NB : Et encore un an entre deux chapitres, je régresse... Bon, le chapitre était terminé depuis août. Le premier jet du chapitre du moins. Et puis il y a eu la relecture... Bref. Désolée pour le délai. Je remercie ma Bêta Azkadellia pour ses précieux conseils et pour son dévouement à cette fic ; sans elle, je pense que j'en serais toujours au chapitre 3. Merci ! N'hésitez pas à aller faire un tour sur son profil, elle écrit plein de chouettes fics. Sur ce, place à la lecture !
Chapitre 11 : Fin de partie
Maze ne parvenait pas à dormir plus de quelques minutes d'affilée -d'ailleurs, elle somnolait plus qu'elle ne dormait. Elle était systématiquement tirée de sa torpeur par les douleurs lancinantes infligées par Althéa.
Althéa…
Non, elle refusait d'y penser.
La jeune fille souleva son tee-shirt et lorsqu'elle posa sa main sur les feuilles pour les inspecter, elle les découvrit imbibées de sang. Elle serra les dents. Il était urgent d' arrêter l'hémorragie sinon les tributs restants ne seraient pas son plus gros problème. Bien malgré elle, elle sentit la peur et le désespoir l'envahir.
"Reste calme, murmura-t-elle. Reste calme."
A nouveau, elle inspecta ses blessures. Trois plaies. Maze n'avait même pas senti quand Althéa l'avait poignardée la troisième fois. Deux des plaies ne saignaient plus et les feuilles en avaient commencé la cicatrisation. La dernière blessure était plus inquiétante . Elle semblait plus profonde et le flot de sang qui s'en écoulait ne tarissait pas.
Maze ferma les yeux un instant, essayant de se souvenir des recommandations de l'instructeur de survie. Elle le voyait parler mais n'entendait pas ce qu'il disait. Elle se concentra davantage.
"- L'important est de stopper l'hémorragie. Si vous perdez trop de sang, vous mourrez. Compressez l'endroit qui saigne. Si possible, protégez votre main pour éviter les infections."
Maze jeta un coup d'oeil effaré aux alentours.
Clairement, les Juges ne se préoccupaient que peu de l'hygiène quand ils imaginaient leurs foutues arènes.
"- Allongez-vous."
Avec mille précautions, Maze s'allongea sur la branche. C'était une bonne idée, la tête commençait à tourner.
"- Comprimez la plaie."
Facile à dire. Elle n'avait rien hormis ses mains. Sans plus d'hésitations, elle posa ses mains sur la plaie et comprima de toutes ses forces. Elle se mordit la lèvre pour s'empêcher de crier; après tout, il n'était pas nécessaire que les tributs restants la trouvent ainsi.
"- Ne vous endormez pas."
Alors, Maze s'efforça de rester éveillée et de ne pas relâcher la pression sur la plaie. Elle tentait de bouger le moins possible pour ne pas chuter de l'arbre dans lequel elle s'était réfugiée.
"- Vérifiez régulièrement si l'hémorragie s'est arrêtée."
Pas vraiment. Aussitôt, Maze reprit la compression. De temps en temps, elle ôtait ses mains. Cela dura plusieurs heures. Enfin le flot de sang sembla diminuer. Maze faisait toujours de son mieux pour ne pas s'endormir mais il lui semblait n'avoir jamais été si fatiguée. Elle sentait ses yeux se fermer et elle ne pouvait rien y faire. Elle voulait juste dormir. La pression qu'elle tentait de maintenir sur la plaie se relâchait lentement malgré elle… Elle ne pouvait pas lutter. L'épuisement eut raison d'elle. Elle ferma les yeux.
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Maze ouvrit brusquement les yeux, sur ses gardes. La nuit l'enveloppait et aucun bruit ne venait troubler le silence. Maze demeura immobiles quelques secondes et lorsqu'elle essaya de bouger, ses blessures se rappelèrent à elle. Elle balaya les alentours du regard à la recherche de ce qui l'avait si brutalement réveillée.
Rien.
La nuit était paisible.
Bip. Bip.
Maze se redressa en grimaçant. Elle ne distinguait rien, aucune étoile ne venait éclaircir le ciel et la lune était dissimulée derrière les feuillages.
