Chapitre 8
À mes 11 ans, Jake nous avait raconté, à Bella et moi, une histoire à propos d'anciens Quileutes qui se transformaient en loups. J'avais passé tout l'été à penser que Jake et tous les Quileutes étaient des loups-garous malgré les moqueries de Jake du fait que je croyais des histoires pour endormir les enfants. Mon père avait fini par me prouver que les loups-garous n'existaient pas. Je descendis les marches restantes et fixai mon père assis à la table de la cuisine avec Bella. Il me regarda mi-surpris mi-effrayé.
« Oh non, Jamie, qu'as-tu entendu ?
« C'est un loup-garou qui a fait ça, lui appris-je.
« Jamie, non, fit-il. Juste un animal.
Jake avait tué Will pour me montrer qui il était parce que je n'avais pas voulu deviner hier. Mes yeux me piquaient, les larmes submergeaient ma vue et coulaient le long de mes joues. J'aimais bien Will, il avait toujours des paquets de bonbons dans le tiroir de son bureau et il nous en donnait un quand on venait voir Charlie au commissariat.
« C'est de ma faute, couinai-je.
« Jamie, non ! Tonna mon père.
Il se leva mais je partis en courant, récupérant les clés de ma voiture sur le porte-clé au passage. Mon père me courus après mais j'étais déjà en train de rouler quand il atteignit ma voiture à son tour. Je savais que j'allais avoir de l'avance, il n'avait certainement pas pris ses clés, il devait donc revenir pour les prendre et me suivre, s'il voulait. Après quelques minutes, je vis la voiture surmontée de gyrophares dans mon rétro intérieur, il ne mit pas la sirène, peut-être pour ne pas m'effrayer et me suivit, laissant une marge entre nos voitures.
Je freinai trop sèchement devant la maison de Billy, les pneus dérapèrent un peu mais la voiture s'arrêta sagement. Je descendis et courus jusqu'à la porte de Billy sur laquelle je frappai comme une forcenée. Ce fut Sue qui m'ouvrit, Billy arriva derrière elle avec son fauteuil, ils s'inquiétèrent en me voyant là, essuyant mes larmes avec la manche de mon pull.
« Où est Jacob ? Leur demandai-je.
« Jamie ! Fit mon père en arrivant jusqu'à moi, me prenant par le bras pour me retourner. Tu es complètement... tu aurais pu avoir un accident !
« Je sais conduire, lâche-moi, je dois voir Jake.
J'essayai de dégager mon bras de la poigne de mon père.
« Jamie, calme-toi. C'était juste un animal, un ours ou un loup normal, les loups-garous n'existent pas, je te l'ai déjà expliqué.
« Si, pleurnichai-je. Laisse-moi.
« Jamie...
« Charlie, peut-être devrais-tu la laisser voir Jacob, il est juste à la plage et Jamie...
Billy se tourna vers moi.
« Une fois que tu auras vu Jake, tu reviendras ici, d'accord ?
Je hochai la tête.
« Bien, fit mon père, me relâchant.
« Entre, offrit Billy à Charlie.
Je lançai un regard à mon père puis à Billy, hochant la tête pour le remercier de son aide. Je courus le long du chemin pour rejoindre la plage, je retrouvai Jake avec Quil, Embry et Seth à la moitié de la longueur de la plage. On était fin janvier et ils ne portaient que des shorts mais qu'ils attrapent froid était le moindre de mes soucis. Ils discutaient et se chamaillaient avant que je ne les interrompe. Jake eut l'air heureux avant de s'inquiéter en voyant mon visage.
« Tu es un loup-garou, l'accusai-je en le pointant du doigt.
Je me dis que j'aurais dû apporter un couteau avec moi. Il sembla perdu, ne sachant pas comment réagir. J'essuyai rageusement mes joues avec mes manches.
« Tu es un loup-garou et tu as mangé Will, lui reprochai-je.
Il écarquilla les yeux.
« Quoi ? Non ! Qu'est-ce que tu racontes ?
Je lui lançai un regard rempli de soupçons haineux.
« Tu n'es pas un loup-garou ? C'est pas ça que tu voulais que je devine ?
« Métamorphe, sortit-il abruptement. C'est ce que je suis, je n'ai pas ''mangé'' Will. Will est mort ?
« Métamorphe ? Répétai-je.
