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ATTENTION !
VIOLENCE GRAPHIQUE ET TYPIQUE DU CANON !
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CHAPITRE 13
Le loup est aveugle sans la lune. Il n'a aucun moyen de savoir combien de temps s'est écoulé.
Il est dans un endroit fait de béton et de métal, et de tuiles froides et craquelées, auxquelles son sang a donné la couleur de la rouille. Il y a des rivets dans les murs, qui le fixent comme des yeux dans l'obscurité. Il y a des anneaux métalliques et des boucles de chaînes, qui pendent comme des bouches ouvertes.
Le loup connaît la douleur.
La Mort passe ses doigts froids dans ses cheveux, et il gémit. Elle le regarde avec les yeux de Laura, et elle renvoie les sons qu'il fait en écho.
Les talons des bottes de Kate font des cliquetis sur le sol.
« Derek. » dit-elle au loup. « Derek. »
Il gémit quand elle enfonce les sondes du Taser dans son ventre mou et sans protection.
L'électricité le traverse. C'est une douleur plus aiguë que le loup ne peut le comprendre.
Son corps ne peut pas supporter cette douleur et la traiter. C'est trop rapide, trop fort. Ça ne dégénère pas. Ça frappe à un niveau qui est déjà si loin du seuil de douleur du loup, qu'il peut à peine gémir.
La douleur est trop forte pour que le corps du loup puisse la contenir. Ça brise ses os en différentes formes, ça rétracte ses griffes en doigts émoussés et préhensibles, et ça force un cri humain de son larynx reformé.
« Derek. » chante Kate. « Je te vois. »
Ensuite, le loup est allongé sur le carrelage, haletant, le nez enfoui sous ses pattes, et la queue rentrée entre ses jambes.
L'endroit sent le sang, et l'eau de javel, et l'urine. Et, recouvrant tout cela, se trouve la douce odeur florale du parfum de Kate. Trop sucré, comme des fleurs sur le point de pourrir...
Son garçon manque au loup.
Son odeur piquante et salée lui manque, ses doigts intelligents et ses yeux brillants. Les mots et les secrets chuchotés de son garçon lui manquent, ainsi que ses accès de rage brûlante, qui viennent comme de soudaines averses estivales.
Le toucher de son garçon lui manque, et la façon dont il enroulait sa fine silhouette frissonnante autour du corps du loup. Ça lui manque aussi, la façon dont son garçon et lui partageaient chaleur et nourriture, dans leur petit abri en carton dans une ruelle.
Stiles est "Meute".
Le loup a besoin de "Meute".
Le loup veut se pelotonner avec son garçon, et lécher ses larmes, et traquer son odeur sur sa peau, et presser son nez contre la peau douce de la gorge du garçon, là où bat son pouls.
Il veut poser sa tête sur la poitrine du garçon, et en sentir la montée et la descente pendant qu'il dort. Il veut suivre l'humidité aigre des cheveux sur la nuque de son garçon, et les sentir lui chatouiller le nez. Il veut se reposer avec le garçon bien enroulé contre lui, sous la lumière de la lune.
Il veut hurler pour son garçon, dire à la Lune et au Ciel et aux Étoiles qu'il ne l'a pas oublié. Mais il n'y a pas de lune dans cet endroit, et le loup n'a aucun moyen de dire combien de temps s'est écoulé.
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Le loup n'aime pas quand Kate le touche.
Il préfère sentir la main de la Mort sur lui, ses doigts froids s'enroulant autour de son museau. Au moins, la Mort n'est pas cruelle.
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« Voilà comment ça se passe, Derek. » dit Kate, en se penchant près de la courbe de son oreille humaine.
Les sons résonnent différemment. Déformés... Lointains... Il n'est pas habitué à ça.
Le bourdonnement constant de l'électricité maintient son corps dans sa forme Bêta pour le moment, et le loup veut hurler, veut revenir à son état naturel et courir. Ce corps, ces sens, lui sont inconnus...
Le loup est piégé dans une machine de chairs, de muscles et de tendons qu'il ne sait plus comment faire fonctionner.
La vue est mauvaise. L'audition est plate. L'odorat est...
Tout sent le sang.
