Chapitre 2

La fin de semaine se passa tranquillement, rien à signaler. Samedi, nous avions hésité à rendre visite à Jake et aux autres Quileutes mais on ne savait pas vraiment sur quel pied danser avec lui, surtout qu'on ne savait pas danser. Il avait rompu, avait refusé qu'on se voit toute la fin de l'été dernier mais hier, il était venu à nous. Cela dit, le camion offert à Bella était probablement un avertissement de non bienvenue. J'avais donc passé mon week-end devant la télé tandis que Bella avait passé le sien à lire.

Nous étions différentes, le yin et le yang, le jour et la nuit... la tomate et la patate. Oui, la patate était l'antagoniste de la tomate. La tomate était un fruit juteux, mou et rouge, la patate était un féculent dur, sans jus et jaune, l'une vivait au-dessus de la terre, l'autre en dessous alors dites-moi qu'elles ne sont pas antagonistes, maintenant ? Mh ? Je me disais bien.

Cela étant, voilà, Bella aimait lire mais n'aimait pas trop la télé, j'aimais la télé mais je n'aimais pas du tout lire. Cependant, nous n'étions pas si éloignée l'une de l'autre (comme les patates et les tomates : on les mangeait plutôt dans des plats salés, on pouvait même les retrouver ensemble dans une salade composée). Donc, nous n'étions pas si éloignées l'une de l'autre : les séries et les livres racontaient des histoires. Bella était la tomate, elle avait le cœur tout mou, elle pleurait facilement devant une scène triste quand elle regardait la télé avec moi – ça c'était pour le côté juteux – et elle rougissait furieusement quand elle était gênée. Même si j'étais attristée, je n'avais pas la larme facile même si, je devais l'avouer, ça avait failli se produire, quelques fois. Je ne rougissais pas, bon, je ne jaunissais pas non plus mais j'ai eu la jaunisse à ma naissance, j'ai dû être placée en couveuse sous des lumières bleues. C'était peut-être à cause de cette lumière que je voyais la vie comme elle l'était vraiment, au contraire du reste de la population mondiale. Bella ne me croyait pas quand je lui disais que ça avait été une expérience scientifique qui avait modifié mes facultés pour les rendre meilleurs et peut-être même qu'un jour, ça me permettra de voler ou quelque-chose comme ça.

En ce qui concerne le cœur mou de Bella dont j'avais parlé il y a quelques secondes, je ne pouvais pas dire que, de mon côté, j'avais le cœur dur, sinon, il ne battrait pas mais je n'étais jamais tombée amoureuse. J'ai pensé être homosexuelle pendant un moment vu qu'aucun mec ne m'attirait mais je dus me rendre à l'évidence que je n'étais pas non plus attirée par les filles. Bella n'avait jamais eu de copain mais elle avait eu le béguin pour un lycéen à Phœnix puis elle lisait, ça l'avait probablement influencée dans le mauvais sens. Bella était une amoureuse transie de l'amour en lui-même. Prince charmant, âme-sœur, amour de sa vie, ''ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants'' étaient tous ce en quoi elle croyait et cet amour-là était tout ce qu'elle attendait. C'était pourquoi elle n'avait jamais eu de Jake dans sa vie. Je veux dire, de petit-ami avec qui c'était sympa de s'embrasser et de se câliner, elle voulait être amoureuse de son grand amour.

Et elle ne le savait pas, lui non plus... mais moi, je savais qui c'était. Vous le savez aussi, n'est-ce pas ? Bien sûr que vous le savez. Qui d'autre qu'Edward Cullen ? Personne ne réagit comme il l'a fait à moins que la personne qui provoque cette réaction soit quelqu'un de très important. Ce n'était pas mon histoire, c'était celle de ma sœur, je n'étais que le personnage secondaire de ce livre – en quatre tomes. Un livre parce qu'il s'agit de l'histoire de ma sœur, si ça avait été la mienne, ça serait une série, assurément. Je le savais parce que ''la lumière bleue'' vous vous rappelez ?

