Heyy ! Désolée pour cette attente plus longue que d'habitude, j'étais assez occupée avec le travail à côté et je n'ai pas toujours trouvé le temps pour écrire. Aussi, ce chapitre traite de sujet très important et je ne voulais vraiment pas baclé ces moments. Malgré tout je ne suis pas encore pleinement satisfaite du résultat pourtant j'y ai passé de longs moments dessus pour faire des ajustements... Je vous laisserai me dire ce que vous en avez pensé !

Warning : si vous êtes sensibles aux violences conjugales ou à la drogue, je vous invite à ne pas lire ce chapitre (même si ce n'est pas abordé trop crument).

Bonne lecture à vous ;D

Shadow : Eh oui, mauvaise journée pour Aomine... De mauvais souvenirs se sont rappelés à lui en effet, et tu en sauras plus dans ce chapitre ;) Même si tu n'es pas si loin dans tes réflexions ! Kuroko a été mentionné et tu ne l'as pas loupé ! Je suis ravie de savoir que tu es content qu'il soit là ;) C'est un personnage que j'affectionne beaucoup et j'étais obligé de le mettre dans cette histoire ;D On ne verra pas Kise avant un petit bout de temps malheureusement, même s'il continuera d'être cité. Les prochains chapitres se concentreront plus sur les personnages principaux ;) Je suis vraiment touchée de voir que ma fic te plais autant alors encore une fois merci pour ta review qui me redonne le sourire et je te laisse lire en espérant que tu apprécies la suites, bises ;D


[Kagami]

Voilà une semaine que j'étais à l'hôpital et comme je l'avais annoncé, je commençais à devenir fou. Heureusement que Kise et Aomine venait de temps en temps, sinon la solitude allait me ronger. Mais une bonne nouvelle m'a été annoncé il y a quelques jours : je vais enfin pouvoir sortir ! La première réaction que j'ai obtenue de Kise fut : « déjà ?! » et effectivement, après avoir mûrement réfléchi, je me rendis compte que c'était vraiment tôt. Les médecins m'avaient dit que la fin des vacances et l'arrivé de l'automne avaient suscités pas mal de maladie et qu'ils préféraient éviter une saturation des hôpitaux. Ils me confirmèrent également que ma blessure pouvait continuer à m'élancer mais que je pouvais me débrouiller tout seul. Mes seuls ordres étaient : 1. Ne pas rester debout trop longtemps. 2. Ne pas abuser des anti-douleurs et respecter le temps entre chacun. 3. Appeler l'hôpital si un problème survenait. 4. Revenir dans une semaine quoiqu'il arrive pour voir si tout allait bien.

J'avais accepté, prêt à tout pour sortir. Cependant, il restait un problème. J'avais envie de sortir de ce lieu, mais pas de rentrer chez moi. Je ne voulais pas retourner sur la scène du crime. Je ne voulais pas appeler une entreprise pour leur demander de nettoyer mon sang. Je ne voulais pas être chez moi tout en sachant que Nash savait où j'habitais. Je voulais m'éloigner le plus possible de cet endroit.

Bizarrement, Aomine s'est tout de suite proposer pour que je vienne chez lui le temps de trouver une autre solution. Ça m'avait drôlement surpris vu qu'il était toujours aussi froid et distant avec moi. Il restait de moins en moins de temps le soir et nos plaisanteries s'étaient vite arrêtés. Je ne savais toujours pas pourquoi il agissait comme cela. Je n'en avais pas parlé avec Kise car il avait d'autres problèmes en tête et que je ne voulais pas lui en rajouter de nouveaux. Mais cette situation m'embêtait beaucoup. Peut-être qu'être chez lui allait nous aider à mettre les choses aux clairs, je l'espérais en tout cas.

J'espérais surtout qu'il ne change pas d'avis à la dernière minute et qu'il me laisse tout seul dans cet endroit empestant les produits chimiques. Je pouvais toujours me rendre chez Kise mais il me semblait moins habitué aux cauchemars et aux crises de panique qu'Aomine. Je pense que je me sentais plus proche du bleuté parce qu'on partageait la même tristesse, le même désespoir. Je me doutais que l'éloignement d'Aomine avait à voir avec sa maussaderie mais je ne comprenais pas pourquoi j'étais victime de sa méfiance.

Quoique je pense j'en revenais toujours au même point : je voulais comprendre Aomine.


