Une Affaire de Famille

AN : Voilà le prochain chapitre. En espérant que ce chapitre et cette histoire vous plaise ! Bonne lecture !

Chapitre 9 :

Deux jours plus tard, Sam vivait à présent à l'hôpital. Les infirmières lui avait mis un lit d'appoint dans la chambre et le menaçait de le faire partir s'il ne prenait pas de douche. Il était forcé de quitter le chevet de son grand frère pour une douche qu'il ne regrettait jamais. En se ressayant il rêva de revoir les yeux verts de son frère, oublier les yeux noirs emplis de haine et d'horreur du polymorphe. Comme une réponse à sa prière ses paupières frétillèrent, puis, lentement s'ouvrèrent dans un mouvement faible et saccadé mais Dean se réveillait. Une joie débordante le prit aux tripes, très vites anéantie par le regard brillant de douleur perdu dans le vide qui lui faisait face. Sam lui prit tendrement la main et le serra doucement. L'œil du plus âgé se tourna vers lui. Devant lui se dressait un regard affreusement déchirant et suppliant, le jeune réalisa qu'au-delà de la douleur il avait peur de ce tuyau enfoncer dans sa gorge qui le gênait. Il s'approcha de lui et lui chuchota quelques mots à son oreille.

-Je suis là Dean, calme-toi. Tout va bien se passer calme-toi.

Une simple larme s'échappa du coin de son œil et longea sa tempe. Le temps qu'elle tombe sur l'oreiller Dean avait déjà resombrer.

Une semaine se déroula après ça. Une semaine qui avait commencée avec des larmes de douleur. Le ventilateur avait été retiré. Dean s'était même réveillé plusieurs fois mais délirant de fièvre et incohérent. Sam se présentait à lui à chaque fois. Son frère le reconnaissait parfois et pleurait de le revoir, d'autres fois il pensait l'imaginer et lui disait de quitter sa tête, ou encore il ne le reconnaissait pas et lui racontait ses délires avant de se rendormir : souvent en pleine phrase. Les médecins cessèrent l'alimentation par tube et l'aîné Winchester se remit à manger des aliments liquides. Il ne gardait rien ce qui inquiétait beaucoup le plus jeune. Il se perdit dans ses inquiétudes allant et venant dans son esprit quand un léger gémissement le fit revenir à la réalité, le regard plein d'espoir de voir son frère se réveiller.

-Dean ?

-Sa…mmh ?

Dans l'euphorie du moment, il voulut prendre la main de Dean dans la sienne mais un flot d'images et de paroles du polymorphe l'assailli. Ses doigts suspendus dans ce vide, vacillèrent. L'aîné agrippa fortement sa main, un étau chaud envahit agréablement son être. Les phalanges de son frère devenues blanches ne le lâchaient pas. A cette vision, tous les doutes et toutes les craintes du jeune homme s'envolèrent loin des deux Winchester qui se raccrochaient l'un à l'autre de toute leur force vitale.

-Sam… ? C'est…C'est bien toi ? Sammy…

Dean murmurait, la voix tremblante d'émotion. Il était terrifié à l'idée d'halluciner la présence de son petit frère, d'espérer qu'il ne soit plus seul et la preuve de cette réalité lui empoigna le cœur. Il ravala un sanglot, cligna des yeux pour retrouver une vision nette et se rapprocha de son frère les joues humides.

-Je suis vraiment là Dean, c'est bien moi.

Sam posa la paume de sa main contre le front de son frère, bouillonnant encore de fièvre. Il caressa doucement sa peau effervescente et glissa dans les cheveux écumant de chaleur.

Un médecin interrompit leur premier réel moment tous les deux en entrant dans la pièce. Il se présenta à Dean, lui posa des questions et l'examina d'une manière très protocolaire presque robotique. L'aîné s'était rendormi au contact des mains du médecin sur ses plaies alors qu'il changeait les pansements. Il émettait quelques gémissements dans son sommeil et Sam réprimât le besoin de sauter à la gorge de cette blouse blanche pour l'étrangler jusqu'à ce que mort s'en suive.

-Selon les dernières analyses, l'infection s'est résorbée ce qui est un très bon signe. Nous préconisons de maintenir l'antibiothérapie pour prévenir la réapparition d'infection et ce jusqu'à la fin du processus de guérison. En revanche nous ne comprenons pas la persistance de cette forte fièvre.

-Et ses vomissements ?

-Son estomac est resté un moment sans nutrition. Il est normal, encore actuellement, qu'il soit gêné par l'apport même liquide qu'on lui fournit. Une infirmière passera demain matin pour une prise de sang. Rien d'alarmant ne vous inquiétez pas, nous cherchons juste la cause de sa fièvre.

-Merci, docteur.