Bip, bip.
Le son paraissait se rapprocher.
Bip, bip.
C'est alors que Maze aperçut quelque chose tomber à travers les arbres. Elle écarquilla les yeux, le coeur battant. Etait-ce possible… ? Maintenant … ?
Maze retint son souffle en regardant le parachute s'approcher comme au ralenti. Lorsqu'il fut suffisamment proche, Maze n'esquissa aucun geste pour s'en emparer comme si elle craignait que ce ne soit qu'une illusion.
Bip, bip.
Elle eut un sursaut et ses mains se refermèrent autour du parachute. Elle n'avait aucune idée de ce que Johanna avait fait pour convaincre un sponsor mais elle sentit un poids s'ôter de ses épaules. Ses mains tremblèrent au moment d'ouvrir le parachute et d'en sortir une petite boite circulaire. Elle dévissa le couvercle et remarqua un mot collé au fond.
"Applique la pâte sur tes plaies - J."
Maze obéit aussitôt, posant d'épaisses couches de pâte sur ses différentes blessures. Elle frissonna au contact de la pommade froide mais le soulagement fut presque immédiat. Elle ferma les yeux alors que des larmes de reconnaissance coulaient sur ses joues.
"- Merci…" souffla-t-elle.
Maze se sentit à nouveau sombrer vers le sommeil mais cette fois, elle ne lutta pas. Elle s'endormit.
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Quelques heures plus tard, le soleil se leva, tirant Maze de son sommeil. Sa première pensée fut pour ses blessures : elle se redressa précautionneusement et releva son tee-shirt. La pommade s'était solidifiée sur les plaies mais il suffit que Maze gratte un peu le cataplasme pour qu'il s'effrite et tombe. Elle examina ses blessures attentivement et constata qu'elles ne saignaient plus et que la cicatrisation semblait bien entamée. Maze poussa un soupir de soulagement en remettant son tee-shirt en place. Elle rassembla ses affaires et entreprit de descendre de l'arbre. Ce fut à ce moment qu'elle se souvint de sa chute de la veille. Elle remonta son pantalon pour découvrir que sa cheville avait doublé de volume. Elle s'en voulut de ne pas s'en être préoccupée la veille mais elle devait admettre qu'elle avait paré au plus urgent. Elle ne mit pas longtemps à trouver une branche qui après avoir été légèrement arrangée pourrait lui servir d'attelle. Elle déchira une manche de son tee-shirt pour maintenir la branche contre sa cheville.
Cette dernière blessure allait fortement l'handicaper pour ses derniers jours dans l'arène. Maze estimait qu'elle venait d'entamer son dernier jour -ou avant-dernier dans le pire des cas. Il ne restait plus de Carrières en lice; trois outsiders venant de Districts peu intéressants pour le Capitole s'affrontaient en finale. Les Juges écoutaient les habitants du Capitole et s'ils s'ennuyaient, ils allaient tout accélérer. Et vu l'état de sa cheville, elle doutait d'être à son avantage.
Dans tous les cas, elle n'était pas prête. Althéa avait détruit son arc et si elle possédait toujours les poignards de Xander, elle se sentait bien démunie sans son arme de prédilection. Son coeur se serra en pensant au tribut du 12. Qu'aurait-il pensé s'il l'avait vue s'acharner ainsi sur Althéa ? L'aurait-il prise pour un monstre? En était-elle un? Peut-être même l'avait-elle toujours été et l'arène l'avait seulement révélé?
Elle ferma les yeux et s'efforça d'inspirer calmement. Elle ne pouvait pas penser ainsi. Xander était… Xander était mort. Parti. Il ne reviendra pas. Peu importait combien cette idée la faisait souffrir, c'était la réalité. Jamais plus elle ne le reverrait.
Maze passa une main sur son visage, sentit les brûlures, et remonta jusqu'à ses cheveux. Elle décida de rester ici quelques heures au moins. Déjà il était nécessaire qu'elle repose sa cheville au maximum. Ensuite, il lui fallait un autre arc. Elle pouvait s'en fabriquer un assez rapidement mais elle se souvint assez brusquement qu'Althéa avait un arc quand elle l'avait attaquée la veille. Elle avait dû l'abandonner vers le corps quand elle avait fui son carnage. Elle ne savait pas si elle s'était beaucoup éloignée; l'important avait été de mettre le plus de distance entre elle et ce qu'elle avait fait.
