Note des auteures : Et on retrouve nos héros... sur Nabu...
Pour recadrer un peu : All Might a gaffé, Izuku et les autres sont donc plus ou moins au courant...
On s'excuse au passage pour le langage quelque peu ordurier parfois. Mais ça, hein, c'est pas nous. C'est le créateur des personnages qui a mis dans la bouche de Katsuki tout un tas de gros mots.
Bonne lecture,
Yzan & Lili.
~ 9. Fracas et apaisement. ~
Mars - Île de Nabu.
Les yeux exorbités, Izuku fixait sans les voir ses trois amis. Les mots d'All Might se frayaient un passage dans son cerveau, s'y imprimant avec force. Mais quelque chose n'allait pas... Définitivement, quelque chose n'allait pas... Et il était bien incapable de savoir quoi au juste.
- Attendez, intervint Denki, ça veut dire que Katsuki est un porteur ?
- Et qu'Izuku et lui ont... poursuivit Shoto, ses sourcils se fronçant.
- Ouais, confirma Eijiro. Ils ont couché ensemble. Le soir où on a fêté la victoire.
- Ah, souffla Denki. D'accord... Mais c'était il y a...
- Presque six ans, compléta Shoto. Hiro a cinq ans, plus neuf mois de grossesse, ça correspond.
Lentement, Izuku prit conscience de ce que ses amis étaient en train de dire. Les pièces du puzzle s'emboitèrent une à une et la réalisation se fit dans sa tête.
- Ses problèmes de santé, souffla-t-il estomaqué. C'était ça...
- Maintenant que tu le dis, c'est logique, confirma Eijiro.
- Hiro... bafouilla Izuku. Mon fils ? A Kacchan et... moi ?
Il leva les yeux, suppliant muettement ses amis de dire quelque chose, n'importe quoi. Ceux-ci échangèrent un regard inquiet teinté d'incrédulité.
- Il semblerait, finit par dire Shoto d'un ton prudent.
Izuku était livide, ses prunelles émeraudes tellement écarquillées qu'elles semblaient vouloir sortir de leurs orbites.
Soudain, Izuku sentit une rage folle monter en lui. Il avait un fils ! Avec Kacchan ! Et celui-ci le lui avait caché pendant cinq ans ! Cinq ans ! Et pas une seule fois depuis son arrivée sur l'île le blond n'avait semblé vouloir le lui dire ! Il ne comptait pas le lui dire ! Et sans All Might, Izuku n'aurait jamais su quel lien l'unissait à Hiroshi !
- Espèce de... grogna-t-il.
Sans plus réfléchir, il enclencha son alter et partit à toute allure vers la maison de Katsuki, bien décidé à dire sa façon de penser à son enfoiré d'ami d'enfance. Ses amis lui emboitèrent immédiatement le pas. Ils avaient vu la colère se dessiner sur le visage habituellement si jovial de leur camarade, et ils jugèrent plus judicieux de le suivre. Si Izuku blessait gravement Katsuki, il s'en voudrait énormément. Et eux aussi voulaient des explications. De vraies explications !
Katsuki eut tout juste le temps d'atteindre le milieu de son allée qu'Izuku lui tomba dessus comme une furie. Le blond contra le coup en grimaçant, esquivant le suivant d'un saut habile. Ça n'avait plus rien d'un petit combat amical, Izuku ne retenant pas ses coups, submergé par la colère.
- Espèce de connard ! hurla le porteur du One for All. Cinq ans ! Putain !
- Tu sais rien bordel ! répliqua Katsuki en envoyant adroitement son pied dans l'estomac de son adversaire pour le repousser.
- Et tu comptais pas me le dire, hein ! Ça t'a bien fait marrer, enfoiré !
- Bien sûr que si, putain ! Et non, ça m'a pas fait marrer, merde !
- Comment t'as pu me faire ça ?! Kacchan !
- J'ai pas eu le choix, Deku !
Shoto arriva sur place le premier, vite suivi par Eijiro et Denki, rouges et essoufflés. Dans le jardin, Katsuki et Izuku échangeaient autant d'insultes et reproches que des coups. Les explosions du blond répondaient aux éclairs verts et aux puissants déplacements d'air du porteur du One for All. Shoto remercia intérieurement tous les Dieux qu'il connaissait pour le professionnalisme de ses amis qui, même en colère, ne détruisaient pas tout sur leur passage.
Depuis les airs, Izuku arma son poing. Au sol, Katsuki se tassa sur lui-même, ses bras en arrière, prêt à se propulser vers son ami d'enfance. Dans le dos du blond, la porte d'entrée de la maison s'ouvrit, affolant les trois spectateurs du combat. Eijiro se précipita vers Izuku, enclenchant son alter. Denki tendit les mains vers les deux adversaires, prêt à les électrocuter pour les calmer. Shoto se prépara à former un mur de glace. Ils devaient les arrêter avant qu'un drame ne se produise !
- Touche pas à mon papou !
Le cri enfantin figea Katsuki sur place.
Abandonnant son idée première, Katsuki dévia sa trajectoire et sauta sur son fils qui s'interposait entre lui et Izuku. Il le prit dans ses bras et se retourna pour présenter son dos à son adversaire, faisant bouclier de son propre corps pour le protéger. Izuku écarquilla les yeux, horrifié, et désactiva son alter à la dernière seconde, son poing frappant Eijiro qui se jetait devant lui. Un mur de glace surgit soudainement, séparant Katsuki et Hiroshi de Eijiro et Izuku.
Après les cris, le silence qui s'abattit dans le jardin partiellement dévasté par le combat, était à couper au couteau. Tremblant comme une feuille, Katsuki serra convulsivement son fils contre lui. Il n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie qu'en voyant la petite silhouette se mettre devant lui en plein combat.
- Papou ! T'as mal ?
La petite voix enfantine lui fit baisser les yeux sur son petit bonhomme.
- Putain Hiro, gronda-t-il d'un ton trop tremblant pour être convainquant. Qu'est-ce que tu fous ?
- Je te protège du vilain, expliqua le petit bonhomme. J'ai eu peur qu'il te fasse mal...
Les larmes qui envahirent les yeux écarlates du plus jeune serrèrent le cœur du blond.
- Refais plus jamais ça, putain, souffla Katsuki sentant ses yeux s'humidifier. Plus jamais, ok ?!
Hiroshi voulut protester, quand une voix chevrotante se fit entendre.
- Il a rien ? Kacchan... Je t'en supplie... Dis moi qu'il a rien... Oh mon Dieu ! Kacchan... S'il te plaît...
- Il a rien, répondit Katsuki en se relevant, son fils dans les bras. Il a rien...
Le bruit d'un sanglot soulagé se fit entendre dans son dos, et Katsuki serra un peu plus fort son fils contre lui. Oui, heureusement, Hiro n'avait rien...
Lentement, il se retourna, tombant sur un mur de glace en plein milieu de son jardin. Une main se posa sur son épaule, et il hocha la tête, rassurant de ce simple geste Denki qui le fixait avec inquiétude. Voyant que ses deux amis étaient calmés, Shoto tendit sa main gauche devant lui et fit fondre le mur de glace, laissant Katsuki voir Eijiro et Izuku qui se tenaient de l'autre côté. Eijiro se frottait l'épaule droite qui avait encaissé le dernier coup de poing d'Izuku. Izuku, lui, était figé sur place, des flots de larmes dévalant ses joues, son visage tordu par une expression à mi-chemin entre le soulagement et l'horreur.
- Rentrons à l'intérieur, souffla Katsuki.
Il était plus que temps d'avoir cette foutue conversation, même s'il aurait préféré en parler avec Deku seul à seul. Mais les trois autres étaient là, et Katsuki savait qu'ils ne partiraient pas sans avoir toutes les réponses. Sans un mot, il se dirigea vers sa demeure, Hiroshi sanglotant toujours dans ses bras. Il entendit les autres le suivre. Il caressa d'une main tendre les cheveux ébouriffés de son fils, déposant un doux baiser sur sa tempe, se rassurant de l'avoir là, entre ses bras, indemne.
- ... suki ! KATSUKI ! Réponds moi !
La voix lointaine lui fit froncer les sourcils. Katsuki identifia finalement d'où elle provenait : son téléphone gisant au sol au beau milieu du séjour. Il le ramassa et le colla à son oreille.
- All Might ?
- Oh mon Dieu Katsuki ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai entendu des cris et des explosions. Tu t'es fait attaquer ? J'ai prévenu Hawks et Aizawa, ils sont en route !
- C'est rien, ok, s'empressa de le rassurer Katsuki. C'est juste ce sale nerd qui a décidé de refaire mon jardin.
D'un geste, Katsuki indiqua à ses invités impromptus de s'installer dans le salon. L'appareil toujours collé à son oreille et son fils dans les bras, il se dirigea vers la salle de bain.
- Oh ! Et ça va ?
- Il est à chier en déco. Mais sinon, ouais, ça va, soupira Katsuki.
- Tu me tiens au courant ?
- Ouais.
- Bon, j'appelle tes parents pour les rassurer.
- Parce que vous avez prévenu ma vieille aussi ?! Putain, All Might ! Vous faites chier !
- Ah ah ah ! Tiens moi au courant, ok ?