« Voilà comment ça se passe, Derek. » dit Kate, et la lame de son couteau transperce sa peau humaine. « Tu es revenu à Beacon Hills, n'est-ce pas ? Tu aurais dû rester à l'écart, Derek. Mais tu as un petit garçon pute humain, n'est-ce pas ? Est-ce qu'il se couche pour toi, chéri, comme tu le faisais pour moi ? »
Un grognement semble si faible, quand il est formé par un larynx humain...
« Qu'est-ce que tu lui as dit, hein ? » Kate taquine la lame plus loin. Il n'y a pas vraiment de force derrière ça. Elle est joueuse, aujourd'hui. « Est-ce que tu as tout dit à ton enfant des rues, à propos de l'Incendie ? »
Non.
Il ne peut pas se rappeler comment formuler le mot.
Non. Tout ce que Stiles a découvert à propos de l'Incendie, c'est parce qu'il est intelligent. Le garçon du loup est intelligent.
« Qui est ce gamin, hein ? » demande Kate. Elle tord ses doigts dans les cheveux du loup, et soulève suffisamment la tête du loup pour la faire retomber sur le carrelage. « Est-ce qu'il sait que tu as mis une cible sur son petit cul maigre ? »
Ce n'est pas ce qui s'est passé.
La Lune les a réunis.
La Lune et la Mort.
Et Stiles a mis une cible sur Kate Argent bien avant qu'elle n'en ait mis une sur lui.
Le garçon du loup est intelligent.
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Le vieil homme a une voix qui ressemble à un grondement. « Qu'est-ce que tu fous, Katie ? Ce n'est pas l'Alpha. »
« C'est Derek Hale. »
Le vieil homme reste silencieux un long moment, puis il grogne. « Ne le dis pas à ton frère. »
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Ils veulent quelque chose. Le loup n'est pas sûr de ce que c'est. Il est difficile de saisir les mots qui filtrent à travers sa douleur, et encore plus difficile de leur donner un sens. Il y a un Alpha à Beacon Hills, et ils le veulent.
L'Alpha tue des gens.
Des Chasseurs, pense le loup. Il espère que l'Alpha tue jusqu'au dernier d'entre eux. Il espère qu'ils meurent en hurlant.
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Il y a des marques de griffes sur le béton, des carreaux arrachés, et des marques de dents sur les chaînes, aucun d'eux ne vient du loup. Quel que soit cet endroit, un autre loup a été retenu ici hors de la vue de la Lune. Il ne reste aucune odeur, mais les marques de sa torture restent, comme des cicatrices sur la "peau" de la pièce.
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Il y a un endroit dans l'esprit du loup où il est libre. Où lui et son garçon ont fait une tanière dans la Réserve.
L'air est pur. Le soleil est brillant. Un ruisseau coule à proximité, son eau claire et nette. Le garçon fait cuire des lapins sur le feu qu'il a allumé, car le garçon ne mange pas sa viande crue. Ses doigts intelligents sont tachés de jus de mûres. Son sourire est grand, et la lumière du soleil brille dans ses yeux.
Il touche les oreilles du loup, et rit quand le loup les agite pour tenter de l'éviter. Le loup lui mordille le bout des doigts, et le rire de son garçon monte jusqu'à ce qu'il se brise, à bout de souffle.
Son Stiles.
Son "Meute".
Le loup veut vivre avec lui ici pour toujours. Il le peut. Il le fera.
Tant qu'il n'ouvre pas les yeux...
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L'électricité le réveille.
Les seaux d'eau glacée le réveillent.
La piqûre d'aconit, en se transformant en brûlure acide, l'arrache au réconfort de ses rêves.
Il se recroqueville dans un coin, la chaîne serrée autour de sa gorge, et il gémit.
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Le vieil homme est différent de Kate. Sa cruauté n'est pas aussi vive, bien qu'elle soit tout aussi profonde. Il regarde le loup avec un calcul derrière son regard froid.
« Quels sont tes plans pour ça, Kate ? » demande-t-il. « À quoi bon le garder en vie ? »
La Mort dépose un baiser sur le museau du loup, dont le cœur se serre.
« C'est toi qui voulais un loup en laisse. » répond Kate.
