N/A : mes plus plates et sincères excuses pour le retard. Mon ordinateur a mouru de décès il y a deux semaines (Requiescat In Pace, mon fidèle compagnon). Entre le temps qu'il m'a fallu pour en racheter un nouveau et mes tentatives échouées de récupérer mes fichiers de l'ancien, les quinze derniers jours ont été assez infernaux. J'ai finalement retrouvé une vieille sauvegarde de mes projets d'écriture, mais avec tout à retravailler (jusqu'au découpage des chapitres, c'est dire).
Bref, encore désolée du retard.
Résumé du chapitre précédent :
Draco reçoit un message (par serpent interposé) de Harry avec une offre de revanche sous conditions. Harry utilise la carte des Maraudeurs pour surveiller son rival, tombe sur le nom de Peter Pettigrew, va enquêter, se fait repérer par Rogue qui se fait insulter par la carte. Lupin les rejoint, confisque la carte et apprend le nom que Harry a vu. La fin d'année approche et Draco réduit son nombre de pièges pour se concentrer sur les révisions et une chance de dépasser Hermione. La veille du début des examens, Hermione explique à Harry qu'elle possède un Retourneur de Temps.
Au final, les examens se passèrent dans une tranquillité que Harry jugea presque suspecte. Le Griffondor apprécia particulièrement l'épreuve pratique de Défense, que Lupin monta comme un parcours d'obstacles s'achevant sur un épouvantard. Lorsque celui-ci s'acheva, cependant, Neville, Ron et Harry durent réconforter Hermione qui n'avait pas réussi à surmonter la vision de McGonagall lui annonçant qu'elle avait échoué à ses examens.
Durant l'épreuve pratique de Potions, Harry sentit une vengeance personnelle de la part de Rogue quand celui-ci lui demanda de réaliser un philtre de Confusion. Soit l'exacte potion qu'Harry et ses amis n'avaient pas pu faire en cours au premier avril à cause de Malfoy.
Par chance, le reste des épreuves se déroula sans anicroches pour le héros de Griffondor, et Harry était presque certain de pouvoir obtenir un Acceptable dans la plupart des matières.
Les derniers examens étaient ceux des options. Harry était serein concernant les Soins aux Créatures Magiques, qui consistait à s'occuper de deux salamandres de façon appropriée pendant une heure. L'épisode des brûlures n'avait pas suffit à le terroriser, et le Griffondor trouvait toujours les petites créatures adorables. S'en occuper en discutant de leurs caractéristiques n'avait rien de compliqué pour Harry, et Hagrid le félicita chaudement à la fin.
L'épreuve de Runes se révéla être bien plus difficile, et demanda une combinaison de mémoire et d'adaptabilité qui laissa Harry et Hermione épuisés en sortant de la salle.
Le même soir, les quatre Griffondors se retrouvèrent dans leur salle commune pour discuter avant le dernier examen de l'année, qui était celui de Divination. Hermione avait ouvert un livre sur la signification des divers symboles, mais le feuilletait plus par principe qu'autre chose. Elle connaissait déjà presque toutes les interprétations par coeur, et les quatre amis avaient conscience que dans une matière où tout reposait sur l'intuition et le ressenti, l'utilité des révisions était limitée.
- J'ai hâte de ne plus avoir besoin de m'encombrer la tête de stupidités pareilles, maugréa Hermione.
- Moi aussi, soupira Harry. Plus que demain, et c'est terminé.
Il y eu un petit silence, puis Neville se rappela d'un autre évènement qui devait avoir lieu le lendemain, et les mots lui échappèrent avant qu'il puisse les retenir.
- C'est demain qu'ils vont exécuter Buck, murmura-t-il.
L'atmosphère entre les quatre Griffondors changea aussitôt pour s'assombrir.
- On devrait aller le libérer maintenant ! proposa Ron.
- On en a déjà parlé, soupira Hermione. Ils accuseront Hagrid de l'avoir relâché et c'est lui qui prendra le blâme. On ne peut rien faire.
Harry hésita. Il n'avait rien dit à ses amis jusque-là. Leur confier son plan aurait engendré un certain nombre de questions auxquelles il préférait ne pas avoir à répondre pour l'instant. Pour autant, le Golden Boy n'aimait pas voir ses meilleurs amis aussi tristes. Après quelques instants de délibération, Harry s'installa confortablement dans son fauteuil et fixa son regard sur un pan de la bibliothèque. Il évita de croiser le regard des trois autres, et choisit soigneusement ses mots.
