Résumé : " Il alluma le contact. Cherchant instinctivement la pédale d'embrayage, son pied tâtonna jusqu'à la première pédale qu'il rencontra : l'accélérateur. La voiture partit brusquement en arrière. Il paniqua, chercha maladroitement les pédales et attrapa le levier à sa gauche en essayant instinctivement de passer la première vitesse. Un bruit mécanique contrarié s'échappa de la boîte et ses pieds trouvèrent simultanément la pédale d'accélérateur et de frein. Le véhicule cala brutalement, et la tête de Kuroo fit une belle avancée vers le parebrise avant de retomber brutalement sur le dossier de son siège. Une fois le véhicule arrêté, il lâcha le volant, l'adrénaline et la peur avait fait exploser son rythme cardiaque et il lui fallut de longues secondes pour pouvoir reprendre son souffle. Ok, bon, mauvais départ."
Chapitre 36 : Kukos 2
Kuroo fut réveillé le lendemain matin par les premières lueurs du jour. En revenant à l'éveil, il constata que la maison était plongée dans le silence. Il sourit, se délectant des quelques minutes de calmes lui étant gracieusement accordées. Kuroo attrapa finalement son téléphone : 6h32. La date accrocha son regard. Il savait qu'ils avaient dit qu'ils ne feraient rien avant la semaine prochaine, mais cela le chagrinait. Il voulait tout de même essayer de faire quelque chose de spécial pour l'occasion. Malheureusement, il n'avait pas emmené de quoi faire grand-chose, et il était au milieu de nulle part. Il vérifia sa géolocalisation sur son téléphone : yep, rien aux alentours. Il trouva que la zone commerciale la plus proche était à plusieurs kilomètres. À pied, il lui faudrait plus d'une heure pour s'y rendre. Il soupira, découragé… Il reprit cependant espoir en voyant qu'il lui faudrait à peine dix minutes en voiture pour s'y rendre… Ou 20 minutes à vélo… Si seulement il avait un vélo…
Attendez ! Il avait une voiture ! Certes, ce n'était pas la sienne, mais ce n'était qu'un détail, il était certain que Kenma ne serait pas contre le fait qu'il la conduise pour quelques malheureux kilomètres. Il la prêtait souvent à Keiji, il ne devait pas y avoir de problème. Diable, il l'avait même laissé à Kōtarō, et vu l'état chaotique de sa conduite, il rentrait largement dans le profil du conducteur approprié pour conduire cette voiture. Il pourrait certes demander, mais ne serait-ce pas cruel de sa part ? Kenma avait si mal dormi la nuit dernière qu'il serait fort mal venu de sa part de le réveiller pour de telles broutilles. Et puis cela ruinerait la surprise à coup sûr ! Kuroo se leva et traversa le couloir à pas de loup. Les clés de la voiture étaient toujours posées sur la table basse. Voilà un argument de plus : s'il ne voulait pas qu'il prenne la voiture, pourquoi aurait-il laissé les clés ainsi en évidence à la vue de tous ? Son plan n'avait absolument aucune faille, tout était parfait. De plus, s'il partait assez tôt, il aurait le temps de revenir avant que tout le monde ne se réveille. Il retourna dans sa chambre, faisant preuve cette fois de beaucoup moins de discrétion, enfila les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main, et il repartit vers l'entrée. Alors qu'il s'apprêtait à enfiler ses chaussures, il constata qu'il avait oublié un détail : il était enfermé dans une baraque avec un alpha en rut et deux omégas en œstrus, il n'était pas bien certain que l'odeur qu'il emportait avec lui serait acceptable, ni même supportable, pour le reste du monde. Il attrapa son T-shirt et respira l'odeur émanant du vêtement : yep, même lui arrivait à le sentir. Il souffla, momentanément découragé. Il se reprit rapidement : il n'allait pas se laisser abattre si vite ! Il lui semblait avoir emporté ce fameux gel douche masqueur de phéromones, et les fringues au fond de son sac n'avaient surement pas encore été « atteintes ». Il repartit en direction de sa chambre, n'oubliant pas de récupérer ses chaussures et les clés de la voiture. Il alla prendre son sac à dos et s'enferma dans la salle de bain. Bien, il fallait qu'il agisse méthodiquement à présent. Il ouvrit la fenêtre et balança ses chaussures à l'extérieur. . .ment.
Ce fut quasiment une demi-heure plus tard, après s'être correctement assuré que chaque pore de sa peau, chaque parcelle d'épiderme et chaque centimètre pileux avaient été lavés comme un sou neuf qu'il passa à son tour par la fenêtre. Il se retrouva donc dehors, à sept heures du matin, les cheveux encore mouillés, vêtu d'une chemise violette à carreau jaune, d'un pantalon de jogging vert et de chaussette pastel dépareillés. Il soupira : il avait originellement apporté ces vêtements-là pour les rendre à Kōtarō, qui avait la fâcheuse tendance à égrainer sa garde-robe dans son appartement, et dont les fringues trainaient chez lui depuis déjà plusieurs mois. Mais comme il s'agissait des seuls habits qu'il n'avait pas pris le temps de sortir, il s'agissait également des seules qui n'avaient pas encore été en contact avec l'air ambiant. Quelle ironie du sort… Il se reprit: à cette heure-là il ne risquait pas de croiser grand monde de toute façon. Il enfila une première chaussure, et dut traverser plusieurs mètres à cloche-pied pour récupérer la seconde qu'il avait jetée un peu trop loin. Une fois complètement chaussé, il récupéra les clés sur le rebord de la fenêtre et partit en direction de la voiture. Une fois assis côté conducteur, il lui fallut un moment pour comprendre comment démarrer. Kuroo avait appris à conduire sur une vieille voiture du siècle dernier, avec un levier de vitesse couinant à chaque fois qu'il changeait de vitesse, il se retrouva donc un peu déboussolé face à la boîte automatique du véhicule dernier cri de Kenma. Il regarda la boîte de vitesse, ne sachant pas du tout comment interpréter les lettres écrites sur le minuscule levier. Il décida que si c'était automatique, c'est que la voiture serait capable de faire sans qu'il n'ait rien à lui dire. Il alluma le contact. Cherchant instinctivement la pédale d'embrayage, son pied tâtonna jusqu'à la première pédale qu'il rencontra : l'accélérateur. La voiture partit brusquement en arrière. Il paniqua, cherchant maladroitement les pédales, et attrapa le levier à sa gauche en essayant instinctivement de passer la première vitesse. Un bruit mécanique contrarié s'échappa de la boîte et ses pieds trouvèrent simultanément la pédale d'accélérateur et de frein. Le véhicule cala brutalement, et la tête de Kuroo fit une belle avancée vers le parebrise avant de retomber brutalement sur le dossier de son siège. Une fois le véhicule arrêté, il lâcha le volant, l'adrénaline et la peur avaient fait exploser son rythme cardiaque et il lui fallut de longues secondes pour pouvoir reprendre son souffle. Ok, bon, mauvais départ... Il n'était pourtant pas prêt à renoncer ! Ses années à devoir gérer ses problèmes d'anxiété lui avaient au moins appris à réagir rapidement dans ces situations-là. Il ferma les yeux et respira profondément quelques secondes. Il n'avait rien, la voiture non plus. Il fallait juste qu'il réfléchisse un minimum et qu'il analyse la situation. La dernière fois que ce genre de situation lui était arrivé, il avait cessé de conduire pendant des mois. Il avait finalement décidé de saisir le taureau par les cornes quand il en avait eu marre de devoir faire deux heures de plus chaque week-end lorsqu'il rentrait de chez ses parents pour aller à Sapporo. Il était hors de question qu'il se laisse abattre si facilement. Après une méticuleuse analyse du levier de vitesse, il passa en mode « drive », qu'il n'avait idiotement pas remarqué plus tôt, et appuya timidement sur la pédale d'accélération : miracle, la voiture se mit à avancer cette fois dans la bonne direction. Satisfait, il s'arrêta de nouveau, attacha sa ceinture, lança son GPS puis put finalement se mettre en route. Après deux, trois calages impromptus, et plusieurs piques de vitesse inopinés, il avait fini par maitriser sa conduite. Il arriva à destination vingt minutes plus tard en un seul morceau. Malheureusement, l'endroit avait l'air complètement désert. Un coup d'œil sur son téléphone lui apprit que la plupart des magasins n'ouvriraient pas avant plusieurs heures… Il s'était tant fait au 24/24 7/7 de Tokyo, qu'il en avait oublié que ce n'était pas le cas partout. Il soupira, dépité, et décida donc de repartir. Il ne pouvait pas se permettre d'attendre l'ouverture, il voulait être là lorsque ses petits-amis se réveilleraient…
Alors qu'il faisait le tour du parking, un grand signe déjà allumé attira son regard : Youpi ! Voilà qu'il était sauvé par une… par une parapharmacie… Bon… pas de quoi s'emballer. Il s'arrêta tout de même, considérant le lieu du regard un long moment. Finalement il haussa les épaules et décida tout de même de tenter sa chance.
