore et la directrice adjointe. Quelque chose ne collait pas dans toute cette affaire mais quant à trouver quoi exactement, c'était une autre paire de manches.
- Je ne vois même pas pourquoi nous sommes étonnés, commenta-t-il tout de même. Les Black sont des générateurs d'ennuis ambulants de toute manière...
- Vous n'allez pas l'accuser de ça aussi ! s'indigna le professeur McGonagall. Quelle est votre théorie cette fois, Severus ? Valya Black s'est jetée un Sectumsempra à elle-même dans le but de faire accuser Drago Malefoy ?! Ça ne tient pas debout !
- Je n'ai pas dit ça. Et je ne l'accuse pas, je constate, rétorqua-t-il, ses doigts tapotant impatiemment son genou. Depuis son arrivée, nous n'avons cessé d'être confrontés à une montagne de problèmes et de situations toutes plus abracadabrantesques les unes que les autres, osez me dire le contraire.
Minerva pinça les lèvres sans répondre et le professeur de potions se laissa aller en arrière sans chercher à dissimuler sa satisfaction. La directrice adjointe refusait peut-être de le reconnaître mais elle avait toujours cherché à défendre ces imbéciles arrogants de James Potter et Sirius Black. Aujourd'hui, elle continuait avec leur progéniture et c'était particulièrement agaçant.
- Tout de même, reprit Dumbledore, je trouve étrange que cet « incident » ait eu lieu comme par hasard près du vieux Nemed...
Il se tenait face à la fenêtre et son regard se perdit en direction de la Forêt interdite qu'on apercevait au loin.
- Ce site est abandonné depuis des siècles ! protesta à nouveau Minerva. Nous l'inspectons chaque année lorsque nous vérifions les protections du domaine, il n'y a rien de dangereux là-bas. Avant que Potter ne rentre à Poudlard et que vous ne décidiez que la Forêt n'était plus sûre, on y envoyait même les élèves en excursion...
- Peut-être, concéda le vieil homme. Mais une magie aussi ancienne laisse forcément des traces. Si quelqu'un avec de mauvaises intentions, quelqu'un comme Lord Voldemort réussissait à en tirer parti, les conséquences pourraient être terribles.
- Ce n'est sans doute qu'une coïncidence...
- Sauf que Severus n'a pas tort, cela commence à faire beaucoup de coïncidences, vous ne trouvez pas... ?
OOO
Allongé dans le noir, Drago fixait le plafond avec tant d'intensité qu'il aurait pu creuser un trou dedans. Les yeux brûlants de fatigue contenue, il n'avait que trop conscience de la présence de la jeune fille dans le lit voisin. Sur la table de chevet entre eux se trouvaient deux fioles de potion de sommeil sans rêves, auxquelles ils n'avaient pas daigné toucher ni l'un ni l'autre.
Le blond était terrifié à l'idée de s'endormir. L'infirmière avait raison, c'était de la folie de les laisser sans surveillance. Et s'il recommençait ?! Black n'avait probablement aucune envie de fermer l'œil non plus...
- Est-ce que tu dors ? osa-t-il demander au bout de ce qui lui parut être une éternité.
Il entendit un froissement de draps.
- Non.
Drago prit une inspiration tremblante et soudain, les mots se bousculèrent dans sa gorge sans qu'il puisse les retenir :
- Je... je ne voulais pas faire ça, je te le jure ! Je ne me souviens de rien et je... J'ai... je suis désolé d'accord ? C'était pas... Je suis désolé, je voulais pas...
C'était la première fois de sa vie qu'il s'excusait avec autant de sincérité. Cette nuit, il était juste trop confus, trop épuisé pour maintenir le masque. Jamais encore il ne s'était senti aussi mal.
- Malefoy, t'as pas fait exprès, répéta la jeune blonde d'une voix cassée pour ce qui semblait être la millième fois de la soirée.
- Mais je ne m'en rappelle même pas ! s'agaça-t-il. J'ai des bribes qui me reviennent, des flash mais...
Black se redressa d'un coup pour se tourner vers lui.
- Écoute... tout va s'arranger, ok ? J'aime pas Dumbledore mais... il est très intelligent, il va forcément trouver celui qui t'a fait ça, celui qui t'a jeté un Imperium...
Drago ne répondit pas tout de suite. Qu'est-ce qu'il était censé dire ? Approuver alors qu'il ne croyait pas à cette théorie de l'Imperium ? Ou... il pouvait faire preuve d'honnêteté. Ça aussi c'était une première.
- Je ne crois pas que c'était le sortilège de l'Imperium, lâcha-t-il à voix basse.
- Quoi... ?
- Et si... et si c'était juste... moi ? supposa-t-il avec effroi. Et si j'étais en train devenir complètement cinglé ?
La jeune fille secoua farouchement la tête.
- Arrête, c'est n'importe quoi, tu ne...
- Tu l'as dit toi même la dernière fois, pendant l'entraînement de Quidditch, coupa le blond. « Je suis vraiment bizarre comme mec »...
- Malefoy, je disais ça comme ça. C'était pas...
