Attention, c'est le second chapitre posté aujourd'hui


Chapitre 3

Bella squattait ma chambre, elle semblait plus heureuse de cette journée qu'elle ne l'avait été pour les autres et ce malgré l'article – qu'elle n'a toujours pas lu, au passage. Elle était assise sur mon lit, j'étais en tailleur sur le fauteuil de mon bureau, tournée vers elle.

« Edward est sympa, au final.

Un sourire étira mes lèvres. Je le savais.

« Ah oui ? Fis-je comme si je ne m'y attendais pas. C'est surprenant, je m'y attendais pas.

Elle plissa les yeux.

« Comment as-tu pu t'y attendre ?

Misère.

« Alors ? Insista-t-elle.

« Tu ne sais rien, Bella Swan.

« C'est une réplique de film ? Oui, n'est-ce pas ? Tu as fait un ton bizarre, comme si tu répétais une réplique.

« Série, Game of Thrones. Inculte !

« La série où tout le monde baise et meurt ? S'enquit-elle. Je suis sûre que quelqu'un est même mort en baisant.

« Celle-là même. Tu as retenu le sexe et les morts mais pas les dragons, je vois où sont tes priorités. Perverse psychopathe.

Elle secoua la tête, vaguement désespérée.

« Tu ne devrais pas regarder ça.

« J'ai 16 ans, je peux, selon la loi.

« Pas selon ton esprit.

« Mon esprit dit que si.

« Je dirai à Charlie de mettre le contrôle parental.

J'écarquillai les yeux.

« Quoi ? Mais non ! Bella, c'est bon, j'ai pas été choquée et j'ai déjà tout vu, ça ne sert à rien, maintenant.

« Je n'ai pas envie que tu te mettes dans l'idée que nous allons bientôt nous faire attaquer par un dragon.

J'allai répliquer mais je me tus. Parce que ça s'était déjà produit, ça, il y avait précisément sept jours. Je soufflai, mécontente.

« Donc, pourquoi t'attendais-tu à ce qu'Edward soit sympa ? S'enquit-elle. Vous avez parlé pendant l'une des pauses ?

« Non, il me déteste.

« Pourquoi te détesterait-il ?

« Il sait qui je suis, Bella, dis-je gravement.

La méchante de l'histoire.

« Quel film es-tu en train de te faire, dans ta tête ?

« C'est pas un film, c'est un livre.

« Un livre ?

« Ouais, il y aura quatre tomes mais nous n'en sommes qu'au début du premier.

« Pourquoi un livre ?

« Tu es le personnage principal, bien sûr. C'est évident que c'est un livre, cette fois.

« Il n'y a pas de livre, Jamie, pas plus que de film, c'est la vraie vie, ici.

« Ça voudrait dire que je suis dingue, parce que je leur parle.

« À qui ? S'inquiéta-t-elle.

« Mes lecteurs.

« Ah. Et... euh... ils te répondent ?

Je plissai les yeux. Elle attendait ma réponse avec appréhension.

« Là, c'est toi qui est dingue, lui appris-je. Bien sûr que non, ils n'existent pas.

« Jamie... souffla-t-elle.

Je n'insistai pas, être le personnage d'un livre était toujours difficile à admettre. Bella se leva en soupirant.

« Bon, je te laisse finir tes devoirs.

Bella quitta ma chambre, je me tournai vers mon ordi, ouvert sur la page où j'avais commencé ma dissertation pour le cours d'anglais quand je décidai finalement qu'il était plus important de faire des cupcakes. Je sortis de ma chambre et j'étais arrivée à la moitié des escaliers quand j'entendis Bella et mon père parler.

« Un contrôle parental ?

« Ouais, dit Bella. Et je pense qu'on devrait lui trouver un psy, ici, elle s'imagine que nous sommes dans un livre.

« Dans un livre ?