Il en ressortit un quart d'heure plus tard, trois sacs pleins à craquer dans chaque main et un conséquent trou dans son compte en banque, mais le sourire aux lèvres. Qui aurait pu croire qu'une simple parapharmacie aurait tant à lui offrir ! Note à lui-même : retourner faire son shopping dans ce genre d'endroit plus souvent ! Il fourra toutes ses victuailles sur les sièges arrière et remonta à l'avant, démarrant la voiture sans problème. Il se permit même d'allumer la radio sur le chemin du retour, commençant à chanter sur les hits du moment sans jamais avoir appris les paroles. Il laissa son regard voyager sur l'horizon s'étendant à l'infini, les arbres autour avaient pris leur feuillage rougeoyant d'automne, les rayons du soleil se perdant en kaléidoscope coloré dansant sous ses yeux. Il abaissa la fenêtre, laissant l'air frais s'engouffrer à l'intérieur, se délectant de la sensation du vent caressant sa peau et se perdant dans ses cheveux. Il sourit pour lui-même, apaisé.
Il finit par arriver non loin de son point de départ, il se félicita d'ailleurs d'avoir réussi à revenir sur ses pas alors qu'il n'avait pas pris la peine de noter la localisation géographique de son point de départ. C'est qu'il s'améliorait pardi ! Sa joie fondit comme neige au soleil lorsqu'il se retrouva finalement devant un immense portail noir cadenassé qu'il était persuadé de ne pas avoir rencontré plus tôt. Ok, rien de bien grave, il devait simplement avoir tourné au mauvais endroit. Il fit demi-tour, et reprit sa route. Ce ne fut que dix minutes plus tard, après trois crises de larmes brillamment évitées, qu'il se retrouva sur un chemin qu'il reconnut enfin… Qu'il reconnut vaguement… La végétation était similaire. Alors qu'il passait devant une étendue verdoyante, essayant de reconnaitre les maisons qu'il apercevait au loin, il aperçut un petit chemin de terre. Là ! Il tourna aussitôt, persuadé maintenant d'être en bonne voie. Alors qu'il échappait un soupire d'aise, il dut contre-braquer violemment lorsque deux pick-up surgissant de nulle part vinrent lui barrer la route. Il freina, la voiture rentrant en contact avec un obstacle non identifiée avant de caler. Kuroo, tout d'abord un peu secoué, éteignit le contact et sortit précipitamment de la voiture, bien remonté. Il avança vers les deux pick-up d'un pas assuré, se voulant menaçant.
— Hey mais ça va pas de faire un truc pareil ?! Vous êtes pas…
Il se tut. Deux armoires à glace venaient de sortir de leur véhicule. L'un des deux faisait bien une dizaine de centimètres de plus que lui (on était donc sur deux mètres bien alaise) et le second le double de son poids tout en muscle.
— Oh… Bonjour Messieurs.
Dans ces situations, Tetsurō avait appris qu'il valait mieux jouer la sécurité.
— C'est une propriété privée ici, lui dit celui qui paraissait être l'ainé des deux.
— Oh, euh oui je sais mais…
— Si tu le sais, alors casse-toi !
Kuroo se tut, surprit par le ton acerbe et violent qu'avait pris le plus jeune. Il tenta tout de même de calmer la situation.
— Non mais je suis ici avec…
— Rien à foutre de tes excuses, bouge ! s'énerva le plus jeune, commençant à avancer vers lui en prenant une posture menaçante.
— Non mais je vous explique juste je…
Il fut coupé par un bruit de klaxonne. Ils sursautèrent tous trois.
— Eh ! Vous foutez quoi là ? leur hurla une voix.
En se penchant, Kuroo put découvrir qu'une jeune femme à l'air particulièrement courroucé avait arrêté sa voiture derrière les deux pick-up. Elle sortit de son véhicule et se dirigea d'un pas lourd vers les deux armoires à glace.
— Sérieux vous foutez quoi ?
Elle faisait trois têtes de moins qu'eux et nageait dans un sweat-shirt noir bien trop grand pour elle, mais les deux autres parurent presque apeurés de la voir approcher.
— Wari, on essaye juste de, tenta de se justifier le plus jeune.
Alors que les deux hommes se faisaient sermonner par la jeune femme, Kuroo la détailla un peu plus du regard. Elle avait les cheveux noirs, coupé très court, révélant les courbes de son visage. Kuroo eut l'impression de la reconnaitre, de reconnaitre ses traits… Comme si…
— On essaye juste de faire notre job Wari, réussit à dire le plus jeune en désignant Kuroo de la main.
Il se figea lorsque trois paires d'yeux se braquèrent sur lui. La jeune femme le détailla de la tête aux pieds, l'air sévère.
— Qu'est-ce que tu fais là toi ?
— Euh je… j'ai été… invité.
— Invité ? répéta la brune en haussant un sourcil.
— Enfin invité, je sais pas si on dit comme ça… Bref euh… Je suis avec Keiji… Akaashi Keiji.
La déclaration troubla profondément la petite assemblée. La jeune femme le détailla une nouvelle fois, avant que son visage ne s'illumine d'un large sourire.
— Oh ! C'est toi Tetsurō ?
— Euh… oui…
— Oh formidable ! elle s'avança et prit ses mains dans les siennes.
— Enchanté je suis Himawari, Akaashi Himawari, la grande sœur de Keiji.
Tetsurō se figea. Il se disait bien qu'elle lui disait quelque chose : comme si elle avait un air de famille.
— Wari, tu le connais ?
— Oui, oui ! Enfin non ! Mais c'est le petit-ami de Keiji.
Le jeune chien fou fronça les sourcils.
