Bonjour !
Voici donc le point final de cette histoire. Si vous êtes arrivés jusqu'ici, merci de m'avoir lue ! N'hésitez pas à me donner votre avis :).
Un grand merci à Angelica, Marina et Almayen pour vos reviews !
Et les étoiles disparaîtront
Chapitre 14 – Les regrettables adieux
Partie 2
oOo
Cersei-modèle jeta un œil à sa montre pour la millième fois depuis le début de la journée. Jaime la regarda faire avec indulgence – lui-même cachait difficilement son angoisse.
« Ça va aller, » tenta t-il de la rassurer et, au passage, de se rassurer lui-même.
L'opération, qui s'était déroulée en début de matinée, avait été un succès, et les chirurgiens leur avaient assuré que Tyrion se réveillerait dans l'après-midi. Il était actuellement quinze heures – tous deux ne pouvaient qu'espérer que cette terrible attente prenne bientôt fin.
Jaime se mordit la lèvre en repensant au retournement de situation auquel il avait assisté.
Prenez mes étoiles au lieu de celles de mon Tyrion, lui avait dit sa copie. Elles sont compatibles, c'est toi qui me l'as dit. Je t'en prie, prenez mes étoiles.
Devant son air désespéré, Jaime n'avait pas pu refuser. Baelish, prévenu immédiatement, s'était contenté de hocher la tête, aussi énigmatique que d'ordinaire.
Fascinant, avait-il simplement dit.
Le cœur de Jaime se serra. C'était peut-être le plus beau sacrifice qu'il pouvait imaginer, et c'était une copie qui l'avait fait, une créature qui n'était même pas considérée comme humaine.
« Jaime, » l'interpella Cersei avec empressement, le tirant de ses pensées.
Elle s'était assise sur le bord du lit. Il la rejoignit aussitôt, la gorge nouée.
Tyrion battit des paupières et ouvrit difficilement les yeux.
Vivant. Il était vivant.
« Cersei ? » souffla t-il d'une voix rauque. « Jaime ? »
Le rire de Cersei se mélangea à ses larmes, et elle se pencha pour l'enlacer.
« Je t'aime, Tyrion. Je t'aime tellement. »
Jaime ne put que la rejoindre dans ses larmes.
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Le soleil n'allait pas tarder à se coucher. Allongée contre Tyrion, qui s'était poussé pour lui faire une place, Cersei-modèle caressait le dos de sa main du bout du pouce, son front pressé contre le sien. Ils étaient seuls dans la pièce – Jaime était parti prendre sa douche.
Son petit frère était en vie, et il allait bien, et il était là, à ses côtés. Rien n'aurait pu entacher la joie et le soulagement qu'elle éprouvait en cet instant, rien du tout.
Ils avaient échangé peu de mots depuis que Tyrion avait ouvert les yeux, se contentant de savourer la présence des uns des autres après avoir failli être séparés pour toujours. Il leur avait simplement raconté ce dont il se souvenait du jour de son agression, à savoir qu'il avait vadrouillé quelques heures dans les rues et qu'il avait fait une très mauvaise rencontre sur le chemin de la maison. Il n'avait pas donné de détails supplémentaires en voyant les larmes de culpabilité apparaître dans les yeux de Cersei.
« Je suis désolée, » lâcha finalement celle-ci, brisant à regret le silence confortable qui les entourait. « Ces choses horribles que je t'ai dites... je ne les pensais pas. Je suis tellement désolée, Tyrion... je t'aime. »
Il déposa un baiser sur sa joue humide et lui sourit avec une affection non dissimulée.
« Je sais... et je te pardonne. Je t'aime aussi. »
Ses sanglots redoublèrent d'intensité. Bon sang, depuis quand était-elle si émotive ? Sa mauvaise foi la poussait à mettre ses crises de larmes sur le compte de sa grossesse mais au fond, elle savait que ça n'expliquait pas tout. Elle aimait Tyrion, l'aimait à en crever, et elle l'avait retrouvé après avoir failli le perdre. C'était aussi simple que cela.
« J'ai eu si peur... j'ai cru t'avoir perdu pour toujours. »
Il l'embrassa sur le front, comme si cette fois, c'était elle, l'enfant terrifiée, et que c'était à lui de la protéger et la réconforter.
« Je sais... mais je suis là, à présent. Je ne vais nulle part. »
« J'y compte bien, » rétorqua t-elle d'une voix étranglée. « Je ne vais plus jamais te laisser quitter mon champ de vision. »
« Même quand j'irai aux toilettes ? » demanda t-il d'un air innocent et malicieux à la fois.
Cersei pouffa. Le voir si plein de vie alors qu'il avait frôlé la mort lui faisait un bien fou.
« Je ferai peut-être une exception dans ce cas-là... » répondit-elle sur le même ton.
Il leva les yeux au ciel, et le silence retomba pendant quelques secondes.
« Ecoute... » fit Cersei plus sérieusement. « Le jour de ton agression, je t'ai jeté ces horreurs au visage parce que... parce que j'étais bouleversée. »
« Bouleversée ? »
En guise de réponse, elle lui prit la main et la guida jusqu'à son ventre. Tyrion écarquilla les yeux.