Ma journée était passée avec une lenteur infernale mais enfin j'entendis toquer à la porte. Je me levais, boitillant, et m'assurais que j'avais tout dans mes poches avant d'ouvrir. Midorima se tenait devant moi et à sa droite se trouvait le fameux policier. Midorima me rappela à l'ordre sur les règles que je devais respecter et me donna une ordonnance impossible à déchiffrer qui contenait apparemment les médicaments dont j'avais besoin. Aomine tapait du pied avec ses mains dans ses poches de jean et fronçait les sourcils en regardant au loin dans le couloir. Je compris qu'il était pressé de sortir alors je pris la feuille du docteur en le remerciant et nous partîmes.

J'avais du mal à suivre la cadence d'Aomine et il s'en rendit compte car il s'arrêta dans les escaliers pour m'attendre. Tout notre trajet jusqu'à la sortie de l'hôpital se fit sans un mot. On arriva dans le parking et il daigna enfin m'adresser la parole pour m'expliquer comment se tenir quand on est passager à moto. Je fis donc comme il me dit et mis un casque, m'assis derrière lui et m'accrochai à sa taille. Je sentis son pull s'enfoncer sous ma prise et je me rendis compte qu'il était plus mince que ce que j'imaginais. C'était difficile de se donner un ordre d'idée parce qu'il portait constamment des pulls.

Il démarra et je m'agrippai encore plus à lui, j'avais l'impression que nous allions super vite mais c'était ma première fois à moto, alors forcément... Malgré notre rapprochement physique, je le sentais encore terriblement loin de moi. Comme si ses pensées étaient enfermées avec un cadenas et que je ne pourrai jamais y avoir accès sans la clé. Il n'ouvrit pas la bouche et fit le trajet comme si je n'étais pas là.

Nous arrivâmes finalement à destination dans une rue descendante où des appartements étaient agglutinés. La façade de celui d'Aomine n'était pas très glorieux, mais ne dit-on pas qu'il ne faut pas juger un livre à sa couverture ? Nous entrâmes donc dans l'entrée où nous retirâmes nos chaussures. Je le suivis dans la seconde pièce pour qu'il me fasse la présentation de sa maison.

Nous commençâmes par le salon et la cuisine qui n'étaient séparés que par un comptoir coupé au milieu. Il n'y avait pas grand-chose à dire sur ces deux pièces. Le salon n'était pas très meublé : un canapé en cuir rouge, une table basse couverte de je-ne-sais-quoi, et une télévision collée au mur. La cuisine avait les meubles principaux pour faire à manger correctement, mais la tonne de vaisselles non-faites me valut un haut le cœur. En m'approchant je vis qu'une partie des choses abandonnés sur la table basse étaient juste des emballages de nourriture.

Nous continuâmes avec la salle de bain, première à droite dans le couloir. Elle était tout aussi basique au premier coup d'œil à part le lavabo au milieu. Le lavabo en lui-même n'avait rien de choquant -à part qu'il était extrêmement mal rangé-, mais ce qui retint réellement mon attention fut cet immense miroir fissuré en des millions de morceaux. Il s'en dégageait une aura désagréable, malsaine. Je me tournais vers Aomine en espérant une explication mais il était déjà parti dans la pièce suivante.

La pièce en face était le cagibi constitué d'un lave-linge, des produits de nettoyage qui n'ont jamais été utilisé si j'en crois les toiles d'araignées, et d'un aspirateur. Même pas de balai, mon dieu.

La pièce en diagonale était la chambre, aussi surprenant que cela puisse paraitre, elle était plutôt propre et pas si mal rangée, malgré le lit non-fait et les feuilles jonchant son bureau, évidemment.

- J'ai juste déplacé le bordel, m'informa Aomine.

Ça aurait été trop beau… Le bazar avait dû être déplacé dans l'armoire au fond de la pièce. Encore une fois, il n'y avait pas beaucoup de meubles alors les options étaient maigres.

Il ouvrit la porte de la dernière pièce et je me demandais ce que j'allais encore voir. Mais, surprise, elle était complètement vide.

- Je sais pas encore quoi en faire.

- Ça fait longtemps que tu habites ici ?

- Six ans.

Six ans ?! Et il n'avait toujours rien fait ? Impossible. S'il venait juste d'emménager j'aurais pu comprendre, mais là…

- Eh ben ta maison est un peu… vide.

- Ouais, j'ai jamais été doué en déco.