— Ton frère est appareillé à un bêta ? déclara-t-il, semblant un rien dégouté par la chose.
— Euh on est pas app…
— T'as un problème avec ça Ken-Ken?
L'interpellé perdit soudainement de sa superbe.
— Non.
— Bon parfait-Himawari tourna de nouveau son regard vers lui- Ah c'est super de te rencontrer !
Kuroo tenta de sourire.
Oui super de croiser sa « belle-sœur » à huit heures du matin, les cheveux en bataille et dans un accoutrement plus que douteux, à se faire prendre en flagrant délit de violation de propriété.
— Kenma m'a dit que tu serais là.
— Euh oui… Je suis juste sortie faire des courses, je pensais pas que ça poserait un problème que…
— Bah, tant fait pas, ces deux-là son juste casse-pieds, allez hop barrez-vous, circulez ya rien à voir !
— Non mais Wari ça va de nous parler comme ça aussi !
L'ainé des armoires à glace posa une main sur l'épaule de son cadet. Ce dernier se tut instantanément. Le plus âgé les salua avant de se tourner pour remonter dans son pick-up. Ledit « Ken-Ken » lâcha un dernier grognement avant de lui aussi retourner à sa voiture. Bientôt, Tetsurō et Himawari se retrouvèrent seuls.
— Ah j'te jure… Faut pas leur en vouloir, ils font ce qu'ils peuvent, mais bon c'est vrai qu'ils peuvent être un peu bornés.
Kuroo hocha la tête, les yeux portés au loin, n'osant pas croiser le regard de la jeune femme.
— Euh, merci de votre aide Akaashi-san.
L'interpellée échappa un rire nasal :
— Garde tes manières pour quelqu'un d'autre, appel moi Himawari.
— D'accord Himawari-sa…
Il n'eut pas le temps de finir, la jeune femme lui ayant envoyé un grand coup dans l'épaule.
— Himawari.
Kuroo se contenta de hocher la tête.
— T'as l'air d'un bon gamin toi, tu devrais passer à la maison ! Je suis sûr que mes parents seraient ravis de te rencontrer en plus de ça !
Kuroo sentit son sang redescendre jusque dans ses chaussettes, si bien qu'il en eut le tournis. Il croyait que les parents de Keiji n'étaient pas là ? Étaient-ils finalement rentrés ?
— Euh, oui, mais enfin là c'est-à-dire, je voulais rentrer avant qu'ils se réveillent et…
— Non mais relax je te dis pas maintenant ! intervint Himawari.
— Ah oui, d'accord.
— D'ailleurs, Keiji m'a dit ce que tu avais décidé de faire, c'est vraiment chouette.
Elle lui sourit.
— T'es un gars bien.
Avait-il fait bonne impression sans même le vouloir ?
— Merci…
Kuroo ne savait plus trop où se mettre.
— Par contre c'est étonnant que t'ait réussi à sortir incognito, et puis, je veux pas te blesser mais gars, c'est quoi cet accoutrement ? T'as piqué les fringues de Kōtarō ou quoi ?
— Euh… Oui.
Ne s'attendant pas du tout à cette réponse, il vit les yeux de la jeune femme s'écarquiller avant qu'elle explose finalement de rire.
— Ah ! Je me disais bien ! Bon allez, je vais te laisser y aller, à plus !
Kuroo hocha la tête, puis la salua. Il se dirigea de nouveau vers la voiture. Himawari le regarda, ne semblant pas encore décidée à rejoindre son propre véhicule. Le brun lui fit un dernier signe de la main avant de redémarrer. La voiture vrombit avant de caler. Super ! Il retenta l'opération de nouveau mais l'issue en fut la même. Il vit l'ainée Akaashi s'approcher de lui. Il baissa la vitre :
— Hum, je crois que je suis bloqué.
Himawari explosa de rire :
— Bon attends, je vais voir ça.
Elle fit le tour du véhicule, Kuroo la vit regarder les roues attentivement avant de retourner le voir :
— C'est rien, t'es juste dans un petit trou, si tu accélères assez ça devrait aller !
Tetsurō hocha la tête. Il tenta de nouveau de redémarrer, mais la voiture l'abandonna avant qu'il n'ait pu faire un centimètre. Il entendit la jeune femme hurler de rire. Elle revint vers lui et ouvrit la portière :
— Bon allez, sors, je vais te sortir de là !
Kuroo hocha la tête et descendit du véhicule. Himawari prit la place au volant.
— Ah c'est une connerie d'automatique… C'est ta bagnole ça ?
— Non… Kenma.
— Je me disais bien, bon, allez.
À peine avait-elle fini sa phrase qu'elle saisit le volant à deux mains, la voiture vrombit et accéléra d'un seul coup, il lui fallut à peine deux secondes pour sortir le véhicule du trou. Elle entama un virage et finalement recula brusquement. La voiture rentra en contact avec une branche, et Himawari, qui ne semblait pas s'en être aperçue, réavança de nouveau. Sous ses yeux désolés, Kuroo put voir la branche érafler tout le flanc de la voiture.
— Kenma va me tuer, murmura Tetsurō pour lui-même.
Himawari sortit du véhicule.
— Oh merde… Boh non, c'est pas grand-chose, déclara-t-elle en faisant le tour de la voiture.
Elle revint à sa hauteur et lui balança les clés.
— Bon c'est rien, au pire tu diras à Kenma de passer au garage pour refaire un coup de peinture.
Kuroo hocha la tête, son regard ne s'étant toujours pas détourné de l'éraflure sur la voiture.
— Hmhmm, d'accord, lui répondit-il d'une voix étriquée.
— Bon allez je me sauve, ravie de t'avoir rencontré Tetsurō. Salut les loustics de ma part !
Kuroo hocha la tête. Himawari regagna son 4x4, elle le salua une dernière fois avant de démarrer à toute vitesse. Kuroo resta planté là, au milieu de la route, regardant la direction qu'avait prise la voiture. Il mit quelques secondes à correctement enregistrer tout ce qui venait de se passer. Finalement il repartit s'installer dans la voiture. Il jeta un coup d'œil autour de lui :
— Merde… j'aurais dû lui demander dans quelle direction je devais aller…
Finalement, après quelques détours et autres allers-retours au milieu de nulle part, Kuroo avait fini par retrouver le chemin de la maison. En faisant le tour de la voiture une fois garée, il constata qu'en effet, les éraflures n'étaient pas si visibles que cela… Peut-être même qu'il pouvait les dissimuler assez longtemps pour que Kenma pense que cela venait de quelqu'un d'autre que lui, comme par exemple un terrible tanuki affamé de sang et de destruction venu attaquer le véhicule en pleine nuit !
Il imagina tout un tas de scénarii élaborés et plus ou moins extravagants, accoudé au comptoir de la cuisine. L'eau se mit à bouillir avant même qu'il n'ait pu trouver une histoire concluante. Il fallait qu'il regarde la vérité en face : quoi qu'il dise, il allait se faire griller de toute façon… Une fois tous les préparatifs nécessaires effectués, il récupéra ses sacs de course, prit son plateau et se dirigea vers la chambre de Kenma. Il hésita à frapper, peut-être que le blond n'était pas encore réveillé après tout ? Finalement, le son de sa Nintendo lui parvint : bien sûr, que diable pouvait-il faire d'autre ? Il se retrouva bien démuni lorsqu'il constata qu'il n'avait pas la possibilité de frapper, peut-être pouvait-il tenter de cogner sa tête contre la porte ? Il regarda le sifflet qu'il portait autour du cou c'est aussi pour cela qu'ils les avaient pris ! Mais maintenant, il ne voyait aucune contorsion possible pour le récupérer… Va donc pour le coup de tête. Il soupira et se résolut à taper du crâne sur la porte.