- Buck est un hypogriffe intelligent, affirma Harry avec lenteur. Et j'ai entendu dire que l'exécution sera en petit comité. Qui sait, il trouvera peut-être le moyen de s'échapper sans que la faute puisse être rejetée sur Hagrid...
Neville et Hermione le dévisagèrent aussitôt, et Harry n'eut aucun doute sur le fait qu'ils avaient noté le ton particulier qu'il avait employé. Lorsque Harry se retourna finalement vers eux, l'assurance tranquille qui brillait dans ses yeux acheva de les convaincre qu'il avait un atout dans sa manche pour sauver Buck.
- Tu veux qu'on aille le libérer pendant qu'ils interrogent Hagrid ? lui demanda Ron sans comprendre.
La sorcière aux cheveux bouclés leva les yeux au ciel dans un geste exaspéré, puis se tourna vers le quatrième membre de leur petit groupe.
- Ron, tout Poudlard sait qu'on veut sauver Buck, rappela-t-elle. Si on disparait à ce moment-là, même Crabbe et Goyle pourront faire le lien tout seuls.
- Au moins moi, je propose quelque chose ! s'énerva Ron.
- Ça ne sert à rien de proposer des idées si elles sont aussi peu réfléchies, répliqua Hermione.
- Si on passe tout notre temps à réfléchir, on n'agira jamais !
- Ce n'est pas une raison pour foncer bêtement dans le tas sans penser aux conséquences !
Alors que la situation commençait à dégénérer, Harry et Neville échangèrent un bref coup d'oeil et décidèrent d'intervenir. Le Golden Boy se leva et écarta les bras entre les deux Griffondors.
- Calmez-vous tous les deux ! Crier ne résoudra rien.
- On est tous un peu fatigués et sur les nerfs à cause des examens, ajouta Neville. On ferait mieux d'aller dormir.
Ron et Hermione avaient tous les deux l'air de vouloir ajouter quelque chose pour avoir le dernier mot, mais après quelques secondes, la sorcière souffla un bon coup et se leva pour rejoindre son dortoir. Dès qu'elle eut fermé la porte, le sorcier roux se tourna vers les deux garçons avec un sourire.
- Bien joué, j'ai cru qu'elle ne partirait jamais ! Alors Harry, c'est quoi le plan ?
Le garçon à la cicatrice le regarda en fronçant les sourcils. Harry avait une petite idée de ce que Ron était en train de sous-entendre, et il n'était pas sûr d'apprécier.
- De quoi tu parles, Ron ? demanda Harry.
- Du plan pour sauver Buck ! Tu en as forcément un, pas vrai ? Mais miss Je-sais-tout ne veut pas risquer ses précieuses notes, fit Ron avec dédain, alors il fallait qu'elle parte pour qu'on puisse en discuter tranquillement.
Au vu de l'expression de Neville, Harry se douta que sa réaction face à une telle remarque était assez claire. Le Golden Boy de Griffondor était assez agacé que Ron ait pu penser une chose pareille.
- Il n'y a pas de plan, déclara Harry avec fermeté. Et même s'il y en avait un, j'en aurais parlé à Hermione.
Le roux en fut estomaqué.
- Tu vas laisser Buck mourir sans rien faire !? s'écria Ron.
- Je l'ai dit et je le répète, Buck est un hypogriffe intelligent. Il trouvera un moyen de s'échapper, j'en suis certain.
À la fois choqué et à court de mots, Ron ouvrit et ferma la bouche à plusieurs reprises avant de lancer un regard méprisant à Harry et de se diriger, furieux, vers leur chambre commune.
En soupirant, le garçon à la cicatrice se laissa retomber dans son fauteuil. Un instant après, Neville l'imita en s'installant dans le fauteuil qui lui faisait face.
- Ron a du mal à voir au-delà des apparences, déclara Neville dans un soupir.
- Bel euphémisme, grommela Harry.
- Ceci dit... je suppose que si tu mets aussi peu d'énergie à vouloir sauver Buck, c'est que tu as déjà un plan en cours, pas vrai ?
En voyant le regard de son ami devenir extrêmement prudent, Neville s'autorisa un petit sourire en coin.