« Mh mh, d'habitude, elle s'imagine être dans un film ou une série mais visiblement, elle a décidé que ce serait un livre cette fois et j'en suis apparemment le personnage principal.

Je grimaçai, Bella pouvait rejeter avec force la vérité de la réalité que j'essayais de lui montrer, ça n'arrêtera rien de ce qu'il se préparait.

« Je verrai ça, lui dit Charlie.

Rassurée, je descendis les dernières marches et entrai dans la cuisine. ''Je verrai ça'' devait être la version ''on en reparlera plus tard'' de Renée et qui signifiait qu'on n'en reparlera plus jamais et donc, qu'il ne regardera jamais ça. Je sortis tous les ustensiles et les ingrédients dont j'avais besoin pour faire les cupcakes, il était bientôt 18h donc Bella n'aurait pas besoin de la cuisine avant au moins une heure, ce qui me laissait le temps. Bella aimait cuisiner, elle savait tout faire avec une poêle et des casseroles, moi, j'étais plus pâtisseries.

Je voulais vous parler de l'importance de faire des cupcakes. Je ne sais pas si vous aviez remarqué mais les Cullen ne mangeaient pas beaucoup. Je les voyais à peine toucher leur plat donc soit ils étaient tous anorexiques, soit les plats de la cafétéria leur étaient infectes, ils n'étaient probablement pas habitués à la nourriture industrielle, d'où les cupcakes. L'idée était de nourrir Edward en lui faisant croire que les cadeaux alimentaires que j'allais laisser dans son casier provenaient de Bella. C'était une des étapes pour les faire tomber amoureux. Et puisque vous ne pouvez pas me le demander, je vais répondre à votre question muette : j'avais espionné Edward en train d'ouvrir son casier, donc je connaissais son code. Je ne vous ai pas raconté ça parce que... c'était probablement un peu illégal... bon, après, je suis la méchante de l'histoire, vous vous attendez probablement à ce que je fasse ce genre de trucs.

Je mélangeai donc les ingrédients, introduisis la pâte dans les moules, les fourrai avec le chocolat fondu et quelques cacahuètes puis je mis le tout au four. Je rejoignis Bella et Charlie au salon, Bella s'était installée pour lire un livre tandis que Charlie semblait se bagarrer avec la télécommande.

« Tu fais quoi ? Demandai-je.

« J'essaye de programmer le contrôle parental.

Bella cessa de lire son livre pour regarder l'écran. Visiblement, Charlie et Renée étaient différents, mon père faisait ce qu'il disait qu'il ferait. Elle se redressa en vue de prendre la télécommande.

« Je peux le faire, si tu veux, la devançai-je.

« Non, je vais le faire, fit Bella en tendant sa main vers notre père.

Charlie déposa la télécommande dans la main de Bella, me laissant vaincue. Si je connaissais le code, ça aurait été plus pratique. Bella programma le contrôle parental de sorte à ce qu'il y aie besoin d'un code pour regarder des films et séries interdits au moins de 16 ans. Plus de Game of Thrones pour moi, heureusement que j'avais déjà tout vu. Elle se leva et monta pour, je supposai, installer le même à ma télé. Peu importait, j'avais un ordinateur et internet sur mon téléphone.

Une fois les gâteaux sortis et refroidis, j'entrepris d'y pocher la crème pendant que Bella commençait à préparer la cuisine, rangeant en même temps le bordel que j'avais foutu. Je n'ai jamais été très organisée. J'avais fait un petit B avec de la pâte à sucre que je déposai sur l'une des montagnes de crème et mis ce cupcake dans une petite boîte en carton. Je mis la boîte et tous les autres cupcakes au frigo.