"Quoiqu'il arrive, on ne revient jamais en arrière. Même si on ne sait pas où on va, on continue d'avancer."
C'est ce que le mentor de Xander lui avait conseillé, dans les derniers jours, lors d'un de ses rares moments de lucidité. Repartir en arrière pour retrouver un arc qui n'était peut-être déjà plus là ne rimait à rien; sans parler du fait que ça n'aiderait pas le repos de sa cheville.
Alors Maze entreprit encore une fois de se construire un arc et des flèches. Elle ponça le bois jusqu'à ce qu'il soit lisse et lorsqu'elle fut satisfaite, elle regarda autour d'elle à la recherche d'un pin. Elle dut parcourir quelques mètres avant d'en trouver un convenable et se mit à creuser à ses pieds, fébrilement. L'instructeur de survie lui avait dit qu'une corde n'était pas indispensable. Les racines de résineux faisaient parfaitement l'affaire. Elle creusa donc jusqu'à trouver des racines assez solides pour son arc. Elle entailla le bois pour attacher la racine à ses extrémités. Son arc était prêt. La taille des flèches lui prit plus de temps, mais elle en vint à bout.
Son ventre grogna et Maze leva les yeux vers le ciel. Le soleil commençait déjà à décliner vers l'ouest, signe que le Capitole s'impatientait. De gros nuages noirs s'amoncellaient mais Maze ne craignait plus de catastrophe "naturelles" des Juges; avec plus que trois tributs en lice, elles allaient être poussées à l'affrontement. Quand la nuit tomberait, elle ne durerait pas plus de deux ou trois heures, Maze en était certaine.
Affamée, elle décida de se trouver quelques baies. Cela calma un peu sa faim. Elle donnerait cher pour pouvoir boire aussi. Mais elle n'avait rien. Elle examina sa cheville ; celle-ci était toujours enflée mais son attelle de fortune parvenait à la maintenir en place. Cela dit, elle serait dans l'incapacité de fuir. Qui que ce soit le tribut qu'elle aurait en face d'elle, il lui faudrait l'affronter.
Elle tenta de se remémorer ce qu'elle savait sur ses deux dernières adversaires, ce qu'elle avait pu observer lors des entraînements. Elle avait l'impression que c'était il y a des siècles. Elle n'avait que peu de souvenirs du tribut du District 4, si on exceptait son attitude lors de l'interview de Caesar. C'était une autre histoire pour le tribut du District 6. Elle se souvenait bien d'elle, une fille grande et agile, qui faisait preuve d'une puissance assez considérable. Elle semblait plus à l'aise au corps à corps et Maze savait que sur ce plan-là, elle ne ferait pas le poids.
Le soleil propageait sa couleur crépusculaire dans le ciel; le vent soulevait doucement les feuilles et d'épais nuages sombres venaient de l'est. Il allait pleuvoir, c'était certain. La question était : quand ?
Maze jeta un coup d'oeil à son arc et à ses flèches. Là était son point fort. Si elle voulait une chance, elle allait devoir rester à distance. Ce qui voulait dire qu'elle allait devoir attirer ses adversaires pour mieux les surprendre. Elle regarda les alentours. Elle pouvait parfaitement se dissimuler derrière une branche ou parmi les feuillages. Le plus compliqué allait être de se déplacer furtivement dans les arbres pour avoir la meilleure fenêtre de tir. Maintenant, pour les attirer…
Il ne lui fallut qu'une demi-seconde pour y penser. Le feu. Pas assez grand pour être dangereux et déclencher un incendie incontrôlable mais assez remarquable pour être vu. Elle était certaine que les deux autres tributs n'étaient pas loin; les Juges devaient avoir tout fait pour les concentrer dans un périmètre réduit. Maze supposait qu'elles devaient être aussi épuisées qu'elle, aussi impatientes que tout se termine… Elle espérait juste que ça suffirait à les laisser se faire guider jusqu'au feu.
"Plus que quelques heures, murmurait Maze. Plus que quelques heures…."