« Oh... »
Le dégoût ne s'esquissa même pas dans ses yeux, bien sûr. Tyrion ne les avait jamais jugés, Jaime et elle, et les avait toujours soutenus. Cersei n'était toutefois pas sûre que ceci mérite le moindre soutien de sa part.
« Tu vas le garder ? »
« Je n'ai pas le choix. Je ne peux plus avorter. »
Les larmes de désespoir remplacèrent celles de joie dans ses yeux. Tyrion posa une main sur sa joue.
« Hey... ça va aller, d'accord ? »
« Tu sais bien que ça n'aurait pas dû arriver... un enfant issu de l'inceste... les chances qu'il naisse en bonne santé sont infimes... »
« Non, ce n'est pas vrai. Il naîtra en bonne santé, et il sera heureux. »
« On croirait entendre Jaime, » soupira t-elle.
Il la serra contre lui. Cersei se laissa faire, reconnaissante.
« Aie confiance. Le bébé sera en parfaite santé, je te l'assure. »
« Hmm... même si c'est le cas, comment pourrais-je m'en occuper correctement dans mon... dans mon état ? »
Les yeux de Tyrion brillaient quand elle s'écarta légèrement. Cersei reconnut là la lueur de la culpabilité.
« J'aurais dû... j'aurais dû dire à Jaime que tu allais si mal. »
« Tyrion... »
« J'aurais dû tout lui dire à l'instant où tu es revenue à la maison. Il aurait pu t'aider. »
« Je t'avais fait promettre de ne rien dire. »
Il baissa les yeux, honteux.
« J'aurais dû tout lui dire quand même. Comme ça, tu n'aurais pas été aussi seule. »
Elle l'embrassa sur le bout du nez, ce qui le fit glousser.
« Je n'étais pas seule, » répondit-elle avec chaleur. « Même si je ne m'en rendais pas compte. »
Touché, il enfouit le visage dans son cou et posa de nouveau la main sur son ventre.
« Tu ne seras pas seule pour t'occuper de ce bébé. On sera là, Jaime et moi. On sera toujours là. Et on t'aidera à aller mieux. D'accord ? »
Leurs regards se croisèrent, et c'était dans ce vert émeraude que se trouvait l'Elysium de Cersei.
Elle sourit.
« D'accord. »
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La nuit était tombée. Epuisée par le tourbillon d'émotions qui l'avait emportée aujourd'hui, Cersei s'était endormie contre Tyrion. Jaime-modèle observait son frère et sa sœur avec tendresse.
« Je me suis souvent demandé si elle m'aimait... » glissa Tyrion.
« Elle t'aime. Elle t'aime plus que tout. »
Il sourit légèrement.
« Je sais. »
Il reprit au bout de quelques secondes :
« Elle m'a dit, pour le bébé. »
Jaime soupira.
« Elle avait peur de me le dire. Elle pensait que j'allais lui en vouloir... mais ce bébé, nous l'avons conçu à deux. »
« Tu as peur ? »
Jaime lui offrit un pauvre sourire.
« Je suis terrifié, » avoua t-il. « Un bébé... j'avais renoncé à l'idée d'être père à l'instant où j'ai embrassé Cersei pour la première fois, et voilà que... »
Il soupira et se passa une main sur le visage.
« Alors... quel est le programme pour la suite ? » demanda Tyrion.
« Eh bien... ils veulent encore te garder quelques jours en observation, pour être certains que tu ne fais pas de rejet. Ensuite, on rentrera à la maison... je suis sûr que si tu lui demandes, Cersei pourra te préparer des pâtes au saumon. Ensuite, on pourrait jouer aux jeux vidéos, ou regarder un film, ou commencer une nouvelle série... tu pourrais nous faire la lecture, si tu veux... »
« Ce programme me plaît, » sourit Tyrion.
Toutefois, il reprit rapidement, l'air sérieux :
« Mais ce n'est pas ce que je voulais dire. »
Jaime soupira et acquiesça. Un poids invisible pesait sur ses épaules.
« Je sais. J'essayais juste de gagner un peu de temps. »
Il prit la main de son petit frère dans la sienne et la serra.
« Ecoute... ici, je ne pourrai pas reconnaître l'enfant. Je ne pourrai même pas être son père officieusement, de peur que quelqu'un ne découvre la vérité. Je ne pourrai jamais aimer Cersei au grand jour. »
Tyrion l'écoutait avec attention, et l'affection qu'il lisait dans ses yeux donna assez de courage à Jaime pour continuer de parler.
« Pour que tout ça soit possible... il faudrait que l'on parte loin, et qu'on change de nom. Qu'on commence une nouvelle vie. »
Tyrion recouvrit sans main dans la sienne, et aucune hésitation ne pointait dans sa voix lorsqu'il répondit :
« Alors partons. »
« Tu as conscience de ce que ça implique, n'est-ce pas ? On devra recommencer à zéro, laisser tout ce que nous avons connu, toutes nos habitudes. J'arrêterai l'université... non pas que ça me chagrine. Tu devras changer de lycée. »
Jaime fronça les sourcils quand Tyrion laissa échapper un petit rire.
« Jaime... » fit-il avec affection. « Je suis déçu. »
« Déçu ? »
« Déçu que tu aies pu penser que ces choses ont la moindre importance pour moi. Tu sais... »
Sa voix trembla sous l'émotion.
