Noxia - Chapitre 11


.

Quand Harry avait sept ans et qu'il découvrit pour la première fois un amas considérable de paquets cadeaux devant la porte de l'escalier, il crut enfin comprendre ce que tous désignaient comme le bonheur. Son cœur s'était gonflé de joie, un immense sourire avait irradié son visage et ses yeux s'étaient mis à pétiller d'une lueur qu'il n'avait encore jamais connue jusqu'alors. Et puis, l'oncle Vernon était passé dans le couloir, l'avait bousculé en grommelant qu'il n'était jamais à sa place et Harry avait compris.

Nous étions le matin de Noël et tous ces présents n'étaient pas pour lui. Dudley était encore endormi, le soleil se cachait toujours derrière la lune et ce vilain Père Noël qui n'avait jamais d'attention pour lui s'illustrait sous les traits de la moustache grossière de l'Oncle Vernon.

Ce jour-là, Harry se demanda si le bonheur était réellement une chose qu'il avait envie d'expérimenter de nouveau. Bien sûr, sur l'instant, la sensation était telle qu'il avait eu l'impression de flotter au-dessus de son corps. Mais la chute avait été si douloureuse que bien des années plus tard, il en conservait encore les stigmates.

En grandissant, Harry avait compris qu'il y avait toujours une part de déception dans chaque moment de joie, et qu'il ne pouvait glisser indéfiniment sans retomber lourdement sur ses pieds.

En acceptant cette idée, en vivant sur ses gardes, cherchant la moindre trace de noirceur dans ces instants de bonheur, Harry l'avait peu à peu terni. Il ne lui restait que les yeux brillants et le cœur léger mais il ne parvenait plus à décoller du sol.

Pourtant, ce soir, alors qu'il voyait tous ses amis autour de lui et que la main de Daphné reposait dans la sienne, il ne pouvait se défaire de son envie de s'envoler. Rien ne pouvait entacher ce moment. Rien ne pouvait l'éloigner du bonheur de l'avoir enfin trouver, celle qui partageait désormais son toît, celle qu'il aimait regarder pendant des heures sans jamais se lasser, celle avec qui tout était simple et évident, celle qui, depuis quelques temps, le rendait enfin capable d'épeler le mot amour.

- Cet appartement est vraiment magnifique, Harry, s'enthousiasma Hermione alors qu'il venait de finir de lui faire visiter.

- Oui, je crois, répondit-il sans se départir de son sourire.

- Et alors, comment se passe cette nouvelle cohabitation ? demanda-t-elle.

Hermione n'avait pas perdu de temps. Il venait à peine de lui servir un verre dans la cuisine que déjà, les questions fusaient. Daphné était restée au salon avec le reste des invités. Il pouvait entendre son rire cristallin voguer par la porte entre-ouverte et Harry sut qu'il était enfin à sa place.

- Tout se passe à merveille. Nous n'avons emménagé que depuis deux semaines mais j'ai l'impression que nous avons passé toute notre vie ensemble, c'est si simple, si évident !

Quand Hermione se dissimula derrière son sourire qu'elle voulait ravi, Harry se rendit compte qu'il n'avait certainement pas été très délicat avec elle. Elle aussi avait rêvé d'un amour simple, dicté par la passion et les longues conversations. Aujourd'hui, elle peinait à retrouver cette flamme des jours heureux.

- Est-ce que vous avez pu arranger les choses ? demanda-t-il.

Inutile de tourner autour du pot, Hermione savait très bien qu'elle était un livre ouvert pour son meilleur ami et Harry n'était pas du genre à s'embarrasser de détours quand il était avec elle.

Hermione haussa les épaules, ajoutant tout de même un hochement de tête qui peina à le convaincre.

- Oui, enfin, disons que ce n'est pas pire. Ce n'est plus comme avant mais je crois que rien ne sera jamais plus comme avant. C'est s'accrocher à ces souvenirs qui nous empêche d'avancer, de nous reconstruire, de trouver un nouveau chemin à vivre ensemble.

Ce fut au tour de Harry d'hocher la tête. Il n'aurait pas dit mieux et d'ailleurs, il s'était promis de ne plus interférer dans leur histoire, pas après l'altercation qu'il avait eue avec Malefoy. Pourtant, si Hermione semblait clairvoyante sur la marche à suivre, quelque chose lui disait que sa mise en application était bien plus difficile qu'elle n'y paraissait.