Ce n'était pas seulement un problème de déco s'il voulait mon avis… La maison était impersonnelle et décidément sale, pas de cadre, pas de touche artistique, mal rangée et pas nettoyée. Je n'étais pas particulièrement maniaque ou quoique ce soit, mais il fallait avouer que niveau propreté on était au plus bas. On retourna dans la pièce principale et je m'assis sur le canapé, ma jambe me quémandant du repos.

- Donne-moi ton ordonnance je vais t'acheter ce dont tu as besoin.

- Tu veux que je t'accompagne ? demandai-je en lui tendant la feuille.

- Nan, ça ira.

Et il partit, me laissant tout seul sur ce canapé dans cet maison inconnu.

[Aomine]

J'étais perturbé. J'avais du mal à rester avec lui parce que je savais, au plus profond de moi, que je commençais à m'attacher. Et ça me terrifiait. J'avais appris à mes dépends qu'il n'arrivait que du malheur au gens qui comptait pour moi.

Il fallait que je mette de la distance entre nous deux, et notre cohabitation n'allait pas du tout m'aider. Rien que quand il m'avait avoué que son métier de cœur était pompier, je m'étais rendu compte que s'il réalisait son rêve, nous allions sûrement nous retrouver ensemble de nombreuses fois. Et il n'y avait rien de pire que de voir une personne à qui on tient risquer sa vie dans une mission. Surtout que le boulot était l'un des seuls endroits où je parvenais à oublier tous mes problèmes. Alors oui, c'était méchant, mais pour ma et sa protection, il valait mieux qu'il ne réalise pas son rêve.

Il fallait juste que j'attende que Kise se libère la tête de toutes ses préoccupations et je pourrais lui envoyer Kagami. C'était le mieux à faire. En attendant, je ne devais pas lui donner trop d'espoir. J'avais bien vu à l'hôpital qu'il commençait à voir quelque chose entre nous deux et je devais lui faire sortir cette idée de la tête. J'étais nocif pour lui et il devait le comprendre avant qu'il ne soit trop tard.

Ma course effectuée, je rentrais chez moi. Je retirais mes chaussures en m'annonçant et rejoignis le salon où se trouvait Kagami : allongé sur le canapé, sa tête reposant sur l'accoudoir et un bras passé par-dessus les yeux. Je m'arrêtais deux secondes pour le regarder avant qu'il remarque ma présence.

- Tiens, lui dis-je en tendant le sachet.

Il se redressa et prit le sachet pour en regarder le contenu.

- T'as tout trouvé ?

- Normalement.

- Je peux les ranger dans ta salle de bain ?

- Vas-y.

Je m'installai sur le canapé à mon tour et soupirai. Il fallait que l'on mette les choses aux clairs car je voyais bien que Kagami était perturbé par la situation. Autant en parler avant de le faire espérer avec notre cohabitation.

- Kagami, l'interpellai-je quand il revint.

- Oui ?

- Il faut qu'on parle.

Il parut d'abord étonné par mon changement de ton. Mais il se remit vite de ses émotions et croisa les bras, plus distant et sérieux.

- Je suis d'accord.

J'inspirais, réfléchissant à quoi dire.

- Pourquoi t'es aussi distant ? me demanda Kagami pour aller droit au but.

Je détournais le regard vers la droite, cherchant quoi répondre. Je ne voulais pas passer par quatre chemins, il fallait que je sois sincère même si mes paroles le blessaient. Il n'y avait rien de pire que les non-dits.

- Je ne veux pas que tu espères quoique ce soit de nous deux.

- Et pourquoi ça ?

- Tu risques d'être déçu.

- Je suis assez grand pour savoir avec qui je veux être proche ou non. Tant pis si je suis déçu, ce sera mon problème. C'est tout ?

- Tu comprends pas, m'énervais-je. J'ai pas envie d'être proche de toi.

- Pourquoi ? répéta-t-il. J'ai fait un truc de mal ?

- T'espères trop de moi. Je le vois dans tes yeux, tu veux quelque chose d'impossible. Je ne donne pas ma confiance à n'importe qui et tu peux toujours rêver pour l'avoir.

- Je vois, répondit-il, tendu. Et pourquoi je ne la mériterais pas cette confiance ? Tu t'amusais bien avec moi à l'hôpital si ma mémoire est bonne. Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis ?

- Je me suis rendu compte que c'était voué à l'échec, c'est tout.