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Lorsque le soleil eut complètement disparu, Maze mit son plan en mouvement. Elle alluma un feu et attisa les flammes jusqu'à ce que la fumée dépasse les arbres. Quand elle fut certaine que la combustion ne s'arrêterait pas, elle passa à la deuxième phase. Elle se hissa dans un arbre, celui qui semblait lui offrir la plus large fenêtre de tir, et dont le voisin, un immense chêne, la dissimulait par son ombre. Maze s'installa contre la branche qui lui servirait d'appui, la joue contre l'écorce, son corps ne faisant qu'un avec la branche. Elle s'efforçait de respirer calmement mais elle se sentait plutôt sereine. Peut-être parce que la fin approchait? Ou était-ce parce qu'elle se sentait finalement comme au District 7, au milieu de la forêt?
La voix de Caesar emplit soudainement la forêt et Maze sursauta. La lumière holographique bleutée de ses apparitions brillait dans le ciel mais Maze fit de son mieux pour bloquer les sons qui provenaient de l'image. Elle devait se concentrer.
Ce n'est que lorsque Caesar disparût enfin que Maze les entendit.
Les branches sèches qui craquaient sous les semelles épaisses de quelqu'un cherchant à ne pas être remarqué.
Maze sentit un filet de sueur couler le long de sa tempe et elle se plaqua encore davantage contre la branche. Elle observait, le souffle court. Qui allait surgir des fourrés ? L'inconnue du District 4 ou la guerrière du 6 ?
Maze s'efforça de ne pas bouger pour ne pas se trahir. Puis, enfin, elle vit les fourrés bouger sous l'arbre qu'elle avait choisi et une large silhouette en sortit.
District 6.
Précautionneusement, la tribut du 6 s'approcha du feu et Maze, du haut de son arbre, eut le temps de voir briller une lame sous les reflets de la flamme. Sans faire le moindre bruit, Maze se dégagea légèrement pour armer son tir.
Elle n'avait qu'à viser et relâcher la flèche.
Un tir qui la rapprocherait du District 7.
Un tir, une mort.
Après une semaine dans cet enfer, l'idée ne lui paraissait presque plus atroce.
Alors ses doigts, presque sans qu'elle n'ait réfléchi, laissèrent échapper la flèche. Elle entendit un sifflement et un bruit mat.
Le tribut du 6 s'était jetée au sol et la flèche s'était fichée dans un tronc à quelques millimètres.
Maze jura. Elle devait bouger. Il n'allait pas falloir très longtemps à son adversaire pour reprendre ses esprits et deviner d'où la flèche était venue. D'ailleurs, elle se remettait déjà sur ses jambes et balayait les alentours du regard. Maze retenait son souffle et lorsque Gwen lui tourna le dos, elle se glissa sur l'arbre voisin. Mais la branche était sèche et elle ne put l'empêcher de craquer. Aussitôt, Gwen se retourna vers la source du bruit. Son regard parcourait la forêt sans se fixer alors Maze comprit qu'elle n'avait pas été découverte. Pour l'instant.
"- Je sais que tu es là." dit Gwen.
Cela lui sembla idiot mais Maze se fit la remarque que sa voix douce tranchait avec son physique brute. Cela dit, il aurait fallu être sourd pour ne pas percevoir la fatigue et la lassitude qui étreignaient sa voix.
Maze imaginait sans mal que sa voix devait sonner de la même manière si elle se trouvait capable de prononcer un mot.
Gwen tournait sur elle-même et Maze tentait de déterminer l'angle le plus favorable pour l'attaquer. Maze décida de se décaler vers la droite; cela la rapprochait de Gwen mais si elle parvenait à rester hors de portée, tout n'était pas perdu. C'est alors que tout s'enchaîna. Un éclair zébra le ciel, éclairant Maze et il n'en fallu pas davantage à Gwen pour se précipiter sur elle. Maze tenta d'attrapper la branche au-dessus mais elle ne fut pas assez rapide. Elle sentit la poigne de Gwen se refermer comme un étau sur sa cheville blessée et la tirer.
Maze poussa un cri alors qu'elle se voyait arrachée à son arbre et projetée quelques mètres plus loin. Elle roula plusieurs fois sur le sol et poussa un gémissement meurtri lorsqu'enfin, elle s'arrêta. Elle entendit les pas de Gwen se rapprocher, le sol tremblait comme elle courait.