- Je m'en doute depuis un moment déjà, poursuivit-il. Et je pense que si tu ne nous en parles pas, c'est parce que ça implique des secrets que tu ne peux pas révéler maintenant.
Harry demeura bouche bée pendant quelques secondes, puis émit un petit rire et accrocha le regard cobalt de Neville, qui était au moins aussi amusé que le sien.
- Depuis quand tu es devenu expert sur le sujet ? sourit Harry.
Neville haussa les épaules d'un air blasé, sans cesser de sourire.
- Depuis que j'ai compris que tu étais quelqu'un de compliqué, et que j'ai décidé de t'aider du mieux que je peux.
- Merci, répondit Harry. Tu ne m'en veux pas si je te dis que je ne peux pas t'expliquer comment je sais que Buck ira bien ?
- Tant que ça ne met pas ta vie en danger, non. On a tous des secrets qu'on préfère garder pour un temps plus ou moins long, ajouta Neville.
Il avait prononcé la deuxième phrase d'une voix un peu plus basse en détournant le regard, mais l'atmosphère changea instantanément. Le héros de Griffondor s'assombrit quelques peu, mais ignora l'ouverture pour clore le premier sujet.
- Si tout va bien, Buck aura la vie sauve sans que j'ai à sortir du château.
Neville hocha la tête d'un air solennel, signifiant ainsi qu'il faisait confiance à Harry pour tenir sa promesse.
Plusieurs minutes s'écoulèrent dans un silence tendu, jusqu'à ce qu'Harry fasse un geste de la main afin que que leur conversation reste privée. Une fois assuré de leur isolement, il s'exprima d'une voix qui aurait été perçue comme tremblante si les mots n'avaient pas été murmurés.
- Je n'ai pas envie que l'année se termine.
À cette seule phrase, Neville comprit que son ami était en train de s'ouvrir sur la partie de sa vie dont il ne parlait jamais. Neville soupesa sa réponse prudemment, conscient que son ami se refermerait au moindre faux pas.
- À cause de ta famille ?
Le Golden Boy lui envoya un regard surpris, et Neville inspira avant d'expliquer ce qu'il avait deviné. S'il y avait une chose qu'il avait compris au cours des mois passés avec Harry, c'est que son ami préférait toujours l'honnêteté.
- J'ai remarqué que tu ne parlais jamais d'eux, et que tu n'y retournais que pendant l'été. Et puis il y a tes... tes habitudes alimentaires, le fait que tu détestes être touché, ce genre de choses, énuméra Neville. Je ne sais pas exactement comment ils se comportent avec toi, mais je suis certain qu'ils ne te traitent pas aussi bien que ce que Dumbledore fait croire à tout le monde.
Arrivé à la fin de sa petite tirade, Neville retint son souffle et observa le visage de Harry, dont les yeux verts étaient fixés sur le tapis. Progressivement, le héros de Griffondor ramena ses genoux contre sa poitrine, et les entoura de ses bras. Il finit par relever la tête, un petit sourire triste aux lèvres.
- Tu sais qu'il n'y a que trois personnes dans tout Poudlard qui ont remarqué que je suis mal à l'aise quand on me touche ?
- Ron, Hermione et moi ? devina Neville.
- Non, fit Harry en secouant la tête. Toi, Hermione et Malfoy. Ron ne s'en est toujours pas rendu compte. Comme il ne s'est pas rendu compte que je ne mange presque rien de sucré, que je ne parle jamais de ma famille, ou que j'évite toutes les situations dans lesquelles quelqu'un pourrait voir mes...
Les mots se coincèrent dans sa gorge, mais Neville n'eut pas besoin de les entendre ou même de croiser son regard pour deviner ce qui était sous-entendu. La façon dont Harry tira sur ses manches suffisait à faire deviner la présence de marques corporelles, dont l'origine n'avait de toute évidence rien à voir avec Poudlard. Neville en fut horrifié, mais à son grand regret, pas surpris.
Les révélations d'Harry confirmaient les soupçons et les réflexions qui s'accumulaient depuis plus d'un an dans son esprit. La surprise à l'idée que Malfoy soit la troisième personne à être au courant fit rapidement place à la tristesse et l'indignation. En voyant son ami incapable d'achever sa phrase, Neville reprit la parole d'une voix douce.
- Tu n'as pas besoin de le dire, offrit-il. Harry, si... si tu veux, tu pourrais venir passer les vacances d'été chez moi. Ma grand-mère n'est pas toujours très gentille, mais elle t'accueillerait à bras ouverts.