Edward Cullen était donc la raison pour laquelle j'étais impatiente de me rendre à l'école, ce matin. Il avait dû guérir de son allergie aux fraises ou ne devait plus être effrayé, rassuré par son psy sur le fait qu'Isabella Swan ne souhaitait pas, en réalité, le tuer. Même la pluie fine qui tombaient du ciel n'altéra pas ma bonne humeur à l'idée d'assister de mes propres yeux à l'amour naissant entre ma sœur et Edward Cullen. Nous nous trouvâmes derrière une Volvo de couleur gris métallisé aux vitres teintées, ça ne paraît pas avoir d'importance ici mais ça en aura dans douze secondes. La Volvo se gara près de la berline des Cullen qu'elle suivait, à droite du parking tandis que je me garai au même niveau sur une place centrale. La blonde et musclor descendirent de la berline en même temps que moi. Puis les portières de la Volvo s'ouvrirent sur le lutin, le grand blond élancé et... bingo, un nouveau Cullen. Edward, supposai-je. Bon, il s'était passé plus que douze secondes mais j'avais raison pour la Volvo. Je n'avais pas vu grand chose de lui, juste des cheveux ébouriffés bruns. Je récupérai mon sac à dos à l'arrière de ma voiture et regardai de nouveau vers le groupe qui s'étaient placés en trois groupes distincts. Musclor et Blondie étaient adossés derrière le coffre de la berline, celui que je supposai être Edward était adossé au coffre de la Volvo, le lutin et le grand blond se tenaient l'un contre l'autre au milieu, adossés à rien du tout, juste debout, se câlinant l'un l'autre.

Les cheveux sauvages d'Edward étaient en fait brun-cuivrés, il avait la peau aussi blafarde que les autres, il était vêtu d'une veste bleu-gris – détail insignifiant mais la veste était sympa – et il avait les sourcils froncés, fixés droit sur moi. Je fronçai moi aussi les sourcils, complètement submergée par un sentiment inconnu au bataillon de mes sentiments. Ou peut-être même était-ce une émotion ? Pendant que j'essayai de déterminer si ''émotion'' et ''sentiment'' étaient des synonymes, je me rendis compte qu'il était tout aussi inhumainement beau que les autres et clairement très attirant ce qui était une donnée qui faisait disjoncter mon cerveau. Parce que je n'étais pas attirée par les hommes ni par les femmes... mais, visiblement, j'étais attirée par les Edward Cullen.

« Vous allez vous battre ? S'enquit Bella que je n'avais pas vue arriver à mes côtés.

Je détournai alors mon regard pour le fixer dans les yeux chocolats de Bella. En parlant de yeux, ceux d'Edward Cullen étaient dorés, je vous jure qu'ils l'étaient. Je soupirai. Je devais n'être qu'un personnage secondaire et me voilà refourguée dans le rôle de la méchante de l'histoire, la méchante sorcière qui essaye de voler tout ce que la princesse possède.

« Ça me semble inévitable, fis-je avec lassitude. Il va y avoir du sang, partout.

Bella écarquilla les yeux.

« Le sien, hein, pas le mien.

« Jamie, gronda-t-elle. Tu ne vas pas te battre !

« N'aie pas peur Bella, soufflai-je. Fais comme moi, je n'ai peur de rien.

J'entamai alors la marche en direction du lycée, ignorant la haine d'Edward Cullen. Parce qu'il me haïssait, il avait compris que j'étais la méchante qui allait mettre le bordel dans sa relation avec la princesse.

« Tu n'as peur de rien, hein ? Et la chauve-souris, vendredi soir ?

Je m'arrêtai et me tournai pour faire face à Bella qui s'arrêta pour ne pas me foncer dedans, j'étais consciente du regard d'Edward dans son dos, parce que je le voyais en périphérie. L'affaire de la chauve-souris, comment dire ? Elle tournoyait dans les airs au-dessus de ma tête, menaçant de s'agripper à mes cheveux à tout moment, une sale histoire.

« N'as-tu jamais vu Dracula ? M'effarai-je. Les chauves-souris peuvent se transformer en vampires, tu le sais ? J'ai besoin de mon sang pour vivre.

Je me retournai et continuai la marche, en soupirant devant l'idiotie de ma sœur.

« Tu regardes trop la télé, me reprocha-t-elle.

« Et toi, pas assez.

L'avantage d'être plus jeune que ma sœur était que j'étais dans une classe inférieure, Edward étant dans son cours de bio, je ne serai donc jamais dans le même cours que lui et ainsi, aurais plus de mal à gâcher leur histoire d'amour. Il allait falloir que je lutte contre ma nature de méchante pour les aider un peu, si besoin, aussi espérai-je que l'envie insatiable de tout détruire ne sera pas si insatiable. Pour l'instant, ça allait.

Au déjeuner, Bella et moi nous nous retrouvâmes assises à la table ronde habituelle de notre groupe et ma nature avait déjà fait son œuvre parce que je n'avais qu'à tourner la tête pour voir Edward et sa famille attablés en arc de cercle à leur table habituelle – Edward était le plus à droite – mais Bella devait pratiquement se retourner pour les regarder. Du moins, le regarder, j'étais sûre que ses regards étaient pour lui. Il ne nous regardait pas beaucoup, je l'avais surpris qu'une seule fois à regarder Bella, quand je tournai la tête vers eux. Le sujet de conversation de notre table était, je vous le donne en mille, le retour d'Edward Cullen et la raison supposée de son absence.