-§-

J'avais vraiment été maline, pour le coup. Comme les Cullen attendaient toujours la première sonnerie près de leurs voitures, je savais qu'Edward allait me voir sortir avec la boîte contenant le cupcake, aussi avais-je demandé à Bella de me tenir la boîte jusqu'à l'intérieur du lycée. J'espérai seulement qu'elle ne fasse pas ce qu'elle faisait d'habitude par ce temps : tomber – la route était verglaçante. J'offris donc un sourire arrogant à Edward quand je refermai ma portière parce qu'il n'avait aucune idée que la pâtisserie qu'il trouvera dans son casier tout à l'heure était de moi. Il pensera qu'il avait été fait par Bella, à cause du ''B'' en sucre et tombera un peu plus amoureux d'elle. Pour moi, Bella était déjà amoureuse de lui, elle l'avait défendu, elle avait dit qu'il était ''sympa, en fait'', c'était le début de leur histoire d'amour.

À l'intérieur du bâtiment, je repris la boîte et me dirigeai vers l'aile où se trouvait le casier d'Edward. Je n'avais pas prévu que Bella me suive mais j'aurais dû m'en douter, elle m'avait demandé si le cupcake que j'amenais au lycée était pour mon goûter et comme j'avais répondu ''non'', elle m'avait demandé pourquoi je l'emmenais, alors. Je n'avais pas répondu. Peu importait, Bella ne pourrait jamais connaître mes plans. Je m'arrêtai face au casier d'Edward et tournait le bouton pour entrer le code. 2 à droite, 7 à gauche, 8 à droite, gardez ça pour vous. L'intérieur du casier d'Edward était rempli de quelques manuels scolaires, j'y déposai le cupcake par dessus et refermai le casier.

« À qui est ce casier ? S'enquit-elle.

Je la fixai, faisant glisser mes lèvres dans un sourire complotiste qui eut exactement l'apparence que je voulais lui donner car Bella me demanda :

« Qu'est-ce que tu manigances, Jamie ?

« Le plan est en marche, Bella. Personne ne peut aller contre ça. Tout va se dérouler comme ça doit se dérouler.

« Qu'est-ce que c'est, ce plan ?

« Patience, soufflai-je.

D'après mes calculs, je devrais répéter le coup du gâteau dans le casier pour les trois prochains jours, soit le reste de la semaine, Edward y réfléchira durant tout le week-end et lundi, Bella et Edward ne se quitteront plus. Mon plan était parfait.

Je ne pus pas me mettre à pâtisser dès notre retour du lycée car Charlie me demanda de venir avec lui. Il me fit monter dans sa voiture de fonction mais je savais qu'il n'était pas en train de m'arrêter, j'étais à l'avant, côté passager, s'il m'arrêtait, je serai derrière. Charlie n'avait pas jugé utile de s'acheter une voiture, vu qu'il avait celle de son travail. Il était le chef de la police, ici, à Forks. J'appuyai sur le bouton pour mettre les sirènes et nous traversâmes la ville sous la mélodie atroce que produisait la voiture. Charlie ne dit rien, laissant l'alarme crier au-dessus de nous, voulant probablement me faire plaisir. Il coupa les sirènes au bout d'un moment et quelques minutes plus tard, je compris pourquoi. Il se gara dans le parking de l'hôpital, nous sortîmes du véhicule et lorsque nous entrâmes à l'intérieur du bâtiment, Charlie me demanda de l'attendre dans la salle d'attente.

J'allais donc sur ma droite pour m'asseoir dans le grand carré de chaises qui faisaient office de salle d'attente. Il y avait quelques autres personnes assises ici dont un mec au visage bien amoché. Il s'était battu et je compris qu'il était un mafieux. Je me dis alors que Charlie et moi étions ici sous couverture, pour trouver des preuves contre lui. Je me tournai pour voir ce que faisait mon père, il était accoudé au comptoir et parlait avec l'hôtesse, il regardait dans notre direction, de temps en temps, signe qu'il surveillait le mafieux. C'était pour cela qu'il était vêtu en civil, aujourd'hui et qu'il avait coupé les sirènes, en fait. Il vint s'asseoir près de moi et attendit tranquillement, faisant parfaitement semblant d'ignorer le criminel. Un médecin vint chercher ce dernier et l'homme amoché le suivit sans discuter. Je suivis l'homme du regard pour voir dans quelle direction il allait partir avec le médecin car Charlie n'y prêtait pas attention.

