La vie était si étrange à son goût. Assis dans les gradins, Tarak ne quittait pas le stade des yeux. Rosemary avait vaincu Donna et Percy et Gloria se combattaient, Gloria gagnant le combat. Des grilles pour canaliser la puissance des attaques avaient été mises tout le long du stade pour éviter de nouveaux blessés. L'ancien Maître ne quittait pas Lugulabre des yeux, qui s'amusaient comme un petit fou. Il avait totalement récupéré de la veille et du combat contre le champion de type fée. Ce dernier était encore à l'hôpital à râler qu'il pouvait se lever et donc venir assister au match mais Rosemary lui avait fait comprendre que si elle le voyait, il allait le regretter. Il n'avait pas demandé son reste et restait dans son lit sans bouger d'un millimètre avec la peur de voir la jeune femme arriver de nul part.

Tarak soupira. Il n'en revenait pas. C'était la grand-mère de Victor qui lui avait donné son partenaire ? Alors que c'était lui qui lui avait donné le sien ? C'était quel genre de coïncidence ça ? Il avait beau chercher, il ne comprenait pas. Pourquoi, si elle voue une haine envers les galariens, lui avait-elle donné un Salamèche ? Juste parce qu'il avait aidé sa petite-fille ? Ça n'avait pas de sens. C'était improbable.

Et pourtant, c'était vrai. Émilie état une personne difficile à comprendre, tout le monde le savait. Seul le fait de parler avec elle cinq minutes pouvait rendre confus certaines personnes tant elle était contradictoire. Mais Tarak n'avait aucune idée de cela et il ne pouvait se résoudre à se dire que c'était juste pour ça.

Tarak ? Sonya l'observait, Ça va ? Tu as l'air pâle.

Il lui fit un sourire pour l'assurer que tout allait bien et elle retourna son attention sur le combat, toujours avec un œil sur lui.

TARAK TARAK REGARDE, LUGULABRE COMMENCE À S'ÉNERVER ! Nabil criait dans l'oreille de son frère en le secouant, TARAAAAAAAAKKKKKKKK !

Oui Nabil, je le vois…

C'est d'une puissance ! C'est incroyable !

Il pense la même chose !

Et il est précis, il sait où il attaque !

Il pense la même chose !

Et regarde là ! Cet air frustré est si mignon !

Quoi ? Hoopa est plus mignon !

Mais oui, Hoopa est plus mign- Quoi ?

Tarak, Nabil et Sonya se retournèrent soudainement et virent Hoopa qui gonflait ses joues, mécontent. Le professeur Pokémon et son ami d'enfance se figèrent et assimilaient la situation alors que Nabil se mit à rougir. La conversation qu'il avait eu la dernière fois lui revenait à la tête et il sentait la gêne revenir au galop. Il tenta tout de même de reprendre contenance et remercia Arceus d'avoir pensé à aller le plus haut possible, pour avoir une vue d'ensemble.

Hoopa ! Nabil avait la voix tremblante, Q, Que fais-tu là ?

Hoopa est venue voir Nabil mais Nabil ose dire que Lugulabre est mignon !

Hahaha, Hoopa aussi est mignon ! Plus mignon même !

Vraiment ? Hoopa est content ! il fit un tour sur lui-même et se rapprocha du jeune homme, Hoopa était triste car maintenant qu'il s'est fait avoir par Nabil, Arceus ne veut plus que Hoopa et les autres le suivent !

Hahaha haha ha, Nabil se sentit soudainement rassuré, c'est dommage hein…

Cette histoire de stalkage était vraie ? Sonya et Tarak regardaient Nabil de gros yeux

Hoopa n'a pas stalké Nabil, Hoopa a suivit Nabil partout.

C'est la même Hoopa…. Mais sinon, tu vas nous suivre jusqu'au laboratoire cette fois ?

Oui ! Hoopa le veut !

Ah ! Nabil le désignait à Sonya, Tu vois que je mens pas !

La rousse eut un mouvement de recul alors qu'elle repensait à tout ce que Nabil avait pu lui dire. Donc oui, Hoopa avait dansé avec Celebi, il avait volé le téléphone de Gloria, stalké Nabil et affirmait que les Pokémons légendaires avaient fait des paris sur son orientation sexuelle ? Genre, pour de vrai ?

Nabil… Tarak le regardait avec compassion, Je… Je suis désolé. son frère le regarda avec questionnement, Il viole ton intimité sans remords et en et fière.

L'assistant sourit à son frère et baissa le regard. Oui, mais que pouvait-il faire ? Si c'était pour les recherches, alors… Il était prêt à sacrifier son intimité pendant un moment. Oui, il aimait son travail. C'était un fait que personne ne pouvait réfuter.

Si Nabil était prêt à sacrifier son intimité, il n'en était pas de même pour Maggie. Elle avait laissé Victor avec François et se tenait dans le vestiaire des Challenger. Le sac de Gloria était juste devant elle et malgré sa curiosité, elle ne toucha à rien. Elle resta là, à regarder le sac qui était celui de son fiancé dans sa jeunesse. Elle ne comprenait pas Émilie. Pourquoi mettre une adolescente de quatorze ans dehors, mentir et détruire la confiance en soi du père pour lui donner quelque chose qui lui était si important ? C'était si incohérent, si confus et elle ne doutait pas du fait que la vieille femme savait totalement ce qu'elle avait fait.