- Tu réponds pas à ma question : pourquoi ? Si j'ai rien fait de mal, qu'est-ce qui t'empêche de me donner ta confiance ?! Tout allait bien jusqu'au jour où tu as décidé de devenir distant ! Au fond, c'est pas grave si tu ne vas être proche de moi, mais donne-moi au moins une bonne raison.

Je restais de marbre. Lui donner la raison serait accepter qu'il apprenne ce que je cache au plus profond de moi. Je ne pouvais pas me résigner à le faire. Je ne pouvais pas me montrer faible devant lui. Je le vis serrer les poings avec encore plus de hargne. Il releva la tête en inspirant un grand coup puis me cracha son énervement :

- Réponds-moi quand je te parle !

Le silence lui répondit.

- Je croyais que tu voulais parler ! Alors, vas-y, dis-moi c'est quoi ton problème avec moi.

Il s'approcha, menaçant, j'avais l'impression de faire face à un tigre.

- Tu flippes ? Ta mère t'a dit de pas faire confiance aux inconnus, c'est ça ? Réveille-toi, t'as 26 ans !

Je me relevai brusquement du canapé. Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'une de l'autre. Il pouvait sûrement sentir mon souffle erratique sur lui.

- Ne parle pas de ma mère, le menaçai-je.

Il me regarda droit dans les yeux, dans un mélange d'effrayamment et d'irritation. Nous ne nous lâchâmes pas des yeux.

- Si tu ne me dis rien, comment tu veux que je comprenne ce qu'il t'énerve.

Je fronçais les sourcils, jonglant d'un œil à l'autre.

- Je ne connais rien de toi non plus.

Il me regarda longuement, semblant réfléchir. Puis il se recula pour remettre une distance acceptable entre nous deux et je pus apercevoir une flamme brûler ardemment dans ses yeux.

- Je te propose un deal.

Je penchais la tête sur le côté, interloqué.

- Je te dis tout ce qu'i savoir sur moi et en échange, tu fais pareil.

Je crus d'abord à une blague. Mais vu son air plus que sérieux, je compris qu'il pensait vraiment ce qu'il disait. Je me retins de lâcher un rire amer à son égard.

- Il n'y a que deux personnes qui savent mon passé sur cette planète, et tu penses que tu peux débarquer de nulle part et faire partie d'eux ?

- Je te rappelle que moi aussi je vais te parler de mes secrets connus que par une poignée de personnes, c'est du donnant-donnant.

Il me vit hésiter et rajouta :

- Et puis, après ces quelques jours de cohabitation, on ne se reverra sûrement plus jamais. Tu feras tes trucs de ton côté et je ferai de même. Nos secrets seront bien gardés.

J'hésitai quelques instants, pris de court. Etais-je vraiment près à le faire ? Je plongeai mon regard dans celui déterminé de Kagami. Je ne pus qu'abdiquai. Je n'avais plus rien à perdre et ce type avait déjà pris trop de place dans mon esprit pour que j'arrête maintenant. C'était peut-être l'étape la plus importante que j'allais faire de ces dernières années. Et ça se passait chez moi, dans mon salon, avec un gars quasiment inconnu. J'allais lui révéler les plus lourds de mes secrets.

Cette situation aurait dû m'inquiéter mais au contraire, je me sentais parfaitement calme. J'avais l'impression que j'allais me réveiller demain et me rendre compte que tout ça n'était qu'un rêve. Je me sentais dans une situation bien trop intime pour qu'elle m'apparaisse comme réelle. Rien qu'en me convainquant à faire ce que je m'apprêtais à faire, Kagami avait comme réussi à lire au plus profond de moi. Ce videur lambda avait réussi à me retourner le cerveau en une soirée. Il s'assit sur mon canapé et s'essuya les mains sur son jean. Il parut plus tendu que tout à l'heure, stressé. Je n'arrivai toujours pas à me rendre compte de ce que nous étions sur le point de faire. Une chose était sûre, plus rien ne sera pareil après nos révélations.

Il avala difficilement sa salive et après un court instant de silence, il se lança.


[Kagami]

Je suis né un 2 août, au Japon. Et le même jour, ma mère est morte, en accouchant de moi. Je ne l'ai jamais connu mais j'ai toujours eu la sensation d'un vide en moi, comme s'il y avait une part d'amour qui m'était du mais qui ne m'étais jamais parvenu. Mais si ça n'avait été que ma mère, à la limite j'aurais pu apprendre à vivre avec sans trop de difficulté, seulement, mon père était aussi provocateur de ce manque. Il est un grand business man aux États-Unis et il n'avait jamais de temps pour moi. J'ai passé toute mon enfance auprès de baby-sitters. La plupart étaient gentilles mais ça ne valait pas l'amour d'un parent.