Comme Althéa, elle maitrisait le corps à corps mais pourtant, leurs styles n'auraient pas pû être plus différents. Althéa avait été tout en souplesse et sournoiserie alors que Gwen transpirait la force brute.
Avant qu'elle n'ait pu se relever, Gwen se jeta sur elle pour la maintenir au sol. Maze parvint de justesse à brandir son arc entre elles pour parer l'attaque. Gwen grogna et jura lorsque d'un coup de pied assez involontaire, Maze envoya voler son poignard. Détail qui ne sembla pas l'handicaper outre mesure, bien au contraire, puisqu'elle semblait davantage libre de ses mouvements.
Gwen enchainait les coups de poings tout en maintenant Maze au sol mais la jeune fille ne cessait de se tortiller et finit par réussir à asséner un violent coup d'arc dans la gorge de Gwen qui bascula en arrière.
Là, dans la profondeur de la nuit, le tonnerre gronda, se mêlant aux souffles entrecoupés des jeunes filles. Il semblait se rapprocher.
A quelques mètres, le feu brûlait toujours et le vent soufflait de plus en plus fort. Maze savait qu'elle devait se relever. Elle ne pouvait pas rester là mais sa cheville ne répondait pas. Alors, elle se mit à ramper. Ses mains s'abîmaient sur le sol rocailleux et elle ne voyait absolument pas où elle allait à travers ses larmes. Elle ne s'était même pas aperçu qu'elle pleurait…
Elle ne savait pas où était Gwen mais elle pouvait la sentir à proximité. Elle sentait le danger comme la proie qui aurait soudainement perçu la présence de son prédateur. Elle sentait le sang, elle sentait la peur. Quand elle sentit la main de Gwen se fermer encore une fois sur sa cheville, elle cessa de bouger. Elle cessa de fuir.
C'était inutile.
Gwen la retourna brutalement; Maze émit un cri étranglé lorsque son dos heurta le sol. Elle avait l'impression que sa colonne vertébrale éclatait en un millier de morceaux brûlants. Maze tentait de maintenir sa prise sur son arc mais Gwen n'en démordait pas; elle tira et secoua si fort que Maze put presque sentir son épaule se disloquer en un craquement sinistre. Puis, comme au ralenti, elle vit ses doigts progressivement lâcher l'arc. Des larmes brûlantes traçaient des sillons sur ses joues sales et un cri sauvage passa ses lèvres sèches comme on lui enlevait son dernier espoir.
Puis, son regard se posa sur celui de Gwen.
Elle pleurait, elle aussi. Son visage était aussi crade que le sien et elle était couverte de bleus et de coupures pas toujours bien cicatrisées.
Au plus Maze regardait Gwen, au plus elle se voyait elle-même. Elles étaient semblables. Elles ne devraient pas avoir à se battre. Aucune d'elles ne devrait avoir à mourir. Et pourtant, allongée sur le sol, incapable de bouger ou de se défendre, Maze se sentit presque en paix. Elle s'était battue avec sauvagerie contre la Carrière la veille mais aujourd'hui, mourir de la main de quelqu'un qui lui ressemblait tant ne lui paraissait pas aussi horrible.
Gwen avait bloqué ses jambes et ses mains s'étaient refermées autour de son cou. Elle serrait.
La vision de Maze devenait floue et sa tête bourdonnait. Elle voyait vaguement les épaules de Gwen trembler et il lui semblait entendre des mots.
"- …Désolée, je suis désolée. Je suis désolée. Je suis… désolée…"
Les larmes de Gwen tombaient sur le visage de Maze, se mêlant aux siennes mais Maze ne s'en apercevait pas.
Sa poitrine semblait prête à exploser et elle se sentait partir. Loin.
Maze s'attendait à être entourée de souvenirs joyeux de son enfance. C'était ce qui se passait quand quelqu'un était sur le point de mourir, non? Pourtant, là, rien. Elle sentait l'air se raréfiait dans ses poumons et ses bras s'étiraient dans tous les sens à la recherche de quoi? D'un espoir à saisir peut-être.
