Chapitre 5

pov Edward

Ma seule envie était de simplement trouver un endroit où il n'y aurait aucun humain à la ronde, dans la forêt amazonienne par exemple mais Carlisle insistait pour que nous restions au contact, un minimum, avec les humains pour ne pas perdre notre humanité. D'après lui, c'était impératif pour garder notre mode d'alimentation. Il était mon créateur mais, comme mes frères et sœurs, je le considérais comme mon père alors je n'avais pas vraiment le choix que de suivre ses directives. Comme je n'avais été transformé qu'à 17 ans, mes options étaient limitées, c'était soit le lycée soit la restauration, le seul domaine qui acceptait d'embaucher des jeunes sans diplôme (je n'étais pas supposé avoir déjà le bac) et j'avais déjà passé les cinq dernières années à servir de la nourriture aux humains lorsque nous vivions en Suède, jusqu'à peu, j'avais besoin d'une pause avec ce travail, comme mes frères et sœurs. Carlisle et Esmée avaient au moins la chance de pouvoir être assez vieux pour être diplômés et avoir de l'expérience dans leur domaine de prédilection, à savoir la médecine et l'architecture d'intérieur.

Je n'avais pas imaginé que ma vie, si on pouvait appeler cela une vie, allait être à ce point bousculée quand cette lycéenne brune qui m'avait semblé absolument banale est entrée dans ma classe de biologie. Au départ, c'était simplement un visage au milieu d'une centaine d'autres, des pensées que j'imaginais pour le moins toutes aussi insignifiantes, je n'avais pas cherché à confirmer mes propos, parce que rien ne supposait que ça n'en vaille la peine. Les pensées étaient toutes les mêmes, il ne s'agissait là rien de plus qu'un parc à adolescents remplis d'hormones. L'adolescence était un fléau et était ma malédiction parce qu'en tant que télépathe, j'avais accès à toutes leurs pensées, sans pouvoir les contrôler, d'où mon envie de devenir un ermite. Au fil du temps, j'avais appris à mettre ce brouhaha incessant en arrière-plan dans mon esprit mais c'était tout ce que je pouvais en faire, il n'y avait pas de bouton marche/arrêt.

Nous étions nouveaux à Forks et pourvus d'un charme et d'une beauté physique caractéristiques des vampires que nous étions, cela permettait d'attirer nos proies plus facilement, contrebalançant leur instinct de survie. Toutes les pensées des élèves et même de certains profs étaient des remakes de Tex Avery, yeux exorbités et langue pendante, j'essayais de maintenir mon esprit loin de ces choses futiles quand je fus frappé par son odeur, celui de son sang. Tout ce que j'avais voulu, c'était bondir de mon tabouret pour enfoncer mes canines dans sa jugulaire d'où se serait déversé l'ambroisie qui y coulait. Je n'avais jamais rien senti de tel et je m'étais efforcé de maintenir cette odeur loin de moi, faisant barrière avec ma main, coupant ma respiration mais c'était trop tard, le mal avait été fait. L'ivresse de son sang m'avait consumé, me suppliant d'y goûter, rien qu'une petite goutte... puis toutes les autres ensuite. Mais je n'aurais pas pu, pas ici, pas à ce moment. Il aurait fallu tuer toute la classe, les 26 autres élèves et le professeur. Ça aurait été facile à faire mais difficile à cacher. Alors, j'avais fait attention à mon don pour lire son esprit afin que ses pensées d'adolescente stupide me repousse mais elles ne l'avaient pas fait... car elles étaient inexistantes. Isabella Swan, j'avais chopé son nom dans les pensées du professeur, elle était une bonne élève, d'après ce qu'il avait lu dans son dossier scolaire.

J'avais dû fuir en Alaska pour ne pas être tenté d'égorger cette fille. Une fois que j'avais ma soif de sang en contrôle, j'étais revenu pour reprendre le cours normal de ma vie et pouvoir rester auprès de ma famille.

Ce n'était pas seulement Bella qui avait perturbé autant le cours de mon existence, elle traînait derrière elle une sœur des plus déconcertantes. Ce n'était pas le premier cerveau dysfonctionnel dont j'entendais les pensées mais c'était différent des autres fois. Jamie Swan vivait dans un monde qui se superposait à la réalité et ses pensées fantasques me fascinaient même si elle semblait avoir une certaine obsession à me vouloir en couple avec sa sœur, du jamais vu. À ce rythme, je m'étais attendu à ce que leur père aie son propre moyen de me perturber mais non, il paraissait... normal bien que ses pensées me soient quelques peu parasitées, je supposai un prémisse de la faculté qu'avait Bella de me laisser au dehors des siennes.

