Bien le bonjour/bonsoir ! Bienvenue aux nouveaux lecteurs et un GRAND merci pour les commentaires que vous avez laissé. Ca fait très plaisir et c'est très encourageant. Pour info, je ne poste pas forcément chaque semaine. Ce n'est pas régulier, mais plutôt lié à mon temps libre et à mon humeur. Mais je pense bien à vous et je fais au plus vite. D'ailleurs, je vous laisse lire ! A bientôt !


« Je pense que les nés-moldus sont responsables. » dit brusquement Drago.

Severus leva les yeux depuis l'endroit où il était train de remuer le contenu d'un petit chaudron.

« Ah ? » demanda-t-il en serrant si fort son ustensile qu'il était sur le point de casser.

« Et bien, Gryffondor- »

La lèvre de Severus se retroussa lorsqu'il prononça le nom de l'homme qui – si tout se passait selon les souhaits de Narcissa – avait donné son nom à la future Maison de Drago.

« -a promis qu'ils resteraient amis – frères même – mais il n'a pas tenu sa promesse, pas vrai ? »

Severus remplit une fiole de potion – qui était plutôt un liquide brumeux – et le déposa avec le reste dans un grand pot qu'il scella et envoya sur son bureau.

« Non, en effet. » confirma Severus.

« Il a juste rejeté son meilleur ami. »

« En effet. »

« Et c'est à cause des nés-moldus, dit Drago sur un ton moqueur. Gryffondor et Serpentard étaient de bons amis et ils étaient puissants, et les nés-moldus se sont placés entre eux. Ils n'avaient pas le droit de faire ça. Ils auraient du rester en dehors des affaires sorcières, parce qu'on dirait qu'ils gâchent tout. »

« Pourquoi les nés-moldus ? » demanda Severus.

« Exactement. » dit Drago, l'air satisfait de lui-même.

Ton éducation ressort, Drago, pensa dédaigneusement Severus.

« Non, lança Severus en plaçant une fiole dans sa poche. Ce que je voulais dire, c'est : pourquoi les nés-moldus sont différents ? »

« Ils ont un sang dég- »

« Si tu finis cette phrase, cracha Severus. Je vais te forcer à échantillonner tous les ingrédients de potions, que tu réorganiseras la prochaine fois que tu viendras. »

« Mais ils d- »

« Mes étagères contiennent des cerveaux de paresseux, du venin d'acromentules et des ongles de pieds de troll en poudre. » dit bruyamment Severus.

Drago referma la bouche, l'air malade.

« Viens ici. »

Drago se mit à bouder.

« Je ne l'ai pas dit- J'ai arrêté- »

« Maintenant. » dit Severus.

Et Drago sauta de sa chaise comme s'il avait été brûlé et s'approcha avec réticence. Après deux pas, ses épaules se tendirent et il redressa le menton, apparemment résigné face au sort que Severus lui réservait. Severus n'avait aucune intention de lui lancer quelque chose de vil, mais il comptait bien donner une leçon à son filleul qui, par chance, resterait gravée pour le reste de sa longue vie.

« Donne-moi ta main. »

Drago la tendit et Severus attrapa le poignet du garçon, le rapprochant.

« Que- »

« Sectum. » dit Severus en agitant sa baguette.

Drago ouvrit la bouche et laissa échapper un son proche du couinement, attrapant sa main blessée. Severus répéta le sort sur sa propre main, grimaçant car cela faisait mal, avant de poser sa main sur ses genoux et d'attraper à nouveau le poignet de Drago.

« Aïe, dit piteusement Drago. Vous m'avez coupé ! »

« Ma mère vient d'une lignée de Sang-Pur aussi impressionnante que la tienne, dit Severus en ignorant sa réflexion et plaça sa main près de celle de Drago. Mon père était un moldu. »

Drago laissa échapper un son encore plus bruyant que lorsque Severus lui avait coupé la main.

« Selon ta théorie, je devrais avoir un sang sale. Est-ce que mon sang te paraît sale ? »

« N- non. » dit faiblement Drago en regardant leurs mains, avant de détourner les yeux.

Il avait l'air un peu dégoûté.

« Est-ce que le mien est plus foncé ? Il est marron, comme la boue ? Est-ce que le tien brille comme des rubis en comparaison ? »

« N- non. » couina Drago.

Severus avait déjà vu des fantômes avec plus de couleurs. Severus le relâcha et attrapa sa baguette pour soigner sa propre paume. Celle de Drago, en revanche, il ne la guérit que partiellement. La plaie n'allait ni se rouvrir, ni s'infecter, mais la peau n'était pas aussi bien réparée que celle de Severus. Il resterait une cicatrice sur la main de Drago.

Drago se laissa tomber sur le sol, fixant la ligne rose sur sa main, et Severus se demanda pendant un instant s'il n'avait pas été trop dur. Il repoussa rapidement cette idée. C'était quelque chose dont Drago aurait besoin de se rappeler s'il rejoignait le Seigneur des Ténèbres, alors au moins il comprendrait qu'il massacrait des gens, pas des animaux et s'il se souvenait de ça, alors peut-être que ce serait plus facile d'encourager Drago à rejoindre Dumbledore.