- C'est que… continua-t-elle, Drago ne dit plus rien. Il n'a jamais été un grand bavard, c'est sûr, mais là, on vit des extrêmes. On passe parfois des journées entières sans s'adresser la parole. Je crois que ça lui convient, enfin j'imagine. Mais moi, je ne peux pas m'empêcher de me demander sans cesse à quoi il pense, est-ce qu'il m'en veut encore ? À quel point est-ce que c'est grave ? Ce silence m'angoisse et me bouffe, si tu savais.

- Il faudrait peut-être que j'aille faire un tour dans la tête de Malefoy, lança Parkinson.

- Tu peux faire ça ? pensa Harry qui voyait là la meilleure façon de venir en aide à son amie.

Le rire moqueur que lui lança Parkinson relégua tout de même ses espoirs à la baisse.

- Tu aimerais bien, n'est-ce pas ? Que j'aille dans la tête des gens, que je sois ta petite espionne.

Elle se jouait de lui. Encore une fois, comme d'habitude.

Et Harry s'était fait avoir. Encore une fois, comme d'habitude.

- Est-ce que tu lui as dit que tu aimerais savoir à quoi il pense ? demanda Harry.

- Je ne fais que ça, soupira-t-elle. Mais à chaque fois que j'aborde le sujet, il marmonne qu'il n'a pas le temps, qu'il doit faire quelque chose d'important et s'en va. Parfois, il ne revient que le soir, un air encore plus morose sur le visage.

- Peut-être que tu devrais en parler avec Blaise ou même Théo ? Avec un peu de chance, il se confie à eux et tu pourras y voir plus clair.

- Je ne crois pas que ce soit ses copains qu'il aille voir dans ces moments là.

Le visage d'Hermione s'était drastiquement fermé. Elle baissa les yeux sur son verre, agitant le liquide jusqu'à ce qu'il forme une sorte de tornade sans jamais le porter à ses lèvres.

- Attends, tu veux dire… ? Tu crois qu'il a quelqu'un d'autre ?

Hermione haussa les épaules sans pour autant relever le regard.

- Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un en particulier, non. Par contre, je ne serais pas étonnée d'apprendre qu'il y a plusieurs quelques-unes irrégulières.

- Mais Drago ne te ferait jamais ça, Hermione ! Il est fou de toi ! Ça se voit rien qu'à la manière qu'il a de te regarder.

Quand elle redressa le visage vers lui, il remarqua que ses yeux étaient embués de larmes.

- Quand il me regardait oui, c'était sûrement le cas, répondit-elle du bout des lèvres, comme si prononcer ces mots à voix haute était bien trop douloureux. Tu n'as pas connu le Drago de nos débuts, chuchota-t-elle.

Le simple fait de se replonger dans ses souvenirs parut être la goutte d'eau pour Hermione qui laissa une larme rouler sur sa joue. Harry se précipita, faisant le tour de la table pour la prendre dans ses bras. Elle se laissa aller sur son épaule tandis qu'il posait son menton sur le haut de son crâne en lui frottant le dos. Quand elle sembla se remettre un petit peu et qu'elle gigota pour s'éloigner de lui, il lui tendit un mouchoir, le regard concerné.

- Tu veux dire qu'il fréquentait beaucoup de femmes à ce moment-là ?

Le petit rire sans joie qu'elle lui servit lui brisa le cœur.

- C'est un bien maigre euphémisme, lâcha-t-elle. Drago a connu la moitié de la population sorcière de Grande-Bretagne.

- Mais… mais comment il a fait pour… pour rencontrer autant de sorcières ?

- Tu cherches des conseils, peut-être ? Je peux t'aider si tu veux t'en taper d'autres que Greengrass, je connais bien les combines de Malefoy.

Hermione releva le sourcil en le regardant.

- A ton avis ? souffla-t-elle.

Harry n'en revenait pas. Il n'avait jamais cru que Malefoy était ce genre d'homme. En fait, pour être tout à fait honnête, il ne s'était jamais réellement penché sur la question.