Les sœurs et moi venions d'arriver chez elles, Bella expliqua à son père ce qui était arrivé à Jamie quelques minutes auparavant, je perçus dans les pensées de Charlie qu'il avait pris un rendez-vous pour Jamie avec un psychiatre à Port-Angeles mais qu'il était tellement surbooké que le rendez-vous était prévu pour dans trois mois. Il n'avait pas noté ma présence mais je savais que Carlisle pouvait aider alors je l'interpellai, il parut décontenancé par ma présence et un peu méfiant à cause de son instinct de survie. Je lui indiquai donc de demander auprès de mon père pour sa fille. Carlisle était vampire depuis 360 ans, il pratiquait la médecine depuis un peu plus de 200 ans, il avait pu obtenir plusieurs spécialisations au cours de sa longue carrière, notamment une en psychiatrie.

Une fois que Charlie embarqua sa plus jeune fille, je suivis Bella jusqu'à une table, placée quelques mètres derrière le canapé, elle s'y installa et je m'assis face à elle, posant mon sac sur la chaise à mes côtés.

« Comment as-tu su ? Que Jamie allait mal et que tu devais la sortir de la voiture ?

J'avais non seulement vu ses pensées, ce qu'elle pensait voir, sa décision de foncer sur le poteau électrique qu'elle voyait prendre vie sous la forme d'un serpent géant mais j'avais aussi vu les conséquences de cet acte dans l'esprit d'Alice, en parallèle. Les deux sœurs blessées, moi m'abreuvant du sang de Bella, ça aurait été une scène horrifique. Je sortais mes affaires pendant que je cherchais un mensonge valable, un qui ne divulguerait pas ma nature de vampire.

« Je ne le savais pas, mentis-je. Je voulais l'empêcher de démarrer pour te demander si c'était toujours ok pour ce soir et je l'ai vue en train de paniquer. Je n'ai pas réfléchi, j'ai fait le premier truc qui m'est venu à l'esprit.

Elle soupira, laissant son front tomber sur son cahier qu'elle venait de poser sur la table devant elle.

« Je ne veux pas qu'on l'enferme dans un asile, déplora-t-elle. Elle n'avait jamais eu d'hallucination, avant.

Elle se redressa, son regard était sombre, triste. Elle m'avait raconter qu'elle avait dû s'occuper de Jamie depuis qu'elle était assez grande pour le faire, ce qui n'aurait pas dû lui incomber. J'avais lu l'article à leur sujet dans l'esprit des élèves et entendu leurs pensées, leurs conclusions au sujet des sœurs étaient pour la plupart, remplies de jugements et de préjugés. Incapables de voir les sacrifices que Bella avait pu faire pour sa sœur, abandonnant trop tôt l'enfance qu'elle aurait dû avoir. Jamie n'y pensait pas souvent mais elle était consciente de ce que sa sœur faisait pour elle, sacrifiait pour elle, d'où la ''raison jamiliale'' qu'elle avait précisé dans l'article à propos du redoublement de Bella.

« Quelque-chose a changé, dernièrement ? Un traitement ? Lui demandai-je.

Elle hocha paresseusement la tête en se redressant.

« Des anxiolytiques, m'apprit-elle. Tu penses que c'est ça ? Et non, que son trouble devienne plus féroce ?

« À mon avis, tu peux mettre ça sur leur compte. Carlisle lui fera arrêter le traitement ou le modifiera si elle en a vraiment besoin d'un.

Elle hocha la tête d'une façon plus déterminée. J'aimerais pouvoir lire dans ses pensées, juste en ce moment. J'aimerais pouvoir lui dire que j'étais là, maintenant, que j'allais l'aider mais même si j'étais lié à présent, je ne pouvais pas m'impliquer autant avec elles. Parce qu'elles étaient humaines et je ne l'étais pas. Ça aurait été plus simple si, comme Jamie le pensait, j'avais été une statue vivante, les statues étaient inoffensives.

« Maintenant que nous sommes amis, fit Bella avec nervosité.

Je restais sur mes gardes, ne sachant pas à quoi je pouvais m'attendre. Je n'aurais jamais pensé que mon don aurait été quelque-chose d'utile en dehors de prévoir les suspicions que les humains pouvaient avoir sur nous.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé, ton premier jour, en bio ?

