Bonjour, bonjour, voici un nouveau chapitre qui je l'espère vous plaira ! La situation continue d'évoluer, lentement mais sûrement, le dénouement approche ! Normalement, vous savez de qui parle Hermione à Drago lors du dernier chapitre, puisque Drago a rendu une petite visite à quelqu'un il y a quelques chapitres ...

Merci pour vos reviews qui me font vraiment plaisir. Merci à toi, A, pour ta review !

Bonne lecture ! N'hésitez pas à me laisser vos impressions.


Hermione avait le regard fixé au plafond, incapable de fermer les yeux. Son sang brûlait dans ses veines, ses extrémités étaient parcourues de fourmillements. Elle avait osé. Elle avait osé parler de Harry.

Et elle était toujours en vie.

Elle avait eu une occasion, elle avait vu dans son regard l'irritation de Drago de ne pas pouvoir la garder loin de tout danger, loin de sa tante, loin de ces soldats qui ne désiraient que sa mort, et il n'y aurait pas eu meilleure occasion pour suggérer une autre approche, une autre solution que celle de débouler chaque fois qu'elle était en danger.

d'ailleurs, comment avait-il su ?

Elle leva sa main devant son visage, à la recherche d'une cicatrice après le sortilège de magie noire qu'il lui avait lancé dans les douches la veille. Ça devait avoir un rapport avec ce sort.

Elle laissa son bras retomber mollement sur le sol.

Elle ferma les yeux une seconde. Le visage fermé de Drago apparut sur ses paupières.

« La ferme, Granger ».

Il y avait eu une telle irritation dans sa voix, Hermione sentit son coeur s'étreindre. Il avait compris de qui elle parlait, elle en était certaine ! Il savait.

« La ferme ou je te jure de te faire taire moi-même ».

Cette colère, elle ne pouvait signifier qu'une chose. Ron avait eu raison. Hermione avait eu raison de douter et d'espérer.

Harry n'était pas mort. Et Drago savait quelque chose.

Se pourrait-il qu'il vive dans les cachots du manoir Malefoy ? Plusieurs années auparavant, le manoir servait de donjon pour les prisonniers importants, c'était possible qu'il soit là-bas. Mais depuis, on avait créé des prisons, le mage noir avait pris le contrôle d'Azkaban. Hermione doutait qu'on garde Harry dans un endroit si … peu sûr. Aussi sûr soit-il.

Le QG de Voldemort ? Peut-être que le Lord voulait le garder tout près de lui, pour lui faire subir des atrocités.

Seul Drago pouvait avoir la réponse.

De toute façon, il n'est peut-être même pas en état de combattre, lui murmura sa conscience.

Elle claqua de la langue, irritée par elle-même, se retournant pour observer à travers la fenêtre à barreaux. Les relants de douleur du doloris de Bellatrix étaient toujours là, mais elle était bien trop euphorique pour s'y intéresser.

Plus en état pour combattre … il y avait de fortes chances que ce soit le cas. Si Voldemort l'avait gardé en vie volontairement, il avait dû s'assurer que jamais la prophétie ne puisse se réaliser. En tout cas, c'est ce que Hermione aurait fait.

Mais aussi brisé soit-il, Harry était mieux de leur côté qu'entre les griffes de Voldemort.

Harry était en vie. Et depuis 3 ans, il était visiblement à la merci de l'ennemi. Hermione ne voulait pas penser à ce qu'on avait pu lui faire subir, mais les images surgissaient dans son esprit sans qu'elle puisse lutter.

Elle et Fred avaient tant souffert ici en quelques mois … alors qu'est-ce que Harry avait subi ? Lui qui était l'élu ?

Hermione tendit l'oreille. Elle avait cru entendre des pas lointains. Elle se retourna doucement, essayant de ne pas faire de bruit et se força à fermer les yeux. Des chuchotements approchaient. Lentement, elle se rapprocha du mur, gardant les yeux mi-clos. À travers ses cils, elle pouvait voir la pénombre du couloir. Son coeur fit un bond. Bellatrix était là, de retour, et elle n'était pas seule. Il y avait Rookwood avec elle.

Elle lui parlait à voix basse, murmurant quelque chose à voix basse, son regard noir et fou fixé sur elle. Elle la désignait de sa baguette et Rookwood hochait de la tête. Elle lui tendit quelque chose que Hermione ne discerna pas avec la pénombre. Rookwood le prit et le glissa dans la poche de sa longue cape de mangemort.