« Cersei et toi, vous êtes toute ma vie. Rien d'autre ne compte. »
Aucune suite de mots n'aurait pu exprimer l'intensité de ce que Jaime ressentait, alors il se contenta de déposer un baiser sur son front et de lui murmurer qu'il l'aimait, et Tyrion lui répondit qu'il l'aimait aussi.
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Tard dans la nuit, alors que Tyrion et Cersei dormaient profondément, Jaime sortit de la chambre sans faire de bruit et, une fois dans le couloir, composa le numéro d'Addam sur son téléphone portable. Celui-ci décrocha presque aussitôt, ce qui indiqua à Jaime qu'il devait encore travailler tard sur ses cours.
« Alors ? » lui demanda t-il avec empressement sans s'embarrasser de banalités.
Comme souvent lorsqu'ils discutaient, Jaime ne put s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité pour ne pas avoir été en mesure de lui rendre ses sentiments. Il espérait sincèrement que celui qui resterait toujours son meilleur ami trouve un jour quelqu'un de bien, quelqu'un qui ne verrait que lui et l'aimerait comme il le méritait.
« Tyrion a été opéré ce matin. Tout s'est bien passé. Il s'est réveillé... il va bien. »
« C'est... c'est super. Je suis content pour vous. »
Son soulagement n'était pas feint. Jaime se mordit la lèvre.
« Ecoute, Addam... j'ai un énorme service à te demander. »
Silence.
« Quel genre ? »
Jaime se demanda brièvement comment amener le sujet en douceur avant de soupirer et de se jeter à l'eau. Au point où il en était...
« J'ai besoin de faux papiers pour moi, Cersei et Tyrion. On va quitter le pays. »
« Mais... » protesta Addam, stupéfait. « Et l'université ? »
« Je vais arrêter. »
« Tu... »
« Je sais ce que tu vas dire, » coupa Jaime. « Mais ma décision est prise. Obéir à mon père et y aller, c'était une de plus belles conneries que j'ai faites. »
Il pouvait très bien imaginer l'expression frustrée d'Addam.
« ...admettons. Mais pourquoi quitter le pays ? »
Ils y étaient...
« Cersei est enceinte, » annonça simplement Jaime.
Si Addam avait eu de la nourriture dans la bouche, il l'aurait certainement recrachée sous le choc. Le silence qui suivit fut un des plus assourdissants que Jaime ait jamais entendu.
« Putain. »
La réponse d'Addam, bien que très brève, résumait au fond clairement ce qu'il en pensait. Il ne demanda cependant pas si elle allait le garder, et Jaime lui en fut reconnaissant – il savait que cette question, lui-même avait dû l'aborder avec Cersei.
« Si je veux pouvoir reconnaître l'enfant, il faut qu'on change de nom. »
« Jaime, tu sais bien que mon père ne trempe plus dans ce genre de trucs. »
« Je sais. Et je ne t'aurais jamais demandé une chose pareille si ce n'était pas aussi important. »
Silence.
« S'il te plaît, Addam. J'ai besoin de ton aide. »
A l'autre bout du fil, Addam finit par pousser un long soupir.
« Je vais voir ce que je peux faire. Je ne te promets rien. »
Jaime s'autorisa à pousser un léger soupir de soulagement.
« Merci. Merci infiniment. »
« Hmm... »
Son meilleur ami ajouta ensuite d'un ton ironique :
« Tomber amoureux de ta sœur et maintenant, la mettre enceinte... tu as vraiment le don de te foutre dans des emmerdes pas possibles. »
Jaime laissa échapper un petit rire.
« Je te tiendrai au courant, » conclut Addam.
« Merci beaucoup. »
Et c'en fut tout pour la conversation. Jaime retourna dans la chambre et s'installa confortablement dans la fauteuil près du lit pour veiller sur le sommeil de Cersei et Tyrion.
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Le lendemain matin, alors qu'un chirurgien était venu apporter son petit-déjeuner à Tyrion avec les médicaments qu'il devait prendre et qu'il s'assurait que tout allait bien, Baelish vint frapper à la porte de la chambre.
« Puis-je vous parler ? »
Intrigués, Cersei et Jaime l'accompagnèrent dans le couloir. Le directeur adjoint ne passa pas par quatre chemins et déclara d'emblée :
« Aerys est mort cette nuit. »
Estomaqués, ils échangèrent un regard et attendirent plus de précisions, fébriles.
« Il semblerait qu'il s'agisse d'une crise cardiaque. »
« Vous avez une idée de ce qui pourrait l'avoir causée ? »
Baelish haussa les épaules, songeurs.
« Comme vous le savez probablement, Aerys était de plus en plus faible, ces derniers temps, et ne quittait presque plus sa chambre. Hier soir, je suis allé le voir pour le mettre au parfum des derniers... événements s'étant déroulés au pensionnat. Quand un de nos gardiens est venu lui apporter son petit-déjeuner ce matin, il était mort. Il était âgé... ça n'a rien de très surprenant. »
Il s'interrompit puis reprit, d'un ton plus léger :
« Je vais de ce pas mettre au courant les pensionnaires. Un hommage se tiendra dans l'après-midi. Peut-être pourriez-vous y assister ? »
Sans attendre de réponse de leur part, il les salua et s'éloigna d'un pas rapide. Jaime chercha le regard de Cersei.