Évidemment, je ne pouvais miser sur la capacité des cerveaux humains à oublier. En décidant d'établir une amitié avec Bella, je m'attendais à ce que ce sujet vienne sur le tapis un jour. Carlisle serait fâché et ma sœur, Rosalie, me tuerait si ma décision entraînait des problèmes mais je ne pouvais pas rester loin, une amitié avec Bella me semblait être le bon compromis pour ne pas trop m'impliquer mais rester un minimum proche.

« J'étais malade, mentis-je. J'avais... peur de vomir sur toi.

« Oh.

« Désolé, si tu as pensé que ça venait de toi.

« C'est rien. Au moins, je ne t'ai pas effrayé, ricana-t-elle.

« Ta sœur a des idées très amusantes.

« Si tu savais, soupira-t-elle.

Je ne le savais que trop bien, j'avais un accès illimité à son esprit.

« Merci, d'ailleurs.

« De quoi ? M'empressai-je de demander.

« De ne pas parler d'elle comme si elle n'était que folle. J'entends comment les autres parlent d'elle.

« Peut-être que nous sommes tous fous et qu'elle est la seule saine d'esprit ? avançai-je.

Elle me fusilla du regard.

« Ne lui dis jamais ça.

Je ris, elle n'avait pas besoin de moi pour ça, c'était déjà ce qu'elle pensait. Une fois le sujet clos, nous entreprîmes de commencer l'exposé sur Shakespeare que nous avions à faire pour le cours de littérature. J'étais étonné qu'elle sache son sujet presque autant que moi, elle m'apprit qu'elle lisait beaucoup, que c'était son moyen d'échapper à sa vie d'ado-adulte qu'elle avait été obligée d'endosser. C'était là un point commun que nous avions, la lecture était mon propre moyen d'échapper à mon existence.

Charlie et Jamie revinrent presque une heure après leur départ, Jamie s'était arrêtée sous l'arche qui séparait le salon de l'entrée, jeta un regard sur sa sœur et moi et sourit grandement en voyant que son plan marchait malgré les gâteaux que je n'avais pas mangé. Puis elle monta les escaliers pour rejoindre sa chambre afin de chercher le code parental qui l'empêchait de regarder des séries qu'elle pourrait avoir envie de voir mais dont elle ignorait l'existence puisqu'elle ne trouva aucune série interdite au moins de 16 ans actuellement diffusée dans sa mémoire.

Nous avions fait peut-être les trois-quarts du travail quand je rentrai à la maison. Nous habitions dans une villa hors de la ville, perdue au milieu de la forêt, accessible en voiture par une unique allée. Nous gardions ainsi une intimité nécessaire à notre condition. Quand Carlisle rentra, il me demanda de le rejoindre dans son bureau, il l'avait faite insonoriser de sorte à ce que nous ne pouvions pas entendre ce qu'il s'y disait à l'intérieur, malheureusement, l'insonorisation ne bloquait pas mon don, ce qui fait qu'il devait utiliser un autre moyen si qui que ce soit voulait s'entretenir de choses qu'il voulait me cacher. La plupart de ces choses étant des cadeaux d'anniversaire, toute ma famille s'était faite à l'intrusion mental de leur intimité. Alice et Jasper avaient eux aussi leur don intrusif, Alice voyait nos avenirs, particulièrement changeant puisque son don était axé sur nos décisions et Jasper sentait et pouvait modifier nos émotions, ce qui avait été utile, plus tôt avec Jamie.

« Ferme la porte, demanda, inutilement, Carlisle.

J'avais bien l'intention de la fermer, de toute façon. J'ignorai ce que Jamie lui avait dit, si cela allait être grave qu'elle pense que nous n'étions pas humains, elle n'avait pas deviné ce que nous étions vraiment.

« Tu as bien fait de me l'envoyer, me dit-il.

Je hochai la tête.

« As-tu quelque-chose à me dire ?

« Elle pense que nous sommes des statues, lui répondis-je.

Il fut surpris, elle n'avait donc pas parlé de ça et ce qu'elle pensait n'était pas ce que Carlisle attendait comme réponse. Carlisle était mitigé sur les conséquences que ça occasionnerait si Jamie se mettait à dire partout que nous étions des statues. D'un côté, les autres pourraient faire plus attention à nous, de l'autre, elle avait un trouble psychiatrique qui modifiait sa compréhension du monde et personne ne devrait y prêter attention.