Lorsque le garçon à la cicatrice le regarda enfin, ses prunelles étaient si tristes et résignées que Neville en fut sous le choc. Ce n'étaient plus les yeux émeraude pétillants de vie, brûlants de colère ou brillants de curiosité qu'il avait appris à connaître. C'étaient les yeux fatigués et presque éteints qu'il avait redoutés pendant deux semaines l'année précédente.
- Merci Neville, vraiment. Mais... je ne peux pas accepter. Dumbledore a été très clair, il ne me laissera pas passer l'été ailleurs, et je suis sûr que mon oncle et ma tante le préviendront à la seconde où ils s'apercevront de mon absence.
- Tu dis ça comme si le directeur savait que tu es-
Le regard que les deux Griffondors échangèrent suffit à renseigner Neville sur la réponse, et il ferma les yeux en essayant de calmer sa respiration et sa colère montante. C'était un secret de polichinelle parmi les familles Sang-pur que Dumbledore n'était pas le sorcier le plus fiable qui soit, et que ses méthodes étaient parfois très loin de l'image de grand-père sage et bienveillant qu'il s'efforçait de véhiculer. Mais de là à forcer le sauveur du monde sorcier à rester dans une famille qui le maltraitait...
- J'ai essayé de lui en parler quelques fois en première année, murmura Harry. Il a changé le sujet à chaque fois et m'y a renvoyé "pour mon propre bien et ma propre sécurité" comme il dit.
Neville serra les dents. Si le directeur savait comment Harry était traité et le laissait là-bas, ça signifiait que Harry et lui avaient les mains liées.
- Si tu ne peux pas aller ailleurs, tenta Neville, je dois au moins pouvoir faire quelque chose pour t'aider. Hedwige peut toujours t'apporter des paquets et des lettres ?
Le garçon à la cicatrice hocha la tête.
- Alors je peux t'envoyer régulièrement de quoi t'aider. Je... je comprends si tu ne veux pas me dire exactement de quoi tu as besoin, mais je ferai de mon mieux.
En face de lui, Harry était stupéfait par l'attitude de Neville. Il ne le forçait pas à parler en détail de ce qu'il subissait. Il était prêt à le croire sur parole concernant le fait que Dumbledore n'était pas aussi bienveillant qu'il en avait l'air. Il cherchait tout de suite des solutions pour l'aider, sans rien lui imposer. Et il était prêt à faire tout ça sans tenir compte des risques pour lui-même. Harry retint des larmes de joie soulagée – à moins que ce soit de tristesse émue – et essuya son visage avec un revers de manche.
- Nev', tu n'as pas à faire ça. Je ne veux pas que tu sois en danger par ma faute et-
- Tu en ferais autant pour moi, Harry, l'interrompit Neville. C'est à ça que servent les amis, et je t'ai promis l'an dernier que je serai à tes côtés quoi qu'il arrive. Je n'ai pas l'intention de revenir sur ma promesse.
- Et moi, répliqua le garçon à la cicatrice, je refuse que tu prennes des risques pour moi. J'ai vécu toute ma vie chez eux, je tiendrai un été de plus.
Les deux Griffondors se défièrent du regard, et comprirent rapidement qu'aucun des deux n'avait l'intention de céder la moindre parcelle de terrain. Au bout d'une minute, Harry soupira et déplia ses jambes avec un petit sourire.
- Il va falloir qu'on trouve un compromis, j'ai l'impression.
- Je pense aussi, approuva Neville en lui rendant son sourire. Et il faudra qu'on le trouve avant la fin de l'année.
Sans avoir besoin de se concerter, les deux amis se levèrent pour aller se coucher, sentant l'un comme l'autre qu'il valait mieux ne pas pousser la conversation plus loin pour la soirée. Juste avant de désactiver sa Bulla Silentia, le Golden Boy se tourna vers Neville pour lui poser une question.
- Par curiosité Nev', comment ça se fait que tu acceptes aussi facilement l'idée que Dumbledo-
- Que Dumbledore ne soit pas aussi sage et bien intentionné qu'il prétend l'être ? compléta le Griffondor. La plupart des grandes familles en ont conscience, parce qu'elles l'ont vu manipuler la politique depuis deux ou trois générations, expliqua-t-il. Même une famille du côté de la Lumière comme la mienne sait qu'il vaut mieux se méfier de lui et de ses manigances. Il n'y a que quelques familles comme les Weasley qui lui font une confiance aveugle.