« C'est ce qu'on est, une partie d'entre nous, tu te rappelles de l'histoire, les esprits, les loups ?
« Tu te transformes en loup ?
« Oui.
« Tu as mangé Will ?
« Non.
« Que mangent les métamorphes, alors ?
« Des frites, du steak.
« De viande humaine ?
« De viande bovine, du poulet aussi et des gâteaux, etc... Qu'est-il arrivé à William ?
« Il est mort, il a été attaqué par un animal et... tu m'as dit de me rappeler ce que vous étiez quand j'avais onze ans... des loups-garous.
« Pas exactement des loups-garous, on n'est pas méchant, juste... on se transforme en loups mais on le fait pour nous protéger.
« De qui ?
« Je ne peux pas vraiment t'en dire plus.
Je regardais les autres qui assistaient à la scène sans rien dire, les visages graves.
« Ils le sont, eux aussi ?
Jake hocha la tête et me prit dans ses bras. Je voulus le repousser, par crainte qu'il me mange mais me rassurai assez vite. Je me rendis compte que je tremblais contre lui et qu'il avait incroyablement chaud.
« Tu ne vas pas me manger ?
« Non, rit-il. Bien sûr que non.
« Alors j'avais raison à l'époque, dis-je en me reculant.
« À peu près, ouais.
« Tu te moquais de moi !
« Je n'aurais jamais imaginé que ça puisse être vrai, tu sais ?
Il se tourna vers les autres.
« Je reviens plus tard.
Il posa la main dans mon dos et commença à marcher, je me mis naturellement à son allure.
« C'est pour ça que j'ai dû rompre, mes transformations n'étaient pas encore sous contrôle à ce moment-là et je ne voulais pas risquer de te blesser. Et puis Sam ne voulait pas que je te fréquentes pour ne pas risquer que tu t'en rendes compte.
« Sam est un loup ?
« C'est l'alpha.
« Mais il a Emily, lui.
« Oui, c'est son imprégnée alors il pouvait le lui dire. D'ailleurs, si tu pouvais garder tout ça pour toi, il ne faut pas que ça se sache, ok ?
Je hochai la tête.
« C'est quoi, une imprégnée ?
« Hum, tu connais le concept des âmes-sœurs ?
« Ouais, bien sûr.
Bella et Edward...
« Et bien c'est ce qu'est Emily, elle est comme ce qui le rattache à la Terre.
« Comme une laisse ?
Il s'arrêta, me fixant.
« Euh...
« C'est très à propos.
Loup, chien, laisse.
« C'est vexant, fit-il. On n'est pas des chiens.
« Désolée, je ne cherchais pas à te vexer.
« C'est pas grave et je sais que tu ne le voulais pas.
Nous reprîmes notre marche, nous nous dirigions vers le chemin par lequel j'étais arrivée.
« Maintenant que tu sais, tu es toujours aussi catégorique sur le fait qu'on ne peut pas se remettre ensemble ? Me demanda-t-il.
Je pris le temps de la réflexion, il patienta, regardant partout sauf vers moi. Je ne pouvais pas, c'était sympa cet été mais maintenant que je savais ce qu'on ressentait quand on était vraiment attiré par quelqu'un, je ne voudrais pas être avec quelqu'un pour qui je n'éprouverais pas autant de choses. Il y avait quelqu'un, quelque-part, pour moi. Quelqu'un qui m'attirerait comme Edward le faisait et de qui je pourrais tomber amoureuse.
« Il y a quelqu'un pour toi, lui dis-je. Mais ce n'est pas moi.
Il posa la main sur mon épaule pour m'arrêter et me tourner vers lui.
« Jamie, commença-t-il.
Et là, je sus. Il allait me dire quelque-chose d'important. Je ne savais seulement pas encore quoi.
« Je t'aime.
J'écarquillai les yeux, ma respiration se coupa pendant que j'essayai de trouver une échappatoire parce que j'étouffais sous la panique. Je refermai la bouche et... courus retrouver mon père chez Billy, laissant Jacob derrière moi. Probablement, dans une totale incompréhension. C'étaient les mots les plus effrayants que j'avais pu entendre dans ma vie. Je déboulai dans la maison sans même frapper et m'arrêtai au milieu du salon. Charlie se leva et se précipita vers moi, posant ses mains autour de mes bras, Billy me regardait comme s'il s'attendait à ce que j'annonce avoir vu un fantôme.