« Je vais te redemander, dit Severus en brisant le silence. En te basant sur ce nouvel … éclaircissement, qu'est-ce qui – les sorciers soit-disant convenables – nous rend supérieurs aux nés-moldus ? »

Drago resta silencieux et Severus en fut satisfait, car cela voulait dire que Drago y réfléchissait sérieusement.

« Nous en connaissons plus sur la magie, dit-il finalement, la tête toujours baissée. Ils ne pensent pas à utiliser leur baguette pour des tâches simples comme nous le faisons et ils ne connaissent aucun sort avant d'aller à l'école- »

« Tu connais des sorts actuellement ? » demanda Severus.

« J'en connais quelques-uns, se défendit Drago. Je n'ai pas encore de baguette, alors- »

« Alors ton éducation magique n'a pas encore commencé. Et j'ose dire qu'elle ne commencera pas avant que tu poses les pieds dans le Poudlard Express pour la première fois. »

« J'imagine. » marmonna Drago.

Et Severus fut soulagé qu'il n'ait pas suggéré que les nés-moldus apprenaient plus lentement ou quelque chose d'aussi ridicule.

« Est-ce qu'ils sont aussi puissants ? Nous sommes sorciers depuis plus longtemps, alors- »

« J'ai connu des sorciers et des sorcières très puissants, de toute origine. »

« Leur allure, alors. » dit Drago avec assurance.

« Tu peux deviner une origine avec une allure ? demanda Severus en affichant un air épaté et moqueur. Alors je suis impressionné par ton talent d'acteur. Tu semblais vraiment surpris quand je t'ai révélé la vérité sur mon père. »

Drago se mit à rougir.

« Alors, c'est quoi la différence ?! » demanda-t-il.

« Tu n'as pas encore compris ? » demanda Severus en arquant un sourcil.

Drago le fusilla du regard.

« La différence, Drago, entre un né-moldu et un Sang-Pur, c'est que l'un a des parents sorciers et l'autre non. »

« Ça- Non, ça ne compte pas. »

« Alors, je suppose qu'il n'y a aucune différence. »

Severus lança un sortilège pour remplir son chaudron avec de l'eau savonneuse et fit apparaître une brosse dure pour le frotter.

« Aucune ? demanda Drago, l'air énervé. Mais- s'ils ne sont pas différents, alors c'est quoi le problème avec eux ? »

« Qui a dit qu'il y avait un problème ? » demanda sèchement Severus.

« Vous ne pensez pas qu'il y en a un ? » s'écria Drago en croisant ses bras.

« Je crois que mon opinion importe peu, dit Severus. Tu devrais être libre de tirer tes propres conclusions sur cette question. »

« Alors pourquoi- »

« Parce que, Drago, pour pouvoir tirer des conclusions, il faut avoir toutes les informations, pas juste une partie des informations. »

Drago le foudroya du regard, mais Severus pouvait voir qu'il digérait tout ce qu'il avait appris. Severus lui avait donné le livre sur les Fondateurs avec l'intention de lui apprendre plus de choses sur le conflit, ses causes et ses potentielles conséquences, ainsi que pour le laisser un peu respirer. Et bien sûr, pour lui apprendre qu'il y avait toujours deux côtés dans un conflit. Il n'avait pas prévu que ça deviendrait une leçon sur les préjugés. Mieux vaut tard que jamais, je suppose.

« Tu es prêt à rentrer à la maison ? »

« Oui, dit-il, boudeur, avant de s'illuminer. Je peux prendre le livre ? »

« Bien sûr, dit Severus, et Drago s'empressa d'aller le chercher. Mais je veux le récupérer demain. »

La main de Severus passa sur sa poche pour s'assurer que la potion Occlusive était toujours là et une partie de son anxiété – qui avait disparu lorsqu'il préparait la potion et quand il débattait avec son filleul – revint. Il était juste heureux que ce soit samedi, car il n'était pas vraiment en état pour s'occuper de plusieurs enfants aujourd'hui.

« Tu penses que ta mère sera à la maison cet après-midi ? »

« Père est occupé au Ministère. » dit Drago.

« Ce n'est pas ce que j'ai demandé. »

« Mère ne fait pas de politique. » dit Drago avec un rictus.

Severus toussa, dissimulant un ricanement.

« Alors oui, évidemment qu'elle sera là. Donc si, j'ai répondu à la question. »

« On y va alors ? » demanda Severus en ouvrant la porte de son bureau.

Son cœur tambourinait presque douloureusement dans sa poitrine. Les choses que je fais pour toi, Lily …

« Mais d'habitude, Dobby vient- Attendez, on ? »


La cloche du portail du Manoir retentit et Narcissa leva la tête. Dans le siège près d'elle, Hydrus détourna immédiatement ses yeux, bleus clairs comme ceux de Narcissa, des cartes du ciel qu'ils étaient en train de regarder.

« Ce n'est pas parce que je ne suis pas là que ça veut dire que tu as terminé. » dit-elle en tendant la main dans le but de la passer dans les cheveux de son fils aîné.