Katsuki claqua la langue, énervé, et raccrocha sans attendre. Non content de gaffer, All Might avait alerté tout le monde ! Katsuki avait déjà mal au crâne rien qu'en imaginant les discussions qu'il aurait avec son entourage dès le lendemain. Nul doute que ses parents et ses anciens professeurs l'appelleraient pour avoir des détails. Il chassa vite ces pensées de son esprit, songeant qu'il avait déjà une première conversation pénible à avoir, inutile de se prendre déjà la tête avec celles à venir.
Il ouvrit la porte du meuble où il rangeait sa trousse à pharmacie, s'en saisit, et rejoignit rapidement les autres dans le salon. Il déposa le matériel de premier secours sur la table basse. Il s'était pris quelques coups, Deku aussi, et cet abruti de tête d'ortie aurait sûrement un bleu sur l'épaule. Puis, il alla dans sa cuisine, son fils toujours calé dans ses bras. Tout en sortant un pack de bières de son frigo, et une poche de glace du congélateur, il appela Hawks.
- Rentre chez toi, l'emplumé, grogna-t-il quand le héros ailé lui répondit. All Might s'est affolé pour rien. Et préviens Aizawa-sensei. J'ai pas besoin que la cavalerie débarque juste parce que Deku a mal pris... Ouais, ouais... All Might a gaffé... Ouais, c'est bon, je gère ! Non, putain, rentre chez toi ! Ouais, ouais c'est ça...
Il raccrocha à nouveau, et alla déposer les bières sur la table basse. Voyant que le matériel de soins n'avait pas bougé, il fronça les sourcils et grogna :
- Soigne ton épaule, tête d'ortie ! Et toi, Deku, pareil !
Puis, il posa Hiroshi, qu'il tenait toujours dans ses bras, sur le haut du fauteuil, le mettant ainsi à sa hauteur, ou presque.
- A toi maintenant, souffla Katsuki en tenant son fils par les épaules.
Maintenant qu'il avait évité que la cavalerie débarque, avec pertes et fracas sûrement, sa priorité était Hiroshi. Son fils qui s'était interposé entre deux combattants, juste pour le protéger lui. Et putain, Katsuki ne voulait jamais qu'il recommence un truc pareil ! Jamais ! Et il devait le lui faire comprendre. Sans s'énerver. Même s'il avait très envie de lui gueuler dessus.
Hiro posa ses yeux larmoyant sur le visage de son père, ses larmes redoublant en voyant un bleu sur la joue de celui-ci.
- T'as mal papou ? demanda-t-il en tendant sa petite main vers l'ecchymose.
- C'est rien, ok, le rassura Katsuki, en essuyant les larmes du plus jeune. Hiro, écoute moi, écoute moi bien. Je t'interdis de refaire ce que tu as fait.
- Mais papou...
- Chuutt, écoute moi. Je n'ai pas besoin que tu me protèges. Je suis un héros, tu t'en souviens ?
Devant le hochement de tête du bambin, Katsuki reprit, se forçant à parler calmement pour ne pas faire pleurer davantage son petit bonhomme. Lui hurler dessus pour son inconscience n'était pas la solution. Même si lui, ça le soulagerait sûrement un peu. Il avait eu si peur, putain !
- C'est très courageux ce que tu as fait, mais c'est aussi très dangereux. Je ne veux pas que tu le refasses... Jamais ! Si un vilain m'attaque et que tu es à côté, tu restes caché ou tu t'enfuis. Je suis assez fort pour me protéger tout seul. On est d'accord ?
Hiroshi hocha à nouveau la tête, signifiant qu'il avait compris. Il était soulagé que son père ne soit pas en colère après lui. Mais il avait eu si peur en se réveillant. Il avait entendu des cris, des explosions et il n'avait pas trouvé son papou à la maison. Il l'avait appelé avant de le voir dans le jardin, en train de se battre contre quelqu'un. Il n'avait pas réfléchi et s'était précipité, terrifié à l'idée que son père ne soit blessé. Il n'avait même pas vraiment prêté attention à celui que son papou combattait. Non, il voulait juste protéger son papou.
- Tu promets ? lui dit Katsuki en lui tendant son petit doigt.
Hiroshi se saisit du petit doigt de son père qu'il croisa avec le sien, et souffla :
- Promis. Mais j'ai eu peur tu sais.
- Je sais, lui sourit son père en le serrant dans ses bras.
Enfouissant son nez dans le cou de son géniteur, le bambin inspira profondément l'odeur de celui-ci, se rassurant ainsi.
- Il est parti le vilain ? demanda-t-il d'une petite voix.
Katsuki leva les yeux, croisant le regard coupable d'Izuku. Dire à Hiro que le vilain en question était son second héros préféré en colère contre son père pour lui avoir caché son existence et leur lien de parenté n'était pas une bonne idée. Du moins pas ce soir. Aussi Katsuki opta-t-il pour un mensonge :
- Oui, il est parti. Il ne reviendra pas. Ne t'inquiète pas.
Un soupir de soulagement fut sa seule réponse.
Katsuki contourna le fauteuil, s'y installant, son fils à nouveau blotti dans ses bras. Il leva les yeux vers ses quatre amis, soupirant lourdement en voyant leurs regards lourds de sens. Ok, la discussion s'annonçait tendue. Un reniflement pas très discret attira à nouveau son attention sur le petit bonhomme blotti contre lui. Maintenant, il restait le plus difficile à faire.
- Hey, Hiro, l'appela-t-il doucement. J'ai encore un truc à te dire, un truc important.
Curieux, Hiro leva les yeux vers son père qui lui sourit doucement.
- Tu te souviens de ce que je t'ai dit sur ta naissance ? demanda Katsuki avec un ton doux.
- Oui, confirma Hiroshi avec un sourire. J'étais dans ton ventre.
Le hoquet surpris dans son dos fit sursauter le bambin qui se tourna vers les autres héros dont il avait totalement oublié l'existence. Une main sur sa joue lui fit retourner son attention vers son père.
- Et donc ça veut dire quoi, si tu étais dans mon ventre ? reprit patiemment Katsuki.
- Que j'ai deux papas, répondit fièrement Hiro. Toi et un autre.
Lentement, Katsuki obligea Hiroshi à se détacher un peu de lui et à faire face aux quatre héros qui les fixaient, visiblement très surpris. Il serra ses poings sur le haut de pyjama de son fils. Son cœur battit trop fort, trop vite, et sa respiration se fit plus courte. Voilà, il y était. Il n'y aurait plus de retour en arrière possible après ça...
- Ton autre papa, souffla Katsuki, sa voix s'étranglant légèrement. C'est Deku...
Denki se mordit la langue pour ne pas lâcher un juron, Shoto écarquilla les yeux, choqué, et Eijiro plaqua ses mains sur sa bouche pour s'empêcher d'intervenir de quelque manière que ce soit. Katsuki venait de confirmer ce qu'ils avaient conclu de leur discussion avec All Might. Et même s'ils mourraient d'envie de l'assaillir de questions pour comprendre, ils savaient que ce moment ne leur appartenait pas, ils n'en étaient que spectateurs.
Ce n'était pourtant pas l'envie qui leur manquait. Pourquoi Katsuki avait-il dû cacher sa grossesse à Izuku, le père de son bébé, et donc le premier concerné par la chose ? Et pas qu'à lui d'ailleurs, à eux aussi, à presque tout le monde en fait. Pourquoi n'avait-il jamais dit qu'il était un porteur ? Comment la ligue était-elle impliquée là-dedans ? Il s'était enterré ici, sur cette île tranquille, pour la sécurité de son fils. A quel point celui-ci était-il en danger ? Et lui ? Pourquoi voudrait-on s'en prendre au fils de Katsuki ? Mais toutes ces questions devraient attendre encore un peu. Aussi les trois héros gardèrent-ils le silence, attendant la suite des événements.
- Izuku, reprit Katsuki du même ton étranglé. Je... te présente.. Hiroshi... ton... notre fils...
Izuku ne savait que dire, ni que faire. Il ne s'attendait pas à un tel dénouement. Il avait foncé sans réfléchir, trop en colère pour penser à autre chose qu'au fait que Katsuki lui avait caché un truc pareil durant des années. Il n'avait pas vraiment songé à tout ce que cela impliquait, ni aux conséquences qu'auraient ces révélations. Il n'avait pas pensé à ce que le blond avait pu dire à son fils sur sa naissance, ni à ce qu'il ressentirait lui, quand Katsuki aurait confirmé son implication dans la naissance d'Hiroshi.
Non, il n'avait pensé à rien d'autre qu'à sa colère. Kacchan lui avait menti ! Kacchan lui avait caché le lien qu'ils partageaient tous deux avec cet adorable petit bonhomme qu'était Hiro. Kacchan l'avait laissé croire qu'une autre avait pris sa place dans ses bras ! Et à aucun moment, son ami d'enfance n'avait donné l'impression de vouloir lui dire la vérité ! Lui n'avait jamais eu aucun secret pour Kacchan ! Il avait été le premier à savoir la vérité pour son alter ! Et non content de lui avoir tout caché de sa vie pendant six ans, en plus Kacchan lui avait délibérément menti ?! Izuku n'avait pensé à rien d'autre qu'à l'horrible sentiment de trahison qui l'avait envahi jusqu'à le rendre fou de rage !