J'ai déménagé à Los Angeles quand je suis rentré en primaire. Ça a été des années douloureuses pour moi parce que je suis d'origine japonaise et que ça soit dans mes coutumes, ma langue ou mon physique, j'ai toujours été différent des autres enfants. J'étais très seul que ça soit chez moi ou à l'école et ça a été une période difficile pour moi.

Mais heureusement, ça s'est arrêté au collège. Un jour, un camarade de classe vint me voir avec son groupe de potes, il s'appelait Nash Gold Jr. Il était très populaire auprès de la gent féminine mais il n'avait jamais été en couple, c'est tout ce que je savais de lui. Un de ses amis me proposa un basket, et j'acceptai sur le champ, ravi de pouvoir m'éloigner de ma solitude pour un après-midi.

Je n'étais pas mauvais pour un débutant, me firent-ils remarquer. Nash me proposa même de me donner des cours le soir pour que je m'améliore. Honnêtement, j'avais vécu le meilleur après-midi de toute ma vie et j'acceptai sa proposition avec une joie non-dissimulée. Notre amitié commença de cette manière.

Nous étions dans la même classe et maintenant nous nous voyions les après-midis également. Nous parlions beaucoup et il s'ouvrait facilement à moi. Il me parlait de ses parents ou de ses amis et il me donna peu à peu envi de m'ouvrir moi aussi. Alors je lui racontai ma mère morte, mon déménagement du Japon aux États-Unis, ma solitude… Et il m'écoutait, me soutenait, me prodiguait des conseils, me rassurait, c'était le meilleur ami possible.

Un jour, pendant un énième entrainement de basket, je lui demandai pourquoi il ne sortait pas avec toutes les filles qui lui tournaient autour et il me répondit, le plus calmement du monde : « Parce que je suis gay. ». J'en loupai mon shoot. Pas que j'étais contre ou quoique ce soit, je n'en avais seulement pas beaucoup entendu parler. Pour moi, l'amour était futile et ennuyeux. Mais petit à petit, je compris que l'amour me paraissait si repoussant justement parce que je ne l'avais imaginé qu'avec des filles. Seulement, les relations homosexuelles m'étaient trop inconnu pour que je puisse affirmer l'être.

Je fis part de mes réflexions à Nash et il me proposa une idée : « On n'a qu'à se mettre en couple pendant une semaine et on verra si tu veux prolonger notre couple ou si tu préfères qu'on fasse comme si rien ne s'était passé. ». Je pesai le pour et le contre et vins à la conclusion que ça ne pouvait qu'être bénéfique pour moi, alors j'acceptai. Le premier jour, rien n'avait changé. Le deuxième, rien n'avait changé. Le troisième, rien n'avait changé. Et ainsi de suite jusqu'au sixième. Le dernier jour, Nash décida de m'embrasser. C'était un baiser chaste, pour me féliciter d'avoir marqué. Mais la sensation de ses lèvres sur les miennes ainsi que le visage angélique qu'il affichait à présent me réchauffait le cœur comme ça ne m'était jamais arrivé avant. Ses cheveux blonds volant au vent, son sourire chaleureux et rassurant, ses pommettes roses, sa peau laiteuse qui ne m'avait jamais parue si douce, ses yeux verts brillant comme un éclat de soleil. J'étais incapable de formuler une pensée cohérente, tout était si beau. Pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression d'être réellement aimé et c'était si agréable… Il me prit dans ses bras et je m'y abandonner complètement, j'étais amoureux. C'est là que tout vrilla.

Le début de notre relation était comme être au paradis. Il était au petit soin, on riait ensemble, on s'amusait, on passait presque toutes nos soirées l'un avec l'autre à regarder des films ou à parler du futur que l'on s'imaginait. Il me disait qu'il m'aimait…

Mais toutes bonnes choses ont une fin et cette histoire ne déroge pas à la règle. Nos premières disputes vinrent avec le fait qu'il ne voulait pas assumer son homosexualité et encore moins dire qu'il était en couple avec moi. Pour lui, c'était une « honte » d'être en couple avec moi parce que j'étais introverti et que les gens se méfiaient de moi. Je fus blessé par ses paroles mais il s'excusa et me mit en tête des idées ridicules comme quoi c'était mieux que ça soit « notre petit secret à deux ». Je crus aveuglement à ce qu'il me disait et passai outre ma douleur morale. Le reste du temps il était toujours aussi adorable alors je fermai les yeux.