Avant de le faire, elle s'en empêcha. Hydrus n'apprécierait pas le geste.

« Je m'attends à ce que tu sois encore là quand je reviendrais. Je suis claire ? »

« Oui, mère. » dit-il, boudeur.

Elle lui lança un regard approbateur – celui qu'elle recevait de sa propre mère quand elle était enfant – et sortit de la pièce.

Elle croisa McKinnon et le fils Potter dans le couloir – revenant probablement des cuisines – tandis qu'elle descendait. Le jeune Potter la regarda curieusement – ils n'avaient pas encore reçu un seul visiteur au Manoir depuis son arrivée – mais McKinnon l'attira dans le patio avant qu'il puisse montrer d'autres signes de curiosité.

Ses invités patientaient devant la porte d'entrée, plutôt que devant le portail – cela la surprit, car seul un Malefoy ou Dobby pouvait ouvrir le portail. La raison devint rapidement claire lorsqu'elle ouvrit la porte et tomba sur Drago et Severus.

« Mère. » dit Drago en s'avançant.

Il l'étreignit – un peu étrangement, car il avait un gros livre sous le bras – avant de s'éloigner, de descendre les marches et de contourner le Manoir. Narcissa imagina qu'il allait chercher un arbre où s'asseoir pour lire.

« Severus, dit-elle poliment. Tu espérais voir Lucius- »

« Drago m'a dit qu'il est avec le Ministre, à se préparer pour demain, répondit Severus en touchant sa poche de façon distraite. Mais ça n'a pas d'importance j'espérais te parler. »

Les yeux de Narcissa se posèrent sur l'endroit où Drago avait disparu l'instant d'avant, avant d'acquiescer et de s'écarter pour le laisser entrer.

« Hydrus ! appela-t-elle. La leçon est terminée ! »

Elle ne voulait pas qu'il reste assis là-bas tout seul, car elle ne savait pas combien de temps ça allait lui prendre.

« Le bureau de Lucius est libre. » dit-elle.

Severus passa devant elle et se dirigea dans cette direction, tandis qu'elle fermait la porte derrière elle.

« Comme ça se passe avec ton … invité ? » demanda Severus, alors qu'ils marchaient.

« Lequel ? » demanda Narcissa, arquant un sourcil.

« Potter. » lâcha Severus, en prononçant le nom comme s'il était explosif.

« Comme je le craignais et comme je l'espérais, répondit-elle doucement. Très poli, même si je ne pense pas qu'il aime vraiment être ici. Calme, mais tout en lui est Gryffondor, je pense, si l'incident avec le Kelpie en est une preuve- »

« Le Kelpie ? »

« Drago ne te l'a pas dit ? » demanda-t-elle.

Le visage de Severus resta impassible.

« Potter a sauvé notre petit ami le rat. » dit Narcissa d'une voix pas plus forte qu'un murmure, en ouvrant la porte du bureau de Lucius.

« D'un Kelpie ? bafouilla Severus, l'air ébahi. Mais- »

« Il lui a jeté un sort ou du moins, c'est ce que je crois, dit Narcissa, fermant la porte derrière Severus. Le garçon est plutôt courageux. »

Severus lui lança un regard sombre, s'étant apparemment remis de sa surprise, ou du moins s'étant assez remis pour la cacher. Courageux et adorable, ajouta-t-elle dans sa tête. Potter était le genre d'enfant qu'elle pourrait aimer, si elle n'était pas prudente.

« En effet. » dit platement Severus, avant de se taire pendant un long moment.

Narcissa s'assit derrière le bureau, sur la chaise de Lucius, et Severus avança sa propre chaise.

« Tu es certaine que c'était Pettigrow ? » demanda finalement Severus.

« Certaine. » dit froidement Narcissa.

Severus eut l'air soucieux.

« De quoi voulais-tu parler ? »

« Drago ne peut pas te faire confiance ? » demanda Severus avec une voix de velours.

Narcissa n'avait pas de raison de douter de lui, mais d'une façon ou d'une autre, elle ne crut pas que c'était pour ça qu'il était venu.

« Non. » dit Narcissa, tirant sur un fil argenté qui dépassait d'une broderie sur sa manche.

« Je peux demander pourquoi ? »

Narcissa leva la tête, un coin de ses lèvres se relevant comme pour sourire.

« Tu peux, dit-elle. Mais je ne te promets pas une réponse honnête. Après tout, si mon fils ne peut pas me faire confiance, peux-tu le faire ? »

« Je ne suis pas d'humeur pour des jeux d'esprit, Narcissa. » dit Severus, irrité.

Elle haussa un sourcil. Sa vie entière n'était plus que jeux d'esprit, ces temps-ci.

« Pourquoi ? »

« Ça ne te concerne pas. » dit-elle finalement, incapable de regarder le Maître des potions dans les yeux.