- Et les Né-moldus ou les Sang-mêlés ne connaissent pas assez la politique et l'histoire du monde sorcier pour douter de lui, en déduisit Harry d'un air pensif.
Neville se contenta d'acquiescer en silence, et les deux bruns se dirigèrent finalement vers leur dortoir pour aller se coucher.
-o-oOo-o-
Le lendemain, l'examen de Divination se déroula sur toute la journée, puisque les élèves devaient passer un par un. Apparemment, l'ordre de passage avait été défini par les astres eux-mêmes et Harry se retrouvait donc à passer en dernier. Renonçant à comprendre quoi que ce soit à la façon dont fonctionnait l'esprit de Trelawney, le Griffondor se contenta d'accompagner ses amis et de les écouter raconter leurs prédictions lorsqu'ils sortaient de la salle.
Vers dix-huit heures, ce fut enfin son tour et Harry s'efforça de voir l'avenir dans une boule de cristal. De son point de vue, celle-ci ne contenait que des petits volutes de fumée blanche, grise ou bleue. Harry s'efforça néanmoins de trouver des formes qui indiqueraient quelque chose, de préférence sa mort prochaine ou des épreuves terribles qui le laisseraient traumatisé à vie.
- Oh mon pauvre garçon... murmura Trelawney. Votre troisième oeil s'est ouvert pendant l'année, je le vois, mais le Sinistros est plus près de vous que jamais... je crains que nous ne nous retrouvions pas en septembre prochain.
En son for intérieur, Harry concéda le point avec amusement. Dans la mesure où il ne comptait pas reprendre Divination en quatrième année, il n'allait techniquement pas retrouver Trelawney à la rentrée. Au final, il repartit après trente minutes, et avait l'impression de s'en être plutôt bien tiré. En descendant les escaliers de la tour, Harry se rendit compte qu'il avait oublié son sac dans la salle, et grimaça à l'idée de devoir y retourner.
Le Golden Boy remonta les marches, peu enclin à abandonner ses affaires, mais déterminé à être assez rapide pour ne pas s'attarder. Ses amis devaient l'attendre dans la salle commune et il n'avait pas envie d'être en retard.
- Professeur, fit-il en entrant, j'ai juste oublié mon sac, je-
Harry s'interrompit en ne voyant personne, et haussa les épaules. Si Trelawney n'était pas là, il n'aurait pas à rester longtemps. Le Griffondor attrapa rapidement son sac et se retourna, lorsqu'une main aggripa soudainement son épaule pour le maintenir en place.
Harry laissa échapper une exclamation de surprise en voyant son professeur de Divination, les yeux exorbités et voilés, inspirer un grand coup avant de s'exprimer mécaniquement d'une voix rauque.
- Ça se passera ce soir ! souffla Trelawney. Le Seigneur des Ténèbres est là, solitaire, abandonné de ses amis... Pendant douze ans, son serviteur a été enchainé. Ce soir, avant minuit, le serviteur brisera ses chaines et ira rejoindre son maître. Avec l'aide de son serviteur, le Seigneur des Ténèbres surgira à nouveau, plus puissant et plus terrible que jamais. Ce soir... avant minuit... le serviteur... ira... rejoindre... son maître...
Tout au long de son monologue, Harry sentit la panique monter en lui. Malgré toutes les blagues qu'il faisait sur la professeure et sa matière, et les suggestions ridicules que Trelawney avait pu faire au cours de l'année... malgré tout ça, en cet instant précis, Harry fut prêt à remettre en cause toutes ses certitudes sur l'absurdité de la Divination. L'enseignante était dans une transe qui la rendait presque terrifiante.
Cependant, dès qu'elle eut formulé le dernier mot, la professeure cligna des yeux et sembla revenir à son état normal. Elle remarqua tout à coup la présence de son élève et son air choqué, puis s'adressa à lui avec curiosité.
- Tout va bien, mon cher petit ?
- Je... professeur, qu'est-ce qui vous est arrivé ? balbutia Harry.
- Moi ? s'étonna-t-elle. C'est plutôt à vous qu'il faut poser la question, vous êtes terriblement pâle, mon pauvre chéri. Le contrecoup d'avoir découvert ce que l'avenir vous réserve, je le comprends bien...
