Chapitre 17: Examen médical et discussion

― On est vraiment obligé d'y aller ? rechigna Anakin en traînant des pieds.

― Oui, lui répondit Qui-Gon.

― Mais ce sont les épreuves de Sarrissa, et Obi-Wan tu étais content de rentrer suffisamment tôt pour y assister.

― Ne t'en fais pas pour ça, affirma Obi-Wan, je lui ai souhaité bonne chance et elle a exigé que je m'assure que tu sois en pleine forme pour sa cérémonie. En fait, je crois que cela l'arrange que je n'assiste pas à ses épreuves.

― Mais pourquoi ? s'étonna Anakin. Vous vous aimez bien non ? Vous cherchez toujours l'approbation de l'autre, j'ai bien vu qu'avant de décider quelque chose vous vous regardez.

A ces paroles, prononcées avec l'innocence d'un enfant, Obi-Wan trébucha légèrement mais réussit tant bien que mal à cacher son malaise, en espérant que son maître n'ait rien remarqué. Si Anakin, qui ne les avait vu ensemble qu'une poignée d'heure, avait remarqué cela, alors il allait devoir faire attention à ses faits et gestes.

― Anakin, commença Qui-Gon après avoir jeté un coup d'œil à son Padawan. Il faut que tu comprennes qu'ils ont grandi ensemble, ils sont amis, et c'est normal de faire attention à l'opinion d'un ami.

― Oui, je sais cela, j'ai des amis moi aussi, mais là ce n'est pas…

― Anakin, le coupa Obi-Wan, on en parlera plus tard d'accord ?

La sécheresse du ton employé par Obi-Wan claqua dans l'air devant la porte de l'infirmerie. Prenant par surprise à la fois son maître et le jeune novice. Anakin blanchit à cette intonation. Il baissa la tête, à la fois déçu d'avoir mis Obi-Wan en colère mais également perdu, ne comprenant pas le pourquoi de cette colère.

Qui-Gon jeta un regard mêlant étonnement et déception à son Padawan. Cependant, il ne prononça pas un mot, et d'un geste de la main dirigé vers Anakin, il fit comprendre à son Padawan que c'était à lui de réparer son tort. Ce dernier n'eut pas besoin de plus pour s'en vouloir. À la déception de son maître, s'ajoutait l'état de son jeune frère. Il se positionna alors à sa hauteur, avant de prendre la parole, d'un ton voulu apaisé. Il parla d'une voix si faible que Anakin dû tendre l'oreille pour être certain de bien entendre.

― Anakin, il faut que tu comprennes que certains sujets sont sensibles… Celui-ci plus que d'autre. D'autant plus que elle et moi ne sommes que des amis d'enfance, rien de plus comme tu le laisses sous-entendre. L'attachement… l'attachement est prohibé chez les Jedi. Sarrissa va passer ses épreuves dans les prochaines minutes, et de tels propos, si entendus et répétés aux membres du conseil pourraient lui être préjudiciables. Tu comprends ?

― Mais vous ne faites rien de mal, rétorqua sur le même ton Anakin. Et je croyais que ce qui était interdit était de laisser ses actions être guidées par l'attachement plutôt que l'attachement lui-même ?

― Oui, enfin, ceci est une façon de voir les choses, et…. Que c'est dur…. Je pense que je suis d'accord avec cette optique, mais promets-moi de ne le dire à personne d'autre d'accord ?

― D'accord, sourit Anakin, mais pourquoi personne ne doit le savoir ?

― Parce que je ne suis pas encore tout à fait à l'aise avec cette idée, donc j'aimerai la garder pour moi un peu plus, le temps de m'y habituer. Mais surtout ce n'est pas l'opinion de la majorité des Jedi. Pour eux, une fois que nous sommes attachés à quelqu'un, notre jugement est automatiquement obscurci par nos sentiments et nos peurs ce qui…

― … peut mener aux côtés obscurs, termina Anakin. D'accord, j'ai compris, ne pas parler des liens entre deux personnes en public.