« Tu devais rester le plus loin possible d'Isabella Swan, alors explique-moi comment tu as pu dire à son père qu'il fallait me consulter ?

Je ne devais pas traîner près d'elle en dehors des cours où j'y étais obligé, Carlisle pensait que je m'y tenais et ne savait donc pas mon changement de plan. Bella était ma tua-cantante, son sang chantait pour moi, m'appelait. Carlisle me l'avait expliqué avant que je ne parte pour l'Alaska, parce que je devenais fou, ne pensant plus qu'à ce liquide rouge abrité pour moi bien au chaud dans ses veines. J'aurais pu prétexter que j'avais un devoir de groupe à faire avec elle mais ça n'était que ça, un prétexte. J'aurais pu le faire avec n'importe qui d'autre, nombres d'autres filles étaient vaillamment volontaires pour faire ce devoir avec moi.

« Je ne peux pas.

Carlisle fronça les sourcils. Il me pensait au bord du précipice, pensant que je restais près de Bella à cause de son sang, que je finirai par perdre le contrôle tant l'attraction m'emmenait inexorablement au centre de la spirale, le centre étant Bella et son sang. Il réfléchit alors aux solutions qu'il avait, déménager loin d'ici, à l'autre bout du monde. Il rejeta l'idée, je courrais vite, trop vite, plus vite qu'eux, aucun d'eux ne réussirait à me rattraper, les kilomètres et les océans qui me sépareraient de ma tua-cantante n'étaient rien pour moi. Les vampires courraient vite, ils étaient infatigables. Alors il envisagea de me laisser céder à la tentation, allant à l'encontre de ses principes. Il pensa à Esmée, quand elle avait rencontré sa chanteuse, une femme d'une trentaine d'années, elle n'avait pas su résister, elle était encore dans sa première année et n'avait pas autant de contrôle que nous l'avions à présent. Son acte avait eu des conséquences, elle avait eu des remords, elle en avait encore maintenant. Après son écart, alors qu'elle se morfondait de ce qu'elle avait fait, la souffrance que je lisais dans ses pensées a été ma propre perte. Je m'étais alors rebellé contre le régime imposé par Carlisle et m'étais mis à tuer les humains pour me nourrir, utilisant mon don pour choisir mes victimes parmi les fléaux de l'humanité. J'avais quitté ma famille, bien sûr, pour ne pas leur imposer la vision de ce que j'étais devenu.

« Arrête de penser à ça, grognai-je. Je ne la tuerai pas.

« Vraiment ? Combien de temps penses-tu pouvoir y résister ?

« Aussi longtemps qu'elle vivra, répondis-je avec assurance. Même si je voulais la tuer, je ne peux pas.

-§-

J'avais donné suffisamment de réflexions à Carlisle pour qu'il ne me pose plus d'autres questions durant les deux jours suivant notre discussion. J'étais au dernier étage de la villa, dans la salle de musique, composant une mélodie sans vraiment y réfléchir. Je laissais simplement mes doigts glisser et cela sonnait juste sans que je n'ai besoin de m'y attarder.

Le bruit d'un moteur au loin augmenta en volume dans une sorte de fondu crescendo, une voiture, ancienne au bruit, approchait par l'allée mais aucune pensée du conducteur ne me parvint. Bella arrivait ici et je ne pouvais pas savoir pourquoi. J'arrêtai de jouer, les autres avaient entendu le moteur et seule Alice aurait pu prédire sa venue et probablement en connaître la raison mais Alice était partie chasser avec Jasper.

« C'est Bella, leur appris-je.

Je n'avais pas pris la peine de sortir de la pièce ni de crier, parler à voix haute était suffisant pour qu'ils m'entendent, même du premier étage. Carlisle décida d'aller lui ouvrir même s'il se doutait que c'était moi qu'elle venait voir. C'était peut-être pour le devoir mais il était tard, 23h passées n'était pas un horaire correct pour une visite à l'improviste, pas chez les humains, en tout cas. Son rythme cardiaque était rapide mais il existait plusieurs raisons à ce phénomène, le désir, le stress, l'activité physique ou la peur, pour ça, c'est Jasper qui m'aurait été utile. Je descendis au premier étage et m'installai sur le canapé du salon, essayant de paraître intéressé par le jeu vidéo auquel jouait Emmett. Bella coupa le moteur de son camion, j'entendis le crissement des graviers sous son pied quand elle en descendit puis la portière claquer. Le trajet entre le pick-up et la porte me parut durer une éternité quand enfin, elle frappa à la porte.

