Chapitre III : Repas chez les Weasley
C'était une tradition qui perdurait depuis des années. Malgré les disputes, et les ruptures, la famille Weasley et leurs amis, depuis la fin de la guerre, se retrouvaient au Terrier, le dernier dimanche de chaque mois, pour partager un repas et un match de Quidditch. C'était l'occasion pour la Ministre de redevenir simplement Hermione, et pour le Survivant de n'être que Harry. Après quelques mois de relation, Drago avait réussi à se faire à cette habitude. Il aimait discuté politique avec Granger et Arthur Weasley, malgré leurs désaccords. Le reste du temps, il savourait les plats préparés par Molly avec un talent qu'il admirait. Ce qui l'amusait particulièrement, dans ces repas, c'était qu'Harry était incapable de dire quoi que ce soit lorsque la petite cuisinière replète le grondait pour son imprudence.
En réalité, les seuls Weasley que Drago n'appréciait pas, étaient ceux qu'il avait connu à l'école. L'ancien préfet des Gryffondor, Percy Weasley était un administratif aussi barbant qu'insipide, sans le moindre sens de l'humour. Ronald Weasley était le responsable de son ancienne inimitié avec Harry, mais surtout, il était maladroit et vulgaire. Enfin, Ginny aurait pu être appréciée, mais elle était l'ex petite-amie de Harry et avec donc rejoint la catégorie des ennemis du blond, sans autre procès.
-Et toi, Harry, demanda t-elle, tout en installant un plat de purée sur la table, tes cours avancent bien, le programme n'est pas trop lourd ?
-Non, la réforme de McGonagall sur les soins généraux est une bonne chose. Elle a délesté ma matière de l'initiation à la médecine magique, donc je peux faire un peu plus de théorie. C'est plutôt sur la correction des copies que c'est long.
-Tu n'as qu'à enchanté une plume pour faire les corrections à ta place, fit Ron en reprenant du ragoût.
-Ce n'est pas fiable, d'après Théo.
-Tu fais confiance à un Serpentard ? attaqua la petite rouquine avec un ton moqueur, en fixant Drago.
-C'est notre charme naturel, répondit ce dernier, en embrassant la joue de son petit-ami.
Ce n'était pas dans les habitudes du blond de faire des démonstrations publiques, mais face à cette petite rouquine insolente, il estimait nécessaire de rappeler que Harry était sa chasse gardée. Le brun rougit légèrement, avant de faire les gros yeux à son petit ami qui l'ignora d'un sourire satisfait.
-J'ai vu passé de nombreuses dépenses en matériel dans le budget du mois dernier, demanda soudain Hermione à son meilleur ami. Vous avez des problèmes ?
-Un élève s'amuse à effacer le contenu des livres, grogna Harry. Je pensais que c'était un incident isolé, mais il y a trois jours, McGonagall et Pince on trouvait une dizaine de livre de la bibliothèque, tous vidés de leur substance. Elle m'a dit que c'était régulier depuis la rentrée.
-On efface pas de l'encre magique comme ça, expliqua George. Vous êtes sur que c'est un élève ?
-Pourquoi un professeur viderait le contenu des livres de la bibliothèque ? Fit Hermione. Non, Harry a sans doute raison, c'est probablement un gamin qui a trouver un sort qui l'amuse et il s'en sert autant que possible.
-J'espère que ce n'est pas un sortilège d'absorption de connaissance, comme celui que tu as utilisé contre l'âme de Voldemort l'année dernière, Harry.
Drago avait dit cela avec une certaine gravité, ce qui intrigua le brun.
-Pourquoi ?
-Les sorts qui altèrent les souvenirs, la mémoire ou les pensées sont dangereux. Une utilisation occasionnelle comme tu le fais, c'est une chose. Mais les usages répétés provoquent des lésions cérébrales. Tu te rappelles Cho Chang ? C'est l'utilisation à répétition de l'Imperium sur elle qui a transformé son cerveau en passoire.
-Vous feriez bien de retrouver cet élève rapidement dans ce cas, fit Molly. C'est vraiment une bonne chose d'avoir un médicomage dans nos amis !
-Oui, je crois que ça va devenir notre priorité, concéda Harry. Je n'ai pas envie d'avoir à expliquer à des parents pourquoi leur fils ne sortira plus jamais d'un lit d'hôpital.
Une fois le dessert terminé, les uns et les autres s'affrontèrent sur leur balais. Comme d'habitude Harry et Drago s'affrontèrent pour un Vif d'Or. Sur une magnifique feinte de Wronski, Drago s'écrasa sur le sol, et le brun remporta la victoire quelques minutes plus tard. Drago resta sur le sol quelques secondes, avant que Harry n'approche pour l'aider.
-Est-ce que tu vas bien ?
-Oui ! Maugréa le blond. Je médite sur la futilité de ma vie, vu que tu as failli me tuer.
Harry lui tendit la main et comme à chaque fois que cela arrivait, il redevenait des enfants de 10 ans, réparant une erreur passée. Drago prit sa main et se redressa.
Le soir même, alors que Harry passait une pommade médicale dans le dos nu et offert de son petit-ami, il en profita pour lui faire une proposition.
-Tu viens à Poudlard, cette semaine ? Il y a un match de Quidditch, entre Serpentard et Gryffondor ?
-Potter, si tu cherches un prétexte pour me mettre dans ton lit, c'est inutile. J'y suis déjà.
