*Nouvelle Institution Héroïque

6 mois plus tard…

Le soleil rayonnait de mille feux sur l'étincelante académie héroïque. Pourvue d'une archicture inégalée dans tout le Japon, des milliers d'étudiants et étudiantes se promenaient, discutaient, allaient à leur cours ou s'entraînaient les héros du futur.

Momo était réellement heureuse d'avoir changé d'établissement ; sa nouvelle académie l'avait accueillie à bras ouverts, et avait également pourvu à tous ses besoins. Et elle ne se sentait plus à l'écart des autres à cause de son Alter ou de son intelligence : ici, elle était valorisée pour son talent et ses mérites.

— Tu m'accompagnes ?

Elle se détourna de l'académie ; Izuku, le sourire aux lèvres, l'attendait… avec un bouquet de fleurs à la main !

Je t'accompagne, tu veux dire, rit-elle en prenant le bouquet, et le sentit : Oh ! Des jacinthes ?

— Ça te plaît ? J'ai demandé à Shiozaki de les faire pousser et à Komori de les entretenir…

— Tu aurais pu les acheter chez un fleuriste…

— C'est vrai, mais dans ce cas-là, je n'aurais pas permis à mes deux camarades d'user de leurs Alters pour autre chose que la destruction et le combat.

Momo regarda Izuku et son regard un peu lointain… Deux mois déjà qu'ils étaient en couple, et elle trouvait ce regard irrésistible. De plus, Momo et lui étaient les deux meilleurs éléments du campus, ce qui avait poussé (au grand dam de la jeune fille !) les autres élèves de la classe 1A à les surnommer : « le Couple Invincible ». Du mauvais goût, certes… mais Momo se fichait pas mal de ce que les autres pensaient : elle était heureuse avec lui, et il était heureuse avec elle. Que demande le peuple ?

À la N.I.H, il y avait bien plus de classes qu'à Yuei, dû au fait que la plupart des écoles de superhéros avaient été désertées pour cette dernière (soit à cause de scandales trop longtemps enfouis ou par simple logique : la N.I.H était à Yuei ce que l'Olympe était à Athènes). À cause, enfin grâce à ces effectifs augmentés, plus de professeurs étaient engagés pour donner cours, ce qui permettait d'avoir des personnes plus… qualifiées que des héros pour enseigner des matières générales.

Ce fut d'ailleurs l'une des erreurs de Yuei pointées par les médias : l'absence de professionnels réels pour une école d'élites. Nezu avait trop longtemps caché que la plupart des héros qui enseignaient à l'ancien lycée n'avaient même pas le CAPES et possédaient juste les connaissances du lycée pour enseigner, n'ayant pas ou peu fait d'études après leurs écoles de héros. Certains d'entre eux avaient protesté, et Momo ne leur en tenait pas rigueur, car il est logique de penser que des héros n'ont pas besoin d'avoir des connaissances avancées dans les langues, les sciences et les arts.

Mais M. Yokoshima, le directeur de N.I.H, ne semblait pas du même avis : il ne voulaient pas des élèves en filière héroïque, générale ou management. Ils voulaient des citoyens de demain, responsables et non dépendants qui, même s'ils ne devenaient pas des héros, auraient l'éducation nécessaire pour développer leurs Alters afin de pouvoir l'utiliser dans les limites imposées par l'État, et le contrôler en cas de panique ou de stress. Ils voulaient des héros savants qui, même s'ils n'étaient pas scientifiques ou artistes, auraient l'esprit critique et les connaissances requises pour réfléchir, aider, améliorer le monde futur.

L'éducation des Alters pour tous, sans discernenement

Une fois que Momo et Izuku eurent fini de discuter, ils se préparèrent à rejoindre la classe 1A. Cette dernière n'était plus constituée de l'ancienne classe qu'ils avaient connu ; à la N.I.H, l'élitisme de Yuei avait fleuri pour donner un système bien plus spécialisé qu'auparavant. Chaque classe, de la H à la A, était classée selon divers critères tels que la créativité, la compétitivité, le nombre de projets, la présence d'élèves plus doués que les autres, les matières enseignées… Les notes n'avaient rien à voir là-dedans, alors qu'à Yuei, seule les classes A et B, quelque soit leur niveau, étaient valorisées.

Désormais, la classe A était la classe qui comptait le plus de héros « du terrain », c'est-à-dire ceux qui combattaient les vilains et qui allaient en territoire ennemi pour glaner des informations. Mais surtout, c'était une classe qui se targuait d'utiliser le plus de connaissances scientifiques dans ces situations. Sachant que la plupart des élèves de la classe 1A ne rentraient pas dans cette catégorie, ils avaient été transférés dans d'autres classes pour suivre un cursus plus à même de répondre à leurs envies et talents.

Ne restaient de la classe 1A que sept personnes : Izuku, Momo, Bakugo, Kirishima, Todoroki, Fumikage et Kaminari. De la classe B venaient ces éléments : Tetsutetsu, Monoma et Shishida et enfin Shinso. Puis, d'autres élèves venant de différentes sections de Yuei, générales comme managements, mais ayant raté l'examen d'entrée de l'ancien lycée. Momo ne les avaient côtoyé que très peu, puisqu'elle préférait passer plus de temps avec Izuku ou avec ses amies qui étaient dans d'autres classes.

Soudain, stoppant les conversations, entra le professeur principal et directeur de la N.I.H.