— Rentre, l'invita Kenma.
Autre défi de taille: actionner la poignée sans utiliser ses mains. Il réussit à s'en sortir à coup de coude et d'épaule, rentrant avec autant de grâce qu'un bulldozer.
— Hey… murmura-t-il une fois rentré.
Il vit Kenma étirer ses bras, échappant un gémissement qui se termina en un bâillement. Tetsurō prit cela pour une invitation et s'avança. Il sourit en voyant le visage de son amoureux, les yeux encore lourds de sommeil. Le blond étira de nouveau les bras vers lui, il posa sa cargaison aux pieds du lit pour pouvoir se pencher et l'embrasser. Kenma enroula ses bras autour de lui, et il eut de la peine à se redresser pour reprendre sa respiration.
— Hey, lui répondit finalement le blond.
— Joyeux anniversaire, lui murmura-t-il tendrement.
— Hmm, merci, je sens que je vais passer une excellente journée, répondit le blond sarcastiquement.
Il était vrai que ce n'était pas les meilleures circonstances pour ce genre d'événement, mais Kuroo avait tout de même tenu à rendre cette journée spéciale.
— Ça va mieux ?
— Bof…
— Hmm…
Kuroo posa un baiser sur sa tempe.
— Je t'ai ramené un thé, et ça, annonça-t-il fièrement en sortant ce qui s'apparentait à une peluche en forme de chouette.
Kenma l'attrapa avant que le brun ne termine sa phrase :
— Elle est toute chaude !
— C'est une bouillotte.
Il vit des étoiles s'illuminer dans les yeux de son petit-ami. Il s'en saisit sans plus attendre et passa la chouette sous la couette pour la mettre sur son ventre. Il échappa un soupire d'aise en sentant la chaleur déjà faire effet.
— Oh bordel…
Kuroo sourit.
— Et comme je voulais pas qu'elle soit solo, je lui ai trouvé des copains.
Tetsurō sortit d'un second sac trois autres peluches, comprenant un chat, une seconde chouette ainsi qu'une charmante pieuvre qu'il vint délicatement déposer tout autour de Kenma. Le blond pouffa en le voyant faire.
— Et ce n'est pas fini ! Pour que tu sois bien confortable.
Il récupéra les deux derniers sacs et en sortit trois oreillers moelleux et deux plaids duveteux.
Kenma pouffa mais accepta les cadeaux avec enthousiasme.
— T'as fait une razzia au rayon « matériels pour nid » ou quoi ?
— Euh, ouais…. Mais j'avais jamais vu un rayon comme ça ! Dans une parapharmacie en plus ! j'irais plus souvent maintenant !
— Pour te fournir en matériels de nid ?
— Attends, t'as touché le plaid là ? Il est méga doux, je veux le même !
Kenma pouffa mais toucha tout de même le plaid.
— J'avoue qu'il est super doux.
— Ah ! tu vois.
Le blond lui sourit. Finalement il le saisit par le col de sa chemise pour l'attirer dans un baiser. Kuroo se laissa glisser sans lui opposer aucune résistance.
— Merci, lui murmura le blond lorsqu'ils se séparèrent finalement.
Il se décala et tâtonna le vide à ses côtés pour inviter Tetsurō à le rejoindre. Le brun s'exécuta, se lovant contre son amoureux qui le couvrit d'un pan de plaid.
— Hum, désolé, j'ai pris ta voiture pour y aller…
— Ok, pas de soucis merci. T'as pas eu de problème ?
— Eh bien …. C'est-à-dire que…
Kenma tourna la tête. Il fronça les sourcils.
— Qu'est-ce que t'as foutu ?
— C'est-à-dire… c'est pas vraiment ma faute mais…
— Mais ?
— Bon, déjà quand je suis parti, j'ai un peu galéré à savoir comment la conduire mais ça allait… C'est en revenant que ça s'est pas passé comme prévu…
— Continue…
— Bon, tu vois, déjà alors que j'allais rentrer, je me suis fait barrer la route par deux énormes bagnoles et deux grands gars pas contents.
— Oh… Ouais ils surveillent le territoire.
— Ouais, bah ça m'a un peu euh, surpris. Mais là quelqu'un est arrivé et m'a aidé à me sortir de ce pétrin.
— Quelqu'un ?
— Ouais, la sœur de Keiji.
— Oh, ok… Laquelle ?
— Himawari.
— Hmm… et du coup ?
— Bah, un peu bizarre comme rencontre, mais elle est sympa.
— Ok, mais je parlais pour la voiture.
— Ah… eh bah, hum, en voulant éviter les pick-up j'ai un peu fini dans un trou… J'arrivais pas à m'en sortir alors Himawari-san m'a aidé à euh… sortir. Elle l'a sortie mais…
— Mais ?
— Une branche a légèrement éraflé le flanc de la voiture…
Kenma soupira et laissa son visage retomber dans ses mains.
— Euh, elle m'a dit que tu pouvais passer au garage pour la peinture si besoin…
Kenma soupira.
— Faut jamais laisser une voiture à Wari…
— Oh…
— Elle a un don pour les déglinguer… D'ailleurs le garage dont elle parle c'est pas le sien mais celui d'un de ses partenaires, qu'elle a rencontré parce qu'elle arrêtait pas de venir faire réparer les voitures de ses parents, qu'elle utilisait pour faire des rallyes sauvages…
— Woh… c'est un peu classe quand même…
— Ouais, bof quand il s'agit de ma voiture…
— Désolé…
— C'est rien… J'imagine que ça ira avec le coup que m'a fait Kōtarō à l'arrière quand il s'est pris le poteau au super marché…
— Oh ça vient de là ! Je croyais que c'était moi quand j'ai accidentellement démarré en marche arrière…
— Quoi ?!
— Non mais du coup c'est bon, rien de grave, c'était là avant. Tiens, tu veux un peu de thé, s'empressa de demander Tetsurō en fourrant la tasse fumante dans les mains de son petit-ami.
— Hmm mouais… on va dire ça…
Kuroo pouffa.
— Joyeux anniversaire encore.
Kenma leva les yeux au ciel mais n'ajouta rien de plus, se contentant de prendre une gorgée de thé. Le breuvage sembla tant l'apaiser qu'il en oublia le reste.
Kuroo s'était donc sorti d'affaire sans trop de dégât, un peu de thé, une bouillotte et des plaids, et hop, le tour était joué !