« On ne devrait pas le suivre ? Chuchotai-je.

Charlie se tourna légèrement vers moi.

« Qui ça ?

« Le mafieux, répondis-je comme si c'était évident.

Parce que ça l'était, évident.

« Ce n'est pas un mafieux, Jamie.

« Bah, si, tu n'as pas vu sa tête ?

« Il s'est battu ou a eu un accident.

« Il s'est battu... avec un gang rival.

« Je devrais retirer la télé de ta chambre, marmonna-t-il.

Oh non.

« Mais non, tu ne devrais pas.

Il me lança un regard sévère alors je me tus. Un autre médecin arriva après un moment.

« Jamie Swan ?

Oh, il me connaissait. Je me levai en même temps que mon père.

« Bonjour, je suis le Dr Gerandy. Suivez-moi.

Mon père et moi suivîmes le brun en blouse blanche que je ne connaissais pas pour ma part jusque dans son bureau de médecin. Celui-ci nous proposa de nous asseoir et s'installa derrière son bureau.

« Bien, comme l'hôtesse d'accueil vous l'a dit, nous n'avons pas de service psychiatrique ici et pas non plus de médecin psychiatre, nous envoyons généralement les patients à l'hôpital de Port-Angeles. Cependant, nous pouvons proposer un traitement, selon les besoins, en attendant que vous obteniez un rendez-vous, ça peut être assez long à moins d'aller plus loin, à Seattle.

Charlie hocha la tête, guère habitué à gérer mes rendez-vous psy, c'était toujours Bella qui s'en occupait, depuis qu'elle avait décidé que ça serait une bonne idée de me faire parler avec un médecin pour l'esprit.

« Bien, Jamie, peux-tu me dire ce qui ne va pas ?

Je fronçai les sourcils, réfléchissant à ce qui n'allait pas mais ne trouvai rien de significatif. Edward et Bella n'était pas encore en couple mais c'était en bonne voie, Edward me détestait mais c'était normal, donc, je ne voyais pas de truc qui n'allait pas.

« Tout va bien, dis-je.

Le médecin haussa un sourcil vers mon père.

« Jamie a beaucoup d'imagination et elle a dû mal à déduire des choses logiques de ce qu'elle voit, elle trouve des explications fantasques plutôt que des choses probables. Et sa sœur m'a dit hier qu'elle s'imaginait parfois être dans un film ou dans un livre.

« Je vois, fit le médecin en hochant la tête.

J'étais sûre qu'il ne voyait pas du tout.

« Te sens-tu inquiète, en ce moment ? Me demanda-t-il.

Je réfléchis. Je supposai que oui. J'étais inquiète de saboter la relation entre Edward et Bella malgré moi parce que je n'aurais pas contrôlé mon côté méchante.

« Ouais, je dois faire attention à tout ce que je fais.

Il prit un carnet et nota des choses dessus, me posant d'autres questions.

« Je lui prescris des anxiolytiques, elle devra prendre un comprimé, matin, midi et soir, pendant une semaine. Et un rendez-vous chez un psychiatre lui serait effectivement bénéfique.

Il détacha la feuille et la tendit à mon père. Nous passâmes à la pharmacie avant de rentrer à la maison avec les médicaments que le médecin m'avait prescrit. Une fois rentrés, mon père m'ordonna de prendre le premier comprimé comme si c'était urgent que je le prenne, j'obtempérai. Je me mis enfin à la réalisation de muffins framboises-cacahuètes. J'espérai que le cupcake fourré au chocolat avait été apprécié.


Voilà pour la suite, Jamie est adorable à vouloir aider, n'est-ce pas ?