― Bien, sourit Obi-Wan en se relevant, maintenant que nous sommes ici, il faut franchir cette porte. Acceptes-tu de nous rassurer et de rencontrer le guérisseur du temple ?

― Il ne fera rien que je ne veux pas qu'il fasse ? questionna Anakin après quelques secondes de réflexion.

― Non Anakin, lui assura Qui-Gon, mais si tu le souhaites, je peux aller lui parler avant que tu n'entres. Si je lui demande de t'expliquer tout ce qu'il veut te faire et attendre ton accord avant de pratiquer, est-ce que cela te va ?

― Mais qui me dit qu'il va respecter sa parole ? commença à paniquer Anakin. Vous restez avec moi ?

― Non Anakin, annonça Obi-Wan, nous ne pouvons pas rester. Tu es le seul à pouvoir nous parler de tes problèmes de santé. Tout ce que découvrira le médecin sera un secret entre lui, le conseil et toi. Toi seul pourras décider si tu souhaites que nous en ayons connaissance.

― Mais…. commença Anakin avant de relever la tête et de regarder son frère avec un air déterminé. D'accord, j'y vais, mais je te parlerais de tout après !

― Ce sera comme tu veux. Alors, Qui-Gon doit-il parler avec le médecin avant ?

― Non, répondit Anakin toujours d'un ton déterminé. Je le ferais moi-même, je suis un grand garçon.

― Alors c'est bien, on sera dans le jardin derrière le bâtiment, lui indiqua Qui-Gon.

― Vous n'allez pas assister aux épreuves de Sarrissa ? Vous en avez pourtant le temps.

― Non, lui répondit Qui-Gon, je dois discuter de certaines choses avec mon Padawan. Mais ensuite nous irons la rejoindre pour assister à sa cérémonie.

L'explication de Qui-Gon provoqua une légère inquiétude chez Obi-Wan. Inquiétude qu'il ne parvint pas à cacher à son maître. Anakin expira longuement pour se donner du courage. Il jeta un dernier coup d'œil en direction de son frère avant de pousser la porte de manière assurée.

Lorsque la porte se referma derrière lui, Obi-Wan ferma les yeux quelques secondes. Une fois certain d'être à nouveau maître de ses émotions, il se tourna vers son maître.

― Maître…

― Pas ici, le coupa sèchement Qui-Gon, il y a trop d'oreilles qui trainent.

Obi-Wan inclina légèrement sa tête en signe d'acceptation et suivit les pas de son maître. Une fois arrivé au jardin, il sentit son maître manipuler la force afin de s'assurer que personne ne parvienne à les entendre. Une prouesse seulement réalisable de la part des plus grands maîtres Jedi. En réalité, à sa connaissance, à part maître Jinn, seuls les maîtres du conseil en étaient capables. Ils étaient donc les seuls eux à pouvoir passer outre la barrière dans la force érigée par son maître et entendre tout ce qui était dit sous cette protection. Mais tous les membres du conseil étant pris par les épreuves des futurs chevaliers Jedi, ils ne risquaient pas d'être entendus.

― J'espère, mon Padawan, avoir mal compris ce qu'à dit Anakin un peu plus tôt. Je m'étonne d'ailleurs de ne pas l'avoir constaté moi-même. Maintenant que j'y pense, tous les indices laissent à penser que ce qu'il dit est correct.

― Je ne comprends pas ce que vous voulez dire maître ? demanda innocemment Obi-Wan.

Si Obi-Wan réussit à maintenir un masque d'innocence, intérieurement le trouble et l'inquiétude le prenaient. Il était parfaitement conscient d'être trop attaché à Sarrissa, mais il ne pouvait empêcher certains gestes. Il se contrôlait en présence des maîtres. Par contre quand ils n'étaient qu'entre eux, seuls ou avec les membres de son clan, il devait le reconnaître, il se laissait un peu plus aller. Sarrissa ne le repoussait pas, ce qui l'encourageait, et lui faisait espérer que l'impossible restait possible. Et il ne voyait pas le mal qu'il y avait à lui prendre la main, c'était un geste tout ce qu'il y avait de plus innocent, et purement amical. N'est-ce pas ?

