Chapitre 9

Pov Edward

Carlisle allait me tuer. Même si je pouvais toujours jouer sur le fait que les directives étaient de garder mes distances avec Bella et non avec sa sœur mais il trouverait probablement à y redire vu que les filles vivaient ensemble.

Jamie était perturbée depuis ce matin et je n'avais pas pu en savoir plus sur ce qui la chiffonnait et pourquoi il était important pour elle que je ne dise pas ''je t'aime''à Bella mais autre chose. Bella semblait ne pas le savoir non plus, bien que je ne lisais pas ses pensées, elle avait été gênée, je l'avais vu sur ses joues. Je me demandai si Jamie m'avait dit ça parce qu'elle était toujours dans son délire de me mettre en couple avec sa sœur ou si c'était parce que les choses avaient changé dans les sentiments de Bella à mon propos et qu'elle en avait fait part à Jamie, ça allait grandement compliqué les choses si ça tournait de cette manière. Comme Jasper ne faisait pas attention aux émotions qu'il recevait, je n'avais pas pu savoir lesquelles venaient de Bella afin de vérifier parce que son don à lui fonctionnait sur elle.

Je n'avais toujours pas d'explications du pourquoi Jamie continuait de penser que Bella et moi devrions finir ensemble alors même que l'attirance qu'elle avait pour moi se transformait en quelque-chose de plus. Elle ne pensait pas être en train de tomber amoureuse de moi, elle se savait seulement attirée par moi mais Jasper avait senti le sentiment dans son panel émotionnel. Il m'avait semblé clair, dans cette chambre d'hôtel, que c'était elle qui m'intéressait et bien que j'avais essayé de repousser ce sentiment du fait qu'elle soit humaine, je ne pouvais pas nier l'aimer. Jasper était le seul au courant et c'était seulement dû à son don, Alice s'en doutait fortement parce qu'elle voyait le chemin que prenaient mes décisions même si j'avais réussi à lui laisser le doute sur laquelle des deux était l'élue. Ils avaient au moins la sagesse de ne pas m'interroger sur ce sujet bien que depuis l'hôtel, je n'essayais plus de me mentir à moi-même, je n'avais pas su lui résister, il fallait bien appeler un chat, un chat : Jamie était mon âme-sœur. J'avais attendu si longtemps ma compagne sans savoir si elle existait ou si elle existerait un jour mais maintenant que je l'avais près de moi, je ne pouvais pas vraiment l'avoir. C'était injuste quand je voyais le reste de ma famille roucouler avec leur âme-sœur sans craindre de la perdre.

Pendant que Jamie m'écoutait lire le livre à haute voix, je me fustigeai d'avoir été jaloux à l'encontre de ce Jake. J'avais changé d'avis parce que j'avais entendu son esprit lire le sms. Je savais qu'ils avaient eu une relation ensemble et vu qu'il ne voulait pas la perdre, je me demandai s'il cherchait à la récupérer et je ne voulais pas qu'il aie une chance parce que je ne savais pas si je pourrais supporter de la voir sortir avec quelqu'un d'autre. Je savais que j'étais injuste parce que je ne pourrais jamais être son petit-ami, elle était humaine, j'étais un vampire, une relation était impossible et je ne pouvais pas lui demander de rester célibataire toute sa vie.

Je pourrais toujours la transformer et vivre l'éternité avec elle mais Carlisle avait des principes, il refuserait tout net de transformer quelqu'un qui n'était pas sur le point de mourir. J'étais coincé. J'étais conscient que dans une réalité parallèle où Carlisle m'autoriserait à transformer mon âme-sœur, ça allait vraiment être moche pour sa famille et même pour elle à ce propos puisqu'elle devrait les quitter en les laissant croire qu'elle était morte mais je n'arrivais pas à ne pas vouloir qu'elle reste avec moi pour toujours.

Je tenais le livre d'une main, l'autre était posée sur son ventre tandis que son dos reposait sur mon torse. Je sentais son abdomen monter et descendre de façon régulière, son pull s'était un peu remonté si bien que je sentais sa peau douce et chaude contre mon petit-doigt, elle ne sembla même pas se rendre compte au sujet de la fraîcheur de celui-ci, elle ne pensait à rien d'autre que l'histoire que je lui lisais, imaginant les scènes dans sa tête.

Elle n'avait jamais eu peur de moi, ni même été intimidée, je pensais que c'était à cause de son esprit différent mais Jasper m'avait confirmé qu'elle avait été intimidée par eux quand elle les avait vu la première fois. Toutefois il admit que toute trace d'inquiétude à notre propos s'était arrêté dès qu'elle m'avait vu.