Au fond, ils savaient.
Quand Baelish lui avait annoncé ce que Jaime-copie avait fait, il ne l'avait pas supporté. Il n'avait pas pu concevoir qu'une copie ait pu faire preuve d'autant d'empathie pour un être cher, qu'elle se soit sacrifiée pour lui sauver la vie. C'était trop difficile à encaisser.
Par son acte altruiste et désintéressé, Jaime-copie avait tué Aerys Targaryen.
« Jaime ? » murmura Cersei.
« Oui ? »
« Je ne veux pas autoriser la création d'une nouvelle copie. »
Il entrelaça ses doigts aux siens, et il acquiesça.
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« Tu es sûre que tu ne veux pas venir ? Ton... ton absence sera probablement remarquée... »
« Je sais. Et je m'en fiche. »
Prostrée dans son lit, Cersei-copie avait le regard rivé sur un point invisible. Elle n'avait même pas la force de se redresser pour regarder Tyrion.
« D'accord... je... je reviens tout de suite après. »
Son petit frère l'embrassa sur la joue et, à regret, sortit de sa chambre pour se rendre dans la cour, où se tiendrait dans une dizaine de minutes l'hommage rendu à Aerys Targaryen, illustre créateur du programme Constellation.
Cersei ne pouvait pas y aller. Elle n'en avait pas la force.
C'était comme si le monde avait perdu toutes ses couleurs, comme si elle se noyait en vin dans un océan noir et blanc, comme si ses souvenirs heureux se dispersaient comme de l'écume et devenaient inaccessibles.
Jaime était mort.
Son frère, son jumeau, son meilleur ami avec Tyrion, était mort.
En moins de deux semaines, Cersei avait perdu coup sur coup trois personnes qui avaient été des piliers dans sa vie. Talisa était partie. Les étoiles d'Alyssa et de Jaime avaient disparu.
Il ne lui restait plus rien, à part Tyrion, et elle avait beau savoir qu'elle n'était pas censée se morfondre, qu'elle était censée aller de l'avant et ne plus y penser, elle ne pouvait pas – elle ne pouvait plus.
Oh, elle était loin, la petite fille qui dansait avec son oreiller serré contre son cœur en rêvant d'épouser son prince ou sa princesse dans un château enchanté et de vivre heureuse pour toujours.
Le bonheur, il était parti, et il ne reviendrait pas.
« Cersei ? »
Même si elle avait le dos tourné vers la porte, elle devinait Robert avait jeté un œil dans la pièce et l'avait vue recroquevillée ainsi. Elle le sentit hésiter, puis s'avancer. Il s'assit sur le bord du lit.
« Tout va bien ? » s'inquiéta t-il.
« Non, » répondit-elle d'une voix inaudible. « Rien ne va. »
Elle se tourna et croisa son regard plein d'inquiétude. Il prit sa main dans la sienne et la serra – elle le laissa faire.
« Si tu as besoin de parler... je suis là. »
Sa gentillesse la mit mal à l'aise. Comment pouvait-il la regarder avec tant de sollicitude après ce qu'elle lui avait fait ?
Peut-être que ce qui lui arrivait était une juste punition pour le mal qu'elle lui avait causé, après tout.
« Je suis désolée. »
« Pour quoi ? »
« Pour t'avoir trompé. C'était... c'était ignoble de ma part. Tu as toujours été si gentil avec moi. Tu méritais que je sois honnête avec toi. Tu méritais mieux. »
Elle pensa à l'autre Robert, le mari de son modèle, celui qu'elle avait fini par tuer par désespoir. Elle ne pourrait pas lui en parler – ce serait comme lui porter le coup de grâce alors qu'il pensait déjà ne plus servir à rien, une drôle d'ironie qu'il serait trop cruel de lui révéler.
Robert soupira et baissa la tête.
« Je crois qu'une part de moi a toujours su que tu ne m'aimais pas autant que je t'aimais. »
« Je suis désolée. Vraiment. »
Il lui sourit, et acquiesça.
« Je sais. Et... j'espère que tu pourras être heureuse de nouveau. »
Sans rien ajouter, il l'embrassa sur la joue, se leva et quitta la pièce.
Moins d'une minute après son départ, le regard de Cersei était redevenu vide.
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Tyrion-copie se faufila dans le couloir de l'hôpital le cœur battant. Il savait qu'il n'avait pas beaucoup de temps – il venait de voir Cersei-modèle et Jaime-modèle s'éloigner, mais il doutait qu'ils seraient absents longtemps.
La journée avait été horriblement déprimante. L'absence de son grand frère lui donnait envie de fondre en larmes à peu près toutes les trente secondes, et l'état de désespoir profond dans lequel se trouvait Cersei lui donnait envie de hurler.
Il ne savait même pas ce qu'il cherchait en venant ici – peut-être la certitude que Jaime ne s'était pas sacrifié en vain pour lui, que ça n'avait pas été pour rien.
Il jeta un coup d'œil à travers le miroir sans tain. Son modèle était en train de lire un livre avec un dragon sur la couverture. Tyrion le reconnut – il l'avait déjà lu. Ce détail rassurant le poussa à frapper et à pousser la porte.
