Jour 24 : Se dénoncer à la place de l'autre

Adelphie : Myrcella & Tommen (GOT)


Myrcella avait rarement vu Tommen être aussi enthousiaste.

Le petit garçon de cinq ans courait en effet dans l'aile réservée aux appartements royaux. Du fait de l'absence du roi, de la reine et de son héritier, couplé à une certaine sécurité naturelle qu'offrait la disposition des lieux, les gardes avaient déserté les pièces. Myrcella et Tommen avaient l'endroit pour eux tout seuls. Le petit garçon était bien décidé à profiter de cette liberté pour se rendre chez leur aîné.

Joffrey avait en effet reçu pour son anniversaire une merveilleuse arme : sa première vraie épée ! L'objet était si beau que Tommen en avait été jaloux. En voyant sa moue dépitée, Cersei l'avait rassuré : quand tu seras plus grand, toi aussi tu auras une vraie épée, lui avait-elle dit. Tommen allait se satisfaire de cette explication, quand Joffrey avait ri. Une vraie peut-être, mais jamais une aussi belle ! Après tout, moi je serai le roi, et toi rien du tout. Depuis, le cadet s'était mis en tête d'aller prendre l'épée, ne serait-ce que pour la tenir au moins une fois, et prouver qu'il était digne lui aussi d'une telle arme. Aujourd'hui, avec leur petit monde absent, était l'occasion idéale.

Myrcella était donc contrainte de suivre Tommen pour essayer de le raisonner :

- C'est une mauvaise idée, dit-elle pour la cinquantième fois.

- Non, c'est une bonne idée.

- Une bonne idée n'est parfois qu'une mauvaise idée dans le déni, déclama la princesse en imitant le ton de sa septa.

Malheureusement, rien n'y fit et Tommen pénétra rapidement dans la chambre de l'héritier. Mais aucune trace de l'épée !

- Il a dû la prendre, souffla la blonde. Allez, on y va.

À cet instant, Tommen repéra l'objet de sa convoitise : l'arme était de l'autre côté du miroir en pied de Joffrey, posée telle un trophée sur la commode. Il s'avança alors pour la récupérer mais sa petite taille ne lui en facilitait pas l'accès. Il essaya d'escalader le meuble mais, avant que Myrcella n'ait pu s'approcher pour l'aider, trébucha, emportant dans sa chute le miroir.

Les deux adelphes n'eurent alors d'autre choix que de regarder, impuissants, le grand miroir tomber jusqu'à se briser en mille morceaux.

- Oh non... gémit Tommen.

Les deux enfants se rapprochèrent des morceaux de verre pour essayer, naïvement, de les replacer, mais ils entendirent bien rapidement les portes des appartements s'ouvrir. Ni une ni deux, Myrcella attrapa la fameuse épée, si bien que lorsque Joffrey pénétra dans sa chambre, sa sœur tenait l'arme entre ses mains.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? Rugit-il.

- J'ai voulu prendre l'épée, mentit alors Myrcella de sa plus petite voix. Mais je n'ai pas su la tenir et j'ai renversé le miroir.

- Évidemment que tu ne sais pas la tenir ! T'es qu'une fille ! Tu es incapable ! Ce n'est pas pour rien qu'on offre de la broderie aux filles et pas des épées !

Après plusieurs minutes d'un tel discours, Joffrey en vint à se calmer, convenant que Myrcella ne l'avait pas fait exprès.

- Après tout, ce n'est pas ta faute si tu as suivi une pulsion incontrôlable. Les femmes perdent leurs esprits quand elles saignent. Toi tu ne saignes pas encore, mais tu es peut-être déjà atteinte des premiers symptômes du mal féminin. Je te pardonne donc. Merci Tommen d'avoir voulu la raisonner, mais c'est impossible.

Myrcella fit son plus beau sourire de gratitude et entraîna Tommen loin de la chambre. Quand son petit frère explosa en larmes et en excuses, elle balaya les deux.

- Ne t'inquiète pas, cette aventure m'a permis d'apprendre quelque chose.

- Quoi ? Demanda le cadet d'une voix chevrotante.

- Les femmes ne savent peut-être pas tenir une épée, mais cela ne les empêche pas de savoir se battre.