Même si je savais que ce n'était pas une si bonne idée, j'étais satisfait d'avoir cédé à la faire venir ici. Je n'avais pas voulu parce que je savais que je me prendrais un savon de la part de Carlisle mais c'était surtout parce que j'avais peur de perdre le contrôle à nouveau. Je ne savais toujours pas ce qu'il m'avait pris à l'hôtel, ça avait ressemblé à une pulsion incontrôlable et heureusement que j'avais été pris d'un éclair de lucidité quand la situation commençait à aller trop loin parce qu'elle n'était pas partie pour m'arrêter. J'avais été sur mes gardes les jours suivants, discutant avec elle de temps en temps mais gardant tout de même mes distances pour ne pas lui sauter dessus de nouveau. C'était elle qui avait fait le premier pas mais je pense que je l'aurais fait si elle ne l'avait pas fait. Cependant, il semblerait que ce fut un cas isolé, sa présence m'était suffisante et je n'éprouvais pas ce même besoin irrépressible que cette nuit-là. Elle avait été dans la même confusion que moi parce que ce n'était pas quelque-chose qui se faisait à notre stade de relation, on avait à peine fait connaissance et même si nous éprouvions de l'attirance l'un pour l'autre, on aurait dû être capable de maîtriser nos pulsions. J'aurais voulu demander des conseils à ce sujet à Carlisle, peut-être que quelque-chose n'allait pas chez moi mais je me sentais trop honteux alors je n'avais pas osé lui en parler.

Une fois de plus, je retirai ma main de son ventre pour tourner la page et la remis en place, de sorte à toujours avoir mon petit-doigt au contact de sa peau. Elle m'écoutait toujours religieusement. Ses cheveux chatouillaient ma mâchoire et l'odeur de son shampoing emplissait mes narines ce qui était une combinaison apaisante.

Mon portable vibra une fois, je cessai de lire et pris mon livre dans l'autre main, Jamie se demanda ce que je faisais et comprit en me voyant sortir le téléphone de ma poche. C'était Jasper.

Bella est folle d'inquiétude, elle ne sait pas où est Jamie

Merde, je n'avais pas pensé à la prévenir. Je remerciai Jasper pour l'info et envoyai un sms à Bella :

Jamie ne se sentait pas bien, elle est avec moi, je la ramène bientôt

« On a oublié de prévenir ta sœur, expliquai-je à Jamie alors qu'elle attendait que j'ai fini.

« Oh, j'espère qu'elle ne sera pas trop fâchée.

Je déposai un baiser sur ses cheveux. Bella me répondit à ce moment.

Merci, je commençais à flipper. Tu la ramènes au lycée ou à la maison ?

À la maison

Ok, à tout à l'heure

« On continue de lire ou tu en as assez ? Demandai-je à Jamie.

« Continue, me répondit-elle.

Je continuais de lire jusqu'à ce que j'entende les pensées de mes frères et sœurs qui revenaient du lycée. Je fermai le livre et nous redressai à contre cœur.

« Je dois te ramener chez toi, soufflai-je.

Elle hocha la tête et se leva pour me permettre de me lever à mon tour, je rangeai le livre à sa place et nous descendîmes. Alice, que nous croisâmes avec les autres dans les escaliers, savait désormais laquelle des deux sœurs m'était destinée, elle était contente pour moi même si il n'y avait pas de quoi puisqu'il m'était impossible de ne faire autre chose que juste traîner avec elle de temps en temps. Me rapprocher d'elle risquerait de compromettre notre nature, si elle la découvrait, elle en parlerait forcément à sa sœur et je ne pourrais jamais connaître les intentions que Bella aurait si elle l'apprenait. Je ne pouvais pas miser sur la promesse de Jamie de ne pas révéler notre secret, elle pouvait ne rien dire aux autres mais elle finirait forcément par le dire à sa sœur.

Dans la voiture, alors que je commençais à rouler, Jamie pensait de nouveau à ma nature de statue. Je ne savais pas comment lui faire comprendre que je n'étais pas une statue sans lui faire savoir que j'étais un vampire, ça me frustrait.

« Comment les statues se reproduisent ? Demanda-t-elle.

Je quittai la route des yeux pour la regarder, elle me regardait avec attention. Je reportai mon regard sur la route, lui permettant de me fixer sans gêne.

« Les statues ne se reproduisent pas, elles sont fabriquées.

« Par qui ?

« Des artistes et je t'assure qu'aucune d'elles ne bougent.