Tyrion-modèle l'observa s'avancer les yeux ronds.
« Salut, » lança Tyrion.
« Salut... » répondit-il timidement.
Pour éviter qu'un silence gênant ne s'installe, Tyrion désigna le livre du doigt.
« Je l'ai lu. J'ai beaucoup aimé. »
« Oh... »
Le visage de son modèle se fendit d'un sourire.
« C'est ma sœur qui me l'a acheté. Elle était sûre que ça me plairait et... elle avait raison. J'aime beaucoup pour l'instant. »
Tyrion l'observait avec insistance, fasciné, ce qui le fit rougir lorsqu'il s'en aperçut. C'était donc ça, ce qu'avaient ressenti Cersei et Jaime à chaque fois qu'ils avaient eu une conversation avec leurs alter ego ? Cette attraction irrépressible ?
« Merci, » fit Tyrion-modèle.
Tyrion haussa un sourcil, surpris.
« Je ne peux pas remercier ton Jaime pour ce qu'il a fait pour moi, alors... je te remercie toi. »
Son frère et sa sœur l'avaient probablement mis au courant de ce qu'il s'était passé. Il haussa les épaules.
« Tu n'as pas besoin de me remercier. C'est notre destin, de vous aider. »
« Ce n'est pas parce que c'est votre destin que je ne peux pas vous dire merci. »
Il se demanda si son modèle avait un jour soupçonné la véritable nature de son Jaime et de sa Cersei, s'il savait qu'ils étaient comme lui et les autres pensionnaires de Hautjardin, s'ils étaient d'une certaine manière plus proches de Tyrion que de celui qu'ils considéraient comme leur véritable petit frère, puis jugea qu'au fond, ça n'avait pas grande importance. Il ne lui révélerait pas la vérité – elle resterait enfouie dans les archives du pensionnat et au fond de son cœur. C'était mieux ainsi.
« Est-ce que tu es heureux, ici ? » reprit son modèle.
Tyrion, qui ne s'attendait pas à une pareille question, fut pris au dépourvu, et ne sut que répondre. Il n'avait pas été malheureux, en tout cas, même s'il avait cru pendant des années ne pas être normal. Ironiquement, c'était Cersei-modèle qui avait mis un mot sur ce qu'il pensait être un dysfonctionnement chez lui – asexuel.
Quant à savoir s'il avait été heureux...
Il ferma brièvement les yeux, et deux visages lui apparurent spontanément.
« Cersei et Jaime me rendent heureux. »
Il avait parlé au présent comme si c'était toujours le cas, comme si Jaime allait entrer dans la pièce d'un instant à l'autre et lui ébouriffer les cheveux avec affection. Des larmes lui brûlèrent les yeux. C'étaient ses étoiles à lui qui auraient dû renaître, c'était dans l'ordre des choses, il s'y était préparé, alors pourquoi Jaime avait-il pris sa place ? Pourquoi n'avait-il pas accepté la situation, pourquoi ne l'avait-il pas laissé accomplir ce pour quoi il avait été créé ?
« Il devait t'aimer plus que tout, » souffla Tyrion-modèle.
Tyrion se détourna pour ne pas qu'il le voie pleurer, et sursauta quand il agrippa doucement son bras.
« Je suis désolé... »
Il était sincère, Tyrion le savait, mais cela ne suffit pas à le faire se sentir mieux. Après un triste signe de la main, il quitta la pièce, la tête basse.
Il en vint à espérer que son modèle ait un accident bientôt, pour que ses étoiles puissent renaître et lui permettre de rejoindre Jaime.
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« Tu es sûr que ça va ? »
Cersei-modèle avait répété cette question au moins cinquante fois en moins d'une demi-heure, ce qui fit que Tyrion leva les yeux au ciel, amusé.
« Je vais bien, Cersei. Je te l'assure, » répondit-il avec patience.
Les chirurgiens l'avaient autorisé à faire une promenade à l'extérieur, mais Cersei ne pouvait se défaire de la peur qu'il ne s'écroule à n'importe quel moment. Jaime, s'il ne disait rien, jetait lui aussi des coups d'œils inquiets à leur petit frère.
« Asseyons-nous un moment, d'accord ? » suggéra Cersei lorsqu'ils passèrent devant un banc situé non loin de l'étang.
Tyrion obtempéra de bonne grâce, sans doute davantage pour lui faire plaisir et la rassurer que par réelle fatigue. Elle l'embrassa sur le front et l'enlaça fermement. Combien de fois l'avait-elle fait jusqu'à présent ? Pas assez, mais elle comptait bien rattraper le temps perdu. Jamais plus elle ne le repousserait, jamais plus elle ne l'abandonnerait.
S'il était étonné de ce revirement de comportement, Tyrion n'en montra rien. Elle pouvait voir qu'il était tout simplement aux anges. Jaime posait sur eux deux yeux remplis d'amour.
« C'est une belle journée, » dit-il doucement, fermant les yeux pour savourer la caresse des rayons du soleil sur son visage.