Il avait beau prétendre qu'il était du côté de Dumbledore, Severus appartenait au Seigneur des Ténèbres. Il ne le prendrait pas bien si elle avouait que c'était pour ouvrir l'esprit de Drago à l'idée de rejoindre le camp de Dumbledore. Elle avait probablement des années d'avance dans son avertissement à Drago, mais quelque chose lui avait dit que c'était mieux de planter cette graine au plus tôt, même si elle restait dormante pendant quelques années encore.

« Alors pourquoi moi ? demanda-t-il. Pourquoi peut-il me faire confiance et pas à toi ? »

« Tu es son parrain et son professeur. » dit-elle.

Elle arqua un sourcil.

« Et, admit-elle à voix basse. Je ne peux pas me résoudre à détruire toutes ses croyances dès aujourd'hui. Il a encore besoin- de quelqu'un- »

« Et si je ne suis pas ce quelqu'un ? » demanda Severus sur un ton énervé.

« Tu as survécu à la guerre, dit finalement Narcissa, replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille. C'est pour ça. Le but, c'est la survie de Drago, tu te souviens ? »

C'est de donner à l'un de mes fils un choix, et lui donner les compétences qu'il aura besoin pour ne pas se faire tuer. Il y avait aussi une grande chance que Drago tourne le dos à Severus avant que tout soit fini. Et si Severus faisait correctement son travail et que Drago changeait de camp, alors il n'en saurait pas plus que Narcissa.

« Je n'aime pas ça. »

« Je ne te le demande pas. »

« Non, mais tu as demandé tout le reste. » dit Severus avec une voix presque amusée.

Le sourire de Narcissa était vide. Elle pensait que Severus, à un certain niveau, comprenait que Narcissa l'utilisait seulement pour protéger Drago, mais par chance, il ne l'avait pas encore parfaitement réalisé.

« C'est tout ce que tu voulais ? » demanda-t-elle.

Severus commença à se lever.

« Oui, c'est tout ce que j'étais venu demander, dit-il. Je n'ai pas reçu les réponses que j'espérais, mais arrivé là, je pense que j'aurais du m'en douter. »

« Probablement. » confirma Narcissa en se levant également.

« Tu seras là demain ? » demanda Severus en montrant un exemplaire plié de la Gazette sur le bureau de Lucius.

Narcissa pencha la tête pour le lire.

« Au procès ? demanda-t-elle. Non. Lucius emmènera Potter- »

« Et le ramènera ensuite ? »

Narcissa grimaça. Elle n'avait encore rien trouvé pour empêcher cela d'arriver, mais elle savait que les chances que Sirius soit innocenté étaient minces. Lucius travaillait avec Fudge pour s'assurer que Sirius ne soit pas libéré. La seule chose qu'elle avait été capable d'imaginer avait été de livrer Pettigrow, mais malgré des heures de réflexion sur la question, elle n'était toujours pas convaincue que c'était la meilleure solution pour elle. Livrer Pettigrow l'amènerait à être interrogé et Narcissa était impliquée. Elle avait hébergé le rat pendant un an.

Si Pettigrow était retrouvé, il serait condamné à Azkaban et elle et Lucius iraient l'y rejoindre. Et même si elle ne voulait pas élever Potter, elle préférait ça plutôt que de s'asseoir à Azkaban entre son mari et sa sœur.

« Probablement. » dit Narcissa, de mauvaise humeur.

Severus acquiesça, comme si elle venait de lui confirmer quelque chose, et il tendit la main vers la poignée. Sa main n'y arriva pas, cependant.

« Severus ? »

« Et si Pettigrow va au procès ? » demanda-t-il sèchement, comme s'il venait juste de réaliser quelque chose.

« Quoi ? » demanda Narcissa, dubitative.

Elle n'était pas sûre que Pettigrow puisse avoir une once de générosité en lui.

« Severus, tu sais combien c'est ridicule- »

« Potter l'a sauvé. » dit platement Severus en touchant de nouveau sa poche.

Narcissa se demanda si c'était une nouvelle habitude ou s'il le faisait de manière délibérée. Narcissa le fixa, ne le suivant pas.

« Qu'est-ce que tu sais sur les dettes de vie ? »


« Tu es rentré quand ? » demanda Harry en levant la tête, lorsque Drago apparut près du Manoir.

« A l'instant, dit-il. Bouge, s'il te plaît. »

« Po- »

« Bouge, Potter. » dit Drago, agacé.

McKinnon eut l'air de vouloir intervenir, mais Harry se contenta de poser les yeux sur ceux de Drago, impassible.

« Tu bloques mon arbre. »

« Désolé. » dit Harry en levant les yeux au ciel.

Pour autant, il bougea un peu. Drago regarda l'endroit où il avait été assis avec un rictus, mais il s'assit quand même et ouvrit son livre.

« Pourquoi vous êtes passés par la porte ? Pourquoi vous n'avez pas juste transplaner ? » demanda Harry.

« Severus voulait parler avec Mère. » dit Drago en tournant les pages.

Il s'installa un peu mieux dans l'herbe et ses yeux se posèrent sur le livre. Severus … Rogue ? se demanda Harry, ses yeux écarquillés. Que fait Rogue ici ?

« Qu'est-ce que tu lis ? » demanda McKinnon.