Et il avait eu atrocement peur quand il avait vu Hiroshi s'interposer entre Kacchan et lui. Il avait eu si peur d'avoir blessé le petit bonhomme sans le vouloir. Et il s'en était tellement voulu d'avoir réagi si violemment. Il avait été infiniment rassuré de savoir qu'Hiroshi n'avait rien. Il ne se serait jamais remis d'avoir blessé son propre fils. Et Kacchan ne le lui aurait jamais pardonné. Il ne se serait jamais pardonné non plus d'ailleurs.
Il ne s'attendait cependant pas à se retrouver si soudainement confronté à des présentations en règle. N'était-ce pas un peu prématuré ? Bon, visiblement, Katsuki avait anticipé et expliqué deux-trois trucs à son fils. Mais lui, Izuku, que devait-il dire ? Que devait-il faire ? Il n'était pas prêt ! Qu'allait-il pouvoir répondre si Hiro posait des questions à propos de ce qui avait amené à sa naissance et surtout à son absence à lui dans sa vie jusqu'à maintenant ?
Qu'est-ce que Kacchan avait bien pu raconter à son petit bonhomme ? Si, au moins, il avait su ce que Katsuki avait pu dire à son fils pour expliquer son absence dans la vie du garçonnet jusqu'à présent... Ça lui éviterai de faire des gaffes. Une pensée terrifiante lui vint brusquement à l'esprit. Allait-il devoir expliquer à un enfant de cinq ans comment deux hommes avaient pu concevoir un bébé ? Il sentit des sueurs froides envahir sa nuque rien qu'à l'idée d'une telle conversation.
- Papou... souffla une voix enfantine chevrotante, tirant Izuku des affres de l'affolement. Tu veux plus de moi ?
- Quoi ? s'étonna Katsuki choqué, ne s'attendant pas du tout à une telle question.
- Ben, Nato elle connaissait pas son papa. Mais, quand il est venu, elle est partie avec lui parce que sa maman voulait plus d'elle, expliqua le bambin en pleurant. Alors, tu..
- Non, l'interrompit Katsuki en le serrant un peu plus fort contre lui. Je te laisserai pas, jamais ! On reste ensemble ! Je te promets !
Putain, il avait oublié cette histoire. Nato, une gamine qu'Hiroshi adorait, était partie vivre avec son père, qu'elle n'avait jamais vu, après les vacances de Noël. Les parents de la gamine s'étaient séparés peu après sa naissance et sa mère l'avait élevé jusque là. Mais la mère avait rencontré quelqu'un et allait avoir un autre enfant. Elle ne voulait plus s'occuper de sa fille, et avait alors demandé au père de la récupérer.
Katsuki avait été écœuré par un tel comportement. Les parents qui se refilaient le gosse comme s'il n'était qu'une vulgaire marchandise, ça lui donnait des envies de meurtres. Sur ces points, la loi japonaise était vraiment mal foutue, n'accordant aucun droit ou presque aux gamins. Il n'avait malheureusement rien pu faire d'autre que de consoler son fils, fortement attristé par le départ de son amoureuse.
Bien sûr que non, lui ne ferait jamais ça ! Putain, il était prêt à se battre bec et ongles contre Deku si ce dernier émettait l'idée de lui prendre Hiro. Parce que oui, Deku en avait le droit. Il ne figurait certes pas sur le certificat de naissance de son fils, mais il lui serait extrêmement facile de prouver sa paternité avec un test ADN. La naissance d'Hiroshi ayant eu lieu aux Etats-Unis, au moment de remplir les papiers, Katsuki avait décidé de ne pas y inclure Deku, afin de mieux protéger son enfant. Le nerd avait lui aussi son lot d'ennemis aux fesses…
Si Deku réclamait la garde exclusive d'Hiro, Katsuki avait toutes les chances de perdre. Les tribunaux au Japon estimaient que cacher l'existence d'un enfant à l'un des deux parents dudit enfant était une circonstance aggravante. De ce que Katsuki en savait, les parents dans sa situation avaient tous perdu la garde de leur môme au profit du parent spolié. Mais, ça ne l'empêcherait pas de se battre pour garder son fils.
- Hiro, se permit d'intervenir Izuku avec un ton doux. Jamais je ne voudrais te séparer de ton papa. Je te le jure !
Voyant que le petit bonhomme ne semblait pas si rassuré que ça, il lui sourit tendrement.
- Si tu veux bien, je viendrai vous voir tous les deux plus souvent et on pourra passer du temps tous les trois.
- On pourra jouer aux héros et aux vilains ? s'enquit Hiro avec un reniflement pas très élégant.
- Bien sûr, lui confirma Izuku. On pourra jouer à tout ce que tu veux.
Le porteur du One for All soutint le regard larmoyant mais scrutateur du plus jeune. Il nota la manière dont Katsuki serrait fortement le haut du pyjama de son fils dans ses poings, et toute l'inquiétude paternelle parfaitement visible dans les prunelles écarlates, luisantes de larmes contenues. Il tenta de rassurer son ami d'enfance d'un regard. Non, il ne comptait pas séparer Katsuki d'Hiroshi. Grand Dieu non ! Bien sûr, il avait des griefs. Mais son intention ne serait jamais de séparer cet enfant, dont il se découvrait être le second père, de celui qui l'avait élevé et qui avait pris soin de lui jusqu'ici.
Il avait vu durant ces deux derniers jours la complicité et l'amour qui liaient le père et le fils, et il ne voulait surtout pas changer ça. Bien évidemment qu'il voulait une place dans leur vie, mais dans leur vie à tous les deux : Hiroshi et Katsuki. Il s'intègrerait et prendrait soin du package complet avec grand plaisir. Pas question d'arracher Hiro à Katsuki ! Sûr de sa résolution, Izuku fit un sourire éblouissant au duo qui le fixait toujours.
- Super ! Mes deux papas sont des héros !
L'exclamation enfantine et enthousiaste détendit l'atmosphère. Katsuki profita d'être partiellement caché par son fils pour laisser échapper quelques larmes de soulagement. Le plus dur était fait : Deku avait appris la nouvelle et Hiro avait officiellement rencontré son autre père. Et surtout, Izuku n'allait pas lui arracher son fils. Même si tout le monde avait tenté de le rassurer sur ce point, il avait toujours eu peur que Deku ne lui prenne Hiro et l'empêche de le voir. Entendre ce sale nerd le dire de vive voix le soulageait énormément.
Inconscient des pensées de son père, Hiro se lança dans un monologue sur les futures activités qu'il ferait avec ses deux papas, amusant grandement lzuku et les trois autres. Il fut finalement interrompu par Katsuki qui décida que tout cela pouvait attendre demain, et qu'il était plus que temps d'aller au lit. Hiroshi protesta un peu, mais céda après avoir fait un gros câlin à un Izuku clairement embarrassé, n'ayant pas l'habitude de ce genre de démonstrations d'affection.
Il pourrait cependant vite en prendre l'habitude se dit-il en voyant le petit bonhomme disparaître du séjour, blotti dans les bras de Katsuki. Oui, maintenant qu'il savait quel lien l'unissait à Hiroshi, et par extension à Katsuki, il ne les lâcherait plus. Ni l'un, ni l'autre. Izuku était bien déterminé à se faire une place dans la vie des deux Bakugo. Il voulait cependant comprendre comment un tel miracle s'était produit. Oui, un miracle. Jamais il n'aurait cru possible d'avoir un enfant avec Kacchan. L'idée ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Après tout, ils étaient deux hommes et encore trop jeunes pour penser à fonder une famille. Mais maintenant qu'il connaissait Hiroshi... Oui, c'était un petit miracle.
Katsuki revint dans le salon, après avoir couché son fils et être passé par sa chambre. Il déposa sur la table basse, entre les bières toujours intactes et le matériel de soins ouvert, une lourde boîte en carton. Il se prit une bière qu'il ouvrit rapidement et se laissa lourdement tomber dans le fauteuil qu'il venait de quitter. Il prit une longue rasade du breuvage alcoolisé et incita d'un geste ses amis à se servir.
- Vous allez en avoir besoin, leur dit-il.
- C'est l'heure des explications détaillées ? s'enquit Eijiro d'un ton prudent tout en se décapsulant une bière à son tour, ayant soigné son épaule.
- Tout est là, souffla Katsuki en désignant la boîte. Mon dossier médical complet, le compte rendu détaillé de l'enquête qu'Hawks a mené, le dossier que cet enfoiré de chirurgien avait sur ma gueule... Tout... Y compris les échographies, les photos prises pendant ma grossesse et tout un tas d'autres trucs...
Izuku tendit la main vers la boîte mais ne l'ouvrit pas, se contentant d'en caresser le couvercle fermé.
- Le premier soir, dit-il d'une voix basse. Tu as dit que tu avais failli mourir...
- Tout ce que j'ai dit est vrai, répondit Katsuki.
- Donc la ligue est impliquée, intervint Shoto en se prenant une bière.
- Sérieusement, vous avez qu'à ouvrir cette foutue boîte et lire par vous même, grogna Katsuki.
