(Epilogue)
Trois mois plus tard.
Vendredi. 17h30. Rue en bas de chez Emma Swan.
Regina se gara devant l'immeuble d'Emma, elle descendit de voiture et remarqua immédiatement une jeune femme accrochée à l'interphone de la porte d'entrée. Cette dernière était pratiquement en pleurs et son premier réflexe fut de s'avancer pour s'assurer qu'elle allait bien mais en entendant ses paroles, Regina se figea et resta finalement en retrait, adossée à sa voiture.
« Emma ! S'il te plait ouvre-moi la porte, voyons ! Emma, ça fait des semaines que je ne t'ai pas vu au Rabbit Hole, tu ne viens plus, qu'est ce qui se passe ?! Emma je t'en supplie, tu ne peux pas me laisser comme ça ! » Braillait la jeune femme.
« Ariel ! Merde ! Je t'ai déjà dit de me foutre la paix, nous deux c'était y'a pratiquement un an et je ne t'ai jamais rien promis, tu le sais très bien, alors maintenant casse-toi de devant chez moi ! Je ne te ferai pas monter de toute façon ! » Grésilla la voix d'Emma dans l'interphone.
« Mais Emma écoute-moi enfin ! »
« Non ! Tire-toi ! »
La jeune femme semblait au plus mal et maintenant Regina n'osait pas entrer dans l'immeuble de peur qu'elle la suive et qu'elle ne se retrouve dans une situation bien plus inconfortable. Elle attendit un moment mais la jeune femme ne délogeait pas de l'entrée de l'immeuble et continuait d'appuyer sur la sonnette de l'appartement d'Emma. Regina décrocha alors son téléphone :
« Chérie, je suis en bas…, oui, j'aimerais bien monter mais je crois qu'il y a une de tes anciennes conquêtes hystériques à la porte. »
« Je sais, elle me harcèle depuis une heure, j'en peux plus. Je suis désolé que tu assistes à ça, vraiment. »
« Tu veux que je m'en débarrasse à ta place ? Dans le genre scandaleux, je sais faire aussi ! »
« Serais-tu jalouse ? »
« D'elle ? Grand Dieu non ! »
« Attends-moi, je descends, elle va me voir partir avec toi, ça va la calmer pour de bon. »
« Tu es si cruelle ! » Répliqua Regina feignant la compassion.
« Y'a que comme ça qu'elle comprendra, enfin j'espère…. Bon, j'arrive. »
Leur amour et leur complicité était sans pareil, jamais de sa vie, Emma ne s'était si bien entendu avec quelqu'un, leur relation était parfois explosive c'est vrai, mais leur passion n'avait pas de limite, et la confiance, la douceur entre elles était sans faille. Bien sûr, il y avait eu des jours compliqués, elles étaient deux célibataires endurcis qui venaient de trouver leur moitié, la pièce manquante à leurs vies, alors il avait fallu s'apprivoiser au quotidien, il avait fallu s'ajuster à l'autre sans le dévorer et sans tout gâcher.
Elles avaient toutes les deux un foutu caractère mais bizarrement, entre débordements, moments complices, folie charnelle, prise de bec ou de position, elles se correspondaient vraiment. Elles se complétaient à merveille, chacune semblant annuler les ''défauts'' de l'autre : l'impulsivité d'Emma calmé par la force tranquille de Regina le tempérament parfois sévère de Regina modéré par la bonne humeur et l'humour d'Emma le franc parlé d'Emma contrasté par l'élégance et l'éloquence de Regina les moments de déprime et de doute d'Emma apaisés par la tendresse de Regina. En bref quand l'une dérapait, l'autre la rattrapait au vol. Elles s'accordaient en tout point, si bien qu'elles en avaient, elles-mêmes, été très surprises pendant les tout premiers temps de leur relation et elles ne pouvaient définitivement plus se passer l'une de l'autre.
