Chapitre 20
"Il doit bien y avoir un moyen pour que tout le monde t'accepte comme roi."
Les mots de Milo restaient gravés dans l'esprit de Kanon. Il continuait de travailler dans le bureau du roi, et remplissait des liasses de papiers adaptés à cet environnement marin. Il passait beaucoup de temps à corriger les erreurs du scorpion, et réalisait combien il aimait avoir de telles responsabilités. Tout comme Saga, il avait le goût du pouvoir dans le sang. Un cadeau maudit que leur avait offert la déesse Ker. Et, Kanon avait beau essayer de fuir cette malédiction des dieux, sa nature première revenait toujours au galop. Sa faim de pouvoir n'avait jamais été assouvie. Car, le Dragon des mers n'avait pas eu la même chance que son frère ; à qui on avait toujours tout offert… et Kanon sentait que son heure de gloire allait arriver. Pour la première fois de sa vie, il allait peut-être enfin goûter au bonheur et au succès dont il avait toujours rêvé.
…flash back…
Kanon allait bientôt fêter ses 15 ans en ce nouveau début d'année. Le printemps approchait doucement, et le futur Dragon des mers continuait à vivre reclus dans une maisonnette, à l'écart du sanctuaire. Malgré tout, le plus jeune des jumeaux avait pris l'habitude de sortir en dépit des interdictions de Shion. Lors de ces escapades clandestines, il aimait se faire passer pour son frère pour s'amuser un peu. Et ce jour-là, Kanon jubilait. Car, il savait qu'il pourrait sortir plus longtemps que d'habitude : pour cause, Saga était tombé malade. L'aîné avait des crises de plus en plus violentes qui le poussaient à s'enfermer dans leur chambre.
La crise la plus violente arriva alors que Saga s'apprêtait à quitter la maison. Un cri de douleur sortait de sa gorge. Il posait ses mains sur ses tempes, tomba devant la porte, et commençait à convulser. Ses yeux et ses cheveux devenaient blancs, mais aucune possession ne se faisait. Il gémissait simplement de douleur avec le corps parcouru de tremblements incontrôlables. Ce genre de crises lui arrivait depuis qu'il était tout petit, et Shion s'était vite pris d'affection pour cet enfant plus fragile que son jumeau. Saga était un enfant innocent, sans méchanceté et avec une santé fragile : c'était une des raisons qui avait poussé Shion à choyer un peu plus Saga que son frère. Il avait passé tant de temps à le bercer et apaiser ses tourments, qu'il ne pouvait pas imaginer que Saga serait le jumeau maudit.
Le plus jeune des jumeaux regardait Saga trembler de douleur au sol. Il marmonnait quelques mots et demandait aux voix de le laisser tranquille. Essayer de lutter contre son lémur l'épuisait. Planté devant lui, Kanon n'arrivait plus à ressentir de l'empathie. En faite, il s'était habitué à le voir dans cet état. Pire encore, les crises de Saga étaient synonymes de liberté pour lui, puisque Kanon en profitait toujours pour sortir et se faire passer pour son frère quand celui-ci avait ses crises : un jeu que Saga avait fini par accepter pour faire plaisir à son jumeau. Mais, ces habitudes ne faisaient que renforcer la confusion qui régnait dans le cœur de Kanon. Il était si déphasé par la réalité, que le malheur des autres était devenu une source de réconfort pour lui.
Comme à son habitude, Kanon attrapait son frère, et le tirait jusqu'à leur chambre pour le mettre au lit. Saga continuait de convulser et semblait ne pas se calmer. Le plus jeune attrapa une boîte de médicaments dans leur table de chevet, et aida son frère à les prendre. Il s'agissait d'un traitement, qui hélas, n'avait jamais pu stopper ses convulsions. Car les médecins ignoraient leurs origines.
— Je sors, dit Kanon. Je ne serais pas trop long, je vais aller faire un tour au village des chevaliers, et je reviens. Ne quitte pas ton lit tant que je ne suis pas rentré.