Le climat à Hautjardin était réputé pour être relativement clément toute l'année. Cersei songea avec nostalgie au champ de lavande dans lequel elle avait couru avec Jaime, des années plus tôt. Elle ne le reverrait sans doute jamais. Lorsqu'ils partiraient, il leur faudrait tout laisser derrière eux, y compris le nom et l'héritage que leur avait légués leur père.
Elle posa une main sur son ventre, songeuse, et songea que cela en vaudrait la peine.
« Oh, regardez, » lança Tyrion, les yeux rivés sur le dossier du banc.
Il pointa du doigt une inscription gravée dans le bois : C + J + T.
« Vous pensez que... »
Sa question resta suspendue dans l'air. Jaime acquiesça tristement.
« Oui... c'est probable. »
Tyrion poussa un petit soupir.
« Ils s'aimaient vraiment, hein ? »
Cersei échangea un regard avec Jaime. C'était quelque chose qu'elle avait longtemps refusé de voir mais qu'elle n'était plus en mesure de nier, pas après le sacrifice de Jaime-copie.
« Oui, » confirma t-elle. « Ils s'aimaient vraiment. Comme nous. »
Tyrion se réfugia dans ses bras et ils ne dirent plus un mot.
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La nuit tombait quand Cersei-modèle se dirigea vers la chambre de sa copie. Elle ne l'avait pas vue depuis qu'elle lui avait rendu son carnet. Au fond, elle ne savait même pas pourquoi elle souhaitait lui parler, et elle devait probablement être la dernière personne que son alter ego avait envie de voir. Pourtant, elle continuait d'avancer, le cœur lourd.
Quand elle arriva à destination, elle inspira un grand coup et, après avoir frappé, entrouvrit la porte.
Cersei-copie était allongée sur son lit et lui tournait le dos, un oreiller serré contre elle. Elle pleurait.
« Je peux entrer ? » demanda Cersei.
Sa copie renifla.
« Qu'est-ce que tu veux ? » sanglota t-elle.
Cersei s'avança, la gorge nouée, et s'assit sur le lit. Sa copie ne se tourna pas pour croiser son regard. Les mots lui manquaient. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était désolée, parce que ce n'était pas vrai, elle avait retrouvé Tyrion et elle aurait fait n'importe quoi pour lui sauver la vie, et pourtant... et pourtant...
Elle s'imagina ce le perdre lui aurait fait, et elle comprit ce que sa copie devait ressentir. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était désolée, mais elle comprenait.
« Et toi ? » demanda-elle. « Qu'est-ce que tu veux ? »
Elle comprenait sa douleur et c'était comme si elle se regardait elle-même souffrir le martyr, comme si c'était une part d'elle-même qui lui avait été brutalement arrachée, comme si c'était elle qui agonisait sans être autorisée à mourir.
« Je veux que ça s'arrête, » murmura Cersei-copie d'une voix brisée.
Cersei ferma les yeux un instant, méditant ses paroles, puis se leva.
« D'accord. »
Elle quitta la chambre sans rien ajouter et referma la porte.
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Cersei-copie avait perdu la notion du temps. Combien de temps s'était-il écoulé depuis la mort de Jaime ? Trois ? Quatre ? Elle quittait à peine sa chambre, n'assurait plus ses cours, ne parlait plus à ses amis. Même Tyrion ne parvenait plus à lui arracher le moindre sourire. Au moins, il comprenait sa douleur là où tous les autres ne pouvaient même pas l'imaginer. La nuit, ils se blottissaient l'un contre l'autre et pleuraient jusqu'à tomber de fatigue et sombrer dans l'inconscience.
Cersei savait qu'elle ne serait pas éternellement autorisée à se noyer dans son désespoir. Aerys n'était peut-être plus là, mais cela ne changeait rien. Son empire, lui, demeurait. D'un jour à l'autre, Baelish allait venir frapper à la porte de sa chambre et lui rappeler qu'elle avait une mission à accomplir. Et elle ne pourrait qu'obtempérer, le cœur gros, suivant le destin qui avait été tracé pour elle. Elle voulait que ça s'arrête, comme elle l'avait dit à son modèle, mais c'était un souhait stupide. La fin, pour elle, ce serait la disparition de ses étoiles, et rien d'autre.
Un soir, alors qu'elle revenait des cuisines où elle avait trouvé quelque chose à grignoter – elle avait encore une fois manqué le dîner – elle eut la surprise de voir un énorme sac posé sur son lit. Qui pouvait donc l'avoir déposé ici ? Et que contenait-il ?
Son cœur fit un bond dans sa poitrine lorsqu'elle lut le petit mot qui était posé dessus.
Peut-être que tu es plus qu'une copie.
C.
Fébrile, elle fit glisser la fermeture du sac. Ses yeux s'écarquillèrent devant l'énorme quantité de billets qu'il contenait, plusieurs millions à ne pas en douter. Les sourcils froncés, elle remarqua que le sac contenait autre chose.
Il y avait deux cartes d'identité et deux passeports.
Ils étaient aux noms de Cersei Lannister et Tyrion Lannister.
Abasourdie, elle se laissa tomber sur son lit.
Je veux que ça s'arrête.
Son modèle avait entendu son souhait. Et elle y avait répondu.
Cersei se sentit mal. Une émotion nouvelle se propageait dans ses veines, quelque chose qu'elle n'aurait jamais pensé pouvoir ressentir de nouveau, quelque chose d'interdit et pourtant délicieux...