Emma était presque prête et en quelques minutes elle descendit rejoindre Regina. En passant la porte de l'immeuble, Ariel fut comblée, pensant qu'Emma était là pour elle, mais le geste sans appel qu'elle déploya pour la tenir à distance lui fit ravaler son sourire. Emma ne lui adressa même pas la parole, c'était un peu rude mais Ariel s'accrochait à un espoir illusoire, il fallait qu'elle comprenne, qu'elle passe à autre chose, ça n'avait que trop duré alors que la blonde avait toujours été franche avec elle pendant leur courte aventure.
Emma descendit les dernières marches à la hâte et sauta au cou de Regina qui l'attendait là, adossée à sa Berline noire. Ariel en resta les bras ballants, voir Emma embrasser à pleine bouche cette superbe femme, élégante et sublime en tailleur chic, l'assomma presque. Elle avait remarqué cette femme du coin de l'œil pendant qu'elle s'acharnait sur la sonnette de l'immeuble et elle s'était fait la réflexion qu'elle était extraordinairement belle mais la voir prendre Emma dans ses bras et l'enlacer de son saoul la mit à terre. Elle n'en croyait pas ses yeux.
« Emma ? » Murmura Ariel, le cœur brisé.
« Désolé Ariel, fais-toi une raison, je ne suis définitivement plus libre pour qui que ce soit. »
Regina esquissa un sourire victorieux, elle ouvrit la portière à sa blonde puis elle prit le volant et elles disparurent dans la circulation, laissant la pauvre Ariel se noyer dans ses larmes.
…
Comme tous les vendredi soir, Regina emmenait Emma à sa séance avec le Dr Glass puis elles allaient diner au restaurant. C'était devenu une sorte de rituel. Regina n'avait repris aucun autre patient à l'horaire où elle voyait habituellement Emma en consultation, elle ne pouvait se résoudre à remplacer ce moment, ce créneau resterait le leur et elle aimait cette idée.
Elle aimait l'accompagner, mais elle ne restait pas à l'attendre dans la salle d'attente comme la toute première fois, non, Regina flânait dans les rues commerçantes non loin de la clinique privée, ou elle s'installait en terrasse pour boire un verre, ou encore elle se posait dans le square pour lire tranquillement. Elle profitait tout simplement de la fin de sa semaine avant d'aller manger avec sa compagne. Pour la première fois de sa vie, Regina s'accordait du temps pour elle. Et elle ne s'en trouvait que meilleure et plus attentive dans son travail, envers ses patients, ses dossiers, ses expertises et ses publications ainsi qu'envers Emma. Prendre du temps pour elle, l'avait rendu plus sereine et moins irritable. Elle avait trouvé l'amour et avec, l'équilibre qui lui avait autrefois cruellement manqué, sans même en avoir conscience.
Et aujourd'hui… Regina était heureuse.
Quant à Emma, ses séances avec le Dr Glass se passaient très bien. Un peu farouche au début, elle avait vite compris que l'homme était un génie. Sa méthode était bien différente de celle de Regina, et sans qu'elle ne s'en rendre compte il l'amena à se livrer à lui, il l'amena à tout lui déballer en vrac comme si elle se parlait à elle-même, comme si, face à un miroir, elle ne faisait que parler à son reflet. Il était calme et presque effacé, il se faisait oublier – là où jamais elle n'aurait pu oublier la présence et l'aura du Dr Mills – et ses questions étaient habilement tournées pour que, d'elle-même, Emma poursuive l'histoire au-delà de la question posée.
Emma se sentait stable, elle se rendait compte des progrès qu'elle avait fait depuis le départ en retraire du Dr Hopper, puis l'année tourmentée en séance avec Regina et ce nouveau suivit psychiatrique. Elle avait encore des périodes de troubles, des moments d'absence mais elle en sortait nettement plus vite qu'avant. Elle avait pu réajuster son traitement et ne se ressentait plus le besoin de fumer de l'herbe avant de dormir, ou du moins beaucoup moins souvent, et du coup elle commençait à se sevrer toute seule. Elle se sentait plus en accord avec elle-même. Elle commençait à se sentir vivante. Oui, Emma se sentait … bien… pour la première fois de sa vie.