Son esprit avait abandonné la lutte mais son corps ne se résignait pas. Pas tout à fait. Son esprit, lui, vagabondait. Maze commençait à voir des images, entendre des sons qui venaient de l'intérieur. C'était ça, mourir?
Elle s'attendait à voir sa famille. Elliott, au moins. Mais non, au lieu de ça, elle vit un homme aux cheveux verts qui secouait des mèches de cheveux multicolores dans ses mains en braillant "extensions! extensions!".
Et ce fut tout. Maze rouvrit brusquement les yeux. La prise de Gwen ne s'était pas relâchée et Maze fut surprise de respirer encore. Elle voyait encore Octavius secouer ses satanées extensions sous ses yeux et preuve que son cerveau commençait sérieusement à manquer d'oxygène, elle en vint à se demander si ces extensions auraient pû l'aider. Contre Althéa. Contre Gwen. Est-ce que quelqu'un a déjà étranglé quelqu'un avec des extensions… ?
Le tonnerre gronda encore. L'orage serait bientôt sur elles.
"- Je suis désolée, je suis désolée… Je suis désolée…" répétait Gwen inlassablement.
Et Maze la croyait. Elle n'était pas tout à fait sûre de ce que ça signifiait à présent, elle savait que ça ne changerait rien.
Gwen continuait de s'excuser et Maze, telle une marionnette brisée, continuait de se débattre. Au plus elle bougeait, au plus Gwen s'excusait. Ou du moins c'était ce qui lui semblait.
Puis, Maze cessa de bouger et Gwen se tut. Elles se regardèrent pendant une fraction de seconde avant que les yeux de Gwen ne s'écarquillent et qu'elle ne s'effondre sur Maze.
C'est alors que Maze vit la pierre dans sa main. Et le sang qui en coulait.
Le tonnerre gronda une fois encore mais cette fois, il ne fut pas seul. La pluie commença à tomber. Elle se mêlait aux larmes de Maze qui ne semblait pas pouvoir s'arrêter de pleurer.
"- Je suis désolée, murmura-t-elle à Gwen alors que celle-ci ne pouvait plus l'entendre. Je suis désolée. Désolée. Désolée."
Et elle prononçait ces mots à son tour, inlassablement, espérant que pour quelqu'un, ils veuillent dire quelque chose. Pour elle, ils n'avaient plus de sens.
L'oxygène commençait à lui revenir mais son coeur semblait toujours prêt à exploser. Elle voulut essayer de se lever mais elle n'avait pas la force de repousser le corps de Gwen. Elle allait rester là. Elle ne pouvait plus rien faire. Chaque os de son corps lui paraissait brisé. C'était fini… Le tribut du 4 allait bientôt la trouver. Et ce cauchemar serait enfin fini.
Elle rejoindrait ses parents, Elliott et les jumeaux. Peut-être qu'elle reverrait Chad aussi. Et Xander. Si seulement…
Maze déglutit péniblement. La pluie tombait de plus en plus fort et pourtant, elle ne sentait pas les gouttes qui ruisselaient sur son visage ou le vent sur sa peau. Elle ne ressentait que ce froid intense qui l'étreignait de l'intérieur.
Son regard tomba sur le feu qu'elle avait allumé plusieurs heures auparavant. Ou était-ce quelques minutes ? Maze ne savait plus. La pluie avait presque eu raison de lui, les flammes n'étaient plus que des braises à peine incandescentes. Pourtant, Maze ne pouvait en détacher les yeux. Elle regardait sans les voir les étincelles rougeoyantes et essayait d'imaginer leur chaleur mais…
Un coup de vent balaya les dernières lueurs qui restaient et la pluie éteignit le reste. Alors seulement, Maze ferma les yeux.
Et elle l'entendit.
Le coup de canon.
A suivre…
NB : Et voilà le dernier chapitre ! J'y suis arrivée! Bon, d'accord, ce n'est pas complètement fini, il reste l'épilogue. Mais bon, c'est presque fini quoi! J'espère que ce chapitre vous a plu, si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser une review, ça fait toujours plaisir. Même si vous n'avez pas aimé l'histoire, les reviews sont les bienvenues tant qu'elles sont respectueuses, constructives et bienveillantes. A bientôt pour la fin finale de cette histoire !