- Tu sais, moi, la lecture j'aime bien, lâcha Denki. Mais des dossiers médicaux pleins de mots super compliqués et des rapports d'enquêtes bien chiants... Pas plus que ça... Par contre, je veux voir les photos ! Toi avec un gros bidon ! Je veux voir ça ! Vas- y Deku, trouve nous ça !
- J'en reviens pas que tu sois un porteur, avoua Eijiro.
- Je suis pas un porteur, contra Katsuki. J'en ai jamais été un...
- Quoi ? s'étonna Eijiro. Mais alors comment... Et me dit pas que tout est là ! Je lirai pas ton foutu dossier médical !
Katsuki grimaça, prêt à envoyer son ami se faire foutre quand il remarqua les mains d'Izuku posées sur le couvercle de la boîte. Elles étaient serrées autour, maintenant fermement le couvercle en place. Levant les yeux, il tomba sur les iris verdoyants de son ami d'enfance et il comprit que lui non plus ne lirait pas les dossiers. Pas tant que Katsuki n'aurait pas expliqué les choses de vive voix.
- Vous me faites chier, grogna-t-il en se frottant nerveusement le visage.
Il profita du silence des autres, signe évident qu'ils attendaient simplement qu'il se décide à leur détailler ce qui lui était arrivé, pour boire une longue gorgée de bière. Il buvait rarement, et jamais rien de plus fort que de la bière. Vu comment ça s'était fini la seule et unique fois où il avait bu un verre de Saké, depuis il fuyait les alcools forts comme la peste. Mais ce soir, il regrettait de n'avoir rien de plus fort qu'une bière pour se donner un peu de courage.
- Avant de commencer, finit-il par dire, tout ce que je vais vous raconter, vous devez le garder pour vous. Pas question que tout le monde soit au courant. Officiellement, je suis juste un putain de porteur. Et Hiro est un gamin tout ce qu'il y a de plus normal. C'est clair ?!
- Très, assura Shoto.
- Et officieusement ? s'enquit prudemment Izuku.
La grimace de Katsuki n'échappa à aucun de ses invités qui se tendirent un peu, comprenant rien qu'à la tête que faisait le blond que le sujet était délicat.
- Officieusement, souffla Katsuki, Hiro est le résultat de la combinaison entre une face de cul mégalo, un chirurgien taré, un foutu verre de Saké et une saloperie de capote défectueuse.
Les rougeurs qui s'étalèrent à vitesse grand V sur les joues parsemées de tâches de rousseur d'Izuku à l'évocation de leur unique nuit ensemble amusèrent un peu Katsuki.
Les deux amants d'un soir échangèrent un regard, la même scène leur revenant à l'esprit. C'était le lendemain matin de cette fameuse nuit qu'ils s'étaient rendu compte du craquage du préservatif enfilé à la hâte la veille. Dans leurs esprits, la voix rageuse de Katsuki résonna, aussi vivement que si cela s'était passé la veille, d'un " Putain ! J'en ai plein le cul ! Bordel de merde !" très élégant. Et ils pouffèrent tous deux de rire en chœur, surprenant les trois autres.
- Je vous torturerai plus tard pour avoir les détails, promit Denki avec une lueur malicieuse dans les yeux. Au fait, Eijiro, comment tu savais toi qu'ils avaient couché ensemble ces deux-là ?
- J'étais le voisin de chambre de Katsuki, rit Eijiro. Et ils n'ont pas été très discrets...
- Oh ! Faudra aussi que tu me racontes ça, s'exclama Denki avec un sourire conspirateur aux lèvres.
La claque qu'il se prit derrière la tête le fit pouffer discrètement.
- Occupe toi de ton cul espèce de commère, bougonna Katsuki qui s'était repris durant l'intervention de son ami électrique.
En jeune homme particulièrement mature et responsable, Denki tira la langue à Katsuki, soulagé de voir que le visage de ce dernier s'était détendu.
D'un coup d'œil, il s'assura que la tension sur les traits d'Izuku avait elle aussi disparue. Il se félicita intérieurement d'avoir réussi à détendre les deux protagonistes principaux de cette histoire qui s'annonçait compliquée. Il n'était pas stupide, il avait bien compris que les choses étaient sûrement merdiques à souhait. De toute façon, si la ligue était impliquée, c'était forcément merdique.
Denki n'aimait pas voir ses amis tendus et stressés. Et depuis leur arrivée fracassante chez Katsuki, la tension qui habitait les quatre autres était tellement palpable que s'en était suffocant. Alors, il avait sauté sur la première (enfin la seconde, la première ayant lamentablement échoué) occasion pour détendre l'atmosphère. Quoi que leur révèle Katsuki cette nuit, il n'était pas nécessaire qu'il le fasse dans une ambiance digne d'un bon thriller psychologique avec possession démoniaque en prime.
- Vous vous souvenez, commença Katsuki, avant mon départ j'étais pas en super forme... J'avais la gerbe, je croyais que c'était une putain de gastro.
- Ouais, je me souviens, confirma Eijiro. T'as même été voir Recovery Girl...
- Et on t'a pas revu après ça, conclut Izuku.
- C'était pas une gastro, lâcha Katsuki.
Il laissa le temps à ses potes de comprendre, notant non sans un certain amusement que Shoto fut le dernier à faire le lien. Mais aucun d'eux ne dit rien, attendant la suite. Katsuki leur parla de l'annonce de sa grossesse, de la merde que le chirurgien avait fait dans son bide quand il l'avait opéré après sa blessure et de la décision de l'envoyer sur I-Island. Il leur expliqua l'avortement impossible, les risques d'un accouchement à terme, la solution de la césarienne à huit mois de grossesse, et la nécessité de rester chez David Shield, loin du Japon et de la ligue.
Katsuki leur expliqua aussi les découvertes faites par Hawks durant l'enquête que le héros ailé avait mené. Il parla du grand projet qu'All For One avait pour lui, et de son ascendance avec le second porteur du One for All. Ascendance que Masaru avait lui-même vérifié, remontant la lignée de son épouse, Mitsuki, pour arriver à la même conclusion qu'All For One.
Bien sûr, Masaru s'était demandé pourquoi All For One ne s'en était pas pris directement à Mitsuki, qui était une femme et avait donc déjà tout le nécessaire anatomique pour tomber enceinte et mener une grossesse à son terme, avec beaucoup moins de risques. La question avait mobilisé toute l'attention du couple Bakugo, d'Hawks, d'Aizawa, de Nezu et même de David et All Might. Personne, surtout pas Masaru ni Katsuki, ne souhaitait que Mitsuki soit victime des plans machiavéliques du vilain le plus terrifiant de l'histoire. Mais la question était légitime, et tout ce petit monde s'était penché dessus.
La conclusion à laquelle ils étaient arrivés était finalement aussi simple que frustrante. Si Mitsuki portait en elle une infime part du One for All, elle ne l'avait jamais éveillé. Contrairement à Katsuki qui s'en était servi lors du combat les opposant ses camarades et lui à Nine, sur l'île de Nabu. De plus, par le plus heureux des hasards, Katsuki était à proximité, sinon permanente, au moins très régulière, de l'actuel porteur du One For All : Izuku Midoriya. Lequel était par ailleurs un ami d'enfance du blond. Et donc le lien entre les deux garçons pouvait être une faiblesse que leurs ennemis pourraient facilement exploiter.
De plus, c'était bel et bien Katsuki qui avait attiré l'attention de Shigaraki à son insu. Et c'était cette fascination du vilain pour le blond qui avait provoqué la rencontre entre All for One et Katsuki. C'était suite à cette rencontre que l'ascendance du jeune Bakugo avec le second porteur du One for All avait été découverte par AFO. Il était donc assez logique que Katsuki devienne la cible du vilain, au profit de Mitsuki que ce dernier n'avait jamais cherché à approcher.
Ça avait été un étrange soulagement pour Katsuki de savoir que sa mère n'avait jamais intéressé cette bande de tarés. Certes, il se serait bien passé de leur attention. Mais à choisir, il préférait qu'ils s'en prennent à lui plutôt qu'à sa mère. Et même si Masaru ne l'avait jamais dit, et ne le dirait sûrement jamais, il partageait le soulagement de son fils. Bordel, Katsuki savait parfaitement que si son père avait eu le choix, il se serait sacrifié lui-même plutôt que de laisser quiconque toucher à sa femme ou à son fils. Et après on s'étonnait que lui, le digne fils de ses parents, soit légèrement protecteur avec Hiroshi...
- Sans le vouloir, conclut-il finalement, on a fait exactement ce que cette face de cul voulait faire : un gosse avec les gènes du porteur actuel du One for All et de moi. Sauf que dans la tête de cet enfoiré, ça aurait dû être Shigaraki le porteur du One for All... Autant dire que si ses partisans l'apprennent, Hiro va devenir leur cible privilégiée.
Dans le silence qui suivit son long monologue, Katsuki observa les réactions de ses camarades.
Shoto était peu expressif, comme à son habitude, mais ses sourcils légèrement froncés et le léger pli au coin de ses lèvres témoignaient de son inquiétude. Denki fixait Katsuki d'un air trop sérieux, qui ne lui allait pas du tout, mais qui montrait bien qu'il comprenait l'ampleur de ce que venait de dire son ami. Eijiro avait le visage fermé, les bras croisés sur sa poitrine, les yeux légèrement écarquillés, digérant difficilement tout ce qu'il venait d'entendre.