Vendredi, 20h. Restaurant le Sorellina
Ce soir-là, Regina insista un peu pour retourner dans le restaurant italien où elles avaient diné la toute première fois. Emma accepta sans se douter de quoique ce soit et en fin de repas, entre rire et sourire, Regina glissa un écrin sur la table. Emma le vit immédiatement, ses yeux s'écarquillèrent et sa respiration resta bloquée dans ses poumons.
« Hey, ne panique pas, ce n'est pas ce que tu crois ! » Ria Regina devant la mine décomposée d'Emma.
Emma respira de nouveau, la main sur le cœur, ayant frôlé la crise cardiaque puis elle attrapa l'écrin avec méfiance. Elle l'ouvrit puis sonda Regina du regard, ne sachant trop quoi en penser.
« Une clef ?! » Demanda Emma.
« La clef de chez moi. »
« Oh ! »
« Trop tôt ? » Demanda Regina, un peu sur la réserve, venant de se mettre délibérément en danger face à une Emma qui pourrait prendre la fuite.
« Hm… non. » La rassura Emma avec un sourire radieux qui commença à se dessiner sur ses lèvres.
Regina lâcha un soupir de soulagement lorsqu'Emma sortit son trousseau de clef de sa poche pour y ajouter celle-ci. Elle avait longuement hésité avant d'aller faire faire un double de la clef de son appartement mais elle s'était imaginée rentrer tard du travail et voir Emma qui l'attendait déjà dans son canapé, dans son salon et elle avait aimé cette idée. Leurs deux emplois du temps étaient compliquées et parfois surchargés alors pouvoir se retrouver sans avoir à attendre que l'autre ne rentre chez elle, était aussi plus pratique pour pouvoir passer du temps ensemble.
Emma avait toujours ces deux boulots, l'un ayant des horaires fixes mais l'autre, en tant qu'assistante d'un garant de caution, prenait parfois du temps supplémentaire - et sans garanti de résultat - et elle avait aussi toujours besoin d'aller courir et faire des séances de sport. Emma n'avait jamais vraiment laissé de place à une relation dans sa vie, si ce n'était les nuits du vendredi ou du samedi soir pour sortir en boite et rentrer accompagnée quand l'envie lui prenait. Quant à Regina, c'était un peu pareil, elle faisait beaucoup d'heures à l'hôpital, entre ses séances programmées avec ses patients réguliers et les consultations aux urgences quand elle était de garde, ainsi que les expertises qu'elle pratiquaient sur demande du Tribunal pour des détenus de la prison d'Etat et les procès dans lesquels elle devait témoigner de ces mêmes expertises. Regina était une femme occupée et se libérer du temps en commun avec Emma avait parfois été un parcours du combattant. C'est pour cela que lui offrir la clef de chez elle, allait passablement adoucir leur relation. Et la renforcer, espérait-elle.
Ce soir-là, en rentrant ensemble à son appartement, Regina se décala et laissa Emma ouvrir pour la première fois la porte avec sa clef.
« Tu veux vérifier que je sais ouvrir une porte ?! » Plaisanta Emma.
« Fais comme si j'étais pas là ! »
« Mais tu es là… et crois-moi, avec la tenue que tu portes aujourd'hui, je peux vraiment pas faire semblant de ne pas te remarquer. » Charma Emma avec un délicieux sourire sur les lèvres.
Regina se mit à rougir malgré elle. Emma avait ce pouvoir sur elle et elle n'arrivait pas à y échapper. Emma n'avait parfois besoin que d'un regard pour que Regina se mette à rougir et la blonde en jouait souvent, si bien que le self-control du Dr Mills était mis à rude épreuve, à chaque fois.