- Bref, soupira Hermione en s'essuyant les yeux. Quoi qu'il fasse, il n'est pas avec moi et nous n'avançons pas vraiment. Mais c'est ta pendaison de crémaillère et il est hors de question que je te monopolise avec mes problèmes de vielle femme mariée.

- Ne dis pas n'importe quoi, jamais tu ne me…

- Allez, oust, le coupa-t-elle. Retourne voir ta future femme !

Et le sourire qui l'avait quitté ces derniers instants lui revint comme un boomerang.

- Tu ne crois pas que tu te précipites un peu, là ? rit-il alors qu'elle passait devant lui pour serrer sa main dans la sienne.

- Ce regard, Harry, souffla-t-elle, le regard de Drago. C'est celui que je vois dans tes yeux, aujourd'hui.

Dans un sourire rempli de nostalgie, elle termina son verre d'une traite et sortit de la cuisine, se composant un magnifique masque d'apparat pour retourner en société.

Harry la regarda s'éloigner, restant accroché au plan de travail. Il avait besoin d'une minute pour analyser la situation.

- Tu étais au courant ? demanda-t-il mentalement à Parkinson.

- Pour Malefoy ? Oui, évidemment. Tout le monde est au courant, Potter. Tu es le seul petit naïf qui pense toujours que les gens se conduisent de manière exemplaire.

- Exemplaire je ne sais pas, mais je ne pensais pas qu'il faisait ça, non. Je ne savais même pas que ce genre de club existait dans le monde sorcier.

Parkinson soupira et Harry fronça les sourcils. Peut-être était-il vraiment naïf, finalement.

- Drago est quelqu'un de compliqué, reprit-elle. Il aime plaire, il aime séduire et surtout, il aime le sexe. Au début, il regardait les autres le faire de loin. C'est Marcus Flint qui nous a parlé la première fois de ce genre de club et j'ai vu les yeux de Drago se mettre à pétiller. Après la guerre, il avait besoin de réconfort alors il y est allé une première fois, juste comme ça, juste pour essayer. Et puis c'est devenu un rendez-vous plus régulier. Soit disant qu'il ne faisait qu'y boire un verre. Mon cul ouais, il se tapait la première venue à chaque fois. Tout ce dont il avait besoin, c'était une belle somme de gallions. Et si Drago a souvent manqué d'audace, de respect et même de jugeote parfois, il n'a jamais été à court de gallions.

- Tu penses qu'il a recommencé ?

- Je ne sais pas trop, hésita-t-elle. Drago est clairement le genre de mec qui se crée de nouveaux problèmes plutôt que d'affronter le soucis de base donc, c'est possible. En même temps, il tire une tête de six pieds de long ces derniers temps. Il n'avait pas cette tête quand il allait au club tous les soirs.

- J'espère que tu as raison.

Harry ne savait plus trop quoi penser de cette situation. Après tout, cela ne le regardait pas vraiment et surtout, il s'était juré de ne plus intervenir dans leur relation. Mais il s'agissait d'Hermione et Harry n'était pas vraiment raisonnable quand le bien-être de sa meilleure amie était en jeu.

Alors, il sortit de la cuisine, partit rejoindre le groupe dans le salon et s'asseya sur le fauteuil au bout de la table basse. Face à Drago, il avait tout le loisir de le regarder et d'essayer de lire dans ses expressions si oui ou non, il avait quelque chose à se reprocher.

Mais si Harry n'était pas mauvais journaliste ou philosophe, il n'était pas particulièrement doué pour le mentalisme. Drago était un être fermé qui entretenait cette part de mystère qui gravitait perpétuellement autour de lui, comme une aura. Et Harry n'était pas bien avancé.

- Tout va bien ? lui chuchota Daphné à l'oreille en se penchant vers lui.

Harry hocha la tête, décrochant enfin son regard de Malefoy.

- Oui, je suis un peu dans la lune, c'est tout, lui sourit-il.

Daphné sembla s'en contenter et reprit le cours de sa discussion avec sa sœur qui venait de les rejoindre.

- Et si on portait un toast ? scanda Ron en souriant de toutes ses dents. À Harry et Daphné et à leur merveilleux nouvel appartement !