- Non professeur, ce que vous venez de dire ! insista Harry. À propos de ce soir, avant minuit, du serviteur et de son maître !
L'air sincèrement incrédule de Trelawney acheva de convaincre le héros de Griffondor que la professeure ne se rappelait pas de ce qu'elle venait de dire. Le Griffondor s'efforça de se répéter le souvenir en boucle pour pouvoir le conserver dans sa mémoire. Son intuition lui disait qu'il en aurait besoin bientôt, et qu'il n'allait pas aimer sa signification. Harry regretta encore plus que d'habitude de ne pas pouvoir parler à Tom, dont l'aide aurait été plus que bienvenue concernant cette prophétie.
-o-oOo-o-
L'ambiance pendant le repas fut mitigée à la table de Griffondor. D'un côté, la fin des examens était célébrée dans la joie, mais de l'autre, la mise à mort de Buck apportait une note sombre et triste à la fin de l'année. Cependant, l'attitude d'Harry finit par l'emporter, son optimisme confortant tous les autres dans l'idée qu'il avait un plan. Seul Ron ne décolérait pas, et affichait clairement son désaccord avec le Golden Boy.
Dumbledore prononça un discours pour féliciter les élèves d'être arrivés au bout de l'année malgré les circonstances, et leur rappela qu'ils devaient être prudents pour les quelques jours qui leur restait à Poudlard avant de repartir.
Au final, le repas s'éternisa un peu, au point que les élèves ne sortent de la Grande Salle qu'à une heure nettement plus avancée qu'à l'accoutumée. La Coupe des Maisons ne serait remise qu'au dernier repas de l'année, soit deux jours plus tard, mais il était déjà évident pour tout le monde que les rouge et or allaient l'emporter pour la troisième année de suite.
Les prouesses de l'équipe de Quidditch, et notamment de Harry sur son Eclair de Feu, leur avait garanti une avance assez confortable pour avoir l'assurance de la victoire. Pour la première fois depuis son arrivée, Harry n'avait aucune raison de recevoir des points de dernière minute de la part du directeur, et en était très satisfait.
Les quatre amis étaient en train de discuter de la façon dont ils allaient employer leurs deux derniers jours, lorsqu'une voix arrogante bien connue se fit entendre un peu après avoir passé les portes de la Grande Salle.
- Dommage que l'exécution soit privée, j'aurais bien profité du spectacle avant d'aller dormir.
- Malfoy ! cria Ron. Retire ça tout de suite !
Le blond le regarda comme s'il était la chose la plus pathétique qu'il ait vu de sa vie.
- Sinon quoi Weasley ? Tu vas appeler ta mère et pleurer ? Ou tu vas appeler Saint Potter à ton secours en réalisant enfin que tu es incapable de te défendre tout seul ?
Ron vira au rouge cramoisi, et Harry soupira lourdement. Son rival s'était tenu tranquille pendant les examens, et le Griffondor avait caressé l'espoir que cet état de fait durerait jusqu'à la fin de l'année. Visiblement, Harry n'aurait pas une telle chance. Cependant, la chance n'avait pas exactement l'habitude de lui sourire depuis qu'il était venu au monde, et Harry réagit avec la nonchalance blasée acquise après trois ans d'insultes.
- Ron, laisse tomber, fit Harry en s'avançant. Il fait ça juste pour te provoquer. En lui répondant, tu lui donnes exactement ce qu'il attend.
- Comment tu peux dire ça !? s'écria Ron. Ce perfide serpent m'insulte, et toi tu veux que je ne fasse rien !?
Le Golden Boy inspira profondément, et s'exhorta à la patience.
- Je dis juste qu'il y a d'autres options que répondre à ses provocations.
- Ça te va bien de dire ça ! railla le roux. Tu as changé Harry ! Avant, tu n'aurais jamais laissé Malfoy t'insulter ou te piéger sans réagir comme tu l'as fait ! Et tu n'aurais pas laissé Buck mourir sans te battre pour lui ! cracha-t-il. C'est une attitude de lâche !
Au dernier mot, toute la foule d'élève qui s'était formée autour d'eux se figea. Même les Serpentards semblaient choqués par l'insulte faite au héros de Griffondor. Autour d'Harry, Seamus et Dean s'était écartés, peu emballés par l'idée de se retrouver à proximité du Golden Boy lorsqu'il était en colère. Hermione et Neville n'avaient pas bougé, mais leurs expressions renfermées montraient qu'ils étaient à la fois indignés et du côté de Harry.