Emma inséra la clef dans la serrure, elle la tourna lentement puis entendit le verrou s'ouvrir, elle poussa la porte et entra à reculons avec un regard carnassier posé sur Regina. Regina la suivit, elle claqua la porte d'un coup de talon et sans attendre, leurs lèvres et leurs corps se jetèrent l'un sur l'autre. Entre baisers et caresses, elles se dévêtirent l'une l'autre tout le long du chemin qui menait à la chambre à coucher, laissant une trace de leur itinéraire avec leurs chaussures, vestes, chemisier, jupe, jeans et autre soutien-gorge et culotte.
Emma attrapa Regina par la taille et la porta sur les derniers mètres qui les séparaient du lit avant d'amortir leur chute puis de rouler sur elle pour la surplomber.
« Tu es consciente que maintenant que j'ai la clef de chez toi, tu ne pourras plus jamais te débarrasser de moi ? »
« Hm… effectivement, j'en suis consciente. » Dit-elle après avoir fait mine de réfléchir.
« Tu sais que parfois je serais déjà là quand tu rentreras tard de l'hôpital ? Ou bien, tu seras déjà couché quand c'est moi qui aurais eu un contre-temps avec une enquête ? »
« Oui je le sais. »
« Tu sais que je ne suis pas ce que l'on peut appeler quelqu'un de discret, tu sais que je te réveillerais en me glissant dans tes draps ? »
« Et je sentirais ton corps se coller au mien ? En pleine nuit ? » Demanda Regina en feintant l'innocence.
« Probablement. »
« Eh bien… je n'attends que ça. » Répondit-elle en attrapant les hanches d'Emma qui se faisaient encore distantes.
Emma se mit à sourire en attrapant ses lèvres entre les siennes, imaginant déjà le plaisir qu'elle aurait à se blottir contre sa brune en pleine nuit, coller sa peau à la sienne et la réveiller en glissant sa main entre ses jambes. Elle fit courir ses lèvres le long de sa mâchoire, puis dans son cou, puis sur sa poitrine, mordant la pointe de son sein pour le faire réagir. Regina laissa ses deux mains parcourir son dos, évitant de trop planter ses ongles dans la peau fine et sensible d'Emma - là où résidait les vestiges de ses cicatrices - et alla agripper fermement ses fesses pour la coller un peu plus à elle. De concert, elles imprimèrent un mouvement coordonné pour que leurs deux corps s'enivrent d'un plaisir commun.
Emma attrapa l'une des cuisses de sa partenaire pour la hisser sur sa hanche et ainsi sentir son corps s'emboiter au sien. Elles poussèrent un gémissement à l'unisson, elles commençaient à se connaitre par cœur, elles commençaient à savoir exactement ce que l'autre aimait et comment elle réagissait. Leur toute première nuit avait été magique et intuitive, et elles avaient presque cru que jamais rien ne serait meilleure que cette nuit-là … et pourtant au fil des semaines et des mois qu'elles venaient de passer ensemble, elles apprirent que cela pouvait être encore meilleure.
Parfois douces, parfois plus rudes, parfois pressées presque qu'impatientes, et parfois, au contraire, désireuses de se faire supplier, désireuses de faire languir l'autre jusqu'à la limite du supportable… de quelques manières que se soient, elles étaient toujours passionnées et aimantes, toujours respectueuses des désirs de l'autre et terriblement possessives.
Emma décala légèrement son corps contre celui de Regina, elle releva un genou et sentit ses lèvres intimes glisser sur celles de sa partenaire, humides et chaudes. Le corps de la brune se cambrait presque douloureusement pour venir intensifier leur proximité et leur rythme, mais Emma en voulait plus, plus serré, plus proche, plus profond. Elle se redressa, passa une jambe sous celle de Regina et lui intima de se redresser à son tour. Les jambes écartées, l'une par-dessus l'autre, en face à face, Emma s'empara de la taille de Regina et la colla à elle. Leurs entre-jambes s'emboitaient parfaitement, glissant l'un sur l'autre, ruisselant de plaisir, mais leurs bustes étaient trop loin pour que leurs bouches ne viennent s'embrasser. C'était bon mais frustrant à la fois.