L'ensemble des invités reprit en chœur les paroles de Ron. Daphné et Harry échangèrent un regard, le sourire aux lèvres et les yeux pétillants de joie. Il ne résista pas à l'envie de déposer un baiser sur sa bouche, chaste, délicat, mais qui lui montrait à quel point il tenait à elle et à leur nouvelle vie ensemble.

- Tu m'écoeures, lança Parkinson avec dégoût.

- T'as pas quelqu'un d'autre à aller juger, pour une fois ? soupira-t-il intérieurement.

- Tu es un cas tellement riche Potter, que j'ai bien trop à faire pour toi. Je n'aurais jamais le temps de me consacrer à quelqu'un d'autre.

Harry leva les yeux au ciel et porta son verre à ses lèvres. Son regard se perdit sur ses invités. Ron venait de se glisser sur le canapé entre Daphné et sa sœur et commençait à discuter avec la plus jeune des deux. Hermione, qui avait facilement repéré son manège, contourna le canapé pour s'asseoir sur l'accoudoir et tenir compagnie à Daphné. Malefoy, quant à lui, restait complètement fermé, les yeux toujours aussi rivés sur son verre, semblant s'être barricadé dans sa bulle de solitude.

- La robe de Granger lui va très bien, lança Parkinson.

- Hum, se contenta de répondre Harry, n'accordant pas grand intérêt à la mode où même à ce que pouvait bien porter son amie.

- C'est pas comme celle de Daphné. C'est fascinant comme elle arrive à la fois à ressembler à un vieux sac et à une prostitué.

- Ça recommence, soupira Harry.

- Ben quoi ? C'est vrai, non ? Son haut est tellement bouffant qu'elle a l'air d'être enceinte de triplés, mais sa jupe est si courte qu'on distingue presque son horrible culotte en coton rose.

- Elle ne porte pas de culotte en coton rose, grommela Harry en se levant pour rejoindre la cuisine.

C'est dingue à quel point il pouvait rapidement terminer ses verres quand Parkinson se mettait en tête de trouver la moindre excuse pour humilier sa petite-amie.

Quelle présence apaisante dans son esprit ! Comment aurait-il bien pu se passer d'elle.

- Oui, moi aussi je me le demande, répondit-elle sérieusement, ignorant volontairement l'ironie. Mais j'ai ma petite idée là-dessus.

- Ah oui ? demanda Harry, à haute voix cette fois, profitant d'être seul dans la cuisine. Et qu'est-ce qui peut bien te rendre indispensable ?

- Sans moi, tu n'aurais que du sexe plat et des culottes de petite fille.

- Elle ne porte pas de culotte en coton rose ! s'emporta-t-il.

- Ah oui ? Et tu as vérifié, peut-être ?

Harry allait lui répondre qu'elle ne devrait pas le tenter si elle ne voulait pas assister à une de leur partie de jambe en l'air quand Daphné entra dans la pièce, tout sourire. Harry l'observa de haut en bas, la trouvant sublime. Elle n'avait pas du tout l'air de ressembler à une femme enceinte et sa jupe courte lui donnait certes des idées peu chevaleresques mais participait également à sublimer ses longues jambes fines.

- Qu'est-ce que tu fais ici tout seul ? demanda-t-elle.

Pour toute réponse, Harry souleva son verre et elle hocha la tête. Il but une gorgée, sûrement un peu trop longue et contourna la table pour venir la rejoindre. Daphné se servait consciencieusement un verre de vin quand Harry s'approcha dans son dos, jusqu'à se coller à elle.

Lentement, il décala sa chevelure sur son épaule et apposa ses lèvres sur sa nuque. Sa main, quant à elle, remontait la courbe de sa jupe jusqu'à se glisser sous elle, s'approchant dangereusement de son centre.

Il se délecta de l'entendre glousser, appuya un peu plus contre ses fesses son sexe qui commençait à s'épaissir et laissa sa main courir sur sa petite culotte.

- Du coton, c'est bien ce que je disais, grommela Parkinson.

Mais Harry n'avait pas envie de l'écouter se vanter d'avoir raison. Et puis, d'ailleurs, qu'est-ce que cela pouvait bien faire qu'elle porte du coton ou autre chose ? Ce qui l'intéressait était en dessous, caché entre ses replis intimes.