« Menteur.

Je soufflai du nez, à moitié amusé à moité agacé. Ça faisait deux fois qu'elle disait que je mentais et effectivement, je le faisais mais je ne pouvais pas lui dire la vérité et c'était pourquoi je me sentais un peu agacé. Elle bouda le reste du trajet, je ne dis rien, profitant de sa présence à mes côtés. Quand je me garai devant chez elle, elle ne bougea pas, cherchant ses mots pour me dire qu'elle avait apprécié cet après-midi avec moi sans que je comprenne que je l'attirai. Je pourrais lui dire la même chose pour la devancer mais je voulais la laisser me le dire.

« C'était... cool comme aprem, décida-t-elle de me dire.

Je lui souris.

« J'ai bien aimé la passer avec toi, lui confiai-je en retour.

Ses yeux pétillèrent, elle était ravie que ça aie été réciproque.

« Jamie ? L'interpellai-je avant qu'elle ne s'échappe.

Elle interrompit son bras qui se dirigeait vers la poignée et se tourna de nouveau vers moi.

« Quel est le problème avec les mots ''Je t'aime'' ?

Elle perdit son sourire immédiatement et je sus que j'avais fait une bourde. Elle hésita, fronça les sourcils. Je vis dans son esprit le visage d'un homme d'une trentaine d'années environ et celui, flou, de sa mère. Elle eut un frisson désagréable tandis que je voyais sur son visage qu'elle était effrayée.

« Jamie ? Tentai-je doucement pour la ramener avec moi. Tout va bien.

Je posai ma main sur la sienne, crispée sur le fauteuil à côté d'elle et je vis le visage de sa mère de nouveau, sans flou et il était bien amoché. Pourquoi ces mots lui faisait pensé à cela ? Quel était le rapport ? Je caressai sa joue et elle commença finalement à se détendre.

« Ce sont d'horribles mots, m'expliqua-t-elle. Parce qu'ils sont faux.

Je fronçai les sourcils. L'homme revint dans son esprit, frappant sa mère à coups de poings et je compris pourquoi elle me disait ça. Elle sursauta sans raison extérieure, juste ce qu'elle voyait dans son esprit la faisait réagir. Je lui avais fait remonter un traumatisme. Je culpabilisai de lui avoir rappelé ça. Elle avait dû entendre ce type dire ses mots à sa mère et la frapper juste derrière.

« C'était quand ?

Elle releva des yeux, sous l'incompréhension. À raison, elle n'avait aucune idée que je lisais ses pensées.

« De quoi ?

« Tu avais quel âge quand tu as vu que ces mots étaient faux ? Me rattrapai-je.

« Cinq ans.

J'en déduisis que la scène qui s'était joué dans son esprit avait eu lieu à cet âge-là. C'était jeune, assez pour se construire toute une fausse idée sur le sujet. Assez traumatisant pour que l'esprit se construise d'une façon différente afin de pallier aux séquelles obtenues.

« Ça ne l'est pas toujours, murmurai-je.

« Je ne sais pas, dit-elle peu encline à me croire.

« Si tu veux en parler, je suis là et tu peux en parler avec Carlisle aussi.

Elle haussa les épaules et détourna les yeux pour regarder à travers le pars-brise. Je jetai un œil à ce qui avait attiré son attention et vit Bella, souriante, sur le perron. Nous sortîmes de la voiture et la rejoignîmes. Bella posa sa main contre le bras de Jamie et lui demanda si elle allait mieux, Jamie hocha la tête et rentra.

« Tu veux te balader, un peu ? Demandai-je à Bella.

Elle accepta, elle ferma la porte et m'accompagna dans la forêt. J'avais besoin de sa version des faits et surtout, savoir si elle savait. Elle n'ouvrit la bouche qu'une fois que nous n'étions plus en vue de leur maison alors que je cherchais mes mots.

« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? M'interrogea-t-elle.

« Lauren lui a dit des trucs vraiment moches.

« Quoi ? Fit-elle, effarée. Je vais la buter !

Je souris devant sa véhémence.

« Elle a dit quoi ?

Loin de moi l'idée de déclencher une guerre entre elles mais je ne pouvais rien faire contre Lauren, aussi, si Bella avait envie de lui mettre une droite, c'était son choix.

« Qu'elle était tarée, qu'elle devait être un boulet pour tes parents et toi et qu'elle ferait mieux de disparaître.