C'était torride et délicieux, et Regina balança sa tête en arrière, se perdant dans les affres de la jouissance qui grandissait. Emma tenait le cap, elle tenait le rythme pour faire monter Regina, en retenant son propre désir, ne voulant pas s'écrouler avant elle. Quand elle sentit Regina sur le point de se laisser aller, elle glissa sa main entre leurs deux corps étroitement liés et pénétra sa compagne sans difficulté tant leurs deux sexes réunis étaient humides. Regina releva la tête, les yeux gourmant, en sentant les doigts de la blonde en elle et son pouce caler sur la tête, rougit et gonflée de joie, de son clitoris. Le bras plié, les muscles tendus, la position d'Emma était presque douloureuse mais peu importait tant que Regina y prenait du plaisir. Et pour sûr, Regina en prenait.
Elle se déhancha, accélérant le rythme, sentant la vague de plaisir monter encore et toujours en elle, sentant son orgasme prendre de l'ampleur sans jamais redescendre. Il était là, grand et puissant, s'étendant en elle, contractant la moindre fibre et le moindre muscle de son corps, retenant son souffle dans sa poitrine, crispant ses doigts qui froissaient les draps. Son corps cambré face à Emma, Regina avait totalement décollé.
Emma la tenait, un bras enroulé autour de sa taille, son poignet cassé entre leurs corps et ses doigts profondément en elle. Regina s'abandonnait complétement et Emma aimait cela, plus que tout. Elle poursuivit ses efforts, forçant Regina à accueillir son plaisir sans le réprimer, sans le canaliser, le laissant s'emparer d'elle toute entière. Puis Emma recourba ses doigts quand elle sentit les muscles pelviens de sa compagne se serrer au maximum, quelques mouvements de plus et le paroxysme était atteint. Une dernière tension contracta son corps et, à court d'oxygène et de force, Regina relâcha tout pour s'effondrer en arrière, son orgasme disparaissant lentement comme une vague qui quitte le rivage, comme la marée qui redescend après la tempête.
La respiration courte, le corps inerte, Regina n'était plus vraiment là. Elle était quelque part ailleurs, entre la vie et la plénitude, là où les sensations qu'elle ressentait était intacts, là où elle en profitait encore pleinement. Quelques secondes hors du temps et de l'espace, quelques secondes que lui offrait Emma, quelques secondes si belles, qu'à chaque fois, elle avait du mal à y croire. Jamais ça n'avait été si fort, si intense, si parfait. Et chaque qu'Emma lui faisait l'amour, il lui semblait que c'était encore meilleur que la fois précédente.
Finalement, elle se redressa et rougit presque devant l'air satisfait qu'affichait Emma. Elle grogna, ayant bien l'intention de rendre la pareille à sa compagne…
Un vendredi soir. 20h. Restaurant le Sorellina
Trois mois plus tard, dans ce même restaurant qui avait été le théâtre de leur premier rendez-vous, Regina proposa à Emma de venir s'installer chez elle – puisque, de toutes façons, elles y passaient déjà le plus clair de leur temps, soirs et week-ends. Emma avait effectivement quelque peu délaissé son appartement et avait déjà envahi l'appart de Regina avec la moitié de ses affaires, affaires qu'elle apportait au compte-goutte mais qu'elle ne ramenait jamais après chez elle. La proposition n'avait rien eu de solennelle, juste posée là, au détour d'une conversation et évidemment… Emma avait accepté.
Le déménagement fut rapide, Emma avait peu de bien et la plupart de ses livres et de ses vêtements étaient déjà chez Regina, mais émotionnellement, ce fut quelque chose d'étrange pour la jolie blonde. Non pas qu'elle était particulièrement attachée à son appartement, non, ce n'était rien de plus que quatre murs et quelques fenêtres mais ce fut pour elle, une étape à franchir. Une fois sortie du système, Emma avait vécu seule, elle n'avait jamais vécu en colocation – ou si peu de temps qu'elle n'en gardait pas de souvenir marquant - et encore moins en couple. Et elle avait cette étrange impression qu'elle pourrait parfois tout foutre en l'air sur un coup de tête, dans un accès de folie alors ça la rendait nerveuse. Elle avait l'impression de perdre sa position de repli au cas où ça tournerait mal, c'était un réflexe de défense normal au vu de ses antécédents mais Regina la rassura sans cesse jusqu'à ce qu'elle rende les clefs, définitivement.