-/-
Kuroo se laissa à peine une demi-heure de répit avant de repartir « au charbon ». Kenma s'était de nouveau endormi, serrant contre lui la cour de petits animaux que lui avait apportée le brun. Il avait quand même pris le temps de prendre en photo l'adorable tableau avant de s'en retourner. Armé de son cahier de nutritionniste chevronné, il s'affaira à préparer le petit déjeuner de Keiji. "Petit" n'en avait que le titre, il était sûr de pouvoir nourrir toute une équipe de natation synchronisée avec toute la nourriture qu'il devait préparer. Ce fut aux alentours de 10h qu'il put enfin rejoindre la chambre du fond armé de son super plateau et de moult victuailles. Il ne s'était pas laissé prendre et avait cette fois préparé son sifflet. Il siffla un coup en arrivant devant la porte. Un sifflement plus grave lui répondit, lui signalant qu'il pouvait rentrer. Il y parvenu sans trop de problèmes cette fois à coup de coude et d'épaule. Il capta tout d'abord le regard de Keiji qui attendait qu'il pénètre à l'intérieur, il fut alors pris par l'odeur lourde et camphrée régnant dans la pièce. Pourquoi était-il si surpris finalement ? Il toussota avant de déclarer :
— Ah ouais, faut airer là les gars !
Il posa son plateau et se dirigea vers la fenêtre pour l'ouvrir. En se retournant, il trouva Keiji qui avait quitté la tonnelle, planté au milieu de la pièce nu comme un vers, regardant le plateau comme une chouette affamée.
— Bah vas-y c'est pour toi.
Il n'eut pas besoin de le répéter, Keiji n'attendit pas une seconde de plus pour se mettre à table. Tetsurō échappa malgré lui un sourire amusé.
— Ah attends.
Keiji sembla contrarié de devoir s'interrompre.
— C'est pour Kōtarō ça, dit Kuroo en lui désignant un grand bol fumant. Et ça, ajouta-t-il en lui tendant une petite poignée de pilules vertes.
Keiji fronça les sourcils.
— C'est quoi ?
— Ses compléments alimentaires, tu peux lui donner ?
Le brun hocha la tête, récupéra les pilules et le bol et disparut dans la tonnelle. Kuroo entendit Kōtarō se réveiller, échappant un gémissement contrarié, puis Keiji réapparut de nouveau, retournant à son déjeuner sans tarder.
— Bon, je vous laisse alors.
Alors qu'il se dirigeait vers la porte, Keiji attrapa sa jambe pour l'empêcher de continuer.
— Reste, lui signa-t-il.
— Euh… ok, si tu veux.
Il repartit s'assoir en face de son petit-ami. Keiji se mit à ronronner en le voyant faire, ne détournant pourtant pas les yeux de la nourriture face à lui. Le bruit sembla également attirer Kōtarō qui sortit sa tête de la tonnelle, il échappa un gazouillis en constatant la présence de Tetsurō.
— Hey, le salua ce dernier.
Kōtarō se mit à ronronner bruyamment à son tour en guise de réponse, continuant à boire des petites gorgées de sa soupe. Kuroo resta avec eux, attendant simplement. Ce n'était pas non plus comme s'il pouvait taper la discute. Mais leur présence était apaisante. Tetsurō constata finalement que Keiji regardait avec désolation ses bols vides.
— T'as encore faim ? demanda le brun.
Son amoureux hocha la tête, lui offrant du même coup un regard plaintif, tel un miséreux qui n'aurait pas mangé depuis des semaines. Kuroo pouffa.
— Ok, ok, il doit me rester du riz. En attendant -il attrapa le regard de Kōtarō- tu veux faire ta toilette après, un bain bien chaud ?
L'interpellé acquiesça, visiblement enchanté.
— Bon ok, je reviens alors.
Kuroo sortit, passa par la salle de bain pour lancer le réchauffement de l'eau, avant de repartir à la cuisine afin de se réapprovisionner en riz. Lorsqu'il retourna dans la chambre, Kōtarō était sortie de la tonnelle. Il était assis à côté de son partenaire. Il sourit en le voyant rentrer et étendit les bras. Kuroo crut d'abord à une demande de cajolage, ce qu'il fit sans résistance. Cependant, cela ne sembla ravir complètement son petit-ami.
— Quoi ?
— Peux pas.
— Tu peux pas quoi ?
— Marcher.
Kuroo fronça les sourcils et tourna la tête vers Keiji, qui rougit.
— Pas ma faute, se justifia-t-il, détournant tout de même le regard.
— Mouais… Bon viens là.
Et le voilà reparti pour un nouveau numéro du Cirque du Soleil !
— Keiji, en attendant, tu peux sortir les draps euh… utilisés ? Je vais les laver, yen a des propres préparés.
L'interpellé acquiesça et Kuroo quitta la pièce avec son colis de 83kg sur les bras. Heureusement pour lui, la salle de bain n'était pas bien loin, et au moins, il n'avait pas à se débattre avec un T-shirt rebelle étant donné que Kōtarō était déjà en tenu d'Adam. Il l'assit sur le tabouret, et comprit rapidement que ce dernier ne ferait rien de plus que regarder les mouches voler. Il s'affaira donc à le savonner, et à le rincer, ce qui lui donna l'occasion de faire sa lessive et sa toilette personnelle du même coup grâce à son petit-ami qui apparemment trouvait ça très amusant de taper dans la pomme de douche pour lui renvoyer l'eau dessus. Finalement, il l'aida à s'installer dans l'ofuro. Il soupira, se pensant enfin sorti d'affaire. Que nenni, voilà maintenant qu'il devait faire le moulin à eau pour les beaux yeux de Kōtarō et ses désirs nébuleux. Kuroo reposa sa tête sur le rebord de la baignoire, continuant à clapoter dans l'eau. Il tourna finalement la tête, attrapant le regard de Bokuto qui lui sourit. Au bout d'un moment, il vit les yeux de son vis-à-vis s'écarquiller avant de se tourner en direction de son bas-ventre. Kuroo suivit son regard : oh, effectivement, ils avaient un invité !
— Déjà ! échappa malgré lui le brun en se redressant.
Kōtarō haussa les épaules. Il échappa un sourire malicieux avant d'attraper sa main pour la plonger sous l'eau. Kuroo se défit de sa prise directement.
— Hey Babe !
Ce dernier paru surpris de son refus.
— Bah me regarde pas comme ça, le consentement, tu connais?
Kōtarō lui fit un regard de chien battu.
— Me regarde pas comme ça, t'as des mains à ce que je sache ? Et puis pas dans le bain gars, ça va niquer l'eau et…
Il se tut, voilà qu'il lui servait maintenant le regard du chaton abandonné. Il hocha quand même la tête, l'air désolé, et détourna les yeux. Kuroo soupira. Son petit-ami trouva son regard de nouveau, il lui offrit le même regard que précédemment et commença à ronronner. Kuroo lui retourna un regard blasé.
— Tu crois que c'est comme ça que tu vas arriver à tes fins ?
Le sourire de Kōtarō s'élargit et il hocha la tête. Kuroo pouffa et roula des yeux.
— T'es pas chié quand même…
Il plongea tout de même sa main sous l'eau.
Toutes ses pratiques n'étaient quand même pas très écologiques, ni très économiques aux vues du prix du mètre carré d'eau. Mais que voulez-vous, quand on aime, on ne compte pas.
-/-
Après avoir ramené Kōtarō dans la tonnelle, et après avoir effacé toute trace de ce délit, ce fut au tour de Keiji de faire sa toilette. Cette fois, pas besoin de lui, le brun entra dans la salle de bain et referma la porte derrière lui avant que Tetsurō ne rentre. En retournant dans la chambre il trouva les draps jetés en boule dans un coin de la pièce. Il soupira avant de les récupérer, puis alla lancer la machine. Cette fois pas d'accident ni d'excès d'adoucissant, il en avait maté de la machine à lavé maintenant ! Finalement, il repartit dans son nouveau repaire : la cuisine. Il réchauffa le déjeuner de Kenma avant de lui apporter. Ce dernier allait visiblement mieux, mais semblait toujours exténué. À sa demande, il resta au prêt de lui.