Je vis à son visage qu'elle avait envie de la tuer. Personnellement, je trouvais la mort trop clémente pour ce genre de personne mais la torture était toute aussi illégale. Malheureusement, certains avaient besoin de rabaisser les autres pour se sentir importants, l'un des fléaux de l'adolescence.

« Quelle connasse.

« Je n'aurais pas dit mieux, approuvai-je. Jamie était déjà secouée aujourd'hui alors ça l'a atteint plus que ça n'aurait dû, elle semble plutôt bien ignorer les autres, d'habitude.

« Les autres ne lui disent pas des conneries en face, d'habitude, argumenta-t-elle.

« C'est vrai.

« Qu'est-ce que vous avez fait ?

« Je l'ai emmenée chez moi, on a lu un livre.

Bella sembla surprise, je supposai parce que Jamie préférait la télé.

« Elle n'aime pas lire, me dit-elle.

« Je pense que c'est pour ça que j'ai dû lire à voix haute.

Bella pouffa.

« Elle n'en perd pas une, souffla-t-elle, amusée.

« Bella ?

« Oui ?

« Elle semblait aller mieux après cet aprem mais en la ramenant, j'ai voulu savoir à propos de ce qu'elle m'a dit ce matin, par rapport à ne pas dire ''je t'aime''. Tu te souviens d'un homme avec lequel ta mère sortait quand Jamie avait environ cinq ans ? Blond, cheveux longs, yeux bleus.

« Ce devait être James, pourquoi ?

« Ça se passait bien entre eux ?

« Oui, de ce que je me souviens mais Jamie avait peur de lui.

« Tu sais pourquoi ?

« Elle pensait qu'il était méchant mais je ne sais pas pourquoi. Je le trouvais sympa et, euh, et bien à sept ans, je n'ai pas pensé à demander pourquoi, j'ai simplement répondu qu'il ne l'était pas. J'avais oublié cette histoire. Pourquoi tu me parles de lui ?

« Elle l'a vu frapper ta mère.

Bella fronça les sourcils.

« Tu ne te rappelles pas avoir vu ta mère avec des bleus au visage ?

Bella secoua la tête mais prit un temps pour y réfléchir, supposai-je puisque quelques secondes plus tard, elle sembla trouver l'illumination.

« Ça devait être à la fin des vacances d'été, m'expliqua-t-elle. Renée était tombée dans les escaliers et elle avait quelques bleus. C'était sûrement le début des troubles psychologiques de Jamie, elle avait dû trouver une explication autre que la chute, je me souviens que la police était venue plusieurs fois parce que Jamie n'arrêtait pas de les appeler, Renée avait dû cacher le téléphone de la maison et son portable.

« Tu l'as vue tomber ?

« Non, moi j'étais chez Charlie pendant ces vacances-là, Jamie était restée avec notre mère.

« Donc tu ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé.

« Non mais Renée me l'a dit.

« Elle t'a sans doute menti, tu avais quoi, sept ans ? Elle voulait te préserver.

Bella fronça les sourcils.

« Ne prends pas tout ce que dit ma sœur pour argent comptant, elle a sûrement mal jugé la situation, comme elle le fait souvent.

« Non, ce n'était pas son trouble, c'est vraiment arrivé.

« Comment tu peux être sûr ? Fit-elle sur la défensive.

« Parce qu'elle ne m'a rien dit.

« Elle ne t'a rien dit ? Mais alors de quoi tu me parles depuis tout ce temps ?

« La scène s'est rejoué dans son esprit.

Bella s'arrêta, je lui fis face, elle plissa les yeux, ouvrit la bouche, la referma, aspira de l'air pour parler, pencha la tête sous l'incompréhension.

« Je suis télépathe, lui avouai-je alors.

Sa tête se remit dans l'axe et elle fronça les sourcils.

« Est-ce que c'est une blague ou toi aussi, tu perds la tête ?

« Ce n'est pas une blague, j'ai accès aux pensées des personnes qui m'entourent, c'est comme ça que je sais ce que Lauren a dit à ta sœur alors que j'étais au réfectoire à ce moment-là, tu m'y as vu.

« Alors, dis-moi, qu'est-ce que je pense ? Me demanda-t-elle d'un ton peu amène.


Comment va-t-il se tirer d'affaire pour la convaincre qu'il lit bien dans les pensées ?

Vous savez désormais que Bella n'est, en fin de compte, pas l'âme-sœur d'Edward mais je sais que vous vous en doutiez. (et du coup, non, Jacob ne s'est pas imprégné d'elle).

Vous savez désormais ce qui a causé le trouble psy de Jamie, ce n'est pas de naissance, du coup.
À demain pour la suite