Elle espérait.
Elle ne savait pas ce pour quoi elle espérait, pas exactement, tout était encore flou dans son esprit, mais elle espérait, et c'était beau.
Comme dotée d'une irrésistible volonté, elle se leva et sortit de sa chambre. Ses pas la guidèrent lentement mais sûrement vers l'infirmerie, qui serait déserte à cette heure tardive.
Et les étoiles renaîtront !
La devise du pensionnat sonnait plus fausse que jamais dans son esprit. Alyssa était morte. Jaime était mort. Peu lui importait que leurs étoiles avaient connu la renaissance aussi promise qu'espérée. Pour elle, elles avaient tout simplement disparu.
Cersei atteignit l'infirmerie et entra sans hésiter. Puis, elle se dirigea vers le tiroir où étaient rangés les scalpels.
Peut-être que tu es plus qu'une copie.
Elle pouvait être plus, beaucoup plus qu'une créature dont le seul but sur cette planète était de garder ses étoiles en bonne santé au cas où son modèle en aurait besoin. Elle voulait être plus.
Sa main gauche se referma sur un scalpel, puis elle le désinfecta, et elle tourna le bras de façon à voir la petite bosse dans le creux de son poignet droit, là où on lui avait implanté une puce lorsqu'elle n'était encore qu'un bébé.
Je ne veux pas te donner mes organes.
Elle l'avait dit, ce mot interdit, maudit, celui qui lui avait valu une gifle et la colère d'Aerys des années plus tôt, ce mot qui n'était soi-disant pas digne d'eux, elle l'avait dit, et elle l'avait pensé. Elle ne voulait pas de cette mission sacrée qu'on lui avait imposée, elle n'en voulait plus.
Elle posa la lame sur son poignet – sa main tremblait. C'était comme si une force invisible la retenait, la faisait encore douter, lui murmurait à l'oreille que ce qu'elle s'apprêtait à faire n'était pas bien, qu'elle devait rentrer dans le rang immédiatement et oublier ces étranges idées qui pullulaient dans son esprit.
Les yeux brûlants d'Aerys l'incendiaient depuis l'au-delà, et elle imaginait sans mal son rictus de satisfaction alors qu'il contemplait l'empire qu'il avait conçu. Les vers du poème Ozymandias étaient comme gravées dans sa mémoire.
Voyez mes œuvres, ô puissants, et désespérez !
Cersei en avait assez, de désespérer. Elle voulait plus, beaucoup plus.
Elle étouffa un gémissement de douleur quand la lame lui entailla la peau.
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Tyrion-copie essayait tant bien que mal de se concentrer sur son livre, sans grand succès. Il pensait sans arrêt à Jaime, et il se sentait trop triste pour pouvoir apprécier sa lecture. Il soupira et le reposa sur sa table de chevet.
Il était tard. Cersei était probablement dans sa chambre. Il était en train de songer à la rejoindre quand elle déboula dans sa chambre et ouvrit son armoire avant de saisir son sac à dos et de fourrer quelques vêtements dedans.
« Cersei... qu'est-ce que tu fais ? »
Il s'approcha d'elle, mais elle l'ignora et continua de remplir son sac.
« Rassemble tout ce que tu veux emporter. On s'en va. »
« Comment ça, on s'en va ? S'en aller où ? »
« Loin d'ici. »
Se désintéressant de son armoire, elle s'approcha de son bureau, sans doute pour voir s'il y avait des choses qu'elle pourrait emporter.
« Cersei ! » l'interrompit-il en l'attrapant par le poignet.
Il sursauta quand il remarqua le bandage ensanglanté qui l'entourait, à l'endroit exact où était censée se trouver sa puce.
« Cersei... »
« Ecoute, » coupa t-elle en l'attrapant par les épaules. « Mon modèle m'a laissé un énorme sac rempli d'argent, avec ses papiers d'identités et ceux de son Tyrion. On peut partir loin et commencer une nouvelle vie. »
« Mais... » protesta t-il. « On ne peut pas partir. On n'est pas censés... »
« On se fout de ce qu'on est censés faire ! » s'exclama Cersei, les larmes aux yeux. « Jaime a fait ce qu'il était censé faire... tout comme Alyssa... Brienne, Selyse, et tant d'autres... et tout ça pour quoi, hein ? »
Elle essuya rageusement ses larmes.
« Je n'attendrai pas bien sagement ici qu'on vienne t'arracher à moi, tu m'entends ? Tu es tout ce qu'il me reste... je ne permettrai pas qu'on te fasse du mal. Je t'en prie, Tyrion, viens avec moi. »
Elle sortit un scalpel de la poche de son pantalon.
« Viens avec moi. »
« Je ne peux pas, » répondit-il, affolé. « Nous sommes des pensionnaires de Hautjardin. Nous avons une mission. Nous... »
« Nous pouvons être tellement plus que ça. »
Cersei l'embrassa sur le front, et ses yeux brillaient étrangement lorsqu'elle reprit :
« Si tu m'aimes... viens avec moi. »
Les yeux de Tyrion s'écarquillèrent sous le choc.
Elle savait.
Bien sûr qu'elle savait. Sans doute le savait-elle depuis longtemps.