Mais celui dont les réactions intéressaient le plus Katsuki c'était Izuku. Ce dernier avait été visiblement choqué au début des explications, puis le choc avait cédé la place à l'horreur quand il avait entendu le pourquoi du comment. Et maintenant, il arborait cet air déterminé que le blond lui connaissait bien. Cet air qui disait qu'Izuku se battrait bec et ongles contre la terre entière s'il le fallait, mais qu'il protégerait ceux qui lui étaient chers.
- D'accord, souffla finalement Shoto, rompant le silence. Et ton accouchement s'est passé comme prévu ?
- Non, admit Katsuki un peu surpris que ce soit cette question qui vienne en premier. La césarienne était prévue le 1er février, mais Hiro était visiblement pressé. J'ai eu des contractions le 30 janvier, et ça a un peu été la panique. Mais au final j'ai survécu, et Hiro allait bien. Le médecin a pu virer tout ce qui n'avait rien à foutre dans mon corps, et du coup ça ne risque plus de se reproduire.
- Tu n'as pas eu de complications ? s'inquiéta le héros au double alter.
- Rien de vraiment emmerdant, le rassura Katsuki. Et ça s'est vite réglé.
- Et Hiroshi ? reprit Denki. Il n'a pas de soucis ?
- Non, il est en parfaite santé, répondit Katsuki. Il a eu toute une batterie d'examens après sa naissance, y compris un test ADN. Et il ne porte aucun autre ADN que celui de Deku et le mien. C'est Aizawa qui a ramené un cheveu de Deku pour la comparaison.
- Et son alter ? souffla Izuku.
- Ne ressemble pas du tout au One for All, soupira Katsuki. Tu l'as vu non ? Je dirai que c'est un mélange entre le mien et ton fouet noir. Mais je suppose qu'il va évoluer. Quand il l'a déclenché, ça ressemblait juste au mien. Pas de fouet noir. Ça, c'est apparu un peu plus tard.
- Ce qui explique que tu l'entraînes, intervint Shoto d'un ton docte. Tu anticipes et prépare son corps au cas où il devrait supporter une plus grande puissance.
Katsuki se contenta d'hocher la tête, confirmant les dires de Shoto. Oui, c'était l'une de ses motivations pour entraîner Hiroshi. Il ne se souvenait que trop bien des difficultés qu'avait connu Izuku pour maîtriser le One for All, et des nombreuses blessures que le corps de son ami d'enfance avait subi à cause de ça. Et il ne tenait pas à ce que son fils vive la même chose. Alors, il profitait de la fascination d'Hiro pour les héros, et de son énergie débordante, pour essayer d'anticiper le problème.
- Ok, souffla Izuku. Je comprends que c'était effectivement plus prudent au début de ne pas me le dire. Mais cinq ans, Kacchan... Pourquoi tu m'en as pas parlé ? Tu sais que j'aurai gardé le secret !
La grimace de Katsuki n'échappa à personne et tous attendirent qu'il se décide à répondre. Izuku essaya de toutes ses forces de ne pas laisser transparaître autre chose que de la curiosité dans son regard, conscient que fusiller des yeux le blond explosif ne serait définitivement pas la chose à faire. Même s'il était toujours un peu en colère.
Katsuki était tendu, c'était visible autant dans le froncement de ses sourcils que dans le tressaillement nerveux de sa jambe gauche et la crispation de sa main droite autour de sa bouteille de bière.
- Je... commença Katsuki avant de s'arrêter pour soupirer lourdement.
Merde ! Comment expliquer ça ? Il se passa une main sur le visage, tentant de trouver quoi dire exactement.
Finalement, il décida de dire la vérité brute. Il avait toujours eu horreur des mensonges, et il y en avait beaucoup trop dans sa vie depuis quelques années.
- J'appréhendais ta réaction, avoua-t-il finalement d'un ton un peu plus dur qu'il ne l'aurait voulu. Merde ! Avoir un môme, ça n'avait jamais fait partie de mes projets d'avenir. Le porter moi-même ? Encore moins ! Et avec toi en plus ? Putain, si quelqu'un m'avait sorti ça y'a sept ans, je lui aurait explosé la gueule et l'aurait fait interner en hôpital psy.
Un léger sourire étira les lèvres d'Izuku, Eijiro pouffa discrètement, et les yeux vairons de Shoto pétillèrent d'amusement.
- On te reconnait bien là, rit Denki.
- Ouais, admit Katsuki. Mais voilà, ça m'est tombé dessus comme ça. Et j'ai pas vraiment eu le choix. Merde ! Je vous l'ai dit, la vieille baveuse a dû m'endormir à l'infirmerie et je me suis réveillé dans l'avion. Au début, je voulais pas te le dire parce que... En dehors du fait que vu la merde que c'était au Japon et que c'était donc plus prudent que tu le saches pas... je ne savais pas moi-même ce que je voulais faire. Et si tu l'avais appris, tu t'en serais mêlé, et ça m'aurait juste gonflé...
- Tu as envisagé de l'abandonner ? hoqueta Eijiro surpris.
- Ouais, reconnut Katsuki avec une grimace. J'avais dix-sept ans, bordel ! J'avais même pas fini mes études ! Et comme j'ai dit, ça ne faisait pas du tout partie de mes projets d'avenir. Alors oui, j'ai pensé à cette option. Pas très longtemps, mais j'y ai pensé.
Il darda un regard plein de hargne sur ses amis, les mettant muettement au défi de dire quoi que ce soit.
Mais aucun d'eux ne répliqua, conscients qu'à la place de leur ami ils auraient sûrement réagi de la même façon.
- Après l'accouchement, reprit Katsuki. Les choses s'étaient un peu tassées au Japon. Alors All Might et mes parents ont commencé à me tanner pour que je t'en parle.
- Mais tu voulais pas, souffla Izuku.
Le hochement de tête de Katsuki lui serra le cœur, mais il ne dit rien, attendant la suite.
- J'avais trop de choses à penser et à gérer en même temps : mon entraînement, ma licence définitive, Hiro. Je voulais pas que tu entres dans l'équation. Je voulais pas avoir à gérer en plus...
D'un geste vague, Katsuki désigna Izuku, le faisant sourire.
- Mes états d'âmes, mes marmonnements, mes inquiétudes etc... compléta Deku d'un ton légèrement amusé par le geste du blond.
- Ou ton indifférence, avoua doucement Katsuki.
Les yeux d'Izuku s'écarquillèrent brutalement sous le choc.
- Tu as pensé que j'en aurai rien à faire ? souffla-t-il estomaqué. Comment tu as pu envisager un truc pareil Kacchan ? A quel moment j'ai pu te laisser penser que je pourrai te laisser tomber ? Que tu n'étais pas important pour moi ?
- J'ai jamais dit que c'était rationnel, ok ! bougonna Katsuki.
- C'est totalement irrationnel, confirma Denki avec un sourire malicieux aux lèvres. La terre entière sait que tu es le précieux Kacchan de Deku.
Eijiro approuva en riant et Shoto sourit en hochant la tête, appuyant les propos de son ami. Izuku rougit et bafouilla des mots incompréhensibles, tentant de se défendre.
- La terre entière, c'est un peu exagéré, ricana Katsuki, intérieurement soulagé.
Oui, sa crainte qu'Izuku n'en ai rien à foutre était totalement irrationnelle, il le savait. Mais l'entendre dire de vive voix le soulageait.
- C'est vrai, rit Eijiro. C'est pas la terre entière, c'est l'univers tout entier !
- C'est... même pas vrai, bredouilla Izuku en agitant les mains, rouge de gêne.
Bon d'accord, il l'admettait, il tenait à Katsuki et ne l'avait jamais vraiment caché. Mais dit comme ça, ça laissait sous-entendre un peu trop de choses. Des choses qu'il aimerait bien voir se réaliser certes, mais qui n'étaient pas d'actualité.
Izuku croisa le regard rieur de Katsuki et il fit ce que tout jeune homme parfaitement mature et responsable faisait dans ce genre de situation : il bouda. Bien sûr, ses amis se moquèrent un peu plus de lui, accentuant sa moue boudeuse.
- Putain, tu fais la même tête qu'Hiro quand je lui dit de ranger son bordel ! s'esclaffa Katsuki.
La comparaison intéressa immédiatement Izuku, qui se serait sans nul doute lancé dans une série de questions pour savoir s'il avait d'autres points communs avec son fils, si Shoto ne l'en avait pas empêché en intervenant.
- Et quand tu es revenu au Japon ? Pourquoi ne pas l'avoir dit à ce moment-là ?
- C'était presque deux ans après mon départ, souffla Katsuki. Et plus le temps passait, plus c'était difficile de savoir comment aborder le sujet.
Izuku croisa à ce moment-là le regard écarlate de son ami d'enfance. Il ouvrit de grands yeux surpris avant de s'adoucir.
- Et tu avais peur que je te prenne Hiro, souffla-t-il, comprenant ce que ne disait pas son ancien amant.
- Tu pourrais, répondit ce dernier.
- Non, commença Izuku.
- Si, contra Katsuki. La loi...