- Non ! Depuis la rentrée... il y a quelque chose qui ne va pas chez moi, je le sais ! Je le sens.
Dans la pénombre, il parvenait à peine à distinguer l'expression désarçonnée de Black. Assise en tailleur, la tête penchée sur le côté, ses dents maltraitant sa lèvre inférieure... Puis elle carra les épaules, se forçant à afficher un sourire désinvolte.
- Allez, c'est si terrible que ça ? On sait tous les deux que tu meurs d'envie de me tuer de toute façon...
Drago la dévisagea avec une fureur effarée.
- « Si terrible que ça » ? Non mais tu te fiches de moi ! Et si je recommençais, tu as pensé à ça ?! Si j'essayais encore de te lancer un Avada ? Ou d'attaquer quelqu'un d'autre ? Comment est-ce que tu peux plaisanter là dessus, tu...
L'air railleur de la jeune fille s'évanouit aussi vite qu'il était apparu.
- Ok, ok j'ai compris ! Désolée. T'as raison, c'était débile de dire ça. J'voulais juste... détendre un peu l'atmosphère.
Le blond se passa une main sur la nuque, dépité et elle lui renvoya une moue d'excuse.
- Ça au moins, ça devrait vraiment te remonter le moral : j'ai parlé à Jugson. On est quittes, d'accord ? On oublie toute cette histoire, le... Doloris et tout le reste...
Drago sursauta. Il ne s'attendait pas à une telle annonce. Puis...
- Désolé pour ça aussi, marmonna-t-il entre ses dents. Le... le Doloris...
- C'est bon, assura la jeune blonde avec brusquerie. Laisse tomber...
Elle non plus n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet visiblement. Un silence gêné s'installa dans l'obscurité de l'infirmerie et Drago prit son courage à deux mains.
- Pourquoi tu avais tellement besoin de Jugson ?
Elle laissa échapper un long soupir désabusé.
- A ton avis ? C'est vraiment si compliqué à deviner ? Je veux retrouver mon père.
Le blond plissa les yeux, déconcerté. Sur ce coup-là, il devait avouer qu'un truc lui échappait.
- Euh... Tu ne vas pas me dire que tu n'as pas pensé à poser la question à Potter...?
- Bien sûr que je lui ai posé la question, s'exaspéra Black. Il sait pas où il est.
- Bien sûr que Potter sait où il est, contra Drago sur le même ton.
Il commençait à comprendre ce qui se jouait et il n'était pas certain de s'il devait trouver ça réjouissant ou écœurant. La jeune fille le fusilla du regard.
- Il m'a dit que non, assura-t-elle froidement.
- Alors il a menti ! Il le sait forcément. Le jour de la rentrée, j'ai vu Potter à la gare et il y avait un chien qui l'accompagnait. Un gros chien noir, précisa-t-il face à l'air buté de Black. C'est bien la forme Animagus de ton père, non ?
Elle parut ébranlée mais...
- Ça veut rien dire. T'as dû mal voir, c'est tout.
- Si tu préfères croire ça, ricana le Serpentard. Je ne te pensais pas aussi naïve en tout cas...
La jeune blonde sauta sur ses pieds, les poings contractés.
- Et toi pourquoi t'es toujours obligé de te comporter comme un connard ?! Je sais très bien que t'es capable d'inventer n'importe quoi pour causer des ennuis à Potter... C'est toi le menteur !
Elle boitilla vers la porte, aussi vite que sa blessure lui permettait.
- Mais qu'est-ce que tu fais ? protesta Drago, à la fois stupéfait et enragé par l'injustice de la situation. Tu es blessée, tu penses aller où comme ça ?!
- N'importe où tant que c'est loin de toi !
OOO
La forêt avait retrouvé son calme. Le vent soufflait dans les feuilles, les branches craquaient et on entendait au loin les hennissements et le claquement des sabots d'un troupeau de licornes. Deux silhouettes translucides s'avancèrent au milieu de la clairière.
- Je t'avais bien dit que c'était une mauvaise idée ! rouspéta la première. On aurait dû attendre, présenter les choses plus doucement...
Le garçon devait avoir une quinzaine d'années. Ses long cils épais encadraient son regard aussi clair que de la glace et seule une poignée de taches de rousseur adoucissait le contour anguleux de ses pommettes. Il était de taille moyenne, plutôt trapu, ce qui ne l'empêchait pas de flotter dans son t-shirt trop grand et sa chemise à carreaux. Son jean était tout déchiré au niveau des genoux et il portait de vieilles baskets aux lacets dénoués. Il écarta ses bras fantomatiques et les agita avec une impatience exaspérée.
- Eh oh ? Tu m'écoutes ?! pesta-t-il à l'adresse de son compère qui était accroupi quelques mètres plus loin, occupé à examiner quelque chose sur le sol.