-Tu fais sonner comme un reproche ! Qui est le premier à avoir embrasser l'autre ? S'amusa le brun, en posant ses lèvres dans le cou du blond.
-Il faut bien déniaiser les Gryffondor. Sans moi, tu serais peut-être retourner avec ta rouquine, faire des marmots.
Harry hésita un moment à poursuivre cette conversation, mais finalement il décida qu'il était temps de discuter avec Drago de leur avenir.
-Et si c'était les nôtre de marmots ? Demanda Harry avec un sérieux soudain.
Le blond se retourna avec des yeux terrifiés comme un chat dans les phares d'une voiture.
-De quoi tu parles ?
-Pas maintenant, bien entendu. J'aimerai juste savoir, si tu envisages un avenir pour nous deux ?
Le petit rictus satisfait que le Serpentard portait habituellement comme un masque s'évanouit. Il n'aimait pas cette conversation, elle lui faisait peur. Les yeux verts d'Harry, rempli d'espoir, scrutait le moindre de ses gestes.
-Je ne sais pas, Harry. Notre relation paraît déjà surréaliste, alors avoir un avenir ensemble, ce serait beau, trop beau... Tous les matins, je me réveille, et je me demande quand est-ce qu'une main viendra me tirer de ce rêve, me dire qu'on ne peut pas être heureux ensemble, qu'on est trop différents.
-C'est la même chose pour moi, Drago. Je crois que toi et moi, on n'a pas appris à être heureux. On a tous les deux vécus des choses difficiles et on n'a besoin d'apprendre à profiter de notre bonheur, plutôt que de s'inquiéter pour la prochaine catastrophe... Je vais reformuler : Est-ce que tu veux que nous fassions face aux prochaines problèmes, ensemble ? Où est-ce que tu veux juste profiter du moment présent ?
-Harry, je ne pense pas que ce soit juste. Nous sommes deux. Tu dois, toi aussi me dire ce que tu attends, ce que tu veux.
Le brun glissa ses doigts dans ceux de Drago.
-Je veux des enfants. Pas maintenant, mais un jour, je serais prêt à en avoir, et ce jour-là, j'aimerai les élever avec toi. Drago, j'ai grandi sans la moindre famille. J'ai besoin de quelqu'un en qui j'ai confiance et qui me dira quand je me trompe selon lui, et tu es la meilleur personne pour ça.
-Ce que tu me dis, me fait peur, avoua l'ancien Serpentard. Mes parents ont raté mon éducation, et ma mère a fini seul et mon père est mort en prison, ce n'est pas le couple idéal. Moi aussi, j'ai envie d'avoir une famille, Harry. Seulement, je suis terrifié à l'idée de reproduire les erreurs de mes parents.
Harry glissa ses mains dans le cou du blond et l'embrassa sur le front.
-Je ne te demande pas d'être courageux, déclara le brun. Ce n'est pas dans ta nature, et je n'ai pas envie que tu changes. Tu as le droit d'avoir peur de l'avenir, et des problèmes que nous aurons. Moi aussi j'ai peur. Le principal, c'est de savoir si tu as plus envie que tu n'as peur ?
Drago hésita un long moment, puis il remonta son regard jusqu'à croisé les yeux verts d'Harry. Comme ils étaient beaux, comme son odeur était suave et douce. Comme cette étreinte était puissante. A cet instant, toutes les peurs de Drago s'évanouirent.
-Oui, je crois que oui. Ce n'est pas une promesse ou un serment, mais oui, un jour, je crois que j'aimerai fonder une famille avec toi, avoua finalement, le blond avant de se jeter sur les lèvres de son petit-ami dans un baiser fougueux. Maintenant est-ce que je peux savoir pourquoi tu avais besoin d'avoir cette conversation particulièrement gênante ?
-Hermione et Ron parlent d'avoir un bébé, et je me suis demander ce que tu penserais de cette idée ?
-Si je fais une blague sur la stérilisation des rouquins, tu vas me dire que je m'acharne ?
-Ma mère était rousse, Malefoy, grogna l'ancien Gryffondor.
-Je sais. Dieu merci, elle a préféré te donner ses yeux plutôt que ses cheveux ! Merci, madame Potter ! Fit Drago en saluant l'air.
-J'espère qu'elle n'est pas dans la pièce, murmura Harry à l'oreille de son petit-ami. Sinon, ça veut dire qu'elle a vu ce que nous avons fait hier soir.
-Tous tes ancêtres sauront Potter, que tu n'es qu'un petit vicieux qui aime attacher ses partenaires ! Voilà comment nous aurions dû utiliser la Pierre de Résurrection !
-Tu utiliserais un si noble artefacts pour de si basses besognes ?
-J'ai été à bonne école. Ne me fait pas croire que tu as toujours utilisé ta cape d'invisibilité pour des motifs nobles. Et non, me suivre dans les couloirs en sixième année, parce que tu en pinces secrètement pour moi, n'est pas un « motif noble ».
Harry fit une moue scandalisée, ce qui fit rire Drago.
-Je n'étais pas amoureux de toi à cette époque ! J'étais certains que tu préparais un mauvais coup, et j'avais raison !
-Oui, oui, j'étais le méchant et toi l'Auror en herbe. Oh ! Je viens de comprendre, c'est pour ça que tu m'as attaché, hier soir ! Tu voulais revivre tes fantasmes adolescents !
-Si tu veux, fit Harry. Je crois que je vais recommencé ce soir ! S'amusa le brun, en enserrant le torse de Drago contre lui.