Ils restèrent un long moment ensemble, lovés l'un contre l'autre à regarder des dessins animés sur l'ordinateur de Kenma. Au bout d'un moment, Tetsurō sentit le corps du blond s'alourdir, sa peau se réchauffer, son souffle devenir irrégulier. Finalement, Kenma pressa la barre d'espace de son ordinateur avant de le refermer. Intrigué, Tetsurō tourna les yeux vers lui : son regard était devenu lointain et fiévreux.
— Ça va ?
Le blond acquiesça dans un mouvement lent, tentant toujours de stabiliser sa respiration. Il ouvrit la bouche, puis finalement y renonça. Il lui signa :
— Ça commence.
— Oh… hum…
Il hésita.
— Tu veux que je reste avec toi ?
Le blond sembla y réfléchir. Finalement il hocha négativement la tête.
— Ok… Hum… je te laisse alors.
Il l'embrassa sur la joue et se sortit des draps. Il récupéra le sifflet et le rapprocha pour qu'il soit à la portée de Kenma.
— Tu m'appelles si tu as besoin de quoique ce soit, ok ?
— Ok.
Kuroo hocha lentement la tête, restant planté devant le lit plusieurs secondes. Finalement il regagna la sortie.
— Je t'aime, murmura-t-il avant de refermer la porte.
Il se retrouva seul dans le couloir. Il phasa plusieurs secondes.
Il revint finalement à lui en entendant le bip de la machine à laver. Il était temps d'y retourner.
-/-
Bien que cela soit une situation exceptionnelle pour Kuroo, il avait réussi à s'inventer une petite routine, et il s'y était fait rapidement. Il avait même réussi à dormir plutôt correctement la nuit précédente, c'était donc dire ! Bon, Kōtarō lui avait refait le coup de la baignoire le matin même, suivi de près par Keiji qui cette fois ne l'avait pas laissé devant la porte trouvant également que c'était une chouette activité. Kenma lui était relativement « sage » puisqu'il s'était tout simplement endormi dans la baignoire. Keiji avalait toujours l'équivalent d'un banquet servit pour un gala de charité, mais rien de bien étonnant de ce côté-là. Préparer à manger et faire la vaisselle constituait les activités principales de sa journée, ça et la lessive… Rien de bien palpitant certes, mais il s'y était fait. Entre-temps, il avait renoncé à suivre ses cours et se contentait de regarder des séries Netflix vautrées sur le canapé : il avait tout de même le droit de profiter un peu non ?
Le soleil commençait déjà à se coucher, Kuroo s'était lancé dans la préparation de son repas spécial équipe de judo olympique. Son téléphone vibra alors qu'il était en train de couper des carottes, il ne prit donc pas la peine de décrocher, déjà parce qu'il avait les mains occupées, mais également car il n'était pas certain que son fond sonore convienne à tous les publics. Il ne se décida à regarder son téléphone qu'une fois que les carottes furent jetées dans l'eau : Oikawa avait tenté de l'appeler. Il fronça les sourcils, et ouvrit sa messagerie pour lui demander ce qu'il lui voulait. Avant même qu'il n'ait pu lui écrire quoique ce soit, le châtain lui avait déjà envoyé un SMS :
« Répond grosse merde ! »
Charmant.
« J'avais les mains occupées. »
« Ah mais dégueu je t'ai rien demandé ! »
« … Je coupais des carottes »
« Bien sûr je vais te croire »
« Tu pues »
« Toi tu pues »
« En plus tu sais où je suis, je vais pas répondre ! »
« Je m'en fous, sort dehors gros naze, mais répond ! »
Son téléphone sonna de nouveau. Tetsurō soupira, il baissa le feu sous le fait-tout et se dirigea vers la porte d'entrée. Il ne décrocha qu'une fois dehors.
— Bon qu'est-ce qu'il y a ?
— Ah bah bonjour à toi aussi, c'est pas la politesse qui t'étouffe grosse merde, lui fut-il répondu.
Le brun se contenta de pouffer.
— Bonjour à vous Votre Altesse, que me vaut le plaisir ?
— Saleté… C'était juste pour te dire que je t'ai pris le cours de Nobishi, mais il me manque le diagramme de fin, je demanderai à Chris de te l'envoyer… Et pour tes cours de physique je sais pas quoi, j'ai vu qu'il avait été posté sur le groupe de cours…
Tetsurō fronça les sourcils.
— Merci Oikawa, mais tu me l'avais déjà dit par mail ça. Tu m'appelles pour ça ?
— Oui.
— Hmmhmm ?
Il l'entendit souffler.
— Roh, je voulais juste savoir si t'allais bien.
— Ow, trop mignon !
— Ferme ta gueule.
— Je ne retire pas ce que je viens de dire.
— Bon… et comme t'étais pas au CAPE, je dois te raconter, bon alors déjà Kōshi m'a bien gavé et…
Ils discutèrent de nombreuses heures ensemble. Kuroo avait fini par rentrer pour finir ses préparations, mais le châtain avait insisté pour rester en ligne. Il laissait le téléphone de temps à autre pour accomplir ses tâches, mais à chaque fois qu'il revenait Oikawa était toujours en ligne, recommençant à déblatérer à la seconde où il reprenait son portable. Ils avaient fini par discuter jusque tard dans la soirée.
— Bon, je vais te laisser, Hajime vient de rentrer.
— Ah ok, du coup tu m'abandonnes.
— Oui, parce que je t'aime pas.
— Ça tombe bien, moi non plus. Toute façon j'ai presque plus de batterie.
— Ok, du coup bonne nuit grosse merde.
— Bonne nuit.
Oikawa raccrocha. Tetsurō reposa son téléphone. Il sourit pour lui-même.