« Qu'y a-t-il ? Quelqu'un t'a fait du mal ? C'est encore cette histoire de loup-garou ?
« Jacob a dit qu'il m'aimait !
Il se figea et puis il soupira.
« Et bien, je suppose que ce n'est pas une surprise, ce n'est pas grave, tu sais ?
« Si, bien sûr que si... c'est... terrifiant. Je veux rentrer à la maison.
« D'accord, on y va. À très vite, Billy.
Je fis un signe de la main à Billy pour lui dire au revoir.
« À bientôt, sourit-il.
Charlie me ramena avec sa voiture, m'indiquant qu'il reviendrait chercher la mienne avec Bella plus tard sous prétexte que j'étais trop perturbée par les événements pour conduire en sécurité.
-§-
Je sortis de ma Ford avec désespoir. Bella avait dû consentir à conduire ma voiture pour me remonter le moral parce que j'avais été particulièrement silencieuse tout le reste du week-end. Tous les malheurs du monde étaient tombés le même jour. À Forks, où il ne se passait jamais rien ! C'était même probable que la ville aie une loi qui oblige les choses à ne jamais se passer ici. Edward se détacha de sa famille pour nous rejoindre à mi-chemin.
« Ça ne va pas, Jamie ?
Je grognai d'énervement et le fusillai du regard ce qui le fit froncer les sourcils.
« Ne dis jamais ''je t'aime'' à Bella !
« Euh, fit Bella.
Je me détournai et marchai en direction du lycée. Bella et Edward suivirent le mouvement.
« Ok, consentit-il, je ne le lui dirai pas.
« Bien, assénai-je. Tu n'as qu'à dire ''compote'' à la place. J'aime la compote.
Je m'arrêtai, ils firent de même, un pas après moi. Il ne s'agissait pas de moi. Je fixai mon regard à Edward.
« Bella aussi et la fraise, dis-lui ''compote de fraise'', c'est beaucoup mieux.
La compote de fraise, c'était bon, c'était bien.
« Je t'assure que je ne comprends absolument pas pourquoi elle dit ça, se défendit Bella.
« Ne t'inquiète pas, la rassura-t-il.
Nous nous séparâmes pour rejoindre nos cours respectifs. À la fin de la matinée, j'étais dans le couloir qui menait à la cafétéria quand Lauren m'alpagua, suivie par deux filles de sa classe.
« Hé, la folle, m'interpella-t-elle d'un ton moqueur.
C'était la première fois qu'on me traitait ouvertement de folle, ici. Je pensais que les gens étaient moins méchants dans les petites villes mais en fait, ils étaient tous les mêmes. Je voyais bien les regards et les ados chuchoter et se moquer en me regardant, j'en avais rien à faire d'habitude mais j'étais particulièrement... pas dans mon assiette aujourd'hui, j'avais les nerfs à fleur de peau.
« Tu devrais dire à Bella qu'elle n'a aucune chance avec Edward, ça se voit qu'il lui parle juste parce qu'il a pitié d'elle, avec une sœur aussi tarée que toi.
Je serrai les poings et pris un air furieux tandis qu'elle avait ce petit sourire comme si elle était fière d'être une mauvaise personne.
« Dis-moi, tu ne devrais pas être enfermée ? Non, parce que même si tu n'es pas un danger pour la société, tu ne penses pas que tu es un boulet pour ta famille ?
Les deux filles derrière elle ricanèrent. Je n'avais jamais pensé, avant, à quel point certaines personnes pouvaient être méchantes. Je ne savais pas quoi répondre, j'étais trop blessée pour ne serait-ce que retrouver ma voix.
« Tu devrais songer à, je ne sais pas, disparaître ?
Je la poussai et m'enfuis en courant sous ses rires, je sortis par la première porte de secours et traversai la plaine herbeuse pour me cacher dans la forêt. J'arrêtai de courir une fois que je fus sûre de n'être en vue de personne et finis par m'asseoir sur un tronc d'arbre déraciné. J'essayai de trouver quelque-chose à fusiller du regard et m'arrêtai sur une tige marron dépourvue de feuille à quelques mètres devant moi. J'étais blessée mais surtout en colère et c'était bien parce que j'imaginais plein de façons différentes de faire de la vie de Lauren un enfer. Comme lui envoyer un loup-garou dans la figure. ça me permettait de me défouler, même si ce n'était qu'imaginaire.