- Qu'est-ce que tu fais ? souffla Daphné en gigotant sous ses doigts.

- A ton avis ? répondit Harry sur le même ton.

Il captura son lobe d'oreille entre ses dents et laissa glisser ses doigts à l'intérieur de sa culotte, s'approchant doucement de ses lèvres.

- Arrête, nous ne sommes pas seuls ! s'insurgea Daphné.

Harry retira sa main, fronçant les sourcils mais continua d'embrasser sa nuque.

- Et alors ? Personne ne va rentrer, souffla-t-il dans le creux de son cou.

Mais Daphné n'était pas convaincue et le repoussa fermement.

- Ma petite sœur est là, Harry ! Et tous nos amis ! Il est hors de question que nous fassions quoi que ce soit avant que tout le monde ne soit parti.

Harry hocha la tête, comprenant qu'elle puisse être mal à l'aise à l'idée d'être découverte. Il s'excusa de son empressement et elle déposa un baiser sur ses lèvres.

- On verra ça ce soir, souffla-t-elle. Si tu n'as pas trop bu, ajouta-t-elle en jetant un regard appuyé à son verre.

Elle laissa une nouvelle fois ses lèvres traîner sur les siennes et sortit de la pièce, le laissant soupirer outrageusement. Il ne lui restait plus qu'à boire et tant pis pour la nuit de sexe. De toute façon, il était persuadé qu'il était déjà trop éméché pour qu'elle veuille bien de lui.

- Tu sais ce que j'ai toujours voulu essayer ? demanda Parkinson d'une voix innocente.

- Te taire pendant toute une journée ? grommela Harry, contrarié qu'une autre personne ait assisté au rejet de ses avances.

- Non. De faire l'amour au beau milieu d'une soirée, répondit-elle en ignorant sa pique.

Harry but une nouvelle gorgée, secoua la tête et s'assit sur un des tabourets de la cuisine.

- Parce que tu n'as jamais baisé avec quelqu'un dans la pièce d'à côté, peut-être ? demanda Harry, sceptique et toujours aussi grognon.

- Bien sûr que si. Je te parlais plutôt de le faire au beau milieu de la soirée.

- Tu veux dire un truc échangiste ? demanda-t-il, ne comprenant plus vraiment où elle voulait en venir.

- Non, pas vraiment. J'imaginais plutôt être avec un homme, à table dans un bar ou dans un salon. Je me vois bien porter une petite robe patineuse avec une jupe bouffante. Je serais assise sur ses genoux et il aurait ses doigts en moi. Je devrais tenter de ne rien laisser paraître, évidemment, mais je serais bien obligée de fermer les yeux à un moment alors que lui, sûr et fier, continuerait d'entretenir la discussion tout en pressant le bout de mon clitoris. Il m'empêcherait de jouir pour que je ne me dévoile pas et puis, sans prévenir, ajouterait son sexe à ses doigts. Alors, je laisserais échapper un petit cri tout en prétextant que j'avais trop bu. Cela durerait toute la soirée. Lui, toujours aussi dur en moi, et moi, trouvant toutes les bonnes raisons pour gigoter et sentir sa friction. Tu vois ce que je veux dire ?

Harry ne répondit rien mais son rythme cardiaque s'était grandement emballé. Son début d'érection avait drastiquement évolué et il avait chaud. Très chaud.

- Je crois que tu vois ce que je veux dire, répondit-elle à sa place. Tu sais, je crois même que tu aurais été l'homme idéal avec qui faire ça. Dommage que ta petite-amie soit si prude.

Harry ne voulait pas se lancer là-dedans. Parkinson et Daphné étaient très différentes mais cela ne voulait pas dire que Parkinson valait mieux pour autant. Loin de là.

- Bref, rajouta-t-elle d'un ton dur, certainement vexée par la pensée d'Harry. Je pense que tu devrais rejoindre tes amis maintenant, ça fait un moment que tu es tout seul dans la cuisine. Moi, je vais aller me coucher ou bien faire un tour, j'en sais rien. En tout cas je te laisse.

- Non ! s'entendit-il s'exclamer sans vraiment savoir ce qui lui prenait.

N'était-ce pas lui qui la priait continuellement de le laisser seul, d'aller voir ailleurs ? Et pour une fois qu'elle le proposait, voilà qu'il voulait la retenir.