— Kan'... gémi Saga.
Le plus jeune se retourna, alors qu'il s'apprêtait à quitter la chambre.
— L'armure… poursuivit Saga avec difficultés. Si Shion te trouve dehors… il ne te laissera pas… il comprendra notre plan pour que tu t'empares de l'armure…
— Il ne me trouvera pas, assura Kanon. Tu deviendras Pope, et je deviendrais chevalier des Gémeaux comme on a dit.
Saga semblait pris d'une nouvelle poussée de migraine, et gémissait en pleurant. Kanon ignora la souffrance de son frère et se sauva. Le plus jeune ferma la porte derrière lui, et quitta la maison. Il repensait à l'armure des Gémeaux durant tout le chemin vers le village des chevaliers. Shion voulait faire passer l'épreuve à Saga pour qu'il en devienne le nouveau propriétaire. Kanon avait pourtant supplié son père adoptif de le laisser la prendre, tout en promettant qu'il s'entrainerait dur pour en être digne. Comme Saga allait le succéder pour devenir grand Pope, les jumeaux avaient trouvé plus équitable que Kanon récupère l'armure. Malheureusement, Shion était persuadé que Kanon était le jumeau maléfique. C'est pourquoi Kanon fut volontairement écarté de l'épreuve pour laisser Saga devenir le futur chevalier des Gémeaux. Les deux frères avaient donc dû mettre en place un stratagème pour que Kanon puisse obtenir l'armure.
Alors qu'il était plongé dans ses pensées, Kanon ne voyait pas un garçon se ruer vers lui ;
— Hé, Saga, s'écria Aiolos en posant ses mains sur ses épaules. Hier, j'ai amené mon petit frère dans les montagnes. Je lui ai montré comment faire des trous dans la roche. Tu aurais dû voir ses yeux, c'était des vrais feux d'artifice !
Kanon se sentait intimidé par cet adolescent aux cheveux bruns, retenus par un bandeau rouge. Aiolos débordait un peu trop d'énergie. Son regard s'adoucissait pourtant en découvrant la magnifique armure d'or qu'il portait. Les grandes ailes dans son dos le faisaient ressembler à un ange. Ce garçon avait réussi à obtenir l'armure du Sagittaire, et l'avait mise pour aller s'entraîner.
— T'es l'idiot du village ? demanda Kanon qui se sentait oppressé.
Aiolos explosa de rire. Il tapait ses mains sur les épaules du jumeau, visiblement, il le prenait pour son meilleur ami.
— Pourquoi t'a l'air si grognon ? ria de plus belle Aiolos. Fais-moi un grand sourire. C'est déjà dans deux jours que tu vas passer ton épreuve. Tu vas tout péter, je te le dis. Tu vas être trop beau dans l'armure des Gémeaux.
— Moi… beau… ? répéta Kanon d'une voix très confuse.
— Bah ouais. On est copains toi et moi. Alors, faut bien que je t'encourage un peu.
— J'ignorais que deux amis pouvaient se dire de telles choses… bafouilla Kanon d'un air confus.
Saga va avoir des explications à me faire… pensa Kanon. J'imagine que c'est ce gars, le fameux Aiolos dont il me parlait.
Aiolos reprenait un air sérieux en voyant que Kanon ne riait pas. Suite à cette réflexion, il releva ses bras derrière sa tête et se mit à rougir d'un air embarrassé. Il retrouvait le calme qu'il montrait habituellement au sanctuaire. Pourtant, avec Saga, il avait tendance à laisser son caractère de Sagittaire ressortir. C'était un petit plaisir qu'il s'accordait difficilement depuis qu'il avait Aiolia à sa charge, et qu'il avait été obligé de grandir trop vite.
— Je suis impressionné, ajouta Aiolos. T'es chaud pour passer ton épreuve des Gémeaux. On dirait vraiment que tu as une double personnalité. C'est comme si tu n'étais pas toi. Où est passé mon si gentil Saga ?