Et elle se doutait à raison que, par amour, il était prêt à faire n'importe quoi pour elle, même l'impensable.
La gorge serrée, il lui tendit son bras.
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« Où irons-nous ? » chuchota Tyrion, le cœur battant.
Ils étaient parvenus à sortir du bâtiment sans se faire remarquer. La nuit noire ne semblait attendre qu'une chose, les dévorer tout crus.
« Chez... chez Mme Sorren, pour commencer. Elle habite juste à côté de la bibliothèque... je pense qu'elle acceptera de nous aider. »
« Et ensuite ? »
Cersei plongea ses yeux dans les siens. La tristesse et la détermination s'y mélangeaient.
« Ensuite... on trouvera bien. On se débrouillera. »
L'imagination romanesque de Tyrion lui fit songer que le fantôme de Jaime se tenait là, près d'eux, et leur souhaitait bonne chance, mais ce n'était qu'une chimère. Seul le murmure du vent brisait le silence.
Alors, sans un regard en arrière, Cersei et Tyrion se prirent par la main et disparurent dans l'obscurité.
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« Il y a un problème, » remarqua distraitement Jaime, le nez dans son bol de café.
Cersei et lui étaient descendus prendre leur petit-déjeuner dans le réfectoire avec Tyrion. Tous trois devaient repartir à Port-Lannis dans la matinée – ils allaient enfin rentrer à la maison.
« C'est vrai, » répondit Cersei sur le même ton.
Tous deux avaient en réalité une petite idée de ce qu'était le problème en question, qui poussait Baelish et les gardiens à circuler entre les deux tables pour poser des questions aux pensionnaires présents.
Leur petit-déjeuner terminé, ils réussirent à interpeler Baelish dans le couloir pour en savoir plus.
« Eh bien... deux de nos pensionnaires ont disparu, » grinça t-il.
Parce qu'il la connaissait par cœur, Jaime devina le petit sourire en coin qui se dessina sur les lèvres de Cersei.
« Vraiment ? Je croyais que vous pouviez les localiser en permanence. »
Il se mordit la lèvre.
« Il... il semblerait qu'ils aient arraché leur puce. »
Après un silence de quelques secondes, il reprit.
« Nous allons les retrouver, c'est une quasi certitude. Mais... autant être honnête avec vous : il s'agit de vos deux copies, » soupira t-il en pointant Cersei et Tyrion du doigt.
« Je vois. »
Le ton de Cersei était aussi neutre que possible.
« Dans le cas exceptionnel où nous n'arriverions pas à leur mettre la main dessus... soyez assurés que nous lancerons la fabrication de nouvelles copies et... »
« Non, » l'interrompit calmement Jaime.
Interdit, il braqua son regard sur lui.
« Je vous demande pardon ? »
« Nous ne souhaitons pas renouveler notre adhésion au programme Supernova. Si vous vous voulez bien nous excuser, nous devons faire nos bagages. Bonne continuation, M. Baelish. »
Et ils le plantèrent là, se détournant de son air médusé.
« Ils ne les rattraperont pas, » fit Cersei un peu plus tard, alors qu'elle refermait sa valise. « Je le sais. »
« Ce que tu as fait... c'était bien, » lui glissa Tyrion avant de l'enlacer.
Jaime acquiesça, lui sourit avec tendresse et l'embrassa sur le front.
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Il était un peu plus de dix heures lorsque Jaime referma le coffre de la voiture. Après plus de deux semaines passées au pensionnat de Hautjardin, il était temps pour eux de partir.
Tyrion, déjà installé dans la voiture, était plongé dans le livre que Cersei lui avait acheté. Celle-ci, appuyée contre la portière, contemplait le ciel d'un air songeur.
« Jaime ? »
« Oui ? »
« Quand... quand on sera loin d'ici... j'aimerais voir un psy. »
Après avoir passé tant de temps à garder tous ses problèmes et ses tourments pour elle, elle admettait finalement avoir besoin d'aide. La gorge nouée, Jaime acquiesça et la serra contre lui.
« D'accord, » répondit-il simplement.
« Tout... tout ira bien, n'est-ce pas ? »
Il pressa son front contre le sien et posa une main sur son ventre.
« Nous sommes ensemble... alors tout ira bien. »
Après un dernier regard brillant d'amour, ils montèrent dans la voiture. Avant de démarrer, ils jetèrent un œil par-dessus leur épaule. Tyrion, toujours absorbé par son livre, sentit leur regard et releva la tête.
Il leur sourit, et ils lui sourirent en retour.
Jaime démarra. Sur le petit chemin qui menait aux grilles, ils croisèrent une ambulance qu'ils remarquèrent à peine, absorbés par leurs pensées. Cersei se pencha vers lui et l'embrassa sur la joue.
« Je t'aime. »
Son cœur fit des bonds dans sa poitrine et il se sentit plus léger.
« Je t'aime aussi. »
Rien n'était plus beau que d'être ensemble.
Ainsi, Cersei, Jaime, Tyrion laissèrent le pensionnat de Hautjardin derrière eux pour se diriger là où l'avenir les porterait.
Je n'exclus pas d'écrire un jour une suite, alors faites-moi signe si ça vous intéresse :).