Le Golden Boy avait senti l'énervement monter tout au long de la réplique de Ron, mais la dernière insulte fut ce qui le fit voir rouge. Sa magie commença à déborder et provoqua une brise autour de Harry, faisant voler ses cheveux et forçant Hermione et Neville à s'écarter. Tous les autres élèves reculèrent d'un pas et s'éloignèrent aussitôt des deux Griffondors. Ron et Harry étaient face-à-face et paraissaient avoir oublié l'existence de leur public, Malfoy compris. Le Golden Boy darda un regard furieux sur son interlocuteur, qui recula d'un pas.
- Moi, lâche ? fit Harry d'une voix vibrante de colère. Juste parce que pour une fois, je ne fonce pas tête baissée dans une situation compliquée ? Parce que je ne réponds pas aux provocations de Malfoy ? Parce que je refuse de prendre systématiquement ta défense !?
Lorsqu'il vit le roux baisser la tête de honte, Harry comprit où était le coeur du problème et sentit sa fureur monter d'un cran. Autour de lui, l'air commença à se troubler, mais il ne remarqua même pas les exclamations stupéfaites ou effrayées. Toute son attention était focalisée sur Ron, qui semblait enfin réaliser de la portée de ses mots. Sans même y réfléchir, Harry sentit sa voix se charger d'une ironie dangereuse, chaque mot infusé d'un mélange de magie et de colère.
- Oh, est-ce que j'aurais enfin trouvé le point sensible, Ronald ? Au fond, c'est ça qui te dérange le plus, pas vrai ? Tu ne peux plus compter sur moi pour approuver toutes tes idées et te soutenir quand tu agis de façon STUPIDE ! finit-il par hurler.
Son cri s'accompagna d'une décharge d'énergie qui balaya l'air autour de lui, et fit vaciller les élèves les plus proches.
- Potter ! appela une voix derrière lui.
Harry était toujours en train de trembler de colère et sa respiration était marquée, mais il répondit tout de même mécaniquement à l'appel.
- Professeur McGonagall.
- Puis-je savoir ce qui se passe ici et pourquoi Weasley est en train de trembler comme une feuille ? demanda-t-elle sèchement.
- Ron a traité Harry de lâche parce qu'il ne veut pas intervenir pour empêcher l'exécution de Buck, répondit Hermione sans hésiter.
La directrice adjointe fronça les sourcils, et constata en un regard l'état furieux dans lequel se trouvait son élève le plus célèbre. Au moins, elle avait une explication à la vague de magie qu'elle venait de sentir passer.
- Je vois. Weasley, cinq points en moins pour Griffondor pour suggérer une telle infraction. Potter...
La professeure de Métamorphose émit un bref soupir à mi-chemin entre l'exaspération et la lassitude, sans quitter le brun du regard. Celui-ci semblait entretemps avoir partiellement retrouvé son calme.
- Il va falloir que vous appreniez à contrôler vos émotions, déclara-t-elle. Utilisez votre été pour travailler là-dessus.
Harry hocha la tête en silence. En face de lui, Ron s'était repris, mais était encore trop effrayé pour protester à propos des points en moins. McGonagall remarqua finalement la petite foule figée autour d'eux, et fronça les sourcils en reprenant son habituelle voix stricte.
- N'avez-vous pas tous un meilleur endroit où vous trouver que le hall principal ?
Un concert d'approbations chuchotées et d'excuses murmurées lui répondit, et les élèves se dispersèrent en quelques instants. Pour sa part, Harry fonça directement vers l'extérieur. Peu importait que le soleil soit en train de se coucher, le Golden Boy sentait qu'il allait exploser s'il restait enfermé entre quatre murs. Tous les élèves s'écartèrent instinctivement sur son passage, à l'exception de son rival, qui resta en plein sur son chemin. Le héros de Griffondor leva les yeux quelques secondes pour fixer le Serpentard d'un regard intense, et passa à côté de lui sans rien dire.
Derrière lui, le blond n'avait pas bougé, et ne prononça pas un mot. Les prunelles du Griffondor avaient véhiculé un avertissement assez clair, et après ce qui venait de se passer avec Weasley, Draco n'avait pas envie de prendre un risque stupide. Le Prince de Glace conserva un air impassible, et se dirigea vers les donjons en ignorant les expressions préoccupées de Granger et Londubat.