Ce qui coupa la galarienne de ses pensées fut l'entrée de Gloria. Épuisée du combat qu'elle veait de mener, elle rentra sans faire attention à ce qu'il y avait autour tout en baillant. Lix se collait à elle en ronronnant, heureuse de la victoire de sa dresseuse. Maggie la regardait avec une boule au ventre. Cette magnifique femme était sa fille. Sa fille à elle.

Gloria.

Le son de la voix la figea. Elle n'avait pas besoin de demander, elle n'avait pas besoin de voir. C'était instinctif, son corps le savait. Elle le savait. Elle releva la tête lentement et la vit pour la première fois en vingt-et-un ans. Un grand silence s'installa et aucune des deux ne savaient quoi faire. Tout ce que voulait dire la mère venait de s'envoler et elle se perdait dans sa contemplation alors que la fille n'avait jamais réfléchi au scénario qui se déroulait devant elle.

Eu… Ah, eu, eu… Gloria se perdait dans ses mots, Eu, bon- Bonjour ?

Maggie fut surprise.

Bonjour ! Bonjour oui, bonjour…

Vous, enfin, tu ? Tu eu… Eu… Tu, eu, veux me parler ?

Oui ! Oui, j'aimerai bien, enfin si tu veux bien-sûr ! Je ne veux pas te forcer ou quoi que ce soit…

Non, eu, ça me… Convient ? Enfin eu là maintenant ou plus tard ?

Maintenant ?

Oui. Okay, okay.

Gloria partit s'asseoir, hésitante, sur le banc près du sac et Maggie vint se poser à ses côtés. Elles fixèrent le sol et aucune des deux ne suent quoi dire.

Tu, enfin, tu… Vas bien ?

Oui, et toi ?

Oui. … silence, Oui, je vais bien. François, enfin ton père est venu récemment.

Ah, ah bon ?

Oui. Il a rencontré Victor et j'ai appris que tu étais née. Maggie rit légèrement, Drôle de manière hein.

Oui, haha. C'est drôle.

Maggie perdait ses mots. Il y avait tant de choses qu'elle voulait lui dire, lui faire comprendre, tant de choses qu'elle voulait savoir ! Et pourtant, elle était complètement déstabilisée. Elle jouait avec ses mains qui devenaient moites, elle ne pensait plus clairement, sa bouche devenait pâteuse et elle se sentait larguée. Aussi larguée que Gloria.

Je, crois que je vais y aller.

Ah, ah bon ?

Hum, oui. Victor doit se demander où je suis.

Ah oui. Oui.

Maggie ne voulait pas partir. C'était trop court, elle n'avait rien dit. Absolument rien dit, rien fait, rien rattrapé. Elle se sentait nulle et à la ramasse. Elle se leva et mordit ses lèvres. Son estomac faisait des nœuds sur des nœuds sans jamais s'arrêter et elle sentait qu'elle allait regretter. Mais que pouvait-elle faire ? Gloria ne la retenait pas, elle n'avait pas l'air de vouloir plus lui parler que ça. C'était si étrange, si blessant que Maggie voulait pleurer. Elle aurait voulut la voir grandir, la voir rire, sourire, ses premiers mots, ses premiers pleures et même ses premières colères. Elle voulait tout savoir, tout voir, mais la seule qui avait eu cette possibilité était Émilie Du Pont. Une femme à qui elle en voulait énormément.

Tu n'as pas besoin de revenir.

Maggie sentit quelque chose se détruire en elle. Elle se figea alors que son souffle se coupa net. Elle n'avait pas besoin de revenir ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Elle ne voulait pas d'elle ? Elle ne voulait pas lui parler ? Elle était indifférente au point de n'en avoir rien à faire ? Elle ne valait rien à ses yeux ?

Pas pour ça en tout cas.

Maggie se retourna vers Gloria vivement. La femme regardait sa mère de manière assez neutre. Les jambes écartées, les mains sur les genoux et le regard les yeux dans les yeux, le monde se stoppa autour d'elles.

Je sais déjà ce qu'il faut savoir.

Maggie pleura. Une larme coula le long de sa joue et elle sourit doucement, comme une enfant. Elle la regarda doucement et partit de la salle, soulagée que sa fille lui laisse une chance. Gloria, une fois la porte fermée, se laissa aller contre le mur pour atterrir le corps au sol, muette.

Elle venait de passer par des montagnes russes d'une puissance qu'elle en oublia tout ce qu'il venait de se passer dans la journée. Elle en oublia même comment elle était rentrée et reprit conscience seulement le lendemain, debout dans le vestiaire. Elle allait devoir battre Rosemary et sentait ses tripes trembler. Elle ne savait plus quoi faire, tout lui semblait si flou dans son esprit. Avait-elle vraiment rencontré sa mère ? Avait-elle vraiment eu une discussion qui avait duré à peine deux minutes ? Pour de vrai ?

VEUILLEZ ACCUEILLIR ROSEMARY, CHAMPIONNE DE LA SEPTIÈME ARÈNE !

Elle reprit ses esprits et se frappa les joues avant d'expirer. Elle ne devait pas se laisser déconcentrer pas quoi que ce soit. Elle allait vaincre Rosemary pour combattre Victor, son frère jumeaux.

Elle allait atteindre Victor et comptait livrer un combat légendaire.