Regina lui avait promis que, oui, parfois, elles se disputeraient, comme tout le monde que oui, parfois l'ambiance pourrait être lourde que parfois elle serait de mauvaise humeur que parfois le stresse de son travail pouvait la suivre à la maison mais que toujours, elle la rattraperait si Emma tentait de fuir. Elle lui laisserait de l'espace, elle la motiverait à aller courir plutôt que de trainer au lit avec elle pendant les jours de congés – chose qui ne marcha pas à chaque fois pour leur plus grand plaisir à toutes les deux - et elle lui faisait entièrement confiance pour la laisser passer des soirées avec ses amis en boite de nuit – parfois elles y allaient même ensemble mais pas toujours.
Regina lui avait promis, elle ne l'enchainerait pas. Mais elle voulait s'endormir et se réveiller chaque jour avec elle elle voulait voir sa mine grognon les lendemains de soirée arrosée avec Ruby elle voulait la voir revenir transpirante et essoufflée de ses footings elle voulait cuisiner en la sachant à côté, déjà en train de saliver elle voulait pouvoir partir le matin au travail en sachant que le soir, elle serait là elle voulait pouvoir la rejoindre dans la douche elle voulait pouvoir couvrir son corps d'un plaid s'il lui arrivait de s'endormir sur le canapé dans lisant un livre, un jour de pluie elle voulait lui faire une vraie place dans ses placards, et dans sa vie.
…
Et depuis, elles vivaient ensemble et Emma était heureuse. Elle suivait sa thérapie et semblait s'épanouir plus que jamais. Sa relation avec la belle brune n'y étant pas pour rien évidement, car tout ce qu'Emma avait toujours voulu, sans pouvoir se l'avouer, était de vivre avec quelqu'un qui l'aime et la respecte mais jusqu'à présent elle ne s'en était pas senti digne, ni capable. Aujourd'hui, elle dormait bien, elle ne faisait plus de cauchemar, elle prenait toujours son traitement mais ne semblait souffrir d'aucun mal. Elle s'acceptait bien mieux, autant son corps que son passé et parfois même, il lui arrivait de l'oublier, accaparé par le Présent. Oui, avec Regina à ses côtés, Emma s'épanouissait pour de bon.
Elle avait tout de même dû travailler sur cette jalousie inconfortable qui pouvait parfois la prendre en traitre quand elle remarquait un regard un peu trop posé sur sa brune. C'était plus fort qu'elle, elle ne le supportait pas… mais à quoi s'attendait-elle en étant avec une femme telle que Regina Mills ? Regina attirait les regards, elle faisait tourner des têtes et on lui offrait des sourires – auxquels elle ne répondait jamais cela-dit. Et Emma était à chaque fois à deux doigts de se laisser emporter par sa folie.
Mais tant que cela restait des regards, elle se contrôlait, toutefois… Il y eut un jour, où dans une file d'attente au cinéma, la brune sentit une main se poser sur sa fesse et ce n'était pas celle d'Emma. Au visage crispé de Regina, Emma comprit tout de suite et elle s'empara du col du type qui se trouvait derrière elles. Elle le plaqua contre le mur avec une force qu'on ne lui aurait jamais soupçonnée, le gars en fut tellement surpris qu'il s'excusât platement sur le champ mais Emma n'écoutait plus rien. Seul le bruit de sa colère tambourinait dans ses oreilles, seule l'envie de le démolir la gouvernait. Le poing serré, elle allait le cogner quand Regina posa sa main sur son épaule et qu'en un instant, elle se ravisa.