Kanon appréciait ces paroles. Il n'avait pas l'habitude qu'on l'encourage. Aiolos lui paraissait très sympathique et plein de bonne humeur ; l'ami rêvé. Kanon se mordait les lèvres en le regardant. Une pointe de jalousie envers Saga l'envahissait, alors qu'Aiolos lui attrapait la main. Le Sagittaire désirait l'inviter à le suivre, et à faire la course jusqu'au Colisée. Saga semblait très aimé par ce garçon, et Kanon aurait bien voulu avoir un tel ami, lui aussi.
— Je me suis beaucoup entraîné, dit Kanon d'un air fier. Je sais déjà maîtriser les pouvoirs des Gémeaux. Tu veux que je te montre ?
— Tu veux te battre ? ria Aiolos en levant les poings. On va voir qui met une raclée à l'autre.
— Tu vas voir, s'en amusa Kanon.
Aiolos sautillait d'impatience en réclamant une démonstration de l'explosion galactique. Kanon le bouscula pour faire la course jusqu'à une fontaine. Il riait et semblait ravi de s'être trouvé un nouveau copain. Hélas, quelqu'un les interrompit et leur bloqua la route. La voix de Shion s'élevait ;
— Tu ne lui montreras rien.
Kanon sentit un frisson le gagner. Il savait qu'il n'avait pas le droit d'être ici. Le Pope lui jetait un regard désapprobateur, avant de porter son attention sur Aiolos. Le Sagittaire mettait un genou à terre par politesse, et le saluait en baissant la tête. Il tentait de reprendre tout son sérieux devant le Pope. Shion grimaçait et lui adressait à son tour ses salutations ;
— Aiolos… est-ce que tu t'en sors avec ton petit frère ? Les derniers mois n'ont pas été trop difficiles ?
Shion semblait très pâle. Sa voix tremblait un peu, comme s'il était rongé de culpabilité. Il se reprochait visiblement la mort des parents du petit Aiolia et d'Aiolos suite à une erreur de sa part ; un mauvais choix lors d'une mission. Leur perte avait été brutale et soudaine pour le sanctuaire, alors qu'ils n'étaient pas encore en guerre contre Hadès.
Aiolos tenta un sourire crispé. Sa main se resserrait sur celle de Kanon, comme s'il recherchait du réconfort. Le futur Dragon des mers sentait la pression sur sa main, et trouvait agréable de se sentir aimé. Aiolos cherchait visiblement son affection en ce moment.
— Je dois m'entretenir avec mon fils, poursuivit Shion d'une voix un peu plus sèche. N'oublie pas Aiolos, si tu as besoin de quoi que ce soit… tu sais que tu peux venir me voir.
Suite à ces mots, Kanon sentit la colère lui brûler les yeux.
Moi en revanche… je n'ai jamais eu le droit de venir quand j'avais besoin de toi…
Le jeune jumeau sentit Aiolos lui lâcher la main. Il le regarda s'éloigner, avant que Shion n'agrippe son bras avec fermeté. Il tira l'adolescent avec lui pour l'emmener dans un des temples les plus proches. Le bâtiment entouré de colonnes tombait presque en ruines. Kanon se retrouva alors à l'intérieur, confronté à son père adoptif qui le regardait en croisant les bras. Il n'avait pas l'air en colère, mais semblait tout de même contrarié.
— Ne crois pas que j'ignore ce que tu trafiques au sanctuaire, déclara Shion d'une voix dure. Je sais très bien quand tu sors, et je ne disais rien jusque-là. Mais que tu te fasses passer pour ton frère et ailles à la rencontre des autres chevaliers… ça commence à poser un sérieux problème. Je ne vais pas encore te répéter pourquoi…
— J'en ai assez, père, s'emporta Kanon. J'en ai assez d'être celui qu'on cache au monde entier. Pourquoi Saga a le droit de sortir, et pas moi ? C'est injuste ! Laissez-moi obtenir l'armure des Gémeaux, je me cacherais à l'intérieur. Personne ne saura jamais qui je suis !