Qu'est-ce qu'ils faisaient là ?

C'était à son sujet, il n'y avait pas le moindre doute. Pas avec Bellatrix qui la pointait de sa baguette, avec Rookwood qui semblait très intéressé par ce qu'elle pouvait raconter.

Il y eut des pas plus lointains mais moins discrets. Hermione reconnaissait le bruit des lourdes bottes des gardiens. Ça devait être un garde qui faisait sa ronde nocturne.

Rookwood attrapa le bras de Bellatrix et l'éloigna. Ils disparurent du champ de vision de Hermione.

Ces messes basses ne lui disaient rien qui vaille.

Pensive, elle releva la manche de sa chemise jusqu'au coude. Une croix sur le poignet, surplombée par deux lettres noires.

Elle avait fini par s'habituer à ces deux lettres, qui faisaient partie de sa peau, partie d'elle depuis des mois. Elle n'y pensait plus. Elle avait arrêté de revoir le visage froid de Drago penché sur son bras, tatouant ses initiales sur son bras.

Mais la croix … chaque fois qu'elle la voyait, c'était un véritable affront à ce qu'elle était. Ce qu'elle signifiait … chaque fois elle ne pouvait s'empêcher de penser : « c'est impossible ».

Et pourtant, tel était le cas. La croix était là pour Drago. Drago Malefoy. Sang pur, mangemort, général de Voldemort, plus grande menace pour sa survie.

Malgré tout ce qu'il lui avait fait subir, malgré toutes les horreurs qu'il avait pu lui dire, son coeur s'emballait chaque fois qu'elle apercevait son visage, sa respiration se déréglait chaque fois qu'elle entendait sa voix, elle ne parvenait pas à retenir son sourire chaque fois qu'il raillait et jouait de son sarcasme.

Est-ce qu'il en valait la peine ?

Elle s'étendit de tout son long, refoulant Bellatrix et Rookwood dans un coin de son esprit inaccessible.

- Il en vaut la peine, murmura-t-elle.


Drago semblait avoir comme disparu de son propre territoire. Il ne rodait pas dans les couloirs, et même lorsqu'elle se tordait le cou depuis le trou qu'elle creusait, elle ne l'apercevait jamais de l'autre côté du grillage, à fumer une cigarette.

Est-ce qu'il était là au moins ?

L'angoisse s'installa dans le creux de son ventre. S'il n'était pas là, il n'y avait vraiment personne pour se mettre entre elle et les deux mangemorts fous. Elle ferma les yeux une seconde, essayant de ne pas penser à la douleur des doloris de Bellatrix, à la lame qu'elle avait tiré des pans de sa robe.

Et à Drago qui était arrivé au bon moment pour l'arrêter.

Il l'évitait. Elle en était certaine.

Et elle avait totalement raison.

Drago était réduit à fumer sa cigarette à la fenêtre à barreaux de sa propre chambre, comme s'il était l'un de ses prisonniers, dans l'incapacité de mettre un pied dehors, et ça l'irritait profondément.

Il ne pouvait pas quitter cette foutue prison, pas tant que Rookwood et sa tante semblait dans l'attente du moindre manque d'attention pour sauter à la gorge de Granger, alors l'idée de faire un petit tour au Manoir pour s'occuper de ses autres responsabilités que celle de torturer des sangs de bourbe était tout simplement impensable.

La voix de Granger se rappela à lui désagréablement.

« Je ne parle pas de moi, Drago. Je parle de quelqu'un d'autre. »

Il frissonna. Rien que d'y penser, il en avait froid dans le dos. Si Bellatrix apprenait ce que Granger avait sous entendu … si le maitre essayait d'entrer dans son crâne … il ne donnait pas cher de son secret le plus dangereux.

Comment avait-elle deviner ?

C'est pour ça qu'il ne pouvait pas sortir devant les grillages, il ne pouvait pas la voir. Il ne pouvait pas faire face à son regard plein de sous-entendus. Il se redressa, jetant sa cigarette par terre avec irritation et écarta le pan de son manteau. De deux doigts, il attrapa ce qu'il cherchait dans sa poche intérieure.