Autant la brune était flattée par la façon qu'avait Emma de la défendre, autant elle ne pouvait pas la laisser s'emporter. Elle connaissait la proportion qu'avait Emma à la violence, si elle n'était pas intervenue, ce type aurait fini aux urgences, et leur soirée aurait été gâchée. Alor bien que son geste fût inexcusable, Regina ne laissa pas Emma le tabasser. Emma reprit une respiration régulière et lâcha le malotru qui ne se fit pas prier pour déguerpir, oubliant même qu'il faisait la queue pour aller voir un film.
L'impulsion d'Emma avait été arrêté à temps et quelques femmes dans la file se mirent à l'applaudir. Elle baissa le regard, soudain un peu timide mais elle ne cessa pas de râler et de marmonner contre ce genre de comportement jusqu'à ce qu'elles entrent dans la salle de cinéma et que les lumières ne s'éteignent. Regina sentait encore le cœur d'Emma battre de rage, elle attrapa sa main et la posa sur sa cuisse, puis une fois le film bien entamé et Emma calmée, elle fit remonter sa main plus haut jusqu'à l'aine, et le cœur d'Emma cogna de nouveau dans sa poitrine mais pour d'autres raisons.
Emma se mordit la lèvre - Dieu que cette femme la rendait dingue - elle était le remède à tous ses débordements, elle était son phare dans la nuit, elle était, indéniablement, la femme qu'il lui fallait.
Un vendredi soir.
Six mois plus tard, c'est Emma cette fois-ci qui insista pour aller manger dans ce restaurant italien, le Sorellina. Ce restaurant était devenu en quelque sorte le lieu des grandes déclarations entre elles : elles y avaient vécu leur tout premier rendez-vous, puis Regina lui avait offert une clef de chez elle, puis il y avait eu la proposition de vivre ensemble pour de bon et même une demande de partir en vacances ensemble – ce qu'elles avaient fait en partant une semaine à la montagne, dans un ravissant chalet qu'elles n'avaient pratiquement pas quitter de tout le séjour.
Mais c'est Regina qui avait toujours initié les premiers grands rapprochements entre elles, sachant qu'Emma était peu habituée à ces situations de couple. En réalité, Regina ne l'était pas beaucoup plus qu'elle mais elle prenait toujours le parti de prendre les devants, de prendre le risque et de faire avancer leur histoire mais ce soir-là, Regina n'y était pour rien. Ce n'était pas son idée de venir ici, alors, pendant tout le diner son esprit ne cessa de se poser des questions, mais elle était loin de se douter de ce qui se tramait réellement.
Toutefois, elle avait repéré l'air étrange d'Emma, anxieuse et souriante à la fois, perturbée mais guillerette et pendant un court instant, elle crut qu'une phase maniaque se profilait. Mais ce n'était rien de tel, et Regina comprit de quoi il retournait lorsqu'au moment du dessert, Emma se leva de son siège et posa un genou à terre.
Sa respiration resta bloquée, elle eut l'impression que le monde entier avait cessé de tourner et que toute la salle retenait son souffle en même temps qu'elle. Elle n'en croyait pas ses yeux, ce ne pouvait pas être ça ! Emma n'aurait jamais osé faire ça… et pourtant…
« Regina Mills… » Dit doucement Emma, la voix un peu fragile.
Elle prit sa main dans les siennes alors que Regina écarquillait de plus en plus les yeux et que son cœur se mettait à battre frénétiquement. Emma, s'éclaircissant la voix, prit son courage à bras-le-corps avant de poursuivre.