Mais les problèmes ne s'arrêtèrent pas là. Nash entra au lycée et se fit de nouvelles fréquentations. Son groupe de potes était bien différent de celui du collège. A l'époque, ils étaient une bande de basketteurs qui se serraient les coudes. Maintenant, c'étaient surtout des gros bourrins croyant être au-dessus de tout le monde, usant de leurs poings à chaque occasion et trainant tard le soir dans des boîtes de nuit mal fréquentées et remplies de drogues en tout genre. En parallèle, les parents de Nash se disputaient tous les soirs et ils finirent par se séparer brusquement. Je savais Nash très attaché à ses parents et j'essayai de le réconforter du mieux que je pouvais. Mais il préférait trainer avec ses nouveaux potes et noyer sa peine dans la drogue. Il rentrait tard le soir et ce n'était pas rare qu'il se montre violent.

Je me mis à craindre son retour le soir. Je ne me sentais plus en sécurité. J'étais terrifié. J'arrêtai d'aller en cours, coupant tout contact avec le monde extérieur. Je ne voulais pas contacter la police parce qu'au fond de moi, j'espérais encore que ça revienne comme avant. Qu'il me prenne dans ses bras rassurants, qu'il me demande comment ma journée s'était passée, qu'on mange des pizzas ensemble sur le canapé, qu'il me fasse rire avec ses blagues débiles… Tout ça me paraissait si loin à présent.

J'avais aussi peur de me retrouver à nouveau seul. Il était la seule personne que je voyais de toutes mes journées. Il était le seul qui m'avait vu à ma vraie valeur, qui avait cru en moi. Je croyais que si je le quitter, j'allais retrouver ma solitude paralysante. Alors j'oubliais ma souffrance morale et physique et devenais que l'ombre de moi-même, la proie de Nash. Je m'endormais dans mes coussins imbibés de larmes et me réveillais par un cauchemar au beau milieu de la nuit puis le cauchemar continuait tout le long de la journée. Le paradis avait laissé sa place à l'enfer.

Sous les ordres de Nash, je m'étais trouvé un travail dans un café non loin de chez moi. Un jour, une vieille dame vint me parler, sans raison particulière, juste pour pouvoir parler à quelqu'un de ses problèmes. Elle me raconta sa vie et je n'écoutai que d'une oreille. Jusqu'à ce qu'elle aborde le sujet d'un divorce qu'elle avait eu avec un homme violent et manipulateur. Au fil de son histoire, je parvins à me retrouver en elle, en la souffrance qu'elle avait éprouvée. Elle finit par me parler de son défunt mari qu'elle avait rencontré après avoir divorcé et qui l'avait rendu si heureuse et pleine d'espoir. Elle s'en alla, essuyant ses larmes d'un mouchoir et me remerciant de l'avoir écouté. Le soir, en rentrant, je fis un détour au commissariat de police pour poser plainte. Le lendemain, je fis mes bagages et m'envolai pour le Japon dans l'après-midi.

Mes seuls regrets sont de ne pas avoir pu remercier cette grand-mère et de ne pas être resté pour le jugement de Nash au tribunal car apparemment la justice ne m'avait pas cru et avait allégé sa peine. S'enfuir n'était pas une décision de lâche comme je l'avais cru quand j'étais arrivé au Japon, c'était le meilleur choix que j'ai fait de ma vie et je regrette seulement de ne pas avoir eu le courage de le faire avant.


Tadaaaa, vous connaissez à présent le passé de Kagami ! Je sais que ce n'était pas forcément le plus attendu mais c'est déjà une avancée ! Au départ, le chapitre devait se terminé avant que Kagami nous parle de son passé mais je me suis dit que c'était un peu trop court, alors nous y voilà ;)

Je pense que le prochain chapitre arrivera plus tôt vu que je vais avoir deux semaines plus calme ;) Après je ne promets rien -_-

N'hésitez-pas à me dire ce que vous en avez pensé, ce que vous imaginez pour la suite, quels sont vos questions... Je suis preneuse ! Ah, et si vous remarquez que je fais des fautes d'orthographes ou de grammaires trop fréquemment, n'hésitez pas à m'en faire la remarque parce que je ne m'en rends pas toujours compte...

Je vous dis à la prochaine, bises et bonne soirée ;D