J'entendis des bruissements derrière moi, Edward apparut son sandwich en main. Quelles étaient les chances pour que nous ayons tous les deux besoin de fuir le lycée en même temps et au même endroit ? Très peu et j'étais sûre qu'il n'avait pas pu me voir fuir. Peut-être qu'il savait toujours où je me trouvais ? Un radar intégré à ses pouvoirs de statue. J'avais fusillé la tige du regard assez de temps, de toute façon. Il me permettait de changer de victime : lui.
« Je suis innocent, se défendit-il levant ses mains en signe de non-agression.
Il s'assit sur le tronc à côté de moi et me tendit son sandwich. Je le pris avec une certaine méfiance.
« C'est pour te venger pour les gâteaux ? Demandai-je.
Il me sourit, ce qui me rendit plus suspicieuse encore, je plissai les yeux.
« Je suis démasqué, fit-il. Après tous tes mauvais coups pour me faire plaisir, j'ai décidé de contre-attaquer en t'empêchant de mourir de faim.
Il me scruta avant de reprendre :
« Ne fais pas attention à Lauren. Elle est méchante et rien de ce qu'elle dit n'est vrai.
« Comment tu sais ce qu'elle m'a dit ?
Il me sourit, je détournai mon regard pour déballer mon sandwich.
« Les ados parlent beaucoup.
Je hochai la tête pour approuver. C'était vrai, les ados parlaient beaucoup. Je croquai dans le pain contenant du jambon, de la salade, des tomates, de l'œuf et de la mayonnaise. Pendant que je mâchais je réfléchissais à ce que pourrait bien ressentir une statue si on la mettait dans le feu. Pas que j'avais envie de torturer Edward ou sa famille mais c'était une question que je me posais. Je lui lançai un regard tandis qu'il me scrutait sous ses longs cils. Il fouilla dans la poche de sa veste et me tendit son téléphone.
« Donne-moi ton numéro et fais biper ton tel pour avoir le mien, comme ça, si besoin, tu pourras m'appeler.
Je posai le sandwich sur mes genoux et entrai mon numéro sous le nom de Jamie et fis biper mon tel, je lui rendis son portable et pris le mien pour l'enregistrer.
« Ça fait quoi si tu vas dans le feu ?
« Je brûle, comme tout le monde.
« À quelle vitesse tu es capable de courir ?
Il me sourit grandement.
« Pas très vite, souffla-t-il.
« Pour une statue ? Tu veux dire que les autres vont plus vite encore ?
« Pour un humain, je ne suis pas une statue, Jamie.
« Tu mens.
Il appuya son regard sur le mien et me fit un sourire contrit.
« Je comprends, je suppose que je ne suis pas censée le savoir, fis-je en réfléchissant. Je garderai ton secret, alors.
Cela eu le don de le faire rire.
« Si j'étais une statue, ce serait trop tard pour garder mon secret, tu l'as dit à ta sœur.
« Mh, lâchai-je en grimaçant. Je la menacerai pour ne pas qu'elle révèle ton secret, elle aura trop peur de moi pour parler.
« Inutile d'en arriver là, rit-il. Elle ne te croit pas et de toute manière, je ne suis pas une statue.
Je soupirai face à son manque de confiance. Je connaissais son secret, il savait que je savais mais il pensait toujours que j'allais finir par ne plus y croire. Je finissais mon sandwich sous le regard attentif d'Edward, je me demandai à quoi il pouvait bien penser et s'il ne s'ennuyait pas quand je ne parlais pas. Un léger sourire apparut sur son visage et je me dis que je ne devais pas être si ennuyeuse à regarder. Je me demandai s'il restait longtemps à regarder Bella aussi, en attendant puisqu'ils n'étaient pas encore ensemble. Quand j'eus fini mon sandwich, je fis une boule avec le papier aluminium et réfléchis à rentrer chez moi parce que je n'avais pas envie de retourner en cours. Je lançai un regard sur les arbres alentours puis le focalisai sur Edward.
« On peut pas sécher les cours ?
Il arqua un sourcil.
« Tu voudrais faire quoi à la place ?
Je haussai les épaules.