« C'est un livre sur l'histoire des Fondateurs. » dit Drago sans lever la tête.

Harry jeta un œil à la maison, puis à McKinnon, qui avait l'air intrigué.

« C'est intéressant ? » demanda Harry sur le ton de la conversation.

« Non, Potter. C'est affreusement ennuyeux et je le lis pour m'amuser. »

Drago leva la tête pendant un instant, arborant une expression de curiosité si sincère que Harry fut momentanément distrait de ses pensées sur Rogue.

« Tu es vraiment si bête que tu dois demander ou- »

« Tais-toi, Malefoy. » dit Harry en le fusillant du regard.

« J'ai touché une corde sensible, Potter ? »

« Non. » répondit Harry en levant les yeux au ciel.

Drago l'observa pendant un instant.

« Quoi ? » s'exclama Harry.

« J'essaye de voir si tu mens ou pas. »

« Euh … D'accord. » dit Harry.

Il devrait pourtant être habitué aux diverses personnalités de Drago maintenant. Il secoua la tête et se leva.

« Où tu vas ? » demanda McKinnon.

« Reste ici. » lui dit Harry avec une voix plus sèche que nécessaire.

McKinnon eut l'air blessé et résigné.

« Je vais juste aux toilettes. »

« Tu penses qu'il ment ? » entendit-il dire Drago sur un ton perplexe.

Harry n'entendit pas la réponse de McKinnon. Il passa par le patio, se glissa à travers les portes de derrière, avant de se rendre dans le couloir. Si Rogue et Mme Malefoy parlaient, ils se trouveraient soit dans la bibliothèque ou dans le bureau de M. Malefoy, et le bureau au moins se trouvait près de la salle de bain.

Oui, pensa Harry en entendant la voix de Rogue à travers les portes fermées du bureau.

« -ent existent si l'une ou les deux parties sont conscientes de l'existence de cette dette. »

« Et c'est possible ? » demanda Mme Malefoy à voix basse.

Harry avait du mal à l'entendre.

« Qui sait ce que Black a dit à Potter. Et Pettigrow- »

Harry inspira brusquement et s'approcha aussi près de la porte qu'il le pouvait.

« -a prouvé plus d'une fois qu'il ne fallait pas le sous-estimer. C'est un fou, mais ce n'est pas un idiot. »

« Alors s'ils le savent – si l'un d'eux sait, Potter pourrait lui faire faire n'importe quoi ? »

La respiration de Harry se bloqua.

« N'importe quoi, répéta sinistrement Rogue. Il mourrait si Potter le lui demandait- »

Harry entendit des bruits de pas et eut juste assez de temps pour courir jusqu'à la salle de bain de l'autre côté du couloir. Il en sortit, faisant mine de se sécher les mains sur son pantalon et tomba sur McKinnon.

« Tu es là. » dit-elle.

« Où est-ce que tu veux que je sois ? » demanda Harry.

Son esprit était ébranlé. Qu'était ce pouvoir qu'il avait apparemment sur Peter ? Et où était-il ? Visiblement, Rogue et Mme Malefoy le savaient, ce qui voulait dire que Rogue avait menti lorsqu'il avait dit à Patmol qu'il ne savait pas où trouver Peter. Et même si Harry n'aimait pas Rogue, il se sentit trahi. Rogue avait semblé – à son étrange façon plutôt inquiétante – concerné par la sécurité de Harry, mais apparemment, c'était faux. Harry serait plus en sécurité si Peter était à Azkaban, mais Rogue n'avait rien fait pour ça.

« Tu veux retourner dehors ? »

« Bien sûr. » dit-il.

Il la suivit jusqu'à l'arbre où Drago était assis. Drago ne sembla pas les remarquer et Harry s'assit sans dire le moindre mot à McKinnon, ses pensées sur Rogue et sa trahison tournant dans sa tête.

Harry décida d'y penser plus tard et de se concentrer sur la question principale : Peter. La façon dont Rogue et Mme Malefoy en avaient parlé lui faisait dire qu'il était connecté à eux – Rogue avait eut l'air inquiet quand il avait dit que Harry pouvait demander n'importe quoi à Peter. C'était même possible qu'il soit tout proche, mais Harry en doutait. Il savait, d'après d'anciennes photographies, à quoi Peter ressemblait, mais à moins qu'il était déguisé en Dobby ou quelque chose comme ça, Harry ne voyait aucun homme traîner dans le coin.

C'était aussi possible qu'il soit transformé en rat, mais bien que Harry avait été d'abord méfiant à propos de Bosworth et Roquefort, ils étaient trop foncés pour correspondre à la couleur claire de Peter et plus important encore, aucun d'eux n'avait de doigt en moins. Se cacher à la vue de tous était possible – peut-être que Peter avait réussi à faire repousser son doigt et peut-être qu'il y avait des sortilèges pour assombrir le pelage – mais de l'héberger en tant qu'animal de compagnie ? Les Malefoy étaient des gens prudents – Patmol l'avait dit et Harry l'avait aussi remarqué pendant son séjour – et cacher Peter dans le Manoir semblait trop risqué.