- Non ? répéta-t-elle avec la voix de celle qui sait parfaitement où elle va.

- Reste, souffla-t-il en fermant les yeux.

- D'accord Potter, si tu insistes.

Mais déjà, il sentait qu'elle était ravie, qu'elle avait gagné. Et pourtant, il n'arrivait pas à s'en vouloir de se laisser berner aussi facilement. Non, en tête, il n'avait que les images qu'elle venait d'énoncer. Il se voyait, entouré par la foule, la pénétrant sans relâche. Dans ses fantasmes, Harry n'était pas aussi discret qu'elle l'avait décrit, mais peu importe. Tout ce qu'il voulait, pour l'instant, c'était sentir ses chairs se refermer autour de lui.

- Et si tu me prenais directement là, sur le comptoir de la cuisine ? proposa-t-elle, démoniaque et lascive.

- Là ? demanda-t-il, le souffle court et le doigt désignant le petit espace à côté de l'évier.

- Oui, là c'est très bien.

Harry s'était déjà levé, avait traversé la pièce, son sexe pulsant entre les mains.

- Je suis prête, Potter. Je suis devant toi, les jambes écartées. Ma jupe est suffisamment relevée pour que tu puisses voir que je ne porte pas de sous-vêtements et que je dégouline d'impatience. Tu n'as même pas besoin de me toucher, j'ai tellement envie de sentir ta queue, tellement envie que tu me ravages alors que n'importe qui pourrait entrer.

Les yeux clos, Harry la voyait à la perfection. Elle s'illustrait devant lui, impatiente, gigotant sur ses fesses en cherchant la moindre friction possible. Et Harry se vit s'introduire en elle jusqu'à la garde. Elle était si trempée que cela ne pouvait être qu'irréel. Mais peu importe. tout ce qu'il voulait, c'était se plonger, encore et encore, dans les replis de sa chair.

- Prends mes chevilles, Potter, ordonna-t-elle entre deux halètements. Prends mes chevilles et mets-les sur tes épaules.

Harry s'exécuta, avant de la pénétrer avec plus de fermeté encore. Le cri qu'elle lâcha l'électrisa et lui-même eut l'impression de s'enfouir plus loin qu'il n'était jamais allé. Il la sentait tremblante et fébrile entre ses bras. Parkinson avait la tête complètement rejetée en arrière et gémissait comme il ne l'avait jamais entendu gémir.

Les visions qu'elle lui imposait étaient tout bonnement enchanteresses. À chaque coup de rein, Harry se disait que jamais il n'avait connu autant de plaisir, que jamais pénétrer une femme n'avait été aussi bon. Et puis, alors qu'il n'était pas loin de jouir, Harry réalisa enfin ce qu'il était en train de faire.

Jusqu'ici, Parkinson et lui n'avaient fait que s'insulter copieusement, se poussant à bout, jouant à celui qui jouirait le premier ou imposant sa vision de la masturbation à l'autre. Parkinson l'avait déjà poussé à l'imaginer en train de se toucher ou bien de le toucher mais cela n'avait jamais été plus loin.

Jusqu'à maintenant.

Harry était en train de la pénétrer, sur le comptoir de sa cuisine, alors que tout le monde était dans la pièce d'à côté. Qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Et pourquoi est-ce que le fait de soudainement le réaliser l'excitait plus encore ?

- Je ne vais pas tarder à jouir, Potter, gémit-elle alors qu'il continuait d'aller plus profondément en elle à chaque coup de rein.

Harry serra les dents, se concentrant pour la faire jouir avant lui. Mais la simple idée de la sentir se contracter autour de sa queue l'emmenait déjà au bord du précipice. Il voulait connaître cette sensation, plus que tout au monde, il voulait la sentir déferler autour de lui.

- Tu sens ma main ? haleta-t-il. Tu sens ma main qui… putain Parkinson tu es brûlante, grogna-t-il dans ce qui ressemblait plus à une supplique qu'à un gémissement.