― Sarrissa et toi, dis-moi que …

― C'est juste une amie maître ! le coupa Obi-Wan, perdant quelque peu le contrôle qu'il pensait acquis. Il prit une profonde inspiration avant de reprendre d'un ton plus apaisé, je vous l'assure maître.

― Écoute, je n'ai rien dit lorsque nous étions sur mandalore, mais là je ne peux pas laisser passer.

― Mais il n'y a rien maître, je vous l'assure, s'agaça Obi-Wan en levant un peu la voix, avant de se reprendre devant l'air de son maître. Je suis désolé maître. Mais je vous l'assure, il n'y a rien de plus que de l'amitié entre Sarrissa et moi.

― Obi-Wan, je veux que tu sois honnête. Les gestes et regards que tu as envers elle sont-ils les même que ceux que tu as envers tes amies maître Ti ou le chevalier Eerin ? Ou plutôt, sont-ils similaires à ceux que tu avais envers la duchesse sur mandalore ? Et sois honnête, tu ne peux pas me mentir dans la force.

― Je… Non, abdiqua Obi-Wan, vous avez raison. Mais je n'ai rien fait de mal !

― Obi-Wan, que ressens-tu pour elle ?

― Je …

Obi-Wan ne réussit pas à répondre à cette question. En fait il connaissait la réponse, mais n'était toujours pas capable de la formuler.

― Bon, soupira Qui-Gon, comprenant ce que cherchait à dissimuler son padawan que ce soit à lui ou à lui-même. Si je suis honnête envers moi-même, je dois bien dire que je m'en doutais depuis un certain temps. Sais-tu ce qu'il en est pour Sarrissa ? Sa dernière épreuve risque d'en être perturbé si elle n'y a pas été préparée !

L'information fit blanchir Obi-Wan. Son amie risquait d'échouer à son rêve et cela par sa faute. Non, ce n'était pas possible !

― On n'en a jamais parlé, marmonna Obi-Wan après plusieurs minutes, mais…

― Mais ? insista Qui-Gon

― Elle…, elle est la seule qui arrive à calmer mes angoisses et mes mauvais rêves. Il n'y a d'ailleurs qu'avec elle que je n'ai pas de cauchemard.

― Ah parce que vous avez déjà dormi ensemble ? Je croyais qu'il n'y avait rien ?

― Mais il n'y a rien… Juste quelques siestes quand on se réunit avec le clan. Je ne crois pas qu'elle ressente la même chose, enfin, je n'en suis pas certain. Mais de toute façon après ce que j'ai fait sur mandalore, je ne peux pas accepter que…

― Obi-Wan, on en a déjà parlé, tu n'as rien fait de mal sur mandalore, et tu as suivi le code ! Maintenant on en revient à Sarrissa. Penses-tu que votre relation pourrait avoir un impact sur une décision qu'elle pourrait être amenée à prendre lors d'une mission?

― NON! s'écria Obi-Wan avant de se radoucir. Jamais aucun de nous deux ne serait influencé par notre lien lors d'une mission. Jamais, je vous l'assure maître.

― D'accord, alors il y a encore de l'espoir qu'elle passe la dernière épreuve. La dernière épreuve à lieu pour tous les padawans en même temps à la tombée de la nuit. Elle doit avoir fini ses premières épreuves. Va la retrouver, vous devez absolument parler avant l'épreuve.

― Mais pourquoi, je pensais que vous…

― Tu pensais que je m'y opposerai n'est-ce pas ?