« … Le jour où tu as mis fin à ma thérapie, le jour où tu as renoncé à me suivre et que tu as enfin accepté cette attraction indéniable qu'il semblait y avoir entre nous, tu m'as rendu l'espoir… Un espoir qui avait été étouffé dans l'œuf dès ma naissance… Tu as accepté mes failles et mes cicatrices, tu m'as accepté toute entière, telle que je suis… et tu as fait de moi un être humain meilleur que tout ce que j'avais pu espérer être, en partant de si bas… Regina, tu es la femme de ma vie, je n'ai aucun doute là-dessus … alors… est-ce que tu veux bien… m'épouser ? … Est-ce que tu veux bien… vivre le reste de ta vie avec ma folie ? »
Regina avait porté une main à sa bouche pour cacher la fulgurante surprise et la tendre émotion qu'Emma venait de lui procurer avec ce discours et cette demande totalement inattendue. Son cœur battait à cent à l'heure et son corps entier était presque pris d'un vertige. Elle s'était figée sous la stupéfaction, sans se rendre compte qu'elle faisait languir Emma, toujours un genou à terre, sous l'œil attentif des clients du restaurant, silencieux, attentant tous sa réponse. Elle reprit enfin conscience lorsqu'Emma serra un peu plus la main qu'elle tenait encore dans la sienne.
« Oui… Oui, bien sûr que oui ! » Souffla-t-elle, une larme dévalant sa joue.
Emma soupira, elle avait retenu sa respiration et son soulagement fut grand. Pour la première fois, elle s'était mise à nue, totalement à nue, et avait osé faire sa demande en bonne et due forme, ne doutant absolument pas de son désir de finir sa vie avec cette femme. C'était comme une évidence, elle ferait sa vie avec elle et personne d'autre.
« Je sais que ce n'est pas mon genre tout ce tralala mais … je t'aime et je veux t'épouser... » Reprit Emma en sortant un écrin de sa poche.
« … Et il n'y a pas de clef dans cet écrin-là. » Plaisanta-t-elle sans pouvoir s'en empêcher en ouvrant la boite qui renfermait une sublime bague.
Regina fut prise de court, deux émotions s'invitant en elle, rire à sa blague ou s'émerveiller devant cette bague qu'Emma lui présentait. Elle lui tendit sa main avec un sourire ému. Emma passa la bague à son doigt puis se releva pour emprisonner ses lèvres dans un baiser amoureux, tendre et fougueux à la fois, tout ça sous les applaudissements de toute la salle, les clients et le personnel s'étant arrêtés de parler et de bouger jusqu'à présent.
Quelques instants plus tard, un air de piano langoureux remplaça la liesse qui avait exultée dans la salle, les clients reprirent leurs discussions et le court de leur repas mais Emma et Regina étaient toujours enlacées près de leur table, sans plus pouvoir se défaire l'une de l'autre, s'embrassant presque impudiquement.
« Félicitations Mesdames. » Murmura la jeune serveuse qui s'occupait de leur table en passant près d'elles.
Elles se séparèrent, le rose aux joues, l'émotion coulant encore dans leurs veines à toute allure.
« Emma, tu … tu veux vraiment m'épouser ? » Murmura Regina, fébrile.
« Plus que jamais, Dr Mills, je vous veux pour femme. » Répondit Emma, en s'emparant de la main de Regina, qui portait désormais une ravissante bague de fiançailles, pour y déposer un baiser.
Un nouveau chapitre de leur vie allait s'ouvrir, elles, qui avaient failli passer à côté de l'amour de leur vie, pouvaient enfin penser l'avenir autrement. Elles avaient trouvé la voie, elles avaient trouvé la force d'être ensemble et bientôt, elles seraient officiellement liées pour le meilleure et pour le pire.
Elles n'avaient aucun doute sur l'amour qu'elles se portaient, elles avaient vécu les épreuves et le déni, elles avaient failli ne jamais se trouver mais à présent, rien d'autre ne comptait que de faire fleurir ce bonheur et partager chaque moment de la vie qu'il leur restait. Emma n'était partie de rien et aujourd'hui elle avait tout ce dont elle avait besoin. Regina avait eu tout ce qu'elle désirait et pourtant il lui avait manqué l'essentiel. L'amour.
Ensemble, elles voyaient un avenir, avec ses hauts et ses bas évidemment, mais peu importait, elles savaient pertinemment qu'elles s'en sortiraient toujours, parce qu'elles étaient faites l'une pour l'autre, quoiqu'il puisse arriver. Elles s'étaient enfin trouvées et elles s'aimaient, telle quelles.
F.I.N