Putain qu'il l'aimait sa diva…
-/-
Il ouvrit les yeux, suffocant. Seul le noir l'accueillit. Le noir et cette lourdeur, cette odeur envahissant tout autour, suave et entêtante. Elle l'engloutit complètement, il sent son corps lui obéir, s'y soumettre sans qu'il ne puisse lui opposer de résistance. L'oxygène s'engouffrant dans ses poumons le brûle, le ronge entièrement et le paralyse. Sa tête déjà lourde se fait encore plus douloureuse. Il reconnait cette odeur, elle alerte chaque fibre de son être. Il sait que quelque chose est là, qu'il est là pour lui, qu'il est en danger. Maman lui a dit qu'il était en danger, qu'il ne fallait pas qu'on le trouve. Il faut qu'il bouge, qu'il lui échappe, qu'il survive, mais ses membres refusent de lui obéir. Ils refusent de lui obéir alors que la panique lui hurle de fuir le plus rapidement possible. Il veut hurler, appeler à l'aide, mais sa voix n'est plus qu'un souffle écorché. Il est partout, il se rapproche. Il faut qu'il bouge maintenant, maintenant, maintenant ! Son cœur se comprime sous le poids de la peur. Il faut fuir maintenant, sinon il va venir pour lui ! Maman a dit qu'il ne fallait pas qu'on le trouve, qu'il allait le prendre, l'attaquer. Il se sent mourir mais ses membres refusent toujours de lui obéir, ils sont comme paralysés, brûlés à vif ! L'adrénaline et le désespoir finissent par se faire assez puissants en son sein pour qu'il puisse finalement se redresser. Il tombe de son lit et la chute se répercute dans tout son corps, mais la peur l'anesthésie complètement. Avance, bouge ! Bouge, hurle la sirène d'alarme dans sa tête. Il rampe, forçant sur ses bras pour qu'ils puissent trainer tout le poids du reste de son corps qui refuse toujours de lui obéir. Ses ongles s'enfoncent dans le bois, raclent, il force quitte à les arracher. Finalement il bute contre les marches. En relevant la tête il aperçoit la lumière filtrer à travers la porte. Il est sauvé ! Il est sauvé ! Maman va venir le chercher ! L'espoir de la délivrance le guide, et il réussit à se hisser jusqu'en haut des marches, la porte est juste là ! Le désespoir lui permet de se relever, il appuie tout son poids contre la porte et abaisse la poignée. Elle reste close. Il s'écroule de nouveau, ayant déjà donné tout ce qu'il avait pour tenter de l'ouvrir. Non, non, non ! Il faut qu'elle s'ouvre ! Il faut qu'il parte maintenant ! L'odeur lui parvient de nouveau, écrasant les poumons dans sa poitrine. Il veut hurler ! Alerter ! Il supplie maman de venir le chercher ! Il martèle la porte désespérément encore et encore !
Il sent l'espoir l'envahir en entendant des pas dans le couloir derrière la porte : il est sauvé ! Il frappe de plus belle, désespéré, il faut qu'on le sauve maintenant ! Maman et là, tout prêt, juste là, elle va le sauver ! Il tente de l'appeler, mais seul un gémissement écorché lui échappe.
— Bébé, lui murmure la voix de sa mère.
Il frappe de nouveau. Elle va lui ouvrit, il va s'en sortir !
— Bébé, je peux pas t'ouvrir la porte, tu le sais bien…
Il se stoppe.
— Tu peux pas sortir bébé, tu dois rester là.
Non ! Non ! Il veut hurler pour la prévenir, mais bien trop peu d'air s'engouffre dans ses poumons.
— Il faut que tu restes là, tu sais ? Sinon ils vont te trouver.
Ils l'ont déjà trouvé.
— Ils vont te trouver sinon, et tu ne veux pas qu'ils te trouvent bébé, n'est-ce pas ?
Non, non, non !
— Tu sais ce qu'il va se passer s'ils te trouvent, je veux simplement te protéger, reste là.
Les larmes de panique le secouent, il a l'impression d'étouffer, le danger est tout proche !
— Tu ne veux pas qu'ils te trouvent n'est-ce pas ? Parce que s'ils te trouvent ils vont de prendre, tu le sais. Tu ne veux pas ça ? S'ils te trouvent ils vont te prendre. Tu veux pas avoir de bébés, s'ils te trouvent ils vont te faire ça, tu veux pas de bébés. Reste là alors.
Non, non, non !
Il entend sa mère se relever, et malgré ses tentatives d'appels désespérés, ses pas s'éloignent de plus en plus. Il est seul, elle l'a laissé seul. Il n'a plus la force de frapper, de se défendre, de lutter. Ils sont tout prêts, il le sent, il le sent, il le sent ! Ils sont là pour lui !
Kenma ouvrit les yeux.
L'odeur suave et entêtante était tout autour.
-/-
L'horizon océanique s'étendait jusqu'à l'infinie, l'eau caressant la proue du bateau de ses remous apaisés. Tetsurō scannait l'étendue bleutée de sa longue-vue, l'air marin balayant ses longs cheveux.
— Capitaine ? Toujours rien en vue ?
Il se tourna vers la voix.
— Toujours rien mon brave.
Le matelot à tête de toucan hocha la tête.
— Heureusement, nous avons déjà échappé aux sirènes, lui dit le chat venu se frotter contre sa jambe.
Soudain, un son tonitruant retentit, éventrant les flots de vagues colériques. Le ciel s'assombrit, finalement déchiré d'éclair rougeoyant grondant si fort que son cœur en frémit. Il sentit son corps tout entier s'alourdir. La barre tournait follement, ne répondant plus à son contrôle. Le bateau chavirait de plus en plus, le ciel était maintenant complètement noir, et les tambours de l'orage résonnaient dans sa cage thoracique.
— Il est temps de revenir, entendit-il murmurer dans son dos.
Il se tourna. De l'océan déchainé sorti deux énormes tentacules qui vinrent s'écraser sur le gaillard d'arrière. Le bois céda dans un craquement terrible, la partie arrière du bateau sombra sous l'eau. L'orage gronda plus fort, il dut se raccrocher à la barre de navigation pour ne pas passer par-dessus bord. Le monstre fit surface, ses immenses yeux jaunes le perçant de leur intensité meurtrière.
— Ji revient, murmura de nouveau la voix.
— Kenma… murmura Kuroo, sondant tout autour de lui. Plus personne n'était là.
La bête brandit un troisième tentacule, puis une quatrième qui vinrent enserrer le reste du bateau. Un son strident retentit, se mêlant au claquement de l'orage, résonnant terriblement tout autour. Le bateau chavira brusquement et il se retrouva avalé par les eaux.
Kuroo se réveilla en sursaut, le souffle court et le cœur affolés. Ce n'était qu'un rêve, mais il lui semblait toujours être sur ce bateau trainé dans les tréfonds océaniques, il lui semblait toujours que le tambourinement de l'orage raisonnait tout autour. Il lui fallut plusieurs secondes pour retrouver complètement conscience, ses membres refusant de se libérer de l'emprise du sommeil. Le tambourinement résonnait toujours, et il réalisa que ce n'était plus simplement le fruit de son esprit. Le cœur toujours remué, il se leva précipitamment et courut jusqu'à l'entrée de sa chambre. Il ouvrit la porte à la volée et sortit dans le couloir, le tambourinement s'étant fait encore plus fort. Ses yeux s'habituèrent finalement à l'obscurité et il comprit finalement d'où venait le bruit : Keiji était face à la chambre de Kenma, tapant violemment contre la porte. Kuroo se précipita vers lui.
— Hey, hey, Keiji, qu'est-ce que tu fous ?
Keiji tourna les yeux vers lui, ils étaient noyés d'une crainte terrible, d'une angoisse paroxysmique. Les tambourinements reprirent.
— Qu'est-ce qui se passe Keiji ? demanda-t-il, cette fois vraiment inquiété.
Il ne l'écouta pas, continuant de marteler la porte de coup. Kuroo finit par attraper son bras pour le faire se stopper.
— Keiji, calme-toi. Qu'est-ce qu'il se passe ? murmura-t-il posément pour l'apaiser.
Le brun avait le souffle court, sa poitrine s'agitant de soubresaut paniqué. Son regard était comme perdu.
— Ça va pas, lui signa-t-il finalement.
— Qu'est-ce qui va pas ?
— Il va pas bien. Je sens.
Il tapa sur sa poitrine pour emphaser ses dires.
— Kenma ?
Il hocha la tête, ses yeux se noyèrent de larmes de panique.