« Il était peut-être à l'hôpital, avança Lauren.

« Ou en prison, fit Jessica.

Lauren était blonde, yeux verts, Jessica avait les cheveux châtains et les yeux bleus. Elles ne m'aimaient pas beaucoup et je les ai déjà surprises à se moquer de moi dans mon dos mais je faisais comme si je ne remarquais rien. Je m'en fichais parce que je ne les aimais pas trop non plus.

« Il avait peut-être fugué, intervint Mike.

Il obtint un regard noir des deux filles et se laissa retomber contre le dossier de sa chaise d'un air coupable. Mike avait les cheveux châtains presque gris, des yeux bleus et des bonnes petites joues, il me faisait penser à un enfant. Lui, je l'aimais bien parce qu'il était gentil avec Bella et il ne s'était jamais moqué de moi.

« Peut-être qu'il s'est enfui de chez lui, argua Jessica comme si l'idée n'avait pas été prononcée sous une autre forme juste avant.

« Il était peut-être simplement malade, avança Bella.

Elle commençait déjà à le défendre, c'était si mignon. Lauren leva les yeux au ciel. Je regardai en direction des Cullen, interceptai le regard d'Edward dans le mouvement. Il y avait toujours cette attirance bizarre et maintenant, y avait des papillons qui voletaient dans mon ventre quand je le regardais. Devrais-je divulguer ton secret, Edward Cullen ? Son visage avait un air indéchiffrable, il maniait l'art de l'impassibilité avec un talent certain. Il ne voulait pas que je le sache mais je le savais : il me détestait. Je détournai mes yeux de lui pour le mettre directement dans mon assiette.

« Il sèche les cours à l'insu de ses parents, fit Jessica.

« Il est allergique aux fraises.

Toute la table me regarda, les yeux interloqués, la bouche mi-ouverte. Sauf Bella qui essayait de garder son calme, visiblement prise d'une euphorie en voyant tous les visages ainsi tournés vers moi.

« Ça ou il a peur de Bella, continuai-je.

J'avais divulgué son secret, l'un ou l'autre l'était, il fallait juste savoir lequel.

« Pourquoi aurait-il peur de Bella ? Demanda Angéla, prenant part à la discussion pour la première fois.

Angéla avait des traits asiatiques, les cheveux noirs extrêmement lisses et toujours relever en queue de cheval ou demi-queue, elle portait également des lunettes rectangulaires dont la monture était rouge.

« Pourquoi n'aurait-il pas peur de Bella ? Contrai-je. Elle est effrayante.

Elle ne l'était pas, bien sûr, mais je ne voulais pas qu'Edward se sente ridicule d'avoir peur d'elle, je voulais qu'il pense qu'il n'était pas le seul. Il ne pouvait pas entendre de là où il était mais on était dans un lycée, les ados parlaient. Beaucoup.

Angéla se leva de table de façon trop précipitée pour être honnête. Je me tournai pour la suivre du regard et la vis rejoindre Ben qui poussait un chariot rempli de journaux. Ben avait les cheveux noirs qui tombait sur son front et les yeux bruns.

« Vous trouvez pas ça bizarre, vous ? S'enquit Jessica.

Elle attendait que quelqu'un demande ''quoi ?'' aussi, répondis-je :

« Totalement bizarre.

Elle me lança un regard soupçonneux.

« Comment tu sais de quoi je parle ?

« Je suis télépathe, annonçai-je.

Je regardai où en était les journaux, ils étaient presque à la table des Cullen. L'un d'entre eux avaient dû raconter quelque-chose de drôle puisqu'ils affichaient tous un rire amusé, sauf Rosalie qui souriait seulement, musclor envoya une frite au visage d'Edward, lui disant quelque-chose, Edward répliqua en lui en envoyant deux. Ils arrivaient à bien s'amuser, visiblement. Je m'étais posée la question vendredi, ils restaient toujours si... guindés. Ben esquiva complètement la table des Cullen, laissant Angéla leur proposer le journal, ils refusèrent. Décevant, Edward ne pourrait pas lire l'article qu'ils avaient fait à propos de nous et peut-être même à propos d'eux, ça aurait été un bon début pour sa romance avec ma sœur.

« Bon, siffla Lauren. Qu'est-ce qui est bizarre ?