-o-oOo-o-
Une fois dehors, Harry inspira profondément l'air du soir pour tenter de dissiper le reste de sa colère. Neville arriva derrière lui, et attendit quelques instants pour s'approcher davantage et être certain de ne pas déranger son ami dans ses exercices respiratoires. Lorsque le garçon à la cicatrice expira bruyamment une dernière fois en se laissant tomber sur les marches, Neville franchit la distance restante et s'assit à côté de lui. Sans s'en rendre compte, le Golden Boy était allé jusqu'en haut de l'escalier qui menait à la cabane d'Hagrid.
- Hermione est restée avec Ron, indiqua Neville. Elle essaie de lui expliquer qu'il est allé trop loin et que si tu es aussi calme, c'est que tu as un plan qui exige de la discrétion.
- J'espère que cet idiot ne va pas aller le crier sur tous les toits de Poudlard, grogna Harry.
Il passa les mains sur son visage dans un geste exaspéré et laissa échapper un long soupir.
- Je commence vraiment à ne plus supporter son attitude, avoua Harry.
- Je sais. Hermione aussi arrive au bout de ses réserves de patience.
- Et toi ?
Neville haussa un sourcil en affichant une expression désabusée.
- Ron a été assez clair dès le début en ce qui concerne ma présence, je crois. Disons que tant qu'il n'est pas trop agressif, ça ne me gêne pas.
- Ron est presque tout le temps agressif ces dernières semaines, contra Harry.
- Je sais.
Le Golden Boy soupira, mais sut qu'il avait déjà pris sa décision. Il allait donner une dernière chance à son amitié avec Ron, parce qu'il pouvait comprendre d'où venait sa colère. Ça n'excusait pas tout, loin de là, mais Harry reconnaissait des circonstances atténuantes quand il les voyait. Au moins assez pour qu'il accepte de faire l'effort une ultime fois.
Comme en réponse à ses réflexions, Hermione et Ron les rejoignirent sur les marches, et le roux s'adressa à lui d'un air embarrassé.
- Harry, 'Mione m'a dit que... que tu avais déjà un plan secret et que tu voulais juste éviter que ça se sache. Je suis désolé de t'avoir traité de lâche, ajouta-t-il après.
Le héros de Griffondor attendit quelques secondes, soupira, puis sourit sans conviction.
- Tu es pardonné, Ron. Et désolé aussi de m'être énervé comme ça.
Un silence malaisant s'installa, et les quatre Griffondors se mirent à observer le paysage qui se teintait progressivement des couleurs de leur maison.
- Je n'arrive pas à croire qu'on va enfin finir une année sans un grand évènement mouvementé et dangereux où Harry risque sa vie à cause de Vous-Savez-Qui, sourit Hermione.
- Hey, il nous reste encore deux jours, plaisanta Neville.
- Et Black est toujours en cavale, ajouta Ron.
- Sans compter toutes les prédictions de Trelawney, acheva Harry. J'ai toujours un Sinistros à mes trousses, je vous signale.
Ils se regardèrent un instant, puis explosèrent de rire.
Il leur fallut plus d'une minute pour se calmer, et les quatre Griffondors se sentirent mieux, plus détendus qu'ils ne l'avaient été depuis longtemps. Ce genre de moment simple leur avait manqué, et ils avaient tous un sourire aux lèvres. La discussion s'orienta naturellement sur leurs projets pour les deux jours restants. Ils en étaient à parler parc et Quidditch, lorsqu'Hermione fronça les sourcils et indiqua un point en contrebas.
- Vous ne trouvez pas que le Saule Cogneur est agité ?
Les garçons tournèrent la tête vers l'arbre en question, qui remuait ses branches en continu depuis quelques minutes.
- Sûrement un écureuil qui le démange, suggéra Ron.
- Possible, admit Neville, mais c'est bizarre qu-
Sa phrase fut interrompue par un cri incrédule du roux, qui bondit des escaliers pour foncer sur le chemin qui menait au Saule Cogneur.
- CROUTARD !
Sorry not sorry pour le cliffhanger :p Ceci étant dit, je compte bien rester sur mon programme de publication prévu, et le prochain chapitre sortira donc dimanche prochain (soit le 30/10/22). Prenez soin de vous et à la prochaine !