- Le permettrai, confirma Izuku sans attendre. Mais moi, non. Kacchan, j'ai à peine connu mon père. Et même si j'adore ma mère, j'ai toujours été un peu jaloux de ceux qui avaient la chance d'avoir leurs deux parents avec eux.
- C'est pas toujours une bonne chose, lâcha platement Shoto.
- Je sais, répondit Izuku tout en lançant un regard compatissant à son ami au double alter. Mais, ta situation familiale n'est heureusement pas une généralité.
Voyant que Shoto ne répondait rien, signe qu'il était d'accord, Izuku reprit, reportant à nouveau son attention sur Katsuki.
- Je comprends que tu n'aies pas voulu m'avoir dans les pattes au début. J'avoue que je n'ai jamais vraiment pensé à avoir des enfants. Mais, les rares fois où ça a pu me passer par la tête, je n'imaginais certainement pas empêcher mon enfant de voir sa... son autre parent. Alors non, je n'ai certainement pas l'intention de vous séparer, Hiro et toi. En revanche, j'ai envie d'avoir ma place dans sa vie puisque c'est mon fils à moi aussi.
- Je me doute, ouais, souffla Katsuki. Et je suis d'accord avec ça...
Oui, il était d'accord pour qu'Izuku ait sa place dans la vie d'Hiroshi. De toute façon, maintenant que les deux concernés étaient informés de leur lien de parenté, aucun des deux ne lui foutrait la paix s'il disait non.
- Je dois donc m'attendre à ce que tu débarques plus souvent, conclut-il en secouant la tête d'un air blasé.
- Nous aussi, intervint Denki avec enthousiasme. Je serai le tonton super cool !
- Ah non, protesta Eijiro. Ce sera moi le tonton trop cool !
- Je trouve qu'il a déjà trop de tontons pour un gamin dont les pères sont fils uniques, grogna Katsuki. Si vous vous en mêlez, ça va devenir infernal...
- Trop de tontons ? s'étonna Shoto. Quels tontons ?
- Tonton Shota, tonton Kei, tonton Might, tonton Dave, énuméra Katsuki.
- N'oublie pas qu'il y aura aussi bientôt tonton Hanta. Ça manque de tata tout ça, rit Eijiro.
- Il y a Mélissa, alias tata Mel, répliqua Katsuki.
- Juste une ! protesta Eijiro. Mais avec tata Mina et tata Ochako ça va en faire plus.
- Et tata Jiro, renchérit Denki avec un grand sourire.
- Tonton Tamaki, compléta Shoto avec un très léger sourire.
- Ah ben non, rit Denki. Ça fait juste un tonton en plus ça !
- Putain, bougonna Katsuki. Vous comptez m'envahir ou quoi ? Je vous ai dit...
- On sait ce que tu nous a dit, l'interrompit Eijiro. Mais, ça restera entre nous. La seule chose qu'on leur dira : c'est que tu es un porteur, et que, suite à une nuit de débauche avec Izuku, tu t'es retrouvé en cloque...
- On a bien conscience qu'il est préférable que le lien de parenté entre Hiro, Izuku et toi reste aussi secret que possible, confirma Shoto. Cependant, Hanta, Mina, Ochako, Jiro et Tamaki sont des personnes de confiance et ils ne diront rien.
- Et puis, Shoto vit avec Tamaki, et moi avec Jiro, ajouta Denki. Déjà que j'ai dû trouver une excuse pour partir quelques jours sans elle… Et surtout, sans lui dire que je venais te voir. Je n'ai pas l'intention de lui mentir plus que nécessaire à cause de toi.
Shoto approuva d'un geste. Lui aussi avait dû donner une explication plausible à son compagnon pour venir sur Nabu. Contrairement à Mina et Ochako, Jiro avait depuis longtemps cessé tout contact avec Katsuki, et Tamaki n'était pas vraiment ami avec le blond, juste une vague connaissance. Ils n'étaient donc pas dans la confidence sur ce petit voyage. Officiellement, Shoto et Denki étaient en mission pour quelques jours à l'autre bout du pays avec Eijiro et Izuku. Mission de la plus haute importance, nécessitant qu'ils renoncent à quelques jours de repos. Heureusement, Tamaki et Jiro, étant eux-aussi des héros, avaient été compréhensifs. Et Fat Gum avait joué le jeu après que Red Riot l'ai supplié, évitant que Tamaki, qui travaillait avec Eijiro, ne se doute de quelque chose.
Leurs compagnes et compagnons respectifs n'auraient sûrement rien dit s'ils leurs avaient expliquées la vraie raison de ce petit voyage. Mais ne sachant pas à quoi s'attendre exactement, ni Shoto, ni Denki, n'avaient dit la vérité à leurs douces moitiés. Mais ils comptaient bien les mettre dans le secret dès leur retour, maintenant que les choses étaient claires. Et ainsi, ils pourraient revenir en leur compagnie pour passer à nouveau de bons moments avec Katsuki et son fils.
- Ouais, ben prévenez moi avant de débarquer ! tempêta Katsuki. Et pas tous en même temps ! Je suis pas un putain d'hôtel !
- On prendra des chambres à l'auberge, lui assura Eijiro. Enfin, si on vient nombreux. Sinon, on squattera ta chambre d'amis !
- Vous faites chier, râla le blond explosif.
Mais le léger sourire qui étirait sa bouche démentait ses mots.
- J'ai encore une question, intervint Denki. Tu es un mec, et tu as porté Hiro dans ton ventre... Il devrait t'appeler Papa ou Maman... Pourquoi Papou ?
- A cause d'All Might et ma vieille, avoua Katsuki avec un rictus exaspéré. Ces deux-là ne parlaient de moi à Hiro qu'en disant : Papounet. Bien sûr, j'ai râlé, et l'autre emplumé et Aizawa-sensei s'y sont mis aussi. Putain, même David et Mélissa avaient pris le pli. Alors du coup, il m'appelle Papou...
- C'est trop mignon, ricana Denki, s'attirant une nouvelle tape sur le crâne de la part de son ami.
- Pourquoi être revenu au Japon malgré les risques ? s'enquit Eijiro. Tu aurais pu rester aux Etats-Unis.
- Non, souffla Katsuki. Je voulais pas squatter plus longtemps chez David. Et puis, mes parents vivent ici. Je voulais revenir. C'est Hawks qui a eu l'idée de Nabu... Le héros qui vivait là avant moi s'est marié et a quitté son poste. Du coup, la place était vacante.
- C'est vrai que c'est assez isolé et tranquille, compléta Izuku. Tu es loin des projecteurs, et Hiro est en sécurité tant que sa filiation n'est pas ébruitée.
- C'était un bon compromis, admit Katsuki.
- Et tu nous l'a pas dit parce que ? reprit Eijiro.
- Si je vous l'avais dit, vous auriez débarqué, grogna Katsuki. Ce que vous avez fait d'ailleurs... Et je voulais garder l'existence d'Hiro la plus secrète possible.
- On aurait rien dit, assura Eijiro.
- Je sais... soupira Katsuki.
- La ligue est sous les verrous et la quasi totalité de leurs partisans aussi, reprit Shoto. Pourquoi ne pas revenir sur la métropole ?
- La tarée blonde, avoua Katsuki. Personne ne l'a retrouvé encore...
Les quatre autres firent la grimace. Himiko Toga avait disparu après la bataille finale contre la ligue et, malgré de nombreuses recherches, personne ne l'avait retrouvée. Il y avait bien eu quelques pistes, mais aucune n'avait jamais abouti. Himiko Toga était quelque part dans la nature. Et même si elle était toujours recherchée, le temps ayant passé, elle n'était plus une cible prioritaire, ni pour la police, ni pour les héros. Ce qui représentait un risque pour Hiro aux yeux de Katsuki.
Une sonnerie peu discrète résonna soudainement, faisant sursauter les cinq héros. Eijiro plongea sa main dans sa poche pour en sortir son téléphone, un sourire tendre illuminant son visage en voyant le nom de sa compagne sur l'écran. Mais avant qu'il ait pu décrocher, une main lui vola le précieux objet. Il ouvrit la bouche pour protester mais la referma immédiatement en voyant Katsuki décrocher.
- Allo mon loup ? fit la voix de Mina à travers l'appareil, Katsuki ayant mis le haut parleur.
Le rictus moqueur et le soulèvement amusé des sourcils du blond explosif firent rougir Eijiro.
- Je crois pas non, répondit Katsuki.
- Ah ? C'est qui alors ?
- Devine... Rosita !
- Kat... Katsuki ! Oh mon Dieu ! Ça fait tellement plaisir d'entendre ta voix ! Comment vas-tu ? Et pourquoi tu as le téléphone d'Eijiro ?
Profitant que Katsuki soit occupé à répondre aux nombreuses questions de Mina, Denki tendit la main vers la boîte posée sur la table basse, l'attirant à lui sous l'œil curieux des trois autres. Sans hésitation, il souleva le couvercle, dévoilant les pochettes soigneusement rangées à l'intérieur. Il les sortit les unes après les autres, ignorant celles dont l'intitulé ne l'intéressait pas. Non, le dossier médical et le rapport d'enquête n'étaient pas ce qu'il cherchait.