Le parchemin, parfaitement plié depuis le temps, était toujours là, au chaud contre sa poitrine. Les quelques lettres à l'encre avaient perdu un peu de leur couleur à force de frottement.

A Drago.

Et s'il la lisait ?

Elle parlait de cette lettre comme s'il y avait toutes les réponses à ses questions. Comme s'il y avait la clé du coffre qui contenait toute sa peine, toute sa souffrance, toute sa rancoeur et sa colère, qui débordait dans tout son corps depuis si longtemps. Comme si cette lettre allait libérer toute cette horreur.

Comme elle avait réussi à le faire avant qu'elle ne s'échappe.

Il prit une longue inspiration et déplia le parchemin.

A ce moment précis, on frappa à sa porte.

Il sursauta si violemment que le parchemin tomba. Il le récupéra à vitesse grand V, le glissant dans la poche de son manteau et alla ouvrir la porte de sa chambre.

- Qu'est-ce qu'il y a encore ? Persifla-t-il.

C'était Dawson, un des gardes qui lui était encore assez fidèle pour obéir au doigt et à l'oeil sans jamais le trahir pour rapporter à sa tante ou à Rookwood dans l'espoir d'améliorer leur réputation auprès du maitre.

- Vous m'aviez dit de vous tenir au courant lorsque Madame Lestrange partirait, mon général.

Il avait le souffle court, il avait sans doute couru dans les couloirs pour le trouver. Il était jeune, à peine sorti de Poudlard probablement. Ils avaient peut-être même été scolarisés là-bas en même temps.

- Elle est partie, mon général. Elle a dit que le Lord l'avait appelé pour une mission. Je ne crois pas qu'elle va revenir tout de suite.

Drago hocha de la tête.

- Merci, Dawson. Vous pouvez disposer.

- De rien, mon général.

Et il repartit en courant, sans doute pour aller reprendre le poste qu'il avait quitté pour le tenir informé. Il referma la porte et s'autorisa un soupir. La plus grande menace qui pesait sur lui et Granger venait de s'en aller. Rookwood était bien moins difficile à gérer. Un peu trop stupide et aboyeur.

A Drago.

Il déplia le parchemin.


Hermione se recroquevilla encore un peu dans l'angle de sa cellule. Là, contre le mur, elle avait une vue parfaite sur l'embouchure du couloir. Si Rookwood et Bellatrix approchaient, elle les verrait rapidement.

Comme si cela pouvait changer quelque chose. S'ils avaient décidé de la tuer d'un sortilège, elle ne pourrait pas lutter, mais au moins, elle ne serait pas prise par surprise.

Ses yeux se fermèrent, malgré son envie de rester vigilante. Elle était bien trop épuisée.

Mais c'était comme si le sommeil ne lui redonnait jamais d'énergie, comme si chaque nuit l'épuisait plus encore qu'une journée entière de travail à creuser ce trou au fin fond de la prison.

Debout.

Un trou qui ressemblait un peu à une tombe finalement. Peut-être qu'on enterrait les cadavres de ses congénères dans les trous qu'ils s'appliquaient à creuser depuis des semaines.

- Debout !

Oui. Elle creusait sans doute sa propre tombe là-bas.

- Debout.

Hermione ouvrit brusquement les yeux, tirée de son sommeil par le claquement d'un couteau contre les barreaux métalliques de la porte de sa cellule.

- Il n'y a vraiment que les animaux pour dormir dans des conditions pareilles, sang de bourbe.

La voix désagréable de Rookwood la tira complètement de son sommeil. Raide, elle prit appui sur le sol, prête à se redresser à la moindre menace.

Dans la pénombre, elle le vit fouiller entre ses robes, dégainant sa baguette et d'un murmure, la porte de la cellule s'ouvrit. Il n'en fallait pas plus pour inquiéter Hermione qui se releva d'un bond, reculant jusqu'au fond de la cellule. Rookwood ricana, peu impressionné par ses efforts pour s'éloigner de lui. Il brandit le couteau qu'il tenait jusque-là et le sang de Hermione se glaça.

Ce couteau, elle le connaissait.

Ce poignard l'avait mutilé plusieurs années auparavant et elle en portait toujours la cicatrice douloureuse sur son bras. Le sourire hideux de Rookwood s'élargit encore en voyant sa réaction face au poignard.

- Tu le reconnais, sang de bourbe ? Bellatrix m'a dit que ça te rappellerait de bon souvenir.