Il se vit capturer son clitoris entre ses doigts et le pincer si fort qu'elle en eut le souffle coupé. Très vite, elle commença à se contracter, jusqu'à ce qu'il ne reste d'elle qu'un amas de muscles bandés à l'extrême. Quand elle se relâcha dans le souffle le plus érotique qui lui ait été donné d'entendre, Harry jouit à son tour, à bout de souffle.

Il resta un moment les yeux fermés, s'imaginant la tête reposant contre sa poitrine. Et puis, il se rappela qu'il était à sa propre soirée, dans sa cuisine depuis près d'une heure, le pantalon baissé jusqu'aux chevilles. Cela relevait déjà du miracle qu'il ne se soit pas fait surprendre.

Mais il savait qu'en ouvrant les yeux, la vision aurait disparu. Il s'avait qu'il se retrouverait seul, la bite ramollie entre les mains et le tiroir de la cuisine couvert de sperm. Harry n'était pas sûr de supporter longtemps l'image qu'il se renvoyait dans ces moments-là.

- Tu ne me verras peut-être plus sur l'instant mais je serai toujours là, chuchota-t-elle.

Harry soupira et hocha la tête. Il n'avait plus vraiment le choix. Alors, il ouvrit les yeux, papillonna pour se réhabituer à la lumière des néons de la cuisine. Quand sa vision se fit plus nette, il sursauta.

Son sexe n'était pas dans sa main, son pantalon encore moins baissé et rien ne souillait le tiroir à couverts. Il n'y avait que lui, traînant seul dans sa cuisine, l'air rendu un peu hagard par l'alcool. Rien de plus.

- Ah ben tu es là ! clama Ron en ouvrant la porte qu'il referma soigneusement derrière lui.

- Je me resservais un verre, balbutia Harry qui peinait à retrouver les idées claires.

Mais Ron n'avait pas l'air d'être bien intéressé par ses excuses et semblait un peu trop saoul pour s'en soucier.

- Regarde ce que j'ai apporté, souffla-t-il un exhibant devant lui un petit sachet de poudre blanche.

Un petit sourire pama ses lèvres.

Le voilà sauvé.

- Les filles savent que tu as ramené ça ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Mais déjà, Ron levait les yeux si haut au ciel qu'Harry se mit à rire.

- Tu me prends pour un débutant, peut-être ? C'est Charlie qui m'en a ramené de Roumanie. On goûte ?

Harry hocha la tête, espérant que la poudre d'épine de dragon allait pouvoir lui remettre les idées en place.

La soirée battait son plein quand Harry et Ron refirent surface dans le salon. Ils avaient tous deux un sourire niais collé au visage et les joues rougies. Avec un peu de chance, les filles penseraient qu'ils avaient seulement un peu trop bu.

Harry se jeta dans son fauteuil, soupirant d'aise. Comment des coussins pouvaient être aussi moelleux ? Tout ça était absolument fabuleux. Les gens qui l'entouraient étaient fabuleux, Ron et sa poudre étaient fabuleux, le monde tout entier était fabuleux et Harry n'avait qu'une envie, sourire jusqu'à épuisement.

Il resta pas loin de deux heures dans cet état de flottement, appréciant chaque instant de sa soirée avec un degré de contentement qui frôlait l'indécence. Il regarda Ron qui semblait avoir redescendu, lui aussi, débattre avec Hermione d'un sujet qu'il était trop loin pour entendre. Daphné et Astoria étaient en train de danser et le verre d'Harry était toujours aussi vide. Comment pouvait-il se vider si vite, ce soir ?

Alors qu'il songeait à le remplir de nouveau, Harry se demanda où était Malefoy ? Comment avait-il pu ne pas s'apercevoir plus tôt qu'il n'était plus dans les parages ?

- T'as passé une heure dans la cuisine à tenter de baiser ta meuf pour finalement te rabattre sur moi avant de t'enfariner le nez et de planer pendant deux heures, se moqua Parkinson. Crois-moi, Drago a été le dernier de tes soucis, ce soir.

- C'est vrai que j'ai été plutôt occupé, rit-il intérieurement.

Elle pouffa et Harry se leva, fit un crochet par le tiroir de sa table de nuit et partit s'isoler sur le balcon, même si quelque chose lui disait qu'il n'y serait pas vraiment seul. Dans tous les cas, prendre l'air lui ferait du bien.