— Il a fermé… Il veut pas que j'aide. Mais je sens…
Il reprit le tambourinage. Il tenta de l'appeler mais sa voix mourut dans sa gorge, seul un gémissement étouffé et strident lui échappa.
Sa panique avait maintenant gagné Tetsurō. Keiji cessa finalement et se laissa glisser contre la porte, remué de larmes de détresse. Kuroo s'accroupit face à lui et prit son visage entre ses mains.
— Je vais aller voir ok, je vais voir ne t'inquiètes pas.
Keiji hocha vaguement la tête et se défit de l'emprise de son petit-ami pour laisser sa tête retomber sur la porte. Kuroo échappa un souffle, il n'avait pas le temps de paniquer, il fallait qu'il trouve comment vérifier que Kenma allait bien. Il laissa finalement Keiji pour se diriger vers la porte d'entrée. Il sortit dans la nuit, le froid venant le saisir instantanément. Il n'y prêta pas attention et alla rejoindre la fenêtre de la chambre de Kenma. Il avait aéré plutôt dans la journée et ne se rappelait pas l'avoir de nouveau verrouillé. Et en effet, il réussit à l'ouvrir en appuyant dessus.
— Kenma ?
Aucune réponse ne lui parvint.
Il se hissa sur le rebord de la fenêtre et réussit finalement à se glisser à l'intérieur. Il fut saisi par la lourdeur régnant dans la pièce, il sentit son cœur se serrer douloureusement. Quelque chose n'allait vraiment pas… Il hoqueta de surprise en tournant les yeux, trouvant que le lit avait été renversé sur le côté.
— Kenma ? murmura-t-il.
Il se tut et réussit finalement à entendre la respiration haletante du blond.
— C'est moi, ne t'inquiète pas, dit-il posément, suivant le bruit de sa respiration. Il fit le tour du lit. Il sentit sa poitrine s'écraser lorsqu'il le trouva finalement.
Kenma s'était réfugié tout au fond, cacher entre le mur et le lit, il avait entassé toutes les couvertures autour de lui pour se protéger. Il tremblait terriblement, le corps remué d'angoisse.
— Merde murmura Kuroo pour lui-même.
Le blond releva les yeux, et Tetsurō devina malgré l'obscurité son regard révulsé de panique. Kenma en l'apercevant échappa un gémissement et tenta de reculer, bien qu'étant déjà acculé contre le mur du fond. Tetsurō ne tenta pas de s'approcher. Il s'accroupit et parla d'une voix douce et calme :
— Je suis là, c'est juste moi.
Le blond sembla s'apaiser, ne tentant maintenant plus de fuir. Son regard trouva le sien, et Tetsurō sentit son cœur comme poignardé. Kenma ne semblait pas en contact avec la réalité, telle une créature sauvage effrayée. Il le vit empoigner les couvertures qu'il avait entassées parterre pour s'entourer à l'intérieur, ramenant du même mouvement ses genoux contre sa poitrine.
— Kenma, regarde-moi…
Le blond focalisa son regard de nouveau sur lui.
— Respire, comme moi, respire.
Il inspira profondément, puis expira lentement.
Kenma ne l'écouta pas, se contentant de tourner son regard vers la porte, l'air effrayé. Il tenta de s'enfoncer un peu plus dans le mur.
— Là, là, lui signa maladroitement Kenma.
Kuroo tourna les yeux vers la porte.
— Keiji ?
— Alpha, signa le blond.
Kuroo fronça les sourcils.
— Oui, Keiji…
Kuroo lui signa le prénom de Keiji, suivi « d'alpha ». Kenma ne sembla pas lui prêter attention.
— Alpha, répéta le blond.
Il vit ses yeux s'emplir de larmes de panique.
Les yeux de Tetsurō s'écarquillèrent lorsqu'il comprit finalement : il avait peur de Keiji.
— Alpha, Keiji, partenaire, signa plusieurs fois Kuroo en le répétant également à voix haute.
Cela n'arrangea en rien la situation. Pour lui ce n'était plus Keiji, son partenaire, il était devenu une menace.
— Fais partir, alpha, alpha.
— Il veut juste savoir si tu vas bien Kenma, il veut pas te faire de mal.
Kenma hocha négativement la tête.
— Alpha gentil, tenta Kuroo, sans succès.
— Fais partir, répéta le blond en boucle.
Kuroo tenta encore de le rassurer mais rien n'y fit. Kenma explosa de nouveau en larmes, la détresse tordant les traits de son visage.
— Veux pas… signa-t-il en boucle.
— Tu veux pas qu'il soit là ? murmura Kuroo le plus posément possible.
— Partir… Je veux pas…
Il sentit le blond perdre encore plus contact avec la réalité pour s'enfoncer dans la panique.
— Pas de bébé, je veux pas de bébé, pas de bébé…
Kuroo en eut le souffle coupé, comprenant d'autant plus d'où venait ses angoisses, et que cela avait touché quelque chose de profondément enfouit, une peur viscérale. Rien de ce qu'il pouvait dire ne pourrait le faire se calmer tant que « l'alpha » était là. Kuroo se mordit la lèvre : il ne voulait pas le laisser seul… Et vu l'état de Keiji, il n'allait pas vouloir le laisser seul non plus.
— Ok, je vais le faire partir d'accord.
Il vit Kenma paniquer en le voyant se relever.
— Je reviens après, je vais le faire partir, d'accord ? Je reviens après Kenma.
Le blond hocha la tête et Kuroo le laissa à contrecœur. Il repartit par la fenêtre.
— Merde, merde, merde, répéta-t-il en boucle.
Il rentra de nouveau à l'intérieur, et regagna le couloir.
Keiji semblait s'être calmé lui, il était simplement assis face à la porte.
Kuroo s'approcha doucement.
— Keiji…
Il ne savait pas comment lui dire… Il ne savait pas quoi faire pour le faire partir sans le paniquer encore plus ou le blesser.
— Keiji, ça va, on va repartir ok, on va voir Kōtarō, je vais rester avec Kenma et…
Il se tut. Keiji ne l'écoutait pas.
Tetsurō s'accroupit à côté de lui : son regard, tourné vers la porte face à lui, était vide, presque éteint. Sa respiration était lente, bien trop lente.
— Keiji ?
« — Je crois qu'il est rentré en torpeur, ou qu'il a failli… »
Kuroo frissonna en touchant sa peau : elle était glacée.
— Keiji…
« — C'est quand tout le fonctionnement des organes ralentit, comme une hibernation profonde. »
Kuroo enserra le poignet de son amoureux. Les battements de son cœur n'étaient plus qu'un faible murmure.
« Les alphas peuvent en mourir… »
Son visage avait tant pâli.
Tetsurō sentit son cœur se serrer douloureusement.
— Keiji…
« Ça peut être mortel, ça aurait pu le tuer ! J'aurais pu le tuer Tetsu ! »
-Fin du chapitre-
Ohoh, ai-je ruiné l'ambiance ?
Le prochain chapitre sera le dernier… de l'arc (on est très loin d'en avoir fini)
« Kuklos 3 » :
« — Non… Keiji.
Il s'approcha pour le prendre dans ses bras, tentant de le ramener à lui et de le réchauffer.
Le brun ne réagit pas.
— Keiji… revient…
Il fallait qu'il trouve une solution, il fallait qu'il fasse quelque chose !
Mais que devait-il faire au juste ? »
See ya !