« On pourrait aller chez toi.
« Je suis pas sûr...
« S'te plaît.
Je fis une moue boudeuse pour tenter de le convaincre, il leva les yeux au ciel en rigolant.
« Je ne peux pas t'emmener chez moi, refusa-t-il tout de même.
« Tu n'as pas de maison ?
« Si.
« Prouve-le moi.
Il fronça les sourcils.
« Tu veux pas parce que t'as peur, le défiai-je.
Il rit mais secoua la tête en signe de refus, je laissai tomber. Comme j'étais rancunière, je décidai de rentrer chez moi et de le laisser là.
« Très bien, je rentre chez moi alors.
Je me levai, il resta assis sans rien dire et me laissa repartir. Mon téléphone vibra dans ma poche, je le sortis et vit qu'il s'agissait d'un sms de Jake.
Désolé de t'avoir fait peur, je ne pensais pas que tu réagirais comme ça. Je ne veux pas te perdre. Tu pourrais passer ? Ou je peux venir ?
Je soupirai et rangeai le téléphone dans ma poche. Bien, puisque j'avais décidé de sécher, autant que ce temps serve à quelque-chose, je n'allais pas l'éviter toute ma vie. Une fois l'orée de la forêt dépassée, je me souvins que c'était Bella qui avait les clés de ma voiture et que, techniquement, je n'étais toujours pas autorisée à conduire de nouveau. J'allai devoir faire du stop jusqu'à la réserve.
Quelques pas plus tard, une main froide agrippa doucement mon coude, je m'arrêtai pour faire face à Edward que je n'avais pas entendu arriver. Il ne retira pas sa main de mon coude, il réduisit un peu la distance entre nous.
« Je n'ai pas envie que tu me fasses la tête.
Il soupira en regardant vers le lycée puis remit son regard dans le mien.
« Tu veux toujours voir où j'habite ?
Je ne pus empêcher un sourire d'étirer mes lèvres et hochai la tête. Il fit glisser sa main le long de mon bras pour attraper ma main et me guider jusque sa voiture. J'étais trop heureuse de pouvoir voir où il habitait, j'en découvrirai plus sur lui, même si ça n'allait plus vraiment me servir, ayant décidé de ne plus me mêler de sa relation avec Bella. En réalité, ça commençait à me faire chier. Je lançai la boule d'aluminium dans la poubelle en passant à côté.
J'entrai dans la Volvo, il démarra rapidement et se désincarcéra de la place de parking. J'essayai de deviner quelle maison était la sienne en regardant chacune d'entre elles mais il les dépassait toutes jusqu'à s'engager dans une petite allée qui s'enfonçait dans la forêt. Il ne fallut pas si longtemps pour apercevoir une bâtisse que je n'avais jamais vue auparavant et qui était loin d'être commune à Forks. Il se gara devant la villa, parce que ça n'était pas moins que ça. Murs boisés, baies vitrées, perron en bois, la classe totale. Les Cullen étaient riches, l'argent ne faisait pas le bonheur mais les baies vitrées donnant sur la forêt, si. Je montai les marches du perron à ses côtés, il ouvrit la porte non verrouillée et me fit entrer. Je me demandais s'ils laissaient toujours la porte ouverte et s'ils n'avaient pas peur des cambrioleurs quand une femme aux cheveux caramels apparut en haut des escaliers séparant le hall du reste de la villa.
« Il me semblait bien avoir entendu quelque-chose, sourit-elle.
Elle descendit les dernières marches tout en regardant son fils. La villa devait être mal isolée car j'entendais comme de l'air passant à travers une fissure à ma gauche mais je ne dis rien parce que les gens n'aimaient pas qu'on critique leur maison. La femme détourna son regard d'Edward pour me sourire avec chaleur.
« Esmée, je te présente Jamie, Jamie voici Esmée, ma mère adoptive.
« Bonjour Mad... Es ? Madame ? Balbutiai-je.
Le père d'Edward m'avait autorisée à l'appeler par son prénom mais je ne savais pas si elle le voudrait aussi.
« Esmée, je t'en prie. Vous n'êtes pas en cours ?
« On sèche les cours, lui appris-je.