Ce fut tout au fond de la boîte qu'il trouva enfin son bonheur. Avec un grand sourire, il extirpa du carton un album photo. Rapidement, il rangea les pochettes dans la boîte, puis posa ladite boîte au sol pour pouvoir se pencher sur l'album. Eijiro, Shoto et Izuku se rapprochèrent de la table basse, eux aussi curieux. Denki jeta un coup d'œil à Katsuki, voyant celui-ci, toujours en pleine conversation avec Mina, les regarder avec un amusement non feint.
Estimant que si leur hôte ne les avait pas encore explosés, c'était donc qu'ils avaient le droit de regarder le contenu de l'album, Denki s'empressa de l'ouvrir, dévoilant la première photo. Sur celle-ci, on voyait Katsuki, debout, de profil et torse nu. Les prunelles écarlates fusillaient le photographe, et par conséquence ceux qui regardaient le cliché, présentant aussi un insolent majeur tendu bien haut face à l'objectif. Mais ce qui attira immédiatement le regard des quatre amis fut le léger renflement visible au niveau du ventre de leur ami.
C'était discret, et n'importe qui d'autre aurait pu croire que c'était tout à fait naturel. Mais les quatre jeunes hommes avaient trop souvent vu Katsuki torse nu pour ne pas le remarquer. Katsuki avait toujours eu un ventre parfaitement plat, aux abdos finement ciselés : ce qui n'était pas le cas sur la photo. Juste au-dessus du cliché, trois mots indiquaient quand il avait été pris : Septembre - Trois mois.
Pages après pages, les héros en repos virent le ventre de leur ami s'arrondir. Ils virent aussi un peu de son quotidien durant cette période, le voyant faire la cuisine ou s'occuper des jardinières sur un balcon. Ils rirent un peu en voyant Katsuki avachi dans un canapé, un bol rempli de sucreries posé sur son ventre très arrondi, les yeux rivés sur un écran de télévision. Ils pouffèrent aussi en le voyant dans un parc, son manteau laissant deviner son abdomen proéminent, un petit chien blanc dans les bras lui léchant le visage.
Ils s'attendrirent devant le sourire rayonnant de la petite Eri, sa tête posée sur le ventre curviligne de Katsuki qui souriait discrètement, l'une de ses mains reposant sur l'épaule de la fillette. Les quelques mots au-dessus du cliché soutirèrent une exclamation béate à Denki et Eijiro : Noël - première photo d'Eri avec Hiroshi - 6 mois de grossesse. D'autres photos défilèrent sous leurs yeux, jusqu'à celle intitulée : 30 janvier - Hiroshi - 01h45.
Le cliché avait été pris dans un hôpital, vu les machines visibles au second plan. Katsuki était étendu sur ce qui semblait être un lit étroit. Il était pâle, avait les traits tirés, des cernes sous les yeux, l'air totalement exténué, un masque à oxygène sur le nez. Et blotti contre son torse nu, à peine visible sous le drap qui le couvrait, une petite bouille enfantine aux yeux grands ouverts. Une bouille si petite que la main de Katsuki, posée juste à côté, semblait immense.
Izuku caressa d'un doigt le papier glacé, des larmes émues lui montant aux yeux. Il aurait tellement voulu être là... Il s'en voulait de ne pas avoir été là pour soutenir Kacchan dans ce moment qui, vu sa tête, avait dû être particulièrement éprouvant. Pour entendre le premier cri d'Hiro, le rencontrer dès sa naissance… Mais, il n'avait pas le pouvoir de remonter le temps. Il n'avait que cette photo, ses regrets et une pointe de culpabilité. Après tout, il était en partie responsable de tout ça. S'il n'avait pas bu ce verre de Saké ou s'il avait su contrôler ses envies, jamais Kacchan ne se serait retrouvé dans cette situation. Il leva les yeux vers Katsuki, toujours au téléphone avec Mina la pipelette.
Ce dernier fronça les sourcils en voyant les prunelles larmoyantes de son ami d'enfance, et il se pencha en avant pour voir quelle photo avait suscité une telle réaction. En voyant le cliché concerné, il soupira lourdement et leva un regard empli d'excuses sur Izuku. Oui, il se doutait de ce qui se passait dans la tête de ce dernier. Mais ce qui était fait était fait, et il était bien trop tard pour revenir en arrière.
- C'est mieux que t'ais pas été là, dit-il pour tenter de déculpabiliser Izuku. Sérieusement, ça a été... l'enfer. Sans Aizawa, j'aurai sûrement explosé tout l'hôpital. Mon père est tombé dans les pommes et Hawks l'a fait sortir. Ma mère a été la seule à rester... calme. Si t'avais été là, t'aurais rien pu faire de toute façon.
- J'aurai pu te soutenir, contra doucement Izuku.
- En pleurnichant ? ricana Katsuki. Je te connais Deku, tu te serais affolé, tu aurais pleuré, tu aurais crié sur le médecin. Au final, il t'aurait foutu dehors et tu aurais fait les cents pas dans le couloir en te rongeant les ongles et en te stressant comme un malade. Tu aurais tenu compagnie à All Might, David et mon père, mais c'est tout ce que tu aurais pu faire.
- Tout le monde était là ? s'étonna Eijiro.
- Ouais, confirma Katsuki en se remettant au fond de son fauteuil. Vu que c'était assez risqué cette histoire, ils ont tous débarqué une semaine avant. J'ai entendu l'une des infirmières dire qu'elle n'avait jamais vu autant de monde dans les couloirs. En même temps, entre David, All Might et mon père qui faisaient chacun un ulcère de stress, Hawks qui n'était pas mieux, Eri qui pleurait et Mélissa qui la consolait… J'imagine que c'était assez agité.
- De quoi vous parlez ?
La voix de Mina attira soudainement l'attention de tous sur le téléphone que Katsuki tenait toujours en main. Un rictus machiavélique étira les lèvres du blond explosif qui lâcha le plus naturellement du monde :
- De mon accouchement.
Le silence qui suivit sa déclaration affola Eijiro qui se jeta sur son téléphone et interpella avec inquiétude sa compagne, devenue trop silencieuse à son goût.
- QUOIIIIIII ?!
Le hurlement qui sortit de l'appareil fit brusquement reculer Eijiro et rire Denki aux éclats. Il fallut de longues minutes à Red Riot pour convaincre sa compagne que non, ce n'était pas une blague, qu'elle devait se calmer et ne pas hurler comme une hystérique dans le combiné.
Denki tourna rapidement les pages de l'album photo, revenant en arrière pour trouver un cliché à envoyer à leur amie aux cheveux roses. Il jeta son dévolu sur une photo de Katsuki, torse nu, de profil, les mains posées sur son ventre arrondi par sept mois de grossesse, le visage pensif et penché vers le monticule qui abritait son bébé. Mina gagatisa à voix haute sur l'image, traitant cependant Katsuki de petit cachotier.
- Et qui est l'autre père ?
- Ne crie pas, supplia Eijiro avant de répondre.
- Oh mon Dieu, me dit pas que c'est toi ?!
La réplique affolée de la demoiselle fit hurler de rire Denki et Katsuki, sous les regards très amusés de Shoto et d'Izuku. Eijiro, lui, fixa pendant de longues secondes son téléphone, choqué qu'une telle idée ait pu traverser l'esprit de sa compagne.
- Bien sûr que non ! finit-il par protester avec véhémence. J'adore Katsuki, mais pas comme ça ! Putain, les mecs arrêtez de vous marrer comme des baleines !
- Tu aurais vu ta tête ! bafouilla Denki en essuyant les larmes de rire qui dévalaient sur son visage.
- Ben quoi, je suis pas assez bien pour toi... mon loup ?! lança Katsuki, provocateur et hilare.
- C'est Izuku, s'exclama Eijiro dans le téléphone tout en fusillant des yeux ses potes qui se moquaient de lui.
- Oh ! C'est même pas surprenant, souffla Mina dépitée. Ils ont intérêt à nous inviter au mariage !
Izuku et Katsuki manquèrent tous deux de s'étouffer avec leur propre salive en entendant les mots de leur amie, faisant rire un peu plus Denki, pouffer Shoto et ricaner Eijiro qui tenait là sa revanche pour les moqueries précédentes. Katsuki engueula Mina dès qu'il put aligner deux mots sans tousser. Et, Eijiro fit promettre à sa compagne de garder ces révélations pour elle, lui assurant de tout lui expliquer dès son retour.
La nuit était bien avancée quand les quatre invités surprises décidèrent de prendre enfin congé. Ils devaient retourner à l'auberge, dormir un peu et préparer leurs affaires pour reprendre le ferry en fin de matinée. Katsuki leur proposa de rester dormir chez lui. Mais Eijiro, Denki et Shoto s'empressèrent de refuser, lui promettant de revenir dès leur réveil pour partager le petit déjeuner tous ensemble.
Katsuki croisa le regard hésitant d'Izuku et eut un petit rictus.
- La chambre d'amis est là. Les futons sont dans le placard, les oreillers et les couettes aussi, dit-il en désignant la porte de ladite chambre. Je vais te prêter un pyjama.
- On te ramènera tes affaires demain matin, enfin tout à l'heure, ajouta Shoto.
- En même temps que le petit déjeuner, confirma Denki.