Il était si proche maintenant que Hermione pouvait sentir son haleine fétide.

- Vous n'avez pas le droit de …

La voix de Hermione s'éteignît dans sa gorge alors que la main crasseuse de Rookwood s'écrasait sur sa bouche, la faisant taire. Il n'y avait plus l'ombre d'un sourire sur son visage. Il se pencha à son oreille et le sang de Hermione glaça un peu plus.

- Prononce un seul mot, sang de bourbe et je t'écorche dans cette cellule même. Je ne sais pas comment tu as fait pour que Malefoy vienne sauver ton petit cul de Bellatrix hier, mais ça ne se reproduira pas, crois-moi. Maintenant, bouge.

Il l'arracha au mur, la pointe du poignard trop proche du cou de Hermione pour qu'elle se sente libre de respirer normalement. A chaque pas, la lame piquait douloureusement sa nuque.

- Je peux t'assurer que cet avorton Malefoy ne sera pas là pour te sauver cette fois, souffla-t-il en bousculant la porte qui menait à l'extérieur.

- Où est…

La lame s'enfonça encore un peu dans sa gorge et la douleur la traversa toute entière. Une goutte de sang perla.

- La ferme, gronda Rookwood en la bousculant. Tu sauras bientôt où nous allons. Là où est ta place, sang de bourbe.

Il avait raison. Elle reconnaissait ce chemin, elle savait où il menait. Elle l'avait emprunté une fois. Elle se rappelait encore de l'horrible douleur dans ses poumons, de la raideur de ses muscles, de la brûlure dans sa gorge.

- Non, souffla-t-elle, oubliant la lame dans son cou. Non, je n'irai pas …

Il éclata de rire derrière elle.

- Oh si …

Il la poussa dans le dos, mais Hermione se fichait d'à quel point il était menaçant. Elle ne pouvait pas retourner là-bas. Elle ne supporterait pas de revoir cette porte vitrée griffée, elle ne pourrait pas entrer à nouveau dans cette pièce dont elle avait cru ne jamais ressortir.

Son coeur lui faisait atrocement mal.

Elle pouvait encore voir le regard rouge sang à travers la vitre, se délectant de la voir agoniser.

Elle planta les pieds dans le sol et mit un violent coup d'épaules dans Rookwood qui lui rentra dans le dos. La lame du poignard érafla sa nuque, mais pas assez pour la tuer.

Elle n'y retournerait pas.

La peur lui donnait une force qu'elle ne soupçonnait pas. Elle partit droit en arrière, sans trop savoir ce qu'elle cherchait, s'éloignant aussi vite que possible. Elle n'y retournerait pas. Jamais. Il n'y avait aucun échappatoire, aucune issue autre que la mort.

- PUTAIN ! Aboya Rookwood. Tu ne t'échapperas pas !

Le coeur de Hermione lui faisait si mal et ses poumons lui brûlaient.

Un trait de sortilège passa à un mètre d'elle et elle ne vit pas le second qui la percuta en plein dos. Elle s'écroula, parcourue d'une horrible douleur.

Un regard rouge comme le sang. Comme le sang de Harry qui devait couvrir la peau cadavérique de ses mains blanches.

Chaque respiration était horriblement douloureuse, comme rendant incandescent l'air qui passait dans sa gorge.

Les pas de Rookwood se rapprochaient. Hermione réussit à basculer sur le dos malgré la douleur. Le visage de son tortionnaire apparut au-dessus d'elle, ses cheveux désordonnés encadrant son visage enlaidi par la haine.

- Tu ne pourras pas t'échapper. Wingardium Leviosa.

Un regard gris froid comme la glace, imperturbable alors qu'elle était trainée dans cet endroit de mort.

Son corps lévitait sans effort. Un instant, elle eut l'impression qu'elle était déjà morte, flottant dans les nuages, seulement parcourue par la douleur infligée par la magie noire de Rookwood. Son corps tomba lourdement sur le carrelage crasseux devant la porte qui ne demandait qu'à se refermer derrière elle. Rookwood s'accroupit face à elle, l'observant avec un plaisir non dissimulé.

Hermione était incapable de bouger, comme si la peur de mourir dans l'horrible douleur qu'elle avait déjà ressenti plusieurs mois auparavant la paralysait.

- Cette fois, il ne viendra pas te sauver.