― Et bien oui…

― Pour un Jedi respectueux du code, tu sembles choisir de briser le précepte le plus mis en avant. Mais je ne pense pas que tu brises le code. Après tout, il est assez vague pour être laissé à interprétation. Nous en reparlerons lorsque nous aurons plus de temps. La tombée de la nuit n'est que dans quelques heures. Il faut que tu la rassures par rapport à la dernière épreuve. Elle doit être consciente que la force testera son esprit et c'est elle qui va décider si elle la juge digne de la représenter. Il faut donc qu'elle prenne conscience que votre lien, amical ou autre, n'entrave pas vos décisions.

Obi-Wan ouvrit grand les yeux à cette entente. Son maître venait de lui révéler le secret de la dernière épreuve. Il croyait que les épreuves qu'ils vivaient sur la fin de leur apprentissage étaient celles données par la force. Mais d'après ce que lui disait son maître, la force avait plus de poids que ce qu'il croyait.

Obi-Wan acquiesça alors d'un air second avant de saluer son maître et de se diriger vers la sortie du jardin. Qui-Gon le regarda partir avant de s'asseoir sur un banc à proximité. Ce padawan lui en aura fait voir de toutes les couleurs. Mais il savait maintenant sur quoi il allait devoir travailler avant qu'il ne soit apte à passer les épreuves pour être chevalier Jedi. Leur combat sur Naboo lui avait prouvé qu'il était capable de repousser son attachement. Il l'avait senti dans son utilisation de la force. Il avait passé une épreuve très similaire à l'épreuve finale. Mais il allait devoir surveiller ces jeunes de plus près. Obi-Wan n'était pas le premier Jedi à être amoureux. Non, et beaucoup de Jedi vivaient des relations dans l'ombre. Il le savait parfaitement ayant été utilisé comme alibi à de nombreuses reprises pour son meilleur-ami. Qui-Gon avait compris depuis longtemps que l'attachement n'était pas contraire au code, non ce qui y était contraire c'était, lors de missions, de baser des décisions importantes sur cet attachement, sur les sentiments personnels. Quoi qu'en dise les maîtres du conseil, on ne contrôlait pas son cœur. Il allait donc lui falloir le guider. Et cela s'annonçait compliqué, car il était non seulement attaché à Sarrissa plus que le conseil ne le permettait, mais également à son frère et à sa mère. Qui-Gon allait devoir s'assurer que les attachements de son padawan ne lui soient pas néfastes, et ne le fassent pas plonger du côté obscure de la force. Quand bien même il avait totalement confiance en son padawan pour savoir que ce ne serait pas le cas.

Pendant qu'il réfléchissait aux futures leçons qu'il réservait à son padawan - leçons qui devaient absolument avoir lieu avant ses épreuves qui se dérouleront dans les mois à venir - Qui-Gon fut rejoint par Anakin, qui arrivait tenant contre lui un paquet.

― Alors petit ? demanda-t-il.

― Je ne suis pas petit maître ! s'indigna Anakin, avant d'ajouter. J'ai des médicaments à prendre. Il m'a aussi fait des vaccins, et il m'a donné de quoi changer mes bandages pendant une semaine. Il faut que je retourne le voir la semaine prochaine pour faire le point. Où est Obi-Wan ?

― Il est allé rejoindre Sarrissa pour lui souhaiter bonne chance avant la dernière épreuve. Et si nous allions les rejoindre ? Le soleil commence à se coucher, l'épreuve va donc commencer d'ici quelques minutes. Et la cérémonie d'adoubement à lieu dès que le Padawan sort du cœur du temple.

― Le coeur du temple ? demanda avec curiosité Anakin.

― Oui, on y entre novice et on en ressort padawan, on y entre padawan et on en ressort chevalier, on y entre chevalier et on en ressort maître.

― Oh, donc je vais devoir y aller moi aussi ?

― Comme nous tous en effet. Si tu veux, nous avons encore le temps de passer poser ton paquet dans ton dortoir avant de nous y rendre, proposa Qui-Gon.

― Je veux bien, sourit Anakin.