Izuku laissa donc ses amis partir tout en remerciant Katsuki pour son hospitalité. Ce dernier se contenta de grogner en lui tendant un tee-shirt et un pantalon de pyjama noir. Izuku s'installa dans la chambre d'amis mais fut incapable de trouver le sommeil. Il avait appris trop de choses en une seule soirée pour réussir à s'endormir. Il avait encore du mal à croire que tout ça était vrai, qu'il avait réellement un fils avec Kacchan. Il était papa…
Il trouvait déjà Hiroshi adorable et tellement mignon avant même de savoir que c'était son fils. Il ne savait pas s'il devait pleurer toutes les larmes de son corps pour avoir un fils aussi parfait ou s'il devait serrer Kacchan dans ses bras à l'étouffer pour le remercier d'un tel cadeau. Il voulait tout savoir sur son petit bonhomme. Il allait harceler Kacchan pour tout connaître des cinq années qu'il avait raté.
Il harcèlerait aussi All Might, Hawks et Aizawa-sensei. Même Eri ! Après tout, il avait gardé contact avec la fillette et son ancien professeur, jouant avec plaisir les nounou quand il en avait l'occasion. Et il avait plein de questions. Quel était le plat préféré d'Hiro ? Sa couleur préférée ? Comment fonctionnait son alter ? Il voulait absolument tout savoir et tout connaître de ce petit bonhomme.
Lassé de se tourner et de se retourner sur son futon, il finit par se lever. A pas de loup, il quitta la chambre et parcourut le couloir plongé dans la pénombre. Arrivé devant la porte entrebâillée de la chambre d'Hiroshi, il la poussa doucement, jetant un œil à l'intérieur, voulant voir son fils. Il sentit son cœur s'affoler en découvrant à la lueur de la veilleuse que le lit était vide de toute présence. Il se précipita alors vers la chambre voisine pour prévenir Katsuki mais se figea sur le seuil.
A peine éclairé par la lumière de la lune qui passait par l'interstice des volets, Katsuki dormait à plat ventre, étalé sur sa couette, son visage à quelques centimètres de celui d'Hiroshi, l'une de ses mains posées sur le ventre du bambin. Izuku résista à l'envie de se glisser dans le lit, au côté des deux dormeurs. De toute façon, songea-t-il avec amusement, il n'y avait pas de place pour lui. Entre Katsuki qui avait les bras et les jambes écartées, et Hiroshi qui imitait à la perfection l'étoile de mer, toute la largeur du matelas deux places était occupée.
Izuku resta de longues minutes à les regarder dormir, s'amusant de constater que Red Riot avait une place de choix sur les oreillers, et que la couette ne servait à rien, ni l'un ni l'autre ne dormant dessous. Les voir ainsi le renforça dans sa décision. Il voulait avoir sa place dans leur vie... à tous les deux. Maintenant qu'il avait retrouvé Kacchan, il ne le lâcherait plus. Ni lui, ni Hiroshi. Fort de cette conviction, il retourna dans sa chambre et réussit enfin à s'endormir.
~oOo~
Appuyé contre la rambarde du pont du ferry, Izuku agitait la main, répondant aux gestes enthousiastes d'Hiroshi sur le quai. A ses côtés, Eijiro et Denki saluaient avec tout autant d'ardeur le petit bonhomme et son père qui les avaient accompagnés jusqu'au port. Shoto, plus discret, assistait aux "Au revoir" avec un sourire. Oui, ce n'était que des "Au revoir", tous ayant bien bien l'intention de revenir à la première occasion.
Quelques heures plus tôt, à l'auberge, les trois jeunes héros avaient bouclé leurs bagages, passant par la chambre théoriquement occupée par Izuku pour récupérer ses affaires. Puis, ils avaient pris la direction de la maison des Bakugo, s'arrêtant sur le chemin pour acheter le petit déjeuner. Ils avaient été très surpris de trouver porte close à leur arrivée. Mais en voyant la mine ensommeillée de Katsuki quand il vint leur ouvrir, ils ne s'étaient pas gênés pour le chambrer gentiment sur sa grasse matinée improvisée.
Le petit déjeuner s'était déroulé dans une bonne ambiance, entre rires, discussions et promesses de se revoir bientôt. Hiroshi avait été ravi et avait immédiatement fait pleins de projets pour le prochain retour de ses tontons, appellation que Denki avait suggéré au bambin et immédiatement adoptée par celui-ci. Et bien sûr, il avait littéralement harcelé Izuku de questions pour tout apprendre sur lui, ne laissant nullement le temps à l'adulte de lui en poser en retour.
Le gamin avait sauté de joie en apprenant qu'il avait une autre grand-mère et avait supplié pour pouvoir la rencontrer rapidement. Katsuki y avait mis le holà, arguant qu'entre les nouveaux tontons et Izuku, il y avait déjà bien assez de monde qui prévoyait de les envahir. Et puis, il fallait laisser un peu de temps à Izuku pour annoncer la nouvelle à sa mère. Izuku avait semblé infiniment reconnaissant pour ce délai. Inko était très émotive, et Izuku aurait besoin de lui annoncer la chose en douceur.
La matinée était passée rapidement. C'était l'arrivée de Mahoro, Katsuma et leur père qui avait fait réaliser aux quatre invités qu'ils allaient rater leur ferry s'ils ne se dépêchaient pas. Les bagages avaient été entassés précipitamment dans le coffre de la voiture de Katsuki, et tout le monde s'était glissé dans les deux voitures, Mr Shimano étant venu avec la sienne, pour rejoindre rapidement le port. C'était donc en courant que Denki, Eijiro, Shoto et Izuku étaient montés à bord, juste avant que la passerelle ne soit enlevée.
Le ferry s'éloigna et Hiroshi courut sur le quai, agitant sa petite main avec frénésie.
- Au revoir Papa ! hurla-t-il.
- Papa ? s'étonna Mahoro.
- Mon autre papa, c'est Deku ! expliqua le petit bonhomme en désignant du doigt la touffe de cheveux verts qui s'éloignait sur les flots.
- Ton autre papa ? s'exclama Katsuma surpris.
Katsuki grimaça en voyant les regards choqués des trois Shimano. Il attrapa son fils qui s'agitait toujours, le calant sur son épaule tel un sac de patates, reprenant la direction de sa voiture, et râla :
- Je croyais t'avoir dit de pas le crier sur tous les toits !
- Mais papou, je suis pas sur un toit là ! protesta le bambin en se tortillant sous la poigne de son père.
- C'est un secret ! tempêta Katsuki. Donc, tu le dis à personne. Sauf à ceux qui sont déjà au courant.
- Mais papou, ils connaissent papa !
- C'est pas une raison !
Le trio Shimano emboîta le pas au duo père-fils, s'amusant de la dispute entre les deux Bakugo. Même si la curiosité les taraudaient, ils avaient bien compris que Katsuki ne donnerait pas plus d'explications pour l'instant. En même temps, avaient-ils réellement besoin d'explications ? Même s'ils étaient surpris d'apprendre qu'Hiroshi avait deux pères au lieu d'un père et d'une mère, à la réflexion, que l'autre père d'Hiroshi soit Izuku, ça n'avait rien de bien étonnant.
A suivre...
Commentaire des auteures :
Et voilà, un long chapitre pour juste un bout de soirée, mais quel bout ! Suite à la gaffe d'All Might, il fallait bien que les choses avancent, non ? Et on a été plutôt gentilles sur ce coup là. La situation était déjà suffisamment compliquée. On aurait pu faire encore plus de complications et encore plus de drame et de mélodrame, mais bon… Pour une fois, on a décidé de rester dans la simplicité. On espère que ça vous aura plu.
Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :
Pendant qu'Yzan et Lili discutent tranquillement de la suite de l'histoire, échangeant leurs idées avec brio et étoffant les squelettes des chapitres à venir; Aizawa, quant à lui, s'inquiète de la longueur de celle-ci.
- Trois chapitres pour un petit week-end, et encore, elles ont résumé une grande partie des journées. Elles comptent faire combien de chapitres en tout ?
- Aucune idée, avoue Hawks. Mais leur précédent Mpreg devait faire seulement dix chapitres au départ... Et au final, il en fait vingt-six, alors...
- Elles avaient prévu combien de chapitres pour celui-là ?
- Dix...
- Et les chapitres sont aussi longs, dans leur précédent Mpreg ?
- Encore plus longs !
Avec un sourire sadique, Aizawa se tourne vers le canapé où un blondinet explosif boude.
- Allez Bakugo, courage ! Plus que quelques chapitres à supporter !
- T'en foutrai moi de leurs idées à la con à ces deux folles ! bougonne Katsuki. Dites-leur vous que c'est une idée à la con ! Un Mpreg, moi ! Pourquoi elles n'ont pas choisi l'autre nerd pour ça ?! Putain !
- Mais tu es trop mimi avec Hiro, et Hiro est trop chou, contre Izuku. Et ça t'allait tellement bien la grossesse. Je suis sûr que les lecteurs sont d'accord avec moi. Y a plus qu'à attendre les reviews.
A suivre : Chapitre 10 - Parenthèse insulaire.
" Comment tu as pu me foutre un souk pareil en moins de trois minutes ?!"
" T'es où abruti de tête d'ortie ?"
" On t'a mis des moufles."