Il l'attrapa par le col de sa chemise et la traina à l'intérieur de l'habitacle.

- Non ! Dit-elle d'une voix rauque.

Elle se redressa péniblement, mais Rookwood était plus rapide qu'elle. Il referma la porte.

Non. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas mourir là, elle ne pouvait pas supporter de voir les traces de griffures sur la vitre usée, encore remplis de sang séché. Elle ne pouvait pas.

Pas d'yeux rouges de l'autre côté de la vitre, seulement le regard noir de Rookwood.

Il dégaina une petite fiole d'une de ses poches, la tenant entre deux doigts en regardant Hermione avec un air triomphant.

- Il ne saura jamais qui t'auras tué. Il ne saura jamais et ça le tuera à petit feu.

Sans sortilège, c'était impossible de remonter à celui qui avait pu lancer le sort qui la tuerait. Il camouflait ses traces.

- Ne faites pas ça ! Hurla-t-elle à travers la vitre, frappant contre le plexiglas incassable.

Il déboucha la bouteille et ouvrit la petite trappe ronde par laquelle les gardes passaient habituellement leur baguette pour asphyxier ceux qui se trouvaient à l'intérieur de la chambre hermétique.

La fiole tomba par terre, répandant le liquide verdâtre sur le sol de béton brut. Hermione plaqua une main sur sa bouche et son nez alors qu'une fumée épaisse et blanchâtre s'élevait déjà jusqu'à ses genoux. Ses yeux étaient remplis de larmes et ce n'était pas à cause de la potion.

Un regard gris impassible.

Un regard gris qu'elle ne reverrait jamais. Un regard gris qui ne lui avait pas pardonné, qui n'était pas là pour la protéger aujourd'hui.

- Adieu, petite peste.


A Drago,

J'ai réfléchi à ce que je pourrais te dire, tout en sachant que tu me détesteras, que tu ne croiras pas un mot de ce que je coucherai sur ce parchemin. Jamais tu ne me croiras si je te dis que la culpabilité de te laisser derrière moi m'empêchera de dormir, à quel point je me déteste de partir.

J'aurais aimé pouvoir réparer ce coeur brisé dont tu m'as parlé un jour. J'aurais aimé te montrer que tu n'as pas besoin d'avoir un coeur de pierre pour vivre, j'aurais aimé te dire qu'aussi dur soit ton coeur de fer, il est le coeur qui bat avec le mien.

Aussi faible et mièvre est mon coeur, il bat avec le tien.

J'aurais aimé que cette lettre te rappelle ce qu'on avait ensemble, ce que tu me faisais ressentir. J'aurais aimé que cette lettre soit un rappel aussi puissant que la croix à mon poignet.

J'aurais aimé que cette lettre soulage ton coeur meurtri comme elle soulage le mien.

Je t'aime, Drago, et t'aimerai quoiqu'il puisse arriver, qu'importe ce que tu peux faire, qu'importe les horreurs que tu voudras m'infliger si tu me retrouves, qu'importe les morts et ton allégeance, je t'aimerais jusqu'au fond de mon âme.

A jamais.

H.

Drago replia la lettre. Avec précaution, il la glissa dans la poche intérieure de sa veste. A cet instant précis, un violent éclair de douleur traversa son dos. Cette fois, il n'y avait pas le moindre doute, rien avoir avec le pincement dans sa nuque quelques minutes plus tôt.

Cette douleur dans son dos, ce n'était pas la sienne.

Il se précipita dans les couloirs à la recherche de la cellule qui lui semblait si loin d'un coup. Quand il vit la porte ouverte sans personne à l'intérieur, il crut défaillir.

Il essuya une violente quinte de toux. Sa gorge lui brûlait, ses yeux le piquaient et ses poumons …

Il savait où elle était.


Mourir, ça faisait mal.

On disait parfois que c'était comme s'endormir, que c'était comme éteindre la lumière et trouver la paix instantanément. Et c'est sans doute parce que c'était les vivants qui racontaient ce genre d'histoires qu'on ne pouvait pas y croire. Parce que les morts ne parlaient pas. Et que s'ils parlaient, ils ne diraient jamais que la mort n'était pas douloureuse.

Hermione mourait. Et Hermione pouvait vous dire à quel point mourir, ça faisait mal.