— C'est impossible…
— Pourquoi ? Je suis tout aussi capable que Saga de la porter ! Plus personne ne risquera de me faire du mal avec elle !
L'expression de Shion s'était assombrie. Il avait redouté ce moment depuis longtemps. Son fils était en train de se rebeller. Kanon ne supportait plus de rester enfermé.
— Kanon, j'ai fait beaucoup d'erreurs, admit Shion. Je n'ai pas été un bon père pour toi. J'ai été débordé entre votre éducation et mon devoir de grand Pope… je n'ai pas su quoi faire de toi, je l'admets. Je n'avais jamais été préparé à ça. Tu deviens grand, tu as le droit de connaître la vérité.
— La vérité ?
Kanon sentait un poids envahir sa poitrine. Il redoutait ce que Shion allait lui annoncer. Celui-ci lui raconta alors les conditions particulières de sa venue au monde, et pourquoi il pensait qu'il était le jumeau malfaisant. Kanon sentit son coeur se briser devant ces accusations. Shion était persuadé qu'il était mauvais et qu'il finirait par détruire le sanctuaire s'il obtenait l'armure des Gémeaux. Le jeune jumeau porta ses mains devant son visage et éclata en sanglots. Il ne pensait pas pouvoir détester encore plus son père. Non, pour lui, Shion n'était même plus son père. À présent, Kanon le haïssait de tout son être.
Shion semblait prendre conscience de la violence de ses mots. Il aimait Kanon malgré tout, et voulait apaiser son chagrin. Il leva la main vers lui, mais Kanon le repoussait avec violence. Il refusait de lui accorder à nouveau la moindre confiance.
— Nous pouvons trouver une solution pour que tu puisses sortir, et voir des jeunes de ton âge, proposa Shion. J'ai de la famille à Jamir ; au Tibet… ils pourraient te garder. Si tu y vas, tu resteras loin de Saga…
— De mieux en mieux… maintenant, tu veux m'envoyer au Tibet ! Vieux schnock ! hurla Kanon avant de s'enfuir.
…
Saga devait passer l'épreuve des Gémeaux deux jours plus tard. Kanon n'était normalement pas convié à l'événement. Seulement, il avait tout de même réussi à sortir et à se faufiler dans le Colisée. Il s'était caché sous une cape et avait recouvert sa tête d'une capuche. Il se posa dans les gradins, au milieu de la foule, et regarda les différents combattants entrer dans l'arène. Il reconnaissait son frère parmi eux. L'amertume l'envahissait ; c'était lui qui aurait dû être à sa place. Il voulait sauter dans l'arène pour les rejoindre, et tenter de gagner l'armure. Mais s'il y allait, il aurait de terribles ennuis. Kanon resta un moment à se triturer les doigts tout en se demandant quoi faire.
Un peu à l'écart, Shion les encourageait avec la cloth box des Gémeaux près de lui. Les chevaliers des Gémeaux avaient beau être peu aimés dans le sanctuaire, beaucoup voulaient tout de même tenter leur chance pour devenir chevalier d'or. Aiolos encourageait aussi Saga dans les gradins, et criait son nom tout en gardant un œil sur son petit frère. Aiolia désirait aussi devenir un jour un chevalier d'or, c'est pourquoi il ne voulait rien manquer du spectacle.
Shion leva un bras pour annoncer le début de l'épreuve. Quatre jeunes chevaliers se tenaient dans l'arène, prêts à s'affronter. Mais juste avant que le Pope ne baisse la main, Kanon sauta dans l'arène. Son visage et ses cheveux étaient toujours dissimulés sous sa cape, mais Saga et Shion l'avaient immédiatement reconnu. Autour, les autres chevaliers ne semblaient pas perturbés et se tenaient prêts à attaquer. De toute façon, personne ne savait qui il était.