Le vieil homme souffle. « Pas un Bêta faible. »
Il y a un silence entre eux qui semble tendu, puis Kate dit : « Chris veut savoir pourquoi tu veux que l'Alpha soit vivant. »
« Ce ne sont pas les affaires de Chris. »
« Et s'il le découvre ? »
« S'il le découvre, je m'occuperai de lui. » répond le vieil homme.
Le loup les regarde à travers ses yeux mi-clos, conservant son énergie pour le moment où ils décideront de le blesser à nouveau.
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« Où est le gamin ? » demande Kate. « Où est Jamie ? Qu'est-ce que tu lui as dit ? Qu'est-ce qu'il sait ? »
Le loup regarde ses mains humaines. Ses doigts sont tordus, cassés, mais la douleur semble étrangement distante. Il en est divorcé. Il est divorcé de ce corps, et il ne connaît personne qui s'appelle Jamie.
« Ne joue pas à ces jeux, Derek. » dit Kate, son sourire se transformant en quelque chose d'acéré. « Tu n'es pas assez intelligent pour jouer avec moi. »
Le loup se demande si elle veut dire Stiles.
Il y a de la peur sous la cruauté de Kate. Elle a peur de ce que Stiles sait, et d'à qui Stiles pourrait le dire. Elle a peur du garçon maigre qui pleure plus qu'il ne rit, que le loup a trouvé grelottant et malade dans le froid.
Elle a peur de lui, parce qu'elle a senti en lui les mêmes choses que le loup a vues : il est faible, et il est pâle, et il est fragile, et il est cassant comme les premières pousses vertes du printemps, mais il a un noyau d'acier.
Elle a peur de lui comme elle n'a jamais eu peur des loups, parce qu'il est une qualité inconnue. Il est une aberration. Il dépasse son entendement. Il est une voix dans le vent, et une ombre sous la pluie. Il est poussé par une force que Kate ne peut pas comprendre.
Son garçon n'est pas seulement colère, et douleur, et explosions d'énergie frénétique.
Son garçon est amour.
Tout ce que Stiles a fait est par amour pour son père, et le loup est fier de l'appeler "Meute".
Il espère que son garçon fuit maintenant. Il espère qu'il ne s'arrête jamais. Il espère qu'il alimente sa colère, et sa rage, et les transforme en une arme. Il espère qu'il libèrera son père, et qu'il détruira Kate Argent en le faisant. Cela faisait si longtemps que le loup n'avait eu aucun espoir.
« Je vais le trouver. » dit Kate au loup. « Et je vais te faire le regarder mourir. »
Cours, pense le loup. Cours, Stiles, et n'arrête pas de courir.
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Le loup cligne des yeux au milieu d'une conversation.
« Allison pense que je suis la pire personne au monde, pour avoir tiré sur le chien d'un pauvre enfant sans abri. » déclare Kate en riant. « Elle en sait plus qu'elle ne dit. »
« Allison est une fille intelligente. » ajoute le vieil homme, un soupçon de fierté dans son ton d'avertissement.
« Elle a beaucoup conduit. » relance Kate. « Je pense qu'elle cherche le gamin. »
Le vieil homme grogne.
« Je garde un œil sur elle. » continue Kate. « Si elle le trouve, je le saurai. »
« Et alors ? » demande le vieil homme. « Il va avoir un accident en garde à vue ? Tu es censée garder tes mains propres, Katie. Cela ne faisait pas partie de l'accord avec Haigh ? »
« Le Shérif Haigh peut aller se faire foutre. » répond Kate. « Il sait qu'il ne peut pas me toucher. Mais non, si je trouve le gamin, il n'arrivera pas dans une cellule. »
« Bien. » conclut le vieil homme. « Je n'aime pas les problèmes en suspens(*). »
[(*) NDT : Poésie de la langue anglaise : le terme anglais est "loose ends", qui se traduit littéralement par "les bouts en vrac" !]
Il quitte la pièce, en claquant la porte derrière lui.
« Je n'aime pas les problèmes en suspens. » marmonne Kate, et elle roule des yeux. « Venant de l'homme qui a laissé l'Alpha filer entre ses doigts... »
Elle choisit un couteau sur la table, et le lève pour que la lumière brille sur la lame.
« Tu es prêt pour un autre tour, mon chéri ? »
Le loup gémit.
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