« Bonsoir, je suis Bella, commença-t-elle d'une voix tremblante quand Carlisle lui ouvrit. Edward est là ?

Je la regardai à travers les pensées de Carlisle et découvris son visage inquiet.

« Bonsoir Bella, il est à l'étage, lui indiqua-t-il en présentant les escaliers d'une main.

Elle grimpa les escaliers avec précipitation, failli tomber en se prenant le pied contre une marche mais se rattrapa. Je me tournai pour faire comme si je ne savais pas qui venait et me levai en la voyant arriver en haut des escaliers. Nous nous retrouvâmes à mi-chemin entre les escaliers et le canapé. Elle balaya la pièce du regard, comme si elle cherchait quelque-chose.

« Jamie n'est plus là ? Elle t'as dit où elle allait ? Quand est-elle partie ?

Je fronçai les sourcils me demandant pourquoi elle pensait que sa sœur était ici.

« Jamie n'est jamais venue.

« Elle a dit à Charlie qu'elle venait te voir. Elle ne répond pas au téléphone, elle est partie en voiture, on ne sait pas où elle est.

Elle sortit son téléphone et envoya un sms. Le périmètre de mon don s'arrêtait à la limite de la ville, Carlisle et Esmée avait fait construire la villa précisément à cet endroit pour éviter de m'incommoder avec les pensées des habitants sans pour autant être trop éloigné de la ville. Si Jamie avait eu un accident, ce n'était pas dans le périmètre de mon don, j'aurais entendu son esprit.

« Tu as fouillé sa chambre ? Elle a peut-être laissé quelque-chose.

C'était peu probable si elle était partie sur un coup de tête.

« Non, je... j'y vais.

« Attends, je t'emmène.

Elle allait refuser mais ne dit rien, acceptant finalement de me laisser l'emmener. Elle me suivit jusqu'au rez-de-chaussée, je lui dis de laisser la clé de son pick-up pour que l'un de nous le ramène plus tard. Traverser la ville allait me permettre de sonder l'esprit des habitants, peut-être que quelqu'un l'a aperçue.

Quand je garai ma Volvo devant chez elle, je savais que la ramener ici avec ma voiture avait été le bon choix, je n'aurais pas pu supporter d'entrer dans son pick-up qui aurait déjà embaumé son odeur. Ma voiture était désormais envahi par Bella et ma gorge me brûlait atrocement malgré la chasse que j'avais faite avant le lever du soleil, avant-hier. Charlie était au téléphone avec l'hôpital de Port-Angeles, cherchant à savoir si elle avait pu y être admise, il avait déjà appelé celui de Forks. Il venait de raccrocher lorsque Bella et moi entrâmes dans la maison. Il eut un bref instant de soulagement qui disparut aussitôt en voyant que sa seconde fille n'était pas avec nous.

« Jamie est venue chez toi ? S'enquit-il.

« Non, on va voir si elle a laissé quelque-chose dans sa chambre.

« Déjà fait, je n'ai rien trouvé mais je n'ai pas le mot de passe de son ordi.

« Je l'ai, affirma Bella.

Je suivis Bella jusque dans la chambre de Jamie, elle ouvrit l'écran de l'ordinateur portable qui était en veille puisque l'écran s'alluma directement sur le mot de passe. Elle l'entra et le bureau s'afficha.

« Je ne sais pas ce que je dois chercher, tu as une idée ?

Elle me laissa sa place, Charlie nous avait rejoint. Ses pensées inquiètes venaient à mon esprit par à-coups, il s'en voulait de l'avoir laisser partir seule, se demanda s'il ne devrait pas la faire interner parce que tout ça le dépassait. Il n'avait eu les filles que deux mois pendant les vacances d'été et jamais Jamie n'avait fait de fugue. Je regardais l'historique, le dernier site consulté était un annuaire. Je cliquai dessus.

« Elle avait dit qu'elle venait te voir, elle n'avait jamais menti avant, grommela Charlie.

« Elle n'a pas menti, lui appris-je. Elle pense probablement que c'est mon adresse qu'elle a trouvé. 13th Meryl street, Tacoma. C'est là qu'elle est allée, là où habite quelqu'un qui s'appelle Edward Cullen. Elle pense probablement que c'est moi.