Ses poumons brûlaient à chaque inspiration et chaque inspiration augmentait encore la suffocation, la brûlure dans tout son corps. Ses yeux brûlaient et pleuraient et les larmes qui en coulaient étaient de l'acide sur ses joues.

Ce n'était pas comme lorsqu'elle avait mis les pieds dans cette pièce la dernière fois. C'était encore pire. Pas de sortilège mais une potion encore plus horrible.

Elle mourait.

Là, à genoux sur le sol. Rookwood la regardait, sans la moindre émotion. Tuer ne lui faisait rien. Elle cligna des yeux.

Derrière Rookwood, elle pouvait voir le regard rougeâtre du Lord. Mais il n'était pas là. Passé et présent se mêlait. C'était peut-être de ça dont on parlait quand on disait qu'on voyait sa vie défiler devant ses yeux avant de mourir.

Elle cligna des yeux. Sa vision se troublait. Elle aurait aimé voir un autre regard, ni noir ni rouge, un regard gris comme l'acier, un regard froid et insondable qui n'était pas si indéchiffrable et glacial que ça pour elle.

Elle cligna encore des yeux.

Le visage de Rookwood était de moins en moins clair. Il avait les mains enfoncées dans les poches.

Elle déglutit et elle eut l'impression d'avaler des clous tellement sa gorge lui faisait mal. Laborieusement, elle leva la paume de sa main devant son visage, observant la croix noire et épaisse, toujours aussi présente qu'au premier jour.

Elle aurait aimé qu'il la croit.

Elle releva les yeux. Le regard noir avait disparu, laissant place au regard gris plus net que jamais qu'elle avait voulu voir une dernière fois avant de mourir.

C'était le maigre réconfort que lui offrait la Mort : le voir une dernière fois, aussi peu réel soit-il.

Il y eut un « clac », et la porte s'ouvrit dans un grincement.

Les yeux gris étaient plus nets que jamais, ancré sur le visage pâle, presque malade de Drago Malefoy. Même dans la tourmente, il était beau. Aussi beau qu'un ange déchu dans ses vêtements noirs.

Lève-toi.

- Sors !

Cette voix grave, elle était réelle.

Ce n'était pas un mirage.

Un courant d'air engouffra de l'oxygène dans l'endroit saturé de poison. Ça lui fit l'effet d'eau glacée qui parcourait tout son corps.

Lève-toi !

Ce n'était pas un mirage. Le visage de Drago disparut une seconde. Rookwood était réapparut et venait de jeter un violent sortilège à Drago qui avait été propulsé contre un mur.

Au prix d'un effort surhumain, Hermione se jeta hors de sa prison de poison.

La tête lui tournait et tout son corps était atrocement douloureux. Elle hoqueta péniblement, essayant de retrouver son souffle.

Est-ce qu'elle allait mourir ? Ou bien la douleur était le signe qu'elle allait vivre ?

Souffrir, c'était toujours mieux que d'être morte.

A 4 pas, le souffle court, secouée par d'horribles quintes de toux, elle n'allait pas bien. Et Drago non plus, le teint cireux, toussant à s'en arracher les poumons, ses cheveux blonds presque blancs toujours si ordonnés ne l'étaient plus, alors que Rookwood le tenait en joue de sa baguette.

- J'ai toujours voulu m'occuper de ta petite gueule d'ange arrogante, cracha Rookwood.

Il agita sa baguette mais avant de pouvoir lancer son sortilège, Drago se jeta sur lui, entourant ses jambes de ses bras et le plaquant au sol. La baguette de Rookwood roula sur le sol, mais Drago était trop affaibli pour le maitriser.

Pourquoi était-il malade, lui aussi ?

Rookwood dégaina le poignard de Bellatrix Lestrange et le planta dans l'épaule de Drago. Il recula d'un bond, criant de douleur et Hermione se redressa péniblement sur ses genoux tremblants.

Rookwood avait récupéré sa baguette. Le souffle court, la main tremblante, il semblait au bord de l'explosion mentale.

Hermione amorça un pas vers lui. Elle ne pouvait pas le laisser tuer Drago. Il ne pouvait pas mourir, pas maintenant. Pas après tout ça.

- Ne faites … pas ça, toussa-t-elle.

Rookwood se tourna vers elle une seconde, sans cacher sa profonde satisfaction à l'idée de les tuer tous les deux.