Edward sembla s'amuser de ma réponse et regarda Esmée avec un sourire moqueur pour voir ce qu'elle allait dire. Peut-être que j'étais en train de lui causer des problèmes mais je n'avais pas aimé mentir la seule fois où je l'avais fait et je ne voulais pas recommencer. Esmée prit un air sévère et je me ratatinai.
« Je ne suis pas d'accord avec ça, les enfants, nous gronda-t-elle. À moins d'une bonne raison, vous ne pouvez pas sécher les cours.
« Les gens sont méchants, j'ai pas envie de les voir aujourd'hui.
Ils n'étaient pas tous méchants mais c'était eux qu'on entendait le plus et aujourd'hui, je n'avais pas la force de les ignorer comme je le faisais d'habitude. Le regard d'Esmée se transforma rapidement et laissa voir son inquiétude.
« Certains se moquent d'elle au lycée et Lauren lui a dit des trucs vraiment moches.
« Oh, ils sont stupides, clama-t-elle. N'aie pas honte de qui tu es, ne les laisse pas t'offenser.
Je hochai la tête et lui souris. J'aimais bien Esmée.
« Vous pouvez monter, je vais continuer ce que je faisais.
« Je te fais visiter ? M'offrit Edward.
Je hochai la tête. En haut des escaliers se trouvait un espace de vie spacieux, la cuisine et le salon formait une seule et grande pièce seulement séparés par un autre escalier. La cuisine était moderne, toute équipée avec un plan de travail central, le salon était digne d'une vitrine de magasin d'ameublement. Je constatai qu'ils disposaient des consoles dernier cri et d'une télé écran plat de bonne qualité. Edward me fit monter à l'étage supérieur et nous entrâmes dans sa chambre puis je remarquai qu'il n'y avait pas de lit, seulement une sorte de divan pour la lecture. En parlant de lecture, tout un pan de mur était recouvert d'étagères remplies de CD mais surtout de livres. Il y en avait beaucoup et ils n'avaient pas la même allure que ceux de Bella, même si je reconnaissais quelques titres qu'elle avait, les couvertures de ceux d'Edward semblaient anciennes.
« Tu aimes lire ? Lui demandai-je.
« Oui, beaucoup.
Je me tournai vers Edward et lui sourit. Ils étaient fait l'un pour l'autre.
« Ça vous fait un point commun, ma sœur et toi.
Je lui souris mais ça ne m'enchantait pas comme ça aurait dû m'enchanter. J'aurais sauté de joie, il n'y avait pas si longtemps mais maintenant, c'était différent.
« Jamie, il n'y aura jamais rien entre Bella et moi.
« Parce que vous n'êtes pas du même monde ?
Il ne me répondit pas mais je voyais bien qu'il n'en était pas très heureux. Ce fut à ce moment que je compris que ça devait être difficile d'être une statue. Son air chagriné s'effaça et il s'appuya contre le mur pour me regarder. Je me détournai pour regarder par la baie vitrée, au fond de sa chambre, si c'était bien là sa chambre - il n'y avait pas de lit - et essayai de trouver un sujet de conversation moins triste pour lui. Je me retournai et souris à Edward en voyant qu'il me regardait toujours, je parcourus ses livres des yeux une nouvelle fois et me demandai s'il les avait tous lu. Je n'aimais pas lire, c'était des histoires que je ne connaîtrais jamais à moins qu'ils en fassent des séries ou des films ou bien...
« Tu me lirais une histoire ?
Je posai mes yeux sur lui pour savoir sa réponse, il sourit, se décrocha du mur et se dirigea vers les étagères. Il choisit un livre puis s'installa de travers sur le divan, il me fit signe de venir, attrapa ma main pour me placer devant lui entre ses jambes, l'une était allongée dans le coin du divan, l'autre était pliée sur le sol, mon dos reposant sur son torse, il ouvrit le livre - Roméo et Juliette - et commença la lecture.
Un secret de découvert, deux fuites et le début de la délinquance de Jamie (je plaisante xD)
Au cas où, Charlie a seulement suivi Jamie sans chercher à l'arrêter pour ne pas qu'elle panique et aie un accident.
Et ce n'est pas très important mais quand Edward justifie le fait qu'il sache ce que Lauren a dit en disant "Les ados parlent beaucoup" c'est une reprise des pensées que Jamie a eu le midi de leur première rencontre. (comme ça fait plusieurs jours maintenant, je ne sais pas si vous vous en rappeliez)