Il était certainement caché dans un endroit isolé – peut-être que les Malefoy lui avaient acheté une maison ou quelque chose comme ça ? Ou peut-être que Peter se trouvait à l'étranger, à la recherche de Voldemort, et qu'il gardait contact avec M. Malefoy ? Harry aurait voulu le savoir. S'il avait Peter, Patmol n'aurait même pas besoin de subir son procès demain. Il serait relâché sur le champ.

Harry aurait souhaité que Patmol ou Lunard – de préférence, les deux – soit là avec lui. Ils auraient su quoi faire de ça, ils auraient pu l'utiliser d'une façon ou d'une autre.

Seulement, ils ne sont pas là, pensa Harry, boudeur. Ensuite, il serra la mâchoire. Je suppose que c'est à moi de me débrouiller, alors.


Narcissa se recula dans la chaise de son mari, un regard de réflexion intense sur son visage. Severus patientait. A l'extérieur, il avait l'air nerveux- inquiet même. A l'intérieur, il se sentait méfiant, plein d'espoir, et par-dessus tout, ennuyé que ce soit nécessaire.

« Tu es certain que ça se manifestera de cette façon ? demanda Narcissa. Tu disais que ces dettes n'étaient valides que si l'une ou les deux parties étaient conscientes de leur existence- »

« L'un d'eux pourrait l'être. » dit Severus.

« Mais s'ils ne sont pas- »

« Peut-on vraiment se permettre de prendre le risque ? » demanda Severus.

Narcissa se mordit la lèvre.

« Dans tous les cas, rien de bon ne peut sortir de ça. Pettigrow ne sera probablement pas d'accord de se livrer- »

« Alors- »

« -mais s'il l'est, je ne suis pas le seul qui perdra tout. »

« Tu as raison. »

C'était dit à voix basse, mais sur un ton déterminé. Severus se donna une tape mentale sur le dos et essaya de ne pas paraître trop satisfait.

« Malheureusement. » dit-il en arborant son air le plus sérieux.

Les yeux de Narcissa croisèrent les siens et il cligna des yeux une fois, délibérément, avant de se retourner vers la fenêtre. Un paon albinos passa tout prés. Severus secoua la tête et se retourna vers elle.

« Alors, que faisons-nous ? »

« J'ai pris connaissance de ce problème en même temps que toi. » dit-il.

Et c'était vrai. Il avait seulement pensé à cette idée de dette de vie quelques minutes plus tôt. Et merci Merlin pour cela. Pettigrow allait avoir besoin d'être … soulagé de plusieurs souvenirs, mais jusqu'à présent, Severus n'avait aucune idée de la façon de procéder. Il allait sans doute devoir rentrer par effraction, enlever le rat et Hydrus par la force. Avec Narcissa aux commandes, cela pourrait être évité.

« Peut-on- est-ce qu'il y a un moyen pour le lui faire oublier ? »

« Comme un sortilège d'Amnésie ? » demanda Severus avec une voix de velours.

« Le sortilège d'Amnésie peut être brisé, dit-elle. Severus, l'esprit est ton domaine d'expertise. Il doit y avoir quelque chose- »

« Peut-être que oui. »

Severus se leva et s'approcha à nouveau de la fenêtre, pour ne pas qu'elle puisse lire le soulagement sur son visage. Narcissa était silencieuse, lui laissant l'occasion de réfléchir.

« Il y a une potion qui peut être administrée et utilisée en plus de la Légilimancie pour compartimenter l'esprit d'un sujet. Pettigrow se souviendra de tout, mais l'information sera enfermée dans son esprit. Elle ne sera pas autorisée à en sortir, ni de façon verbale, ni de façon visuelle et il sera tout aussi impossible de la lui forcer. »

« Ça peut être brisé ? »

« C'est permanent. » annonça Severus en la regardant par-dessus son épaule.

« Je n'en ai jamais entendu parler. » dit Narcissa.

« C'est une partie complexe de la magie, plutôt obscure. » lança Severus.

Par chance, elle recula. Severus n'avait aucune intention de lui dire qu'il avait passé les derniers jours à l'inventer.

« Combien de temps pour la préparer ? » demanda-t-elle.

« Dix-sept heures, dit-il, la faisant lever un sourcil. Mais avec un peu de chance, je vais pouvoir en trouver sur mes étagères. »

Sa main caressa à nouveau la fiole dans sa poche. Il l'avait amené avec lui au cas où ça aurait été nécessaire, mais à présent que Narcissa était de son côté, ce serait facile de prétendre repartir pour aller la chercher.

« Tu en as ? »

« Je l'espère, répondit-il. Pendant que j'y retourne, trouve le rat et amène-le ici. J'aurais besoin de plusieurs heures pour naviguer dans ses souvenirs et ancrer la potion dans les bons. »

Narcissa inclina la tête.