Drago était là, penché au-dessus de la balustrade, regardant les maigres passants marcher tranquillement dans la rue. Harry le rejoignit, imita sa position et alluma la cigarette qu'il cachait dans le creux de sa main.

Quand Malefoy se tourna vers lui, il ne fut pas certain d'être capable de soutenir son regard.

- Tu fumes, toi ? demanda-t-il en fronçant les sourcils.

Harry haussa les épaules et lui tendit son paquet pour seule réponse. Drago l'accompagna et tous deux restèrent un moment dans le silence, savourant les pouvoirs apaisants de la nicotine.

- Tu n'as pas dit un mot de la soirée, énonça Harry en brisant le silence.

- Je réfléchissais, répondit simplement Drago.

Harry hocha lentement la tête, marqua une pause avant de finalement se tourner vers lui pour lui faire face.

- Est-ce que c'est à cause de ce qu'il s'est passé chez toi ?

- Précisément, avoua Drago du bout des lèvres.

- Ecoute Drago je… je pense qu'Hermione et toi vivez certainement la pire épreuve qui puisse exister dans un couple et je suis désolé d'y avoir pris part. Je ne cherche pas à vous séparer ou à l'éloigner de toi. Mais il faut que tu comprennes qu'Hermione est ma meilleure amie et qu'elle sera toujours ma priorité. Si cela venait à se reproduire, qu'elle avait besoin d'un toît, de vacances et d'un peu de recul, je n'hésiterais pas à recommencer.

Harry ne savait pas vraiment comment interpréter le silence de Drago. Il avait baissé la tête, laissait sa cigarette se consumer au bout de ses doigts et son immobilité avait quelque chose de spectral. Et puis, quand il se redressa, si vivement qu'Harry en eut un vertige, et que ses yeux parurent hagards, Harry comprit que le problème était certainement plus sérieux que ce qu'il avait imaginé jusqu'ici.

- Je crois que je deviens complètement fou, lâcha finalement Drago dans un souffle. Toute cette histoire a fini par me rendre dingue. Je ne mange plus, je ne dors plus, je ne fais que me passer en tête les images d'un futur fantasmé qui n'arrivera sans doute jamais. Je fuis ma femme comme si elle était l'unique raison de mon malheur, je me bourre la gueule tous les soirs et me renferme sur moi-même. Tiens, l'autre jour, j'ai même commencé à entendre des voix, lâcha-t-il dans un soupir dénué de joie.

Le cœur d'Harry accelera. Si ses problèmes l'intéressaient, la perspective de ne pas être le seul à être habité par une voix l'intriguait plus encore. Était-il possible que tout ça soit le fruit d'une sorte de contamination ? Harry étant le patient zéro, il avait insinué progressivement en chacun de ses amis une présence nouvelle et indésirable ?

- Une voix, tu dis ? demanda-t-il en tentant de paraître le plus détaché possible.

- Ouais, soupira-t-il en replaçant sa cigarette entre ses lèvres. L'autre jour quand je… tu sais, dans la cuisine quand toi et moi on s'est… d'ailleurs, désolé pour ça mec, je…

- Ce n'est rien, le coupa Harry, trop impatient de connaître la suite de son récit. Parle-moi plutôt de cette voix.

Drago le regarda, fronça les sourcils, intrigué, mais reprit tout de même son histoire.

- Tu me disais de te lâcher, tu me suppliais et moi je n'entendais rien, trop perdu dans ma colère. Et puis, juste avant de t'évanouir, je l'ai entendue. C'était sa voix, pas la tienne, sa voix qui m'implorait de te laisser.

Cette fois-ci, le souffle de Harry se bloqua dans sa gorge, son cœur cessa tout bonnement de battre et il n'aurait pas été surpris de tomber raide mort dans les minutes qui suivaient.

- Respire, Potter, chuchota Parkinson avec bienveillance.

- Qui ? demanda Harry d'une voix étranglée par la peur. A qui appartenait cette voix, Drago ?

Drago baissa la tête, prenant le temps d'une pause dramatique qui aurait bien pu tuer Harry sur-le-champ. Et puis, lentement, il releva les yeux, les planta dans les siens et prononça le nom qu'Harry craignait le plus d'entendre.

- Pansy. Pansy Parkinson.