- Regarde bien, sale sang de bourbe. Regarde ce traitre crever.

La vapeur toxique s'échappait peu à peu de la chambre, faisant tousser Rookwood à son tour. Hermione trébucha et son genou heurta violemment le sol. Son pied avait roulé. Sur une baguette. La baguette de Drago.

Elle essuya une nouvelle quinte de toux, crachant du sang. Drago n'en menait pas large non plus, affaibli. Du sang coulait de sa tempe.

Hermione attrapa la baguette. La vision trouble, elle brandit la baguette vers Rookwood.

- Repulso.

Rookwood, juste devant la porte de la chambre fut propulsé trois mètres en arrière, projeté à l'intérieur de la fumée toxique. Drago, sans doute animé par un reste d'instinct de survie, trouva assez d'énergie pour repousser violemment la porte blindée, la verrouillant d'un tour de main.

Il avait sans doute l'habitude. Il n'était pas à son premier essai.

Rookwood se précipita sur la porte, une main plaquée sur son nez, mais c'était trop tard pour lui.

Drago, le souffle bruyant recula d'un pas, observant Rookwood tomber dans la vapeur qui devenait de plus en plus épaisse maintenant la porte refermée. Hermione ne pouvait pas lâcher du regard le pauvre homme qui agonisait dans la chambre. C'était à ça qu'elle avait ressemblé elle-aussi.

Elle avait toujours le bras tendu, serrant la baguette entre ses doigts comme si c'était la seule chose qui la rattachait à la vie.

Il lui sembla qu'une éternité passa avant que Rookwood ne cesse de s'agiter.

Drago, une main sur les côtes, le souffle moins rauque que cinq minutes auparavant s'approcha de la vitre.

- Il est mort, dit-il d'une voix rauque.

Il se retourna vers Hermione. C'était sa baguette qu'elle tenait, droit sur lui.

Une seconde, elle se vit l'assommer d'un sortilège. Elle se vit partir et rejoindre l'Ordre. Et il dut voir la même chose qu'elle car son regard s'arrêta une seconde sur la baguette avant de retourner à ses yeux qui lui faisaient mal.

Tout ce qu'elle avait subi ces derniers mois, toutes les douleurs qu'elle avait enduré, il en était responsable. Comment pouvait-on aimer le pieu qui s'enfonçait lentement mais sûrement dans votre coeur et qui finirait fatalement par vous tuer ?

Il approcha, lentement, parce qu'il avait mal.

Si proche que la baguette touchait sa chemise.

Il y avait quelque chose de différent dans son regard, une douceur qui avait disparu, un brin de chaleur.

Il déglutit. Il avait mal. Comme elle. Mais lui n'avait pas inhalé le poison pourtant.

- J'ai lu la lettre.

Le coeur de Hermione tomba dans sa poitrine et ses doigts tressaillirent autour de la baguette. Les larmes difficilement contenues jusque là coulèrent sur ses joues. Doucement, les doigts de Drago enlacèrent le poignet de Hermione, révélant la croix. Une émotion passa sur son visage.

Il soupira.

Sa main glissa, attrapant la baguette avec délicatesse. De son autre main, il attrapa le bras de Hermione, la rapprochant de lui, ses bras glissant dans son dos, son menton s'écrasant sur le sommet de son crâne, son souffle glissant contre son oreille.

Il lui fallut une seconde pour comprendre qu'il la serrait dans ses bras. Tremblante, elle entoura ses bras autour de lui.

Même après tout ça, son corps était chaud, presque brûlant. Il sentait bon.

- Il est mort, croassa Hermione dans un sanglot. Il est mort, Drago.

- Je sais, souffla-t-il en resserrant son étreinte autour d'elle.

- Qu'est-ce qu'on a fait ?

Drago s'arracha à elle, attrapant son visage entre ses deux mains, plantant son regard si particulier dans le sien, réchauffant un peu son coeur douloureux.

- On a fait ce qu'il fallait. Pour que tu vives.

Hermione avait rêvé d'entendre ces mots. Mais maintenant, elle se demandait si ça valait le cout de vivre si lui devait mourir pour la garder en vie.

- Je t'aime, souffla-t-elle.

Il sourit, plantant un baiser sur son front.

- Jusqu'au fond de ton âme, hein ?

Hermione ne résista pas, lui plantant son coude entre les côtes.

- Connard.