Ses mots paraissaient durs mais il s'en fichait. Rien n'importait plus que son frère et il s'inquiétait énormément pour lui. La peur de l'avenir, la peur de le perdre et la terrifiante pensée que l'ordure était toujours dehors avec l'idée de reprendre son « jeu » sur son aîné. Il avait laissé cette chose s'enfuir par sa faiblesse. Par sa faute, leur avenir était plus qu'incertain. Dean lui en voudrait peut-être même de ne pas avoir été capable d'arrêter ce monstre.

La puissance de leurs mains entrelacées, se raccrochant l'un à l'autre avait été tout pour le cadet et il pouvait jurer que ce lien avait été aussi fort pour son frère. Dean avait comblé ce vide qu'il ressentait, rempli toute cette chair arrachée vive par le polymorphe. Il était sa ligne de vie, l'unique fil qui le maintenait encore sur cette Terre. L'enflure avait su exactement où frapper et Sam n'a été finalement que peu en contact avec le putain de métamorphe. Si ces brefs instants ont suffi à l'ébranler autant, il n'ose même pas imaginer dans quel état il retrouvera son frère. Si son roc, ce fil sur lequel il marche au-dessus du vide et du néant menant à la mort ce brise : que restera-t-il d'eux ?

Sam reprit la main de son frère dans les siennes et les serra contre son cœur. Il veilla des heures avant que Dean ne daigne se réveiller pour le dîner. Ils appréhendaient tous deux ce moment. Il ne prit que des quantités minimes mais réussi à avaler un peu de nourriture.

-Qu'est-ce que…comment... Pourquoi tu es là Sam ?

La question ne surprenait pas le cadet, il savait que dès que son frère serait suffisamment cohérent il poserait la question.

-Je suis venu pour toi.

-Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

-Il…

Après réflexion, le jeune homme se décida à ne dire qu'une partie de la vérité. Dean a toujours été surprotecteur envers lui et il ne voulait pas rajouter du poids sur la détresse clairement visible sur les traits du plus âgé.

-Il s'est fait arrêter. J'étais avocat commis d'office pour cette affaire et j'ai réussi à te trouver.

En un regard il comprit que le chasseur n'avait pas été dupé par cette histoire minimaliste. La main chaude de Dean lui effleura le visage passant sur ses traits tirés d'émotions et de fatigue.

-Sam…Je t'en prie, dis-moi ce qu'il m'a fait te faire ?

La voix suppliante de son frère lui serra les entrailles et son cœur loupa un battement. L'enflure avait vraiment brisé son frère pour qu'il prenne tout ce qui est arrivé à Sam sur son dos.

-Rien, Dean parce que ce n'était pas toi ! Ce monstre va payer je te le promets…

-Sam…Tu as une vie à Stanford. Ne gâche pas tout à cause de cette histoire, ça n'en vaut pas la peine.

-Quoi ?! Je tuerais cette raclure même si c'est la dernière chose que je ferais dans ce monde !

-Sam…

-Tu ferais mieux de dormir, tu as besoin de te reposer.

Sam était furieux de la si petite estime que son frère avait de lui-même. Il attendit d'entendre la respiration de son frère devenir régulière et profonde avant de se calmer et rejoindre les bras de Morphée. Il pria pour que le Dieu soit clément avec lui. Un sourire caressa ses lèvres quand il sentit le sommeil le gagner. Il tirerait son aîné de cet enfer et le protégerait jusqu'à sa mort.

Sam se réveilla brusquement par un rythme effréné de bips affreux. Le cœur de son frère s'emballait. Il alluma tout de suite la lumière et appuya sur le bouton d'alarme avant même d'assener la situation. Il le vit à quatre pattes, sur le sol, son corps tremblant subissait des spasmes violents. Il dégoulinait de sueur, régurgitant son repas. Le jeune chasseur s'accroupi près de lui et posa légèrement sa main dans son dos, caressant dans un geste tendre sa colonne vertébrale. Les épines osseuses glissant dans sa paume rappelèrent à Sam à quel point il était fragile et avait besoin de se nourrir. Il lui murmura des paroles rassurantes. Les spasmes étaient d'une telle violence qu'il avait à peine le temps de reprendre un peu d'air avant de subir le prochain, gémissant faiblement. Il sentit les tremblements devenir plus forts mais les spasmes se calmèrent. Un soupir de soulagement devant cette horreur qui prenait fin pour la nuit gagna le cadet.

Sans crier gare, une quinte de toux prit Dean et du sang se répandit sur le carrelage blanc de la chambre d'hôpital. En un bond Sam se retrouva face à son frère, sa tête dans ses mains à hurlé à quelqu'un de venir d'urgence. L'aîné vomissait du sang à ne plus s'en arrêter et le jeune chasseur était pétrifié de peur. Toute une équipe médicale débarqua et une infirmière mit Sam à la porte. Il s'effondra dans le couloir, sa respiration saccadée s'accéléra : il ne pouvait pas perdre Dean…

-Ne m'abandonne pas…Je ne pourrais pas…par pitié ne me laisse pas.

Il murmurait ses mots en boucle, suppliant. Le dire à voix haute lui infligea une plus grande peine encore à son cœur et son être si meurtri.