A première vue il paraissait avoir le même âge, pourtant, il se dégageait de sa personne quelque chose d'infiniment plus ancien. Grand et mince, ses cheveux étaient rassemblés en un catogan lâche et malgré son apparence spectrale, on devinait aisément qu'il avait dû être blond comme les blés. Quelques mèches éparses échappées du cordon de cuir se balançaient sur son front, venant chatouiller le coin de ses yeux vairons. Lui était pieds nus, vêtu uniquement d'une tunique à capuche sans manche de couleur foncée, à mi-chemin entre la robe de sorcier et un habit médiéval.
- On ne pouvait pas attendre plus longtemps, petit gars, dit-il avec calme. Il était nécessaire que le livre arrive jusqu'à lui. Certes, notre apparition l'a quelque peu désorienté mais...
- Désorienté ? répéta l'autre. C'est ça que tu appelles désorienté ?! Non mais réveille-toi, IL A FAILLI LA TUER ! On aurait eu l'air de quoi si elle n'avait pas réussi à esquiver ?!
- J'avoue que c'était un effet secondaire que je n'avais pas... anticipé. L'esprit de Drago est fragile en ce moment, c'était plus facile d'y pénétrer mais je ne pensais pas que l'intrusion le perturberait à ce point.
Le plus petit secoua la tête. Ses boucles sombres et désordonnées se soulevaient au gré de la brise.
- On a quand même vraiment pas eu de chance qu'elle soit dans la forêt juste ce soir...
Le blond sourit avec indulgence.
- Ce que tu appelles chance, moi j'appelle ça la Destinée. Ceux qui ont été séparés finiront toujours par se retrouver. Les Corbeaux ont bien fait leur travail, ils avaient compris que l'Histoire est vouée à se répéter. Bientôt, le Dragon s'éveillera. Bientôt, les Sept se souviendront et le Roi retrouvera sa couronne.
Une moue catastrophée se dessina sur le visage du plus jeune.
- Mais... ça veut dire que... de toute façon, on ne pourra pas changer les choses ?! Alors à quoi ça sert dans ce cas ?
- Parce que parfois, ce sont les petits détails qui peuvent faire toute la différence.
Le garçon aux yeux vairons se releva avec légèreté. Il épousseta sa tunique de lin, repoussa une mèche folle derrière son oreille puis se dirigea vers le gros chêne qui trônait au centre de la clairière.
- Est-ce qu'on a vraiment le droit de faire ça en plus ? douta le brun en se laissant tomber contre un rocher, bras croisés. Influer sur le cours des événements ? Ils sont censés se débrouiller seuls, ça fait partie du Pacte...
- Ne t'en fais pas pour ça.
Mais cela ne fut pas suffisant pour rassurer son compagnon.
- C'est ma faute, pas vrai ? gémit-il alors que ses yeux se remplissaient de larmes. Tout ça c'est à cause de moi, c'est...
En deux pas, l'adolescent blond fut à ses côtés. Il s'agenouilla devant lui et d'un geste du pouce, le força à relever le menton, tel un père venant consoler son enfant.
- Tout choix, aussi insignifiant soit-il, a des conséquences, tu le sais. Ton choix a eu un impact inattendu, c'est vrai. Mais tu n'es pas responsable des choix - et surtout des erreurs - que d'autres ont fait avant toi. Ne cherche pas à porter un poids trop lourd pour tes seules épaules, petit Immortel.
Le garçon aux cheveux sombres haussa les épaules. Les iris encore humides, il se frotta le visage du plat de la main.
- Il n'a même pas pris le livre, fit-il remarquer.
Le livre, c'était le gros volume relié de cuir qui se trouvait entre les mains du blond. Celui qu'il avait ramassé par terre, là où Drago l'avait laissé tomber. Il s'approcha de l'arbre et le posa avec révérence sur le plat d'une énorme racine, à un emplacement qui semblait avoir été taillé exprès pour cet usage.
- Il reviendra le chercher.
- Comment tu peux en être aussi sûr ?
- La Destinée ne ment jamais.
Le vent souffla avec davantage de force dans le feuillage du gros chêne. L'air saturé de magie crépita et le plus vieux balaya l'endroit du regard avec satisfaction, presque avec affection.
- Il est temps d'y aller.
Il tendit une main que le plus jeune saisit sans hésiter. Une intense lumière blanche irradia de leurs corps transparents et les deux adolescents se volatilisèrent, laissant seulement derrière eux un nuage de poussière argentée qui finit par disparaître également. Mais dans la clairière déserte, il flottait encore une étrange odeur d'aubépine et de menthe poivrée.
Et c'est parti pour un petit debrief ! Alors, questions, impressions, réactions ?
Est-ce que ce chapitre a répondu à certaines de vos interrogations ou est-ce que ça vous en a apportées des nouvelles au contraire ?
Des théories sur l'identité des deux petits potes présents dans la dernière partie ? Petit indice, l'un d'eux est un personnage complètement inventé par mes soins, l'autre en revanche existe bel et bien dans l'univers de Harry Potter. J'espère vraiment que ce passage vous a plus en tout cas parce que c'est vraiment mon préféré haha.
Voilà, je vous dis à très vite, on se retrouve maximum aux vacances de Noël, promis ! Et si ça vous a plu, n'hésitez pas à laisser une petite review please !