« Je prévois d'utiliser quelque chose de large, comme le Manoir et sa propriété. La potion devrait ensuite piéger les souvenirs qui s'y rapportent et si je le fais correctement, elle devrait aussi placer les souvenirs futurs sous cloche. »

« Et qu'en est-il des moments où il quitte la maison ? »

« Réfléchis, conseilla Severus. Essaye de te souvenir des fois où il est parti et décris-les moi pour que je sache ce que je dois chercher. »

Il fit volte face et s'élança vers la porte.

« Je serais de retour dans une heure. »


Peter cligna des yeux en se réveillant et il laissa échapper un léger couinement d'inquiétude. Sa tête lui faisait mal et son nez sensible était obstrué par quelque chose qui sentait un peu comme une fumée humide. C'était désagréable. Peter ne pouvait pas non plus se souvenir des dernières heures. La dernière chose dont il se rappelait, il recevait un morceau de biscuit de la main de Narcissa et ensuite … rien. Peter ne se souvenait de rien. Sa tête lui faisait mal. Il descendit de son lit de velours et scruta Hydrus depuis la table de chevet. Il ronflait doucement dans son propre lit, inconscient à ce qui se passait autour.

Peter renifla sa fourrure et fronça le nez. Il sentait la fumée et Rogue. Que faisait Rogue ici et pourquoi, au nom de Merlin, avait-il voulu voir Peter ? Il n'était pas sûr de vouloir le découvrir. Rogue avait été un Mangemort, oui, mais il n'avait jamais vraiment aimé Peter et il était l'animal de compagnie de Dumbledore depuis aussi longtemps que Peter avait été celui de Percy. Qui pouvait être sûr de savoir à qui il était fidèle désormais ?

Peter tourna à nouveau les yeux vers Hydrus et glissa hors de sa boîte-lit. Un étrange petit saut – chute – plus tard et Peter se trouvait sur le lit de Hydrus. Ce ne fut qu'une affaire de glissade maladroite pour qu'il passe des draps au sol. Hydrus grogna et se retourna. Peter se mit à courir vers la porte. Il n'avait que quelques mètres à faire, mais il était essoufflé une fois arrivé là. Il était plus en forme en tant que Bosworth qu'il ne l'avait été en tant que Croûtard, mais c'était quand même une longue distance à parcourir pour un si petit animal. Peter aurait pu la parcourir en quelques pas.

Le couloir fut plus aisé – il ne s'embêta pas à courir – et il se contenta de marcher dans l'ombre près des belles plinthes de bois. Les escaliers étaient une autre affaire encore. Peter détestait encore plus les escaliers en tant que Queudver qu'il ne les détestait en tant qu'humain, mais Peter et Queudver choisiraient toujours tous les deux la descente plutôt que la montée. Il devait avoir l'air drôle, à se glisser maladroitement d'une marche à l'autre. C'était le genre de choses que ses anciens amis auraient trouvé amusant. Il pouvait presque imaginer leurs rires.

Peter savait comment gérer ça cependant. Il l'avait fait pendant des années. Il s'arrêta pour nettoyer ses moustaches, avant de descendre la dernière partie des escaliers. Leurs voix étaient toujours dans sa tête quand il atteignit le rez-de-chaussée, mais les voix n'étaient pas vraiment nouvelles pour lui. Elles avaient été présentes avec lui pendant des années, apparaissant aisément quand il était stressé ou qu'il doutait de lui.

Régulièrement donc. Il pouvait gérer les démons dans sa tête. Il avait de l'expérience. C'était les voix à l'extérieur – les Malefoy et Rogue – qui pouvaient le blesser. Remus était encore pire, car il vivait à l'intérieur et à l'extérieur. Remus, l'ami qui lui faisait confiance, qu'il avait trahi, l'ami qui essayerait sûrement de tuer Peter s'il apprenait la vérité. Oui, Remus était terrifiant.

Et pourtant, Remus n'était rien en comparaison à Sirius. Sirius connaissait la vérité et Sirius avait essayé de le tuer. La partie la plus effrayante de tout ça était qu'il ne blâmait pas Sirius. Sirius faisait probablement ce qu'il fallait. Peter n'avait pas été un homme bien depuis très longtemps, mais il savait quand même à quoi ressemblait la bonne chose à faire. Il savait aussi qu'il voyait tout le contraire quand il se regardait dans le miroir. Il se voyait en vie, contrairement à Lily et James. Il voyait l'arrestation de Sirius dans le journal et les nouvelles concernant son imminent procès. Il voyait-

Harry.

Harry rassemblait toutes les erreurs que Peter avait jamais faite.

Harry était le garçon qui avait survécu, car Lily, James et le Seigneur des Ténèbres étaient morts pour ça. Harry était le garçon qui n'était pas mort plus tard cette nuit-là, car Peter avait hésité, avant d'être interrompu par Sirius et Hagrid. Harry était la raison pour laquelle Peter avait du fuir. Si Harry était mort, Sirius aurait été brisé. Sirius n'aurait plus rien eu et n'aurait eu personne à venger. Peter savait que Sirius ne l'avait pas fait pour Lily et James, ou même pour lui-même. Sirius aurait du mourir cette nuit-là, Azkaban aurait du lui être épargné. Peter n'avait jamais souhaité la prison pour son vieil ami.