— Bonjour à tous.

— Bonjour, sensei ! répondirent les élèves d'une seule voix.

— J'espère que vous êtes en forme, car le programme d'aujourd'hui est chargé (les élèves sourirent ; si vous étiez étranger à cette classe, vous auriez blêmi, mais eux savaient que le professeur le plus intelligent de l'école avait concocté un cours des plus passionnants) Hier, nous nous sommes penchés sur les radars bio-magnétiques, maintenant je vais vous donner un exercice où vous devrez vous concerter pour trouver la meilleure solution face à un groupe de vilains possédant un Alter pareil. Comment les approcher ? Les contrecarrer, les empêcher d'envoyer un signal de détresse ? Vous avez, tout comme dans la vraie vie, une demi-heure pour trouver une solution ou les vilains s'organiseront pour détruire la ville.

Tous les élèves se levèrent et se réunirent pour discuter. Dans ce bouillonnement intellectuel sans commune mesure, Momo sut qu'elle avait trouvé sa place.


Kyoka observait la fenêtre avec un air ennuyé. Le cours de littérature moderne était terminé, et pourtant, même si c'était celui de théorie acoustique qui suivait, elle n'avait pas le cœur à bouger de sa chaise…

— Arrête de bougonner.

Son regard se détourna pour voir le visage inquiet d'Ochaco. Derrière, Tsuyu semblait aussi l'être, à sa manière (à savoir des yeux grands ouverts et un visage inexpressif, sauf que son index s'était porté à ses lèvres). La brune aux oreilles mutées soupira et consentit à se lever, avant de se traîner derrière ses deux amies. Malheureusement, son répit fut de courte durée :

— Dis nous si on t'embête ! blagua la fille aux joues roses.

— Crois-moi, tu le saurais.

— Tu es morose depuis…

— Tsu ! l'apostropha Ochaco.

Trop tard. Kyoka se renferma sur elle-même, ne prononçant plus aucun mot… Oh, et puis merde ! D'un coup de jambe, elle fila dans le couloir adjacent malgré les protestations de ses amies. Elle sortit de l'établissement, attirant le regard ennuyé de deux étudiants qui jouaient aux dames.

Son visage souriant, ses mèches châtain, ses yeux d'un vert profond…

Traître ! Avaient-ils hurlé. Meurtrier ! En avaient sorti d'autres. Elle ? Elle s'était tue. Elle s'était juste assise devant le téléviseur, et avait regardé les images défiler, sans le son. Les flashs d'appareils photo, les milliers de micro. Les policiers qui escortaient un garçon pas vraiment plus vieux qu'elle, sur un fauteuil roulant, les mains et les pieds enfermés dans des carcans remplis de liquide réfrigérant. Sur son visage, on lisait une résignation qu'aucun innocent ne pouvait feindre.

Elle ne s'était pas rendue compte de son changement… mais aurait dû ! Toutes ces histoires de magie sur d'autres mondes, de dragons métamorphes et de voyages dans le temps… n'étaient que les signes d'une folie grandissante. Kyoka s'était sentie si idiote d'avoir crû de telles sottises, et aujourd'hui, elle se sentait salie ; dire qu'elle avait aimé du corps et du cœur ce garçon dérangé, détraqué de l'intérieur.

— Jiro ?

Bordel ; elle était tellement déprimée qu'elle avait crû entendre la voix de Bakugo qui l'appelait sans la traiter « d'Oreille de Bouddha ». Elle délirait sûrement…

— Merde, Jiro !

Elle se tourna en lâchant : « Quoi ? » avant de voir qu'il s'agissait effectivement de Bakugo : il avait l'air soucieux, ce qui n'était pas habituel venant d'un type qui pouvait vous balancer une explosion dans la figure simplement parce qu'il était de mauvaise humeur.

Visiblement, le blond avait dû la chercher durant longtemps, car il était essoufflé. Soudain, il sortit son téléphone de sa poche, et le lui montra :

— La déléguée ne veut pas y croire. Mais toi, comme t'es la petite amie d'Akira…

— Quoi ? (elle l'attrapa par le col et le plaqua contre un arbre, furieuse) T'as pas intérêt à mettre ça sur le tapis !

— Calmos, ma vieille ! (sans prévenir, elle se retrouva au sol ; les cours d'arts martiaux donnés en classe 1A n'étaient pas que de la frime) Écoute ce que j'ai à te dire.

Elle accepta à contrecœur, surtout pour éviter de se mettre le petit génie à dos. Bakugo l'aida à se relever, et désigna de nouveau son téléphone : allumé, il affichait la page des enregistrements audio.

— Laisse-moi juste te faire écouter un truc. Après, tu décideras si oui ou non je suis complètement fou.

— Qu'est-ce que tu racontes comme bêtises ?

— Écoute juste. Avise après.

Décidément, il n'allait pas lâcher le morceau… elle prit les écouteurs, les plaça dans son oreille, appuya sur play… et son visage blanchit au fur et à mesure de l'écoute. Elle arracha les écouteurs plus par peur que par réflexe, puis les larmes pointèrent à ses yeux, sa gorge nouée en un nœud de huit.

— C'est pas Akira qui a manigancé toute cette attaque, confirma Bakugo. Si on veut pas que notre pays… non, que le monde tombe sous sa coupe, alors il faut arrêter Kei Yokoshima à n'importe quel prix.