Shion soupira, mais décida de ne pas stopper le combat, bien qu'il était devenu anormalement pâle. Saga jeta un regard inquiet vers le Pope. Son père adoptif lui faisait comprendre qu'il devait obtenir cette armure. Pour rien au monde il ne devait la laisser à son frère. Saga déglutissait en hochant la tête. Son cœur était partagé entre son jumeau et son père adoptif. Hélas, le choix fut vite fait : Saga refusait de désobéir aux ordres de son père.
Les deux frères se retrouvaient dos à dos pour affronter les autres chevaliers. Chacun faisait briller un puissant cosmos doré. Ils l'utilisèrent ensuite pour expédier leurs adversaires dans le décor. L'un et l'autre avaient tendu la main et invoqué un souffle étincelant. Les jumeaux étaient très puissants, et prirent l'avantage sur les autres. Rapidement, il ne resta plus qu'eux sur le terrain. Ils se faisaient alors face, les yeux dans les yeux.
— Père sera furieux, dit Saga d'une voix basse.
— Ce n'est plus mon père, annonça Kanon. Tu es ma seule famille. Laisse-moi cette armure, tu sais qu'elle me revient.
— Je suis désolé Kanon, je ne peux pas.
Kanon se sentait exploser de rage de l'intérieur. Son frère était en train de le trahir. Il s'élança vers lui, et concentra tout son cosmos dans la paume de sa main. Il tenta de se jeter sur son frère qui arriva à l'esquiver. Saga bougeait vite, et ouvrait des portails pour se déplacer encore plus rapidement sur le terrain. Kanon réalisait combien Saga était fort, car il n'arrivait pas à en faire autant. Mais, cela n'avait rien d'étonnant ; Shion avait entraîné Saga. Tandis que Kanon, avait dû se débrouiller seul toute sa vie pour apprendre à se battre. Il partait forcément avec un gros désavantage. Et si l'expérience n'était de son côté, il lui restait encore la ruse ;
— Ce serait dommage si tu faisais une crise ici, hein ? dit Kanon en espérant déclencher une des crises de Saga s'il lui en parlait.
— Non, Kanon, ça ne fonctionne pas, assura Saga en passant d'un portail à l'autre.
Kanon grogna. Il voulait utiliser l'explosion galactique, seulement, Saga le devançait. Plusieurs comètes, des météorites et petites planètes s'écrasaient sur son jumeau. Le coup était si fort qu'il fut terrassé en une attaque. Kanon s'écroula au sol, incapable de lutter. Il cracha du sang dans la poussière. Il ne pouvait plus poursuivre le combat. Il leva le nez avec un air frustré ; Saga était bien plus fort que lui.
Saga retomba près de son frère. Il lui adressa un regard désolé. Il savait combien Kanon voulait cette armure et n'avait en plus aucune envie de lui faire mal. Il tendit sa main vers lui, mais Kanon refusait de la prendre.
— Pardonne-moi… souffla Saga.
Juste après, une forte lumière dorée illumina le terrain. Un curieux tintement s'élevait dans l'air. Lorsque la lumière se dissipa, l'armure des Gémeaux était sur Saga. Celui-ci se regarda d'un air fier. il aimait déjà sa nouvelle tenue dorée. Il eut un grand sourire avant de se tourner vers Aiolos qui applaudissait au loin. La foule se mit à l'imiter dans les gradins. Kanon restait au sol, et observait d'un œil envieux son frère courir vers son meilleur ami. Aiolos s'élançait vers lui pour le prendre dans ses bras. Shion ne tarda pas à les rejoindre aussi pour le féliciter. Kanon les regarda silencieusement, avant de détourner les yeux. Cette vision était si douloureuse qu'il avait la sensation qu'on lui enfonçait un couteau dans le cœur. Son frère avait tout, et lui… il n'avait rien.