Mais la prison avait été ce que Sirius avait reçu. Peter avait perdu un doigt et Remus avait été condamné à une vie de misère. Et Peter avait passé des années à se cacher, interdit de montrer son visage car les deux camps pensaient qu'il avait échoué. Il avait fait la paix avec ça. Presque. Sauf qu'ensuite, Sirius s'était échappé, Harry avait rencontré Ron, le frère de Percy et Peter avait encore du fuir le foutu Harry Potter. Alors, les choses avaient fini par s'apaiser, à l'exception de ce qui s'était passé à Sainte-Mangouste. Peter avait pu reprendre ses aises.

Et alors, Sirius et Harry avaient été arrêté. Leurs visages étaient partout à nouveau. Peter avait détesté ça, mais il s'était adapté. Sirius retournerait à Azkaban, puisque la seule preuve qu'il avait, c'était Peter et que Peter s'efforçait de rester le plus discret possible. Et il avait essayé. Oh, il avait essayé. Mais Harry était venu à lui.

Peter avait pensé qu'il y avait un Épouvantard en balade dans le Manoir Malefoy la nuit où Harry Potter était arrivé. Heureusement, il n'eut pas à rencontrer le garçon avant plusieurs jours. Il avait pu reprendre ses esprits à ce moment-là, de retour à son rôle de Bosworth, le rat avec tous ses doigts, inconscient et légèrement plus sombre que Queudver. Et c'était une très bonne chose. Il ignorait comment il aurait réagi si Harry était apparu devant lui avant ça.

La douleur traversa la tête de Peter, le rendant momentanément aveugle. Il laissa échapper un couinement de détresse et se roula en boule jusqu'à ce que la douleur passe. Une latte du parquet craqua près de lui et Peter se força à rejoindre l'ombre d'un vase qui valait probablement plus que l'ancienne maison de Peter.

« Nox. » entendit-il murmurer à voix basse.

Un instant plus tard, une petite silhouette pénétra dans l'entrée. Peter vit l'ombre d'une chevelure indiscipliné dans l'éclat de la lune et le reflet de lunettes. Il resta immobile et Harry finit par disparaître dans le couloir. Les seules choses par-là étaient la salle de bain et le bureau de Lucius et Peter doutait que Harry utilisa cette salle de bain au milieu de la nuit alors qu'il y en avait une parfaite en haut.

Il mijotait quelque chose, c'était certain. Et même si Peter n'était pas un génie, il ne pensait pas que ce soit une coïncidence s'il lui manquait plusieurs heures de souvenirs de cette nuit à cause de Rogue et si Harry était debout au milieu de la nuit et cherchait à s'introduire dans le bureau de Lucius – la nuit avant le procès de Sirius, en plus. Non, Peter n'était pas un génie, mais il n'était pas un idiot. Il n'aurait pas survécu aussi longtemps si ça avait été le cas.

Il serait parti, même s'il n'avait pas vu Harry. Il ne pensait pas sérieusement que les Malefoy le livreraient aux Aurors. Ils se fichaient de Sirius et si l'on pouvait se baser sur les observations de la dernière semaine, Lucius était impatient à l'idée d'adopter Harry. De plus, s'ils le dénonçaient, il s'assurerait de les faire tomber avec lui. Non, il ne pensait pas qu'il devait s'inquiéter d'eux. Rogue, par contre … Qu'avait fait Rogue sans que Peter ne le sache ? Lui avait-il lancé un sort ou lui avait-il donné une potion ?

Peter avait l'inconfortable sensation qu'il le découvrirait plus vite que prévu et il n'avait pas prévu de rester dans le coin pour attendre que ça arrive. S'il devait s'évanouir, il ne comptait pas le faire ici. S'il allait ressentir le besoin irrépressible de se livrer ou d'aider à libérer Sirius, il comptait gérer cela seul.

Peter avait survécu en faisant des choses auxquelles personne ne s'était attendu. Tout le monde s'attendait à ce qu'il soit là, à jouer le rôle de Bosworth, alors il comptait bien être ailleurs. A un endroit que personne ne soupçonnerait. Il reviendrait le lendemain, quand le procès serait terminé et que Sirius serait reconduit sous la garde des Détraqueurs. Il en avait assez de courir, assez de se cacher, mais par chance, ce serait la dernière fois. Rassuré par cette pensée, Peter se faufila dans le bureau et se transforma.

La pièce se rétrécit autour de lui et Peter se crispa. Il devenait toujours claustrophobe quand il redevenait Peter après un long moment en tant que Queudver. Il se sentait aussi un peu paniqué. Queudver était sécurisant, discret. Peter était plus grand, plus lent et plus à risque d'être touché par un sort si quelqu'un décidait d'en envoyer un dans sa direction. Il prit plusieurs longues inspirations et s'avança prudemment, donnant à son corps le temps de se réajuster. Il attrapa une pincée de poudre de Cheminette et murmura le mot de passe qu'il avait entendu Lucius utiliser pour partir ce matin. Des flammes vertes apparurent dans l'âtre et Peter posa les pieds dessus.