« Vous ne trouvez pas bizarre que les Cullen soient en couple, entre eux ? Ils sont frères et sœurs.

« Ils sont tous adoptés, fit Lauren.

« Vous pensez qu'Edward est célibataire ? S'enquit Jessica.

Pas pour longtemps puisqu'il était en train de tomber amoureux de ma sœur. Angéla et Ben furent à notre niveau, Bella ne voulut pas lire le journal mais moi, je le pris parce que je n'étais pas maladivement contre recevoir de l'attention.

Eric, un autre membre du club de journalisme, nous avait interviewé, ce fut Angéla qui avait pris notre photo, elle avait réussi à capter l'essence même... des rougissements de Bella.

Note : Les réponses proviennent de Jamie quand elle sont précédées d'un ''J'' et celles de Bella par un ''B''.

Pouvez-vous vous présentez ?

J : Je suis Jamie Swan, elle, c'est Bella, Swan évidemment. Nous sommes liées par nos parents.

Vous êtes sœurs, donc ?

J : Oui, c'est une façon plus ennuyeuse de le dire. Bella a 18 ans et elle est en première, j'ai 16 ans et je suis en terminale. Non, en seconde, en fait. Je voulais voir si tu suivais.

B : J'ai redoublé la seconde, pour raison familiale.

J : Raison Jamiliale.

D'où venez-vous ?

B : De Forks, à la base. Nous sommes nées ici et y avons vécu jusqu'à mes quatre ans, deux ans pour Jamie mais nos parents ont divorcé et ma mère nous a emmenées avec elle, au soleil. Nous avons vécu à Phœnix dans l'Arizona jusqu'à maintenant.

J : Nous ne revenions à Forks que pendant les vacances d'été pour traîner avec Charlie.

B : Pour voir notre père, Jamie.

J : Tu es loin d'être cool, Bella, reprends-toi.

J'ignorai que tout allait être écrit, même nos échanges entre les réponses.

Pourquoi être revenues habiter à Forks ?

J : Notre mère a rencontré Phil Dwyer, il est chasseur de fantômes, il leur casse la figure avec sa batte de base-ball, elle voulait le suivre dans sa chasse aux ectoplasmes, alors j'ai décidé qu'il était temps de vivre un peu dans un trou paumé et pluvieux. C'est vrai quoi ? La pluie, ce n'est pas du tout déprimant. Et comme Bella ne pouvait pas rester seule sans ma protection, j'ai dû l'emmener avec moi pour éviter qu'elle ne soit blessée dans une attaque de zombies ou une invasion alien.

B : (N : elle soupire) Phil est joueur de Base-ball de seconde ligne. Et si j'ai suivi Jamie, ça n'a rien à voir avec ma protection ou des attaques d'êtres irréels, Jamie regarde trop la télé. Je l'ai suivie parce qu'il faut bien que quelqu'un la surveille.

J : Bella vit dans la désillusion. (N : Bella lève les yeux au ciel)

Pourquoi Jamie aurait besoin d'être surveillée ?

J : Elle invente.

B : Jamie peut avoir une vision différente sur le monde, elle peut faire des choses stupides pour ce qu'elle prend pour des bonnes raisons mais c'est souvent des raisons stupides. C'est elle qui vit dans la désillusion, quand bien même tout le monde va penser et voir ''A'', elle, elle va penser et voir ''B'' et une fois qu'elle voit une chose d'une certaine façon, c'est difficile de lui faire voir autre chose.

Ça entraîne des conflits entre vous ?

B : Non, j'adore ma sœur, je ne la changerai pour rien au monde même si parfois, je suis bien obligée de me fâcher.

J : Bella est plus sévère que notre mère.

B : Notre mère est pratiquement restée comme une enfant, alors elle ne s'est jamais vraiment occupée de nous, il fallait bien que quelqu'un prenne ce rôle. C'est pour ça que j'ai 35 ans et Jamie, 8 ans et demi.

J : Mais... (N : elle se terre dans le silence)

L'article se concluait sur ma bouderie, confirmant ainsi que j'avais 8 ans et demi. C'était amusant même si les réponses de Bella donnait l'impression que j'étais un peu folle. Ce qui n'était pas le cas, évidemment. J'étais totalement saine d'esprit, les autres étaient trop limités pour voir les choses comme elles étaient, c'est tout.


Voilà pour ce chapitre qui fait entrer Edward en scène et qui met en place le personnage de Jamie et sa façon de voir les choses.

En relisant ce chapitre, je reste sur ma faim, j'ai peur que ça vous fasse le même effet alors je posterai probablement le prochain chapitre dans la soirée pour palier à ce problème

A très vite =^-^=