« Merde, souffla-t-il.

« Je vais la chercher, lança Bella.

« Non, refusa Charlie.

« Mais...

il se radoucit, posant sa main sur son épaule.

« Ce n'est pas à toi de t'occuper de ça, Bella, dit-il. Ta mère s'est trop reposée sur toi et je vois à quel point, maintenant. Je vais appeler mes collègues de Tacoma et aller la chercher.

Charlie était épuisé et inquiet, conduire durant cinq heures allait être dangereux pour lui.

« Je peux vous conduire, Charlie, proposai-je. Vous avez l'air épuisé et vous êtes inquiet, ce serait inutile de courir le risque d'un accident, je suis en forme, j'ai dormi toute l'après-midi, à vrai dire. Il y a au moins cinq heures de route entre ici et Tacoma.

Je savais qu'il allait refuser à moins que je n'avance de bons arguments et j'avais réussi à le convaincre. Je n'avais pas dormi, bien sûr, les vampires ne dormaient pas mais nous n'étions jamais fatigués à moins de ne pas nous être nourri depuis longtemps mais ça ne pouvait pas arriver, nos instincts nous poussaient à nous nourrir quoiqu'il en coûte si on arrêtait de le faire.

« On échangera si tu te sens fatigué, accepta-t-il.

Je hochai la tête.

« Bella, reste là au cas où ta sœur appellerait à la maison ou reviendrait.

Charlie était du genre silencieux, il n'avait pas parlé en dehors de l'appel qu'il avait fait au chef de la police de Tacoma. L'homme avait assuré qu'il envoyait une équipe à l'adresse mentionnée. Si je n'avais pas eu un flic à mes côtés, j'aurais envoyé ma Volvo au maximum de sa vitesse sur l'autoroute mais il n'était pas question de donner à Charlie des raisons d'accentuer les contrôles de vitesse à Forks et alentours. Il était inquiet, il avait peur de ce qui pourrait arriver à sa fille. Divers scénarios alarmistes se déroulaient dans sa tête, j'avais assez de bribes pour remplir les trous par moi-même. Accident, enlèvement, agression, un psychopathe derrière la porte du 13th Meryl street portant le même nom que moi.

« Ce n'est pas dans mes habitudes mais on arriverait plus vite si j'accélérai.

« Et risquer un accident ?

« Je suis particulièrement doué en conduite.

« Bien, grommela-t-il. Exceptionnellement.

Je hochai la tête et appuyai sur l'accélérateur. Charlie n'était pas anxieux à propos de la vitesse, il était plutôt impressionné que j'arrive à garder une conduite fluide malgré l'allure, anticipant tous les moments où je devais dépasser les voitures pour le faire en sécurité. Je repérai les pensées de deux flics au bord de la route, un radar devant eux, je ralentis la voiture juste avant que les flics l'aient en vue.

« Pourquoi tu ralentis ?

« Radar.

Il le vit quelques secondes plus tard.

« Comment savais-tu ?

« Vous êtes plutôt prévisibles.

Il marmonna comme quoi il devait changer ça. Je souris malgré moi, ça ne m'inquiétait pas, même s'il plaçait des radars automatiques, je pourrais les voir dans l'esprit des autres conducteurs. Les gens râlaient toujours à propos d'eux dès qu'ils en voyaient un.


Bien, vous avez le point de vue d'Edward ici et un petit suspens... Et ouais, 5h de route, ça fait un peu loin pour aller au lycée mais peut-être que... xD
Alors oui, j'ai choisi de faire un Edward pas complètement en accord avec les principes de Carlisle mais qu'il s'oblige à les suivre tout de même, je me dis que son don fait qu'il en a ras le bol des humains mais pas au point de les détester ou de vouloir perdre son humanité, juste un peu de mépris à leur égard de sa part par rapport à leurs pensées (ce qui le rend pas mieux, franchement). Vous verrez à certains moments de l'histoire qu'il a quelques défauts plus ou moins légers, comme tout à chacun et il est plus raccord avec son âge de transformation que dans les livres, enfin je trouve, sa maturité est celle d'un ado de 17 ans puisque la transformation empêche tout développement (comme l'enfant transformé par l'une des Denali dans le T4 de Twilight). Et je ne voulais pas faire de lui le mec trop parfait mais je vous rassure, c'est pas un c***** non plus, juste vous aurez peut-être envie de le secouer un peu à un moment de l'histoire.